A Vannes, en Bretagne, les équipes de Pôle Emploi ont organisé une rencontre de basket entre chômeurs et recruteurs. Nom de cette initiative : « du stade à l'emploi ». Enjeu : trouver du personnel pour des entreprises de burgers ou de bricolage.
C'est le supplément économique du journal du Parisien du 8 février qui nous l'explique : : « le jeudi 26 janvier, sur le terrain de basket, sept équipes d'une petite dizaine de joueurs qui ne se sont jamais vus ... Leur particularité ? Les trois quarts sont des demandeurs d'emplois et le reste des recruteurs … mais personne ne sait qui est qui »
En lisant ce matin cet article, j'avoue avoir manqué de lâcher ma tasse de café.
Pour
avoir connu au cours de ma carrière professionnelle quelques
passages par Pôle Emploi et avoir été ballotté d'un stage de
recherche d'emploi dont le but était de
« rechercher au fond de soi les raisons de son échec. »
à un stage de motivation au cours duquel un « formateur » nous expliquait que : « la recherche d'un emploi est un
métier à plein temps », que nous n'avions « aucune
méthodologie » et que nous étions « responsables
de notre sort ». Le tout ponctué par un coup de téléphone
par an, sachant que ma conseillère attitrée suivant environ 400
personnes. Je me demandais si les méthodes de Pôle
Emploi avaient changé, du moins évolué. Oui et de quelle façon !
La réforme de l'assurance chômage ayant diminué les droits de tous les chômeurs de 25 % depuis le 1er février et les radiations à Pôle Emploi ayant atteint un record en 2022 il faut donc comme l'explique le gouvernement mettre en place rapidement des solutions pour arriver au « plein emploi ».
Mais revenons à Vannes ou des postes étaient à pourvoir. 80 très exactement selon l'article du Parisien. Quelles étaient les entreprises qui proposaient des postes : le CCAS de Vannes, Burger King, Leroy-Merlin, E. Leclerc, Mc Donald's et l'Armée de terre.
Dans cette situation, on pourrait penser qu'il suffisait à Pôle Emploi de croiser ses fichiers de demandeurs avec les offres et d'adresser des candidats pour entretien aux entreprises. Or, comme l'explique le Parisien, l'équipe locale de Pôle Emploi a préféré organiser une journée du type « patron incognito ».
Extrait du programme de la journée : « 10H30 : après avoir revêtu des maillots de différentes couleurs et des petites pancartes avec leurs prénoms, les joueurs procèdent à un petit échauffement avant d'alterner … différents ateliers. Dans celui-ci, ballon en main, on doit fermer les yeux et et réaliser un parcours d'obstacles guidé par son binôme » du côté des recruteurs on trouve ce jeu : « … d'observation et de communication très sympa » Une autre recruteuse indique : « on voit rapidement qui a l'esprit d'équipe, qui est moins à l'aise pour prendre le lead ...c'est une belle façon de rencontrer des postulants à mon sens »
L'article indique que les recruteurs ont pris beaucoup de plaisir au cours de cette rencontre mais n'indique pas le niveau d'humiliation auquel les demandeurs d'emploi ont été soumis en fonction de leur adresse ou de leurs capacités physiques. Il n'indique pas non plus combien ont obtenu un des postes proposés ni ce qu'on ressenti ceux qui, à l'issue de cette pitrerie, ont échoué à cet exercice.
Pour ceux-là ce sera le stage de motivation au cours duquel on mettra en avant leur manque d'implication ? Les motivera t-on pour la prochaine initiative qui pourrait être basée sur une course en sac, du tir à la corde et pourquoi pas de la boxe Thaï ? Et pourquoi pas, puisque c'est à la mode une journée de survie en forêt ? Enfin sachez que ce nouveau genre de job-dating existe depuis 2020, en Rhône-Alpes, basé lui, sur ... l'athlétisme.
Le bilan ? On l'ignore. Mais visiblement les équipes de Pôle Emploi et les recruteurs prennent beaucoup de plaisir. Quant aux demandeurs d'emploi ....
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Opération le 22 novembre à Lannion