26 octobre 2006

Comme un crocodile en visite dans une maroquinerie

Vous connaissez la phrase de COLUCHE : « Pour moi, un chômeur qui vote c’est comme un crocodile en visite dans une maroquinerie »

Elle pourrait peut être bientôt prendre du sens chez certains salariés. Vous avez, à moins d’habiter sur la planète Mars, pu constater avec quel acharnement les politiques de droite comme de gauche s’ingénient à nous expliquer pour qui il faudra voter en 2007.

Entre les jurys populaires de Ségolène, les dotations de DSK, l’autre façon de faire de la politique de François BAYROU et les français qui comptent de Nicolas SARKOZY, c’est une inflation de démocratie populaire qui parfois pourrait nous laisser penser que les français vont découvrir l’auto gestion l’année prochaine.

Deux nouveaux débats sont lancés ou en cours de l’être : L’adhésion obligatoire à un syndicat et l’obligation de voter.

Il semblerait donc que nos élites nous aiment au point de nous reconnecter à la politique au travers d’actions ou d’obligations citoyennes.

Mais me direz vous la politique c’est aussi le débat sur la quotidien des français et leurs droits sociaux ? Oui et c’est exactement ce qui s’est passé il y a quelques jours :

« L’annulation par le Conseil d’Etat, le 20 octobre, de l’accord de 2004 qui fixait à 39 heures et six semaines de congés le temps de travail dans leur secteur a consterné les hôteliers, cafetiers et restaurateurs. Voilà qui relance le débat sur le temps de travail.

A l’approche de l’élection présidentielle, les trois socialistes aspirant à l’investiture de leur parti se sont saisis du sujet. Le ministre de l’Economie, Thierry Breton, lui, a reproché au Medef son silence. Piquée au vif, sa présidente Laurence Parisot a cité la restauration comme l’exemple même du « fatras juridique » dans lequel les entreprises sont plongées…
»

Voilà un très bon débat me direz vous !!!

On va enfin voir si les élus de la nation vont confronter leurs points de vue et se battre pied à pied sur un sujet en prise directe avec la situation de 830 000 salariés dont le salaire brut moyen mensuel est de 1 689 euros.

Que pensez vous qu’il en advint ?

"L’assemblée nationale a adopté hier soir dans le cadre du projet de budget 2007 de la sécurité sociale l’amendement UMP validant l’accord de 2004 sur les 39 H00 dans l’hôtellerie et la restauration.

Cet amendement légèrement modifié par les députés a reçu l’aval du gouvernement. Il a été adopté par
47 voix contre 10" (Source Le Parisien)

Il ne s’est donc trouvé que 57 députés pour donner leur avis sur le sujet ?

Evidemment, il n’est pas facile de concilier une campagne électorale et des petits soucis domestiques !!

C’est avec des taux de participation aussi intense à l'assemblée nationale qu’il n’est pas exclut qu’on puisse dire à terme « des salariés qui votent cela fait penser à des crocodiles en visite dans une maroquinerie …. »


23 octobre 2006

Banlieues : Vivement que ça pète ?

Cela fait plusieurs semaines que la presse dans son ensemble nous abreuve de messages alarmistes concernant « l’anniversaire » de l’émeute des banlieues. C’en est à se demander si faute de sujets racoleurs les rédactions ne souhaitent pas quelques spectaculaires incendies de poubelles ou de voitures ?

Quelle est la source de cette information ?

A en croire les media, cette information serait diffusée par les renseignements généraux. Bien connu pour son travail d’infiltration et d’information, les RG informeraient cette fois-ci directement la presse ou les informations proviendraient-elles de leur ministère de tutelle ?

En ce qui me concerne, j’étais à Clichy sous Bois vendredi, Aulnay sous bois samedi et Bondy dimanche sans avoir perçu de tensions particulières ....ni vu les cars régie des TV et radios.

Cette tension présentée par la presse amène de légitimes questions

La presse « informée » par le ministère de l’intérieur n’est-elle pas en train de donner des idées ou de « chauffer à blanc » quelques individus à qui on donne beaucoup d’importance ?

La célébrité que peuvent trouver certains dans des actions de guérilla urbaine n’est-elle pas offerte sur un plateau par les media sous forme de « Nous serons présents sur place pour relayer par l’ image et le son vos actions »

Se souvient-on seulement que ces émeutes ont eu pour départ la mort d’un gamin dans un transformateur électrique ? Se souvient-on seulement de son nom ?

La classe politique nationale a beau d’expliquer, à droite que l’on a donné de l’argent et à gauche que l’on a pas donné assez, un an après, le problème de société lié au manque d’égalité des chances ou aux discriminations n’a pas avancé d’un pouce.

Elus locaux et nationaux continuent à se renvoyer la balle sans pour cela décréter une union sacrée sur le sujet. La très grande majorité des promesses gouvernementales ne seront applicables qu’à partir de 2007 et ceux qui les ont promulguées ne seront pas là pour les appliquer et (ce n’est un secret pour personne) sont en opposition avec le leader du parti majoritaire.

Le discours sécuritaire associé à la fausse idée qui consisterait à remettre des blouses aux élèves et à jouer du gyrophare sur leurs lieux d’habitat sont des leurres dangereux. Alors qu’on demande à tous les français d’oublier ce qu’il sont été pour entrer de plein pied dans le monde moderne inspiré par la mondialisation économique, on voudrait faire croire qu’il suffit de « serrer la vis » à la jeune génération pour les faire rentrer dans le rang.

Cette jeune génération a reçu la consommation et la publicité comme seule idéologie et considère bien souvent que l’égalité des chances commence par la possession de produits « incontournables ». Alors, lorsqu’il est clair que le chômage ou les petits boulots voir un boulot à plein temps ne vous donneront jamais accès à ces produits valorisants que certains dérapent et se « servent ».

« Travailler plus pour gagner plus » comme dit le président de l’UMP ? Certes mais où ? beaucoup d’habitants des banlieues et certaines de leurs cités aimeraient déjà trouver un CDI de 35 heures !!!!

Education, prévention, répression me direz vous ?

Certes, mais pensez vous qu’il suffit de prononcer les mots ? En ne déclarant pas cause prioritaire la dérive qui touche une partie des français ne mettons nous pas en cause le fonctionnement et l’avenir de notre société ?

Voilà une analyse que l’on aurait pu entendre et lire dans la presse. Il semble toutefois que le spectaculaire et le « frisson » soient la priorité des grands media.

Il y a peu, j’écrivais un article qui portait le titre suivant : « Ma banlieue ne doit pas craquer » je le souhaite encore plus fort aujourd’hui.