31 août 2012

Medef : Les entrepreneurs premiers discriminés de France ?

Durant les journées d'été du Medef, au milieu des habituelles revendications de flexibilité du personnel et du coût du travail a émergé un cri : Les patrons ne sont pas assez aimés. Ils en débattaient aujourd'hui. Ils ont essayé de nous prouver qu'ils étaient quasiment les premiers discriminés de France. 


Ceux qui croyaient que la discrimination touchait essentiellement les jeunes issus de l'immigration, les précaires, les chômeurs, les femmes, doivent revoir leur copie. En effet, les français les plus discriminés sont ... les patrons. Du moins, c'est ce qu'on affirmé une partie des invités à la Conférence-débat : « L’entrepreneur face aux dérives de l'exception française » de l'université d'été du Medef.

Victimes de la dette de l'état, des fonctionnaires, des impôts, du manque de souplesse dans la gestion des ressources humaines et d'obligations qu'ils qualifient d'un autre temps, les invités s'en sont donné à coeur joie.

Animée par Laurent Guez, directeur délégué de la rédaction, Enjeux Les Echos qui a frôlé l'orgasme en expliquant, en préambule, que : « entrepreneur » était ... le plus beau mot de la langue française, on y a évoqué, entre autre

La montée des préjugés anti-patrons
Les reliefs de la culture du conflit
Leurs conséquences aux prud’hommes
Thésauriser plutôt qu’investir : l’esprit bas de laine
     
Que dire de cette première liste ?

Tout simplement qu'au Medef on souhaiterait que les français et surtout les salariés acceptent de croire à un monde de Bisounours.

Un monde dans lequel, à son domicile, on remplacerait la photo des vieux parents par celle de son patron. A qui d'ailleurs on enverrai une petite carte pour son anniversaire et à qui on ne demanderait pas de payer d'heures supplémentaires de peur de lui faire de la peine.
Un monde où on remplacerait, dans les livres d'histoire, les héros morts pour la France par les patrons créateurs de richesse et de bonheur social
Un mode dans lequel on accepterait d'être uniquement payé lorsque la santé de l'entreprise est bonne
Un monde dans lequel les syndicats, autour d'un café ou d'une boisson plus corsée, viendraient récolter les éléments de langage destinés à faire passer un plan social
Un monde dans lequel aucun salarié ne se considérerait licencié abusivement
Un monde dans lequel les français refuseraient la sécurité du livret A au profit d'actions d'entreprises sans aucune garantie de spéculation ou de malversation

D'ailleurs, le Medef, dans sa grande sagesse, a des solutions pour nous entrainer dans ce merveilleux monde. Quelles sont-elles ?

En ce qui concerne les salariés, on retiendra : Le tutorat, le dialogue social et la rupture conventionnelle

Comme nous ne sommes pas encore dans un mode de Bisounours, nous rapellerons, pour mémoire, le résultat de ces solutions tant appréciées par le Medef

En janvier 2011, on pouvait lire sur le site du Figaro l'article suivant : Seniors : un abus de ruptures conventionnelles. Extraits

« (...) Ces « séparations à l'amiable » pourraient servir de préretraites déguisées financées par l'Unedic. L'étau se resserre sur les ruptures conventionnelles, ces «séparations à l'amiable» (...) connaissent un grand succès(...) et représentent désormais 11% des motifs de rupture de CDI (...) D'après le patron de Pôle emploi, un demandeur d'emploi sur cinq entrant à Pôle emploi suite à une rupture conventionnelle a plus de 50 ans. Cela représente le double de leurs autres motifs d'inscription. Or, les quinquas au chômage peuvent prétendre à une indemnisation pendant trois ans s'ils ont cotisé 36 mois. Et s'ils ont plus de 58 ans, «ils peuvent donc être indemnisés jusqu'à leur âge de départ à la retraite», admet le ministère du Travail (...) De là à dire que les employeurs se servent des ruptures conventionnelles pour se séparer «à bon compte et aux frais de l'assurance-chômage» de leurs seniors, il n'y a qu'un pas que l'OCDE a franchi en avril dernier (...) »

Donc vous en conviendrez, autant de possibles tuteurs en moins, ce dont le patronat ne s'est pas franchement vanté ! Ce qui n'empêche pas le même patronat de faire la fine bouche sur les contrats de génération, promis par François Hollande, et qui correspondent à un vrai tutorat !

Le dialogue social ou plutôt le ... monologue social

Laurence Parisot l'a démontré ces dernières années, et réitéré lors des dernières semaines : Si les entreprises n'obtiennent pas de négociation sur la flexibilité accrue de l'ensemble des salariés, il n'y aura rien à discuter. La position de Laurence Parisot est simple : elle attend de voir le document d'orientation avant de confirmer sa présence à la table des négociations, sachant que la flexibilité est LE sujet sur lequel elle ne cédera pas, sous peine d'accélérer les plans sociaux, comme nous vous l'expliquions hier.

Il est assez peu probable que les salariés accueillent favorablement des mesures basées sur la flexibilité et la souplesse de licenciement, sachant que ceux-ci déploraient, dans une enquête de l'OVAT de 2011, le manque de reconnaissance de leur hiérarchie à leur égard.

Reconnaissance qui devrait se limiter, si le Medef obtenait satisfaction, à apprendre à se contenter du monde de Bisounours décrit plus haut. Ce qui va être difficile à vendre à des salariés qui ont passé l'âge des contes de fée.

Une preuve, s'il en fallait,dirait notre amie Laurence, de : La montée des préjugés anti-patrons !


30 août 2012

Flexibilité et liberté de licencier : Nouvelle devise du Medef ?

Au Medef, on est pour la liberté de se séparer des salariés et de flexibiliser ceux qui restent. Mais ne vous inquiétez pas puisqu'il paraît que c'est pour éviter d'en mettre toujours plus au chômage.

Globalement si l'on en croît la majorité des média, à l'exception habituelle du Figaro, les dirigeants du Medef ont apprécié la visite de Jean-Marc Ayrault à leurs journées d'été. Néanmoins, ils continuent de réclamer plus de liberté pour flexibiliser le temps de travail ou licencier.

Première à dégainer, Laurence Parisot, nous promet, au cas où le gouvernement ne mettrait pas en place un transfert d'une partie des cotisations sociales des entreprises vers le contribuable et une flexibilité accrue pour tous les salariés que le chômage pourrait augmenter de 20% ! 

On pourrait appeler ça du chantage. En fait s'en est, mais chutt ...

En ce qui concerne les adhérents au Medef, leurs demandes sont assez similaires. On peut trouver une sélection dans un article publié par l'Expansion, dont le témoignage ci-dessous qui est assez symbolique de l'état d'esprit actuel d'un certain patronat

« (...) nous avons un rôle social majeur. Nous travaillons à une génération, ma boite familiale existe depuis trois générations et je travaille à la transmettre à la 4ème. On a besoin de souplesse : la dernière avancée c'est la rupture conventionnelle. On doit pouvoir embaucher et débaucher. Bref qu'on nous laisse notre pognon, qu'on nous donne de la souplesse et qu'on nous laisse faire ! (...) »

Souplesse et laisser faire ? Ben voyons !

Lorsqu'on sait que les ruptures conventionnelles sont tellement à la mode que même Laurent Wauquiez avait commencé à s'en inquiéter et que le : Embaucher et débaucher se traduit dans la majorité des cas par le seul ... débaucher, on est affolé à l'idée de laisser faire !

On peut aussi mesurer la fossé qui est en train de se creuser entre les salariés et certains employeurs. En effet, le salarié varialble unique d'ajustement est en train de devenir un tube patronal !

Et qu'arriverait-il, au cas où un gouvernement cédait à ce genre de revendications des employeurs ?

Hé bien, de 35H00, il serait possible par période de les faire travailler jusqu'à 48H00 les bons mois, et 20H00 ou moins lorsque l'activité ralentit. Au salarié de gérer sa trésorerie comme une entreprise et de se débattre avec sa banque dans les mois creux ! Bien entendu, au cas où l'activité stagnerait, il serait possible de se séparer à moindre coût d'une partie du personnel qui viendrait grossir le nombre des inscrits à Pôle Emploi.

Le Medef aurait tôt fait de hurler à la mort sur le sort de l'UNEDIC et on diminuerait la durée ou le montant de l'indemnisation. Dans le même temps, on obligerait les chômeurs à prendre n'importe quel job à trois euros six centimes, du genre ... mini job allemands. 

Pas engageant direz-vous ?

Certes. Cependant, Laurence Parisot, inventeuse de :  « La vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » a préféré, au lieu de se lamenter sur le sort des « variables d'ajustement » nous gratifier d'une nouvelle citation : « L'entrepreneur est comme l'albatros de Baudelaire : il se sent empêché, gauche, entravé par des réglementations aux contenus aporétiques »

A méditer ? Non, à oublier, vite ! 


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28 août 2012

Laurence Parisot : Sauvons les revenus et les rentiers du capital !

Laurence Parisot monte au créneau pour défendre les revenus du capital que le gouvernement souhaite aligner sur les revenus du travail. Elle aurait mieux fait de lire Alternatives économiques, avant de se proclamer défenseure des rentiers du capital !


A quelques heures de l'ouverture de l'université d'été du Medef, Laurence Parisot vient de lancer un anathème contre le gouvernement. Elle estime : « (...) qu'aligner les impôts sur les revenus du capital et ceux du travail comme le veut le gouvernement limiterait l'accès aux capitaux, plus personne n'ayant, par exemple, intérêt à placer son épargne en actions si la taxation des plus-values de cession est alourdie (...) »

En clair, si elle conçoit parfaitement qu'on puisse taxer à loisir les revenus du travail, pas touche aux revenus des actionnaires et autre rentiers des affaires. Cette déclaration tombe en même temps qu'un article fort intéressant sur : « Les inégalités en France », publié par Alternatives économiques dont l'Observatoire des inégalités a publié des extraits

Qu'y apprend t-on ?

Les riches n'ont cessé de s'enrichir depuis les années 90

« Dans les années 1990 et 2000, les riches se sont enrichis beaucoup plus vite que les autres et dans des proportions spectaculaires. Entre 2004 et 2007, tandis que les 90 % les plus modestes de la population voyaient leurs revenus déclarés augmenter de 9 % en moyenne, les 1 % les plus aisés connaissaient, eux, une hausse de 16 %, et les 0,01 % de 40 % (...) En pratique, l’essor des riches pendant cette période aura bien davantage consisté à garantir des gains considérables aux détenteurs de capital dans un contexte de croissance molle (...) »

Et Thierry Pech, directeur de la rédaction d’Alternatives économiques d'expliquer : « (...) aujourd’hui, à la faveur d’une crise qui met durement à l’épreuve les finances publiques, nombre d’États européens en reviennent. C’est notamment le cas en France où l’élection de François Hollande devrait marquer une rupture dans la politique fiscale à l’égard des plus fortunés : alignement de l’imposition des revenus du capital sur l’imposition des autres revenus, relèvement du seuil de la tranche marginale supérieure de l’impôt sur le revenu de 41 % à 45 %, création annoncée d’un taux d’imposition à 75 % pour la part des revenus excédant un million d’euros par an (...) »

Ce qui a le don de faire sortir de ses gonds dame Parisot  : « (...) Elle s'en prend également au projet de taxer à 75% la part des revenus annuels supérieure à un million d'euros, qui comporte de sérieux risques selon elle (...) » Désolé, mais on ne saura pas de quels risques il s'agit. Néanmoins, on peut imaginer que ces « victimes » soient nombreuses parmi ... les adhérents du Medef.

Quant aux millions de salariés qui ne vivent que leur travail, Laurence Parisot n'a pas eu un mot pour eux. Il faut dire qu'elle avait annoncé la couleur des licenciements massifs avant de partir en vacances. Pourquoi perdre son temps à parler des salariés variables d'ajustement, alors que de nombreux rentiers du capital vivent d'ores et déjà dans l'angoisse du lendemain ?


Extrait de Alternatives Economiques Poche "Les inégalités en France" n° 056- septembre 2012. En vente en kiosque et sur le site du magazine Alternatives Economiques

27 août 2012

Unilever, ou le capitalisme adapté aux pauvres !

Crise économique aidant, les plus grandes multinationales voient leurs chiffres d'affaires décliner. Unilever a une solution : Vendre les mêmes produits mais, en plus petite quantité. Une belle leçon de cynisme commercial !  


Unilever fait partie de ces géants de l'agroalimentaire dont on connaît plus les marques que le nom. Et pourtant, ces derniers mois, les français ont pu découvrir ses méthodes, notamment au travers de l'affaire Fralib.

Affaire Fralib ?

Pour ceux qui l'auraient oublié, Fralib est une filiale française à 100%d'Unilever qui fabrique les infusion des marques Lipton et Elephant. Or, depuis septembre 2010, pour d'obscures raisons de rentabilité, Unilever a annoncé la fermeture de l’usine Fralib de Gémenos (Bouches-du-Rhône), afin de délocaliser la production à l’étranger.

Outre que le plan de sauvegarde de l'emploi a été rejeté par l'inspection du travail, Paul POLMAN, le PDG d'Unilever refuse mordicus de céder la marque aux employés qui envisagent de reprendre l’activité sous forme de société coopérative de production.

Il s'en est expliqué au Figaro dans une interview où il menace le gouvernement français, et nous gratifie d'une logorrhée bien patronale, par laquelle il réclame pèle mêle : La réduction des dépenses de l'état, la compétitivité qui serait obtenue, bien entendu, en augmentant la flexibilité des salariés, ... Et d'ajouter : « En Europe, les charges sur les salaires sont trop élevées »

Mais encore ?

« (...) L'Europe doit aussi s'attaquer au défi de la compétitivité de l'emploi, avec des charges sur les salaires souvent trop élevées. La crise monétaire est un symptôme des problèmes de l'Europe, elle n'en est pas la cause… La pression des charges sur le travail nous fait perdre du terrain en matière de compétitivité par rapport aux fabricants de marques de distributeurs (...) »

On notera au passage que monsieur POLMAN a une vision bien particulière de la concurrence ! Et une mauvaise foi totale, dans la mesure où les charges qu'il incrimine sont strictement les mêmes pour les industriels qui fabriquent les produits de marques des distributeurs.

Au passage ce grand humaniste explique : « (...) Notre défi, c'est l'Europe, où les coûts augmentent et où les consommateurs ont moins d'argent (...) » D'où cette idée de génie lancée aujourd'hui et reprise, entre autre par le Nouvel Obs : Tout simplement diminuer la taille des contenants ! 

Alors comment continuer à vendre aux pauvres tout en conservant des marges confortables ?

Jan Zijderveld  : « Si un Espagnol ne dépense plus en moyenne que 17 euros quand il fait les courses, je ne vais pas lui proposer un paquet de lessive qui coûte la moitié de son budget » Donc pourquoi ne pas proposer comme dans les pays asiatiques : « (...) des produits meilleur marché car en plus petit conditionnement (...) » Et Zijderveld de nous expliquer : « (...) En Indonésie nous vendons des échantillons individuels de shampoing pour 2 à 3 centimes pièce et pourtant nous gagnons de l'argent (...) »

Le Financial Times Deutschland qui l'a interviewé nous explique d'ailleurs : « (...) qu'Unilever a par exemple commencé à vendre en Espagne de petits paquets de lessive ne permettant de faire que cinq machines »

Belle démonstration de cynisme que les consommateurs des produits et marques d'Unilever devraient apprécier à sa juste valeur ... 


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