31 octobre 2012

Négociations sur le marché du travail : Pourquoi le Medef joue la montre !

Le Medef par ses propositions outrancières et son apathie dans le cadre des négociations sur le marché du travail, est en train de torpiller les négociations avec le syndicats. Un seul but pousser le gouvernement à légiférer sur le sujet, en le menaçant de charrettes de licenciements au cas où il n'obtiendrait pas gain de cause !


En temps normal, le Medef répète à l'envie qu'il préfère négocier avec les syndicats de salariés plutôt que de voir le gouvernement ou les parlementaires s'immiscer dans le dialogue social. Ce qui ne l'a pas empêché d'utiliser régulièrement des ministres ou élus de la nation de l'ancienne majorité pour porter ses demandes, comme ce fut le cas pour la rupture conventionnelle, la modification du temps de travail ou les assouplissements sur les 35H00. 

Or, cette fois-ci, alors que le gouvernement a choisi de permettre à l'ensemble des partenaires sociaux de travailler en semble, puis de faire des propositions concrètes sur l'avenir du marché du travail, curieusement, le Medef traine les pieds.

Cette attitude est-elle surprenante ?

Certes non, puisque, avant que la négociation commence, Laurence Parisot avait indiqué que le sujet principal en serait la flexibilité des salariés. Ce à quo est venu s'ajouter les vielles revendications sur la fin de l'horaire légal de travail, le plafonnement des indemnités de licenciement et la remise en cause des obligations liées aux plans de sauvegarde de l'emploi (plans sociaux), c'est à dire tout ce que l'ancien président et son ex majorité avaient accepté d'intégrer dans leur programme électoral !

Si du côté des syndicats on commence à s'impatienter. François Chérèque ayant, après avoir pointé du doigt : " le coût du travail comme un facteur de perte de compétitivité" et, cerise sur le gâteau recommandait : " (...) de le baisser en transférant une partie des charges sur la CSG ", fait part de son agacement, du côté de la CGT on ne cache pas que : " le Medef  joue la montre dans les négociations sur la sécurisation de l'emploi "

Agacement qui ne devrait qu'augmenter puisque comme le dit Bernard Thibault : " Une partie du patronat semble conditionner son attitude dans la négociation au débat et aux arbitrages futurs du gouvernement sur ses revendications visant à diminuer le coût du travail "

Or, il faut le savoir, la négociation ne porte pas simplement sur le coût du travail mais aussi sur : La lutte contre la précarité, l'anticipation des évolutions d'activité, les dispositifs de maintien de l'emploi en cas de difficultés, et la réforme des licenciements collectifs.

Ce à quoi le Medef répond avec une naïveté qui fleure bon le cynisme : " Au prochain rendez-vous, on va construire "

Construire, oui mais quoi ?

Car, l'objectif de Laurence Parisot est clair, ramener le débat au seul sujet qui intéresse le Medef et qu'elle définissait, il y a peu de la façon suivante : " Il y a une dimension dans la compétitivité "qui est l'adaptabilité, la souplesse, la flexibilité, ce mot tabou, et c'est de ça dont nous parlons dans la négociation avec les organisations syndicales "

Il est bien évident que dans ces conditions, aucun syndicat de salarié ne trouvera un accord avec le Medef, ce qui fera échouer la négociation. En ce qui nous concerne, nous ne partageons pas le point de vue de certains experts qui affirment que : le Medef a intérêt à aboutir à un accord avec les partenaires sociaux pour bloquer toute autre initiative du gouvernement. Ce que nous pensons, c'est qu'en cas d'échec, prévisible, des négociations, le Medef et ses nombreuses "boutiques" annexes brandiront devant le gouvernement d'innombrables plans sociaux ... incontournables, au cas où, adaptabilité, souplesse et flexibilité ne serait pas au rendez-vous ...

Et quelle forme prendrait ces exigences ?

Hé bien, généralisation des accords compétitivité-emploi auxquels les salariés ne pourraient pas s'opposer à titre individuel, avec à la clé : Augmentation sans contre partie financière de l'horaire de travail, gel des salaires et autre abandon de RTT ...

Cela suffira t-il à limiter les licenciements ?

En aucun cas, puisque si les entreprises considèrent que les accords signés ne donnent pas satisfaction en termes de compétitivité, elles auront recours, à nouveau à des réductions d'effectifs. Bien entendu, en cas de retour à la prospérité des entreprises, aucune garantie de retour à l'ancienne situation n'est prévue. 

Conclusion : Le Medef qui a soutenu le mouvement dit des pigeons n'aurait aucun remord à " pigeonner" les salariés français. Car, au delà de salaires plus bas issus du "travailler plus pour gagner moins", l'idée est de leur faire payer au travers de leurs impôts leur protection sociale. Avec comme rêve, à peine secret, qu'un gouvernement plus docile finisse par confier aux banques, assurances et cliniques privées adhérentes au Medef, la gestion de leur santé.

Salariés, à vous d'être vigilants et d'éviter de devenir les dindons de la farce !