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09 janvier 2013

Compétitivité :" Les profits d’hier n’ont pas été les investissements d’aujourd’hui "

" La dégradation du taux de marge et du potentiel de croissance de l’économie n’est pas due à des salaires directs ou indirects excessifs " explique preuves à l'appui, Liêm Hoang-Ngoc, économiste, Maître de conférences à l’Université de Paris I. Par contre, le Medef et ses "experts" aimera bien nous le faire croire !

Si on écoute un tant soi peu Laurence Parisot ou sa garde rapprochée, la situation actuelle des entreprises n'est due qu'aux 35H00, au manque de flexibilité des salariés et, bien entendu aux salaires trop élevés, face à la concurrence internationale. Salaires qui sont très souvent désignés comme étant les premiers responsables de la dégradation des marges des entreprises françaises.

Cette dernière accusation restée longtemps sans réponse est démontée pièce par pièce par Liêm Hoang-Ngoc, économiste, membre du bureau national du PS et député européen dans une tribune qu'il a publiée le 8 janvier dans Le Monde

Selon Liêm Hoang-Ngoc, on nous vend toujours le même argument : " (...) Lestées par un coût du travail trop élevé, les entreprises ne dégageraient pas suffisamment de marges d’autofinancement pour engager les investissements nécessaires afin de réorienter l’offre sur une trajectoire hors coût à l’allemande. La restauration des marges d’aujourd’hui serait donc les investissements de demain et la compétitivité hors coût d’après demain (...) "

Or, ce n'est pas le coût du travail qui est le premier critère mais l'augmentation des dividendes au détriment de l'investissement

" (...) que nous enseigne l’analyse de l’évolution récente du taux de marge en France ? (...) une part croissante des bénéfices fut redistribuée, au détriment de l’investissement, sous forme de dividendes. Les profits d’hier n’ont pas été les investissements d’aujourd’hui (...) "

On pourra lire à ce sujet un article publié en novembre 2008 par Michel Husson qui écrivait : " (...) la part des salaires a baissé et celle des profits a donc augmenté. Mais les entreprises ne se sont pas servies de cette manne pour investir plus. Comparant la périodes 2000-2006 aux deux décennies précédentes précédentes, un rapport de l'ONU montre que dans un grand nombre de pays, dont la France, le taux d'investissement a baissé en dépit de l'augmentation de la part des profits dans la valeur ajoutée (...) "

Ce qui est confirmé dans autre article publié en mai 2010 : " (...) Pendant ce temps les revenus nets distribués par les sociétés non financières (pour l’essentiel des dividendes) continuent leur ascension, en dépit de la crise (...)
En 2009, les entreprises consacrent donc plus de 8 % de leur valeur ajoutée aux actionnaires contre 3 % au début des années 1980
Si on prend l’excédent brut d’exploitation (EBE) comme référence, c’est près de 28 % du profit qui va aux actionnaires (13 % au début des années 1980). L’année 2009 est en quelque sorte un rattrapage du creux de 2008, et cela malgré la baisse relative du taux de marge
(...) "

De la légende du coût du travail "assassin" à la réalité de l'insuffisance de demande 

La légende : " (...) Selon l’interprétation la plus courante, le taux de marge aurait baissé à cause de l’augmentation du coût unitaire du travail (calculé en tenant compte de la productivité). Cela plomberait donc l’incitation à investir et, par voie de conséquence, la compétitivité et serait la cause de la dégradation du solde extérieur, en dehors de l’impact exercé par la hausse du prix des importations de matières premières. Pour restaurer la compétitivité, il suffirait donc de réduire le coût du travail afin de restaurer le taux de marge et rendre l’investissement profitable. Plus le choc est important (20 milliards selon Gallois), plus l’effet serait spectaculaire (...) "

La réalité : " (...) La dégradation du taux de marge et du potentiel de croissance de l’économie n’est pas due à des salaires directs ou indirects excessifs (leur progression ayant été contenue, sous la « pression exercée par le chômage » dans les négociations sociales). La baisse du taux de marge est avant tout est liée à une dégradation de la demande. La conjoncture, devenue morose à partir de 2008, a en effet amenuisé les carnets de commandes des entreprises, qui ont donc réduit leurs ventes. Leur production fut donc moins forte, sans que les entreprises n’ajustent immédiatement l’emploi à la baisse. La productivité a donc mécaniquement baissé. Le coût unitaire de la main d’œuvre a donc augmenté et, symétriquement, le taux de marge a diminué (...) "

Les entreprises utiliseront-elles le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi pour investir ?

" (...) La contraction des carnets de commandes a en effet provoqué une baisse du taux d’utilisation des capacités de production, qui se situe à son plus bas historique. Dans ce contexte, les entreprises n’ont aucune raison d’investir (...), même en présence d’une baisse du coût du travail. Elles ont d’ores et déjà tendance à déclasser leur stock de capital inutilisé et à « ajuster » leur main d’œuvre (...) "

Ce qui ne fait que confirmer les propos de Laurence Parisot qui, lorsqu'elle réclamait une baisse des cotisations sociales des entreprises, en octobre 2012, refusait la moindre contrepartie, y compris d'investissement : « (...) l'entreprise pourra profiter des baisses de cotisations pour baisser son prix hors taxes, investir, augmenter les salaires... ou conserver sa marge. Pas question de négocier des engagements (...) Il faut laisser la liberté d'utiliser les marges de manoeuvre »

Peux t-on être plus clair ?

Ce qui amène Liêm Hoang-Ngoc à conclure que contrairement au fait qu'aucune contrepartie n'a été demandée aux entreprises pour bénéficier du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), il va falloir : " (...) tôt ou tard conditionner l’octroi du CICE aux entreprises à des décisions d’investissement, dès lors que la relation causale allant du taux de marge à l’investissement n’est pas avérée (...) "

Faute de quoi, une fois de plus, dans quelques années, on ne pourra que constater que  : " Les profits d’hier n’ont pas été les investissements d’aujourd’hui ".  Ce qui n'empêchera certainement pas le successeur de Laurence Parisot au Medef d'essayer de nous démontrer le contraire !

A découvrir :

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06 septembre 2012

La compétitivité est un leurre dangereux !

Selon les dirigeants d'entreprises et les économistes, les problèmes de la France se résument à un banal problème de compétitivité. Symbolisée par les accords compétitivité-emploi, elle n'est qu'une spirale infernale pour les salariés. 


Un des gourous américains du marketing disait, il y a quelques années : " Il faut arrêter de réfléchir en termes de marges mais plutôt en termes de prix que le consommateur est prêt à payer "

Ce qui s'est avéré vrai, puisque le grand public est prêt à payer des sommes disproportionnées pour le dernier smarphone à la mode et que les plus riches d'entre nous sont capables d'attendre des années pour se faire livrer une voiture d'exception.

Dans l'industrie électronique, on sait depuis longtemps faire travailler des sous traitants asiatiques, pratiquant de très bas salaires, tout en investissant dans la communication et la publicité. Tout comme l'industrie textile sportive, par exemple, où le moindre maillot se négocie à 75 €, et la dernière paire de basket à la mode 140 €

Dans le monde du luxe, on entende très peu de plaintes de la part des dirigeants de LVMH, d'Hermes, de Breitling, de Rolex, Ferrari, Rolls ou Aston Martin, au sujet de la compétitivité. 

Dans les deux cas, nous sommes devant des cas de marges juteuses pour des produits pour lesquels les consommateurs ne discute pas le prix puisque la passion fait place à la raison.

Et puis, il a les achats de raison, les plus nombreux, qui sont soumis à la plus féroce concurrence. Dans ce cas, le consommateur, pour des raisons bien souvent budgétaires va faire jouer la concurrence et s'orienter vers les prix les plus avantageux ou les plus bas.

Comment en ce cas, les industriels français peuvent-ils répondre à la demande de "raison" ?

Pour certains, en délocalisant la production dans des pays à bas coût de main d'oeuvre, et pour d'autres, en envisageant de faire participer leurs salariés à la baisse des prix de leurs produits.

Comment envisagent-ils le faire ?

Hé bien tout simplement au travers d'accords compétitivité-emploi et de flexibilité accrue. Ce qui signifie que les salariés accepteraient de baisser temporairement (ce qui reste à prouver) leurs salaires, ne plus avoir d'horaire légal de travail, ou éventuellement travailler gratuitement au delà des 35H00 légales.

Admettons cette "participation" des salariés à la compétitivité de leurs entreprises permette de baisser le prix des produits qu'ils fabriquent. Il est plus que probable que leurs concurrents étrangers, de peur de perdre des parts de marché, demanderont des efforts identiques à leurs salariés, ou chercheront tout simplement un pays ... encore plus accueillant au niveau des salaires et conditions de travail.

L'entreprise française se verra donc obligée de demander un nouvel effort à ses salariés, ce qui déclenchera une réaction identique des ses concurrents étrangers ... Ce petit jeu pourrait continuer jusqu'au moment où les entreprises ne verseraient plus de salaire. Mais il aurait longtemps qu'il n'y aurait plus d'acheteur pour les produits.

Ce raisonnement qui peut paraître absurde est pourtant celui que l'on essaye de faire croire à l'ensemble des salariés. Salariés à qui on répète en boucle que ces mesures n'ont pour but que de préserver les emplois, alors que nul ne sait si les sacrifices qu'ils auront consentit donnera un avenir à leurs usines.

La réalité c'est que le libre échange a atteint ses limites. Lorsqu'on sait que la Chine, par transferts technologiques dispose aujourd'hui de tous les moyens intellectuels et techniques lui permettant de noyer le reste du monde de produits "achats de raison" et qu'il est le premier sous traitant des fabricants des "achats de passion" il est clair que mettre en place la spirale de baisse des salaires des ouvriers français n'a aucun sens !

En clair, Il serait nécessaire :

De revoir de fond en comble la nature des accords d'échanges entre pays adhérents à l'OMC
De se pencher sur les trous de la passoire européenne
D'exiger que pour exporter en Europe, les normes définies par l'Organisation Internationales du Travail soient clairement appliquées.

C'est pas demain la veille direz-vous ?

Et c'est bien dommage, car si ces exigences ne sont pas appliquées, ce sont les seuls salariés qui payeront la folie de la compétitivité.

Mais n'ayez crainte, cet appauvrissement progressif des salariés ne profitera pas uniquement aux éventuels consommateurs. Une partie de ce qu'ils auront cédé intégrera la poche des actionnaires qui, de toute façon, n'ont aucune envie de participer à la compétitivité des entreprises.

Quand on vous dit que la compétitivité est un leurre ! 

13 juillet 2012

Licenciements et flexibilité : Le gouvernement cèdera t-il au chantage patronal ?

Selon les organisations patronales, la compétitivité passe obligatoirement par une refonte précarisante du marché du travail. Le plan social de PSA n'est, semble t-il que la première étape du chantage imposé au gouvernement et aux syndicats de salariés pour l'obtenir !




Les salariés noteront que c'est après avoir annoncé son plan social que Philippe Varin le patron de PSA vient de réclamer une « baisse massive » des cotisations sociales. Laissant entendre par là que si le gouvernement n'accède pas à sa demande, les « charettes » pourraient continuer.

Donc, schématiquement, il suffirait de baisser les cotisations sociales de PSA pour que, par exemple, les ventes de la C3 (fabriquée à Aulnay sous Bois) s'envolent et qu'on soit obligé de recruter pour fournir les acheteurs ?

Un peu simpliste direz-vous. Et vous aurez raison !

Car, Philippe Varin confirme dans Le Parisien avoir retardé l'annonce des 8000 suppression de postes car : « Il n'était pas question d'en faire un enjeu électoral ». Nous ajouterons qu'il est assez probable qu'il comptait bien sur une victoire du candidat sortant et de sa majorité, pour obtenir l'application du programme concocté par, entre autre, le Medef et  l'UIMM dans son pacte social, soutenu par le candidat Sarkozy.

Au fait, pour l'anecdote, Frédéric Saint Geours, le président de l'UIMM est également le directeur des marques du groupe PSA

Quelles en étaient les mesures principales

Accords compétitivité-emploi (Flexibilité horaire et salariale)
Remise en cause de la durée légale du travail, à négocier par branches ou entreprises
Transfert de certaines cotisations sociales sur l'impôt (TVA sociale)

Le meilleur restant à venir puisque comme vient de le révéler Laurence Parisot, nous aurions eu le droit à : La fin des obligations des employeurs en cas de plan de sauvegarde de l'emploi (rupture conventionnelle collective)

En résumé, pour être compétitif : Pas de remise en cause de la stratégie, de la politique de recherche ou d'innovation pratiquées par les directions des entreprises mais transformation progressive et irréversible des salariés en variable d'ajustement. Ce à quoi il faut ajouter, mise en concurrence permanente des salariés encore en poste, permettant de tirer les salaires vers le bas !

Ce que l'inénarrable chroniqueur, Jean-Francis Pécresse traduit dans les Echos par : « (...) Plus de compétitivité économique ou plus de droits sociaux ? Plus de flexibilité de l'emploi ou plus de rigidité dans le droit du travail ? Plus d'économies dans les dépenses publiques ou plus d'impôts au risque de freiner l'activité ? (...) »

Donc, soit les organisations patronales obtiennent de façon unilatérale la mise en place de la précarisation des salariés soit les licenciements vont s'enchaîner en septembre, comme l'a annoncé Laurence Parisot il y a quelques jours.

Laurence Parisot qui exige du Président de la République : « (...) le transfert d'une partie du financement de la protection sociale des entreprises aux citoyens, via une hausse de la TVA (...) plus de flexibilité du marché du travail, avec la mise en place de baisses temporaires de salaires en échange d'un maintien de l'emploi, ou encore une facilitation des suppressions de postes (...)  »

Quelles garanties pour les salariés qui se verraient appliquer ces mesures ? Réponse aucune puisque selon madame Parisot : « Si on veut que ces entreprises soient à nouveau performantes et puissantes (…) au niveau mondial, dans cinq ou dix ans, il faut accepter des ajustements, il faut accepter des restructurations (...) »

En français ça porte un nom précis : Du chantage. Et c'est surtout un manque profond de respect pour tous les salariés qui font fonctionner au quotidien les entreprises françaises !

Le plus grave dans cette affaire, c'est que les fameux « ajustements » et « restructurations » prônées par le Medef, pour les rendre plus compétitives, ne garantissent en aucun cas la pérennisation d'emplois sur le territoire national.

La preuve en est que les 8000 suppressions de postes chez PSA n'ont pas convaincu les investisseurs puisque :  « (...) Le titre du constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën fait un plongeon spectaculaire ce vendredi matin à la Bourse de Paris, alors que la polémique enfle après le plan de suppressions de postes et en l’absence de perspectives encourageantes sur le groupe (...) »

Cela signifie t-il que PSA n'est pas allé assez loin et qu'il est maintenant nécessaire de rapidement précariser d'avantage les salariés et surtout de délocaliser encore un peu plus la production ?

Devant cette confusion, il est clair que le Président, son gouvernement et sa majorité doivent montrer que le politique a encore son mot à dire face aux groupes de pression aussi puissants soient-ils. Et surtout apporte des réponses claires et précises à des salariés qui pourraient bien dans le cas contraire être tentés par des actions spontanées et plus ou moins violentes à défaut d'avoir un avenir ! 


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09 juillet 2012

La précarisation des salariés va à l'encontre de la compétitivité !

Le Medef continue d'affirmer qu'il est nécessaire de précariser les salariés au nom de la compétitivité. Or, une baisse même temporaire des salaires ne remplacera jamais la fabrication de bons produits par des salariés ... capables de les acheter !  




Le Medef a décidé de faire comprendre aux salariés français que le choix électoral qu'ils ont fait à la présidentielle et aux législatives n'était pas le sien. Il compte bien sur la conférence sociale pour exiger l'application unilatérale de ses demandes.

Prenant la parole en marge de la conférence sociale Laurence Parisot a déclaré que : « (...) François Hollande devrait faire comprendre aux ouvriers que certaines usines et certains emplois disparaîtront à jamais, comme l'avait fait Barack Obama lors de son soutien à l'industrie automobile en 2008-2009 (...)  la patronne du Medef affirme qu'il faut que « tout le monde comprenne que si on veut que ces entreprises soient à nouveau performantes et puissantes et leaders au niveau mondial, dans cinq ou dix ans, il faut accepter des ajustements, il faut accepter des restructurations »

Et dans la mesure où François Hollande n'aurait pas compris le message, Laurence Parisot promet une hécatombe d'emplois à la rentrée : « (...) En cause ? La période estivale durant laquelle « les trésoreries des entreprises sont toujours mises à mal, les carnets de commandes n'étant pas suffisamment garnis (...) »

Résumons-nous : Si les salariés français acceptaient sans rien dire

Qu'on ferme toutes les usines jugées plus assez rentables,
Qu'on dégraisse les effectifs à la première baisse de chiffre d'affaires,
De consentir au plafonnement des dommages et intérêts qui leur sont accordés par les tribunaux en cas de faute de l'entreprise et qui seraient : « Un frein majeur à l'embauche »
Voire de travailler ... bénévolement pendant les mois d'été au lieu de partir en congés ... Selon le Medef, la compétitivité de la France et de ses entreprises seraient assurées !

Madame Parisot oubliant bien entendu de parler de partage des richesses produites, celui-ci étant réservé aux actionnaires. Pour ce qui concerne les salariés, la question du partage ne se pose pas puisque pour maintenir un haut niveau de revenus pour les actionnaires, il faudra, face à la concurrence, encore plus de plus de compétitivité, donc de flexibilité et de licenciements !

Oui dira madame Parisot mais c'est pour maintenir l'emploi ! De combien de personnes et pour combien de temps ? Le Medef dans sa frénésie de compétitivité refuse d'y répondre. Tout comme il refuse de prendre le moindre engagement en contrepartie des sacrifices faits par les salariés.

Ce qui signifie que si après avoir accepté tant de sacrifices, les salariés constatent, à terme,  que les commandes reprennent et que la santé de l'entreprise est bonne, il y a fort à parier qu'on leur expliquera qu'il est impossible d'augmenter à nouveaux leurs salaires mais qu'il est toujours nécessaire d'effectuer des ajustements d'effectif ... 

Le modèle de Laurence Parisot est simple : Obtenir des salariés de mieux en mieux formés, payés au plus près du salaire minimum (tant qu'il existe), licenciables sans aucun recours, mais capables de produire des biens et services affichant la meilleure marge. Le tout étant quand même de trouver des clients !

Car si l'ambition patronale est de tirer la production vers le haut de gamme, la très grande majorité de la population ainsi précarisée, sera de plus en plus contrainte d'acheter toujours plus de produits ou services low cost issus de pays à moindre coût salarial.

Par contre, ce n'est pas demain que les entreprises françaises, faute d'avoir consacré assez d'argent à la recherche et l'innovation, iront tailler des croupières aux pays créateurs de produits industriels technologiques solidement installés sur les marchés à l'export.

Mais celà n'inquiète pas le Medef qui, s'il obtenait la flexibilité la plus totale et l'absolue liberté de licencier, n'hésiterait pas une fois de plus à tendre sa sébile en direction du gouvernement pour obtenir de nouvelles aides sans pour autant s'engager à réindustrialer le pays.

Le seul problème sera de savoir s'il restera en France assez de contribuables salariés pour payer une nouvelle addition ! 


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20 juin 2012

Les belles légendes patronales : Le SMIC obstacle à l'emploi des jeunes !

A cadence régulière des économistes ou patrons nous expliquent que le SMIC est un obstacle à l'emploi des jeunes. En clair il faudrait réhabiliter le défunt SMIC-jeunes ! 




« C'est la deuxième chance du « SMIC-jeunes » écrit Jean-Francis Pécresse, éditorialiste aux Echos (et accessoirement beau frère de Valérie, l'ex ministre du Budget).  « Presque vingt ans après l'échec du contrat d'insertion professionnelle (CIP), la notion de salaire minimum minoré, mais progressif, pour les jeunes effectue un timide retour dans le débat d'idées (...) »

Ah bon! mais le SMIC jeunes, le CIP, c'est quoi au fait ?

En 1993, Edouard Balladur qui officiait à Matignon, souhaitait (déja) réduire le chômage des jeunes décidait de créer le Contrat d'Insertion Professionnelle (CIP), réservé au moins de 26 ans jusqu'à bac+3, et plafonné à 80% du SMIC. Il s'agissait d'un CDD dont la durée était comprise entre six mois et un an, renouvelable une fois.

 Les dits jeunes se mobilisaient, et à l'issue de manifestations monstres, Edouard Balladur annonçait la suspension puis le retrait définitif du CIP en 1994.

On aurait pu croire cette idée morte et enterrée, mais c'était sans compter sur l'obstination de certains beaux esprits libéraux, et sur quelques organisations patronales qui, depuis un ou deux ans, se plaisent à expliquer que crise et chômage obligeant, il serait utile de ressortir le projet de sa boîte. C'est ce dont Jean-Francis Pécresse a essayé de nous convaincre.

Quels sont ses arguments ?

Selon Pécresse, ce n'est pas le fait que ce soit un SMIC au rabais qui a fait capoter le projet mais le fait qu'il aurait été préférable de le présenter sous forme de CDI.  Pourtant, écrit-il : « (...) la malédiction du « SMIC-jeunes » est peut-être en passe de se dissiper, doucement. En pratique, le développement de l'apprentissage permet déjà, même si ce n'en est pas l'objectif principal, de contourner l'obstacle que constitue le salaire minimum unique pour l'embauche de jeunes non formés, donc à faible productivité (...) »

Et l'éditorialiste de nous expliquer que le SMIC-jeunes existe déjà dans les faits

« (...) un SMIC à taux réduit est déjà appliqué aux jeunes en apprentissage ou en contrat de professionnalisation, en fonction de leur âge et de la durée de leur contrat. Et les salariés de moins de 18 ans, lorsqu'ils ont moins de six mois d'ancienneté, sont payés 10 % au-dessous du minimum légal (20 % avant 17 ans). On peut, aussi, considérer que, dans une certaine mesure, l'obligation de rémunérer le stage en entreprise, effective depuis la fin 2009, est un autre moyen de faire travailler des jeunes au-dessous du SMIC (...) »

Mais regrette que ces : « (...) contournements discrets sont restés trop spécifiques pour peser sur un taux de chômage des jeunes »

Donc, selon Pécresse, on doit aller plus loin !

Pour ce faire, il cite l'organisation patronale CroissancePlus qui : « (...) entend briser la glace dans laquelle, depuis vingt ans, est enfermé ce sujet (...) »

CroissancePlus, qui est sorte de mini Medef, a des idées bien arrêtées sur le sujet. En effet, il écrivait en février 2012 : « Le taux d’emploi des jeunes est insuffisant en France (...) Cette faiblesse handicape notre compétitivité et alourdit les dépenses publiques. Parmi les solutions qu’il serait possible de mettre en œuvre figure le « SMIC Jeunes » destiné aux jeunes sans expérience ni diplôme, âgés de 17 à 21 ans. Il aurait pour caractéristique d’être inférieur au montant du salaire minimum brut mais une baisse des charges patronales permettrait de garder un salaire net équivalent. Ce dispositif ferait donc baisser le coût du travail, et mettrait le pied à l’étrier de milliers de jeunes qui gagneraient en compétence et en expérience en étant intégrés dans le monde de l’entreprise (...) »

C'est sans doute par pudeur ou oubli que CroissancePlus ne nous indique pas quel serait la source de financement de cette nouvelle baisse des cotisations patronales, mais dans leur esprit la TVA sociale devrait probablement y pourvoir !

L'inénarrable économiste Francis Kramarz pour qui de toute façon : « Une augmentation du Smic détruirait de nombreux emplois » cité par Jean-Francis Pécresse, déclare : (...) Le SMIC n'est pas trop élevé pour un jeune qui sort de l'université, mais il l'est pour un jeune sans diplôme » Précisant sans rire : « L'assurance de trouver un emploi non qualifié plutôt bien payé dissuade de poursuivre une formation initiale »

Même si les hypothèses de CroissancePlus, de Francis Kramarz  et de Jean-Francis Pécresse ont assez peu de chances de trouver grâce aux yeux des actuels gouvernement et parlementaires de gauche, mon petit doigt me dit qu'il ne faudra pas bien longtemps pour que, la mise en place d'un SMIC-jeunes fasse partie des premières revendications des organisation patronales.

Après tout, le remplacement de salariés seniors partant à la retraite ou dégagés par rupture conventionnelle par des jeunes salariés payés au dessous du SMIC serait certainement apprécié de certains milieux patronaux au titre de la compétitivité des entreprises ... 


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14 juin 2012

Think tank Ultra libéral recherche futurs exilés fiscaux pour ... témoignage !

L'ultra libéral think tank IFRAP lance un appel à témoignage sur son site web aux entrepreneurs et entreprises qui pensent quitter la France. Une démarche insolite pour des gens qui prétendent être en contacts permanent avec les entrepreneurs. 





Dans la famille des think tank libéraux et ultra libéraux, il en est un qui se détache, c'est l'IFRAP. C'est entre autre celui qui déteste le plus : l'administration, les fonctionnaires, les régimes de retraites, les aides sociales, le SMIC, le code et le droit du travail, Pôle Emploi, les syndicats et bien entendu tous les impôts, notamment l'ISF responsable selon eux de la « délocalisation des patrimoines »

On aurait pu penser que de tels spécialistes entretenaient comme beaucoup de think tanks des relations étroites avec des entrepreneurs et des entreprises, ce qui leur permettrait de connaître les tendances et réactions de ceux-ci. Or, on peut lire depuis le 8 juin dernier sur leur site un appel à témoignage étonnant 

« (...) La Fondation iFRAP fait un appel à témoignages auprès des entrepreneurs et entreprises qui pensent à quitter la France pour les pays limitrophes pour des raisons fiscales afin de pouvoir donner aux décideurs des exemples non nominatifs montrant que les mesures fiscales punitives ne sont pas la bonne solution (...) »

Quel est l'argumentaire qui suit cette demande pour le moins insolite ? Extraits

« Le Ministre des Finances Pierre Moscovici ne veut pas commenter les « rumeurs » de délocalisations de personnes physiques et morales qui circulent en France en ce moment (...) Ces « rumeurs » font clairement suite aux annonces d’augmentation de la pression fiscale sur les personnes physiques (et morales) dont nous avons déjà largement explicité les incidences négatives potentielles (...) »

Suit une description de plusieurs cas « dramatiques » d'entrepreneurs qu'on risque entre autre, de priver de bouclier fiscal, et que l'IFRAP semble bien connaître. Pour en arriver à ce morceau d'anthologie 

« (...) A ce stade, il nous a semblé nécessaire que la Fondation iFRAP puisse recueillir des témoignages sur les raisons de ce choix de l’exil afin de faire la pédagogie de la situation auprès de nos décideurs. Ces témoignages n’ont pas besoin d’être nominatifs mais juste détaillés (expliquer comment la conjonction des différentes mesures fiscales incitent au départ) afin de les publier sur notre site internet et de démontrer que la fiscalité punitive n’est pas la bonne démarche (...) »

Suivent quelques témoignages anonymes que nous vous laissons découvrir mais dont les pseudos comme : « Henri IV , Picsou75 ou equité » devraient en réjouir plus d'un. 

Vous avouerez que la méthode est assez étonnante, sauf que IFRAP signifie : Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques ce qui n'a qu'un lien lointain avec la vie des entreprises.

Par contre, Agnès Verdier Molinié sa directrice n'a pas hésité à chiffrer le programme de François Hollande : « A la demande du Figaro Magazine » et d'Eric Brunet qui revendique le fait d'être le premier réactionnaire de France et qui n'hésitait pas à écrire, le 8 juin dernier, sur le droitier site Atlantico : « Pourquoi Nicolas Sarkozy a gagné la présidentielle »

Mais dans la mesure où ni le Figaro, ni Eric Brunet ne semblent plus informés que l'IFRAP sur : « des entrepreneurs et entreprises qui pensent à quitter la France pour les pays limitrophes pour des raisons fiscales » il ne reste plus qu'à attendre la publication des résultats de la consultation en ligne sur le site de l'IFRAP qui, à notre avis ne devrait probablement pas être très favorable à l'actuel gouvernement ...


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07 juin 2012

M6 « Patron incognito » : Patron cherche à vivre le frisson de la vie de ses salariés

A mi chemin entre « Vis ma vie » et « Secret Story » : « Patron incognito » présentée ce soir sur M6 permet à un patron de découvrir la vie de ses salariés. Un grand frisson patronal qui ne l'a pas obligé à vivre avec le salaire de ses collaborateurs.



Verra t-on bientôt à la télévision, Martin Bouygues manier la truelle, Bernard Arnault penché sur une machine à coudre, Henri Proglio réparer une ligne électrique, Laurence Parisot téléphoner à des français pour connaître leur opinion, ou Nicolas de Tavernost le patron de M6 faire l'accueil des visiteurs ?

C'est la question qu'on peut se poser à l'annonce de la nouvelle émission de téléréalité de M6 : « Patron incognito »

Alors que les partenaires sociaux et le gouvernement sont pleinement investis dans la «  conférence sociale » voulue par François Hollande et que les organisation patronales sont toutes griffes dehors contre une augmentation du SMIC, M6 lance ce soir une nouvelle émission de téléréalité qui s'intéresse aux rapport entre patrons et salariés, adaptation d'une émission britannique « Undercover Boss »

En quoi consiste « Patron incognito » ?

Le concept est présenté sur le site web de M6, et ressemble comme l'écrit Libération à s'y méprendre au « Merci patron », le hit des Charlots dans les années 70. C'est le PDG de UCAR qui a accepté de jouer le rôle et qui a été présenté aux salariés comme : « (...) un chômeur de 53 ans en contrat de réinsertion avec Pôle Emploi, ce qui justifie ... la présence des caméras »

Extraits

« (...) Pour la première fois en France, un patron va tenter une expérience incroyable. Il va redescendre en bas de l’échelle et travailler une semaine dans son entreprise, incognito.

Il va abandonner son statut de PDG et son confort de vie pour redevenir un simple apprenti dans sa propre entreprise (...) Pendant cinq jours, le patron sera sous couverture et va apprendre un métier par jour  (...) À la fin de l’expérience, le patron va révéler sa véritable identité. Comment ses salariés vont-ils réagir en découvrant que c’était le grand patron ?(...) En cette période de crise, chaque patron se doit de connaître au mieux son entreprise et les conditions de travail de ses salariés. Pour s’immerger au coeur de sa société, notre patron incognito va travailler dans plusieurs services avec des équipes différentes (...) Au delà de son entreprise, le patron va pouvoir aller à la rencontre de ses salariés sans la barrière du lien hiérarchique. Quelles images se font-ils de l’entreprise ? Adhèrent-ils aux choix de la direction ? Arrivent-ils à concilier travail et vie privée ? ( ...) À la fin de l’expérience, les employés qui ont côtoyé le patron sans le savoir seront réunis au siège. L’heure pour le patron de leur dévoiler un à un sa véritable identité (...) Quelles leçons employés et patron vont-ils tirer de cette expérience ? »

Outre le fait que Jean-Claude Puerto-Salavert le PDG du loueur low cost UCAR s'offre une belle publicité gratuite pour son entreprise, on ne pourra qu'être choqué par la vulgarité d'un tel concept auquel a adhéré ce patron !

Tout d'abord, utiliser ses salariés à des fins de divertissement télévisuel est à notre sens, proprement inadmissible. Car, dans le cas de « Patron incognito » pas de plages de sable fin ou de tentatrices comme dans « l'île de la tentation » mais simplement un employeur qui s'amuse à découvrir le travail qu'effectuent ses salariés pour gagner leur vie. Et qui aura probablement de belles histoires à raconter à ses amis patrons ou DRH le soir au dîner !

De plus, quelle est la valeur de cette immersion pendant laquelle notre PDG a continué à toucher son salaire et au gré de ses déplacements n'a certainement pas eu à se poser la question de trouver un logement décent pour lui et sa famille !

Bien entendu, il n'est pas prévu que les salariés puissent à leur tour s'amuser à jouer au patron d'UCAR. La plaisanterie a ses limites !

Ce programme semble t-il cartonne aux Etats-Unis, et dans une trentaine de pays. Il ne tient qu'à vous de lui offrir un score d'audience déplorable afin de l'envoyer définitivement aux oubliettes de l'audiovisuel ... 



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15 mai 2012

Elections professionnelles dans les TPE : Syndicats cherchent votes ou adhérents ?

Moins médiatiques que la Présidentielles et les législatives, les élections professionnelles dans les TPE sont toutefois importantes. Elles vont en effet, participer à la représentativité des syndicats. Mais qu'en sera t-il du sort des salariés des TPE une fois les élections passées ? 




En France, le taux de syndicalisation des salariés est faible, ce qui est regrettable dans la mesure où  des syndicats puissants sont plus à même de peser dans les négociations avec les organisations d'employeurs ou les pouvoirs publics.

Ce constat prend encore plus de valeur lorsqu'on traverse une période de crise financière et économique où le moindre acquis social est la cible des économistes libéraux pour qui les seules solutions sont la flexibilité et la remise en cause du contrat et du droit du travail.

Ajoutons à cela que la part de salariés travaillant dans des entreprises de plus de 1000 personnes n'a cessé de se raréfier années après années au profit de PME ou même de TPE dans lesquelles le taux de syndicalisation est quasi nul. Tout comme d'ailleurs le taux d'adhésion des patrons de ces entreprises à une organisation patronale.

Le gouvernement Fillon a pourtant décidé de ne mesurer que l'audience et la représentativité des syndicats de salariés au travers de la réforme de la loi du 20 août 2008. Celle-ci : « (...) se fondera principalement sur l'audience électorale des syndicats. Ainsi, pour être représentatif au niveau de la branche et au niveau national et interprofessionnel, un syndicat devra notamment totaliser 8 % des votes exprimés au premier tour des élections professionnelles. Ces pourcentages seront déterminés à partir de la somme des suffrages obtenus à la fois :

Dans le cadre des élections professionnelles « classiques », à savoir les votes pour le comité d'entreprise, les délégués du personnel et le délégué unique du personnel.

Et,

Dans le cadre de scrutins régionaux réservés aux TPE de moins de 11 salariés (...) »

Or, nous expliquent Les Echos, ce sera au tour des salariés des entreprises de moins de 11 personnes de voter dans le cadre des élections professionnelles. Ce qui a une importance capitale pour les syndicats puisque, les résultats : « (...) seront agrégés à ceux des élections professionnelles dans les plus grandes sociétés pour déterminer, dès 2013, la représentativité des syndicats - c'est-à-dire leur droit de négocier - dans les branches et au niveau national (...) »

Bien que les députés de l'UMP à la demande du Medef et de la CGPME ont réussi à enterrer le projet de loi de dialogue social dans les TPE, ce qui a ôté une grande partie de l'intérêt du scrutin pour les salariés de ces entreprises, il va falloir, pour les syndicats, déployer les grands moyens pour attirer les salariés/électeurs. D'autant que le scrutin se fera par Internet et sur sigle !

Et là, il va y avoir du boulot ! En effet, dans les TPE, le simple fait de réclamer la convention collective de la branche peut vous valoir une surveillance accrue de l'employeur. Alors, le soupçon d'une appartenance syndicale ... 

Néanmoins, le droit du travail est applicable à tous les salariés y compris à les apprentis ou ceux qui travaillent pour un particulier dans le cadre des services à la personne. Donc, les syndicats vont essayer d'informer le plus large public au travers d'actions que nous présentent Les Echos

« (...) la CGT, a présenté hier son bus « Info-droits » qui sillonnera le pays jusqu'à la mi-juin puis à la rentrée (...) La CFTC qui craint de ne pas obtenir le seuil minimum de représentativité : (...) multiplie les rencontres de terrain depuis décembre et accélérera cet été, en participant entre autre à la caravane du Tour de France et en sillonnant les plages en camping-car (...) » FO de son côté : « (...) a créé pour l'occasion un syndicat FO TPE et a édité 450.000 dépliants (...) la CFDT et la CFTC font le tour des centres de formation des apprentis (...) »

Ok, mais que se passera t-il pour les salariés des TPE une fois le scrutin terminé ?

C'est toute la question puisque jusqu'à présent, les syndicats de salariés ont toujours privilégié leurs bastions ou places fortes (grandes entreprises ou fonction publique) sans vraiment se préoccuper des TPE. Et, comme le font remarquer Les Echos : L'exercice est très difficile, faute de moyens et de relais dans les TPE.

Et pourtant, c'est un enjeu majeur pour le futur des syndicats dans la mesure où 97% des salariés travaillent aujourd'hui dans des entreprises de moins de 20 salariés ! Il est évident que si la présence sur le terrain ou les opérations d'information par le Web ne devaient pas avoir de suite une fois le scrutin terminé qu'il s'agirait d'un échec pour les syndicats et surtout pour les salariés des TPE.

D'autant, explique Pascale Coton de la CFTC que ces salariés : « (...) se sentent lésés et ont envie de s'exprimer, mais ils sont isolés et ne connaissent pas leurs droits (...) »

Alors au boulot, et ne décevez pas ceux que vous rencontrerez et avec qui il sera nécessaire d'avoir un dialogue ... durable ! 


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19 mars 2012

Auto-entrepreneur : Faut-il réformer ou supprimer le statut de toutes les dérives ?

Entre l'enthousiasme exprimé par Hervé Novelli l'initiateur du statut d'auto-entrepreneur et la réalité des témoignages de salariés obligés de choisir ce statut pour travailler, on est en droit de se poser la question de sa validité !

En novembre 2010, L'Expansion interrogeait Hervé Novelli sur le statut d'auto-entrepreneur et lui posait la question suivante : « Le statut d'auto-entrepreneur est régulièrement mis en cause. Il (...) serait utilisé par les employeurs pour ne pas embaucher de salariés. Qu'en pensez-vous ? »

Hervé Novelli : « Depuis qu'il a été créé le statut d'auto-entrepreneur suscite la critique de part et d'autre. Mais ces situations qui sont très fréquemment soulevées dans la presse restent très marginales (...) Certaines personnes ont été licenciées et obligées de s'inscrire en tant qu'auto-entrepreneur, c'est fort regrettable (...) »

Et pourtant en mars 2010, L'Express dénonçait déjà de nombreuses dérives dans : Les vices cachés de l'auto-entreprenariat. Extrait

« (...) certaines PME proposent désormais à leurs nouveaux collaborateurs de travailler sous le statut d'auto-entrepreneur plutôt que de les embaucher. Ce salariat déguisé leur permet de ne pas payer de charges, de primes de précarité ou de congés. Cette pratique, déjà sanctionnée par le code du travail, ne garantit aucune sécurité à ces employés. La majorité d'entre eux n'ont que cette entreprise comme source de revenus et sont donc plus dans un rapport d'employé-employeur que de client-fournisseur (...) »

Vous trouverez sur le net de nombreux exemples d'annonces de recrutement de collaborateurs avec statut d'auto-entrepreneurs.

« L'éditeur xxxxx recherche des commerciaux indépendants (statut auto-entrepreneur) susceptibles de représenter notre société d’Edition dans diverses villes de France (...) »

« xxxxx recrute commerciaux h/f sur toute la France. Bénéficiez du nouveau statut auto-entrepreneur. Postes à temps plein, en complément de revenus ou en complément de retraite »

Comme variante, on aura soin de lire le témoignage de cette formatrice en langue qui racontait comment l'un de ses employeurs lui avait proposé une augmentation obligatoirement liée ... au passage au statut d'auto-entrepreneur !

Au gouvernement, on avait promis, la main sur le coeur, de mettre fin à ce genre de pratiques. Elle ont malgré continué à persister puisqu'on apprenait le 16 mars dernier que : « Acadomia, le leader du soutien scolaire en France, venait d'être a été épinglé par l’Urssaf Paris-Ile de France pour avoir incité une partie de ses salariés à prendre le statut d’auto-entrepreneur, afin de réduire ses charges sociales »

Pas de surprise pour Michel Abhervé qui en 2009 dénonçait sur son blog : « les pratiques d’Acadomia qui associait à un usage généralisé de la défiscalisation au nom de l’encouragement à l’emploi à domicile une pratique d’incitation généralisée à l’auto-entrepreneuriat, facteur d’économies de charges, et donc de profit maximisé »

Si Acadomia va subir un redressement de cotisations sociales légitime, il est clair comme l'explique le magazine Challenge, qui a révélé l'affaire, que les pratiques qu'Hevé Novelli qualifiait de marginales, sont légions dans le secteur des services à la personne. Où écrit le magazine : certaines entreprises emploieraient même 100 % de leur effectif en auto-entrepreneur

Si on ne souhaite pas communiquer au sommet de l'état sur ces pratiques. Challenge nous explique qu' à sa demande, la Délégation Nationale de Lutte contre la fraude vient de missionner les Urssaf d'une vaste opération de contrôle des auto-entrepreneurs.

Ce qui tendrait à prouver que le phénomène est tout sauf marginal !

D'ailleurs, trois députés UMP s'étaient émus en février 2012 de cette situation et avaient proposé, pour lutter contre cette forme de salariat déguisé de : « (...) mettre clairement en garde chaque auto-entrepreneur au moment où il s'inscrit des conséquences en cas d'une activité de sous-traitance avec son ancien ou son futur employeur (absence d'assurance chômage notamment) (...) tout en admettant que le chiffre de 1,5% des auto-entrepreneurs affirmant avoir créé leur entreprise à la demande de leur ancien ou de leur futur employeur (...) est sans doute minoré (...) »

Ce qui imposerait, en toute logique, un moratoire destiné à réviser le dispositif et définir des pénalités exemplaires pour les entreprises abusant de ce statut pour améliorer leurs profits.

Néanmoins, du côté de l'UMP, au delà de la dérisoire « mise en garde des auto-entrepreneurs », la priorité est l'extension du statut d'auto-entrepreneur aux étudiants. En effet, en cas de victoire à la présidentielle et aux législatives, l'UMP propose dans son projet numérique : « (...) la création d’une vraie culture du numérique. A ce titre, le statut d’auto-entrepreneur devrait être renforcé pour répondre aux nouveaux usages du numérique (...) » Du travail en perspective pour les contrôleurs de l'Urssaf ...

05 mars 2012

Egalité hommes femmes : L'éternelle découverte de Laurence Parisot ?

Régulièrement, Laurence Parisot brandit son combat pour l'égalité professionnelle hommes femmes. Au point qu'on finit par se demander si elle dirige le Medef dont les adhérents ne semblent pas vraiment concernés !

Si Laurence Parisot est volontairement discrète sur le nombre de ruptures conventionnelles qui ont atteint un record, ou sur les accords de chantage à l'emploi que l'UMP essaye de faire passer avant les présidentielles, elle est volontiers diserte sur les discussions sur la « qualité de vie au travail » auxquelles vont participer syndicats de salariés et patronaux.

C'est au cours de ces discussions que sera évoqué un de chevaux de bataille de madame Parisot : L'égalité professionnelle hommes-femmes. Elle s'en explique : « (...) l'organisation patronale compte notamment mettre l'accent sur l'égalité des chances en matière de progression de carrière car c'est là la clef de l'inégalité des salaires (...) On propose moins d'opportunités aux femmes qu'aux hommes dans l'entreprise (...) dans le cadre de ces négociations, je proposerai de créer un indicateur de taux de promotion hommes-femmes (...) »

Le 27 juin dernier, nous avions consacré un article aux déclarations de Laurence Parisot qui lançait avec l'UMP, à l'époque un vibrant plaidoyer pour l'égalité hommes-femmes.

Nous écrivions : « (...) d’après le rapport du Forum économique mondial de Davos de 2010, la France est classée au 127ème rang sur 134 pays en matière d’égalité salariale entre les hommes et les femmes, derrière le Kenya ou le Kazakhstan ! Malgré la volonté du législateur, l’égalité professionnelle est rarement une orientation stratégique au sein de l’entreprise. On constate même aujourd’hui des signes de régression (...) Le constat actuel est implacable : les femmes représentent 51% de la population française, 47% de la population active mais 82,2% des travailleurs à temps partiel et les écarts de salaires entre les hommes et les femmes sont encore de 19% (...) » Ne cherchez pas, il est disponible sur le site Web Projet UMP 2012 !

Si le sujet de l'égalité hommes-femmes n'était pas si important, on pourrait, avec humour, déplorer, que la droite parlementaire et le Medef, ne soient pas aux commandes ... de la société française et de ses entreprises

En effet, qu'est ce qui a empêché Laurence Parisot, Présidente du Medef depuis 2005, d'imposer aux entreprises adhérentes au Medef, l'obligation d'une véritable égalité hommes-femmes ?

Car en ce qui concerne : le refus des augmentations de salaires, du partage de la valeur ajouté, du refus de quotas d'apprentis, ou de l'assouplissement des licenciements, elle a montré qu'elle savait traiter les salariés hommes et femmes de la même façon !

Que n'a t-elle mobilisé son mouvement contre la situation décrite par l'UMP : « (...) les femmes connaissent un risque accru d’être des « outsiders » sur le marché de l’emploi (...) Elles passent de plus ou moins longues périodes sur le versant « précaire » du marché de l’emploi et représentent 82,2 % des travailleurs à temps partiel (...) »

Et lorsqu'on lui demande s'il faut : En passer par une loi pour codifier les rapports hommes-femmes dans l’entreprise, pour mettre fin aux comportements anormaux et aux injustices flagrantes, elle n'hésite pas un instant : « (...) Les lois existent déjà. Sans une prise de conscience et une adhésion générale, elles ne seront pas appliquées. Oui, il faut normaliser mais plutôt par des codes, des principes, des chartes de bonne conduite dans les entreprises, petites et grandes, ou grâce à des formations qui expliquent ce qu’il convient de faire et d’éviter, y compris dans les administrations (...) »

Et oui, avec le Medef, c'est une habitude : Tout commence par un débat pour finir par ... un code de bonne conduite.

Ne reste plus qu'à attendre la fin des discussions pour savoir si les nouvelles « proposition innovantes » de Laurence Parisot se résument une fois de plus à éviter une intervention des élus de la nation et leurs éventuelles sanctions ou pénalités ...

20 février 2012

A Florange on attend toujours le « Président du peuple » !

Les ouvriers d'ArcelorMittal Florange n'ont toujours pas reçu de soutien ou de visite du président candidat qui répétait : « J'aime les usines, c'est mon truc » N'aurait-il que des référendums à leur proposer comme solution à leur colère et angoisse ?


Le conflit qui oppose les ouvriers d'ArcelorMittal Florange à leur direction est un symbole très fort à deux mois de l'élection présidentielle. En effet, le Président candidat qui n'a cessé durant son mandat, de hurler son bonheur de se trouver dans une usine, semble cette fois-ci, sans réaction face à une possible fermeture qui pourrait concerner à terme, des milliers de salariés.

Que faire pour éviter une fermeture qui ressemblerait bigrement à celle de Gandrange ?

A ce jour, le « Président courageux qui protège » n'a semble t-il aucune réponse à apporter.

Par contre, le Président candidat a fait des propositions qui selon lui permettraient de lutter contre la désindustrialisation ?

« La fin des 35 heures qui pourraient être vidées de leur substance avec des négociations compétitivité emploi au sein des entreprises ». Traduction : travailler plus et accepter de gagner moins

Et en cas de fermeture ?

La mis en place d'un « référendum sur le chômage (...) dans lequel on demanderait aux français de valider : « l'obligation pour les chômeurs d'accepter la première offre d'emploi correspondant au métier pour lequel ils auront été nouvellement formés (...) »

On est bien loin des « discours ouvriers » prononcés en Moselle d'un : « Moi j'aime bien les usines. Moi je veux rencontrer des vraies gens, aller dans les usines, expliquer ce qu'on est en train de faire (...) Usines, ouvriers, politique industrielle ne sont pas des gros mots (...). Je crois à la vocation industrielle de la France et de la Lorraine, une région qui a connu tant d'épreuves (...) »

Bien loin aussi : « la France qui se lève tôt, la France qui travaille (...) La France qui ne demande rien, mais qui se lasse qu'on exige tant d'elle » qu'il venait visiter et à qui il promettait de gagner plus en travaillant plus ...

La réalité, c'est qu'après avoir prouvé son impuissance à empêcher les entreprises de supprimer des emplois, et oublié toute promesse de réforme du capitalisme, notre Président candidat n'a que le « courage » à proposer aux ouvriers de Florange !

Courage de qui ?

Des salariés qui devront apprendre à vivre avec des salaires variables en fonction du carnet de commande de leurs entreprises et pourront être licenciés plus facilement ?

Des mêmes salariés qui, ayant perdu leur emploi, se verront proposer n'importe quelle formation, et à terme, n'importe quel pseudo emploi, qu'ils devront accepter sous peine de perdre leurs indemnités ?

Ou d'un président candidat qui serait capable de retourner maintenant dans cette Lorraine qui a connu tant d'épreuves pour l'expliquer aux salariés d'ArcelorMittal Florange ?

Malheureusement pour les salariés de Florange, il semble bien Monsieur le Président que votre vision du courage se limite à une référendite aigüe. Un peu court pour prétendre au titre de « Président du peuple » ...

17 février 2012

Contrat social ou Pacte social : Enjeu de société pour les salariés !

Les organisations patronales se sont engagés dans la campagne présidentielle. On ne compte plus leurs argumentaires justifiant la flexibilité ou la casse du code du travail. La CGT a décidé de leur répondre point par point. Attention choix de société !

Dopés par la proximité de la présidentielle les organisation patronales ne cessent directement ou par le canal des élus de l'UMP de nous expliquer que les maux des entreprises sont dus : Au coût du travail, au 35H00, à la rigidité du code du travail qui ne permet pas de licencier sans entrave, à l'impossibilité de moduler les salaires à la baisse en cas de moindre activité. Et en ce qui concerne les chômeurs : A la non dégressivité des allocations chômage.

Tout ceci, à l'UIMM porte le « joli » nom de « Pacte social pour une industrie compétitive »

On y apprend, entre autre que l'UIMM : « (...) réclame qu'on lui livre des salariés disposant au minimum d'un socle de connaissance de base. En gros savoir lire, écrire, compter, s'exprimer en anglais, maîtriser les TIC (...) » Qu'en ce qui concerne les licenciements, elle : « (...) réclame une sécurisation juridique et un allégement de ce qui relève du licenciement économique (...) » Et pour ces assistés de chômeurs, elle propose d'offrir : « Une prime à ceux qui se remettent en selle rapidement, avant épuisement de leur droit (...) » tout en réclamant une dégressivité des allocations afin de motiver les salariés à une reprise rapide !

Face à ces allégations et provocations, dont la plupart figureront au programme du Président candidat, il était nécessaire que les syndicats de salariés apportent leurs réponses à ces arguments. C'est la CGT qui a décidé de s'y coller au travers d'un questions/réponses fort intéressant

Le coût du travail en France est-il trop élevé ? : « Les chiffres sont têtus. La Cour des comptes affirme que le coût du travail en France, compte tenu de la productivité horaire, se situe en dessous de la moyenne de celui de l’Union européenne (...) »

Les Français ne travaillent-ils pas assez ? : « En 2009, un salarié français travaillait en moyenne 39,4 heures par semaine, un Italien 39 heures, un Danois 37,7 heures… la moyenne de l’Union européenne à 15 et à 27 étant fixée à 40,4 heures (...) »

Le droit du travail est-il trop rigide en France ? : « (...) Les études comparatives publiées par l’OCDE ont mis en évidence qu’un pays doté d’une législation protectrice pouvait avoir un taux de chômage plus faible qu’un pays doté d’une législation plus souple, et inversement (...) »

Faut-il baisser les salaires pour préserver l’emploi ? : « (...) l’expérience montre que les garanties sur l’emploi restent virtuelles, quand les sacrifices consentis par les salariés sont bien réels. Que sont devenues les promesses tenues lorsque l’entreprise a mis la clef sous la porte ? Les salariés de Continental à Compiègne en savent quelque chose : ils se sont serré la ceinture et ont été licenciés quand même (...) »

Les chômeurs sont-ils des assistés ? : « (...) Moins de la moitié seulement est indemnisée par le régime d’assurance chômage, moyennant une rémunération moyenne de 1 122 euros par mois. Les autres perçoivent, dans le meilleur des cas, les minima sociaux comme l’allocation spécifique de solidarité ou le revenu de solidarité active (...) »

Belles différences d'interprétations direz vous! Surtout que celles-ci définiront à cour terme l'avenir de notre modèle social. A vous d'être vigilants et de bien lire les programmes des candidats avant de déposer votre bulletin de vote dans l'urne !

24 janvier 2012

« Notation sociale » des entreprises : Le pouvoir aux consomm'acteurs ?

Chez Novethic et Vigeo, on ne doit pas bouder son plaisir. En effet, François Hollande a décidé d'ajouter la notion de « notation sociale des entreprises » à ses propositions. Si les salariés et les consommateurs devraient apprécier, il ne devrait pas en être de même des organisations patronales !

Et si les consommateurs et les épargnants avaient la possibilité de connaître la situation sociale des entreprises avant d'acheter un produit ou un service ou investir leur argent ? C'est l'une des propositions de François Hollande : « (...) On note tout aujourd'hui, moi je propose une idée audacieuse : une notation sociale des entreprises (...) »

Qu'a t-il exactement proposé ?

On peut le lire sur son site officiel « (...) Ce dispositif obligerait toutes les entreprises à faire certifier annuellement la qualité de leur gestion des ressources humaines au regard de criteres officiels de qualité de l’emploi qui seront définis avec les partenaires sociaux. Les résultats de cette notation seront rendus publics afin que les salariés, mais aussi les consommateurs aient connaissance de la qualité sociale des entreprises (...) »

Les concepts de responsabilité sociale des entreprises et de l'investissement socialement responsable ne sont pas nouveaux, mais jusqu'à présent, ils étaient observés avec plus ou moins d'attention ou ... d'indifférence par les partis politiques.

La nouveauté dans la proposition de François Hollande, c'est de passer du volontariat actuel à l'obligation.

Si du côté des syndicats, François Chérèque a déclaré : « (...) J'avoue que c'est la première fois que j'entends un responsable politique évoquer la notation sociale (...) » les organisations d'employeurs n'ont pas encore réagit au fait que, des représentants des salariés, puissent un jour : « sièger dans les conseils d'administration et les comités de rémunération »

Mais il ne faut pas être un grand expert pour prévoir que les syndicats patronaux ne vont pas tarder à faire connaître leur opposition et leur hostilité à de telles propositions.

Hostilité qu'ils ont déja manifestée en février 2010, lorsque Xavier Darcos décidait de mettre en place un site web qui visait à « favoriser l’exemplarité des entreprises en matière sociale » Au lancement du site : Les pages publiées distribuaient des codes couleur comme des bons ou des mauvais points. Ils indiquaient le degré d’avancement des entreprises dans la mise en œuvre d’une politique de « prévention du stress professionnel »

Panique immédiate des entreprises qui se voyaient appliquer un « feu orange » ou un « feu rouge » A tel point que : « (...) Lorsque les premiers noms sortent en rouge le 18 février, une avalanche de coup de fil tombe au ministère du travail. Peu d’entreprises tiennent absolument à être classées en vert car elles craignent un retour de bâton de leurs partenaires s’ils jugent le dispositif insuffisant, mais elles veulent absolument éviter le rouge. La méthode choque car elle n’est pas habituelle et les entreprises appellent le MEDEF à la rescousse pour éviter d’être jetées en pâture qu’elles aient de bonne ou mauvaise fois initié des actions (...) » - Usine Nouvelle

Résultat, le 19 février, les listes orange et rouges des entreprises en matière de prévention du stress, disparaissaient du site Travailler Mieux ... tout comme le problème des salariés malades du stress !

On devrait savoir jeudi si François Hollande intègre la notation sociale dans son programme présidentiel et connaître le niveau d'opposition des organisations patronales et de l'UMP.

Néanmoins, en cas de victoire, il est évident que la mise en place d'un tel projet ne sera pas facile. Mais qu'ont à craindre les entreprises : « (...) qui font un effort pour former leurs salariés et limiter la souffrance au travail (...) » ? Si ce n'est de voir consommateurs et épargnants récompenser leurs efforts !


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Le Monde

02 décembre 2011

Marque John Galliano : Une étonnante labellisation ... d'état ?

Le groupe LVMH a de quoi être content, la marque dont elle est propriétaire et qui porte le nom du sulfureux John Galliano s'est vue attribuer par Frédéric Lefebvre, le label d'état d' Entreprise du Patrimoine Vivant.

Si tout le monde a encore en tête le procès de John Galliano pour avoir en état d'ébriété, proféré des insultes racistes et antisémites envers deux clients d'un bar branché. On se souvient un peu moins que le même, avant ses déboires, avait reçu la légion d'honneur des mains du Président de la République au titre de son travail chez Dior. Et encore moins que le couturier avait sa propre marque, propriété du groupe LVMH.

Loin de disparaître, John Galliano SA, a continué d'exister. Et c'est l'ancien bras droit de Galliano, Bill Gaytten qui sans faire trop de bruit, en assure la direction.

Or, le 21 novembre, on apprenait que : « (...) La maison de Mode John Galliano a reçu de la part de Frederic Lefebvre, Secretaire d'Etat charge du Commerce, de l'Artisanat, des Petites et Moyennes Entreprises, du Tourisme, des Services, des Professions liberales et de la Consommation, le label d' Entreprise du Patrimoine Vivant et ce pour une duree de 5 ans (...) Dans le cas de la maison John Galliano, il s'agit de son Atelier (...) »

Le label Entreprises du Patrimoine Vivant ?

« (...) Le label Entreprise du Patrimoine Vivant est une marque du Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, mis en place pour distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence (...) » peut on lire sur le site web qui lui est dédié

Il a été créé par la loi en faveur des PME du 2 août 2005 (article 23) dite loi Dutreil, nom du ministre des PME, du commerce, de l'artisanat et des professions libérales de 2005 à 2007 et depuis 2008 président de filiale américaine de ... LVMH !

Le même Dutreil qui recevait le 20 juin 2011 au au siège de LVMH à New York la soirée de promotion des Entreprises du Patrimoine Vivant sur l'excellence des savoir-faire français. Jusqu'à présent, John Galliano SA, ne bénéficiait pas de ce label décerné entre autre à : (...) près de 900 maisons, telles que Chanel, Dior, Christofle, Baccarat, Chaumet, Vuitton, Givenchy, Guerlain, Berluti, Lenôtre, ou encore le Plaza Athénée »

Label qui au passage, outre le prestige, accorde quelques avantages fiscaux.

« (...) Deux crédits d’impôts peuvent être sollicités : la majoration du crédit d’impôt apprentissage porté à 2 200 euros par apprenti, ainsi qu’un crédit d’impôt création de 15 % concernant les dépenses de création de nouveaux produits (...) »

C'est ainsi qu'une filiale du Groupe LVMH, dont la santé financière n'est un secret pour personne, va pouvoir bénéficier d'un coup de pouce de l'état pour aider sa PME Galliano à : « (...) faciliter sa médiatisation à l’échelle nationale et internationale, créer et saisir des opportunités internationales d’affaires (...) conforter sa croissance, assurer le développement de l’emploi et favoriser sa transmission (...) » comme l'explique le label d'état

Seule ombre au tableau pour le nouveau labellisé, l'histoire de la marque ! En effet, sur le site des Entreprise du Patrimoine Vivant, on peut lire une présentation de chaque marque et de son « riche » passé. Ce qui n'est pas le cas de Galliano SA dont la fiche se limite pour l'instant au nom et aux coordonnées.

Mais dans la mesure où Frédéric Lefebvre ( accessoirement candidat de l'UMP pour les législatives dans la 1ère circonscription Etats-Unis et Canada) des Français de l'étranger et Renaud Dutreil (patron de filiale américaine de LVMH ) considèrent qu'il en va de l'avenir de l'excellence des savoir-faire français ...


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Maryosbazaar

03 novembre 2011

Responsabilité sociale des entreprises : De qui se moque Laurence Parisot ?

Le Medef l'affirme, il va coordonner des réflexions croisées sur la responsabilité sociétale de l’entreprise au B20, version patronale du G20. Or, c'est lui qui a réussit avec l'aide des députés à vider de sa substance le contenu du texte de loi français sur la RSE !

Faites ce que je dis, pas ce que je fais ! Cette expression populaire correspond bien à l'action du Medef, en ce qui concerne la responsabilité sociale des entreprises.

En effet, il faut une sacré dose de mauvaise foi pour écrire : « (...) Bien que le gouvernement français n’ait pas inscrit la RSE à l’ordre du jour du prochain G20, le MEDEF a jugé indispensable d’aborder la question dans le cadre du B20, opportunité exceptionnelle de débattre ensemble de ce sujet à forte dimension mondiale (...) Et le Medef, d'évoquer les ateliers suivants : Régulations financières, Développement, Dimension sociale de la RSE et Anti-corruption.

C'est d'autant plus amusant que, depuis plusieurs mois, le Tandem AFEP/Medef, n'a cessé de faire du lobbying, auprès des députés de la majorité, pour vider de son contenu l'article 225 de la loi Grenelle 2, qui définit les termes de la responsabilité sociale des entreprises.

Ce qui est confirmé par Bertrand Pancher, député UMP de la Meuse, qui a déclaré : « (...) ces mêmes organisations ont réussi à mobiliser la partie la plus conservatrice de la majorité, laquelle, malgré des appels à la sagesse du gouvernement et du président de la commission des lois, met au pilori cet important dispositif (...) »

Chronique d'un détricotage !

Tout d'abord, le Medef et l'AFEP, suivit en cela par le gouvernement avaient obtenu de larges assouplissements, à la liste des obligations applicables aux entreprises non cotées, par rapport à celles des sociétés cotées. La CGT citée par Ressources solidaires donne comme exemple : Auchan qui, dans ce cas, n'aurait aucune obligation de communiquer : « les informations concernant les CDD et l’intérim, celles relatives aux plans de réduction des effectifs et plans de sauvegarde de l’emploi, le temps partiel, l’intéressement, la participation et l’épargne salariale »

Novethic explique de son côté : « (...) L’objectif des lobbyistes coté entreprises était ouvertement de limiter le (...) l’obligation de faire évaluer par un tiers les données environnementales et sociales de l’entreprise (...) Un premier coup de butoir avait été porté à l’article 225 avec la suppression de la possibilité pour les institutions représentatives du personnel et les parties prenantes participant à des dialogues avec les entreprises de présenter leur avis sur les démarches de responsabilité sociale, environnementale et sociétale (...) »

Et pour conclure : « (...) Les députés ont voté dans la nuit du 11 au 12 octobre un amendement qui repousse d'un an l'obligation de reporting environnemental et social des entreprises, prévue par l'article 225 de la loi Grenelle 2 (...) » Et bien entendu établit : « (...) la distinction entre entreprises cotées et non cotées pour les obligations de rapport annuel sociétal (...) » et ce, malgré l'avis défavorable du Conseil d'Etat. - Actu Environnement

Et de quelle façon ! Puisque, cet amendement a été adopté lors de l'examen en séance publique à l'Assemblée de l'article 10 de la proposition de loi fourre-tout sur la simplification administrative présentée par le député UMP Warsmann.

En clair, un sabotage en règle qui vide de toute sa substance la notion de responsabilité sociale dont le Medef se targue d'être un des plus fervents défenseur et promoteur !

Jean Pierre Bompard, économiste, et négociateur des « Grenelle » de l'environnement, écrit pour sa part : « (...) Pendant ce temps, rien ne se fait, et la RSE n’avance pas. La stratégie de lobbying du Medef détricote le Grenelle de l’environnement. Après les menaces de délocalisation liée au prix du CO2 (...) les lois Grenelles qui représentaient une réelle avancée risque de devenir une coquille en partie vide. Vide dans le domaine des nouveaux droits sociaux »

C'est donc forte de cette stratégie de « nettoyage par le vide » que Laurence Parisot va apporter son expertise pour coordonner : « des réflexions croisées sur la responsabilité sociétale de l’entreprise » au B20/G20.

Une preuve de cette expertise ?

Les patrons du B20 ont indiqué qu'ils insisteront fortement sur les efforts que le G20 doit faire : « (...) au niveau international pour améliorer le fonctionnement des marchés du travail et stimuler la création d’emplois, en favorisant la souplesse et les formes de travail flexibles (...) » On se disait aussi ...


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