06 juin 2018

Macron/Philippe : La réussite individuelle et le fric comme seuls projets de société ?

Les seuls projets de société de notre Président et de son gouvernement sont la réussite individuelle et son corolaire l'argent. Les banlieues et les personnes les plus en difficulté peuvent adhérer à ces projets à condition de se sublimer et d'oublier les aides de l'état.

Dans la "Startup nation" de notre Président, seule la réussite compte. Cette réussite doit être visible voir ostentatoire. On a pu s'en rendre compte lorsque Emmanuel Macron a rencontré les géants du numérique lors de "Tech for good". Seuls comptent à ses yeux quelques petits génies spécialistes des montages fiscaux destinés à payer le moins d'impôt possible. Pas très moral mais ... ils sont milliardaires. Donc un exemple pour la jeune génération ! 


Brasser du fric et faire partie d'une élite c'est un projet de société ?

Peut-on se limiter à dire aux français : bosse et ferme ta gueule quelles que soient les conditions de travail ou de rémunération. Car, tu finiras forcément par réussir et alors, à toi tous les beaux objets de luxe qui te permettront d'appartenir à l'élite du pays ? Ce mauvais remake d'un rêve américain auquel plus personne ne croit aux Etats Unis, c'est ce qu'on essaye de nous vendre chaque jour. 

Ce discours ambiant est bien résumée par Guillaume Duval dans Alternatives Economiques : "... On est parvenu à dresser les français les uns contre les autres pour convaincre nos concitoyens que les problèmes du pays ne viennent pas des inégalités scolaires, de l'abandon progressif des banlieues et des zones péri urbaines ..../... mais au contraire d'un excès de solidarité ..." 

Donc, haro sur les aides sociales qualifiées de trappe à pauvreté qui empêchent les plus pauvres de réussir leur vie. Le fait qu'en ces temps économiques troublés, n'importe lequel de nous peut en quelques temps se retrouver en grande précarité devrait interpeller nos dirigeants. Ce n'est pas le cas puisque Agnès Buzin a déclaré : "Nous recherchons ce qui fonctionne, nous arrêtons de financer ce qui ne fonctionne pas. la totalité des prestations sera passée au crible de l'exigence d'efficacité du gouvernement " On ne peut pas être plus clair ! Elle aurait pu ajouter que pour les éclopés économiques, il y a l'économie solidaire qui peu d'ailleurs recevoir l'épargne publique et les transformer en "winners". Alors, où est le problème ? 

La solidarité avec les territoires fragiles

On a vu avec quelle désinvolture le Président de la République à rejeté l'étude et les solution proposées par Jean-Louis Borloo sur les banlieues et les zones péri-urbaines. Cette attitude a fait écrire à Alba Ventura : "Emmanuel Macron, est venu leur dire qu'il ne croyait plus aux "plans banlieues". Il est venu leur dire qu'il fallait changer de méthode, de philosophie. Vous me direz que c'est pratique quand vous ne voulez pas mettre d'argent... Il est pour l'État facilitateur. Encore une fois, ça l'arrange bien : l'État facilitateur, ce n'est pas l'État payeur. C'est-à-dire que dans l'esprit du président, il y a l'État qui peut aider et qui peut accompagner, et il y a chacun qui doit prendre ses responsabilités, chacun qui doit prendre sa part

L'état payeur il a déjà distribué l'argent à ceux qui n'avaient aucune difficulté. Après tout, les habitants des banlieues ou des zones péri-urbaines n'avaient qu'à être soumis à l'ISF ou bénéficier des revenus d'un capital car dans ce cas, ils auraient applaudi la suppression de la première et adoré le fait que ces revenus soient moins taxés que les revenus sur le travail. Tout comme ils auraient pu se réjouir de l'abandon de l'exit tax.  Mais en banlieue, on pratique peu l'exil fiscal.

L'uniforme scolaire comme solution aux inégalités ?

Sur ce sujet c'est la droite parlementaire soutenue par de nombreux élus LREM qui est en pointe. Selon eux : "...  l’uniforme est un moyen de réduire les violences et l’insolence à l’école, un moyen aussi de renforcer le patriotisme, l’égalité entre les élèves et de s’assurer que la laïcité est respectée ..." D'ailleurs, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a dit sur BFM-TV qu’il était favorable au port de l’uniforme pour "les écoles qui le souhaitent".

Concernant les uniformes scolaires et leurs formidables vertus à remettre les élèves dans le droit chemin, Slate qui à consacré un article sur le sujet, donne un argument qui devrait faire réfléchir ceux qui veulent "renforcer l'égalité" : "Au Brésil, les élèves des écoles publiques, qui scolarisent surtout les enfants des catégories populaires, ne sont pas très fiers de leurs uniformes et certains éprouvent parfois une certaine honte à les porter car cela révèle l’école dans laquelle ils sont..."  Et Slate de conclure : "L’uniforme ne permet pas de lutter contres les inégalités, il permet seulement d’en masquer certaines, au sein d’un groupe donné, de manière lacunaire et superficielle. Peut-être que tous les hommes et femmes politiques qui se repaissent de ce débat sur l’uniforme devraient, plutôt que de vouloir cacher le problème avec un bout de tissu, s’attacher à le regarder en face et se poser la seule question: comment faire mieux réussir les enfants des catégories populaires qui pâtissent d’un vrai désavantage au sein du système scolaire français? "

Une nation ne peut pas se résumer aux seuls poncifs de la réussite et de son corolaire le fric. Le social ne peut pas être une variable d'ajustement budgétaire. Chaque citoyen de ce pays mérite autant d'attention qu'il soit fortuné ou pauvre. La solidarité ne peut être sacrifiée sur l'autel de la puissance de l'argent et de la réussite individuelle. La vision élitiste de ces gouvernants me sort par les yeux ! Elle devrait pourtant durer encore quatre ans. A moins que les français lassés de cette "nouvelle politique" n'infligent les pires scores au parti du Président et à ses mouvements associés aux prochaines consultations électorales à venir ....


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