17 juin 2011

Contrat de travail unique : La précarité organisée ?

Selon l'association nationale des DRH : Il existerait en France des salariés en CDI hyper protégés qui empêcheraient les précaires en CDD de trouver leur place. Il serait donc urgent de précariser l'ensemble des salariés par un contrat de travail unique !

Le 1er novembre 2010, nous écrivions : « Trop de chômage et pas assez d'emplois. La gauche avait initié le concept du partage du travail au travers des 35H00. La droite, bien aidée en cela, par ses fondations et think tanks libéraux tiens à son idée : Flexibiliser à tous prix le contrat de travail et ainsi, partager le chômage entre tous ! » C'est au tour de l'association nationale des DRH de reprendre à son compte cette demande formulée par la Fondation Montaigne

Tout le monde le reconnaît : Depuis l'adoption de la rupture conventionnelle, il est assez facile de se séparer d'un salarié en CDI quelque soit son ancienneté.

Seulement, cette rupture ne peut s'obtenir, qu'après homologation et, bien entendu, dans la mesure où le salarié, est effectivement d'accord. Si ce n'est pas le cas, on s'oriente vers une procédure au tribunal des prud'hommes. Procédure, qualifiée par Laurence Parisot de : « facteur d'insécurité pour les entreprises » !

Du coup, depuis des décennies, les organisations d'employeurs affirment que ces protections pour les salariés sont un obstacle à l'embauche et que : « Faciliter le licenciement incite à recruter »

Quelques exemples ?

Yvon Gattaz, alors président du CNPF (ancêtre du Medef) qui avait annoncé que la suppression de l'autorisation administrative de licenciement se traduirait par la création de 400 000 emplois

Ernest Antoine Seillière, a aussi usé de l'équation simple : « pouvoir licencier en toute sécurité, c'est pouvoir embaucher plus facilement »

Et surtout : La suppression de la contribution Delalande qui était un obstacle à l'embauche des plus de 50 ans !

Avec les résultats qu'on connaît aujourd'hui !

L'effet rupture conventionnel ayant atteint sa vitesse de croisière, mais restant insuffisant, en termes de flexibilité, quoi de plus naturel d'entendre Jean-Christophe Sciberras, président de l'association des directeurs des ressources humaines, proposer, à l'occasion de leur assises nationales, où l'on va débattre, en présence de Xavier Bertrand de : « L’urgence de l’innovation sociale » l'extension à l'ensemble des salariés d'un contrat de travail unique !

Ainsi, selon Jean-Christophe Sciberras, les salariés en CDI seraient la cause du chômage des moins de 25 ans : « (...) Près d’un quart des moins de 25 ans sont au chômage et voient la perspective du CDI comme voie d’entrée principale vers l’emploi se raréfier. Il est aujourd’hui urgent de mettre un terme à un système complexe et rigide en ouvrant enfin de nouvelles pistes d'action pour une insertion durable des jeunes en entreprise (...) »

En gros, à défaut de sécuriser les plus jeunes, « insécurisons » tout le monde ! Mais, quelles sont ces : « pistes d'action » ?

Le CTU : « (...) ce contrat de travail unique s’énoncera sans référence au temps ; il sera par nature à durée indéterminée et se substituera à tous les CDI, CDD, contrats de missions, contrats saisonniers, actuellement en vigueur (...) »

Et en cas de licenciement ? : « (...) Les motifs de rupture seront alors la faute du salarié, la rupture d’un commun accord, ou la fin de l’activité sur laquelle ce salarié avait été affecté. Ce contrat à durée indéterminée pourrait être rompu assez facilement, du moins au début, la sécurité du salarié se renforçant au fur et à mesure que son ancienneté progresse dans l'entreprise (...) »

L'idée n'est pas vraiment nouvelle, écrivait déjà, le site web chefdentreprise en octobre 2007 : « Elle a été lancée en 2004 par les économistes Pierre Cahuc et Francis Kramarz, puis reprise par Michel Camdessus, ancien directeur du FMI. (...) En cas de licenciement, les exigences juridiques pesant sur l'entreprise seraient allégées (plus d'obligation de reclassement interne ou externe et le juge ne pourrait plus vérifier l'existence d'un motif économique) . Un allégement toutefois compensé par le paiement, au moment du licenciement, d'une indemnité proportionnelle à l'ensemble des salaires versés tout au long du contrat de travail (...) Et c'est ce que déplorent les associations patronales, qui trouvent ce contrat encore trop rigide pour être unique (...) »

Débat, relancé lors de la tentative de mise en place des CNE et CPE (2007). A cette époque, le syndicat Sud expliquait : « (...) les CDD et intérim ne représentent que 12 % des emplois et l’on voit bien du coup la bonne affaire pour le MEDEF consistant à précariser près de 90 % des salariés pour, prétendument nous le verrons, en « sécuriser » 12 %. En effet le salarié en CDD est quasi inlicenciable entre les dates de son contrat, ce qui n’est déjà pas le cas avec le CDI actuel et qui ne le sera plus du tout avec le Contrat de Précarité pour Tous (...) »

Certes, Nicolas Sarkozy qui avait inclut le contrat de travail unique à droits progressifs dans son programme l'a oublié en cours de route. Et, à quelques mois de l'élection présidentielle, il paraît peu probable, que celui-ci prenne le risque, de se mettre à dos, les électeurs salariés.

Mais dans la mesure où, comme le fait remarquer Le Figaro : « (...) Nul doute que le ministre du Travail, qui avait défendu l'idée d'un contrat de travail unique comme porte-parole du candidat Sarkozy, accueillera cette proposition d'un bon œil (...) » il n'y aurait rien d'étonnant que cette mesure puisse ressurgir, en cas de réelection de Nicolas Sarkozy et de l'UMP en 2012 !


Crédit photo
Relations sociales

16 juin 2011

Emploi : Devenir fonctionnaire pour avoir un avenir ?

Contrairement au discours des libéraux de la majorité présidentielle, les français apprécient leurs fonctionnaires. Au point que 2 Français sur 3 encourageraient leur enfant à le devenir. Il faut dire que pour avoir un avenir, le privé est de moins en moins indiqué !

Lorsque j'étais gamin, mes grands parents qui avaient connu deux guerres, le krach de 1929 et les longues périodes de chômage me répétaient à l'envie : Le meilleur métier c'est l'administration ! Choix que je n'ai pas fait à l'époque, puisque dans les années 80, comme disait Coluche, dans le privé : « C'était pas beaucoup payé, mais du boulot, y en avait ». Oui, mais depuis, c'est encore moins payé et ... y en a plus !

Autre inconvénient actuel du privé : Viellir au travail. En effet, le taux de chômage des plus de 50 ans littéralement explosé depuis la dernière crise économique et se maintient à un niveau particulièrement élevé

Alors, dans ces conditions, comment ne pas décider de faire son parcours professionnel dans la fonction publique ? qui vous évitera, entre autre, après la perte de votre emploi, de vous retrouver en « fin de droits » et sans aucune indemnité et éventuellement de plonger dans la plus grande des précarités ?

Mais, traditionnellement à droite, on a toujours fustigé la fonction publique, source de dépenses non productives, en oubliant très souvent qu'une grande partie de ses élus n'ont jamais travaillé dans le privé sauf ... en fin de mandat et/ou dans le cadre d'un pantouflage.

Ce qui n'est pas l'avis d'une majorité de français. En effet : 2 français sur 3 qui encourageraient leurs enfants à devenir fonctionnaires, selon une étude, peu médiatisée d'IPSOS/la Mutuelle nationale territoriale

Mais, cette étude montre également que : « (...) Des années de discours souvent dévalorisants n’ont pas entamé l’attachement des Français aux agents de la fonction publique (...) »

En effet : « Cette enquête montre d’abord que l’image des fonctionnaires ne divise pas les Français. Les bonnes opinions sont en effet majoritaires, tant auprès des sympathisants de gauche que de ceux de l’UMP (...) les salaires des fonctionnaires ne soulèvent pas davantage de controverses : pour 40 % des Français, le montant de leur rémunération n’est « ni trop fort ni trop faible »

Et contrairement à ce qu'affirme le Président et sa majorité : « Une nette majorité de l’opinion ne pense pas non plus que le nombre d’agents est trop élevé »

Autre enseignement de l'étude, alors que : Depuis 2007, 100.000 postes de fonctionnaires ont été supprimés et qu'en 2011, ce seront 34.000 postes de fonctionnaires qui subiront le même sort : « (...) 2/3 des sondés estiment que les thèmes évoqués plus après – remplacement des fonctionnaires, rémunérations – pèseront sur leurs choix de vote pour l’élection présidentielle de 2012. Ces différents éléments viennent donc utilement éclairer le débat sur l’avenir des services publics qui ne manquera pas de s’ouvrir pendant la campagne ».

Et peut être permettre à l'UMP de méditer sur les propos de Philippe Séguin qui affirmait qu'en termes d'effectifs de la fonction publique le gouvernement avait adopté une « démarche purement quantitative (...) principalement par des considérations budgétaires de court terme (...) »


Les français et la fonction publique

Salon de l'emploi public 16 - 17 et 18 juin


Crédit image
Salon de l'emploi public

15 juin 2011

Pôle Emploi : Une fusion pour le meilleur qui aboutit ... au pire ?

Le Comité Economique, Social et Environnemental vient de rendre public son rapport sur la réforme du service public de l'emploi. Le constat est sévère, tant sur la fusion hâtive que sur les moyens alloués à Pôle Emploi !

Pour ceux qui sont au chômage depuis de longs mois, la lecture du rapport du Comité Economique Social et Environnemental, traitant de : la réforme du service public de l'emploi, n'est en aucun cas une surprise. En effet, ils y retrouveront le condensé de leurs rapports avec Pôle Emploi, et de leur sensation d'impuissance de ce service public, à leur trouver une solution, pour reprendre leur place, dans le monde du travail.

Déception, Colère, fatigue, amertume, renoncement sont devenus le lot de tous ceux à qui on avait expliqué en 2007 qu'on allait mettre : « notre service public de l'emploi au niveau des meilleurs standards européens » C'est du moins ce que déclarait Nicolas Sarkozy : « (...) Il y a trop d'énergie perdue, trop de temps perdu (...) avec la fusion, on va passer à la vitesse supérieure (...) »

D'ailleurs Christine Lagarde, à l'époque était formelle : 2 Octobre 2007 - Interview aux Echos « (...) Chaque agent aura pour mission de suivre 30 demandeurs d'emploi en moyenne, au lieu de 60 actuellement (...) Cette fusion doit nous permettre de ramener le taux de chômage à 5 % avant la fin du quinquennat, et nous rapprocher d'un taux d'emploi de 70 %. L'objectif est d'améliorer le service rendu aux demandeurs d'emploi et aux employeurs. Avec la fusion de l'ANPE et de l'Unedic, chaque chômeur disposera d'un interlocuteur unique, qui assurera à la fois son accueil, son inscription, son indemnisation et son accompagnement dans la recherche d'un nouvel emploi (...) Notre objectif est avant tout d'être plus efficace et plus réactif dans le service offert aux demandeurs d'emploi, et non pas de réaliser des économies (...) »

Résultat ? En 2010, on pouvait lire : « (...) Les conseillers suivent un nombre record de demandeurs d’emploi, supérieur à 90 en moyenne, loin de l’objectif de 60. Les ratés de la réforme, sources de « désorganisation » voire de « déshumanisation », ont été dénoncés par les syndicats et les associations de chômeurs (...) Surcharge de travail avec plusieurs centaines de milliers de nouveaux inscrits, effectifs insuffisants, formations trop courtes, problèmes matériels (bureaux, informatique) figuraient dans les motifs de mécontentement exprimés lors de plusieurs grèves des salariés en 2009, dont trois nationales (...) »

Certes, la crise financière qui a débouché sur une crise économique n'a pas arrangé les choses mais, comme l'explique Michel Abhervé (1) sur son blog : « (...) si la crise et l’augmentation corrélative du nombre de demandeurs d’emploi ont accru la difficulté, elles n’en sont pas la cause, même si elles les ont rendues plus visibles, et dans certains cas plus criantes (...) »

Constat : « La réorganisation s'est faite au pire des moments, le déclenchement de la crise économique ayant entraîné une explosion du nombre de demandeurs d'emploi (+587.000 sur la seule année 2009). Mais la réforme n'a pas été suffisamment préparée (...) aucune étude d'impacts, évaluant ses conséquences sur le plan organisationnel et budgétaire, n'a été réalisée » Ecrit Capital. En effet, on peut lire en page 26 du rapport : « Ce n'est qu'au premier trimestre 2010 que Pôle Emploi a initié une réflexion globale sur l'optimisation et la rationalisation des fonctions support, leur définition et leur poids, notamment en région (...) »

Quid du guichet unique, de l'unification des métiers des agents de Pôle emploi, des moyens financiers promis par l'état ?

« (...) La fusion des réseaux de l’ANPE et des Assédic lors de la création de Pôle emploi a conduit à une diminution du nombre des implantations (...) Un schéma cible d’implantation a été adopté, de manière tardive, par le conseil d’administration le 24 septembre 2010. Il prévoit une amélioration de la proximité, de sorte que 80 % des demandeurs d’emploi soient à moins de 30 minutes (par des moyens de transport usuels) d’une agence locale. Ce schéma propose une légère réduction du nombre des agences. En mai 2010, seuls 138 sites sur les 907 mixtes déployés (sur une cible comprise entre 1 000 et 1 200) semblent pouvoir être considérés comme pérennes et s’inscrire dans ces schémas (...) » page 21

l'Unification illusoire des métiers

« (...) L’un des principes accompagnant la fusion était l’unicité, à la fois de lieu mais aussi de personne pour l’accueil, l’accompagnement et l’indemnisation du demandeur d’emploi (...) Il s’est rapidement avéré que les deux métiers ne pouvaient en définitive être regroupés de cette façon compte tenu de leur grande complexité respective (...) Pôle emploi a, dès lors, retenu l’idée d’un socle commun de compétences permettant aux agents de répondre à toutes les questions de premier niveau et de conserver un second niveau d'expertise professionnelle avec un volant de 20 à 25 % de personnes totalement polyvalentes, nécessaire au moment des pointes d'activité saisonnière. Ce changement d’orientation témoigne d’une réflexion insuffisamment aboutie en amont sur la polyvalence des agents et la fusion des métiers et posant la question du rôle précis du conseiller personnel (...) » page 29

Un désengagement de l’État mettant à mal l’autonomie budgétaire

« (...) Pour pouvoir mener à bien ses missions, Pôle emploi doit être doté des moyens budgétaires suffisants (...) Or, dans la période récente, trois mesures ont renforcé la contrainte budgétaire de Pôle emploi :

- en 2009, la subvention de l’État au titre du programme « accès et retour à l’emploi » prévue par la loi de finances a été réduite de 187 millions d'euros ;
- le transfert des salariés de l'AFPA chargés d’orientation n'est pas compensé (coût de 52 millions d'euros en 2010 et 72 millions d’euros en 2011) ;
- la diminution du financement de l’État à hauteur de 82 millions d’euros des frais de gestion de l’Allocation de solidarité spécifique (ASS), corrélativement à l’annonce de la suppression de 1 800 emplois à Pôle emploi (...) »

Fort de ces analyses, le Comité Economique, Social et Environnemental indique un ensemble de recommandations à Pôle Emploi et aux pouvoirs publics. Page 4

« Recommandations à Pôle emploi

1. Assurer un développement harmonieux des différents canaux d’accès
2. Garantir une réelle personnalisation du service rendu
3. Renforcer la différenciation des parcours d’accompagnement
4. Développer l’activité de prospection et de suivi des offres d’emploi
5. Amplifier l’aide au recrutement notamment en direction des PME/TPE
6. Améliorer la procédure et le service d’indemnisation
7. Mieux répondre aux préoccupations des usagers
8. Développer l’offre de service en matière de formation
9. Faciliter la mobilisation des droits individuels
10. Mobiliser davantage le recours aux contrats aidés et en alternance
11. Poursuivre la structuration du réseau sur la base du schéma-cible
12. Renforcer la coopération avec les autres acteurs du SPE
13. Mieux prendre en compte les risques psychosociaux des agents
14. Engager une réflexion sur l’évolution des métiers

Recommandations aux pouvoirs publics

1. Intensifier l’effort de formation
2. Sanctuariser les crédits d’intervention en faveur des demandeurs d’emploi
3. Construire un portail d’information sur l’offre de formation disponible
4. Mieux articuler activités réduites, chômage partiel et formation
5. Accroître les moyens de Pôle emploi
6. Rénover la gouvernance de Pôle emploi
7. Repenser la gouvernance régionale
8. Revoir les indicateurs de performance de la convention tripartit »

Seront-elles suivies par le gouvernement ? Mais dans l'immédiat, comme nous l'explique Michel Abhervé (1) : « (...) Ce rapport va maintenant être soumis au vote : on suivra avec intérêt celui d’une des nouvelles personnalités qualifiées membres du CESE, Raymond Soubie, qui fut un des architectes de cette réforme quand il était le Conseiller social de Nicolas Sarkozy et dont nous verrons s’il vote un avis fort critique par rapport à une réforme qu’il a pour une très large part conduite au plus haut niveau de responsabilité (...) »

Et dans la mesure où, reconnaître l'ampleur d'un tel échec, à quelques mois de la présidentielle pourrait être dommageable, on peut imager que les conclusions et préconisations du rapport pourraient terminer ... au fond d'un tiroir ou sur une étagère ... bien haute !


Rapport du Comité Economique, Social et Environnemental sur la réforme du service public de l'emploi

(1) Professeur associé à l'université de Paris Est Marne la Vallée, il y enseigne l'économie sociale et les politiques publiques dans une licence professionnelle « Management des organisations de l'économie sociale »

14 juin 2011

Prime aux salariés : « Nul ne saura qui a reçu quoi, quand et combien » ?

Sans surprise, on apprend que, suite au lobbying des organisations d'employeurs contre le projet de prime aux salariés : Celle-ci, rencontre, avant sa discussion, ce soir à l'Assemblée : « beaucoup de réticences des élus de l'UMP »


Le 5 février 2009, Nicolas Sarkozy le « monsieur plus » du pouvoir d'achat et de la répartition des bénéfices déclarait, avec une fougue quasi marxiste : « Le compte n'y est pas pour les salariés », et de dénoncer « le siphonage des profits par les actionnaires »

Or, ce soir, commencent à l'Assemblée Nationale, les discussions sur : « le versement d'une prime aux salariés des entreprises de plus de 50 salariés dont le dividende par action augmente par rapport à la moyenne des deux exercices précédents » Voulue par notre Président nous rappelle Le Monde

Cette discussion, risque bien de mettre fin aux grands discours de l'exécutif, et laisser un goût amer à l'ensemble des salariés français. Ces mêmes salariés qui vont constater que, si l'état peut modifier le code du travail à la demande des employeurs, il ne peut les contraindre à augmenter les salaires ou accéder à : « (...) la demande des salariés d'être associés aux bénéfices des entreprises dont ils ont contribué à créer la richesse (...) »

Car, comme nous vous l'expliquions sur Slovar le 31 mai dernier dans : « Prime aux salariés : Députés et Sénateurs vont-ils donner satisfaction au Medef ? »

Laurence Parisot avait définit la stratégie de son organisation de la façon suivante : « On va expliquer aux députés, aux sénateurs » (...) Plus simplement, l'organisation patronale va effectuer, une vaste opération de lobbying auprès des parlementaires (...) »

Hier, à 24H00 du début de la discussion à l'Assemblée Nationale, le Medef a publié sur son site Web, un texte cosigné avec la CGPME et l'UPA : « La CGPME, le Medef, et l’UPA rappellent leur opposition à une prime liée aux dividendes »

Si celui-ci, rapelle l"hostilité des organisations patronales à la prime, pour des raisons plus ou moins idéologiques, comme : la non ingérence de l'état dans la vie des entreprises ou la méconnaissance des pouvoirs publics de la situation des entreprises, versant des dividendes. On notera le message ( volontairement surligné en gras sur le site), adressé aux députés

Extrait : « (...) nous appelons les parlementaires à bien peser les conséquences de leur décision. Laisser l'Etat s'immiscer dans la gestion des entreprises, c'est ouvrir la porte à une forme de dirigisme préjudiciable au fonctionnement normal de l'économie de marché. De plus, créer de faux espoirs par une mesure dogmatique contribuera à dégrader le climat social à l'intérieur comme à l'extérieur des entreprises (...) »

On pourra, au passage, faire remarquer à Jean-François Roubaud, président de la CGPME et auteur de cette phrase, qu'il a moins de scrupules à recevoir des aides de l'état ou en réclamer. Mais, obtenir le beurre et l'argent du beurre, est une statégie patronale de longue date !

Néanmoins, les députés de l'UMP semblent avoir compris le message, puisque, selon les mots du député UMP Yves Bur : « rapporteur du projet de loi rectificatif de la Sécurité sociale qui inclut le dispositif : il y a au sein du groupe UMP beaucoup de réticences à accepter ce mécanisme. On peut s'interroger sur le principe d'un telle prime (...) »

Ce qui fait dire à Alain Vidalies (PS) : « (...) A l'inverse de ce que les Français avaient compris, cette prime n'aura rien d'obligatoire : il s'agit simplement d'une obligation de négocier qui pourrait à la limite n'aboutir qu'au versement d'un euro (...) »

D'où, une issue que chacun conçoit, et parfaitement résumée à l'AFP, par un parlementaire : « Au final, on aura du mal à savoir comment cela s'est passé, et à savoir qui a reçu quoi, quand et combien »

En contrepartie, les parlementaires UMP savent parfaitement que :

le bouclier fiscal supprimé ne le sera : « (...) qu'à compter des impôts directs payés en 2011 et 2012 au titre des revenus réalisés en 2011 ». Ce qui représentera encore un coût pour les caisses de l'Etat de 550 millions d'euros en 2012 et de 200 millions d'euros en 2013, selon le président PS de la commission des Finances de l'Assemblée, Jérôme Cahuzac »

Les oeuvres d'art continueront d'être exclues de l'assiette de l'ISF et que les artistes et producteurs (producteurs de disques et aux artistes-interprètes les plus fortunés) garderont leurs exonérations d'ISF

Oui, mais : « un chef d'entreprise, un rentier, un artiste, un collectionneur, contrairement à une caissière ou un employé de bureau, ça peut quitter la France et faire diminuer le rayonnement et le pouvoir d'attraction international de notre beau pays ! » expliqueront probablement, les députés UMP et les organisations d'employeurs, au salariés, en enterrant joyeusement, une des innombrables promesses ... non tenues de notre Président !


Crédit image
Plantu

13 juin 2011

Bernard Tapie : Nouveau « président du pouvoir d'achat » ?

Le site bernardtapie.com affirme proposer : « des solutions dans de nombreux domaines pour dépenser moins et mieux ». Plus insolite, il se propose de venir en aide aux : « fichés, surendettés et débancarisés » !

« Fichés, surendettés et débancarisés » unissez-vous ! ... sous la bannière de Bernard Tapie. C'est le sens de l'appel insolite que l'on peut trouver sur le site bernardtapie.com, fondé par Laurent Tapie en avril 2009

Sur ce site, on peut aussi lire la profession de foi du fondateur : « (...) Depuis la crise des subprimes, qui n’a épargné personne, il y a aujourd’hui, plus que n’importe quand depuis 20 ans, un véritable problème de pouvoir d’achat en France (...) » et précise t-il : « (...) Bernard et Laurent Tapie ont décidé d’unir leurs efforts (...) » et un peu des ... 285 millions d'euros, attribués par une décision, qui pourrait valoir, à Christine Lagarde, le 8 juillet prochain, une éventuelle enquête de la Cour de Justice de la République, pour abus d'autorité.

Mais, n'anticipons pas, et lisons plutôt, les missions et cibles de ces apôtres du pouvoir d'achat, que n'aurait pas rénié, notre Président de la République ... lorsqu'il était candidat !

« Mission : Redonner du pouvoir d'achat à tous les français en leur permettant de faire des économies (immédiatement). En leur permettant de trouver de nouvelles sources de revenus et de se constituer un patrimoine (dans quelques mois) (...) La cible : Ceux qui subissent le plus la crise (les 50% des français qui gagnent le moins) (...) »

Et de promettre : « En prenant à chaque fois LE TIERS de l’économie maximale possible avec BernardTapie.com, pour chaque poste du budget sur lequel nous proposons des solutions, l’économie théorique totale permettrait à ces ménages, en moyenne, de plus que TRIPLER l’argent disponible restant en fin de mois (+269% d’augmentation) (...) »

Pour en revenir aux « Fichés, surendettés et débancarisés » le portrait de Bernard Tapie en page d'accueil, annonce : « On compte 4 millions de malendettés, fichés, ou débancarisés. Nous sommes en train de concevoir des solutions pour les aider. Mais nous avons BESOIN DE VOUS. Rejoignez notre combat ! »

On pourra toutefois s'étonner, que les organismes financiers, partenaires du site de Courtage lui même partenaire de ... bernardtapie.com , qui propose des : « Rachat de prêt immobilier, rachat de crédit à la consommation, rachat crédit auto » n'ait pas d'ores et déja, rejoint ce combat et proposé immédiatement d'innovantes « solutions pour les aider » mais, si l'on en croît Le Progrès, bernardtapie.com compte faire encore plus fort, puisqu'il ne viserait pas moins que : « (...) la création d’un fonds de garantie pour les interdits bancaires (...) »

En attendant que les malendettés, fichés, ou débancarisés puissent bénéficier de ce fond de garantie, le gouvernement par décision de : « Roselyne BACHELOT-NARQUIN, Ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, Eric BESSON, Ministre chargé de l'Industrie, de l'Energie et de l'Economie numérique, et Frédéric LEFEBVRE, Secrétaire d'Etat chargé du Commerce, de l'Artisanat, des Petites et moyennes entreprises » a décerné le premier : label « Tarif social mobile » à L'offre mobile ... BernardTAPIE.com. Comme nous l'apprennait Publinews

Il va s'en dire, que ceux qui avanceraient l'idée, que cette attribution soit issue d'une proximité avec le Chef de l'Etat, auraient tord ! Puisque, comme l'affirme Bernard Tapie : « J’ai dit cent fois et je redis que je ne suis pas un ami de Nicolas Sarkozy » même si, fait remarquer Le Progrès : « Bernard Tapie a organisé et assisté à l’entretien d’embauche de Bernard Kouchner comme ministre des Affaires étrangères »

Mais comment condamner un bienfaiteur de l'humanité qui explique aux exclus de la consommation : « (...) Nous ne pouvons pas toujours nous reposer sur les pouvoirs publics, quels qu'ils soient, et quelle que soit leur volonté. Les citoyens eux-mêmes doivent être conscients, volontaires et actifs (...) » Ce qui est encore plus vrai, depuis que Frédéric Lefebvre a offert un enterrement de première classe aux actions de groupe (class action à la française) !

Et dire que, la Cour de Justice de la République pourrait compromettre les chances des : 4 millions de malendettés, fichés, ou débancarisés de retrouver ... du pouvoir d'achat pour lequel, les pouvoirs publics, ne peuvent décidément rien !


Crédit image
La Voix Eco