15 juillet 2011

Pôle Emploi : Petites économies et nouveaux tracas pour les chômeurs ?

Pour ne pas être radiés, les chômeurs vont-ils être obligés de s'assurer de la fiabilité de leur connexion à l'Internet ? C'est la question que pose actuchomage qui révèle une « astuce » de Pôle Emploi pour supprimer les convocations papier.

La plus grosse angoisse d'un chômeur indemnisé, est de louper une convocation de son conseiller. En effet, dans ce cas, ce qu'il risque, c'est une radiation temporaire ou définitive comme l'expliquent nombre d'allocataires sur le site recours radiations

A moins d'avoir un motif d'absence reconnu comme « légitime » par Pôle Emploi. Sachant que : « (...) Pôle Emploi demande à ce que ces motifs soient justifiés par des documents (attestations, certificats…) qui prouvent la véracité du motif invoqué (...) » Le tout bien entendu, pour plus de sureté, en recommandé avec accusé de réception.

En clair, il faut surveiller son courrier postal. Car les convocations sont actuellement envoyées aux chômeurs par courrier postal.

Le problème, comme l'écrivait le Sénat dans son : « Projet de loi de finances pour 2011 : Travail et emploi » c'est que : « (...) Pôle emploi est maintenant confronté à un nouveau défi : réaliser des gains de productivité afin de continuer à améliorer son offre de services dans un contexte budgétaire plus restrictif (...) »

Alors, même si Xavier Bertrand s'est engagé à ne pas réduire les effectifs (pourtant sous évalués ), il faut impérativement trouver, de nouvelles sources d'économies.

Une de ces sources serait les économies de papier et de timbres. Le recours aux nouvelles technologies de l'information n'est pas nouveau à Pôle Emploi, notamment dans le domaine des convocations de suivi, comme l'expliquait Mail Performance spécialiste de l'Email marketing

La dernière variante, décryptée par actuchomage, de « l'optimisation des relances » laisse pourtant augurer pas mal de mauvaises surprises pour les chômeurs indemnisés.

« (...) Afin d'augmenter ses gains de productivité, Pôle Emploi se lance dans la dématérialisation, incitant 1,5 million de ses inscrits à recourir exclusivement aux services proposés dans l'«espace personnel» de pole-emploi.fr par le biais d'un e-mail qui leur demande, sous couvert de « contribuer au développement durable en limitant les envois de courriers papier », de valider leur adresse électronique (...) »

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Vous remarquez au passage la vielle astuce des sites de commerce électronique qui consiste à mettre en valeur et simplifier l'acceptation et à justifier votre refus. De plus, une fois l'option validée, vous souviendrez-vous de l'endroit où il faut se rendre pour : « annuler l'autorisation » ?

Outre le fait qu'il faut disposer d'une imprimante chez soi pour imprimer les documents (à ses frais), comme le fait remarquer à juste titre actuchomage : « Ce qui signifie que, si votre connexion internet est défaillante ou si votre ordinateur tombe en panne, vous risquez, par exemple, UNE RADIATION POUR ABSENCE À CONVOCATION » puisque vous ignorerez qu'une convocation est en attente dans votre boîte Email !

Ce qui signifie aussi que les chômeurs devront s'assurer en cas de déplacement de courte durée (qu'il n'est pas nécessaire de signaler à Pôle Emploi) d'une connexion à l'Internet !

Même si Actu Chômage indique comment procéder pour éviter la dématérialisation totale, il est évident que de nombreux chômeurs qui auront validé l'option OUI, par peur de se faire rappeler à l'ordre par leur conseillers, risquent d'être concernés, dans les mois à venir, par une radiation temporaire.

Méthode perverse ? Certainement ! Mais dira t-on au gouvernement et à la direction de Pôle Emploi : Il s'agit avant tout de « contribuer au développement durable » ..

14 juillet 2011

Fin du « contrat santé solidarité » : Beau cadeau électoral de l'UMP aux médecins !

Les déserts médicaux attendront ! C'est la conclusion qu'on peut tirer de la décision des parlementaires UMP d'avoir supprimé, mercredi, toutes contraintes pesant sur les médecins. Leur vote pour 2012 était, semble t-il, à ce prix !


En 2007 révélait IPSOS, Nicolas Sarkozy était en tête des intentions de vote auprès des médecins. A 39%, il devançait nettement François Bayrou (27%) et Ségolène Royal (18%). Le candidat UMP dominait aussi très largement les intentions de vote second tour sous l'hypothèse d'un duel face à sa rivale socialiste (68% contre 32%).

Seulement en mars 2010, les médecins avaient participé par leur vote à la déroute des élections régionales. Ce qui avait provoqué une réaction immédiate du Président qui annonçait : « (...) qu’une grande concertation allait être engagée (...) Je sais les difficultés auxquelles les médecins se trouvent confrontés, une grande concertation va s’engager pour déterminer comment ces difficultés peuvent être résolues de façon structurelle (...) »

Alors, en avril 2010 : « La mission chargée par Nicolas Sarkozy de faire des propositions pour refonder la médecine libérale préconisait (...) de supprimer le contrat solidarité Santé, qui instaure une pénalité à partir de 2013 à l'encontre des médecins exerçant dans les zones les mieux pourvues refusant de prêter main forte à leurs confrères des zones sous-médicalisées. Elle juge que ce dispositif est voué à l'échec en raison de son caractère résolument cœrcitif qui le rend peu opérationnel »

La réponse a été donnée par les députés UMP mercredi. Ainsi : « Le Parlement a voté l’ultime version de la proposition de loi Fourcade. Les mesures que les médecins libéraux considéraient comme « vexatoires » dans la loi HPST partent aux oubliettes (...) nous apprend le Quotidien du médecin qui ajoute : « (...) Sans surprise, l’ultime version du texte confirme la suppression des mesures considérées comme « vexatoires » par les médecins libéraux (déclarations d’absence, taxe de 3 000 euros liées aux contrats santé solidarité) »

Ce qui vient pourtant contredire ce qu'affirmait un amendement présenté le 2 mars 2009 à l'Assemblée Nationale où on pouvait lire :

« Pour traiter les difficultés liées à la démographie médicale, les pouvoirs publics doivent privilégier les mesures incitatives et organisationnelles, mais ils ne doivent pas s’interdire de prendre des mesures plus directives si les déséquilibres actuels persistent. Il n’est pas normal que les médecins s’installent de plus en plus nombreux dans certaines zones déjà très bien dotées en offre de soins, alors que dans nos campagnes et nos banlieues, trouver un médecin devient un vrai problème. (...) il ne s’agit pas de pénaliser les médecins des zones sur-denses, mais d’organiser de façon constructive une réponse aux besoins de santé en zone sous-dense. Loin de remettre en cause les principes fondamentaux d’exercice de la médecine libérale, cette mesure pragmatique ne sera mise en œuvre quand dans les territoires où elle parait appropriée, au vu d’une évaluation menée au plus près du terrain et dans la plus large concertation (...) »

Mais l'hypothèse d'une défaite électorale aura eu raison de ces mesures, qui devaient essayer de préserver, une égalité médicale territoriale.

Ce qui a fait dire à la députée socialiste Catherine Lemorton : « (...) Les professionnels de santé sont, pour la plupart, solvabilisés par la solidarité nationale. Cela impose donc des devoirs : assurer des gardes, soigner toute personne sur notre territoire (...) » avant d'ajouter fataliste, cette mesure est : « électoraliste et corporatiste (...) nettoyage de la loi HPST, le gouvernement et sa majorité cherchaient à reconquérir le vote des médecins libéraux à moins d'un an des scrutins présidentiel et législatif »

Quand aux patients des déserts médicaux qui ne comprendraient pas cette finesse électorale, ils n'ont qu'à déménager ... dans des grandes villes. Il faut être moderne quoi !


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Blog SurfPrevention

13 juillet 2011

Le « panier des essentiels » de Frédéric Lefebvre est essentiellement virtuel !

Un véritable flop ! C'est ce que qu'affirment les organisations de consommateurs 3 mois après le lancement en fanfare du « panier des essentiels » de Frédéric Lefebvre. Alors, quid des « produits de qualité à un prix abordable pour tous »

« Pouvoir d'achat, le retour ! C'est le message que veut faire passer Frédéric Lefebvre en lançant avec les grandes surfaces un « panier des essentiels ». Problème : il s'agit d'un panier virtuel, sans réelle contrainte pour les distributeurs » Ecrivions nous le 6 avril dernier, date du lancement de l'opération par le : Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions libérales et de la Consommation.


Dubitatives, les associations de consommateurs qui n'avaient été invitées à participer à son élaboration craignaient : « que ce panier, qui ne comporte qu’une dizaine de produits, ne soit au contraire une manière de détourner l’attention des consommateurs des autres produits dont les prix, eux, augmentent de manière injustifiée »

Pour mémoire, ce panier devait comporter, selon le ministre : « (..) un minimum de dix produits, qui doivent compter au moins un produit de chacune des six familles alimentaires suivantes : viande, poisson, fruit, légume, fromage ou produit laitier, boisson. La majorité des produits présents dans le panier doit faire l'objet d'une variante chaque semaine (...) avec des offres à moins de vingt euros (...) »

Une remarque judicieuse de l'association Famille rurale pouvait néanmoins augurer de la réussite de l'opération : « (...) Les enseignes ne sont ainsi pas tenues de rassembler physiquement les produits. Les articles seront juste signalés dans les rayons par une étiquette dédiée (...) »

Or, hier, Frédéric Lefebvre faisait un bilan d'étape sur l'opération. On peut en prendre connaissance sur la page Facebook du ministre. Il a notamment annoncé que : « Le dispositif « Panier des essentiels » est prolongé pour un an par (...) »

Quel est son jugement sur ces premiers mois ?

« (...) Frédéric Lefebvre s’est félicité de son déploiement très satisfaisant dans 80% des hypermarchés, dont 100% dans les groupes intégrés et 60% chez les indépendants (...) le Ministre a constaté que les consommateurs souhaitaient une meilleure visibilité du « Panier des essentiels » en magasin. Il a demandé en conséquence aux enseignes d’accroitre leurs efforts dans ce domaine (...) Il a également indiqué qu’à la demande de plusieurs enseignes, une adaptation de la convention serait étudiée pour permettre le déploiement du « Panier des essentiels » sur le segment supermarchés. Les supermarchés ne disposent généralement pas de rayons spécifiques poissonnerie ou boucherie leur permettant de proposer chaque semaine la totalité des produits frais inscrits dans la convention (...) le Ministre a par ailleurs appelé les enseignes à mettre en avant (...) des fruits et légumes de qualité et de saison en privilégiant les produits de proximité (...) et de conclure : « L’essai des trois premiers mois de la mise en place du dispositif est concluant, c’est une bonne nouvelle (...) »

Quel est le bilan des associations de consommateurs ?

Famille rurale - Réaction

« (...) Lors d'une conférence de presse, Thierry Damien, le président de Familles rurales, a souligné le « piètre bilan » de ce « panier » (...) En principe, chaque enseigne doit proposer toutes les semaines à ses clients dix produits de qualité pour environ 20 € (...) Il est trop contraignant, car les produits sont peu visibles en magasin. Il faut souvent se connecter sur le site Internet de l'enseigne pour connaître les produits concernés » (...) D'après l'Observatoire des prix de l'association, ce panier des essentiels est aussi trop rare : seulement un magasin sur trois l'a mis en place (...) »

Que Choisir - Réaction

« (...) l’UFC-Que Choisir publie les résultats éloquents de relevés réalisés dans quelques magasins franciliens des principales enseignes de la distribution ayant participé au lancement de l’action en avril dernier. Trois mois après son lancement, de fantoche, le panier des essentiels est devenu fantôme ! (...) Dans 8 des 10 magasins visités, nos enquêteurs n’ont vu aucune mention du panier, aucun panneau ni affichage particulier susceptibles d’indiquer que celui-ci serait toujours d’actualité. Dans les deux seuls magasins continuant à promouvoir cette action (...) nous avons dû constater que les rares produits choisis en toute discrétion par les distributeurs ne s’avèrent pas forcément les plus attractifs en termes de prix, ni les plus intéressants du point de vue nutritionnel.

S’agissant des prix, nous avons remarqué qu’ils sont généralement comparables aux produits de même niveau de qualité, et parfois même plus chers que les promotions !

En termes d’équilibre alimentaire, comment ne pas s’étonner de la présence de bananes ou de pommes de terre à rissoler (...) L’UFC-Que Choisir rappelle que les consommateurs n’attendent pas des coups de communication mais une véritable opération coup de poing contre la hausse des prix de l’alimentaire qui a déjà atteint + 2,3% en moyenne en moins d’un semestre ! Certains produits sont déjà à des sommets : ainsi les prix de la volaille ont augmenté sur ces cinq derniers mois de +4.5 %, le café arabica de +8,3 % et l’huile de tournesol de + 12,5 % (...) le problème des prix alimentaires reste entier (...) »

En clair et en langage de client, ça s'appelle un foutage de gueule ... manifeste !

La réalité c'est que personne : Clients, hyper, super marchés et les commerces alimentaires de détail et les marchés (qui se sont associés récemment à l'opération ) n'était dupe. Et oui, comment imaginer obtenir des résultats, alors que la charte brandie par le ministre, ne comportait aucune contrainte ou objectif chiffré pour les distributeurs.

Mais peu importe, les élections approchent à grand pas, et il faut au Président de la République et à sa majorité, au moins un argument ... sur leur combat pour le pouvoir d'achat !

Pour le reste, il suffira de parler de la responsabilité de la crise économique, de l'immigration, des 35H00 maléfiques, de la flexibilité indispensable des salariés, et probablement ... du carnet rose de l'Elysée !

12 juillet 2011

Les consommateurs « banquiers » des allègements de charges des entreprises ?

Au nom de la compétitivité des entreprises, l'UMP propose de taxer les sodas pour alléger les cotisations de Sécurité sociale des agriculteurs ! Une simple étape avant de payer leur protection sociale ?


L'UMP aime faire des cadeaux aux organisations patronales. Le problème c'est que ça coûte cher au contribuable mais aussi bientôt au consommateur !

Après leur avoir fait cadeau de la taxe professionnelle (qui n'a eu eu, au passage, aucune influence sur l'emploi ) alors que, selon le gouvernement, cette réforme répondait : « (...) à un objectif clair : garder nos usines en France et permettre à nos industriels de se battre à armes égales avec leurs concurrents étrangers (...) » qui a entrainé une perte pour les collectivités locales de 22 milliards d'euros et qui devait être compensée par une éventuelle taxe carbone torpillée ... par le Medef

L'UMP souhaiterait faire un nouveau cadeau. Celui-ci serait destiné à maintenir les emplois permanents des entreprises agricoles. Pour ce faire, un député UMP, Bernard Reynès vient de proposer dans un rapport sur la compétitivité de l'agriculture française remis à Bruno Le Maire, le 6 juillet dernier, de créer ... une nouvelle taxe sur la consommation

De quoi parle ce rapport ?

« L’article 38 de la loi de modernisation de l’agriculture et de la pêche du 27 juillet 2010 prévoit que le Gouvernement doit, dans un délai d’un an après la promulgation de la loi, remettre aux assemblées parlementaires un rapport sur le coût du travail permanent en agriculture et sur les modes de financement alternatifs de la protection sociale susceptibles de l’alléger »

Tout en reconnaissant l'extrême précarité des salariés, puisque le nombre de CDI représentait en 2009 : « (...) 16,5% des emplois de la production agricole alors que pour tous secteurs de l’économie ce taux est de 78% (...) » il propose de combattre cette précarité par : « (...) une mesure d'allègement des charges rapidement applicable (...) » Cet allègement reposerait sur : « l’exonération jusqu’à 1.6 SMIC des cotisations conventionnelles et éventuellement des cotisations légales (...) » page 6 et 7 Ce qui selon lui : « (...) permettra aux entreprises de retrouver des marges suffisantes pour préserver les emplois permanents de leurs salariés et pour les pérenniser (...) »

Outre, qu'on doute très fortement de la conclusion du député sur la pérennisation des CDI dans une activité saisonnière, on est en droit de se demander qui va financer ces : marges suffisantes

Et bien, Bernard Reynès a eu une idée de génie : Taxer les buveurs de boissons gazeuses !

« (...) Pour compenser la perte de recettes pour la Sécu (400 millions), le député propose une augmentation de 5,5% à 19,6% de la TVA sur les boissons sucrées non alcoolisées (...) » - Le Figaro

Ce qui signifie que ce sont les consommateurs français qui seront censé pérenniser les quelques 16,5% d' emplois permanents de la production agricole ! Dangereux lorsqu'on sait que l'augmentation des prix a une influence immédiate sur l'acte d'achat.

Mais, ce n'est pas tout, puisque dans le rapport le député propose (page 36) au gouvernement : « (...) d’étudier les conditions de mise en œuvre à moyen terme d’un financement de la protection sociale agricole par une recette fiscale provenant d’une augmentation du taux de TVA sur les produits agricoles et agro-alimentaires (...) » Après tout, au point où en est le pouvoir d'achat !

Par contre, en ce qui concerne les fabricants de sodas et boissons non alcoolisés, le syndicat des boissons rafraichissantes (SNBR) affirme qu'une taxation : « (...) entraînerait mécaniquement une augmentation du prix de vente de ces produits (...) » et n'hésite pas à brandir, en cas de baisse de la consommation, la survie des : « (...) 5.000 emplois directs et des milliers d'emplois indirects »

Mais pas de panique, puisque, à ce moment là, en cas de chômage massif, il sera toujours temps de faire appel au : « Fonds européen d’ajustement à la mondialisation » de l'Union européenne. Fonds, que les autorités françaises ont sollicité à hauteur de 24 millions d'euros pour faciliter le retour à l’emploi de 3 582 personnes licenciées par Renault et sept de ses filiales et producteurs en 2008.

En matière de gestion des trous, Même le sapeur Camember n'aurait pas fait mieux !


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Le Point