Si les organisations patronales ont milité pour le report de l'âge de la retraite, elles refusent toute forme de contrainte sur l'emploi des seniors. Or sans obligation ni contrainte pour les employeurs ce sont des milliers de salariés en fin de carrière qui vont plonger dans la précarité.
Les députés viennent de rejeter l'index senior, seule proposition du texte du gouvernement sur l'emploi des seniors. Cette mesurette dont organisations patronales et syndicats de salariés ne voulaient pas, pour des raisons bien différentes reposait sur le seul aspect déclaratif des effectifs. En effet, le patronat n'en voulait pas pour des raisons de « complications administratives » et les syndicats parce cela ressemblait surtout à un cautère sur une jambe de bois.
Nul doute que l'avenir des seniors confrontés au report de l'âge de départ à la retraite méritait mieux. Surtout que le MEDEF et la CPME après avoir chanté les louanges du report à 64 ans se trouvent dans l'obligation de montrer que les entreprises ont la volonté de conserver à l'effectif des seniors dont elles avaient pris l'habitude de se délester, entre 55 et 57 ans, au travers de ruptures conventionnelles individuelles ou collectives. Sans oublier le recrutement de seniors sans emploi, du même âge, les plus exposés au chômage de longue durée.
Problème : si les organisations patronales se sont réjouies du report à 64 ans, pas question de prendre quelque engagement que ce soit.
Un exemple ?
L’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) qui, rappelons le regroupe les entreprises françaises de la métallurgie et représente (selon ses chiffres) 42 000 entreprises et 1 600 000 salariés citée dans un article du Parisien : « L'UIMM a mis en garde contre le « coût financier que représente pour les entreprises l’allongement de la durée de vie au travail … L’UIMM ne peut pas « admettre que cette réforme entraîne des coûts supplémentaires pour les entreprises, en particulier celles de l’industrie qui souffrent déjà d’un retard de compétitivité significatif par rapport à leurs concurrents, y compris Européens ...»
Du côté de la CPME, alors que ses dirigeants nous expliquent, avec des sanglots dans la voix que lorsqu'un senior par en retraite, c'est une partie de mémoire de l'entreprise qui s'en va. On n'a aucun complexe à réclamer : « une exonération des cotisations patronales au régime d’assurance chômage durant la période d’emploi d’un senior » pour leur maintien dans l'emploi. Les sanglots ont une limite … financière.
Dans l'immédiat, il faudra se contenter de petites phrases du genre : « Nous savons qu'il faut que nous nous attelions à la question de l’emploi des seniors» prononcée par la porte parole du MEDEF
Faites nous confiance répètent en chœur les organisations patronales à la manière du serpent Kaa du livre de la jungle. Qui est assez naïf pour croire à ce discours ?
La réalité c'est que les organisations patronales et les entreprises qu'elles représentent n'envisageront de bouger qu'à partir du moment ou un gouvernement digne de ce nom conditionnera les aides aux entreprises dont le montant oscille entre 150 et 200 milliards à des mesures concrètes comme l'emploi des seniors.
Alors, oui, les entreprises qui ont bataillé pour reporter l'âge de départ à la retraite ont une responsabilité qu'elles doivent assumer au minimum jusqu'au 64 ans de leurs salariés. Oui, les entreprises ont une responsabilité vis à vis des chômeurs seniors qu'elles doivent mettre sur un pied d'égalité en termes de recrutement avec tous les autres demandeurs d'emploi, jusqu'à leur départ à la retraite.
Faute de quoi dans quelques années, on recommencera les bricolages statistiques basés sur des seniors en formation sans issue ou en invalidité temporaire et surtout des milliers de seniors en fin de droits qui deviendront suivant le terme dévolu : NERP (ni emploi ni retraites ou en préretraite ) et dépendront uniquement des aides sociales.
Alors, Mesdames et Messieurs du gouvernement et des organisations patronales qui voulez faire travailler plus longtemps les salariés à vous de nous montrer que le terme responsabilité que vous aimez tant utiliser n'est pas un vain mot.
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