20 novembre 2012

Salariés : Vous serez les seuls à payer le prix de la compétitivité et de la crise !

Les salariés seront les seuls à faire les frais de la compétitivité, symbole selon les « experts »  de la sortie de crise économique qui frappe, entre autre, l'Europe. En attestent les déclarations de Moody's, du Medef et du très libéral REXECODE, expliquant que le salut est dans la mise en place d'une plus grande précarité des salariés français !

Savez-vous quel est le principal obstacle à la sortie de la crise économique et financière qui frappe la France depuis la crise spéculative des subprimes ?

Les spéculateurs de tous poils, l'évasion fiscale organisée par les banques et les multinationnales dans les paradis fiscaux, les délocalisations sauvages ? Rien de tout ça, si l'on en croît l'agence de notation Moody's, le Medef et son officine Rexecode.

Non, le fléau qui nuit à la reprise économique, c'est ... le salarié !

Hé oui braves gens, le salarié français dont la rémunération moyenne tournait en 2010 autour des 2000 €, c'est à dire, dans beaucoup de cas, à peine de quoi payer le loyer et la nourriture correcte d'une famille serait donc un handicap majeur pour la relance de l'économie française.

Car, il faut savoir que l'agence de notation Moody's les a clairement montré du doigt dans sa décision de dégrader la note de la France. Extrait : « (...) La France a aussi un autre défi structurel selon Moody's : la réforme du marché du travail dont l'agence pointe des rigidités durables. Et de dénoncer : « une protection importante pour les contrats à durée indéterminée, rendant les licenciements particulièrement difficiles et source de freins à l'embauche (...) » 

Ce qui a permis à Laurence Parisot de se ruer sur le premier micro pour déclarer : « il est temps, pardonnez le néologisme, de détabouiser le mot de flexibilité, c'est la clef pour réussir cette négociation, il faut arrêter d'avoir peur du mot, nous avons besoin de flexibilité pour recréer des emplois »

En clair : Il n'y a plus assez de travail à partager, donc, partageons le chômage entre tous ! 

Et la patronne du Medef d'ajouter : « (...) Nous ne signerons pas d'accord si du côté des organisations syndicales, il n'y a pas une acceptation de principe ou des principes que nous mettons derrière la notion de flexibilité (...) Pour que les entreprises embauchent, il faut diminuer l'aléa judiciaire sur les procédures individuelles ou collectives de licenciement (...) en plafonnant pour les TPE et PME les dommages et intérêts accordés aux salariés par les prud'hommes (...) » Et de conclure, sans rire : « (...) que les entreprises puissent procéder à des reclassements ou redéploiements sans avoir à passer par un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), afin d'aller beaucoup plus vite et de manière beaucoup plus rassurante pour tout le monde (...) »

Seul regret inavoué de notre amie Laurence, c'est que les salariés aient cessé trop tôt de croire au Père Noël ! C'eut été préférable, dans la mesure où, chacun d'eux sait parfaitement qu'il n'existe aucune corrélation entre facilité de licenciement et embauche. Si ce n'est de recruter des salariés moins payés, en lieu et place de ceux dont on s'est débarrassé ! Quant à croire que les employeurs vont gentiment reclasser les salariés dont ils n'ont plus besoin, on frise le grandiose ! Surtout lorsqu'on se souvient des offres de reclassements en Bulgarie ou Roumanie avec, bien entendu, un salaire ... local. 

Il ne vous étonnera pas, au passage, que le Medef allié de circonstance de la CGPME n'entend pas céder à la demande de modulation des cotisations chômages, pour les contrats précaires. Demande qu'elle a renvoyé à la renégociation de l'assurance chômage, prévue fin 2013.

Dans ce concert, il ne manquait que la caution traditionnelle d'une officine pseudo scientifique souvent citée par le Medef pour ses études et travaux, j'ai nommé : Rexecode

Dans la mesure où on apprenait que la France avait cessé de perdre des parts de marché à l'exportation, il était nécessaire de faire intervenir ces spécialistes, pour ne pas gâcher le tableau brossé par Moody's et le Medef. Ainsi, Rexecode, après avoir du bout des lèvres, constaté que la compétitivité française avait tendance à se : « (...) stabiliser par rapport à celle des autres pays de la zone euro (...) » montre à son tour du doigt ces nuisibles de salariés français : « (...) l'évolution du coût du travail n'incite pas à l'optimisme. Depuis deux ans, le coût salarial unitaire augmente plus vite que dans les pays du sud de l'Europe, alors que ce n'était pas le cas auparavant. En d'autres termes, l'Italie, l'Espagne ou encore le Portugal regagnent en compétitivité-coût au prix de l'austérité salariale, ce qui n'est pas le cas en France (...) Pour Rexecode, l'annonce d'un crédit d'impôt de 20 milliards pour les entreprises est donc forcément une bonne nouvelle (...) Mais cela ne peut être suffisant, selon lui. Il faut qu'il s'accompagne d'une flexibilisation du marché du travail, sur le modèle allemand (...) notamment la possibilité de déroger, par accord d'entreprise, aux conditions imposées dans la branche, notamment sur la question des salaires et du temps de travail (...)  »

Le taux de chômage a t-il baissé en Italie, au Portugal ou en Espagne ? Non, bien entendu, mais comme nous vous l'expliquions précédemment, la baisse des salaires a fait le bonheur de constructeurs automobiles comme Renault ou Ford qui se sont rués en Espagne où, il est facile d'imposer à peu près n'importe quoi à des salariés forcés de l'accepter, sous peine de voir les emplois partir ... où c'est encore moins cher, et moins contraignant socialement parlant !

Les actionnaires quant à eux se réjouissent de ces propositions qui, sans nul doute, devraient, au travers du regonflement des marges des entreprises, leur offrir d'excellents dividendes. Du moins dans un premier temps, puisque dans la mesure où chaque pays de l'union européenne aura à coeur de paupériser toujours un peu plus ses salariés, qui consommeront de moins en moins, le jeu devrait prendre fin à moyen terme.

Ensuite que fera t-on ?

Hé bien nul ne le sait. Après tout, c'est ça la mondialisation Coco ! 


Crédit photo