25 juillet 2013

Retraites : Le Medef se fout de la gueule des salariés

Les dernières propositions du Medef sur la réforme des retraites sont une insulte aux millions de salariés qui font fonctionner au quotidien les entreprises. Mais, monsieur Gattaz et son organisation semblent assez satisfaits de leurs outrances !



La retraite à 70 ans, ça vous tente ? Hé bien c'est l'une des propositions du Medef pour assurer l'avenir des régimes de retraites.

Comment ça ? direz-vous.

Extrait du communiqué publié sur le site officiel du Medef : « (...) Seul un relèvement de l'âge légal de la retraite couplé à un allongement de la durée de cotisation est susceptible de rétablir durablement l'équilibre du système de retraite en respectant une solidarité intergénérationnelle. D'après les estimations du MEDEF, à horizon 2020, une durée de cotisation portée à 43 annuités et un relèvement de l'âge légal à 63 ans seraient un premier pas susceptible d'engager un redressement de la situation. Il est à noter que, même dans ce cas de figure, la France resterait en deçà de l'âge légal effectif dans les autres pays européens (65 ans, voire 67 ans déjà programmés dans plusieurs pays). A défaut d'agir sur l'âge légal, il conviendra que la durée de cotisation augmente très rapidement pour rétablir un équilibre financier, soit 44 annuités en 2020 » 

Faites un rapide calcul. A condition d'avoir une vie professionnelle linéaire : l'âge moyen pour un premier CDI étant de 27 ans + 44 ans de cotisation = 71 ans. Ce qui n'empêche par le Medef d'écrire : « (...) La pérennité de notre système de retraite par répartition est un enjeu majeur pour notre société. Il importe aujourd'hui que nos concitoyens, et notamment les salariés, aient confiance dans le système actuel et futur (...) »

C'est au nom de ce raisonnement que le même Medef écrit plus loin : « (...) La situation économique dégradée des entreprises françaises rend impossible toute solution visant à augmenter les charges qu'elles payent à moins de choisir délibérément d'augmenter le chômage à terme. Rappelons que les entreprises françaises ont un taux de marge de 28 % contre 40 % pour la moyenne européenne : une augmentation de 0,1 % des cotisations sociales des entreprises représente 2 000 à 6 000 postes détruits à court terme (2015) et 6 à 12 000 postes à long terme (5-10 ans) »

En clair, la solidarité ce n'est pas le problème des employeurs mais seulement celui des salariés. Belle mentalité ! Et le Medef d'ajouter : « (...) Il est donc indispensable, pour notre avenir et pour redonner confiance notamment aux salariés, que la réforme annoncée permette d'équilibrer notre régime de manière structurelle, lisible et transparente (...) » d'où le fameux : « (...) il conviendra que la durée de cotisation augmente très rapidement pour rétablir un équilibre financier, soit 44 annuités en 2020 » 

Mais ce n'est pas tout puisque dans ses propositions le Medef n'oublie pas ses adhérents bancassureurs : « (..) il convient de développer la retraite par capitalisation de manière complémentaire au «système cœur» par répartition (...) Dans le même temps, le taux de remplacement est plus bas chez les cadres que chez les non cadres. Encourager un complément de retraite par capitalisation, notamment chez les jeunes cadres, permettrait donc de leur assurer un meilleur taux de remplacement et donnerait une souplesse supplémentaire pour équilibrer le régime général »

Et Pierre Gattaz, de conclure : « Aujourd'hui, les Français sont inquiets pour leur avenir et celui de leurs enfants. L'incertitude qui pèse sur le système de retraite actuel participe à cette inquiétude. Il est de notre devoir et de celui du gouvernement de tenir un discours de vérité et de proposer des réformes courageuses et ambitieuses qui redonnent confiance à nos concitoyens (...) »

Clairement, monsieur Gattaz et son organisation se foutent de la gueule des salariés et semblent assez satisfaits de leurs outrances ! Car l'angoisse c'est le chômage et la peur de ne pas avoir une retraite suffisante pour survivre. Mais « que diable » aurait pu dire Ernest-Antoine Sellières, l'un des prédécesseurs de Pierre Gattaz : On peut être patron et avoir de l'humour !

D'autant que le Medef n'envisage à aucun moment de s'engager sur le maintien dans l'emploi ou l'embauche des salariés ou chômeurs de 55 ans et plus. Rappellons au passage que l'adaptation des postes de travail où la prise en compte de la pénibilité doit être un autre excellent sujet d'amusement au siège du Medef.

En gros le salarié et son « coût » seraient les seuls obstacles à une France plus compétitive. Mais on n'est pas à une insulte près vis à vis de salariés qui se battent pourtant tous les jours pour faire tourner les entreprises de ce pays. Salariés dont on n'hésite pas à se séparer avec l'aide de la rupture conventionnelle (invention du Medef), ce bel outil qui sert essentiellement à faire payer par l'UNEDIC les dernières années des seniors (58-60 ans) avant l'âge de la retraite !

D'après un reportage réalisé par Rue89 chez Radiall l'entreprise de Pierre Gattaz, celui-ci aurait dit à l'un de ses salariés : « la lutte des classes, c’est terminé » et qu'en termes de dialogue social dans cette entreprise : « Les gens peuvent s’exprimer. Mais ça n’est jamais sur des remises en cause profondes. C’est pour dire qu’Untel s’est mal garé sur la place de parking ». Les salariés français sont maintenant prévenus de la façon dont le Medef de monsieur Gattaz va les traiter ! 


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