09 mars 2012

Xavier Bertrand à Florange en Lorraine, c'est pour quand ?

S'il est particulièrement attentif à la Corse, comme ministre de la santé, Xavier Bertrand semble l'être moins en Lorraine comme ministre du Travail et de l'Emploi où pourtant sa présence serait indispensable.

La situation de l'usine ArcelorMittal de Florange est de plus en plus compromise si l'on en croît le dernier communiqué de l'AFP repris par le Point. En effet : « (...) La réunion de facilitation organisée vendredi sous l'égide de l'État entre la direction et les syndicats pour mettre fin au blocage de l'usine ArcelorMittal de Florange (Moselle) s'est terminée sur un constat d'échec, ont annoncé les syndicats (...) Ils ne nous ont même pas garanti par écrit une poursuite de l'exploitation jusqu'au 31 mars 2013, a regretté le responsable de la CFDT, Édouard Martin, à l'issue d'une réunion d'une heure et demie (...) »

Il est probable que compte tenu de la situation, il aurait été nécessaire, comme pour Lejaby, à Yssingeaux, que les ministres se mobilisent et participent personnellement aux négociations sur l'avenir du site. Les ministres de l'industrie ou du travail et de l'emploi, par exemple ?

Mais, visiblement, ils avaient d'autres priorités

Eric Besson et Xavier Bertrand avaient justement rendez-vous avec des représentants syndicaux des sites détenus par la société Lejaby avant sa mise en liquidation judiciaire. Sauf que Xavier s'était fait représenter par sa directrice de cabinet ... pour se rendre à l'inauguration d'un hôpital à Calvi.

Cette visite nous est décrite sans la moindre complaisance par Corse Matin

« (...) Une visite marathon très bien orchestrée. La journée d'hier a permis à Xavier Bertrand d'apaiser certaines tensions. Et sans doute d'agrandir son aura dans l'île (...) Et de resserrer les liens entre les militants UMP avant d'importantes échéances électorales. Arrivé en jet privé à l'aéroport de Calvi Santa-Catalina (...) À midi, Xavier Bertrand a repris sa casquette d'homme politique pour un mini-meeting avec les représentants locaux de l'UMP (...) c'est de politique et uniquement de politique qu'il a été question. Et notamment de la campagne présidentielle qui s'annonce. Là encore, le ministre s'est voulu rassurant. Invitant ses « amis corses » à investir le terrain pour « soutenir et porter à la victoire le candidat président »

La lecture d'un article de Corse Matin publié hier, vous permettra d'apprendre qu'en période de restrictions budgétaires Xavier Bertrand aurait lancé : « Pour la santé la Corse aura tout ce qui lui faut »

Surprenante priorité direz-vous, au moment ou des milliers d'emplois sont en jeu en Lorraine. D'autant plus que sa circonscription électorale se trouve bien loin, en Picardie.

Les curieux trouveront un début de réponse dans un article publié en juillet 2011 sur le site CeleMondo qui nous expliquait où Xavier Bertrand passait ses vacances

« (...) Comme chaque année, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé va passer ses vacances sur l’île de Beauté. Il est « amoureux de la Corse et d’une Corse » aime-t-il répéter. En effet, c’est de la région de Balagne, près de l’Ile Rousse (Haute-Corse), qu’est originaire l’épouse de Xavier Bertrand (...) La belle-famille du ministre possède une maison à Monticello, près de l’Ile Rousse (...) Cette année, Xavier Bertrand a prévu de faire le tour des établissements hospitaliers corses, afin « d’apprécier la situation de chacun d’eux »

En clair un homme de parole qui sait se mobiliser lorsque l'urgence s'impose !

Quant à l'urgence de Lorraine, elle attendra encore un peu puisque le ministre sera selon son agenda dans le Languedoc-Roussillon, samedi et dans les Hauts-de-Seine, lundi ...

08 mars 2012

La « belle légende » sarkozyste des emplois non pourvus !

Selon le Président candidat, 500 000 emplois seraient non pourvus. Légende répondent les spécialistes pour qui les chiffres annoncés ne correspondent à ... aucune réalité !

S'ils ne partagent pas souvent les mêmes analyses, Marc Landré ( journaliste social au Figaro) et Michel Abhervé (Professeur associé d'économie sociale à l'université de Paris Est Marne la Vallée ) se retrouvent sur un point : Tous deux réfutent les propos tenus par le Président candidat sur le nombre d'emplois non pourvus, lors de son passage sur TF1 : « (...) Un demi million d'offres d'emploi non satisfaites et 2,7 millions de chômeurs (catégorie A) : pourquoi on ne les rapproche pas ? (...) »

Marc Landré, sur son blog Les Dessous du Social : « Plus c'est gros plus ça passe (...) Sauf que jusqu'à présent le ministre du Travail et de l'Emploi, Xavier Bertrand, parlait lui de 250 000 offres (...) Bref, moitié moins. Il continue d'ailleurs toujours de citer ce chiffre après l'intervention du chef de l'État. Quant à ses prédécesseurs, ils avançaient régulièrement le nombre de 300 000. En une émission, on a donc eu une inflation de 100%. Un phénomène digne de la multiplication des petits pains (...) »

Marc Landré qui précise : « D'où sort ce chiffre de 500 000 ? En fait, de nulle part. C'est un chiffre pifométrique et fantasmagorique (...) Il est tiré, à l'origine, d'un sondage réalisé il y a quelques années par les chambres des métiers afin d'estimer le nombre d'emplois non pourvus dans leurs secteurs d'activité (...) »

Michel Abhervé sur son blog : « On ne peut que regretter que ses interviewers ne lui aient pas demandé d’où il sortait ce chiffre, car il aurait été bien en peine de répondre. En effet, les chiffres annoncés varient considérablement, selon le contexte, car personne n’a été à ce jour capable de produire une méthode un tant soit peu fiable d’élaboration d’un chiffre reconnu (...) » Lire aussi : 500 000 emplois non pourvus, 164 789 offres disponibles à Pôle emploi : cherchez l’erreur

Conclusion à laquelle arrivait déjà le site Cadre Emploi qui citant une étude réalisée par deux chercheurs du Centre d'Etude pour l'emploi, en 2009

« (...) sur 13 millions de contrats de travail signés chaque année, il est assez logique qu'en moyenne 400 000 offres soient disponibles en même temps et ne trouvent pas preneurs instantanément. Tout simplement (...) nombre de recrutements supposés restent totalement virtuels (...) Exemple : un appel d'offres auquel plusieurs entreprises répondent. Pour arracher le marché, elles prévoient chacune un certain nombre d'embauches, mais au final, une seule recrutera réellement (...) Les besoins des perdants seront néanmoins comptés comme besoins réels (...) »

Ce qui est confirmé par le site Bezz : « En 2010, selon l’Apec, 100 992 offres d’emploi de cadres informaticiens ont été diffusées… pour 26 500 recrutements bruts … et 4000 créations d’emploi “nettes”. Le rapport entre les créations d’emploi nettes et le nombre d’offres d’emploi diffusées (rien que par l’Apec) est donc de … 1 pour 25 »

Au delà de ces recrutements virtuels, quels sont les autres types de postes non pourvus. Et surtout de quelle qualité sont-ils ?

Une visite sur le site de Pôle Emploi s'imposait. Nous avons sélectionné 3 offres, assimilées dans l'esprit de notre Président à des emplois et qui feront probablement partie des « emplois non pourvus » pour un certain temps

Professeur / Professeure à domicile
Expérience exigée : 2 ans
Formation : Bac+5 et plus ou équivalent Mathématiques Exigé
Salaire indicatif : Horaire de 15 à 25 €
Durée hebdomadaire de travail : 2 H00 Hebdo

Aide ménager / ménagère à domicile
Expérience : Expérience exigée de 3 mois
Salaire indicatif : Horaire de 9,22 €
Durée hebdomadaire de travail : 2H00 Hebdo

Animateur / Animatrice d'atelier artistique ou ludique
Expérience : Expérience exigée de 2 ans
Salaire indicatif : Horaire de 12 à 20 €
Durée hebdomadaire de travail : 6H00 Hebdo

Vous pourrez constater par vous même que ces trois exemples sont loin d'être marginaux, en vous rendant sur le site de Pôle Emploi !

Qu'ajouter, si ce n'est que nous aurions souhaité que le Président candidat ait accepté, au moins une fois, durant son quinquennat, à titre d'expérience, ce type de jobs. Ce qui lui aurait certainement évité de n'avoir comme proposition contre le chômage, qu'un référendum destiné à imposer des formations aboutissant à des emplois ... de quelques jours ou semaines !


Crédit et copyright photo
Le JDD

07 mars 2012

Formation des chômeurs : Démystification d'une proposition de Nicolas Sarkozy

La formation des chômeurs est un des arguments forts de la campagne de Nicolas Sarkozy. Il suffirait de les former pour qu'ils retrouvent un emploi. Ce que conteste le Fongecif, organisme qui finance la formation continue des salariés du privé !

Il est vraiment dommage comme l'explique Catherine Nay dans son livre « l'impétueux » que Nicolas Sarkozy ait été victime d'une épouse malveillante qui a transformé la première partie de son mandat en cauchemar.

Car, s'il n'avait pas eu à subir la fête du Fouquet's et le yacht de Vincent Bolloré, il se serait certainement emparé du sujet de la formation des chômeurs. Mais, il faut dire qu'en 2007, l'objectif était le plein emploi : « (...) je veux dire aux Français, en 5 ans on arrivera à 5% de chômage comme les autres l'on fait, il n'y a aucune façon, aucune raison que l'on arrive pas à ce résultat (...) »

Or, 5 ans plus tard, le nombre d'inscrits à Pôle Emploi a dépassé les 5 millions et ne parvient plus à gérer le flot des licenciés économiques ou issus des ruptures conventionnelles. Alors, fidèle à lui même le Président candidat s'est souvenu d'une décision remontant à juin 2008 : L'offre d'emploi raisonnable qui était selon Laurent Wauquiez : « une offre qui se situe dans un périmètre de 30 km autour du domicile du demandeur d'emploi, et qui correspond globalement à ses qualifications » Celle-ci devant : « réduire, d'ici à 2012, le taux de chômage à 5 % »

Cette lumineuse idée ayant fait long feu, le Président candidat a donc décidé 5 ans plus tard de frapper encore plus fort en proposant de : « forcer les chômeurs à accepter des formations pour s’orienter vers des métiers en tension (restauration, bâtiment…). Il prône un nouveau système dans lequel l’indemnisation ne sera pas une allocation que l’on touche passivement mais une rémunération versée en contrepartie de la formation qu’il devra suivre » nous dit Challenge

Cette proposition immédiatement applaudie par l'UMP a toutefois été remise en cause par plusieurs média économiques au fait qu'il : « (...) est plus facile pour le futur candidat de soupçonner les demandeurs d'emploi de fainéantise (...) » mais, jusqu'à présent, nul n'avait entendu les seuls spécialistes du sujet, à savoir : Le Fongecif, organisme paritaire qui finance la formation continue des salariés du privé et des salariés de l’Afpa qui se sont confiés au journal La marseillaise

Que disent-ils ?

Régis Torreilles, président du Fongecif Paca : « Que l’on arrête de nous considérer comme une vache à lait. Ces propositions reviennent ni plus ni moins qu’à nous pomper les milliards d’euros de la formation professionnelle »

Gérard Goron, directeur du Fongecif Paca de son côté nous explique que le chiffrage de : « 30 milliards d’euros de la formation professionnelle » est assez partial dans la mesure où si : 31,315 milliards d’euros ont effectivement été dépensés en faveur de la formation professionnelle en 2009, ce chiffre inclut les 6,05 milliards d’euros dépensés par les trois fonctions publiques pour la formation de leurs agents. Si bien qu’il conviendrait de parler de 25 milliards d’euros (...) Dans cette enveloppe, les collectes des cotisations des entreprises représentent 13 milliards d’euros, dont 10,70 sont consacrés à la formation des « actifs occupés du privé (...) ». « Et sur ces 10 milliards, 6 sont gérés par les OPCA (Organisme paritaire collecteur agréé) »

En clair, on est loin des 30 milliards d’euros annoncés comme disponibles par le Premier Ministre !

Jean-Claude Labranche, membre de la commission exécutive nationale de la CGT Afpa (Association nationale pour la formation professionnelle des adultes) rappelle au passage que le président-candidat qui érige aujourd’hui la formation des chômeurs comme « une priorité absolue », « n’a eu de cesse de massacrer l’Afpa (...) On est passé de 700 millions d’euros de subvention à ... 10 millions »

Labranche qui réfute l’idée selon laquelle il existerait un stock d’emplois vacants en France « Il y a 4 millions de chômeurs et seulement 300 000 emplois vacants ! Et ce ne sont pas des stocks d’emplois identifiés, mais seulement des personnes qui viennent de quitter leur emploi »,

Sans oublier, tout simplement, que : « Tout le monde n’a pas besoin d’une formation » et comme le dit judicieusement Jean-Claude Labranche : « la formation ne crée pas d’emploi (...) Ce n’est pas un outil magique, il y a des chômeurs qui sont qualifiés, notamment de nombreux cadres en Paca »

Et le syndicaliste de conclure : « On ne peut pas tout attendre de la formation professionnelle. Pour que cela apporte quelque chose, il faut que la personne soit motivée, pas contrainte et forcée. Ce qu’il faut c’est convaincre les gens que la formation pourrait être une vertu, un vecteur de consolidation de leur emploi (...) »

Parfaitement d'accord mais malheureusement pas en phase avec un Président candidat pour qui les chômeurs ne sont en fin compte que des assistés qu'il est nécessaire de ... rééduquer.


Intégralité de l'interview de La Marseillaise


Crédit photo
Ressources Emploi

05 mars 2012

Egalité hommes femmes : L'éternelle découverte de Laurence Parisot ?

Régulièrement, Laurence Parisot brandit son combat pour l'égalité professionnelle hommes femmes. Au point qu'on finit par se demander si elle dirige le Medef dont les adhérents ne semblent pas vraiment concernés !

Si Laurence Parisot est volontairement discrète sur le nombre de ruptures conventionnelles qui ont atteint un record, ou sur les accords de chantage à l'emploi que l'UMP essaye de faire passer avant les présidentielles, elle est volontiers diserte sur les discussions sur la « qualité de vie au travail » auxquelles vont participer syndicats de salariés et patronaux.

C'est au cours de ces discussions que sera évoqué un de chevaux de bataille de madame Parisot : L'égalité professionnelle hommes-femmes. Elle s'en explique : « (...) l'organisation patronale compte notamment mettre l'accent sur l'égalité des chances en matière de progression de carrière car c'est là la clef de l'inégalité des salaires (...) On propose moins d'opportunités aux femmes qu'aux hommes dans l'entreprise (...) dans le cadre de ces négociations, je proposerai de créer un indicateur de taux de promotion hommes-femmes (...) »

Le 27 juin dernier, nous avions consacré un article aux déclarations de Laurence Parisot qui lançait avec l'UMP, à l'époque un vibrant plaidoyer pour l'égalité hommes-femmes.

Nous écrivions : « (...) d’après le rapport du Forum économique mondial de Davos de 2010, la France est classée au 127ème rang sur 134 pays en matière d’égalité salariale entre les hommes et les femmes, derrière le Kenya ou le Kazakhstan ! Malgré la volonté du législateur, l’égalité professionnelle est rarement une orientation stratégique au sein de l’entreprise. On constate même aujourd’hui des signes de régression (...) Le constat actuel est implacable : les femmes représentent 51% de la population française, 47% de la population active mais 82,2% des travailleurs à temps partiel et les écarts de salaires entre les hommes et les femmes sont encore de 19% (...) » Ne cherchez pas, il est disponible sur le site Web Projet UMP 2012 !

Si le sujet de l'égalité hommes-femmes n'était pas si important, on pourrait, avec humour, déplorer, que la droite parlementaire et le Medef, ne soient pas aux commandes ... de la société française et de ses entreprises

En effet, qu'est ce qui a empêché Laurence Parisot, Présidente du Medef depuis 2005, d'imposer aux entreprises adhérentes au Medef, l'obligation d'une véritable égalité hommes-femmes ?

Car en ce qui concerne : le refus des augmentations de salaires, du partage de la valeur ajouté, du refus de quotas d'apprentis, ou de l'assouplissement des licenciements, elle a montré qu'elle savait traiter les salariés hommes et femmes de la même façon !

Que n'a t-elle mobilisé son mouvement contre la situation décrite par l'UMP : « (...) les femmes connaissent un risque accru d’être des « outsiders » sur le marché de l’emploi (...) Elles passent de plus ou moins longues périodes sur le versant « précaire » du marché de l’emploi et représentent 82,2 % des travailleurs à temps partiel (...) »

Et lorsqu'on lui demande s'il faut : En passer par une loi pour codifier les rapports hommes-femmes dans l’entreprise, pour mettre fin aux comportements anormaux et aux injustices flagrantes, elle n'hésite pas un instant : « (...) Les lois existent déjà. Sans une prise de conscience et une adhésion générale, elles ne seront pas appliquées. Oui, il faut normaliser mais plutôt par des codes, des principes, des chartes de bonne conduite dans les entreprises, petites et grandes, ou grâce à des formations qui expliquent ce qu’il convient de faire et d’éviter, y compris dans les administrations (...) »

Et oui, avec le Medef, c'est une habitude : Tout commence par un débat pour finir par ... un code de bonne conduite.

Ne reste plus qu'à attendre la fin des discussions pour savoir si les nouvelles « proposition innovantes » de Laurence Parisot se résument une fois de plus à éviter une intervention des élus de la nation et leurs éventuelles sanctions ou pénalités ...