Existe t-il autant de façon de faire le bonheur des salariés que de centrales syndicales ? C'est la question qu'on peut légitimement se poser au moment où l'intersyndicale réduite à la CGT, CFDT, Unsa, FSU et Solidaires, est en désaccord sur les actions à mener !
Si les syndicats de salariés sont d'accord sur le fait que, la croissance à l'arrêt et la politique d'austérité ne présagent rien de bon pour les salariés, il divergent, malheureusement, une fois de plus sur les moyens de se faire entendre ! D'autant que la réunion de l'intersyndicale ne fera pas le plein puisque ni FO, ni la CFTC, ni la CGC ne seront présents.
La représentativité de cette réunion de l'intersyndicale est-elle quand même assurée ?
La représentativité des syndicats de salariés issue des dernières élections prud'hommales (L’abstention était de 74,5 %) donne les résultats suivants - Source
La Croix
CGT : 33,9 %
CFDT : 21,8 %
FO: 15,8 %
CFTC : 8,7 %
CFE-CGC : 8,2 %
Unsa : 6,3 %
Solidaires : 3,9 %
Autres organisations : 1,4 %
Donc la réponse est oui. Mais une fois de plus la dispersion et les désaccords sont dommageables pour tous les salariés français qui attendent des syndicats une entente au moment où la politique d'austérité va les frapper de plein fouet.
Alors, où en est-on avant le début des discussions ? : « (...)
L'un des enjeux de la réunion de ce matin est donc de dégager une série de revendications communes, sur lesquelles l'intersyndicale a échoué jusqu'à présent. S'il y a des désaccords sur l'analyse même de la crise ou la nécessité ou non de réduire l'endettement, il y a des points d'accord clairs sur de nombreuses mesures concrètes : les syndicats veulent tous des mesures en faveur de l'emploi public, la fin des exonérations sur les heures supplémentaires ou encore une imposition des hauts revenus (...) »
écrit Leïla de Comarmond dans Les Echos
Il faut dire que pour tout arranger, François Chérèque, soucieux de montrer une fois de plus, qu'il est « l'interlocuteur privilégié du gouvernement », a tenu à se faire remarquer en lançant sa propre initiative de : «
sommet social »
Proposition reprise rapidement par François Fillon,
interlocuteur historique de la CFDT sur les retraites qui a proposé à l'ensemble des syndicats, un entretien : « (...)
pour se livrer à « un tour d'horizon des principaux sujets économiques et sociaux » du Fillon pur sucre ! Puisqu'au fond, le but est de faire échouer l'idée de la CGT d'une
grande journée de mobilisation unitaire fin septembre ou début octobre.
Qu'y aura t-il à négocier lors de ce : «
tour d'horizon des principaux sujets économiques et sociaux » ?
A priori rien, puisqu'en cette période pré électorale, le Président a
exclut toute remise en cause de la TVA réduite dans la restauration et la défiscalisation des heures supplémentaires réclamées ... par François Chérèque dans son offre de sommet social.
Si on ajoute à celà les
convergences de plus en plus importantes entre l'UMP et le Medef sur la suppression de l'horaire légal et la refonte du contrat de travail, on se demande vraiment pourquoi les syndicats se rendront à Matignon. Néanmoins,
il faut savoir que : « (...)
Laurence Parisot, s'est dite favorable, elle aussi, à l'idée d'organiser prochainement un sommet social pour aborder les sujets de la rentrée (...) » Histoire de refuser toute nouvelle contribution des entreprises, rejouer l'éternelle ritournelle des charges trop élevées et de l'incontournable maintien des exonérations multiples, ... et de rendre la pareille à François Chérèque qui lui avait
tendu la perche après les manifestations sur les retraites ?
Au delà de cette réunion médiatique qui ne satisfera personne mais donnera un peu de crédit ... photographique, au Premier Ministre. Il est évident que les salariés à temps complet, partiel et les chômeurs, vont une fois de plus se désespérer de voir les syndicats faire preuve d'impuissance par la désunion.
Impuissance et désunion qui ne sont pas de mise lorsqu'il s'agit de prendre le contrôle des caisses de sécurité sociale ou de retraite. En effet, le « mercato »
expliqué par Les Echos en juillet dernier nous prouve que lorsqu'on veut ... : « (...)
On retrouve au coeur des manoeuvres de ce mercato syndical FO et la CFDT. En dépit de leurs divergences, les centrales se sont résolues, comme lors des récentes négociations interprofessionnelles, à accorder leurs violons pour s'imposer, avec l'aval du patronat, comme les principales bénéficiaires du futur jeu de chaises musicales (...) »
Impuissance qui semble de mise, par contre lorsqu'il s'agit de faire respecter les trois priorités des salariés des entreprises des TPE et PME de moins de 50 salariés (97% des entreprises françaises) : «
Conditions de travail, revalorisation du salaire, réglementation du travail » comme l'indiquait une étude de 2010
disponible sur le site de la CFDT.
Et quid du rôle d'accompagnement des syndicats vis à vis des chômeurs ? Car à ce jour, seule la CGT au travers du
Comité national des privés d'emploi leur accorde une importance en les associant à l'action syndicale. Conçoit-on dans les autres centrales que ce rôle est dévolu aux seuls collectifs et associations de défense des chômeurs, qui font au demeurant un travail formidable, comme
AC, l'
APEIS ou le
MNCP ?
«
La rentrée de septembre sera froide »
écrivait Marc Landré, au sujet des stratégies syndicales. A moins que les syndicats ne comprennent que,
le seul enjeu qui compte pour eux et ceux qu'ils défendent, soit :
S'unir ou disparaître.
Dans le cas contraire, salariés, précaires et chômeurs pourraient bien rapidement se passer d'eux pour faire entendre leur refus d'être les seuls à payer une crise dont ils ne sont pas responsables !
Crédit et copyright photo
Le JDD