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09 mai 2013

Les belles légendes du capitalisme : Pour être compétitifs, travailler plus, gagner et se reposer moins

D'après Michel Pébereau, retrouver la compétitivité en France est simple : Augmenter le temps de travail, sans augmenter les salaires et réduire le nombre de jours de congés. Les actionnaires et dirigeants des entreprises lui en sont déjà reconnaissants !


Ce qu'il y a de formidable dans le capitalisme auto régulé, c'est que lorsqu'il provoque des crises économiques monumentales, il peut compter sur un certain nombre de ses séides pour trouver des solutions qui permettront au système de gagner encore quelques années avant ... la prochaine crise.

Néanmoins, diriez-vous il serait fort de café que des banques ou leurs représentants, dont tout le monde connaît la responsabilité dans la crise née en 2008, viennent nous expliquer ce qui est bon pour relancer la machine économique.

Hé bien vous auriez tort, puisque c'est l'un d'eux, en l'occurrence Michel Pébereau, qui s'y colle dans le Magazine Les Enjeux Les Echos du mois de mai 2013 où il nous parle de compétitivité. 

Mais diront certains, qui est Michel Pébereau ?

Son parcours professionnel est retracé sur le site de EADS.

Outre le fait qu'il est administrateur d'un bon nombre de grandes entreprises telles que : Compagnie de Saint-Gobain - Total - EADS - AXA. Il faut ajouter, entre autres  : Membre du Comité exécutif de l’Institut de l’entreprise et membre du Conseil exécutif du MEDEF.

Sinon Monsieur Pébereau est essentiellement connu pour son passage remarqué dans le monde bancaire, puisqu'il fut : Président du Conseil d'administration de BNP Paribas entre 2003 et 2011. Ce qui lui vaut aujourd'hui, entre autres, d'être :  Président honoraire de BNP Paribas - Président de la fondation BNP Paribas - Membre du Conseil d’administration de BNP Paribas S.A. Suisse et membre du Conseil de surveillance de la Banque marocaine pour le commerce et l’industrie.

Il va s'en dire que Monsieur Pébereau ne peut ignorer que BNP Paribas possédait, en juillet dernier, 360 filiales dans les paradis fiscaux . Ce qui en fait sans nul doute un champion de la compétitivité et de ... l'optimisation fiscale.

Mais ce n'est pas de cela que le Président honoraire de BNP Paribas a souhaité parler dans sa tribune. Extrait de la page 36 :

« (...) Le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi doit en effet réduire de 20 milliards d'€ le coût du travail. Mais dans les activités où celui-ci resterait encore trop élevé par rapport à nos voisins, ne pourrait-on pas travailler plus longtemps au même salaire, afin de préserver l'emploi et l'investissement ? Par exemple en réduisant le nombre de jours de congés ou en augmentant celui des heures travaillées (...) »

En voilà une idée qu'elle est bonne ! Surtout lorsqu'on sait que cette logique est sans fin. En effet, au jeu de la compétitivité entre pays européens, il se trouvera toujours des endroits où on baissera les salaires, ce qui aura pour effet de faire baisser la compétitivité des autres qui du coup appliqueront le remède du docteur Pébereau.

La seule limite dans l'immédiat étant fixée par une directive européenne qui définit un temps de travail hebdomadaire ne pouvant pas dépasser 48 heures (en moyenne, heures supplémentaires incluses). Néanmoins, sachez que, nous dit Eurogersinformation  : « (...) les travailleurs peuvent, par un accord individuel avec leur employeur, renoncer à la limite des 48 heures (...) dans ce cas, la durée maximale d'heures de travail ne peut dépasser 65 heures (...) »

Si la majorité d'entre nous trouvera particulièrement choquantes les propositions de M. Pébereau, sachez que celui-ci a pourtant de forts arguments à faire valoir : « (...)  Il n'en coûterait rien aux finances publiques et celà n'affecterait pas le pouvoir d'achat des intéressés (...)»

D'autant aurait pu ajouter M.Pébereau que la profusion de produits low cost fabriqués dans des pays où les salaires sont encore plus bas pourront satisfaire l'appétit de consommation des salariés qui travailleront plus ... pour le même prix.

C'est certainement par manque de place que M.Pébereau n'a pu nous indiquer combien de temps durerait cet alignement de compétitivité, ni si un retour aux conditions antérieures serait possible en cas où les entreprises françaises seraient profitables. C'est rageant non ?

D'autant plus que ce manque de place nous a privé de son point de vue sur les efforts que comptent faire les actionnaires et les dirigeants des entreprises.  Allez, soyons optimistes, nous sommes certains que M. Pébereau aura à coeur d'aborder ces points ... dans sa prochaine tribune.


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21 mars 2013

21 mesures pour la compétitivité : L'UMP ressort ses archives de 2011 et 2012

L'UMP vient de publier un document sur lequel figurent 21 propositions destinées à relancer la compétitivité de la France. Au programme, que des nouveautés de ... 2011 et 2012


A l'UMP, on est toujours en mai 2012, d'ailleurs, il n'y a qu'à regarder leur site dans la rubrique "Les idées" où on peut voir que "Nos idées pour demain" portent encore les illustrations de la campagne de 2012.


C'est probablement pourquoi le "Mouvement Populaire" propose 21 propositions pour la compétitivité qui ressemblent à s'y méprendre, entre autre, aux propositions de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle. C'est le site des Echos qui nous les présentent

Tout d'abord, alors que l'UMP tire à boulets rouge sur la politique actuelle de réduction des déficits engagée par le gouvernement, lui reprochant de plonger le pays dans l'austérité, elle propose de : (...) revenir à un taux de dépenses publiques de 50 % du PIB en cinq ans. Soit un effort considérable de 130 milliards d'euros : 10 % de la dépense publique (...)

Ce à quoi l'UMP ajoute qu'il est impératif de procéder à un désendettement de la France, oubliant au passage qu"elle a très largement contribué à ce que la dette pèse plus de 90% du PIB.

Comment fait-on ?

Taper sur les fonctionnaires, ce qu'elle fait depuis toujours

Passage à 39 heures du temps de travail des fonctionnaires
Non-remplacement de deux fonctionnaires sur trois partant à la retraite

Ce qui se traduira très probablement par : Travailler plus et gagner la même chose. Ce qui est amusant, lorsqu'on sait que l'UMP n'a de cesse de reprocher à l'actuel gouvernement de faire baisser le pouvoir d'achat des salariés. Mais dans la mesure où à droite on a toujours cultivé une haine viscérale du fonctionnaire ...

Et en ce qui concerne la compétitivité des entreprises direz-vous ?

L'UMP n'ayant qu'un seul référent : le Medef, au point de faire des copiés/collés de ses demandes, nul ne s'étonnera par conséquent de retrouver dans ses nouvelles propositions, le retour de la TVA sociale destinée à transférer certaines cotisations sociales des entreprises vers les consommateurs : « (...) Baisse de 10 % des charges sociales sur les salaires en supprimant les cotisations sociales « famille » ce qui : (...) représenterait une « bouffée d'oxygène de 33 milliards pour l'emploi et l'innovation » Le tout étant compensé théoriquement par une hausse de 3 points du taux supérieur de TVA.

Ce à quoi, il faut ajouter : « (...) 13 milliards de baisse des charges que permettait la TVA anti-délocalisations votée en fin de mandat de Nicolas Sarkozy, ainsi qu'une baisse de 10 milliards des taxes pesant sur la masse salariale et le chiffre d'affaires des entreprises ». Concernant les 10 milliards, on notera au passage que l'UMP indique que : « Ces sommes seront au besoin compensées par des dotations budgétaires gagées par des baisses de dépenses » en gros, on ne sait pas où, mais on verra plus tard ...

Coût de l'ardoise ? Plus de 40 milliards

Somme qui est à rapprocher d'une demande faite par le Medef en novembre 2011, dont Slovar vous avait parlé !

A cette date, le Medef présentait trois scénarios de transfert de certaines cotisations sociales vers l'impôt. Ses propositions allaient de 30 milliards en hypothèse basse à 70 milliards dans la plus haute. Que disait Laurence Parisot de l'utilisation de ces montants que l'UMP souhaite dédier à l'emploi et l'innovation ? :  « (...) l'entreprise pourra profiter des baisses de cotisations pour baisser son prix hors taxes, investir, augmenter les salaires... ou conserver sa marge. Pas question, a d'ailleurs prévenu le patronat, de négocier des engagements. « Il faut laisser la liberté d'utiliser les marges de manoeuvre »

Donc fin programmée d'une belle légende en cas où l'UMP revenu au pouvoir mettait en place de tels cadeaux aux entreprises !

La seule vraie nouveauté de ces propositions, repose sur un constat : Dans la mesure où l'UMP n'envisage pas une seconde de contraindre les banques de faire leur métier, en prenant le risque de financer sérieusement l'économie réelle alors, que de nombreuses entreprises ont un besoin criant de trésorerie, une idée de génie est sortie de la tête d'Hervé Mariton : Mettre la main sur l'épargne des français !

De quelle façon ?

« ( ...) Hervé Mariton veut rendre l'épargne plus « productive ». En abaissant les plafonds des livrets réglementés (hors LEP) et en allongeant, de huit à douze ans, la durée nécessaire pour être exonéré d'impôt sur l'assurance-vie (...) »



En clair, puisque les français ont, à juste titre, fuit la bourse, on va les y faire revenir et, orienter leur épargne dans des placements à risque. Placements que les banques, dont le comportement spéculatif à l'origine de la crise économique actuelle, a été notoirement constatée, se feront un plaisir de leur proposer.

ça n'a strictement aucune chance de relancer la compétitivité mais, le tout couplé au gel ou baisse des salaires, suppression de RTT, ... pour les salariés, prévus par l'ANI, permettra aux actionnaires de se cotiser pour envoyer quelques caisses de champagne à l'UMP au cas où elle reviendrait aux affaires ...

Source copies d'écran
Les Echos
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Le Dauphiné

09 janvier 2013

Compétitivité :" Les profits d’hier n’ont pas été les investissements d’aujourd’hui "

" La dégradation du taux de marge et du potentiel de croissance de l’économie n’est pas due à des salaires directs ou indirects excessifs " explique preuves à l'appui, Liêm Hoang-Ngoc, économiste, Maître de conférences à l’Université de Paris I. Par contre, le Medef et ses "experts" aimera bien nous le faire croire !

Si on écoute un tant soi peu Laurence Parisot ou sa garde rapprochée, la situation actuelle des entreprises n'est due qu'aux 35H00, au manque de flexibilité des salariés et, bien entendu aux salaires trop élevés, face à la concurrence internationale. Salaires qui sont très souvent désignés comme étant les premiers responsables de la dégradation des marges des entreprises françaises.

Cette dernière accusation restée longtemps sans réponse est démontée pièce par pièce par Liêm Hoang-Ngoc, économiste, membre du bureau national du PS et député européen dans une tribune qu'il a publiée le 8 janvier dans Le Monde

Selon Liêm Hoang-Ngoc, on nous vend toujours le même argument : " (...) Lestées par un coût du travail trop élevé, les entreprises ne dégageraient pas suffisamment de marges d’autofinancement pour engager les investissements nécessaires afin de réorienter l’offre sur une trajectoire hors coût à l’allemande. La restauration des marges d’aujourd’hui serait donc les investissements de demain et la compétitivité hors coût d’après demain (...) "

Or, ce n'est pas le coût du travail qui est le premier critère mais l'augmentation des dividendes au détriment de l'investissement

" (...) que nous enseigne l’analyse de l’évolution récente du taux de marge en France ? (...) une part croissante des bénéfices fut redistribuée, au détriment de l’investissement, sous forme de dividendes. Les profits d’hier n’ont pas été les investissements d’aujourd’hui (...) "

On pourra lire à ce sujet un article publié en novembre 2008 par Michel Husson qui écrivait : " (...) la part des salaires a baissé et celle des profits a donc augmenté. Mais les entreprises ne se sont pas servies de cette manne pour investir plus. Comparant la périodes 2000-2006 aux deux décennies précédentes précédentes, un rapport de l'ONU montre que dans un grand nombre de pays, dont la France, le taux d'investissement a baissé en dépit de l'augmentation de la part des profits dans la valeur ajoutée (...) "

Ce qui est confirmé dans autre article publié en mai 2010 : " (...) Pendant ce temps les revenus nets distribués par les sociétés non financières (pour l’essentiel des dividendes) continuent leur ascension, en dépit de la crise (...)
En 2009, les entreprises consacrent donc plus de 8 % de leur valeur ajoutée aux actionnaires contre 3 % au début des années 1980
Si on prend l’excédent brut d’exploitation (EBE) comme référence, c’est près de 28 % du profit qui va aux actionnaires (13 % au début des années 1980). L’année 2009 est en quelque sorte un rattrapage du creux de 2008, et cela malgré la baisse relative du taux de marge
(...) "

De la légende du coût du travail "assassin" à la réalité de l'insuffisance de demande 

La légende : " (...) Selon l’interprétation la plus courante, le taux de marge aurait baissé à cause de l’augmentation du coût unitaire du travail (calculé en tenant compte de la productivité). Cela plomberait donc l’incitation à investir et, par voie de conséquence, la compétitivité et serait la cause de la dégradation du solde extérieur, en dehors de l’impact exercé par la hausse du prix des importations de matières premières. Pour restaurer la compétitivité, il suffirait donc de réduire le coût du travail afin de restaurer le taux de marge et rendre l’investissement profitable. Plus le choc est important (20 milliards selon Gallois), plus l’effet serait spectaculaire (...) "

La réalité : " (...) La dégradation du taux de marge et du potentiel de croissance de l’économie n’est pas due à des salaires directs ou indirects excessifs (leur progression ayant été contenue, sous la « pression exercée par le chômage » dans les négociations sociales). La baisse du taux de marge est avant tout est liée à une dégradation de la demande. La conjoncture, devenue morose à partir de 2008, a en effet amenuisé les carnets de commandes des entreprises, qui ont donc réduit leurs ventes. Leur production fut donc moins forte, sans que les entreprises n’ajustent immédiatement l’emploi à la baisse. La productivité a donc mécaniquement baissé. Le coût unitaire de la main d’œuvre a donc augmenté et, symétriquement, le taux de marge a diminué (...) "

Les entreprises utiliseront-elles le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi pour investir ?

" (...) La contraction des carnets de commandes a en effet provoqué une baisse du taux d’utilisation des capacités de production, qui se situe à son plus bas historique. Dans ce contexte, les entreprises n’ont aucune raison d’investir (...), même en présence d’une baisse du coût du travail. Elles ont d’ores et déjà tendance à déclasser leur stock de capital inutilisé et à « ajuster » leur main d’œuvre (...) "

Ce qui ne fait que confirmer les propos de Laurence Parisot qui, lorsqu'elle réclamait une baisse des cotisations sociales des entreprises, en octobre 2012, refusait la moindre contrepartie, y compris d'investissement : « (...) l'entreprise pourra profiter des baisses de cotisations pour baisser son prix hors taxes, investir, augmenter les salaires... ou conserver sa marge. Pas question de négocier des engagements (...) Il faut laisser la liberté d'utiliser les marges de manoeuvre »

Peux t-on être plus clair ?

Ce qui amène Liêm Hoang-Ngoc à conclure que contrairement au fait qu'aucune contrepartie n'a été demandée aux entreprises pour bénéficier du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), il va falloir : " (...) tôt ou tard conditionner l’octroi du CICE aux entreprises à des décisions d’investissement, dès lors que la relation causale allant du taux de marge à l’investissement n’est pas avérée (...) "

Faute de quoi, une fois de plus, dans quelques années, on ne pourra que constater que  : " Les profits d’hier n’ont pas été les investissements d’aujourd’hui ".  Ce qui n'empêchera certainement pas le successeur de Laurence Parisot au Medef d'essayer de nous démontrer le contraire !

A découvrir :

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10 décembre 2012

Coût du travail : Les belles études ( tronquées) du Medef !

Pendant qu'il continue de trainer les pieds aux négociations sur la sécurisation de l'emploi, le Medef continue d'abreuver les français de ses données statistiques censées faire porter sur les salariés et l'Etat la responsabilité du manque de compétitivité.



Même si le Medef s'est félicité du cadeau, sans contre partie, du crédit d'impôt compétitivité, il continue à publier invariablement, des études destinées à prouver qu'il n'y a pas de patrons incompétents, mais seulement des salariés couteux. 

C'est le sens à peine caché de la dernière : " l'analyse de la compétitivité des entreprises françaises " publiée le 7 décembre et disponible sur son site, qui porte le nom de : " Les chiffres du Medef - Novembre 2012 "

La dite analyse de la compétitivité des entreprises françaises n'est en réalité une compilation, partiale, de schémas empruntés : au FMI, aux douanes, à la Banque de France, l'INSEE, Eurostat, et autre OCDE.

Certainement réalisé par le service communication du Medef, il se veut une démonstration de la perte de marché et de compétitivité des entreprises françaises.

Et je dois dire que c'est bougrement bien fait puisque qu'à partir de graphiques tous plus parlants les uns que les autres, on "voyage" du constat de perte de vitesse des exportations françaises, pour passer à la baisse des marges, pour en arriver aux " responsables ", qui sont, dans l'ordre :

1 - le coût de la main d'oeuvre

Peu importe que les salariés français soient considérés, étude après étude  parmi les plus efficaces du monde en termes de productivité, le Medef brandit ses tableaux à la façon de François Lenglet et affirme, graphiques Eurostat à l'appui, que les salariés et l'état coûtent trop cher !

1ere cause : Les " Charges annexes au salaire " !

Sachez que pour établir ce graphique, Eurostat définit le coût horaire de la main d'oeuvre de la façon suivante : " Comprend la rémunération des employés, avec les salaires et espèces et en nature, les cotisations patronales de sécurité sociales, les frais de formation professionnelle, les autres dépenses telles le coût de recrutement et le vêtements de travail, et les taxes sur l'emploi considérées comme coût de main d'oeuvre déduction faite des subventions reçues

Selon ce graphique, en intégrant tous les paramètres d'Eurostat, la France se trouve la plus onéreuse d'une sélection de pays de l'Union Européenne.

De quoi faire sourire plus d'un salarié qui n'a jamais obtenu la moindre heure de formation ni avantage en nature et qui n'a jamais croisé un recruteur professionnel de sa vie !

2eme cause : " Le partage de la valeur ajoutée des entreprises "

Et là, étonnamment, plus de comparaisons avec nos voisins européens mais uniquement des courbes montrant une forte augmentation, de 2007 à 2012, tout d'abord des rémunérations "chargées" soit 3,6%, puis des salaires, qui bien qu'impressionnante en termes de courbe, ne représente en fait que ... 2,6% en 5 ans !

On pourra donc s'étonner que dans le graphique suivant qui représente le : " Partage de la valeur ajoutée depuis le début de la crise ", l'évolution des rémunérations chargée soit de + 10,9% et pas + 3,6%, alors qu'il s'agit de la même période. Mais dans la mesure où aucune explication n'est donnée, il faudra s'en contenter.

On n'oubliera pas de rappeler aux petits génies de la communication du Medef ce qu'est la notion de "charges" si bien expliquée par mon ami Gérard Filoche : " (...) Regardez vos feuilles de paie : ce qu’il y a, c’est un « salaire brut » en haut et un « salaire net » en bas. Expliquez-le autour de vous : dans les deux cas, c’est du « salaire ». Un « salaire net » qu’on touche et que l’on consomme tout de suite. Et un « salaire brut » constitué d’une partie de « cotisations sociales » : c’est une part de salaire socialisé, mutualisé, mise dans un pot commun et redistribuée à chacun selon ses besoins. C’est-à-dire que chacun cotise pour celui qui est dans le besoin lorsqu’il est malade, en accident du travail ou maladie professionnelle, au chômage, en charge de famille nombreuse, en difficulté de logement, ou encore en retraite. C’est un prélèvement volontaire et progressif, avec redistribution égalitaire. Les libéraux haïssent cela (...)

Néanmoins, la conclusion du graphique est que si la part affectée aux salariés a considérablement augmenté, la marge brute des entreprises a chuté au point de faire baisser leur profit net de 3,6% !

Ce qui exclut de facto toute augmentation de salaires et permettrait de justifier les mesures de gel et de flexibilité salariale et horaire revendiquées par le Medef. Flexibilité horaire qui bien entendu permettrait de faire travailler les salariés sans leur payer la moindre heure supplémentaire !

S'ensuit des pages de graphiques sur les finances publiques où la France est la plus mauvaise en termes de dépenses publiques, prélèvements obligatoires et déficit public, l'Allemagne étant dans tous les cas de figure meilleure que le reste de l'Europe.

Par contre, ne cherchez pas, il n'existe pas dans l'empilement de statistiques, de données sur le coût du crédit impôt recherche, sur les baisses de cotisations sociales sur les bas salaires ou sur les commandes publiques dont les entreprises privés sont bénficiaires.

Il n'en existe pas non plus sur la responsabilité des dirigeants d'entreprises qui ont préféré choyer leurs actionnaires plutôt que d'investir dans la recherche et le développement, ceux qui ont laissé vieillir l'outil de travail, le rendant de moins en moins compétitif ou bien ceux qui ont délocalisé progressivement leur production dans des pays à très faible coût de main d'oeuvre.

Le Medef n'en a pas non plus trouvé sur l'utilisation des bénéfices records des grands groupe français qui en 2007 atteignaient 95 milliards d'euro, 50 milliards en 2009 , sans oublier les 80 milliards de 2010 et les petits 46 milliards de 2011 ? 

Pas un mot non plus sur l'endettement et la gestion des entreprises. Car, comme tout le monde le sait, la dette des entreprises est forcément une bonne dette et tous les patrons sont forcement des gestionnaires hors pair ! 

En résumé un parfait document de propagande qui ne trompe personne mais qui en dit long sur le niveau d'intox que le Medef est prêt à utiliser pour flexibiliser à outrance les salariés tout en leur proposant de travailler plus pour ... regonfler les marges des entreprises et continuer de choyer leurs très chers actionnaires !


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20 novembre 2012

Salariés : Vous serez les seuls à payer le prix de la compétitivité et de la crise !

Les salariés seront les seuls à faire les frais de la compétitivité, symbole selon les « experts »  de la sortie de crise économique qui frappe, entre autre, l'Europe. En attestent les déclarations de Moody's, du Medef et du très libéral REXECODE, expliquant que le salut est dans la mise en place d'une plus grande précarité des salariés français !

Savez-vous quel est le principal obstacle à la sortie de la crise économique et financière qui frappe la France depuis la crise spéculative des subprimes ?

Les spéculateurs de tous poils, l'évasion fiscale organisée par les banques et les multinationnales dans les paradis fiscaux, les délocalisations sauvages ? Rien de tout ça, si l'on en croît l'agence de notation Moody's, le Medef et son officine Rexecode.

Non, le fléau qui nuit à la reprise économique, c'est ... le salarié !

Hé oui braves gens, le salarié français dont la rémunération moyenne tournait en 2010 autour des 2000 €, c'est à dire, dans beaucoup de cas, à peine de quoi payer le loyer et la nourriture correcte d'une famille serait donc un handicap majeur pour la relance de l'économie française.

Car, il faut savoir que l'agence de notation Moody's les a clairement montré du doigt dans sa décision de dégrader la note de la France. Extrait : « (...) La France a aussi un autre défi structurel selon Moody's : la réforme du marché du travail dont l'agence pointe des rigidités durables. Et de dénoncer : « une protection importante pour les contrats à durée indéterminée, rendant les licenciements particulièrement difficiles et source de freins à l'embauche (...) » 

Ce qui a permis à Laurence Parisot de se ruer sur le premier micro pour déclarer : « il est temps, pardonnez le néologisme, de détabouiser le mot de flexibilité, c'est la clef pour réussir cette négociation, il faut arrêter d'avoir peur du mot, nous avons besoin de flexibilité pour recréer des emplois »

En clair : Il n'y a plus assez de travail à partager, donc, partageons le chômage entre tous ! 

Et la patronne du Medef d'ajouter : « (...) Nous ne signerons pas d'accord si du côté des organisations syndicales, il n'y a pas une acceptation de principe ou des principes que nous mettons derrière la notion de flexibilité (...) Pour que les entreprises embauchent, il faut diminuer l'aléa judiciaire sur les procédures individuelles ou collectives de licenciement (...) en plafonnant pour les TPE et PME les dommages et intérêts accordés aux salariés par les prud'hommes (...) » Et de conclure, sans rire : « (...) que les entreprises puissent procéder à des reclassements ou redéploiements sans avoir à passer par un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), afin d'aller beaucoup plus vite et de manière beaucoup plus rassurante pour tout le monde (...) »

Seul regret inavoué de notre amie Laurence, c'est que les salariés aient cessé trop tôt de croire au Père Noël ! C'eut été préférable, dans la mesure où, chacun d'eux sait parfaitement qu'il n'existe aucune corrélation entre facilité de licenciement et embauche. Si ce n'est de recruter des salariés moins payés, en lieu et place de ceux dont on s'est débarrassé ! Quant à croire que les employeurs vont gentiment reclasser les salariés dont ils n'ont plus besoin, on frise le grandiose ! Surtout lorsqu'on se souvient des offres de reclassements en Bulgarie ou Roumanie avec, bien entendu, un salaire ... local. 

Il ne vous étonnera pas, au passage, que le Medef allié de circonstance de la CGPME n'entend pas céder à la demande de modulation des cotisations chômages, pour les contrats précaires. Demande qu'elle a renvoyé à la renégociation de l'assurance chômage, prévue fin 2013.

Dans ce concert, il ne manquait que la caution traditionnelle d'une officine pseudo scientifique souvent citée par le Medef pour ses études et travaux, j'ai nommé : Rexecode

Dans la mesure où on apprenait que la France avait cessé de perdre des parts de marché à l'exportation, il était nécessaire de faire intervenir ces spécialistes, pour ne pas gâcher le tableau brossé par Moody's et le Medef. Ainsi, Rexecode, après avoir du bout des lèvres, constaté que la compétitivité française avait tendance à se : « (...) stabiliser par rapport à celle des autres pays de la zone euro (...) » montre à son tour du doigt ces nuisibles de salariés français : « (...) l'évolution du coût du travail n'incite pas à l'optimisme. Depuis deux ans, le coût salarial unitaire augmente plus vite que dans les pays du sud de l'Europe, alors que ce n'était pas le cas auparavant. En d'autres termes, l'Italie, l'Espagne ou encore le Portugal regagnent en compétitivité-coût au prix de l'austérité salariale, ce qui n'est pas le cas en France (...) Pour Rexecode, l'annonce d'un crédit d'impôt de 20 milliards pour les entreprises est donc forcément une bonne nouvelle (...) Mais cela ne peut être suffisant, selon lui. Il faut qu'il s'accompagne d'une flexibilisation du marché du travail, sur le modèle allemand (...) notamment la possibilité de déroger, par accord d'entreprise, aux conditions imposées dans la branche, notamment sur la question des salaires et du temps de travail (...)  »

Le taux de chômage a t-il baissé en Italie, au Portugal ou en Espagne ? Non, bien entendu, mais comme nous vous l'expliquions précédemment, la baisse des salaires a fait le bonheur de constructeurs automobiles comme Renault ou Ford qui se sont rués en Espagne où, il est facile d'imposer à peu près n'importe quoi à des salariés forcés de l'accepter, sous peine de voir les emplois partir ... où c'est encore moins cher, et moins contraignant socialement parlant !

Les actionnaires quant à eux se réjouissent de ces propositions qui, sans nul doute, devraient, au travers du regonflement des marges des entreprises, leur offrir d'excellents dividendes. Du moins dans un premier temps, puisque dans la mesure où chaque pays de l'union européenne aura à coeur de paupériser toujours un peu plus ses salariés, qui consommeront de moins en moins, le jeu devrait prendre fin à moyen terme.

Ensuite que fera t-on ?

Hé bien nul ne le sait. Après tout, c'est ça la mondialisation Coco ! 


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06 septembre 2012

La compétitivité est un leurre dangereux !

Selon les dirigeants d'entreprises et les économistes, les problèmes de la France se résument à un banal problème de compétitivité. Symbolisée par les accords compétitivité-emploi, elle n'est qu'une spirale infernale pour les salariés. 


Un des gourous américains du marketing disait, il y a quelques années : " Il faut arrêter de réfléchir en termes de marges mais plutôt en termes de prix que le consommateur est prêt à payer "

Ce qui s'est avéré vrai, puisque le grand public est prêt à payer des sommes disproportionnées pour le dernier smarphone à la mode et que les plus riches d'entre nous sont capables d'attendre des années pour se faire livrer une voiture d'exception.

Dans l'industrie électronique, on sait depuis longtemps faire travailler des sous traitants asiatiques, pratiquant de très bas salaires, tout en investissant dans la communication et la publicité. Tout comme l'industrie textile sportive, par exemple, où le moindre maillot se négocie à 75 €, et la dernière paire de basket à la mode 140 €

Dans le monde du luxe, on entende très peu de plaintes de la part des dirigeants de LVMH, d'Hermes, de Breitling, de Rolex, Ferrari, Rolls ou Aston Martin, au sujet de la compétitivité. 

Dans les deux cas, nous sommes devant des cas de marges juteuses pour des produits pour lesquels les consommateurs ne discute pas le prix puisque la passion fait place à la raison.

Et puis, il a les achats de raison, les plus nombreux, qui sont soumis à la plus féroce concurrence. Dans ce cas, le consommateur, pour des raisons bien souvent budgétaires va faire jouer la concurrence et s'orienter vers les prix les plus avantageux ou les plus bas.

Comment en ce cas, les industriels français peuvent-ils répondre à la demande de "raison" ?

Pour certains, en délocalisant la production dans des pays à bas coût de main d'oeuvre, et pour d'autres, en envisageant de faire participer leurs salariés à la baisse des prix de leurs produits.

Comment envisagent-ils le faire ?

Hé bien tout simplement au travers d'accords compétitivité-emploi et de flexibilité accrue. Ce qui signifie que les salariés accepteraient de baisser temporairement (ce qui reste à prouver) leurs salaires, ne plus avoir d'horaire légal de travail, ou éventuellement travailler gratuitement au delà des 35H00 légales.

Admettons cette "participation" des salariés à la compétitivité de leurs entreprises permette de baisser le prix des produits qu'ils fabriquent. Il est plus que probable que leurs concurrents étrangers, de peur de perdre des parts de marché, demanderont des efforts identiques à leurs salariés, ou chercheront tout simplement un pays ... encore plus accueillant au niveau des salaires et conditions de travail.

L'entreprise française se verra donc obligée de demander un nouvel effort à ses salariés, ce qui déclenchera une réaction identique des ses concurrents étrangers ... Ce petit jeu pourrait continuer jusqu'au moment où les entreprises ne verseraient plus de salaire. Mais il aurait longtemps qu'il n'y aurait plus d'acheteur pour les produits.

Ce raisonnement qui peut paraître absurde est pourtant celui que l'on essaye de faire croire à l'ensemble des salariés. Salariés à qui on répète en boucle que ces mesures n'ont pour but que de préserver les emplois, alors que nul ne sait si les sacrifices qu'ils auront consentit donnera un avenir à leurs usines.

La réalité c'est que le libre échange a atteint ses limites. Lorsqu'on sait que la Chine, par transferts technologiques dispose aujourd'hui de tous les moyens intellectuels et techniques lui permettant de noyer le reste du monde de produits "achats de raison" et qu'il est le premier sous traitant des fabricants des "achats de passion" il est clair que mettre en place la spirale de baisse des salaires des ouvriers français n'a aucun sens !

En clair, Il serait nécessaire :

De revoir de fond en comble la nature des accords d'échanges entre pays adhérents à l'OMC
De se pencher sur les trous de la passoire européenne
D'exiger que pour exporter en Europe, les normes définies par l'Organisation Internationales du Travail soient clairement appliquées.

C'est pas demain la veille direz-vous ?

Et c'est bien dommage, car si ces exigences ne sont pas appliquées, ce sont les seuls salariés qui payeront la folie de la compétitivité.

Mais n'ayez crainte, cet appauvrissement progressif des salariés ne profitera pas uniquement aux éventuels consommateurs. Une partie de ce qu'ils auront cédé intégrera la poche des actionnaires qui, de toute façon, n'ont aucune envie de participer à la compétitivité des entreprises.

Quand on vous dit que la compétitivité est un leurre !