08 février 2013

Sécurisation de l'emploi : Il s'agissait bien d'un accord de dupes !

Ceux qui croyaient naïvement que l'accord sur la sécurisation de l'emploi signé notamment par la CFDT était du type « gagnant gagnant » vont tomber de haut. En effet, Laurence Parisot va s'opposer à ce que le texte qui doit être présenté aux parlementaires soit réécrit en droit. En clair, la CGT et FO avaient raison lorsqu'ils affirmaient qu'en fait de sécurité, c'était la seule flexibilité qui attendait les salariés.


Le 21 janvier dernier Maurad Rabhi, membre de la direction confédérale de la CGT,en charge des questions d’emploi et du chômage accordait une interview exclusive à Slovar les Nouvelles, où il déclarait : « Les patrons sont les grands gagnants de cette négociation. Les salariés dans leur grande majorité n'ont pas encore pris la mesure rélle de la portée de l’accord du 11 janvier 2013 (...) » Et ajoutait : « (...) Ainsi, on a parlé de formation, de complémentaire santé, de temps partiel, de droits rechargeables pour les chômeurs. Dont les modalités et le délai de mise en oeuvre sont particulièrement flous (...) »

Ce qui contredisait les propos des organisations signatrices de l'accord qui nous expliquaient qu'enfin la flexisécurité à la française était en marche et que, cet accord était « gagnant gagnant » pour les entreprises et les salariés. Or, hier soir, on apprenait que : « Laurence Parisot n'est pas satisfaite de la réécriture de plusieurs dispositions de l'accord, qui modifie l'équilibre général du texte »

C'est à dire ?

Laurence Parisot, qui essaye de faire modifier les statuts du Medef, pour refaire un autre mandat, est en campagne, et veut montrer à ses adhérents, qu'elle est capable de défier le gouvernement et la représentation parlementaire. 

Pour ce faire, elle refuse que le texte issu de l'accord que le gouvernement doit réécrire en droit, pour le soumettre aux parlementaires, intègre la mise en place immédiate de la généralisation des complémentaires santé, ainsi que celle des droits rechargeables (permettant aux chômeurs de conserver leur reliquat de droits à l'indemnisation en cas de retour à l'emploi). 

Comment le justifie t-elle ?

: « (...) Selon le camp patronal, le ministère du Travail a réintroduit la «clause de désignation» dans l'article 1, qui vise à généraliser les complémentaires santé. Exit dans ce cas la liberté de choix laissée aux entreprises, qui n'auraient donc d'autre liberté que de retenir le prestataire jusqu'ici simplement recommandé par la branche. « C'est un casus belli pour nous », martèle-t-on ce jeudi soir au Medef. 

Donc pas d'égalité de traitement des salariés par branches mais un traitement plus ou moins favorable en fonction de l'humeur des patrons de chaque entreprise ! 
 
Autre disposition litigieuse: la mise en place de droits rechargeables pour les chômeurs est à ce stade «obligatoire», alors qu'elle est conditionnée dans l'accord à la réalisation d'études d'impact préalables. «Cela contrevient à ce que nous avons signé», s'insurge-t-on au Medef (...) » nous dit Le Figaro

Mais, direz-vous, on n'est plus vraiment dans le « gagnant gagnant ». C'est exactement ce que nous expliquait Maurad Rhabi lorsqu'il déclarait : Les patrons sont les grands gagnants de cette négociation.

« Cela contrevient à ce que nous avons signé ».  Ce qui laisserait entendre que la CFDT, la CGC et la CFTC, les trois syndicats signataires étaient non seulement au courant mais ont validé ces dispositions. 

En résumé, la fléxibilité est immédiatement applicable mais la sécurité est remise aux calendes grecques ! Car, ne l'oublions pas, le Medef n'a pas caché il y a quelques jours son intention de mettre en place une réforme en profondeur de l'assurance chômage. Et même si la CFDT affirme qu'il n'est pas question de baisser les indemnités de chômage, on est en droit de penser que la sécurisation des salariés est bien mal partie ! Alors, les droits rechargeables ...

Pour donner la dernière touche à ce tableau, il faut noter que l'une des mesures tant vantée par Laurent Berger le secrétaire général de la CFDT : la représentation des élus dans les conseils d'administration des grandes entreprises, est ... également rejetée par le Medef.

Qu'en dit la CFDT ?

Est-elle en colère ? Hé bien non, puisqu'elle déclare un peu gênée : « Nous avions convenu avec le Medef que ces points seraient précisés au Parlement », avoue-t-on à la CFDT. Justement pour donner du grain à moudre aux députés et ne pas leur donner l'impression de n'être qu'une chambre enregistreuse »

Prendre les parlementaires pour des enfants en bas âge et se moquer ouvertement des salariés, il n'a pas à dire, c'est vraiment un accord « gagnant gagnant » qui ressemble furieusement à ... un marché de dupes !

Sources

Crédit et copyright photo

05 février 2013

« Les français pour la retraite à 65 ans » : Une étude providentielle pour la bancassurance !

Une étude réalisée par le Cercle des épargnants affirme que les français seraient d'accord pour reporter l'âge légal de la retraite à 65 ans. Sauf que le Cercle des épargnants est un promoteur de l'épargne retraite par capitalisation et ami ... des bancassureurs.



Nombreux sont les média qui ont repris ou vont reprendre l'étude du Cercle des épargnants : « 11ème enquête du Cercle sur l’épargne et la retraite » publiée aujourd'hui sur son site web et disponible en intégralité sur leur blog. Et pourtant ! 

Que dit-elle ?

Extraits : « En 2013, plus des deux tiers des Français se déclarent inquiets en matière de retraite (67 %), soit le plus haut niveau enregistré depuis 2006. La proportion des « très inquiets » progresse de 8 points en un an (...) De ce fait, il n’est pas illogique que les sondés placent parmi les priorités le financement de la retraite (56 %) devant l’assurance-maladie (43 %) et l’aide au logement (26 %) (...)  Si le report à 65 ans n’est pas réellement souhaité, il s’impose, en revanche, dans les esprits. 60 % des Français considèrent ce report  comme nécessaire contre 37 % qui ne la jugent pas nécessaire (...) »

Pour ceux qui ignoreraient qui est le Cercle des épargnants, nous leur avions consacré un long billet lors de la publication du même rapport le 18 mai 2010.

Qui est le Cercle des épargnants ? écrivions nous le 18 mai 2010. Lors d'un de leurs rapports

« L'association est domiciliée 11, boulevard Haussmann 75009 Paris au beau milieu du "quartier des assureurs". Le Cercle des Epargnants, issu de l’Association Générale pour l’Assurance et la Prévoyance (AGAP) créée en 1950, est présidé par Jean-Pierre Gaillard, journaliste économique à LCI et à France Info. Le Cercle des Épargnants supervise plus de 210 contrats de groupe (essentiellement des contrats Madelin) et cinq plans d’épargne retraite populaire. A ce titre, le Cercle est enregistré auprès de l’Autorité de Contrôle des Assurances et des Mutuelles comme Groupement d’Épargne Retraite Populaire. Elle assure des fonctions de contrôle et d’information auprès de tous ses adhérents (...) peut-on lire sur leur site

Jean-Pierre Gaillard ? Mais si, vous savez, celui que Libération décrivait comme celui qui : " scande comme un métronome les cotations, sur les ondes et les écrans" et son célèbre : " En direct de la Bourse de Paris" qui eu un temps sa marionnette au Guignols de l'Info de Canal+

Il est à noter que le site du "Cercle des Epargnants" est également accessible par l'adresse "alias" : http://www.agirpourmaretraite.com/ dont il est propriétaire du nom de domaine. Et que "Agir pour ma retraite" est également le nom d'une "Lettre" et d'un blog édités par Philippe Crevel, le Secrétaire général du même "Cercle des Epargnants"

Il est d'ailleurs amusant de noter que Philippe Crevel, sur son site, indique habiter : 7, Bd HAUSSMANN 75009 PARIS. Adresse qui correspond à celle de la compagnie d'assurances GENERALI : "dont le siège social est situé au 7/9 Bd Haussmann 75009 Paris" comme l'indiquent les mentions légales de leur site (...)
»

Donc, il ne vous étonnera pas que le Cercle des épargnants porte le logo de GENERALI et  distribue cerains de ses contrats. Tout comme il ne vous étonnera pas d'apprendre que GENERALI ainsi que de nombreux assureurs ou institutions de prévoyance qui commercialisent des contrats de capitalisation retraite, sont sponsors du Medef.

En clair cette étude ne fait que promouvoir l'idée que Laurence Parisot avait lancée en ... mai 2010 et qui  préconisait de : «  rendre très incitatif, voire obligatoire une part de capitalisation dans la retraite des salariés français (...) »

Ajoutons à cela, que notre amie Laurence fait des pieds et des mains, pour que le gouvernement reporte une nouvelle fois l'âge de la retraite, souhaitant toujours arriver à terme à 67 ans, au fait que, comme elle l'expliquait : « quand on aura 67 ans en 2030, on sera dans un état de santé, un état physique comparable à 62 ans aujourd’hui ».

Sans oublier bien entendu que la Présidente du Medef est membre du conseil d'administration de BNP Paribas, l'un des plus grands bancassureurs français.

Foutage de gueule direz-vous ?

Non, il s'agit d'une opération parfaitement concertée destinée à imposer par l'angoisse et un jour par ... la loi l'obligation pour tous les français de souscrire un contrat retraite par capitalisation.

Car, il faut savoir que justement, les négociations sur les retraites auront lieu au printemps 2013, et qu'il ne fait nul doute que les négociateurs du Medef utiliseront l'enquête du Cercle des épargnants lors des ces négociations !

Alors, imaginez qu'on décide de reporter une fois de plus l'âge de la retraite et qu'on décide comme le préconise le COR, d' une remise en cause du principe des « 25 meilleures années » pour le calcul de celle-ci. Nombreux seront les salariés tentés par un contrat de capitalisation destiné à compléter une retraite dont le montant deviendra encore un peu plus hypothétique.

Dans ce cas, à terme, un énorme jackpot à se répartir entre les banques et les compagnies d'assurance sans aucune garantie de retour pour des épargnants qui confieront leur argent pour des durées supérieures à 40 ans !

Quand on vous disait qu'il s'agissait d'une opération parfaitement concertée ...


Crédit photo
Blog la retraite