12 août 2011

Monsieur le Président : Et si vous nous reparliez du « capitalisme familial » ?

La France a décidé de restreindre les ventes à découvert, l'un des outils financier préféré des spéculateurs. Elle sera limitée à 15 jours. Un coup d'épée dans l'eau qui ne mettra pas fin à l'hégémonie du « capitalisme financier » sur le « capitalisme familial » cher à notre Président !

En septembre 2007, alors qu'on ignorait l'impact réel de la crise des subprimes, Nicolas Sarkozy et Angela Merckel s'affirmaient : « partisans de la moralisation des marchés» Notre Président très en verve ajoutait : « (...) Il faut moraliser le capitalisme financier (...) On ne peut plus laisser quelques dizaines de spéculateurs mettre par terre tout un système international, emprunter dans n'importe quelles conditions, acheter à n'importe quel prix, ne pas savoir qui prête (...) »

Auparavant, le 30 août 2007, devant un parterre de chefs d'entreprises réunis pour l'Université d'été du Medef, Nicolas Sarkozy déclarait, sous les ovations être : « (...) Favorable à « un capitalisme d’entrepreneurs » plutôt qu’à un « capitalisme purement financier »

Or, on apprenait hier que : « L'Autorité des marchés financiers (AMF) a décidé d'interdire la vente à découvert de onze valeurs financières pour quinze jours ». Il s'agit de : Axa, April Group, BNP Paribas, CIC, CNP Assurances, Crédit Agricole, Euler Hermès, Natixis, Paris Ré, Scor et Société Générale

Pour mémoire : « la vente à découvert avait été interdite le 19 septembre 2008 sur le marché parisien par l'Autorité des marchés financiers (AMF) » cette mesure s'appliquait uniquement pour : « quatorze actions du secteur financier comme Axa, BNP Paribas, Crédit Agricole, Scor, NYSE Euronext et Société Générale (...) » et autorisée à nouveau ... le 1er Février 2011.

Et, bien que l'AMF avait expliqué avoir instauré un régime d'encadrement plus strict, force est de constater que l'utilisation de cet outil hautement spéculatif a montré entre temps, à nouveau, sa nuisance !

Mais au fait, c'est quoi la « vente à découvert » que les gouvernements sont incapables d'interdire définitivement ?

« S’il est une technique qui laisse toujours très impressionnés les observateurs amateurs de la Bourse c’est bien la technique de la vente à découvert, aussi qualifiée de « Short Sale », qu’on retrouve dans les stratégies de gestion d’actifs (long/short strategy). S’il est une technique emblématique de toutes les déviances, les errements et les maléfices de la Finance c’est bien cette technique ! » écrit le banquier Pascal Ordonneau qui précise : « Vendre à découvert, c’est fondamentalement vendre une chose qu’on n’a pas (...) Comment une telle opération est-elle possible (...) Très simple, Docteur Watson ! emprunter cette chose à quelqu’un qui en possède (...) »

Un exemple ancien ?

« (...) la fois où George Soros a " fait sauter la Banque d'Angleterre " en 1992. Il a risqué 10 milliards $ sur une chute éventuelle de la livre anglaise et il a gagné. La nuit suivante, Soros empochait 1 milliard $ grâce à cette opération. Il a finalement réalisé un bénéfice de presque 2 milliards $ (...) » - Orientation Finance

Un exemple plus récent ?

Les conseils donnés par ABC Bourse pour devenir un utilisateur avertit « (...) La valeur Alcatel est cotée 6 euros fin janvier 2011. Vous pensez que la conjoncture est mauvaise et que le titre va baisser. Dans ce cas, vous n'allez surtout pas en acheter mais vous allez faire une vente à découvert pour parier sur la baisse de cette action. En mai 2011, l'avenir vous a donné raison et l'action Alcatel est cotée 3,5 €. Votre scénario s'est donc réalisé, la valeur a baissé. A ce moment, vous souhaitez prendre vos bénéfices et pour cela il vous suffit d'acheter Alcatel afin de solder votre position de vente à découvert. Dans cet exemple, vous avez encaissé : 6 euros - 3,5 euros = 2,5 euros par action (...) »

A noter au passage les conseils avisés d'Axa, provisoirement protégé par l'AMF, pour vous lancer dans la vente à découvert si : « (...) détenez pas encore les liquidités nécessaires (...) »

Mais ce qui est le plus grave dans cette affaire, c'est que les analystes sont unanimes. Le Monde nous explique que : « (...) en limitant la spéculation à la baisse, elle maintient artificiellement le cours d'un titre et risque de provoquer sa sous-évaluation. Sans compter le signal qu'elles envoient aux opérateurs de marché, qui risquent d'en déduire que la situation est grave (...) » Christian Parisot, chef économiste chez Aurel BGC indique : « (...) il n'est pas sûr que ce type de mesure résolve tous les problèmes. Ca peut limiter un petit peu les mouvements, mais il y a d'autres techniques pour spéculer à la baisse (...) »

Vous avouerez qu'on est bien loin du capitalisme familial tant vanté par notre Président sur le plateau de TF1 en février dernier ou lors du rendez_vous OSEO de mars de 2011 où il expliquait : « avoir fait ce choix »


La réalité, c'est que l'économie de marché dérégulée dont notre président fut un farouche défenseur, est en train de manger ceux qui l'ont nourrie et aider à croître. Et que tous les propos et déclarations sur la moralisation ou la régulation ne sont que des leurres !

Durant des années, les marchés financiers ont salué les états qui saccageaient leur fonction publique et les entreprises qui licenciaient ou délocalisaient massivement pour améliorer leurs bénéfices. Aujourd'hui plus que jamais libres de toute contrainte, ils peuvent exiger : le report de l'âge de la retraite, des coupes dans les budgets sociaux ou de santé, la flexibilité du marché du travail, et la libéralisation de l'ensemble des services publics, sans que les dirigeants des pays ne puissent s'y opposer.

Car le but final, c'est bien de récupérer des rentes que les pays leur concèderont sous peine de subir les assauts de la spéculation. Et oui, c'est ça la mondialisation Coco !

Alors, Monsieur le Président : Et si vous nous reparliez du « capitalisme familial » ?

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Daily Bourse

11 août 2011

Délégation française en Lybie : Voyage de pieds nickelés ou diplomatie bis ?

On se borne, au Ministère des affaires étrangères à qualifier le voyage en Lybie à l’invitation de la fille de Khadafi de 4 élus ou anciens élus, de : « déplacements privés ». Du moins pour l'instant ?

Au de là de l'intervention humanitaire de départ, la guerre en Lybie est devenue, quoi que puisse en dire le Président et le gouvernement un bourbier coûteux. Et même si BHL notre philosophe belliciste affirme régulièrement qu'il s'agit d'une question de jours, force est de constater comme l'écrit El Watan que : « Des milieux politiques commencent, du moins, à s’interroger sérieusement sur son efficacité, sa légitimité et ses objectifs (...) »

El Watan qui évoque les : « Quatre anciens députés européens - trois Français et un Britannique - se sont rendus du 4 au 7 août à Tripoli, où ils ont eu des contacts avec des responsables du régime de Mouammar Kadhafi (...) » La délégation française était constituée de : l’ex-député européen radical de gauche Michel Scarbonchi, l’ancien maire de Montélimar (Drôme) et président du Parti radical valoisien, Thierry Cornillet et Margie Sudre, UMP, qui préside aujourd’hui un établissement officiel lié aux marchés publics sur l’île de la Réunion.

Députés qui affirment : « Comment ne pas s’interroger sur une intervention militaire initialement légitime, sous l’égide de l’ONU, pour neutraliser le ciel libyen et protéger les populations civiles de Benghazi et constater qu’elle a perdu ensuite de sa neutralité et de sa raison originelle ? » et « (...) préconisent la tenue à Paris d’une : « commission préparatoire au dialogue inter-libyen réunissant, sous l’égide de l’ONU et de l’Union africaine, les représentants de l’OTAN, de l’Union européenne, des autorités de Tripoli et du CNT »

Quelle est la réaction du gouvernement à cette initiative ?

On peut en lire une, émanant du Ministère des Affaires étrangères, datée du 10 août 2001, publiée sur le site de l'organisation de la presse Africaine

« Question – Quelle est votre réaction au voyage en Lybie de 4 élus ou anciens élus dont Margie Sudre, ancienne député européen, à l’invitation de la fille de M. Khadafi, Aïcha ? Considérez-vous que cela va à l’encontre de la politique actuelle de la France en Lybie ? Etiez-vous au courant de cette visite ?

Réponse – Je n’ai pas de commentaire à faire sur les déplacements privés d’élus locaux ou de citoyens français. Vous connaissez la position très claire des autorités françaises vis-à-vis du régime de Tripoli, telle qu’exprimée par le président de la République et le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et européennes »

A première vue, on pourrait rapprocher cette initiative de celle du député UMP Didier Julia : chantre du régime de Saddam Hussein, qui s'était, au côté de Phillippe Brett, autoproclamé négociateur en 2004 dans l'affaire de l'enlèvement en Irak des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot.

Car la manipulation semble évidente comme l'expliquait Clicanoo : « (...) l’ONG libyenne qui a contacté les élus serait discrètement sponsorisée par Aïcha Kadhafi, fille unique du colonel, avocate et présidente de l’ONG Wa Atassimou (...) »

Mais ne donnerait-elle pas des idées au gouvernement français qui, préoccupé par sa note AAA, se doit de trouver des pistes d'économies budgétaires rapides ?

N'apprendrons nous pas dans quelques temps que, le gouvernement propose comme le préconisent les élus voyageurs, la tenue d'une : « commission préparatoire au dialogue inter-libyen réunissant, sous l’égide de l’ONU et de l’Union africaine, les représentants de l’OTAN, de l’Union européenne, des autorités de Tripoli et du CNT » ?

Car, pour être clair, en juin, ministère de la Défense reconnaissait que la guerre en Lybie avait coûté 87 millions d'euros. Les Echos indiquaient à ce sujet que : « (...) A ce rythme, la facture de l'opération Harmattan pourrait atteindre 200 millions, si la guerre devait durer six mois, ou 400 millions si elle n'était pas finie en mars 2012 (...) »

Alors, voyage de pieds nickelés ou diplomatie bis ? Ce sont probablement les réactions des agences de notation et les marchés financiers à l'annonce de la teneur du budget de rigueur 2012 de la France qui nous le diront.

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Jet Art

10 août 2011

Ontex : Fin de parcours pour 187 salariés !

Les 187 couches envoyées à Carla Bruni-Sarkozy par les ouvriers d'Ontex qui se battaient pour conserver leur emploi n'auront pas empêché la fermeture définitive de leur usine !

L'information avait fait le tour du Net en juillet dernier : Les salariés d'Ontex à Villefranche-sur-Saône qui fabriquait des couches bébé pour la grande distribution en avait fait parvenir 187 à l'épouse du Président qui se reposait au Fort de Brégançon.

Beau coup de communication avaient jugé la plupart des média oubliant que leur geste était surtout ... un appel au secours. Mais une fois les feux de la rampe médiatique éteints et la première dame de France ayant quitté Brégançon pour le Cap Nègre, tout le monde a oublié cette très belle fable moderne et surtout ... le sort des salariés !

Or on apprenait : « Jeudi, les salariés d’Ontex à Arnas ont accepté le plan de sauvegarde de l’emploi. L’entreprise cesse alors toute activité industrielle dès vendredi et les salariés recevront une lettre de licenciement à partir du 5 septembre. Après sept mois de conflits entre le comité d’entreprise et la direction, les 187 salariés ont obtenu une prime de 4500 euros et devraient recevoir des propositions de reclassement en interne ... mais dans des pays étrangers (...) » Selon Bernard Leblond de la CFDT : « la production sera délocalisée en République tchèque et en Allemagne, où Ontex dispose de sites de production »

Donc, pas de « conte de fée », mais une usine de plus de que notre Président, qui les aime tant, ne visitera pas ! Et pourtant, le représentant de la CFDT avait indiqué lors de l'envoi du paquet de couches : « Nous avons joint une lettre où nous demandons l'instauration de garde-fous aux licenciements boursiers, contre lesquels Nicolas Sarkozy s'élève régulièrement (...) »

C'est vrai que ces salariés avaient peut être cru un instant que le Président tiendrait sa parole sur la réforme du capitalisme. Puisqu'il affirmait en 2008 vouloir : « (...) réformer un capitalisme d'entrepreneurs et non de spéculateurs» Néanmoins, c'est un fonds de pension américain (TPG & Goldman Sachs) actuel propriétaire de l'entreprise qui aura eu raison des ces salariés.

Ils pourront toujours se consoler en relisant la déclaration du Chef de l'Etat en Mars 2010 lorsqu'il présentait sa nouvelle politique industrielle : « J’ai la profonde conviction qu’un pays qui n’a pas d’industrie n’a rien à vendre et finit par s’appauvrir. Je conteste l’idée qu’il convient de donner la priorité absolue aux services et d’abandonner l’industrie car le jour où l’industrie sera partie, pour qui les services travailleront-ils ? Toutes les nations qui se développent aujourd’hui assoient leur croissance sur le développement industriel »

Et penser que l'enfant du couple présidentiel portera dès sa naissance des couches « collector » !


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Bloc.com

09 août 2011

« Autolicenciement » des salariés : L'UMP au secours des DRH et des patrons ?

Si en matière de licenciement, les organisations d'employeurs et l'UMP ont plébiscité la rupture conventionnelle, ceux-ci voient d'un très mauvais oeil la « prise d'acte » qui peut permettre aux salariés de s'autolicencier dans de bonnes conditions.

Laurence Parisot l'auteure de : « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » aime à répéter que : « La liberté de pensée s'arrête là où commence le code du travail » Sauf bien entendu lorsque un mode de licenciement proposée par le Medef, comme la rupture conventionnelle y est inscrit.

Mais lorsqu'une forme de licenciement lui échappe, il y a péril en la demeure. C'est le cas de la « prise d'acte » déclenchée par le salarié, qui justement, n'existe pas dans le code du travail.

« prise d'acte » Késako ?

« C'est un mode de rupture du contrat de travail, qui n'est ni un licenciement ni une démission (...) le salarié se considère licencié car son employeur est l'auteur de fautes à son encontre. Par exemple : le salarié est victime de violence, est harcelé, ou bien tout simplement n'est pas payé pendant une longue période (...) On parle parfois d'« auto licenciement ». Ce mode de rupture n’est pas prévu par le code du travail, c’est une création jurisprudentielle (...) nous explique Yves Nicol, avocat Lyon

Un exemple nous est donné le Cabinet Ferly : « Un arrêt de la Chambre sociale de la Cour de cassation du 20 janvier 2010 portant numéro de pourvoi 08-43476 pose comme principe que le fait de ne pas rémunérer l'intégralité de ses heures de travail, de ne rémunérer que partiellement ses heures supplémentaires et de ne pas régler intégralement ses indemnités de repas constitue un manquement de l'employeur à l'égard du salarié suffisamment grave pour justifier la prise d'acte par le salarié (...) » on pourra y ajouter cet exemple de : « Baisse de rémunération à l'occasion d'une rétrogradation »

Néanmoins comme le précisent les sites juridiques et notamment celui d'Yves Nicol : « (...) ce mode de rupture doit être manié avec précaution. Le salarié devra être capable d'apporter au juge des éléments de preuve pour obtenir gain de cause (...) »

Donc, jusqu'à présent, avec quelques dizaines de cas par an, salariés comme entreprises se contentaient des décisions du conseil des prud'hommes et de la jurisprudence issue de la Chambre Sociale de la Cour de Cassation où comme l'indique L'Expansion : « les prud'hommes donnent plus souvent raison aux employeurs (...) »

Jusqu'à un : arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation en date du 12 janvier 2011 (numéro de pourvoi : 09-70838) qui indique : « (... ) Il appartient à l'employeur qui considère injustifiée la prise d'acte de la rupture par un salarié qui, étant victime d'un accident du travail, invoque une inobservation des règles de prévention et de sécurité, de démontrer que la survenance de cet accident est étrangère à tout manquement à son obligation de sécurité de résultat (...) » Traduction : L'entreprise doit prouver dans le cadre d'un accident du travail qu'elle avait tout mis en œuvre pour assurer sa sécurité !

Ce qui a paniqué immédiatement les DRH et donné lieu à une proposition de loi « visant à intégrer au sein du code du travail de nouvelles dispositions relatives à la prise d’acte de rupture du contrat de travail » dans laquelle on peut lire ce morceau de bravoure, dans lequel, les députés s'étonnent que la prise d'acte puisse être justifiée par : « le fait pour l’employeur d’avoir modifié unilatéralement la rémunération d’un salarié, même si c’est dans un sens plus favorable au salarié (...) Ainsi que cette ignorance (ou cynisme) au sujet d'une des techniques utilisée dans le harcèlement moral : « (...) Plus curieux encore, le fait pour un employeur de ne pas donner de travail à un salarié »

Mais, ce que visent clairement les députés UMP et les DRH, ce sont les conséquences que pourraient avoir un nouvel arrêt de la chambre sociale de la Cour de cassation qui confirmerait que c'est à l'entreprise de prouver leur obligation de sécurité !

Ce qui est précisé clairement dans la proposition de loi : « (...) Cette position de la Cour de cassation est assez contestable. En effet, elle laisse supposer que lorsque survient un accident du travail, le salarié peut prendre acte de la rupture aux torts de l’employeur (...) »

Conclusion des députés : « Il serait donc peut-être judicieux pour le législateur d’intervenir sur ce sujet pour qu’il puisse enfin cadrer légalement la prise d’acte de rupture du contrat de travail (...) » et la vider de tout son sens ...

Même si Bérengère Poletti, la députée à l'initiative de cette proposition de loi ne se fait pas trop d'illusion, compte tenu de l'encombrement de l'agenda parlementaire, elle espère : « travailler avec [s]es collègues sur ce sujet dans les meilleurs délais (...) »

Il ne reste plus qu'à attendre la réaction de Laurence Parisot qui devrait selon toute logique rejeter cette proposition de loi au fait que : « La liberté de pensée s'arrête là où commence le code du travail »

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L'Express

08 août 2011

Fichier des allocataires sociaux : L'étonnante « priorité » de Xavier Bertrand

La fraude sociale représente selon un rapport parlementaire récent environ 20 milliards d'€ dont la majeure partie provient de la fraude aux prélèvements (entreprises). Etonnement, la priorité sera mise sur la fraude aux allocations comme le réclamait la Droite Populaire !


Les arguments de la Droite Populaire ont visiblement plus d'effet sur Xavier Bertrand que les chiffres eux mêmes ! Ce qu'il confirmait, lors d'une interview donnée à Nice Matin vendredi dernier : « Nice Matin : Comment maîtriser les 40es rugissants de la Droite populaire ?

Xavier Bertrand : J’y compte des amis comme Thierry Mariani qui a la tête sur les épaules. Parfois, ils parlent fort mais ils traduisent aussi ce que pense une partie de notre électorat. Ils ont des choses à dire, il faut les écouter »

Les écouter et surtout ... appliquer ce qu'ils réclament, puisque : « Xavier Bertrand, ministre du Travail et de la Santé, a annoncé (...) la mise en place d'un fichier unique des allocataires sociaux avant la fin de l'année, qui est selon lui la meilleure façon de renforcer la lutte contre des fraudes sociales. Je suis tout à fait d'accord avec Thierry Mariani (...) »

Sur quoi s'appuient les deux ministres pour prendre cette décision ?

En partie sur le rapport rendu par la : « Commission des affaires sociales en conclusion des travaux de la mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale sur la lutte contre la fraude sociale et présenté par Dominique TIAN » le 29 juin 2011, qui interrogeait Xavier Bertrand à ce sujet à l'Assemblée Nationale




Or, la proposition de Xavier Bertrand et Thierry Mariani vise uniquement les allocataires alors que le rapport indiquait clairement que la majeure partie de la fraude concerne les entreprises !

En effet : La fraude aux cotisations patronales et salariales non versées en raison du travail au noir représentent entre 8 et 15,8 milliards et celles aux prestations (indemnités d'arrêts maladie, allocations familiales, RSA, etc.) entre 2 et 3 milliards !

D'ailleurs, le rapport fustige le gouvernement sur son manque de volontarisme contre le travail illégal : « (...) Des pouvoirs publics insuffisamment mobilisés face à l’ampleur du travail illégal (...) Si la mission constate l’amélioration de la détection des fraudes aux cotisations ces dernières années, les redressements ne représentent cependant qu’une faible part de la fraude supposée, montrant ainsi que les fraudes aux cotisations sont insuffisamment poursuivies. En effet, si l’on prend en compte les estimations de l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale – faisant état d’une fraude comprise entre 13,5 et 15,8 milliards d’eurosles redressements en faveur des unions de recouvrement des cotisations de sécurité sociale ne représenteraient que 6 % à 7 % du montant de la fraude (...) » Page 28 « (...) Certes, la politique menée par le Gouvernement pour développer la lutte contre le travail illégal a permis d’améliorer les résultats (...) Cependant malgré cette progression, ces redressements sont insuffisants par rapport à l’ampleur du travail illégal. Si on prend en compte les estimations du conseil des prélèvements obligatoires – qui considère que le travail illégal représente entre 6,4 et 12,4 milliards d’euros – les redressements pour travail illégal en 2010 ne représentent qu’entre 1,5 % et 2,9 % de la fraude présumée (...) » Page 29

(...) S’agissant, par exemple de la lutte contre le travail illégal, certains croisements mériteraient d’être automatisés. M. Vincent Ravoux, directeur de l’Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales de Paris et de la région parisienne a constaté « Les relations avec les services fiscaux sont bonnes, mais fonctionnent sur un mode archaïque car elles se font sous forme papier ou par déplacement physique des personnes. Il faudrait moderniser les procédures, d’autant que nous travaillons ensemble au sein des comités opérationnels départementaux anti-fraude. » Page 47 « le taux de recouvrement des redressements consécutifs aux situations de travail dissimulé est de l’ordre de 10 % à 15 %, donc très faible (...) » page 64

Néanmoins, Xavier Bertrand, pour faire plaisir à la Droite Populaire et une partie de l'électorat sensible aux questions « d'assistanat » chères à Laurent Wauquiez, a décidé de s'occuper prioritairement de récupérer une partie des 2 à 3 milliards des allocations plutôt que des 8 à 15,8 milliards !

En clair, dépenser plus pour essayer de débusquer les fraudeurs de la France d'en bas et oublier de mettre assez de moyens pour traquer ceux d'en haut.

Belle leçon de morale et de comptabilité !


Source
Commission des affaires sociales en conclusion des travaux de la mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale sur la lutte contre la fraude sociale

Crédit photo
20Minutes