14 octobre 2011

Mondialisation : Le luxe, vitrine du « made in France » ... fabriqué ailleurs ?

Vantées par nos ministres, les entreprises de luxe françaises, histoire d'augmenter leurs marges se mettent de plus en plus, mais discrètement aux délocalisations. Bien aidées en cela par une législation laxiste sur le marquage « Made in » !

Le 31 août 2010, Christian Estrosi, alors ministre de l'industrie, lançait : « l’Observatoire du « Fabriqué en France ». Marque de l’excellence industrielle française, le Fabriqué en France est aussi un signal très fort pour les entreprises et les salariés du secteur industriel : celui de la détermination du Gouvernement à inscrire le savoir faire français dans la durée (...) » Dans la foulée, Yves Jégo, chargé de réfléchir aux contours d'une nouvelle marque France, annonçait la mise en place d'un label Origine France.

Tout cela est bel et beau, mais ce qu'ont oublié de nous dire les élites qui nous gouvernent, c'est que si aux Etats Unis et au Japon le marquage d’origine d'un produit est obligatoire. Ce n'est pas le cas dans notre beau pays : « (...) en France, il ne l'est plus depuis la publication du Décret n° 86-985 du 21 août 1986, sauf si une indication manifeste porte à croire que le produit a été fabriqué dans un autre pays que le pays réel de fabrication (...) » indique le COFREET, une association d'experts de la chaîne du Textile et de l'Habillement.

Ce qui est confirmé par le Ministère de l'Economie et des Finances qui écrit : « Il n'existe pas en France d'obligation légale ou réglementaire imposant le marquage d'origine des produits, à l'exception de quelques produits tels les produits agricoles et alimentaires (les fruits et légumes par exemple). Le marquage d'origine est donc, sauf pour les produits cités ci-dessus, facultatif et volontaire. Il est effectué sous la seule responsabilité du fabricant ou de l'importateur (...) »

Précisons au passage que : Dans l’Union Européenne, le marquage d'origine n'est pas obligatoire non plus sauf risque de confusion pouvant induire en erreur l'acheteur sur l'origine ou la provenance de la marchandise !

Mais pour en revenir à la France, dans l’habillement, qu’appelle-t-on un produit français ? interroge le site Achetons français. « (...) En principe, une veste fabriquée avec du tissu chinois et coupée au Maroc peut bénéficier du « made in France » si elle est cousue dans l’Hexagone. C’est le lieu de confection qui compte » Version toutefois contestée par les services de la répression des fraudes.

Alors, afin d'éviter de jouer au chat et à la souris avec les services de l'état, plusieurs entreprises de textiles de luxe se réfugieraient derrière l'aspect « facultatif et volontaire » de la loi pour ne plus indiquer d'origine sur leurs produits. Ce qui leur permettrait de ne pas écorner leur image de marque et faire des marges beaucoup plus importantes avec des produits fabriqués en Chine ou en Europe de l'Est.

Des exemples ?

Sonia Rykiel qui propose des tee-shirts à 60 € et des vestes à 300 € fabriqués en Chine nous expliquait Le Parisien qui citait également le cas des : « costumes Kenzo et Givenchy, auparavant fabriqués dans le Nord-Pas-de-Calais, qui proviendraient pour l’essentiel de la banlieue de Cracovie, en Pologne (...) »

Suite à son enquête, Le Parisien avait contacté les grandes marques qui ... n'avaient pas souhaité s’étendre sur le sujet.

Néanmoins, cette situation n'est pas nouvelle puisqu'en 2008, dans le livre Luxe & Co, Dana Thomas expliquait comment : « (...) une des marques de LVMH, Céline, produisait ses sacs Macadam en jean et cuir en Chine. Une étiquette marron fixée à l’intérieur du sac précisait qu’il avait été conçu à Paris et « fabriqué à la main en Chine en portant une attention particulière à la qualité et aux détails »

A la différence près que dans les cas récents, révélés par Le Parisien, l'étiquette du lieu de fabrication a disparu grâce à une législation française qui ouvre la porte à tous les excès !

Nul doute que notre Président, attentif au chiffre d'affaire des griffes de luxe françaises, et grand amoureux des usines va, dans le cadre de ses derniers mois de mandat, s'emparer du sujet. Et convoquer au plus vite, les grands du luxe vestimentaire français, pour les appeler au patriotisme économique et leur rappeler entre autre, les nombreuses aides gouvernementale mises à la disposition de leur industrie !

Enfin, on peut toujours rêver ....


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Chine informations

13 octobre 2011

L'Elysée achète le vote des agriculteurs avec l'argent des consommateurs ?

Les buveurs de sodas financeront la majeure partie de la « TVA sociale » imposée par le Président pour couvrir les 210 millions d'exonération de cotisations sociales, offerts aux agriculteurs. Un habile façon d'acheter le vote agricole avec l'argent des consommateurs !

S'il existe bien une habitude détestable, à l'approche d'une élection présidentielle, c'est celle qui consiste à trouver le moyen de favoriser une partie de l'électorat, afin de faire le plein de ses voix. C'est exactement ce que vient de faire le Président de la République en annonçant une exonération de cotisations sociales pour les employeurs de salariés agricoles.

Mais direz-vous, comment peut-on faire l'impasse sur des recettes alors que les caisses sont vides et qu'il est indispensable d'améliorer les résultats des comptes sociaux ?

Et bien en utilisant la sempiternelle méthode du Président « qui n'a pas été élu pour augmenter les impôts » : En créant une nouvelle taxe !

Pour ce faire, la commission des Finances de l'Assemblée : « a décidé mercredi d'alourdir la future taxe française sur les boissons contenant des sucres ajoutés ou des édulcorants afin de financer en partie les baisses de charges sociales dans l'agriculture » Reuters

La commission propose aux députés de porter cette taxe de 3,58 € à 6,22 euros par hectolitre. Elle concernera également les boissons contenant des édulcorants et rapportera 250 millions d'euros de recettes en 2012 contre les 120 millions d'euros initialement prévus.

A noter au passage une augmentation de : « la taxe intérieure de consommation (TIC) sur le fioul domestique utilisé comme carburant diesel à usage professionnel (dont les agriculteurs sont les utilisateurs), sera portée de 5,66 à 7,20 euros par hectolitre » qui représentera 80 millions.

Curieusement, cette augmentation n'a pas fait bondir les organisations et syndicats agricoles, dans la mesure où l'état avait accepté de leur consentir, bien avant l'annonce du Chef de l'Etat, une baisse des cotisations ... financé par les buveurs de soda !

Il faut dire que rien n'est trop beau pour les agriculteurs qui, en 2007, pour le second tour concentrait 87% des partisans de la FNSEA et 91% de la Coordination rurale.

Néanmoins, le 3 avril 2011, baromètre agricole Terre-net/ BVA, spécial présidentielles 2012, révélait que si : « Les agriculteurs sont toujours clairement à droite, ils ne portent décidément plus Nicolas Sarkozy dans leur cœur (...) Il arriverait certes en tête mais il ne recueillerait que 32 à 34 % des voix des agriculteurs contre 51 % en 2007 (...) » Marine Le Pen étant créditée de 30% !

Or comme le rappellait Public Sénat : « (...) Il y a 430 000 chefs d’exploitation, 600 000 conjoints ou aides familiaux. C’est une population qui fait plus d’un million d’actif (...) » dont le vote sera déterminant en 2012 !

Si on ajoute à cela que la FNSEA qui a affirmé qu'elle ne donnerait pas de consignes de vote pour la présidentielle mais précisait que : « Les réponses des candidats à la présidentielle permettront aux agriculteurs, qui ne sont plus systématiquement acquis à la droite, d'orienter leur choix (...) » indiquait dans le même temps qu'elle réclamait : une « TVA sociale ou antidélocalisation » destinée à réduire d'au moins 30% le coût horaire des salariés agricoles pour l'aligner sur celui de ses compétiteurs européens.

On comprendra mieux le récent geste de notre Président à l'égard du monde agricole.

De quoi ôter tout suspense sur le résultat du débat en séance publique la semaine prochaine à l'Assemblée Nationale où la majorité parlementaire se fera un plaisir de valider cette aide au « vote utile » !

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L'Express

12 octobre 2011

Comment le gouvernement a fait des économies sur l'emploi des seniors !

La prime forfaitaire de 2000 €, offerte aux entreprises qui embaucheraient un senior, ne fait pas recette. Elle s'est pourtant substituée à un dispositif beaucoup plus incitatif, mais plus coûteux ... enterré par le gouvernement.

Le chômage des seniors est paraît-il un des priorités du gouvernement qui ne cesse d'évoquer les contrats aidés qu'il souhaite leur réserver. Dans ces contrats, on trouve la fameuse prime forfaitaire de 2000 €, offerte aux entreprises recrutant des seniors en contrat de professionnalisation, annoncée par Nicolas Sarkozy à Bobigny, le 1er mars 2011, qui apparemment ne séduit pas les entreprises.

Or, cette mesure peu attrayante a succédé à une autre, bien différente, pourtant inclue dans la loi « portant réforme des retraites » et relative aux dispositifs d'aide à l'embauche des séniors. On peut la découvrir, en lisant sur Legifrance, l'article 103 de la LOI n° 2010-1330 du 9 novembre 2010

Que dit-elle ?

Article 103 : Aide à l'embauche des seniors : « Art.L. 5133-11.-Les employeurs qui se trouvent dans le champ d'éligibilité de la réduction prévue à l'article L. 241-13 du code de la sécurité sociale perçoivent sur leur demande une aide à l'embauche, en contrat à durée indéterminée ou à durée déterminée d'au moins six mois, de demandeurs d'emploi âgés de cinquante-cinq ans ou plus, inscrits sur la liste des demandeurs d'emploi mentionnée à l'article L. 5411-1 du présent code (...) L'aide, à la charge de l'Etat, représente, pour une durée déterminée, une fraction du salaire brut versé chaque mois au salarié dans la limite du plafond mentionné à l'article L. 241-3 du code de la sécurité sociale. « Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions et modalités d'application de l'aide (...) »

Or, on apprenait, il y a peu, par le biais d'une question écrite d' Hervé Maurey (Eure - UC) posée à Xavier Bertrand, que cet article n'a jamais été appliqué pour cause de ... non publication du décret afférent.

« (...) L'article 103 de la loi prévoyait la mise en place d'une aide à l'embauche des demandeurs d'emploi de plus de 55 ans. Le Gouvernement n'a non seulement pas pris les décrets d'application nécessaires mais aurait, selon un rapport adopté par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale adopté le 6 juillet dernier, renoncé à ce dispositif craignant un effet d'aubaine. Comme les auteurs (1) de ce rapport, il s'étonne que « le Gouvernement s'en rende compte après la promulgation de la loi, alors même que le dispositif figurait dans le projet de loi déposé par le Gouvernement » et s'interroge sur les bases du mécanisme de l'aide de 2 000 euros pour les entreprises embauchant des seniors annoncée en substitution par le Gouvernement. Ce revirement est d'autant plus préoccupant que sans une réelle politique d'accompagnement de l'emploi des seniors, le report de deux ans de l'âge légal de la retraite n'a aucun sens (...) »

D'autant que la prime forfaitaire de 2000 € s'applique aux demandeurs d'emploi âgés de plus de ... 45 ans alors que le taux d'emploi chez les plus de 55 ans est d'environ 38% !

Dit clairement : Outre que le gouvernement a utilisé une astuce déplorable pour annuler une partie d'un texte voté par les parlementaires, on ne pourra que constater que celui-ci, pour faire des économies budgétaires a préféré transformer une mesure qui pouvait, COMME TOUT CONTRAT AIDE, profiter à quelques entreprises chasseuses de primes, au profit d'une prime forfaitaire, totalement inefficace, mais à priori ... moins coûteuse pour les finances de l'état.

Et comment a réagit Xavier Bertrand ?

Et bien de la façon la plus simple qui soit, puisqu'on peut lire en dessous de la question du sénateur la réponse suivante : « En attente de réponse du Ministère du travail, de l'emploi et de la santé »

Les seniors chômeurs de plus de 55 ans qui ne trouvent aucun employeur tenté par une prime de 2000 € en échange d'un contrat de professionnalisation, apprécieront !

(1) Assemblée Nationale : Les mesures relatives à l'emploi des seniors


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Ministère de l'Emploi

11 octobre 2011

Prime dividende aux salariés : Sombre bilan d'une mystification présidentielle !

En juillet dernier, le parlement validait la fameuse prime sur les dividendes ou prime « 1000 euros » voulue par Nicolas Sarkozy. Or, la moyenne constatée est de 300 €. Décryptage d'une formidable mystification.

En avril 2011, Nicolas Sarkozy, face au front du refus des organisations d'employeurs, sur son idée de versement de de prime sur les dividendes aux salariés, déclarait : « J'affirme qu'il est normal que les salariés et les ouvriers à qui on a demandé des efforts pendant la crise bénéficient de la reprise, c'est un principe sur lequel je ne céderai pas (...) »

Votée le 13 juillet dernier par le parlement, cette prime devenait obligatoire. Mais comme l'expliquait à l'époque Alain Vidalies (PS) : « (...) A l'inverse de ce que les Français avaient compris, cette prime n'aura rien d'obligatoire : il s'agit simplement d'une obligation de négocier qui pourrait à la limite n'aboutir qu'au versement d'un euro (...) »

Alors, quel est le résultat de cette « obligation » qui n'en était pas une ?

Dans un communiqué de presse du 29 septembre le Cabinet Deloitte indiquait les montants attendus pour la prime pour l’emploi, et précisait que ceux-ci seraient : « (...) près de moitié inférieurs au montant anticipé par le gouvernement (...) »

Quelques exemples

On pourra citer « l'humour » des patrons de Sécuritas qui ont proposé à leurs salariés 3, 50 €. Ou celui des patrons d'IPSOS, plus généreux qui leur proposent ... 24 € et qui, très impressionnés par le geste de leur direction, ont décidé de se mettre en grève !

STMicroelectronics pour sa part, alors que les dividendes de l'entreprise distribués cette année ont représenté 260 millions d'euros, ne versera que 150 euros à ses salariés.

On notera aussi, l'étonnante échelle de redistribution adoptée par L'Oreal : « (...) la prime est fonction du niveau de salaire. L'entreprise en a donné quelques exemples aux syndicats : 450 euros brut pour un salarié gagnant 25.000 euros annuels, 525 euros pour un salaire annuel de 35.000 euros, 600 euros pour 45.000 euros et, enfin, 765 euros pour les salariés gagnant 65.000 euros annuels et plus (...) »

Devant ce nouveau « franc succès » du Président du pouvoir d'achat, Xavier Bertrand a quand même reconnu ... quelques disparités : « (...) Pour certaines c'est 150 euros, d'autres 200, d'autres 600 mais entre nous c'est mieux que rien. S'il n'y avait pas eu cette loi, on ne toucherait rien du tout (...) »

Oubliant au passage de préciser comme l'écrit le Cabinet Deliotte que : « (...) plus d’un tiers des entreprises qui auront versé une prime (35%) envisagent de réduire l’enveloppe d’augmentation des salaires d’un montant correspondant à la moitié environ du coût de cette prime (...) »

Mais elle est où la prime de 1000 €, envisagée par le gouvernement, qui tablait sur une moyenne basse de 700 € ?

Et bien, selon Xavier Bertrand, il n'a jamais été question de ces montants, puisqu'il a affirmé à France Info que jamais un membre du gouvernement n'avait annoncé un montant de 1 000 €.

Or, le blog les décodeurs s'est livré à un petit exercice de recherche. Ce qui lui a permis de retrouver la vidéo de François Baroin qui expliquait sur Europe1, la mise en place d'un « dispositif simple sous forme de primes exceptionnelles dont le montant n'est pas encore stabilisé, d'au moins 1 000 € » ! Doit-on en conclure que notre ministre du Travail souffre comme Jacques Chirac, d'anosognosie ?

En tous cas, Xavier Bertrand a fait part de sa décision de rencontrer le PDG de Sécuritas pour le sermonner sur les 3,50 € (passée entre temps à 8 €) qu'il envisage de verser à ses salariés au fait que : « (...) Quand on est chef d'entreprise, on respecte les salariés et on ne propose pas ça (...) »

En attendant, il ne semble pas envisager de faire de même, avec les dirigeants de l'entreprise Avon Polymères à Vannes, dont les salariés connaissent le chômage partiel depuis deux ans et ne perçoivent plus l'intégralité de leur salaire, qui viennent de s'attribuer une prime de ... 126.000 euros. Un problème d'emploi du temps, sans nul doute !


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Wikipedia

10 octobre 2011

Idées du patronat : Le retour des syndicats de salariés « maison » ?

Depuis longtemps, le Medef se bat pour que le contrat l'emporte sur la loi. Pour que ce projet soit crédible, il faudrait un fort taux de salariés syndiqués. D'où l'idée de rendre obligatoire l'adhésion des salariés à des syndicats ... peu revendicatifs ou « maison » ?


Le taux de syndicalisation des salariés français est faible puisqu'il ne dépasserait pas 5% dans le privé. Cette réalité ne permet pas aux organisations d'employeurs de justifier le transfert de la gestion du droit du travail et du dialogue social au seuls partenaires sociaux.

Alors, aussi étonnant que cela puisse paraître, le Medef qui, il y a peu, avec l'aide de l'UMP liquidait le projet de loi « dialogue social » dans les TPE, au fait que : « Loin de simplifier les choses, l'instauration d'institutions représentatives du personnel (...) ferait perdre du temps dans la résolution des problèmes » propose de rendre obligatoire l'adhésion de tous les salariés à un syndicat.

Cette proposition faite par le Medef 44 est, à y regarder plus près, une manipulation grossière, équivalente à celle de 2007, où l'intention du Medef était de : « (...) paralyser une future éventuelle majorité parlementaire de gauche pour qu’elle ne puisse pas légiférer souverainement sur le droit du travail et le droit social (...) » comme l'expliquait Gérard Filoche le 2 août dernier dans un article publié sur Marianne2

Au delà du débat lancé par le Medef 44, force est de constater qu'il ne fait pas bon être syndiqué, dans la plupart des entreprises privées où, comme le dit Bernard Thibault : « (...) Le droit de se syndiquer est le même pour tous, agriculteurs, avocats, médecins ou salariés. Mais il n'y a que les salariés qui subissent des intimidations. Cette peur est d'autant plus forte dans un environnement fait de chômage et de précarité, où l'on dit aux salariés qu'on peut les remplacer facilement »

Quel est le contenu de la proposition du Medef 44 et que cache t-elle ?

C'est le Journal des entreprises qui nous l'explique : « (...) Il s'agit de l'une des dix propositions que l'organisation patronale locale fait remonter à son échelon national en vue des prochaines élections présidentielles (...) L'équipe de Laurence Parisot compilera certaines de ces propositions dans le livre « Besoin d'air2 », son programme politique qu'elle soumettra aux candidats de 2012 (...) »

Marginaliser les syndicats revendicatifs au profit des plus dociles ?

C'est ce qu'on peut se dire en lisant les propos du Président de la CGPME régionale qui affirme : « Quand on a un syndicalisme décadent, il faut le réformer. Celui-ci est trop politique, trop partisan et c'est d'ailleurs pour cela que les salariés ne s'y retrouvent pas » La solution étant selon les organisations patronales : « (...) de favoriser le dialogue avec des personnes représentatives et non plus enfermées dans des bastions »

En clair, explique le Journal des Entreprises : « (...) La manoeuvre du Medef consiste en effet à diluer l'extrémisme par l'adhésion du plus grand nombre (...) »

Face à cette proposition, la CFDT tire la sonnette d'alarme : « Le risque, c'est que les chefs d'entreprise favorisent l'émergence de telle ou telle organisation syndicale. Au bout du compte, on aurait des syndiqués et des dirigeants pieds et poings liés et ce n'est pas bon pour le dialogue social »

C'est le moins qu'on puisse dire !

Objection balayée d'un revers de manche par le président du Medef 44 qui n'hésite pas à affirmer : « (...) Si les employeurs et les salariés sont suffisamment forts pour être représentatifs, nous pourrons nous passer de l'État (...) Le dialogue social doit se faire entre ces deux partenaires et non pas, comme c'est le cas actuellement, avec un État qui joue systématiquement le rôle d'arbitre. Si on propose cela, c'est qu'il est grand temps de changer de culture pour qu'employeurs et syndicats puissent véritablement construire ensemble »

Ce qui aboutirait, dans la mesure où l'état et les parlementaires n'auraient plus voix au chapitre, à la situation totalement déséquilibrée que décrivait Filoche : « (...) Mettre aujourd’hui encore sur le même plan, 1,2 million de patrons et 18 000 000 de salariés est un « paritarisme » curieux : non seulement ce n’est pas « un humain, une voix », non seulement ce n’est pas démocratique, non seulement cela ne corrige pas le déséquilibre qui existe manifestement au détriment des salariés, ça n’a rien à voir avec la « démocratie sociale » mais c’est un système qui favorise les plus favorisés, la force dominante (...) »

Cette proposition ne fait toutefois pas l'unanimité auprès des employeurs, puisque la CGPME, comme à son habitude craint l'arrivée de syndicalistes « radicaux » dans ses entreprises. Mais retrouve le Medef sur la notion de « nouveau syndicalisme » qui les libérerait de la tutelle de l'état et des élus de la nation.

Philippe Moreau, président de la CGPME des Pays de la Loire affirme que : « (...) le syndicalisme doit évoluer. On assiste aujourd'hui à une surenchère infernale alors qu'en période de crise, il faudrait une certaine complicité entre l'économique et le social. Dans certains pays, les syndicats ne sont pas que dans la contestation, offrent des services et sont co-responsables (...) »

En gros, ce syndicalisme « new look » se limiterait par exemple, à expliquer aux autres salariés pourquoi ils doivent accepter des modifications de leurs horaires ou durée du travail, sans bien entendu, revendiquer d'augmentations de salaires, au nom d'une : « certaine complicité entre l'économique et le social » ! Le but final étant d'imposer enfin le grand fantasme patronal du « salarié partenaire » qui accepterait de prendre à son compte tous les aléas de l'entreprise sans avoir les avantages des actionnaires !

Oui, mais direz-vous en cette période de faible pouvoir d'achat, les salariés rechigneront à cotiser à un syndicat !

Et bien sachez que L'ANDRH (l'association nationale des DRH) y a pensé et propose que les entreprises : « facilitent le financement de l'adhésion syndicale » Ce qui vous donne une petite idée du futur contenu du : « dialogue avec des personnes représentatives » au cas ou le futur Président de la République donnerait gain de cause aux organisations d'employeurs !