08 janvier 2024

Le « plein emploi » façon Macron  : la contrainte pour seule logique !

Les sanctions à l'égard des chômeurs indemnisés continuent de pleuvoir au nom du « plein emploi » espéré par le Président et son ministre du travail. Dernière mesure : la privation des indemnités chômage pour tout salarié en CDD refusant deux CDI. 

Invité par BFM, Olivier Dussopt, avec sa délicatesse habituelle a essayé de justifier la nouvelle sanction. En résumé : les entreprises pourront dénoncer à France Travail tout refus par un salarié en CDD d'une proposition de CDI aux mêmes conditions de travail. Un deuxième refus en moins de douze mois priverait le salarié de l'indemnisation chômage.

Extrait de l'interview

« Si vous êtes employeur et que vous avez un employé en CDD et que cet employé vous démontre de manière assez caractérisée qu'il n'a pas envie de travailler avec vous, vous n'allez pas forcément lui proposer de continuer »

Jusque là, rien à redire. C'est très souvent pendant un CDD ou en période d'essai que salarié et l'employeur découvrent s'ils ont envie de continuer l'aventure.

Et le ministre de citer un autre exemple : « Par contre si vous galérez à recruter depuis des années et que vous proposez des conditions de rémunération et de travail correctes et que vous vous heurtez en permanence à des refus de CDI, il est normal qu'on ait des règles plus incitatives »

Honnêtement, une entreprise dans laquelle les conditions de rémunération et de travail seraient « correctes » et qui « essuierait en permanence des refus de CDI» ça n'existe pas. Si le cas existe, les dirigeants de l'entreprise doivent rapidement se poser des questions sur leur management ou l'intérêt de leur production. Ajoutons que la notion de « correcte » définie par le ministre est parfaitement subjective voir malhonnête. Mais pour l'avoir vu à l’œuvre sur la « réforme » des retraites, nul ne sera surpris.


 Il est d'ailleurs intéressant de noter le peu d'enthousiasme des organisations patronales sur le sujet. C'est Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des DRH (Andrh) qui résume le mieux le manque d'intérêt pour cette mesure : « Cette mesure a l’air assez anecdotiqueElle cumule tellement de critères que je ne suis pas certain que ça change radicalement la donne. »

Mais peu importe puisque cette mesure comme les autres n'ont qu'un but : donner des gages aux agences de notation et à la droite parlementaire qui a toujours trouvé que les chômeurs ne faisaient guère d'efforts pour retrouver le chemin de l'emploi.

L'objectif est clair : afficher en 2027 un taux de chômage inférieur à 6% pour préparer la campagne du candidat qui sera présenté comme l'héritier d'Emmanuel Macron. Et pour ce faire, toutes les sanctions et bidouillages de chiffres à la disposition du Président et du gouvernement seront utilisées ...