27 janvier 2012

Lejaby : Symbole du naufrage industriel du gouvernement !

Laurent Wauquiez est mobilisé sur le sort de l'usine Lejaby abandonnée par le repreneur de la marque. Normal, l'affaire se passe dans sa propre circonscription ! Sauf que jusqu'à présent, déclarent les ouvrières : « Wauquiez ? On ne l'a jamais vu ici » !


Bien qu'on puisse lire tous les jours l'annonce plans sociaux en France, l'affaire Lejaby est devenue le symbole de l'échec du gouvernement face à la désindustrialisation. En effet, elle cumule les problèmes du fabriqué en France avec celui de l'âge de salariés qui sauf coup de chance devront survivre en attendant d'obtenir le départ à la retraite !

L'histoire de Lejaby, contée par Le Nouvel Obs est édifiante

« (...) Le fabricant de lingerie Lejaby, tout juste repris par un consortium associant son sous-traitant tunisien, a commencé à délocaliser sa production dès 1992 (...) les délocalisations dans la lingerie avaient démarré dès les années 1970 (...) Il emploie 15 personnes au départ en Tunisie, la montée en charge est rapide (...) Lejaby, qui compte près de 1.200 salariés sur huit sites en Rhône-Alpes et Auvergne, est cédée en 1996 à l'Américain Warnaco. Quatre usines ferment en 2003, avec 250 suppressions d'emplois à la clé. La part de la production réalisée en France descend à 40%. Le groupe autrichien Palmers rachète la société en 2008 et ferme trois usines Lejaby en France en 2010 pour fabriquer dans les pays à bas coûts. Au total, 197 salariés sont alors licenciés. Depuis, 93% de la production était fabriquée à l'étranger, dont 83% au Maghreb et 10% en Asie (...) Restait en France l'usine d'assemblage d'Yssingeaux et ses 93 salariés (...) » jusqu'à l'annonce par le dernier repreneur de la fermeture définitive du dernier atelier français !

Cette fermeture est tombée au plus mauvais moment, pour le Président pas encore candidat, qui « aime les usines » et le gouvernement qui nous avaient boursouflé le cortex avec le retour de la production en France. Ajoutons à celà que l'usine Lejaby est située dans la circonscription de Laurent Wauquiez le défenseur « autoproclamé » des classes moyennes !

Or, si Wauquiez est député de la circonscription depuis 2004, et a donc pu suivre une grande partie des déboires successifs de la marque, les ouvrières de l'usine d' d'Yssingeaux sont formelles, jusqu'à l'annonce officielle de la fermeture : « Wauquiez ? On ne l'a jamais vu ici » C'est d'autant plus remarquable que notre homme a été secrétaire d'Etat à l'Emploi, mais a préféré fustiger les assistés du RSA. Que voulez-vous, on a les priorités qu'on peut !

Mais, présidentielle et législatives obligent, notre député maire ministre a trouvé en très peu de jours : « (...) des contacts avec neuf repreneurs industriels et des contacts très sérieux avec trois (...) »

Que valent ces gesticulations face quatre-vingt-dix femmes et trois hommes qui expriment amertume et colère ? Salariés, à qui on a demandé de réaliser les plus beaux produits, tout en respectant des rendements hallucinants, leur permettant en cas de dépassement, de toucher des primes de ... 2 à 3 euros par semaine. Comme le raconte une ouvrière de la marque au Nouvel Obs

A vrai dire rien, si ce n'est permettre au ministre de plaider pour : la production française et brandir : un protectionnisme européen. Oubliant au passage de préciser que Jean-François Copé le secrétaire général de l'UMP l'a publiquement désavoué indiquant qu'il s'agissait : d'une idée obsolète !

Même si le réveil de Laurent Wauquiez est tardif et opportuniste, il est clair que nous espérons que les salariés obtiendront une solution pour conserver leur emploi et leur dignité. Espérant au passage que ceux-ci ne seront pas soumis ... dans la foulée, à un accord « chantage » compétitivité-emploi, que devrait probablement vanter dimanche, le Président de la République, et qui consiste à travailler plus ... pour le même prix !

Eh oui, ça se passe comme ça chez : « le Président courageux qui protège » et « aime les usines »


Crédit et copyright photo
La Montagne

26 janvier 2012

Ne vous en déplaise Monsieur Bertrand : Oui à la retraite à 60 ans !

Xavier Bertrand s'oppose de façon virulente à l'engagement de François Hollande de ramener l'âge légal de la retraite à 60 ans à taux plein. On pourrait lui rappeler que plus de 800.000 chômeurs seniors sont toujours en attente des promesses du gouvernement !

Il y a quelques heures lors de la présentation de son programme, François Hollande a déclaré : « Je ferai en sorte que tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé la totalité de leurs annuités retrouvent le droit de partir à la retraite à taux plein à cet âge-là : ce principe sera mis en œuvre immédiatement (...) »

Démagogie, faute de gestion, ruine du système hurleront dans les heures qui viennent ministres et parlementaires de l'UMP, qui se feront plus discrets sur ... les derniers chiffres du chômage et tout particulièrement ceux qui concernent ... les seniors privés d'emploi !

Seniors qui sont aujourd'hui plus de 835.000 sans emploi et à qui le gouvernement et l'UMP ont supprimé

La dispense de recherche d'emploi,
L'Allocation équivalent retraite (remplacée par la restrictive Allocation transitoire de solidarité)
Et qui restent en tête des ruptures conventionnelles !

Le tout étant parfaitement résumé par Gaby Bonnand, le président de l'Unedic : « Le nombre de chômeurs de plus de 50 ans est en effet en forte hausse (+16 % sur un an). Les entreprises licencient ou parviennent à se séparer par d'autres moyens des salariés les plus âgés qui n'ont pas toujours eu, dans leur carrière, les formations qui leur aurait permis de rebondir. Par ailleurs, les employeurs conservent de fortes réticences à embaucher des personnes de plus de 50 ans. D'un côté donc on licencie les seniors sans qualification; de l'autre, les entreprises ne recrutent plus après un certain âge (...) »

On est bien loin, aujourd'hui des propos enflammés de Laurent Wauquiez qui déclarait en 2010 : « (...) Notre mobilisation a déjà payé et nous sommes en train de récolter les fruits de nos efforts (...) Jamais le taux d'emploi des seniors n'avait autant progressé en France, surtout en temps de crise. L'accélération s'est produite au troisième trimestre 2009 au moment où nous enclenchions notre plan d'emploi des seniors (...) »

Tout comme ceux d'une Laurence Parisot qui clamait son enthousiasme devant l'idée de François Fillon de repousser l'âge légal de la retraite à 67 ans, ajoutait : « quand on aura 67 ans en 2030, on sera dans un état de santé, un état physique comparable à 62 ans aujourd’hui » et que c'était : « une excellente idée et une bonne réponse à la crise actuelle (...) » oubliant au passage les engagements pris en 2008 et en 2009 par le Medef

Alors, qu'est ce qui est préférable : Permettre à des salariés ayant leur nombre d'années de cotisations de partir à 60 ans ou les faire galérer inutilement jusqu'à 62 ?

Même si certains pourront reprocher le maintien par François Hollande de 41 années de cotisations, n'oublions pas que : « (...) depuis la réforme du gouvernement de novembre 2010, il faut, pour bénéficier d’une retraite à taux plein, avoir cotisé 41 ans pour pouvoir partir à 60 ans et 8 mois quand on est né en 1952 et 41,5 ans pour pouvoir partir à 62 ans quand on est né en 1955 et après (...) et que si on ne dispose pas de ces annuités il faut continuer à travailler jusqu’à un âge maximum de 67 ans, qui a été repoussé de deux ans par la réforme du gouvernement » - Ouest France

D'autant que le candidat socialiste ne ferme pas la porte à la prise en compte de la pénibilité qui a été purement et simplement massacrée par Eric Woerth.

Ce qui ne devrait pas empêcher l'UMP de promettre aux français le feu du ciel au cas où François Hollande serait élu Président de la République. Français beau joueurs qui laisseront toutefois encore 87 jours au Président, à Xavier Bertrand et aux parlementaires UMP pour leur prouver qu'on peut sans difficulté travailler plus longtemps !


Crédit et copyright photo
France Soir

25 janvier 2012

Accords compétitivité-emploi : L'envers du décor du « chantage à l'emploi » !

La TVA sociale que le président essayera de nous vendre dimanche soir, n'est en fait qu'un écran de fumée destiné à masquer les accords-compétitivité-emploi qui vont modifier en profondeur le code du travail au seul profit des entreprises !


Comme vous avez du le remarquer, le dernier élément de langage du gouvernement et de l'UMP, pour faire oublier les chiffres cauchemardesques du chômage est : Restaurer notre compétitivité ! Problème pour les salariés, ils vont le payer lourdement !

Que les salariés ne s'y trompent pas ! La discrétion du gouvernement et l'UMP sur le fonctionnement des accords compétitivité-emploi, est volontaire. En effet, expliquer clairement à quelques semaines de la présidentielle et des législatives que : « (...) cette mesure doit permettre aux entreprises de négocier le temps de travail des salariés en fonction de l'activité du moment (...) En échange d'une garantie de maintien des emplois (...) »

Après négociation avec les représentants des salariés : « (...) trois décisions peuvent être prises : soit augmenter le temps de travail en gardant le même salaire, soit maintenir le temps de travail en baissant le salaire, soit baisser à la fois le temps de travail et le salaire (...) » est assez suicidaire électoralement !

En résumé, le président, le gouvernement et l'UMP vous proposent de : travailler plus ou moins sans toutefois jamais gagner plus !

Belle escroquerie direz-vous ? Et vous aurez raison ! D'autant qu'il existe une face cachée que détaillent 3 avocats en droit social interrogés par L'Express. Ils sont unanimes : Cette mesure suppose de modifier le code du travail en profondeur.

Nous vous conseillons vivement la lecture intégrale et édifiante de l'article de L'Express, dont vous donnons ci-dessous quelques extraits.

« (...) Aujourd'hui encore, l'article L.1222-7 du code du travail autorise la diminution du nombre d'heures dans le cadre d'un accord de réduction de la durée du travail sans que cela ne soit une modification du contrat de travail (...) La seule différence de taille (...) c'est qu'il n'y a pas de baisse de salaire (...) »

« (...) Aujourd'hui le socle contractuel est défini par la loi et la jurisprudence (rémunération, horaires de travail,...). Toute modification contractuelle suppose l'accord du salarié (...) L'idée serait donc de rendre sa force obligatoire aux conventions collectives et aux accords d'entreprise (...) Ils s'imposeraient ainsi aux contrats de travail (...) »

« (...) il faudra fixer avec précision les contreparties possibles : pour les salariés d'une part (maintien de l'emploi ? des contrats de travail ?) (...) Il faudra aussi s'interroger sur le système de surveillance mis en place car le vrai problème est là (...) il faudra des garde-fous, notamment pour savoir jusqu'où il sera possible de baisser les salaires (...) » Et surtout : « (...) à quel niveau pourront être signés ces accords : celui de la branche, de l'entreprise ? (...) »

Mais il y a encore plus grave à notre sens. Il s'agit de la possible requalification du motif de licenciement, en cas de refus d'un salarié de voir modifier son contrat de travail : « (...) Aujourd'hui lorsqu'un salarié refuse une telle modification de son contrat de travail, il s'agit d'un licenciement économique. Ce n'est pas le refus du salarié qui est la cause du licenciement mais le motif de la modification proposée. Il pourrait être décidé que dans ce cas il ne s'agit plus d'un motif économique mais un motif personnel (...) »

En résumé le président, le gouvernement et l'UMP vous proposent de : travailler plus ou moins sans toutefois jamais gagner plus, sans réelles garanties !

Ce qui signifie que l'aventure subie par les salariés de Continental à Clairoix (Oise), dont le site a été fermé en 2010, malgré un accord fin 2007, pourrait devenir une hypothèse courante si les accords compétitivité-emploi étaient généralisés. Car comme le dit avec amertume le secrétaire national de la CGT, Maurad Rabhi : « ces accords n'ont jamais empêché une usine de fermer »

Alors séduits par cette version de la compétitivité qui sachez le, n'est en réalité ... qu'une commande passée au gouvernement par l'UIMM, et le Medef ? En tous cas, c'est bien ce qui pourrait arriver aux salariés au cas ou « le président courageux qui protège » était réélu ! Maintenant, c'est vous qui voyez ...

24 janvier 2012

« Notation sociale » des entreprises : Le pouvoir aux consomm'acteurs ?

Chez Novethic et Vigeo, on ne doit pas bouder son plaisir. En effet, François Hollande a décidé d'ajouter la notion de « notation sociale des entreprises » à ses propositions. Si les salariés et les consommateurs devraient apprécier, il ne devrait pas en être de même des organisations patronales !

Et si les consommateurs et les épargnants avaient la possibilité de connaître la situation sociale des entreprises avant d'acheter un produit ou un service ou investir leur argent ? C'est l'une des propositions de François Hollande : « (...) On note tout aujourd'hui, moi je propose une idée audacieuse : une notation sociale des entreprises (...) »

Qu'a t-il exactement proposé ?

On peut le lire sur son site officiel « (...) Ce dispositif obligerait toutes les entreprises à faire certifier annuellement la qualité de leur gestion des ressources humaines au regard de criteres officiels de qualité de l’emploi qui seront définis avec les partenaires sociaux. Les résultats de cette notation seront rendus publics afin que les salariés, mais aussi les consommateurs aient connaissance de la qualité sociale des entreprises (...) »

Les concepts de responsabilité sociale des entreprises et de l'investissement socialement responsable ne sont pas nouveaux, mais jusqu'à présent, ils étaient observés avec plus ou moins d'attention ou ... d'indifférence par les partis politiques.

La nouveauté dans la proposition de François Hollande, c'est de passer du volontariat actuel à l'obligation.

Si du côté des syndicats, François Chérèque a déclaré : « (...) J'avoue que c'est la première fois que j'entends un responsable politique évoquer la notation sociale (...) » les organisations d'employeurs n'ont pas encore réagit au fait que, des représentants des salariés, puissent un jour : « sièger dans les conseils d'administration et les comités de rémunération »

Mais il ne faut pas être un grand expert pour prévoir que les syndicats patronaux ne vont pas tarder à faire connaître leur opposition et leur hostilité à de telles propositions.

Hostilité qu'ils ont déja manifestée en février 2010, lorsque Xavier Darcos décidait de mettre en place un site web qui visait à « favoriser l’exemplarité des entreprises en matière sociale » Au lancement du site : Les pages publiées distribuaient des codes couleur comme des bons ou des mauvais points. Ils indiquaient le degré d’avancement des entreprises dans la mise en œuvre d’une politique de « prévention du stress professionnel »

Panique immédiate des entreprises qui se voyaient appliquer un « feu orange » ou un « feu rouge » A tel point que : « (...) Lorsque les premiers noms sortent en rouge le 18 février, une avalanche de coup de fil tombe au ministère du travail. Peu d’entreprises tiennent absolument à être classées en vert car elles craignent un retour de bâton de leurs partenaires s’ils jugent le dispositif insuffisant, mais elles veulent absolument éviter le rouge. La méthode choque car elle n’est pas habituelle et les entreprises appellent le MEDEF à la rescousse pour éviter d’être jetées en pâture qu’elles aient de bonne ou mauvaise fois initié des actions (...) » - Usine Nouvelle

Résultat, le 19 février, les listes orange et rouges des entreprises en matière de prévention du stress, disparaissaient du site Travailler Mieux ... tout comme le problème des salariés malades du stress !

On devrait savoir jeudi si François Hollande intègre la notation sociale dans son programme présidentiel et connaître le niveau d'opposition des organisations patronales et de l'UMP.

Néanmoins, en cas de victoire, il est évident que la mise en place d'un tel projet ne sera pas facile. Mais qu'ont à craindre les entreprises : « (...) qui font un effort pour former leurs salariés et limiter la souffrance au travail (...) » ? Si ce n'est de voir consommateurs et épargnants récompenser leurs efforts !


Crédit et copyright photo
Le Monde

23 janvier 2012

Modèle social français : Choix de société ou entrave pour les bancassureurs ?

Le modèle social français est une entrave pour les banquiers et assureurs qui lorgnent sur un pactole pour l'instant inaccessible. Denis Kessler l'un de leurs meilleurs porte parole ne désespère pas de liquider cet héritage du Conseil National de la Résistance pour leur plus grand profit.

Il est probable que peu de gens auront lu ce matin l'interview de Denis Kessler, l'actuel PDG du réassureur SCOR dans laquelle il déclare : « notre modèle social n'est pas tenable ». Et pourtant elle est importante. En effet, dans cette interview, l'ex-numéro deux du Medef et ex patron de la Fédération française des sociétés d'assurances, explique qu'au nom de la compétitivité, il est nécessaire de : « réinventer un modèle social adapté à notre temps »

Les initiés diront que ces propos ne sont pas nouveaux dans la mesure où Denis Kessler s'est juré d'avoir la peau d'un système qu'il exècre, et qui est issu du Conseil National de la Résistance. Pour s'en convaincre, il suffit de relire la tribune publiée sur le magazine Challenge en 2007

Extraits : « Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer (...) La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance ! (...) Ce compromis, forgé aune période très chaude et particulière de notre histoire contemporaine, se traduit par la création des caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l’importance du secteur public productif (...) le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite (...) »

On pourra répondre à monsieur Kessler que la baisse des remboursements des frais de santé qui a profité aux mutuelles et compagnies d'assurances ont aboutit à ce que : « (...) plus d'1 Français sur 4 (27%) avoue avoir déjà reporté des dépenses de santé, faute de moyens financiers suffisants en 2011 (...) » Ce qui n'est malheureusement qu'un début, puisque, en novembre 2011, on apprenait que : « ( ... ) 32% des Français sont prêts à renoncer à leur mutuelle santé, si elle devient trop chère (...) Pour ceux qui résisteraient encore, ils reverraient les garanties à la baisse mais favoriseraient à 42% la couverture des frais d’hospitalisation, devant les frais de soins courants (...) » Et comme 2012 sera une année exceptionnelle en matière d'augmentations de tarifs !

Tout comme la brillante idée qui a consisté à « privatiser » une partie du travail de Pôle Emploi en ayant recours à des entreprises prestataires, pour s'apercevoir un peu plus tard, que le taux de retour à l'emploi était plus élevé dans le service public que chez un opérateur privé !

Mais ceci ne pose aucun problème à Denis Kessler pour qui la cible ultime est la retraite. Il est d'ailleurs clair dans son interview : « (...) l'absence de fonds de pension dans notre pays est une erreur historique... que l'on n'a toujours pas corrigée » point de vue qu'il partage avec Laurence Parisot qui proposait en mai 2010 de rendre obligatoire la capitalisation individuelle.

Pour en revenir à Denis Kessler, il expliquait dans Challenges, comment équilibrer durablement le système des retraites. A savoir faire assumer par le budget de l'état une retraite de base minimale dont les conditions d'accès seraient drastiques (durée de cotisation, âge légal de départ ) et maintenir une partie de répartition classique. Notons au passage que les deux premiers piliers seraient interdits de déficit. Pour le troisième pilier, la capitalisation ferait le reste, à répartir ... entre les assureurs et banquiers !

Si en période économique faste, cette démonstration peut éventuellement se défendre, en période de crise et de chômage très élevé, la mise en place d'un tel système ne bénéficierait qu'aux revenus les plus élevés qui pourraient ainsi librement choisir la date de leur départ à la retraite. Pour les autres ....

Autre problème : Quelle pérennité des fonds de pensions et quelles garanties de service d'une pension correcte sur des durées de versement pouvant excéder 25 ou 30 ans ?

A priori aucune, dans la mesure où l'état n'est pas censé garantir les fonds de pensions privés.

Des exemples ?

20Minutes nous expliquait en juin 2009 : « (...) L'Irlande, l'Australie, le Danemark, les États-Unis, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, où les fonds de pensions ont un poids important, sont les plus affectés. Dans ces pays, cette perte de revenus met les salariés les plus âgés dans la plus mauvaise posture. Ils n’ont guère le temps de reconstituer leur épargne avant de devoir commencer à puiser dans leurs actifs pour financer leur retraite (...) »

En fin de compte, les seuls vrais bénéficiaires d'une rente seraient les assureurs et les banquiers qui disposeraient d'une épargne captive de longue durée leur permettant d'engranger des frais de gestion et des revenus issus du placement de l'argent des futurs retraités sans réel engagement vis à vis des épargnants retraite.

Mais Denis Kessler est formel : « (...) un modèle social financé à crédit n'est pas durable. Il faut réinventer un modèle social adapté à notre temps (...) Nous sortirons de l'ère du désendettement qui s'annonce d'autant plus rapidement que notre pays acceptera les réformes indispensables de son organisation collective pour renforcer sa compétitivité (...) »

Eh oui, capter une partie plus ou moins grande des quelques 100 milliards d’euros de la retraite par répartition est à ce prix ...


Crédit et copyright photo
L'Express