Selon Laurence Parisot, les femmes ont progressé ces dernières années, tout en regrettant que : Pas une seule femme ne soit à la tête des entreprises du Cac 40. Les employées et ouvrières qui connaissent le temps partiel imposé et des salaires toujours inférieurs à leur homologues masculins apprécieront !
Evoquant la journée du 8 mars prochain, journée internationale de la femme, Laurence Parisot, invitée d'Europe1, a souhaité envoyer un message à toutes les femmes qui travaillent : « Longtemps on a pensé que pour exercer des responsabilités, les femmes devaient avoir un comportement masculin. Je récuse cette idée (...) les femmes ont progressé ces dernières années. Mais, nous n’avons pas encore engrangé tous les dividendes de cette progression ( …) Pas une seule femme à la tête des entreprises du Cac 40. Ce n’est pas normal »
Lu tel quel, ça pourrait à la limite faire sourire les millions de femmes qui se rendent quotidiennement au boulot, sans le moindre espoir de voir leur nombre d'heures ou leur salaire augmenter. Sauf que, madame Parisot est la représentante officielle d'entreprises qui se moquent de toute notion d'égalité salariale. Et ça ce n'est pas normal !
Car, au delà de la présidence d'une entreprise du CAC40, nous aurions aimé que notre amie Laurence s'exprime sur le constat, réalisé par le Conseil Economique et Social. Extraits : « En France, en 2009, 4,4 millions de femmes avaient un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté estimé à 60 % du revenu médian (...) on constate parallèlement une bipolarisation croissante entre emplois féminins qualifiés et peu qualifiés. Dans cette dernière catégorie, liée au développement des activités tertiaires, la surreprésentation féminine est manifeste (61 %). Les intéressées y sont en outre particulièrement concernées par le sous-emploi (5,9 % d’actifs occupés dans cette situation dont plus des trois-quarts sont des femmes), les situations professionnelles instables (10,8 % de femmes sont en CDD contre 6,5 % des hommes, tous secteurs confondus) et le travail à temps partiel dont le taux de féminisation atteint 82 % (...) d’une manière générale, les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à n’être qu’en activité courte, de moins de 78 h par mois. Dans tous ces emplois faiblement qualifiés, les intéressées sont le plus souvent confrontées à des conditions de travail (pénibilité, horaires atypiques…) préjudiciables à leur santé, leur vie personnelle, familiale et perçoivent une faible rémunération : les deux-tiers des salariés à bas salaires sont des femmes. Les répercussions sur le niveau de leurs pensions de retraite sont dès lors inéluctables (...) il existe ainsi un risque fort de basculement dans la pauvreté d’une partie de la population féminine au grand âge (...) »
Alors, que propose le Medef pour aider ces femmes ?
On peut trouver une liste de propositions faites par le « Comité égalité hommes femmes » du Medef.
« Le comité Egalité hommes/femmes au sein de la Commission Respect de l’Homme invite aujourd’hui la société et les entreprises à s’emparer de ce sujet et propose les quatre grandes actions suivantes
1. Faire évoluer les mentalités en cassant les stéréotypes
2. Favoriser une meilleure conciliation vie privée vie professionnelle et un meilleur partage des tâches familiales
3. Mettre en place une politique managériale favorisant une meilleure égalité de carrière et de salaire entre les hommes et les femmes
4. Inciter les acteurs de la société civile, les partenaires sociaux et les politiques à s’engager d’avantage en faveur de l’égalité homme-femme »
1. Faire évoluer les mentalités en cassant les stéréotypes
2. Favoriser une meilleure conciliation vie privée vie professionnelle et un meilleur partage des tâches familiales
3. Mettre en place une politique managériale favorisant une meilleure égalité de carrière et de salaire entre les hommes et les femmes
4. Inciter les acteurs de la société civile, les partenaires sociaux et les politiques à s’engager d’avantage en faveur de l’égalité homme-femme »
D'accord, mais plus concrètement ?
Nous passerons rapidement sur l'idée qui consiste à : « Revoir les manuels scolaires en profondeur pour montrer une image non stéréotypée des femmes mais aussi des hommes dans la société comme dans le monde du travail » et qui ne coûte pas bien cher au Medef et à ses adhérents, pour nous focaliser sur celles consacrées à l'entreprise.
« Dans les entreprises, nous proposons de :
Mettre à l’honneur des femmes de l’entreprise qui ont un beau parcours professionnel et dans lesquelles les autres salariées peuvent se reconnaître pour faire évoluer les mentalités et donner envie aux autres femmes de les imiter.
Inciter les entreprises à mettre fin aux communications pouvant être discriminantes pour la femme (ex image de la femme utilisée dans les publicités)
Sensibiliser l’ensemble des entreprises aux bonnes pratiques notamment par le biais des Medef Territoriaux et des branches professionnelles en diffusant des outils pratiques »
Mettre à l’honneur des femmes de l’entreprise qui ont un beau parcours professionnel et dans lesquelles les autres salariées peuvent se reconnaître pour faire évoluer les mentalités et donner envie aux autres femmes de les imiter.
Inciter les entreprises à mettre fin aux communications pouvant être discriminantes pour la femme (ex image de la femme utilisée dans les publicités)
Sensibiliser l’ensemble des entreprises aux bonnes pratiques notamment par le biais des Medef Territoriaux et des branches professionnelles en diffusant des outils pratiques »
Et les salaires, et les conditions de travail direz-vous ?
Hé bien, il est résumé par ces quelques lignes dont la prose typiquement patronale ne vous étonnera pas : « A partir du rapport de situation comparée, réaliser un diagnostic chiffré des écarts de rémunération et une évaluation des carrières mettant en exergue les effets de structures, de secteur, de classifications et prenant en compte le temps partiel permet aux entreprises d’établir des marges de progrès et de mettre en place des objectifs chiffrés réalistes de réduction des écarts »
Quant aux problèmes de retraites des femmes, Laurence Parisot s'était exprimée en juin 2011 sur le sujet. Elle déclarait : « (...) Baisser l’âge légal de départ à la retraite des femmes par rapport aux hommes, cela équivaut à entériner cette inégalité de fait (...) Puisque les femmes vont travailler moins longtemps, celà veut dire moins de belles carrières que les hommes (...) il n’est pas question non plus que les entreprises soient les seules responsables de cette situation scandaleuse alors que bien souvent cela commence ailleurs dès l’école ou dans le foyer (...) »
Ce qui n'empêchait pas Laurence Parisot d'écrire, dans un éditorial, publié sur le site de l'égalité professionnelle : « (...) le combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes doit nous animer à chaque instant. Parce que la misogynie est un racisme. Parce que l’inégalité est contraire à nos valeurs républicaines les plus fondamentales (...) »
En langage de la rue, tout ça porte un nom : « faire du bruit avec la bouche » et un peu aussi se foutre de la gueule du monde. Mais, il n'y a pas à dire, pour la création de belles légendes, le Medef n'a pas d'équivalent !