15 janvier 2010

Affaire Renault Clio IV : Ce que le gouvernement a oublié de vous dire !

Il y a quelques jours dans un article : "Santé de l'industrie française : La future Clio IV serait produite ... en Turquie !" publié sur Slovar les Nouvelles et Marianne2, nous vous expliquions que Renault envisageait plus que sérieusement de délocaliser dans son usine de Turquie la fabrication de la future Clio IV.

" ... /... La Renault Clio devrait encore évoluer avec la Clio IV. Un nouveau modèle qui, d’après une information publiée par la Tribune ce vendredi, serait fabriqué en Turquie, sur le site de Bursa. Cette délocalisation se ferait alors au détriment du site de Flins dans les Yvelines qui, au premier semestre 2009, avait fabriqué 64.700 Clio III .. / ... "

... / ... Dans la nouvelle organisation du groupe, l’usine de Flins deviendrait spécialisée dans les voitures électriques, commercialisées à partir de 2011. Un marché sur lequel Carlos Ghosn souhaite placer Renault en première place, au niveau mondial. Toutefois, dans le cas où la production de cette gamme ne remplirait pas les chaînes de Flins, une petite partie de la production de la Clio IV pourrait y être assemblée, temporairement. Pour le constructeur, ce système de délocalisation avait déjà eu lieu avec la Twingo. La fabrication de cette dernière avait été transférée de Flins vers la Slovénie à l’occasion du changement de génération ... / ... "

Lorsque cette information est sortie, il est à noter que le gouvernement qui, avec 15% du capital de Renault est son principal actionnaire, n'avait pas manifesté la moindre réaction. On est en droit de se poser la question du suivi et de l'intérêt de nos responsables pour le premier constructeur français.

En effet, comment, alors que le Président a mis en place des mesures spécifiques d'aide au secteur. Dont : "la prime à la casse pour les véhicules de plus de dix ans et un projet de fonds d'investissement devant permettre de financer une restructuration de la filière. Sans oublier que : "les filiales de crédit des deux grands constructeurs français, PSA et Renault, auraient accès au mécanisme de financements garantis mis en place par l'Etat pour les banques. Et : " ... / ... la possibilité d'allonger, ainsi que de mieux rémunérer, le chômage partiel", nos dirigeants politiques pouvait ignorer à ce point que le troisième véhicule le plus vendu en France ne serait plus construit sur son sol ?

Incompétence ou mensonge ?

Car, au delà des déclarations tonitruantes et effets de manche du ministre de l'industrie et même depuis 9 janvier celles de l'UMP qui fait dans le patriotisme économiques à quelques mois des élections régionales !

" Le Mouvement Populaire désapprouve les intentions prêtées à Renault concernant ses orientations pour la production de la nouvelle Renault Clio qui serait délocalisée en Turquie.
C'est la raison pour laquelle l'UMP soutient la démarche explicative engagée par Christian Estrosi, Ministre de l'Industrie auprès de l'industriel. Après avoir répondu avec énergie à l'appel de détresse de l'industrie automobile, l'Etat est en droit d'obtenir des éclaircissements en sa qualité d'actionnaire sur la politique conduite par Renault qui a pris des engagements fermes en contrepartie du soutien public (prime à la casse, prêts avantageux) dont il a très largement bénéficié. Le Gouvernement est également en droit d'attendre des industriels, qui sont aidés financièrement par les pouvoirs publics, un comportement plus responsable. - Dominique PAILLE - Porte-parole adjoint

On en apprend de belles par la commissaire à la Concurrence, Neelie Kroes sur les engagements de la France !


" .... / ... La commissaire à la Concurrence, Neelie Kroes, a "demandé à (ses) services de contacter les autorités françaises aussi vite que possible pour demander des explications", a-t-elle indiqué jeudi dans une déclaration transmise par mail. La commissaire évoque une "contradiction apparente" entre des déclarations du ministre français de l'Industrie, Christian Estrosi, et les promesses faites par Paris en février 2009, lors de la mise en place des prêts à conditions privilégiées pour les constructeurs automobiles victimes de la crise.

L'une de ces promesses était que Paris "n'imposerait aucune condition sur la localisation des usines", rappelle Mme Kroes en prévenant que "la Commission s'assurera que cet engagement est tenu".

... / ... Il avait fait l'objet d'un bras de fer entre Paris, qui voulait conditionner ses aides aux constructeurs à des garanties sur le maintien des usines en France, et Bruxelles qui exigeait le retrait de cette condition jugée contraire aux règles européennes sur la liberté d'établissement.

La Commission avait finalement enterré la hache de guerre après avoir obtenu des "garanties" du gouvernement français sur "l'absence de caractère protectionniste" de ses aides, mais prévenu à l'époque qu'elle allait "continuer à surveiller la situation". - Source AFP/Google

Information confirmée par le magazine Challenge

" ... / ... La Commission européenne a indiqué, jeudi 14 janvier, avoir demandé des explications aux autorités françaises qui sont montées au créneau pour empêcher Renault de délocaliser la production de sa Clio en Turquie. La commissaire à la Concurrence Neelie Kroes évoque une "contradiction apparente" entre des déclarations du ministre français de l'Industrie Christian Estrosi et les promesses faites par Paris en février 2009 au moment de la mise en place des prêts à conditions privilégiées aux constructeurs automobiles victimes de la crise. L'une de ces promesses était que Paris "n'imposerait aucune condition sur la localisation des usines", rappelle la commissaire, dans sa déclaration, en prévenant que "la Commission s'assurera que cet engagement est tenu".

Mais, la Turquie, diront certains, ce n'est pas l'Union européenne !

Non et oui. En effet, dans le texte ; "Stratégie de préadhésion de la Turquie
" on peut lire : " ... /... L'accord d'association (dit accord d'Ankara) entre la Communauté et la Turquie de 1963 et le protocole additionnel de 1970 ont fixé les objectifs fondamentaux de l'association tels que le renforcement continu et équilibré des relations commerciales et économiques et la mise en place d'une l'union douanière en trois phases.

Un des objectifs de l'accord d'Ankara est la libre circulation des travailleurs, qui n'a pas pu toutefois être réalisée selon le calendrier prévu pour des raisons socio-économiques. Le 31 décembre 1995, la troisième phase de l'union douanière a été mise en place par le biais de la décision 1/95 du conseil d'association.

Elle a donné une impulsion importante à l'alignement par la Turquie de sa législation sur la législation communautaire. En effet, afin d'assurer un bon fonctionnement de l'union douanière, la Turquie a dû reprendre, avant son entrée en vigueur, une bonne partie de l'acquis communautaire, notamment dans les secteurs des douanes, de la politique commerciale, de la concurrence et de la protection de la propriété intellectuelle, industrielle et commerciale ... / ... " Source Europa

Ce qui signifie que la commission ne fait qu'appliquer ce que la France savait pertinnement !

Et pourtant : "... / ... Mercredi, Christian Estrosi a confié que le gouvernement refusait que la Clio IV soit produite à l'étranger, "en tout cas pour ce qui est des véhicules destinés au marché français". "Je souhaite que la balance selon laquelle il y a aujourd'hui 25% de Renault qui sont produites en France et 75% qui sont produites à l'étranger soit une balance qui s'inverse", a-t-il plaidé. Le ministre a affirmé que ce message serait bientôt répété "avec plus de fermeté" par Nicolas Sarkozy.

Le ministre du Budget Eric Woerth a lui jugé qu'une délocalisation en Turquie serait "inacceptable". "On ne peut pas avoir des Français qui achètent des voitures et en même temps qui perdent des emplois, surtout quand ce sont des voitures françaises. Donc il faut réfléchir à un modèle économique qui permette aux usines de rester en France", avait-il ajouté sur LCI. Mardi, le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez, un ton en-dessous, avait rappelé la "ligne rouge absolue": "ni licenciement ni fermeture d'usine" française.

Selon RTL, l'Etat, qui possède 15% du capital de Renault, pourrait exiger les six sièges au conseil d'administration auquel il a droit. - Source Challenge

Et pourquoi, l'état fait-il valoir ses droits à 6 sièges au CA de Renault seulement maintenant ? En clair, on essaye de sauver les meubles de façon calamiteuse !

Alors, nous reposons la question : Incompétence ou mensonges répétés ?

Les responsables français qui ont validé la promesse qui consistait à ce que Paris "n'impose aucune condition sur la localisation des usines" SAVAIENT PARFAITEMENT ce qu'ils faisaient et misaient sur un manque de réaction de la presse et des blogs !

Cette attitude totalement méprisable, ne fait que renforcer le manque de confiance de plus en plus important, des français pour leur classe politique. Comme nous le montrions le 13 janvier dernier dans l'article : "Confiance politique des français : "dis c'est quand qu'on va où ?" " où on pouvait lire le résultat suivant

LA CONFIANCE A L'EGARD DES INSTITUTIONS

La confiance à l'égard des institutions : Totale confiance
Le conseil municipal % .................................................69
Le conseil général % .....................................................65
Le conseil régional % .....................................................64
L'Union européenne % ..................................................44
L'Assemblée Nationale % ..............................35
L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) % ....35
L'institution présidentielle % .......................34
Le Gouvernement % .......................................31
Les conférences internationales, comme le G20 % ....30

Les contribuables et citoyens que nous sommes doivent connaître la vérité sur cette affaire.

Et cette fois-ci, pas question d'essayer de nous faire croire que c'est l'Europe qui est responsable de tous les maux français !

"Quand l'Europe peut, elle veut" disait le slogan de l'UMP aux dernières élections européennes. Dans son programme, elle indiquait

Face à la crise, bâtir une Europe qui protège

1. Coordonner les plans de relance : Nous proposons d’agir pour l’emploi parce que c’est le premier vecteur d’intégration et de réussite sociale. Pour soutenir l’emploi et pour retrouver la croissance, il faut investir.

Réagir ensemble pour innover et investir massivement dans les secteurs industriels en difficulté – mais aussi dans les industries d’avenir - en faisant intervenir l’ensemble des acteurs concernés : Banque Européenne d’Investissement, Commission européenne, gouvernements, régions, secteur privé, etc. ... / ...

3. Redynamiser les bassins industriels : Nous proposons d’agir contre les délocalisations, en particulier dans les bassins industriels européens. Nous réaffirmons l’importance pour conserver un savoir-faire européen de conserver un outil industriel fort, des entreprises de production et des ouvriers. ... / ...

» 4. Développer de nouvelles solidarités et protéger les salariés : Avec la création de 18 millions d’emplois en 10 ans sur tout le territoire européen, la réunification de l’Europe a été un devoir moral mais aussi une chance sans précédent. L’ouverture et la solidarité doivent continuer de s’exprimer avec les Etats membres ayant adhéré en 2004 et 2007. Mais pour autant il n’est pas question d’ériger des conditions déséquilibrées de concurrence au sein du marché unique. ... / ... C’est de cette Europe dont nous avons besoin, non seulement parce qu’elle rejoint nos propres priorités, mais aussi parce que nous les partagerons avec nos partenaires. L’Europe a permis d’aboutir à des accords consensuels pour le travail intérimaire, le congé parental, le travail à durée déterminée, mais nombreux sont encore les sujets à faire avancer pour un dialogue social à la hauteur des défis du continent ... /... "

L'UMP a d'ailleurs si notre mémoire est bonne gagné ces élections. Alors, plus de communication dans les medias ou de postures indignées !

Montrez nous clairement ce que ce gouvernement et cette majorité sont capables de faire pour que l'industrie française ne soit pas seulement, un lieu de visite pour notre Président, qui répète à l'envie que : "Les usines c'est son truc"

Source carte
Le Figaro
Crédit photo
Autoplus

14 janvier 2010

Après la fiscalisation des idemnités d'accident du travail : le "titre spécial de paiement" de l'allocation de rentrée scolaire ?

Alors que le débat sur l'identité nationale a du plomb dans l'aile (50% des français y sont indifférents) on n'en finit plus de s'étonner des nouvelles idées qui germent quasi quotidiennement dans les rangs des élus de l'UMP !

En effet, après le : "C’est un revenu qu’il s’agit de soumettre à l’impôt. Cela n’a rien de choquant" de Jean-François Copé adressé aux accidentés du travail, il se trouve à l'UMP un député portant le nom d'Edouard Courtial qui vient d'avoir une "formidable" idée !

Probablement las de n'être connu que par les habitants de sa circonscription et partant du principe que, comme le disait Michel Audiard : "Les c... ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît" il vient de s'exprimer dans le Figaro pour défendre une véritable croisade :

"Edouard Courtial part en croisade contre les abus liés à l'allocation de rentrée scolaire (ARS), une aide censée amortir les coûts liés à la rentrée des enfants et versée à près de trois millions de familles modestes. Député UMP de l'Oise et secrétaire national de l'UMP aux fédérations, il vient en effet, selon une information du Figaro.fr, de déposer une proposition de loi visant à verser cette ARS «sous forme d'un titre spécial de paiement» - c'est-à-dire comme un chéquier-restaurant ou un chéquier-vacances - qui permettrait de mettre un terme aux dépenses non appropriées ... / ... "

Il faut rappeler à ceux qui ignorent à combien se monte cette allocation : L’Allocation de rentrée scolaire a été versée le 20 août dernier à environ 2.970.000 familles sous conditions de ressources. Son montant est pour les enfants de 6 à 10 ans de 272,59 euros, pour les 11-14 ans de 287,59 euros et pour les adolescents de 15 à 18 ans de 297,59 euros.



Et quels sont les arguments de monsieur Courtial pour verser l'allocation scolaire de rentrée sous formes de "chéquier restaurant" ?

A l'origine de son initiative, raconte-t-il au Figaro.fr, une anecdote : "C'est simple, j'étais dans un café, et j'ai entendu une conversation au comptoir. Un homme a demandé à un autre : ‘Alors, tu l'as eu ton écran plasma ?', et l'autre lui a répondu : ‘Non, j'attends l'ARS" , explique Edouard Courtial.

Une conversation qui lui laisse penser que certaines familles modestes utilisent l'argent à d'autres fins que l'achat de fournitures et de vêtements, et qu'il faudrait trouver le moyen d'empêcher ces abus, «un détournement injuste au détriment des enfants"

Salauds de pauvres ! ça se reproduit sans la moindre gêne et ça utilise l'argent des contribuables pour spolier leurs enfants et se rouler dans la fange et certainement dans ... le stupre !

Mais qui est Edouard Courtial ?

Né le 28 juin 1973 à Neuilly-sur-Seine, il est :
Député de la 7 eme circonscription de l'Oise.
Membre de la commission des affaires culturelles et de l'éducation
et mentionne comme profession : Consultant

Les groupes auxquels il appartient au sein de l'Assemblée

Groupe d'études :
Président : - Jardins, paysages et horticulture
Secrétaire : - Chimique
Membre : - Chasse et territoires - Dépendance - Maladies orphelines - Tabac - Trufficulture

Source Assemblée Nationale

Le site Godillot le décrit de la façon suivante :

Édouard Courtial est un parfait exemple de godillot. Il a voté tous les textes proposés par le gouvernement depuis 2007. Comme un certain nombre de ses collègues, il ne semble pas venir en hémicycle par intérêt pour les débats mais simplement pour assurer ses permanences de présence pour son groupe.

Travaux parlementaires depuis 2007 :

* 3 interventions en séance dont 2 questions au gouvernement et une intervention en discussion générale
* Aucune intervention en commission
* Aucun rapport d’information
* 1 proposition de loi
* A voté l’intégralité des scrutins publics conformément à l’avis du gouvernement ... / ... "

Il est aussi selon l'Express le sherpa de Brice Hortefeux: Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a inauguré les Rencontres de Beauvau pour dialoguer avec les élus locaux. En coulisses s'est activé un jeune député de l'Oise de 36 ans, Edouard Courtial.

" ... / ... Député très discret jusqu'ici, il dit aujourd'hui vouloir s'investir dans les questions d'aides sociales. ... / ... A l'UMP, Edouard Courtial a hérité en 2007 du très stratégique secrétariat national aux fédérations, qu'il occupe seul depuis l'entrée au gouvernement d'Alain Joyandet. ... / ... Le député maire d'Agnetz peut aussi compter sur l'amitié de Jean Sarkozy, qui dans une vidéo récente l'a qualifié de "grand-frère". Leur rencontre remonte à 2007, lors d'un meeting des Réformateurs de Novelli. ... / ... "

Que du beau monde ....

Malgré son jeune âge, il semble que le député Courtial ait abusé de la lecture des livres et chroniques sur les ouvriers du 19 eme siècle dans lesquels on décrivait, avec force détails, ces parasites :

" ... / ... Les dépenses d'une famille ouvrière, il y a plus de la moitié qui pour la nourriture, le reste pour le chauffage, l'éclairage et le loyer, peu pour les vêtements et loisirs. Ils n'ont pas beaucoup d'économie. Les quartiers ouvriers sont très peuplés. Dans les petites ruelles étroites et sales, il y a beaucoup d'enfants. Les murs ne sont pas en bon état. Les maisons sont très petites, ils sont obligés de se laver dans la pièce quotidienne. Ils ont juste un poêle et se lavent dans une bassine. Quelques ustensiles de cuisine, et n'ont qu'une pièce pour vivre. Ils s'éclairent soit à la bougie ou à la lampe à pétrole. Les ouvriers sont souvent touchés par l'alcoolisme , la tuberculose. Ils travaillent beaucoup, donc rendent leurs familles malheureuse, surtout leurs enfants ... / ... " Les conditions de vie des ouvriers au 19ème siècle

Ah oui, mais maintenant, en plus, ils sont au chômage !!!!

"Au secrétariat d'Etat à la Famille, on trouve l'initiative "a priori intéressante", mais on demande du temps pour vérifier qu'elle soit "pleinement compatible avec la bonne gestion de la branche famille et avec l'intérêt des familles modestes"

En clair, ça a toutes les chances d'aboutir, mais on verra ça ... après les élections régionales ...

Nicolas Sarkozy icône de la communication de la société TASER ?

Cela aurait pu être un communiqué de presse publicitaire comme en publient les entreprises tous les jours. Sauf, que cette fois-ci, c'est une une déclaration de Nicolas Sarkozy qui est reprise pour devenir ... un argument publicitaire !

"Le ministre de la justice Brésilien a déclaré que « l’acquisition des Taser était un mouvement vers la modernité et l’amélioration des performances de la police Brésilienne » mot a mot ce que le ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy avait déclaré en novembre 2006 ! " écrit la société Taser dans un communiqué publié sur le site Conférence de Presse Virtuelle le 7 janvier 2010

Depuis quand, peut-on utiliser le nom du Chef de l'Etat pour faire sa publicité ? Et bien depuis ... maintenant, puisque, à notre connaissance, aucun rappel à l'ordre du fabricant n'a été fait par l'Elysée ou un autre service de l'Etat !

Nonobstant cette "nouveauté", on est bien obligé de constater que Nicolas Sarkozy a beaucoup fait pour la rénomée de la marque : ".../... Aux commandes du ministère de l’Intérieur en 2002, Nicolas Sarkozy amorce une politique sécuritaire. Le symbole en sera le pistolet à impulsion électronique Taser X 26, déjà décrié aux USA ... / ... " Source Fluctuat

Nous avons pour preuve cette réponse du Ministre de l’intérieur et de l’aménagement du territoire à la question du Sénateur Jacques Mahéas publiée dans le JO Sénat le 09/11/2006 - page 2829

" ... / ... Il s’agit d’un dispositif complémentaire et intermédiaire d’intervention destiné à neutraliser une personne menaçante ou dangereuse pour elle-même ou pour autrui en minimisant les risques de blessures tant pour les personnes interpellées que pour les agents des forces de l’ordre ... / ... "

Il ne faut donc pas s'étonner que ces propos (bien que datant de 2006) prennent tout leur sens dans un autre communiqué de la société TASER du 5 janvier 2010 : "Un forcené armé maîtrisé sans aucun dommage avec un TASER"

"Mardi 5 janvier, à Mont de Marsan, les hommes du GIPN ont maîtrisé un quadragénaire armé qui s’était retranché dans sa maison et menaçait sa famille et ses voisins avec un fusil et des explosifs. Meurtri par le départ de son épouse et dans un état dépressif, un homme de 45 ans s’est barricadé dans sa maison. Après plusieurs heures de négociation les policiers du GIPN de Bordeaux ont pris la décision d’intervenir et d’utiliser leur TASER.

Quand la police arrive en fin de journée, la situation est devenue critique : barricadé sous l’emprise de calmants et d’alcool il menace les policiers et ses parents avec un fusil de chasse. La famille indique qu’il aurait stocké des explosifs. Malgré les immenses dobermans qui gardent la maison, les 14 policiers du GIPN et les pompiers accompagnés par le procureur, le représentant du préfet, le maire et le substitut, déclenchent l’assaut.

« On était très inquiet, la situation était très tendue. Nous ne savions pas quel type d'arme il avait en sa possession, s'il avait oui ou non réellement des explosifs. Jusqu'au dernier moment, nous ne savions pas s'il était seul dans la maison ou s'il avait pris des otages », précise le procureur de la République . « Les hommes du GIPN ont été très pédagogues » ajoute-il. Les policiers enfoncent la porte d’entrée, amadouent les chiens, et tirent au Taser sur le forcené qui est neutralisé sans blessures. Un premier inventaire montre que plusieurs poignards et une arme à feu chargée étaient à la disposition du forcené". (en gras dans le communiqué NDLR)

Ce qu'oublie de dire la société Taser dans son communiqué de presse, c'est le contexte "rocambolesque" de cette affaire racontée par le journal Sud Ouest :

"Mardi, Frédéric s'enferme chez lui et refuse d'ouvrir à ses parents et à son frère. « Je ne parle pas à ma famille de ma vie intime », explique-t-il. Mais les proches insistent, défoncent même la porte d'entrée. Alors, Frédéric, alcoolisé (alors qu'il ne boit jamais) a « une mauvaise idée. » « Enfin, une bonne idée puisqu'elle a marché, mais trop bien. »

L'idée ? « Je leur ai crié : Tirez-vous de la maison, elle est piégée ! » « Piégée avec quoi ? », demande le père. « J'ai chopé une savonnette, que j'ai fait passer pour un explosif. Je leur ai montré, j'ai dû être persuasif, ils m'ont cru. » et que : "Le quadragénaire retranché dans sa maison mardi et délogé par le GIPN a été libéré. ... / ... Jeudi soir, vers 22 heures, Frédéric a retrouvé la liberté. Placé toutefois sous contrôle judiciaire strict et mis en examen pour menace de destruction, détention d'une arme de première catégorie : Une grenade démilitarisée trouvée à Menasse, ancien terrain de tir .../ ...."

Cet "exploit" de la technologie maison permet donc à la société TASER d'écrire : "Paris le 6 janvier 2010 - Fin d’Année spectaculaire pour TASER qui passe la barre des 100 millions de $ de revenus ... / .. " et de placer son fameux : " l’acquisition des Taser était un mouvement vers la modernité et l’amélioration des performances de la police Brésilienne » mot a mot ce que le ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy avait déclaré en novembre 2006 ! "

Avec un peu d'humour, puisqu'il en faut bien, on serait tenté de dire que la société TASER suit "à la trace" les propos de l'ancien ministre de l'intérieur, qui concernaient la protection des jeunes le le 07 juillet 2006

" Le ministre de l'Intérieur a déposé un texte pour la protection des jeunes contre les jeux violents et veut lutter contre la pédophilie sur internet. .../...Le ministre d'Etat va plus loin encore avec une lutte ouverte contre la pédophilie. 30.000€ et 2 ans d'emprisonnement pour une personne majeure qui donnerait un rendez-vous via Internet à une personne mineure. Si le rendez-vous a lieu, la personne majeure serait passible de 5 ans d'emprisonnement et 75.000€ d'amende .... / ... " Source Blog de l'UMP

Car, elle vient d'apporter une réponse à cette inquiétude du ministre de l'intérieur de 2006 en présentant sa dernière création : "Mobile Protector"

Présentée au grand salon de l'électronique (CES) de Las Vegas : "Mobile Protector", une application conçue par Taser, permet de prendre de fait le contrôle du téléphone portable des enfants. "Parce que (sinon), quand vous donnez un téléphone portable à votre enfant, vous ne savez pas à qui il parle, ce qu'il envoie par texto...", explique M. Smith de la société TASER.


Avec ce programme, un tableau de bord apparaît sur l'ordinateur ou le téléphone des parents: une alarme se déclenche chaque fois qu'un numéro inconnu appelle le téléphone de l'enfant. Les textos, courriels, photos et vidéos peuvent être passés en revue pour détecter gros mots ou contenus osés: "vous pouvez voir un cliché et décider si vous laissez passer ou non".

En y ajoutant une fonction très prisée ces derniers temps : "... / ... Le programme permet également d'écouter des conversations, mais M. Smith assure qu'il ne s'agit pas d'autoriser l'espionnage: "c'est un effort de collaboration", dit-il ... / ...M. Smith assure qu'il est le seul sur le marché à proposer des dispositifs aussi complets" - Source Actu Orange

Elle est pas belle la vie des futures générations ?

TASER est une marque déposée de la société TASER
Photo et copyright
Taser
Le Point diaporama

13 janvier 2010

Confiance politique des français : "dis c'est quand qu'on va où ?"

Les français ne croient plus que la politique puisse changer leur vie !

C'est du moins ce que nous explique un sondage réalisé par la Sofres pour le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), Edelman et l’institut Pierre Mendès France.

Longtemps, les français ont cru que le droit de vote apporté par la démocratie républicaine permettrait de changer le cours de leur vie. En d'autres temps, on identifiait la droite à la défense des intérêts des maîtres de forges et celle de la gauche à la défense de leurs ouvriers.

Aujourd'hui, semble t-il, ils sont particulièrement désenchantés et ne croiraient plus dans le rôle du politique pour changer leurs vies

Dans l'esprit des gens, le clivage gauche/droite devrait être une réalité ! Or, les privatisations effectuées par la droite comme la gauche ont brouillé les esprits et surtout fait perdre à l'Etat son droit sur les choix économiques et sociaux.

Si la droite s'est convertie à l'interventionnisme, c'est uniquement à cause de la crise économique, résultant de l'application des préceptes économiques ultra libéraux, qu'elle a défendue depuis toujours. La gauche d'alternance, elle, s'est doucement convertie à l'économie de marché et à lentement dérivée vers la sociale démocratie qui ressemble par trop à une simple adaptation, voir à quelques retouches du capitalisme !

Quelle n'est pas la surprise du sympathisant socialiste, découvrant, par exemple, que Manuel Valls soutien l'initiative du gouvernement de droite concernant l'allongement de la durée de cotisation pour obtenir sa retraite !

Quelle n'a pas été son indignation de voir que les élus socialistes ne se trouvaient pas aux côtés des salariés désespérés occupant leurs usines et prêts à les faire sauter !

En fin de compte, au lieu de clivages, ils sont bien obligé de constater que la gauche qui pourrait aspirer à l'alternance ressemble de plus en plus aux "partis travaillistes" du monde anglo saxon ou aux socio démocrates nordiques.

Or, la particularité de ces partis est de se focaliser sur la régulation des faits de société ou la gestion des revendications minoritaires. Mais surtout de ne jamais être un véritable régulateur interventionniste dans les domaines social et économique !

Les français, ne se font par ailleurs aucune illusion, sur les autres partis ou formations politiques, qui justifient leur existence et leur ambition de les gouverner, en leur expliquant qu'ils représentent : "Une nouvelle façon de faire de la politique" !

Pour en revenir au sondage dont : "l'échantillon national de 1.500 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus, et inscrite sur les listes électorales, interrogées par téléphone fixe et mobile " porte le nom de : "baromètre de la confiance politique" on apprend, si l'on en croit le résumé fait par Libération que :

"Les deux tiers des Français (67%) n’ont confiance ni en la droite ni en la gauche pour gouverner le pays Seules 14% des personnes interrogées ont «confiance dans la gauche pour gouverner le pays» et 16% «ont confiance dans la droite». 3% sont sans opinion. Selon le directeur du Cevipof, Pascal Perrineau, la gauche ne profite pas de son statut d’opposition, la confiance étant même plus forte à droite qu’à gauche.

Par ailleurs, plus des trois quarts des Français (78%) considèrent que «les responsables politiques, en général, se préoccupent peu ou pas du tout de ce que pensent les gens», contre 22% qui pensent au contraire que les responsables politiques s’en préoccupent «beaucoup ou assez».

Le baromètre souligne un succès de la décentralisation puisque le niveau local échappe à la défiance générale: 69% des personnes interrogées font confiance au conseil municipal, 65% au conseil général et 65% au conseil régional. En revanche ils sont 55% à ne pas avoir confiance en l’Union européenne, 64% dans l’Assemblée nationale, 65% dans l’institution présidentielle, et 68% dans le gouvernement.
De la même manière, 69% font confiance à leur maire, 62% à leur conseiller général, 59% à leur conseiller régional, et 58% à leur député. 51% ne font pas confiance à leurs députés européens, 58% au Premier ministre actuel, et 64% au président de la République"

Oui, mais avant d'en arriver là, il est important de lire les 87 pages de l'étude ! Car, à la lecture des questions, on s'aperçoit que les français ne réservent pas leur manque de confiance aux seuls politiques.

En effet : les autres, les entreprises, le marché, la mondialisation sont tout autant mis en cause. En clair, un évident manque de direction pour l'avenir, un peu comme le chantait Renaud : "dis papa c'est quand qu'on va où"



Extraits du sondage

LA CONFIANCE INTERPERSONNELLE - La confiance à l'égard des gens

On peut faire confiance à la plupart des gens .......... 21
On n'est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres ...78
Sans opinion ..............................................................1

LA CONFIANCE A L'EGARD DES INSTITUTIONS

La confiance à l'égard des institutions : Totale confiance
Le conseil municipal % .................................................69
Le conseil général % .....................................................65
Le conseil régional % .....................................................64
L'Union européenne % ..................................................44
L'Assemblée Nationale % ..............................................35
L'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) % ....35
L'institution présidentielle % ........................................34
Le Gouvernement % ......................................................31
Les conférences internationales, comme le G20 % ....30

La confiance à l'égard de différentes organisations ou institutions

Le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) % .90
Les hôpitaux % .............86
L'école % ........................83
L'armée % .....................75
Les associations % .......71
La police % ................... 71
L'administration % ..... 63
Les grandes entreprises publiques % ....... 60
La justice % .................................................. 60
Les Eglises % ............................................... 50
Les syndicats % ........................................... 47
Les grandes entreprises privées % .......... 43
Les banques % ............................................ 37
Les medias % .............................................. 27
Les partis politiques % .............................. 23

4 - LES MOYENS D’EXPRESSION PUBLIQUE
Total : Vous l'avez déjà fait - Vous pourriez en venir à le faire
Signer une pétition ..........................................92
Prendre part à une manifestation ................76
Participer à un boycott ...................................61
Adhérer à un syndicat ...................................58
Participer à une grève sauvage .....................40
Occuper des bureaux ou des usines ..............37
Ecrire quelque chose sur un blog ou participer
à une discussion politique sur internet ..........37

Etes-vous membre d'une ou plusieurs associations ?
Aucune ..............................................................66

L'honnêteté à l'égard de différents acteurs économiques - Total pas confiance

Les compagnies financières comme les banques ou les assurances ...........................59
Les plombiers, les artisans du bâtiment, les garagistes ou d'autres réparateurs ....28

A propos de la manière dont l'économie fonctionne aujourd'hui - Total d'accord

Les entreprises cherchent seulement à faire des profits, plutôt qu'à améliorer la qualité de leurs produits ou de leur service pour les consommateurs ....75
Les grandes entreprises s'entendent entre elles pour maintenir leurs prix à un niveau anormalement élevé ...................................................75

L'opinion à l'égard du système capitaliste - Personnellement, souhaitez-vous que le système capitaliste soit

réformé en profondeur .................................... 40
réformé sur quelques points ............................51
ne soit pas réformé .............................................6
Sans opinion .........................................................3

LA CORRUPTION
La perception de la corruption en France
Il y a plus de corruption qu'avant ....................26
Il y en a autant, mais on en parle davantage ..61
Il y en a plutôt moins ..........................................11
Sans opinion ...........................................................2

OUVERTURE / FERMETURE AU MONDE D'AUJOURD'HUI
L'ouverture de la France au monde d'aujourd'hui
… s'ouvrir davantage au monde d'aujourd'hui ............... 42
… ou se protéger davantage du monde d'aujourd'hui .....32
… ni l'un, ni l'autre ................................................................26

En clair : Les français se sentent abandonnés mais n'envisagent pas de s'engager personnellement !

Les français aspirent à trouver un chef, un leader ou un guide alors qu'ils devraient être les maîtres de leur destin. C'est très probablement le résultat de l'individualisme forcené qui gagne un peu plus chaque jour nos sociétés modernes. De plus en plus de français "consomment" la chose politique et sociale comme un service.

Comment peut-on, en effet affirmer être majoritairement capable d'adhérer à un syndicat, tout en étant méfiant à leur égard ?

Comment peut-on plébisciter les associations, lorsqu'on se limite à des dons sans jamais envisager d'en être membre ?

Comment reprocher aux entreprises leur politique de prix et de profits tout en étant 57% à penser que le capitalisme ne doit être que peu ou pas réformé et que les associations de consommateurs peinent à recruter ?

Alors, responsables de tout : les partis, les élus, les syndicats, les entreprises, les médias ? Probablement d'une bonne partie, mais, l'indifférence et le consumérisme politico social d'une majorité de citoyens ne risquent pas de faire bouger ou changer les choses ....

12 janvier 2010

Bilan économique 2009 : la réalité des créations et défaillances d'entreprises par les chiffres !

Hervé Novelli aura beau s'auto congratuler à longueur de médias sur son bilan, rien n'empêchera les chiffres de contredire ses déclarations et de montrer que celui-ci est un désastre.

Il suffit de se pencher sur les résultats chiffrés de la baisse de la TVA dans la restauration et ou des créations d'entreprises (auto entrepreneurs) comparées aux défaillances pour s'en rendre compte.

La baisse de la TVA, présentée comme SA mesure emblématique est un naufrage pour les finances de l'état

" ... / ... Les prix dans les cafés et restaurants ont légèrement augmenté en novembre, pour le deuxième mois consécutif, selon l'Insee. Dans les seuls restaurants, les prix ont progressé de 0,1% sur un mois ... / ... Dans les cafés, les prix progressent également de 0,1% par rapport à octobre. Depuis le 1er juillet, la baisse est de seulement 0,95%. Soit une baisse globale depuis cinq mois de 1,4%, contre 3% attendus.

Une enquête des services de Bercy, effectuée entre le 30 novembre et le 4 décembre, montre que seuls 55% des restaurateurs ont diminué leurs prix conformément aux engagements. ... / ... Compte tenu des changements de carte, il n'est plus possible de vérifier de nouvelles baisses de prix. De guerre lasse, Hervé Novelli a demandé aux restaurateurs de modérer les hausses en 2010 pour "qu'elles ne dépassent pas l'inflation" - Source Trend.be

Présentée comme LA solution : le statut d'auto entrepreneur est devenu un écran de fumée permettant au gouvernement de masquer la réalité des défaillances des entreprises classiques

"Nous aurons autour de 570.000 créations d'entreprises cette année. On n'est plus dans la rupture, on est dans une autre dimension", s'est félicité le secrétaire d'Etat chargé des PME. "A la fin de l'année on sera à plus de 300.000 auto-entrepreneurs là où on en avait déjà prévu 200.000, ce qui était déjà ambitieux", a-t-il ajouté lors d'une rencontre avec des journalistes ... / ... " - Source Le Point

Avant toute fois de reconnaître de façon moins démonstrative que : " ... / ... le succès du statut d'auto-entrepreneur est très relatif, puisque sur les 291 921 auto-entrepreneurs enregistrés, près de 60% seraient inactifs. Ce qui ne laisse plus que 116 769 auto-entreprises réellement actives. Si l'on ne tenait compte que de ces dernières, l'augmentation du nombre d'entreprises ne serait donc plus de 73% sur un an (11 mois cumulés), mais de 35%"

Car comme l'écrit le JDN : " le succès de ce statut, principalement destiné aux personnes désirant s'octroyer un complément de revenu, cache une réalité moins riante. En effet, selon nos calculs, la création d'entreprise, hors auto-entrepreneurs, a baissé de 23% sur les 11 premiers mois de l'année par rapport aux 11 premiers mois de l'année 2008, passant de 305 025 à 236 144 unités.

A quoi ressemblent les auto-entrepreneurs ?

D'après une étude d'OpinionWay publiée en décembre, il s'agit à 60% d'hommes. Ils ont 44 ans en moyenne. 39% d'entre eux exercent uniquement leur activité d'auto-entrepreneur. ... / ... Mais moins d'un tiers parvient à tirer de leur auto-entreprise la majorité de leurs revenus. Des revenus estimés en moyenne à 775 euros net par mois, l'équivalent du seuil de pauvreté en France
. - Source Le JDN

Et surtout, ne l'oublions pas, si le terme auto entrepreneur rime avec créateur ... d'entreprise, il ne rime pas avec créateur ... d'emplois. Ni d'ailleurs avec ... ressources pour les caisses de l'Etat !

En effet, pour une initiative d'activité en auto entreprenariat (salarié unique), combien de cessation d'activité d'entreprises employant plusieurs salariés ?

C'est le même JDN, qui nous apporte la réponse avec l'aide du Bureau van Dijk, dans une étude portant le nom de : "Défaillances d'entreprises : les régions les plus touchées"

"56 593 entreprises françaises ont connu en 2009 un redressement et/ou une liquidation judiciaire, un chiffre en hausse de 15,3% par rapport aux constatations de l'Insee en 2008. Cette année-là, les défaillances d'entreprises avaient déjà augmenté de 13,1% par rapport à 2007 "

Nous vous donnons ci-dessous la liste complète des défaillance par régions et son implication sur l'emploi pour les 5 régions les plus touchées (détail complet dans l'étude du JDN/van Dijk )

Les défaillances d'entreprises en 2009

Rang - Région : Nombre de défaillances

1 - Ile-de-France : 10 173

L'Ile-de-France est de loin la région la plus touchée par les défaillances d'entreprises en 2009, avec 10 173 entreprises mises en redressement et/ou en liquidation judiciaire.

En tout, au moins 40 120 salariés sont concernés par ces procédures, selon le cumul des derniers effectifs communiqués par les entreprises, hors artisanat, professions libérales et entreprises unipersonnelles.

Les secteurs les plus touchés
Commerce : 1 105 défaillances
Construction : 1 044 défaillances
Sciences : 521 défaillances

Les principales défaillances (CA)
Nortel Networks : 369,2 millions €
EDA : 252,3 millions €
Selective Beauty : 170,5 millions €

2 - Rhône-Alpes : 6 562

La deuxième région la plus riche de France est également la deuxième la plus frappée par les défaillances d'entreprises en 2009 : 6 562 en tout, dont, hors artisanat, professions libérales et entreprises unipersonnelles, 1 700 dans les seuls secteurs du commerce, de la construction et de l'industrie.

En tout, au moins 17 670 salariés sont concernés.

Les secteurs les plus touchés

Commerce : 647 défaillances
Construction : 625 défaillances
Industrie : 434

Les principales défaillances (CA)
Guigard et Associés : 48,6 millions €
Sobral : 35,5 millions €
Setforge Extrusion : 33,3 millions €

3 - PACA : 6 094

Avec 6 094 mises en redressement et/ou liquidations judiciaires, la Provence-Alpes-Côtes d'Azur complète le podium des régions les plus touchées par les défaillances.

En tout, au moins 12 470 salariés sont concernés, selon le cumul des derniers effectifs communiqués par les entreprises, hors artisanat et professions libérales.

Les secteurs les plus touchés

Construction : 629 défaillances
Commerce : 625 défaillances
Restauration : 209 défaillances

Les principales défaillances (CA)

Budelpack Labiomar Sasu : 33,3 millions €
LV Fruit : 31,7 millions €
Union Naval Marseille : 25,3 millions €

4 - Aquitaine : 3 121

L'Aquitaine a vu son secteur du commerce souffrir en 2009, avec 310 défaillances d'entreprises sur un total de 1 178 hors artisanat, professions libérales et entreprises unipersonnelles. Mais ce sont les chantiers navals Couach, rachetés par l'industriel Fabrice Vial, qui ont retenu l'attention.

En tout, au moins 6 775 salariés ont été concernés par une défaillance.

Les secteurs les plus touchés

Commerce : 310 défaillances
Construction : 272 défaillances
Industrie : 133 défaillances

Les principales défaillances (CA)

Capdevielle : 81,6 millions €
Couach : 54 millions €
SA Jean Marie Lonne : 18,8 millions €

5 - Languedoc : 3 114

Le Languedoc-Roussillon est la cinquième région à avoir connu le plus de mises en redressement et/ou liquidation judiciaire en 2009 de ses entreprises.

En tout, au moins 5 240 salariés sont concernés, selon le cumul des derniers effectifs communiqués par les sociétés, hors artisanat, professions libérales et entreprises unipersonnelles.

Les secteurs les plus touchés

Construction : 316 défaillances
Commerce : 251 défaillances
Restauration : 120 défaillances

Les principales défaillances (CA)

Antix SA : 19,8 millions €
Interbleu : 14,2 millions €
Pavage Méditerranéen : 13,4 millions €

Suite du classement :

6 Nord-Pas de Calais 3 001
7 Pays de la Loire 2 652
8 Bretagne 2 568
9 Midi-Pyrénées 2 408
10 Lorraine 1 987
11 Centre 1 964
12 Alsace 1 770
13 Poitou-Charentes 1 558
14 Picardie 1 271
15 Bourgogne 1 249
16 Haute-Normandie 1 220
17 Basse-Normandie 1 098
18 Franche-Comté 1 035
19 Champagne-Ardenne 944
20 Auvergne 839
21 Limousin 653
22 Corse 310

A comparer avec : "le record" de 327 000 créations d'entreprise établi en 2008 qui selon les propos du ministre sera largement battu en 2009.

" A l'appui de ce bilan" écrit Le JDN et pour stimuler davantage l'entrepreneuriat : " le gouvernement ne compte pas se croiser les bras. Il fourmille d'idées. Depuis le 1er janvier il a mis en place un guichet unique pour tous les créateurs d'entreprises. Et courant 2010, il devrait sortir de ses cartons une autorisation assortie d'un contrôle parental pour que des mineurs de plus de 16 ans créent leur entreprise ainsi qu'une liste élargie des activités que des fonctionnaires pourront exercer dans le cadre de l'auto-entreprenariat"

Alors, comme l'écrivaient les Echos : " Bientôt tous autopatrons ? "

" ... / ... Ce nouveau régime, qui est, de l'avis même du ministre du Travail, Xavier Darcos, « l'une des plus grandes réformes » de Nicolas Sarkozy, n'est pas sans risque. Les artisans ont dû taper du poing sur la table pour que leurs critiques concernant la concurrence introduite par le régime et qu'ils jugent déloyale soient entendues. Ici et là arrivent aussi des témoignages recensant des tentatives de faire travailler un stagiaire, un retraité ou un employé sous statut d'autoentrepreneur.

Sur le fond, le libéral Hervé Novelli considère qu'il est plus important d'être occupé que d'avoir un contrat de travail. Sous-entendu, il ne serait pas contre le fait que le régime évolue encore pour couvrir, à moyen terme, des travailleurs saisonniers ou des étudiants ... /..."

Chose étonnante, ces derniers mois, trois de nos amis, ainsi que le rédacteur de cet article, demandeurs d'emplois, se sont vu proposer par des entreprises, non plus un poste mais une mission avec statut d'auto entrepreneur !

Un hasard certainement, puisque comme le dit le Premier Ministre : "il est essentiel que la procédure ne soit pas dévoyée, il ne faut pas que le statut d'autoentrepreneur devienne une forme de salariat déguisé"


Crédit photo
Usine Le gré Mante par Des Nouvelles du Front
Usine New Fabris par Le blog de Jean-Pierre Abelin

11 janvier 2010

Avenir des retraites : Petites manipulations sondagières en cours !

Nous l'avons écrit récemment sur Slovar les Nouvelles : "le Conseil d'orientation des retraites, dont le précédent rapport majeur remontait à 2007, devait présenter en janvier 2010 ses projections sur l'avenir de notre système de retraite, mais ne le ferait pas, car : " En pleine campagne électorale pour les régionales, il serait délicat pour le gouvernement de sortir des projections très alarmantes, nécessitant des décisions impopulaires"

Il est clair que notre "réformateur" de Président que : "rien ne fait reculer" a eu peur que le contenu du rapport ne soit défavorable à sa majorité. Une fois de plus, les français sont obligés de constater que les politiciens, sont moins fiers à bras, lorsqu'il s'agit de leur avenir personnel et de leur maintien au pouvoir !

Mais, quel que soit le résultat de ces élections, nous pouvons être certains que les mauvaises nouvelles, non sanctionnables par les électeurs, vont leur tomber dessus.

Car, comme l'expliquait Laurence Parisot en 2008 : "D'après les derniers calculs que nous avons pu obtenir du Conseil d'orientation des retraites (COR), on commencerait à rééquilibrer les retraites si on ajoutait aux 41 années de cotisations [...] un âge légal de départ à la retraite de 62 ans ... / ... " alors, imaginez le contenu du rapport de 2010 !

Alors, quoi de mieux que quelques sondages pour préparer les esprits et montrer aux français, qu'en fin de compte, il sont très raisonnables et accepteraient sans la moindre contrainte de voir diminuer leurs droits .... jusqu'à un certain point, du moins !

Car, comme l'explique le JDD qui est le premier à ouvrir le feu : " ... / ... Le dossier est, chacun le répète, explosif. Certains proches du chef de l’Etat mesurent le risque de faire descendre des millions de Français dans la rue et d’entraver le chemin vers une réélection dans deux ans. A l’Elysée, on souligne que le Président "a l’objectif d’être très ambitieux et de réussir ... / ... "

"Selon un sondage exclusif Ifop pour le Journal du Dimanche, 40% des personnes interrogées estiment que le système de retraites a fait l'objet de réformes qui allaient dans le mauvais sens ces dernières années. 76% des Français sont par ailleurs peu ou pas confiants quant au niveau de leur future retraite " .. / ... les personnes interrogées accepteraient de travailler, en moyenne, jusqu’à 62 ans ou presque. Et 41 % des sondés seraient disposés à cotiser davantage pour toucher une pension satisfaisante. Nicolas Sarkozy lira ces résultats avec intérêt. Le président de la République a annoncé que les retraites seront le grand rendez- vous social de 2010. "Il faudra que tout soit mis sur la table, l’âge de la retraite, la durée de cotisation, la pénibilité", avait-il dit devant le Congrès l’an dernier... / ... " - Source JDD

Ce sondage, intéressant, puisqu'il est le premier pour l'année 2010 ne doit pas à notre sens être considéré comme un "mètre étalon", dans la mesure ou il a été réalisé avec un : "Echantillon de 1019 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, dont 522 actifs" Ce qui nous semble un peu juste pour tirer des conclusions.

Ce qui n'a pas posé de problème au Figaro, qui comme le JDD affirme que : "Les Français prêts à un recul de l’âge de la retraite"

Et d'affirmer : "Selon un sondage paru dimanche dans le Journal du Dimanche, les Français, toujours plus inquiets quant au montant de leur future retraite, seraient prêts à des sacrifices"

... / ... Un sondage instructif, à quelques mois d’une nouvelle mise en chantier du système. Le chef de l’Etat a en effet choisi l’année dernière d’avancer le calendrier de la réforme des retraites de 2012 à 2010. Si la CGT estime le système actuel “viable”, le secrétaire général de la CFDT François Chérèque se prononce en revanche pour l’instauration d’un système à points, plus personnalisé que le système actuel, comme l’a déjà fait la Suède. ... / ... S’il envisage un recul de l’âge légal de la retraite aujourd’hui fixé à 60 ans, une hausse des cotisations ne semble pour l’instant pas à l’ordre du jour"

Que disent exactement les 1019 personnes dont 522 actifs interrogés par le JDD ?

Nous vous proposons d'en juger au travers de quelques tableaux extraits du sondage

L'estimation de l'âge légal pour son propre départ à la retraite

Question : " D'après vous, à quel âge serez-vous contraint de partir à la retraite ? "

Base : actifs, soit 54% de l’échantillon. Ensemble (%)
• Moins de 60 ans ............................. 8
• De 60 à 64 ans ............................... 30
• De 65 à 69 ans ............................... 38
• 70 ans et plus ................................. 24
TOTAL ............................................... 100

Moyenne .......................................... 64.7 ans

La façon dont la question est posée est importante. Car, en effet, elle fait référence à la notion de "contrainte". Ce qui naturellement donne ces réponses fatalistes !

Question : "Et jusqu'à quel âge seriez-vous prêt à travailler pour avoir une bonne retraite ?"

Base : actifs, soit 54% de l’échantillon. Ensemble (%)
• Moins de 60 ans .................................................. 13
• De 60 à 64 ans ..................................................... 44
• De 65 à 69 ans ..................................................... 33
• 70 ans et plus ...................................................... 10
TOTAL ..................................................................... 100
Moyenne ................................................. 61.9 ans


Question : " Et si vous aviez le choix, concernant votre retraite, préféreriez vous... ? "

Base : actifs, soit 54% de l’échantillon. Ensemble (%)

• Cotiser davantage pour partir à la retraite le plus tôt possible .......... 41
• Travailler le plus longtemps possible pour vous garantir une
retraite satisfaisante ........................................................................... 34
• Partir le plus tôt possible quitte à avoir une retraite moindre ........... 23
• Rien de tout cela ............................................................................... 2
- Ne se prononcent pas ............................. -
TOTAL .......................................................... 100

Ce qui ne signifie nullement, contrairement à ce qu'affirment le JDD et Le Figaro que : "les personnes interrogées accepteraient de travailler, en moyenne, jusqu’à 62 ans ou presque" tout au plus, elles ne se font aucune illusion sur le sujet !

Même si nous persistons sur le fait que l'échantillon est trop faible pour tirer des conclusions. Il semblerait bien que l'allongement de la durée de cotisation ne fasse pas l'unanimité et pourtant, c'est la piste privilégiée par le gouvernement qui se refuse à une augmentation des cotisations et le MEDEF qui continue de proposer de repousser l'âge légal à ... 62 ans !

Grand absent de cette étude : Le taux d'emploi des plus de 50 ans qui continue à être désespérément bas.

Car, comme l'indique la Documentation française : " Avec un taux d'emploi de 37,8% pour les 55-64 ans en 2005, la France se situe très en dessous de la moyenne européenne - 42,5% - et loin des 50 % en 2010 fixés au niveau communautaire. ... / ... "

Or, ce sont eux qui sont le plus exposés. Et, dans la mesure où les mesures gouvernementales se limitent à une taxe, qui sera habilement détournée, grâce au catalogue de "bonnes pratiques " produit par Nicole Notat ex secrétaire général de la CFDT (lire Slovar : Plan emploi seniors : Laurent Wauquiez se complaît dans les mesures cosmétiques ! ) ils risquent d'être les premières victimes d'un allongement de la durée de cotisation.

Aussi, il est très étonnant que ce soit un socialiste qui enfonce le clou de l'allongement de la durée de cotisation :

"Manuel Valls s'est prononcé lundi matin en faveur de l'allongement de la période de cotisation dans le cadre de la réforme des retraites, au lendemain de la publication par Le Journal du Dimanche d'un sondage allant dans le même sens. "Il faut dire la vérité aux Français", a déclaré le député socialiste, interrogé par Europe 1, prônant "un large consensus sur la réforme des retraites" mais "à condition que la réforme soit juste". Manuel Valls plaide notamment pour la prise en compte de la pénibilité du travail" - Source JDD

Toute la question est de savoir à quel titre il s'exprime ?

Et, surtout, amène à se poser une autre question : Sa proposition de changer les méthodes et le nom du Parti Socialiste incluait t-elle le ralliement pur et simple aux thèses en cours à l'Elysée et dans la majorité parlementaire ?

Car, il aurait peut être pu évoquer un autre grand absent de l'étude IFPO/JDD : Le "fond de réserve des retraites" créé en 1999 par le gouvernement de Lionel Jospin afin d'assurer la pérennité des régimes de retraite de base du privé, et qui avait pour objectif initial de cumuler 150 milliards d'euros d'ici 2020.

Celui-ci ne disposait que de 34,5 milliards d'euros d'actifs au 31 décembre 2007 et cette situation financière s’est même aggravée après une perte de 3,1 milliards d’euros sur les marchés financiers par l’intermédiaire de la caisse des dépôts et consignations (CDC), chargée de sa gestion.


... / ...les partenaires sociaux craignent un démantèlement de ce fonds car Nicolas Sarkozy n’a pas de sympathie particulière pour cet outil destiné à lisser, à partir de 2020, les besoins de financement du régime de retraite des salariés du privé.
Au vu des dotations annuelles moyennes (4 milliards d'€), le cap initial fixé de 150 milliards semble inaccessible et ce fonds ne couvrirait que 22 % des besoins de financement des régimes de retraite ... / ... " Source Réformer aujourd'hui

Alors, quoi de mieux que quelques sondages pour préparer les esprits et montrer aux français, qu'en fin de compte, il sont très raisonnables et accepteraient sans la moindre contrainte de voir diminuer leurs droits .... tout en évitant de leur parler des éventuelles pistes alternatives !

Crédit photo
La Tribune
Crédit dessin
Faujour