15 février 2023

Emploi seniors : oui les entreprises ont une obligation !

Si les organisations patronales ont milité pour le report de l'âge de la retraite, elles refusent toute forme de contrainte sur l'emploi des seniors. Or sans obligation ni contrainte pour les employeurs ce sont des milliers de salariés en fin de carrière qui vont plonger dans la précarité.

Les députés viennent de rejeter l'index senior, seule proposition du texte du gouvernement sur l'emploi des seniors. Cette mesurette dont organisations patronales et syndicats de salariés ne voulaient pas, pour des raisons bien différentes reposait sur le seul aspect déclaratif des effectifs. En effet, le patronat n'en voulait pas pour des raisons de « complications administratives » et les syndicats parce cela ressemblait surtout à un cautère sur une jambe de bois.

Nul doute que l'avenir des seniors confrontés au report de l'âge de départ à la retraite méritait mieux. Surtout que le MEDEF et la CPME après avoir chanté les louanges du report à 64 ans se trouvent dans l'obligation de montrer que les entreprises ont la volonté de conserver à l'effectif des seniors dont elles avaient pris l'habitude de se délester, entre 55 et 57 ans, au travers de ruptures conventionnelles individuelles ou collectives. Sans oublier le recrutement de seniors sans emploi, du même âge, les plus exposés au chômage de longue durée.

Problème : si les organisations patronales se sont réjouies du report à 64 ans, pas question de prendre quelque engagement que ce soit.

Un exemple ?

L’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) qui, rappelons le regroupe les entreprises françaises de la métallurgie et représente (selon ses chiffres) 42 000 entreprises et 1 600 000 salariés citée dans un article du Parisien : « L'UIMM a mis en garde contre le « coût financier que représente pour les entreprises l’allongement de la durée de vie au travail …  L’UIMM ne peut pas « admettre que cette réforme entraîne des coûts supplémentaires pour les entreprises, en particulier celles de l’industrie qui souffrent déjà d’un retard de compétitivité significatif par rapport à leurs concurrents, y compris Européens ...» 

Du côté de la CPME, alors que ses dirigeants nous expliquent, avec des sanglots dans la voix que lorsqu'un senior par en retraite, c'est une partie de mémoire de l'entreprise qui s'en va. On n'a aucun complexe à réclamer : « une exonération des cotisations patronales au régime d’assurance chômage durant la période d’emploi d’un senior » pour leur maintien dans l'emploi. Les sanglots ont une limite … financière.

Dans l'immédiat, il faudra se contenter de petites phrases du genre : « Nous savons qu'il faut que nous nous attelions à la question de l’emploi des seniors» prononcée par la porte parole du MEDEF

Faites nous confiance répètent en chœur les organisations patronales à la manière du serpent Kaa du livre de la jungle. Qui est assez naïf pour croire à ce discours ?

La réalité c'est que les organisations patronales et les entreprises qu'elles représentent n'envisageront de bouger qu'à partir du moment ou un gouvernement digne de ce nom conditionnera les aides aux entreprises dont le montant oscille entre 150 et 200 milliards à des mesures concrètes comme l'emploi des seniors.

Alors, oui, les entreprises qui ont bataillé pour reporter l'âge de départ à la retraite ont une responsabilité qu'elles doivent assumer au minimum jusqu'au 64 ans de leurs salariés. Oui, les entreprises ont une responsabilité vis à vis des chômeurs seniors qu'elles doivent mettre sur un pied d'égalité en termes de recrutement avec tous les autres demandeurs d'emploi, jusqu'à leur départ à la retraite.

Faute de quoi dans quelques années, on recommencera les bricolages statistiques basés sur des seniors en formation sans issue ou en invalidité temporaire et surtout des milliers de seniors en fin de droits qui deviendront suivant le terme dévolu : NERP (ni emploi ni retraites ou en préretraite ) et dépendront uniquement des aides sociales.

Alors, Mesdames et Messieurs du gouvernement et des organisations patronales qui voulez faire travailler plus longtemps les salariés à vous de nous montrer que le terme responsabilité que vous aimez tant utiliser n'est pas un vain mot. 

 

Crédit et copyright photo

HHR 

13 février 2023

Retraites : mettre la capitalisation à la porte et la voir revenir par la fenêtre !

Réforme des retraites oblige, on peut lire ça et là des opinions ou prises de paroles présentant la capitalisation comme un des outils dans le cadre de la réforme des retraites. La France a pourtant déjà donné avant le choix de la répartition. Quel est l'enjeu pour les promoteurs de la capitalisation ? Un pactole fabuleux sur lequel lorgnent tous les organismes financiers.

Cela fait des années que sur Slovar les Nouvelles nous évoquons les propos des laudateurs de la retraite par capitalisation. Qui sont-ils ? Des économistes et officines libéraux, quelques politiques convaincus par ceux-ci et les organisations patronales, MEDEF en tête auquel les bancassureurs sont adhérents (Fédération Bancaire Française et France Assureurs)

 


L'idée relayée régulièrement et depuis le début des débats sur la réforme des retraites est la suivante : Mettre en place des fonds de pension « à la française » obligatoires dans lesquels tous les salariés épargneraient durant toute une vie de travail pour obtenir un complément individuel de retraite. Ceci ayant pour but, selon eux, de régler le problème des retraites dans le futur. 

L'épargne retraite par capitalisation existe déjà sous plusieurs formes : contrats d'assurance vie, PERP, PERCO et depuis peu PER. Leur particularité ? C'est qu'ils reposent sur le volontariat. Or, on pouvait lire dans une tribune publiée dans Les Echos : « Bien que les ménages Français soient les champions de l’épargne, celle des retraites reste paradoxalement marginale … » Et c'est là que le bât blesse pour tous les organismes financiers ! Car, si on compare l'encours PER, celui des Livrets A et LDD et l'assurance vie qu'observe t-on pour 2022 ?

PER individuels : 43,6 Milliards d’euros.

LivretA et LDD : 500 milliards d'euros.

Assurancevie : 1848 Milliards d'euros

Victoire sans appel des placements les plus souples. Ce qui énerve prodigieusement les promoteurs des produits de retraite par capitalisation. C'est pourquoi la petite musique du « pilier obligatoire de capitalisation » revient sur le devant de la scène. En effet, puisque les plans d'épargne retraite ne séduisent pas assez de gens, rendons les obligatoires pour tous les salariés.

Le seul problème, c'est que comme toute épargne, la capitalisation est liée aux revenus des salariés et aux divers aléas de la vie professionnelle. De plus celle-ci pour être efficace réclame comme tout placement de longue durée un effort constant. Or, qui aujourd'hui peut prédire ce que sera sa trajectoire professionnelle ou personnelle dans 20, 30 ou 40 ans ? Qui peut affirmer que les marchés financiers, sans la garantie de l'état seront en mesure de servir des pensions correctes sur la même durée ?

Certains s'appuient sur les rapports du COR (Conseil d'orientation des retraites ) pour mettre en avant la capitalisation comme outil complémentaire de la retraite par répartition. Nous avons retrouvé ce qu'écrivait (page 14) le Conseil d'orientation des retraites dans un document de travail : « Capitalisation et répartition dans l’histoire du système français des retraites avant 1945 - Séance plénière du 15 décembre 2022 »

« Le vice fondamental des systèmes de capitalisation est qu’ils vendent de l’avenir en le faisant payer par du présent. Tout le monde peut spéculer sur l’avenir mais seule la spéculation à court terme est relativement fiable. À long terme il n’y a pas de futuribles solides. Pourquoi enfermer une population tout entière dans un risque que les utilisateurs n’ont pas la faculté personnelle d’évaluer ? 

Or, l’horizon d’une vie de travail est de 30 à 40 ans, et c’est aussi le délai pour qu’un
système en capitalisation atteigne sa maturité. Calculée sur un terme long, elle est un pari »

Les chantres de la retraite par capitalisation savent parfaitement qu'ils n'arriveront pas à l'imposer dans l'immédiat. Par contre, au gré du report de l'âge légal de la retraite qui n'en doutons pas, augmentera encore de deux ans à l'horizon 2030, la cible des jeunes générations est quasiment acquise. Et dès lors, lassés, ces générations seront demandeuse de plus de capitalisation.

Qu'est ce cela changera ? Pour les petits salaires ou ceux qui auront subit des périodes sans emploi ce sera une pension complémentaire minable malgré un sacrifice financier important. Pour les organismes financiers collecter et gérer des fonds captifs sur de telles durée ce sera un pactole colossal.

Aux salariés de savoir si après avoir fermé la porte à la rente des organismes et marché financiers ils souhaitent ou non leur fermer la fenêtre