Ramener la perte de crédibilité et d'adhérents du Parti Socialiste à un montant plafond me semble un raccourci assez simpliste. Qui peut croire qu'il suffit de faire des prix discounts comme chez LIDL ou ALDI pour attirer les candidats militants à la marche en avant du Parti et surtout les classes "populaires" ou "moyennes". Si l'objectif est de retrouver les précédents adhérents à 10 ou 20 €, on peut s'interroger sur l'opportunité de faire revenir des militants à l'engagement si peu durable.
Le militantisme est en crise depuis bien longtemps et il faut avoir plus de 50 ans pour se souvenir des militants arpentant les cages d'escalier des foyers populaires. L'engagement politique demande une foi si tenace qu'il faut lui sacrifier sa vie personnelle et quelque fois professionnelle. Militer en étant salarié du privé est un exercice à haut risque.
Combien ont encore aujourd'hui cette foi ?
Les partis politiques ont abandonné (parfois volontairement) beaucoup de problème de société au monde associatif qui est aujourd'hui, trop souvent, le seul interlocuteur de ceux qu'on ne voit plus. L'état qui protège a laissé place à la délégation vers d'autres. Alors, à quoi bon se concerner pour la politique puisque de toute façon ... Le militantisme, aujourd'hui, il est dans les ONG ou dans les Restos du Cœur, DAL où on trouve des militants qui agissent et dont un certain nombre sont des chômeurs ou précaires.
Les chômeurs, les partis politiques les ont vraiment oubliés. Coluche avait particulièrement raison lorsqu'il disait : "un chômeur qui vote c'est comme un crocodile en visite dans une maroquinerie" La souffrance du manque de travail s'ajoute à l'oubli d'une société qui ne connaît que ceux qui bougent, travaillent (plus pour gagner ... ) et pourraient adhérer à un parti ou un syndicat. Et dire qu'il existe encore des syndicats qui s'opposent à ce que les chômeurs et précaires puissent être représentés dans les négociations avec l'état ou le patronat par un groupement indépendant. Ils sont des millions à se f..... complètement du prix de l'adhésion.
Où sont les partis politiques pour eux et comment les amener au militantisme ?
Reconquérir un électorat "populaire" c'est être présent systématiquement et physiquement auprès de tous ceux dont l'entreprise licencie ou ferme. C'est en utilisant systématiquement TOUS les recours (conseil d'état, conseil constitutionnel, BIT, cours de justice européenne, ...) pour ralentir ou stopper le massacre social organisé par la majorité présidentielle. C'est en arrêtant de dire que seule l'Europe peut (alors que le parlement européen est majoritairement conservateur) régler nos problèmes quotidiens. Un parti politique auquel on adhère est un parti qui lutte aux côtés de ceux qui sont agressés socialement et économiquement.
Alors, même si le geste se veut généreux, il ne suffira pas à donner envie à des citoyens qui attendent de quitter le clan de ceux "qui perdent quoi qu'il arrive"
Au-delà de l'énorme crise financière et socio économique, ils attendent qu'on leur dise ce qui changerait vraiment en cas de victoire du Parti Socialiste et elles sont nombreuses les attentes.
- Retour au droit du travail avant dé tricotage par les députés de la majorité et stricte application par une augmentation significative des prérogatives de l'inspection du travail
- Interdiction ou forte taxation des emplois précaires permanents au profit des entreprises qui emploient des temps complets
- Suppression des contrats de mission et autres contrats intermittents (demande d'extension demandée par l'UMP)
- Suppression de la notion d'emplois "raisonnables" pour les demandeurs d'emploi
- Maintien et amélioration du SMIC national (voir les débats au Sénat sur les revenus du travail )
- Création avec les collectivités locales ou territoriales d'entreprises d'économie mixte (classiques ou coopératives)
- Suppression des toutes les aides à l'emploi qui sont devenues le bonheur des chasseurs de primes ( pas d'aide pas d'emploi ... pas d'emploi. J'ai connu ça pendant 10 mois de chômage, jusqu'à ce que j'apporte une aide d'état pour pouvoir travailler)
- Création à partir des fonds propres des banques d'un établissement bancaire réservé à tous ceux qui sont au-dessous du seuil de pauvreté en lieu et place du RSA scélérat.
- Suppression des franchises médicales
- Suppression des dépassements d'honoraires médicaux qui obligent dans certains cas à ne pas se soigner
- Annulation de l'allongement de durée de cotisation pour une retraite digne.
Beaucoup me diront que c'est exactement ce qu'on pense au Parti Socialiste. Et bien, si le cas qu'on le dise, vite et FORT. Il est incroyable qu'on puisse penser à recruter des militants tout en continuant à déclarer dans les media que le parti est en train de chercher des idées (Idées qui au demeurant sont fournies par des experts ou des « think tanks » mais plus par des militants ou sympathisants. Pour beaucoup de français, le clivage droite/gauche est encore vivace et le fait d'entendre que les fondamentaux du socialisme ne semblent plus être dans l'air du temps les laissent pantois.
En gros, ils attendent de savoir si ce qui s'était levé en 1981 peut encore arriver. Foin de la flexisécurité, de la formation à tout âge et autres tutorats pour les + de 50 ans, les Français veulent un avenir pour eux et leurs enfants. A quoi bon militer même pour 1 € si le futur ne consiste qu'à fournir une béquille ou une perfusion à des acteurs économiques qui quoi qu'il arrive continueront à mieux vivre qu'eux ?
Pour avoir envie de combattre les injustices, il faut que le mouvement ou le parti politique soit clair dans ses choix et donne une vraie direction à défaut d'un projet de vie. Si c'est pour adoucir la mondialisation ou brosser dans le sens du poil les organisations patronales (qui de toute façon combattront toujours la gauche) il ne faudra malheureusement pas s'étonner que l'indifférence devienne de la révolte que ce soit par le bulletin de vote ou par la rue.