03 août 2005

De moins en moins de noisettes chez l’Ecureuil

Ainsi le livret A vient d’être ramené à 2 % compte tenu des bons chiffres de l’inflation.

Au de-là des propos optimistes du ministre des finances qui déclarait ce matin :

« La baisse du taux du Livret A est "une double bonne nouvelle" parce qu’elle traduit la baisse de l’inflation et qu’elle dégagera des moyens pour le logement social, a estimé lundi le ministre de l’Economie Thierry Breton »

Cette baisse touche-t-elle les ménages modestes ?

Au 31 décembre 2004, sur les 24 millions de Livret A de la Caisse d’Epargne, environ 72% ont un encours moyen égal ou inférieur à 1.500 € et 7% ont un encours moyen supérieur ou égal à 15.000 €.

Cette « légère baisse » ne doit pas faire oublier celle d’août 2003 de 3% à 2,25%.

Le chiffre de juin « hors tabac » publiée le 13 juillet est de 1,6%, la moyenne de l’Euribor 3 mois de 2,11%. Majoré de 0,25 point, le taux ressort à 2,105%, arrondi à 2% en vertu de la réglementation (ben voyons !!!)

Clairement, le gouvernement entend rendre le placement favori des français de moins en moins attrayant.

Dans quels buts ?

Relancer la consommation : Aucun économiste sérieux ne tablerait sur une hypothèse de ce type. Le livret A (comme montré plus haut) représente en majeure partie les économies de français. La situation sur le front de l’emploi qui reste des plus préoccupantes limite la consommation sans pour cela stimuler l’épargne.

La confiance des ménages est liée en partie à l’action des politiques et majoritairement à celle des entreprises.

Seule une solution de déplafonnement du seuil d’endettement à la manière britannique pourrait relancer la consommation. Or, aujourd’hui plus personne en France n’ignore que de plus en plus de biens de consommation ne proviennent plus de notre beau pays.

Un recours à l’endettement accru des français (outre qu’il créerait à terme des situations dramatiques) ne ferait qu’accroître un peu plus nos importations et le déséquilibre de notre balance commerciale.

Financer le logement social : Ecoutons Thierry BRETON sur ce sujet "On va avoir un peu plus de moyens pour le logement social". L’épargne dégagée par le livret A est en effet consacrée à la construction de logements, et la baisse de son taux baisse d’autant le coût de l’argent qui sert à financer la construction.

Comme lors de chaque baisse du taux, il est à noter que beaucoup de français retirent une partie de leur épargne pour la reporter sur d’autres produits financier ou cessent d’alimenter leurs livrets.

Dans ce cas, argent moins cher pour le logement social mais moins d’argent disponible. Effet pervers garanti.

On notera qu’appliquer cette mesure en pleine période de congés d’été démontre une fois de plus d’un certain courage politique.

Si le gouvernement cherchait à redonner confiance aux français, il y avait certainement d’autres façons de faire.