30 septembre 2011

Députés 2.0 : La démocratie interactive pas vraiment en marche ?

Habilités à légiférer dans le domaine de l'internet et de ses usages, les députés n'y brillent pourtant pas par leur activité ou connaissance. C'est la conclusion de l'étude réalisée par le site Elu 2.0

Lorsque les députés s'emparent du sujet de l'Internet, c'est bien souvent pour fustiger ses contenus ou la protection du droit de la propriété intellectuelle. La plus grande réforme votée par les parlementaires UMP restant Hadopi, que Pascal Nègre (PDG d'Universal Music France) a tenu à remercier pour « (...) son combat courageux (...) » lors de sa très récente convention nationale sur la culture !

Pour ce qui concerne le reste, une simple visite du site de l'Assemblée Nationale suffit, pour se rendre compte de la façon dont de nombreux députés, appréhendent le phénomène. Quelques exemples

Proposition de loi : visant à dispenser au sein des établissements de l’enseignement secondaire une initiation pédagogique et juridique sur les dangers inhérents à l’utilisation d’internet
Culture : diffusion et protection de la création sur internet
Economie : jeux d'argent et de hasard en ligne

Et surtout, la célèbre question du député UMP, André Wojciechowski, qui attirait l'attention du ministre sur : « (...) les dérives de l'anonymat dans les discussions sur Internet. L'évolution constante des réseaux proposés sur le web incite les internautes à communiquer de plus en plus ouvertement sur des sites de discussion. Le couvert d'un certain anonymat laisse s'installer un régime de liberté de parole qui va à l'encontre du droit et occasionne quelques fois des écrits qui peuvent être considérés comme diffamatoires. Afin de rendre plus responsables les utilisateurs du dialogue sur Internet, il lui demande si le Gouvernement envisage de proposer l'instauration de la personnalisation des messageries Internet par l'obligation de déclarer sa véritable identité »

Ce qui prouve que, si pour les citoyens, le Web est devenu un outil de dialogue incontournable, pour beaucoup de parlementaires, il reste un outil de promotion/propagande ou tout simplement ... ignoré ! C'est ce que confirme l'étude du site Elu 2.0 sur l'usage que font nos élus de l'Internet.

Constat ?

79 députés (14%) sans aucune présence Web
110 députés (20%) sans blog (1)
307 députés (54%) ne sont pas sur Facebook et 458 députés (80%) n'ont pas de page Facebook.
451 députés (78%) n'ont pas de compte Twitter
391 députés (66%) n'ont pas de compte vidéo
4 députés seulement ont fait développer une application mobile permettant aux citoyens d'interagir avec eux

(1) Commentaire du site Elu 2.0 cité par Clubic : « seulement 10 % des blogs peuvent être considérés comme des sites 2.0, c'est-à-dire des sites collaboratifs autorisant le partage et le dialogue avec les internautes (zone de commentaires, flux RSS et fonctionnalité de partage des articles sur les réseaux sociaux) »

Carte issue de l'étude : « Les députés et Internet »
permettant de connaître l'activité web des élus


Pierre Guillou, fondateur du site, interviewé par Libération nous livre l'analyse suivante

« (...) les politiques se font de la communication politique : ils sont souvent retranchés dans des méthodes anciennes où, finalement, on délivre une parole qui tombe d'en haut via des médias classiques. Il s'agit encore trop souvent d'une communication unilatérale (...) l'enjeu pour la plupart des députés est de changer leur façon de communiquer. Il s'agit d'ouvrir le débat, de demander aux gens ce qu'ils pensent et d'intégrer leurs réflexions et leurs propositions dans l'élaboration des programmes politiques. C'est une révolution pour l'élu, qui reconnait ainsi ne pas être tout-puissant (...) »

Et bref, il y a du boulot pour les élus qui accepteraient vraiment d'ouvrir le dialogue et de défendre leurs idées avec les internautes/citoyens/électeurs.

Mais, pour tous ceux (et il sont plus nombreux qu'on ne le croît) qui fuient les visites de cages d'escalier ou de marchés dominicaux, se faire interpeller ou critiquer en ligne sera probablement difficile à concevoir et accepter. Et restera toujours plus inconfortable qu'un passage ... bien organisé à la télévision, à la radio ou dans un quotidien ami !

Bibliographie
Etude Elu 2.0
Palmarès des députés sur le Web

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L'Express

29 septembre 2011

Salariés grévistes de la faim attendent Président qui pense aux ouvriers !

Nicolas Sarkozy a récemment lancé : « Mon devoir est de penser aux ouvriers plus qu'à ceux qui ont un statut qui les protège ». Il est dommage qu'il n'ait pas réservé cette déclaration aux ouvriers de Lafarge, en grève de la faim, pour conserver leur usine !

Les derniers propos du Président sur l'attention qu'il porterait : « (...) aux ouvriers, aux salariés et aux cadres qui sont lancés dans la compétition internationale et qui ont besoin du soutien de l'Etat, plus que de penser à ceux qui ont un travail difficile mais qui ont un statut qui les protège » ont été accueillis avec scepticisme et colère.

Au delà de la démonstration électorale, on serait tenté de lui demander pourquoi il n'a pas fait preuve d'une telle détermination, pour aider ou sauver l'emploi des ouvriers de : Grandange, Continental, Molex et tant d'autres, moins connus, mais frappés par les restructurations, plans sociaux ou délocalisation de l'outil de travail ?

Et oui, Monsieur le Président, il ne suffit pas de clamer haut et fort qu'on aime les usines et les ouvriers. Et puisque leur défense, c'est « votre truc », nous vous proposons de vous rendre, au plus vite, auprès des douze salariés du cimentier Lafarge, qui ont arrêté de manger pour protester, contre la fermeture de leur usine de Frangey, dans l'Yonne !

A cas où vous ignoreriez cette affaire, nous vous conseillons la lecture d'un article de Libération qui explique que ces « salariés qui sont lancés dans la compétition internationale et qui ont besoin du soutien de l'Etat » ont décidé de : (...) ne plus s’alimenter plutôt que perdre leur emploi (...) ils se sont directement installés devant le siège de Lafarge Ciments à Saint-Cloud (...) » Ou si vous êtes pressé de regarder la vidéo que BFM leur a consacré.


Mais, si vous mettez en doute les média, vous pouvez aussi prendre connaissance de leur combat sur un blog qu'ils ont créé pour expliquer leur geste

« Avec des bénéfices record, même en période de crise, Lafarge Ciments a décidé de fermer notre usine de Frangey dans l’Yonne. « En surcapacité dans un local de petite taille et qui peut difficilement s’adapter à l’évolution des besoins en nouveaux ciments à faible empreinte environnementale » Voilà, la messe est dite. Langage technocratique, voix du pouvoir et de la force. La direction de Lafarge Ciments a communiqué !

Tous les élus locaux et départementaux, les syndicats ainsi que les représentants du personnel ont travaillé dur et ont sacrifié leur vie de famille afin de prouver que les raisons annoncées par la direction du groupe ne sont pas fondées. Aujourd’hui c’est chose faite! Malgré cela, la direction ne veut pas approfondir et continue à imposer son plan de fermeture.

Nous sommes contre la délocalisation de l’industrie française et la destruction de nos emplois au bénéfice d’investissements à l’étranger et au seul profit des actionnaires.

De plus, nous dénonçons une réorganisation des marchés par les cimentiers français. Notre usine est exemplaire en matière de sécurité, elle est une des plus fiables au monde, elle est propre (norme iso 14001 récemment), novatrice (Frangey est la seule usine au monde à avoir produit le clinker du futur : Aether*) et surtout elle est, et restera rentable dans le futur. Elle ne demande qu’à faire vivre de nombreuses familles et toute une région déjà bien sinistrée.

Jusqu’à maintenant, nous avons toujours été pacifiques dans nos démarches, même quand Lafarge nous a, sans aucune raison, envoyé les CRS! A présent, nous sommes prêts à aller jusqu’au bout pour une chose et une seule : Le retrait définitif du projet de fermeture de notre usine de Frangey!

Nous pensons que vous trouverez dans ce geste la logique, le bon sens et l’humanisme nécessaires à son approbation. Votre soutien nous est précieux »

Voilà, Monsieur le Président, une occasion unique d'aller à la rencontre de salariés qui luttent pour garder leur emploi, et donc privilégient la valeur travail que vous asséniez dans votre programme de 2007 !

Mais accepterez-vous un déplacement, qui n'aurait pas été plannifié par vos services, et au cours duquel vous ne pourriez pas faire de déclaration tonitruante, sur votre bon bilan, et au cours duquel il serait difficile d'expliquer que vous êtes le défenseur de ceux « qui se lèvent tôt », de « la France qui souffre et dont on ne parle jamais » ?

Sachez toutefois que des salariés grévistes de la faim attendent un Président qui pense aux ouvriers ! A bon entendeur ....

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Le blog des grévistes de la faim de Frangey

28 septembre 2011

Les bonnes idées « pouvoir d'achat » de l'UMP : 1 euro de prime à l'arrestation !

Henri Leroy, le Maire UMP de Mandelieu-La Napoule vient provisoirement de prendre la tête du classement des idées les plus saugrenues de l'UMP. Il propose à ses policiers municipaux une prime de 1 euro, pour chaque arrestation réussie, grâce à la vidéo surveillance.

Mandelieu-La Napoule vous connaissez ?

Ville de 20 200 habitants, sa population est relativement âgée. Le taux de personnes d'un âge supérieur à 60 ans (35,7 %) est en effet supérieur au taux national (21,6 %) et au taux départemental (27,3 %). Elle arrive au 23 rang du palmarès des 50 villes les plus riches de France au sens de l’ISF.

Selon un conseiller municipal d'opposition de gauche, c'est une sorte de : « réserve de gens aisés ». En effet, son maire Henri Leroy qui, lorsqu'on lui parle de logements sociaux répond : « Je ne veux pas faire de HLM » pour ce faire, il préfère payer les amendes, pour non respect de la loi SRU.

Vous imaginez bien que dans ce contexte, la sécurité est l'arme électorale préférée du maire qui s'est doté d'une police municipale disponible 7 jours sur 7 et 24H00 sur 24 et bien entendu d'une surveillance vidéo de pointe.

Quels sont les effectifs de la police municipale de Mandelieu-La Napoule ?

Selon le site web de la ville, les effectifs sont de :

3 cadres : Direction administration, 3 agents administratifs,
42 policiers municipaux,
9 agents de Surveillance de la Voie Publique (ASVP) surveillent les parkings et la zone bleue,
7 agents affectés au Centre Superviseur Urbain de la Vidéosurveillance plus l'administrateur
11 agents municipaux affectés à la sécurité des établissements ERP ou assimilés
(Établissement Recevant du Public : Palais des congrès Europa, Estérel Galery, Parking Ecureuil)
3 agents sécurité école

Et comme rien n'est trop beau pour protéger les biens et les personnes habitant la commune, le maire a récemment inauguré la rénovation du centre de vidéo-protection.

C'est au cours de celle-ci qu'il a lancé l'idée qui lui vaut « l'oscar » du mois des idées saugrenues de l'UMP : « il a promis une prime d'un euro chaque fois que l'un de ses agents du centre de vidéo-protection permettrait l'arrestation d'un délinquant en flagrant délit » nous explique Nice Matin

Comment Henri Leroy justifie t-il cette idée « pouvoir d'achat » pour ses policiers municipaux ?

« L'esprit de cette opération que nous mettrons en place d'ici la fin de l'année, c'est de dire aux agents : Vous avez participé efficacement à la sécurité des usagers, nous désirons vous récompenser. Et d'attribuer une prime à la méritocratie à la fin de l'année » Il a d'ailleurs justifié cette idée aux Grandes Gueules de RMC, réitérant qu'il ne fallait y voir : « (...) qu'une volonté de féliciter et d'encourager au mérite son équipe municipale de sécurité (...) »

Il est bien évident que la rétribution faramineuse d'un euro, proposée par le maire a déclenché un tollé chez les policiers municipaux, qui ont immédiatement fait savoir qu'ils jugeait la proposition vexatoire, et refusaient de se transformer en chasseurs de primes.

« Les policiers municipaux devront donc faire un effort particulier pour déceler parmi les personnes circulant dans la ville, celles qui pourraient faire l’objet d’une suspicion puis d’une arrestation pour crime ou délit (...) Le maire souligne que pour cette année, la Police municipale a permis l’arrestation de 49 personnes présumés coupables de crimes ou délits contre plus de 200 en 2004 l’année de l’installation du centre de surveillance urbain par caméras » indique, sous anonymat, un policier municipal qui ajoute avec humour : « le maire ne précise pas si c’est du HT ou du TTC »

Les habitants interviewé par M6, sont hilares ou désabusés, de savoir que les opérateurs pourraient au mieux se partager environ 150 euro par an, alors que la nouvelle installation a coûté plus de 900 000 euro !


Le Maire a néanmoins tenu à rassurer ses policiers, puisque cette prime à l'arrestation n'est, selon lui, pas figée et pourrait évoluer : « J'ai annoncé le minimum mais nous allons refaire nos calculs sur la question et nous verrons à combien s'élèvera cette prime… » En effet, dans la vidéo, il laisse entendre qu'il pourrait aller, jusqu'à ... 2 euro !

Inutile de dire que nous attendons avec impatience, l'idée saugrenues de l'UMP du mois d'octobre et ne pouvons que regretter que notre Président n'ait pas pensé à un portefeuille de ministre pour cet élu inventif, économe et fervent défenseur du : « travailler plus pour gagner plus » !


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RTL

27 septembre 2011

Retraite à 67 ans : Laurence Parisot fan de l'idée de François Fillon !

Les chiffres du chômage du mois d'août, sont une fois encore désastreux pour les seniors. Ceux-ci voient la durée de leur inactivité augmenter. Néanmoins, Laurence Parisot est enthousiaste à l'idée de leur faire attendre 67 ans pour partir à la retraite.

Xavier Bertrand a fait profil bas sur les chiffres du chômage du mois d'août. Se limitant à saluer une : « évolution positive » sur le front de l'emploi, « malgré un net ralentissement de la croissance depuis plusieurs mois » Ce tout petit satisfecit ne résiste néanmoins pas à l'analyse des données fournies par le Ministère de l'emploi et Pôle Emploi.

En effet, si on note un recul de 0,1% des demandeurs d'emploi en catégorie A : « En additionnant les demandeurs de catégorie B et C, qui exercent un activité réduite, la hausse du chômage en août est de 0,5%, soit 20.200 personnes de plus en un mois, pour atteindre 4.148.200 (...) » Mais plus grave, la durée du chômage augmente : le nombre de d'inscrits à Pôle Emploi depuis plus d'un an progresse de 0,6% par rapport à juillet pour remonter à 1.581.300 en août. « Un chiffre sans précédent depuis novembre 1999 selon les statistiques du ministère du Travail » précise Boursier.com

De quelle ampleur est cette augmentation ?

« (...) En un an, le nombre de demandeurs inscrits depuis deux à trois ans a augmenté de 25 % et ceux inscrits depuis plus de trois ans de 19,8 % (...) » indique Eric Heyer de l'OFCE qui précise que la catastrophe annoncée ici à plusieurs reprises du chômage des seniors s'accélère : « (...) Entre juillet et août, le nombre de chômeurs de plus de 50 ans a augmenté de 0,9 %. Sur un an, ils ont même grimpé de 13,5 %. « On constate les effets de la réforme des retraites (...) 40.000 personnes qui auraient dû sortir de la population active au début de l’été y sont restées. » - France Soir

Si on ajoute à cela le rapport OIT-OCDE, qui indique clairement que : « la crise économique mondiale pourrait se traduire par une pénurie massive d'emplois » Et que selon le rapport : (...) il sera impossible à court terme de combler le déficit d'emplois accumulés pendant la crise, qui s'élève à plus de 20 millions (...) » Rapport complet en anglais

Force est de constater que les seniors n'arriveront pas à se maintenir dans l'emploi, jusqu'à leurs 65 ans pour obtenir une retraite sans décote. Tout comme il sera illusoire de faire croire que les moins âgés auront la capacité de cotiser 42 ou 43 ans, pour obtenir un taux plein. A moins, bien entendu, de partir à la retraite au delà à 67 ans ou plus ! Seulement, les français, conscients qu'ils seront tous un jour des salariés seniors ... au chômage, espèrent partir avant leurs 67 ans, quitte à toucher une pension minorée pour cause de décote !

D'où la brillante idée de François Fillon de repousser l'âge légal de la retraite à 67 ans. Idée qui a provoqué un tollé ... sauf au Medef, où on clame son enthousiasme !

C'est vrai qu'un nouveau report de l'âge légal de la retraite salué par une organisation d'employeurs qui ne fait aucun effort, contrairement à ses promesses, pour recruter des seniors est du meilleur goût !

Mais Laurence Parisot qui n'en est pas à une contradiction ou une provocation près, n'en a cure. Invitée de RMC pour présenter son dernier livre, se plaindre des charges, de l'indolence des politiques face à la crise financière, et réclamer le transfert de l'assurance maladie vers d'autres sources de financement que les entreprises, elle en profitait (14 eme minute de la vidéo) pour approuver la proposition de François Fillon sur le report de l'âge légal de la retraite à 67 ans, indiquant au passage que c'était une excellente idée et que, après tout : « quand on aura 67 ans en 2030, on sera dans un état de santé, un état physique comparable à 62 ans aujourd’hui »


Rappelons, qu'alors que l'âge légal vient de passer à 62 ans, plus de 800 000 seniors sont au chômage en 2011. Combien seront-ils au regard du rapport OIT-OCDE en 2030 si l'âge légal de départ était fixé à 67 ans ?

Ce n'est cependant pas le problème de Laurence Parisot qui estime que c'est : « une excellente idée et une bonne réponse à la crise actuelle (...) »

Excellente idée ? A condition, madame Parisot de respecter les engagements du Medef en contrepartie du report de l'âge de la retraite, comme en 2008 : « Le MEDEF s’engage pleinement à tout faire pour augmenter le taux d’emploi des seniors dans le secteur privé (...) » et en 2009 : « (...) L’emploi et le maintien dans l’emploi des seniors font partie des objectifs prioritaires (...) Rompre avec la culture de la sortie précoce d’activité est une nécessité, ne serait-ce que pour faire face aux enjeux démographiques et préserver les régimes de retraite (...) Pour y parvenir, une véritable révolution des esprits a été ébauchée et doit se poursuivre (...) »

Ce qui, si l'on s'en réfère aux accords sur l'emploi des seniors, signés par les entreprises, est pour l'instant est un leurre. Mais que serait le Medef sans votre mauvaise foi légendaire ?


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Alvinet

26 septembre 2011

Aides aux buralistes : Suite des cadeaux pré électoraux du gouvernement ?

Conséquence des hausses du prix du tabac, les revenus des buralistes (survivants) ont augmenté de 57% en huit ans. Partant de ce constat, le gouvernement a décidé de leur allouer 320 millions d'Euros. Une décision opportune à quelques encablures de la présidentielle !

Tout le monde connaît la TVA réduite sur la restauration dont la remise en cause a été classée taboue par le Président et son gouvernement. En ce qui concerne les bureaux de tabac, on connaît également la politique du gouvernement qui ne cesse d'augmenter les prix, officiellement au nom du plan cancer, officieusement pour engranger de nouvelles recettes et qui devant la grogne des buralistes n'a cessé de leur accorder des aides financières de compensation.

Or cette fois-ci, le gouvernement à la recherche d'économies budgétaires avait décidé de ne plus allouer d'aides aux buralistes. C'était sans compter sur la proximité des élections de 2012 qui a attendrit, semble t-il, le gouvernement au point de leur proposer une aide de 320 millions d'Euros !

De plus en plus en plus de clients s'arrangent pour faire leurs emplettes de tabac hors de France. Au point que, affirme la confédération des buralistes sur son site Web : le marché parallèle représenterait : « (...) déjà à prés de 20% de la consommation totale (...) Confédération qui demandait : « (...) la mise en place d’un plan d’urgence de lutte contre toutes les formes du marché parallèle (...) » Oubliant au passage de signaler que : « (...) les revenus tirés par les buralistes de la vente du tabac avaient augmenté en moyenne de 57% en huit ans et que le chiffre d'affaires du secteur (près de 1,6 milliards d'Euro ) a progressé de 3,3% entre 2008 et 2009 et que la prochaine augmentation des prix va leur rapporter 80 millions d'Euro supplémentaires (...)» nous expliquait Le Parisien dans son édition du 24 septembre.

Le gouvernement soucieux de la grogne qui pourrait bien se traduire dans les urnes, a réagit positivement à la demande de sanction du marché parallèle, le 14 septembre dernier.

En effet, Valérie Pécresse, la Ministre du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l'Etat, s'est fendue d'un communiqué digne ... de la lutte anti terroristes : « La lutte contre les trafics de tabacs et de cigarettes constitue une priorité de la douane. Un plan d'action ministériel vise à renforcer la lutte contre les réseaux criminels qui distribuent les produits de contrebande (...) Elle a rappelé les dix mesures phares du plan d'action ministériel entré en vigueur le 1er septembre 2011 (...) » , extraits :

« (...) le déploiement de lecteurs automatisés de plaques d'immatriculation pour lutter contre le trafic de cigarettes par voie routière
(...) le renforcement des actions et des moyens de Cyberdouane afin de mieux identifier les expéditeurs de cigarettes à l'étranger et l'interception des colis dans les centres de fret express et de tri postal
(...) l'inscription de la lutte contre les trafics de cigarettes parmi les priorités des groupes d'intervention régionaux (GIR) (...) »

Ce qui n'a pas suffit à calmer les buralistes qui outre être passés de 35 585 en 2002, à 28 052 en 2010 (Source Parisien/Ministère du commerce et de l'artisanat) avaient pris goût aux aides versées en 2004 et 2008 qui représentaient tout de même 1 milliard d'Euro !

Ce qui fait que L’Etat et les buralistes ont signé un troisième Contrat d’avenir, destiné à soutenir les débitants de tabac confrontés à une baisse de leurs revenus, pour un montant de 320 millions d'euros.

En quoi consiste ce nouveau contrat d'avenir ?

« (...) Les buralistes continueront à bénéficier d'une remise compensatoire, attribuée en fonction de la diminution du chiffre d'affaires du débit de tabacs concerné, plafonnée à 50.000 euros (...) Par ailleurs, et en raison de son efficacité avérée en matière de réduction du nombre de sinistres et de vols, le dispositif actuel de subvention triennale accordé aux buralistes sera majoré de 50%, pour atteindre 15.000 euros HT. Il leur permettra de sécuriser et de moderniser leur débit de tabac (...) » Concernant les buralistes établis en milieu rural : « (...) Une prime de service public de proximité est ainsi spécialement créée, pouvant atteindre 1.500 euros, dont le versement est conditionné au respect des engagements pris en matière de diversification (vente de timbres fiscaux, timbres amendes, presse...) »

Un contrat d'avenir à caractère ... électoral ?

C'est ce que laisse entendre le Parisien qui indique que : le président de la confédération des buralistes a plaidé sa cause directement auprès de Nicolas Sarkozy en personne. Et précise que l'entourage de Valérie Pécresse déclare, sans rire, qu'il n'a pas été fait de cadeau aux buralistes !

Non, cette mesure est avant tout destinée à préserver nos territoires, puisque comme l'indique la confédération des buralistes : Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, s'est exprimé à leur congrès sur le mot d'ordre suivant : « Pas de ruralité sans les buralistes »

Où trouvera t-on ces 320 millions, alors que le Premier Ministre ne cesse de nous expliquer que nous devons nous serrer la ceinture ? Peut être une fois de plus auprès des mutuelles que le gouvernement et l'UMP ont pris pour cible préférée ? En attendant, on ne peut que constater que l'adage : « servez-vous tant qu'il en reste encore » reste la règle d'or de nos gouvernants ! Mais que ne ferait-on pour garder les clés du pouvoir encore cinq ans !


Crédit photo
Saphirnews