09 juin 2006

Le parti socialiste se convertit à l'économie sociale

Dans un précédent article « l’économie sociale doit se faire entendre » j’évoquais cette économie et sa capacité à prendre une place encore plus importante en France. Bien que cette économie, ni capitaliste ni publique, fondée sur des principes démocratiques, pèse aujourd’hui plus de 12% du PIB en France, elle peut et doit à mon avis progresser.

Jusqu’à présent ignorée ou mal défendue par les pouvoirs publics et les formations politiques qui lui préfèrent le développement durable qui est plus « porteur », je me demandais si les élections présidentielles à venir nous réserveraient une surprise ?

Allions nous encore avoir :

Un débat exclusivement centré sur le sentiment d’insécurité et les violences aux personnes ?

Des échanges sur la notion de services publics ou de services au public ?

Ou tout simplement un affrontement de chiffres sur qui a le mieux géré la croissance et qui est le plus à même de la faire revenir ?

J’ai pu ce matin lire « Réussir ensemble le changement» qui est le projet que portera le ou la candidate socialiste en 2007. Particulièrement concerné par la position de toutes les formations politiques sur le sujet de l’économie et de ses variantes, j’ai lu les 32 pages disponibles et découvert un sous chapitre qui s’intitule « Promouvoir l’économie sociale et solidaire »

Que dit-il ?

« Nous favoriserons le développement des services de proximité, mis en œuvre notamment par les associations : gardes d’enfants, aide aux personnes âgées, activités éducatives post et péri scolaires. Nous soutiendrons le secteur de l’économie sociale et solidaire. Son accès à la commande publique sera privilégiée. Sa fiscalité sera repensée avec le démantèlement progressif de la taxe sur les salaires pour les associations, frein considérable au développement de l’emploi. A l’instar des chambres de commerce et d’industrie, il sera créé des chambres nationales et régionales de l’économie sociale. Nous renforcerons particulièrement la position des mouvements associatifs sportifs, culturels et d’éducation populaire dans les instances de concertation et de décision pour le rôle qu’il joue dans l’épanouissement des individus et de la vie sociale, aussi bien en milieu rural qu’urbain »

A vrai dire, par vraiment de nouveautés en ce qui concerne les services à la personne, si ce n’est la délégation accrue au monde associatif qui est déjà très présent dans le domaine.

Quid par contre des incitations au modèle coopératif qui est une alternative aux statuts classiques d’entreprises ? Il est dommage que lorsqu’on consacre un (tout petit) passage de son programme à l’économie sociale, on oublie les entreprises qui acceptent le marché et sa concurrence tout en proposant un mode de gestion démocratique (un homme, une voix)

Finalement, je ne ferrai pas la fine bouche en constatant que l’économie sociale et solidaire qui était jusqu’à présent considérée comme une variable d’ajustement de la pauvreté fait partie d’un programme présidentiel.

Lorsqu’on se rappelle la place de l’écologie dans les précédentes élections, alors qu’aujourd’hui elle est une des parties centrales des programmes, on ne peut que souhaiter que l’économie sociale et solidaire connaisse le même sort.

Sources

Parti socialiste

07 juin 2006

Les monnaies peuvent avoir une âme ?




Alors que les places boursières se marient dans la joie et l’allégresse, se développent dans un quasi anonymat des monnaies parallèles que l’on pourrait appeler « monnaies sociales »

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces systèmes ne sont pas utilisés dans des pays en développement mais en Allemagne au Japon, en Italie, en Amérique du Nord (Time dollar ) et en France.

En France on connaît les systèmes d’échange locaux (Les SEL) qui permettent à des gens dans une zone géographique limitée d’échanger des services (je répare ton ordinateur et tu me donne un cours de cuisine)

Véritable symbole d’une économie parallèle plus solidaire, les SEL forment désormais un réseau national très large

En Allemagne, on utilise le « Roland » ou le « Chiemgauer »

Chiemgauer est le nom d'un REGION, semblable au Système d'échange local français, qui a commencé en 2003 à Prien am Chiemsee, Bavière, en Allemagne.

Christian Gelleri, enseignant dans un lycée, a fondé ce projet avec ses élèves qui étaient chargées du dessein et imprimerie des Vales, de l'administration, de la comptabilité, de la publicité et d'autres services. Actuellement il fait partie du réseau national de monnaies régionales en Allemagne qui s'appelle RegioNetzwerk

L’originalité de ces monnaies est qu’elles sont « périssables » ou « fondantes » En clair, elles perdent de 1 à 2 % de leur valeur chaque mois. Le but est d’empêcher la tésaurisation et obliger les détenteurs à réinvestir pour profiter de la communauté.

Au Japon les "Fureai Kippu" apportent un début de réponse à la crise du vieillissement démographique. Leur principe ? Un jeune fait des courses, prépare la cuisine et fait prendre son bain à une personne âgée à la motricité réduite.

Pour ce service, ce jeune perçoit des "tickets de soin" ou "Fureai Kippu", qu’il dépose sur un compte. S’il tombe malade, il peut utiliser ces tickets pour payer une aide à domicile. Il peut aussi faire un transfert électronique sur le compte de sa mère, à l’autre bout du pays, afin que celle-ci puisse s’offrir une aide à domicile.

Des expériences fonctionnent également en Corée ou au Brésil

Ces monnaies n’ont pas l’ambition de remplacer le système monétaire mondial et sont dans un certain nombre de pays encouragées par les gouvernements comme Au japon ou au Brésil. Bien que ne cherchant pas à déstabiliser le monde de la finance, tous ces systèmes sont un puissant outil de développement local et de recréation de liens sociaux et économiques.

Enfin n’oublions jamais que le 2 avril 1792, le Congrès des Etats-Unis adoptait le "Mint Act" qui instaurait une nouvelle unité monétaire, le Dollar.

Cette disposition renforçait l'autonomie du pays, indépendant depuis le 4 juillet 1776. Les premières pièces furent frappées en 1793 à Philadelphie. Il faudra attendre 1861 pour voir apparaître les premiers billets verts. Il s’agissait tout simplement d’un SEL qui a plutôt pas mail réussit !!!




Sources et bibliographie

Place publique
Terra-economica
Pôle de socio économie solidaire
Sel Terre
Selidaire
Le Figaro

06 juin 2006

Reste-t-il encore une place pour les quotidiens payants ?




Le groupe BOLLORE va lancer son « gratuit » du soir qui devrait être selon ses propos sur Europe un journal de l’actualité politique et people rempli de photos plus agréables à consulter que des textes de fond. Ce journal sera domicilié dans la tour BOLLORE, à Puteaux, en région parisienne. Le tirage de Direct Soir est fixé à 250 000 exemplaires en Ile-de-France et autant en régions. Le mode de distribution privilégiée est le colportage.

A la lumière de cette nouvelle expérience de presse gratuite, Il est grand temps de se poser la question de la valeur de l’actualité et de sa diversité.

Beaucoup d’internautes ont eu la surprise de découvrir que les informations de l’AFP et de REUTER disponibles entre autre sur YAHOO! sont les mêmes que celles distillées (parfois sans aucun commentaire additionnel) par la presse écrite et audio visuelle. Il en sera de même pour le nouveau-né édité par le groupe BOLLORE.

Selon Le Figaro : « Les équipes sont constituées. Vincent Bolloré, le propriétaire du titre, s'implique lui-même dans les réunions du nouveau titre. Il est secondé par Philippe Labro et Paul Giannoli, conseiller éditorial, ancien patron de Télé 7 Jours et du JDD. Les équipes rédactionnelles du quotidien ont vocation à se rapprocher de celles de la télévision, Direct 8, chaîne de la TNT, également propriété de l'industriel, tout comme les équipes commerciales des deux médias devraient travailler de concert »

Quel est le problème qui va se poser à terme ?

Insinuer dans l’esprit des gens que payer pour quelque chose que l’on puisse avoir gratuitement est un non-sens économique.

Si le groupe BOLLORE a les moyens de dépenser 20 millions d’€ et attendre 7 ans pour obtenir la moindre rentabilité cela n’a rien de philanthropique. L’objectif déclaré est d’offrir une version de plus des dépêches accessibles à l’internaute moyen.

Alors qu’on demande chaque jour aux français de sortir de leur routine et d’être inventifs et créateurs, on leur propose de plus en plus de media routiniers et sans imagination.

Reste-t-il encore une place pour les quotidiens payants ?

En l’état, on peut légitimement se poser la question. Il est vrai que la presse écrite est au bord du gouffre et que seules des injections de capitaux régulières permettent à LIBERATION, au FIGARO, au MONDE ou à l’HUMANITE de ne pas cesser de paraître. Les récents déboires sans fin de France Soir ne plaident pas non plus en faveur des titres payants.

Alors, pourquoi cette désaffection au profit de condensés gratuits ? Tout simplement parce que les plus grands titres de la presse écrite ont abusé de la technique de « copier/collé » utilisée par les gratuits. Il est certain que l’affaiblissement du Parti Communiste français a entraîné l’HUMA dans des profondeurs insondables et que les prises de position des directeurs du MONDE et de LIBERATION ont finit par lasser ou offusquer des lecteurs fidèles.

La presse écrire s’est longtemps prise pour une institution que le lecteur se devait de ne jamais critiquer. L’investigation qui est coûteuse a été reléguée et remplacée par des témoignages recueillis par des correspondants disposant de peu de temps et de budget.

Impressionnés par les résultats de certains quotidiens régionaux, la presse nationale s’est mise à faire du chien écrasé, du portait du dernier sabotier du Haut Jura et du « bonheur dans le pré »

En fin de compte, il n’existe quasiment plus de presse d’opinion et le débat de société s’est déplacé vers les nombreux sites Web que les quotidiens ont été obligés de mettre en place pour continuer à capter l’attention des populations. Or, le site Web est une réponse gratuite à un problème de survie. Alors pourquoi en ce cas payer pour son quotidien du matin ?

La rédaction d’un quotidien coûte cher et avoir des journalistes de qualité également. La presse quotidienne nationale ne peut s’appuyer sur les perfusions financières et la publicité pour avoir un avenir.

Il lui faut retrouver ses racines et un ton qui passe par la diversité des opinions et la qualité de ses enquêtes et investigations. Le journalisme citoyen qui se développe sur le Web apporte la preuve du dynamisme de la pensée et du goût immodéré des français pour le débat. L’avenir de la presse écrite nationale passe par un travail au moins équivalent.


A vous de jouer messieurs les directeurs et patrons de presse