05 novembre 2010

Le faux "rebond" des chômeurs en fin de droits !

En décembre 2009, Pôle Emploi annonçait que le nombre de chômeurs en fin de droits était estimé à 100.000 en 2010. Ramené à 325 000 en avril 2010, ils devaient être pris en charge dans le cadre du "plan rebond". Or ils ne seraient, à ce jour, qu'à peine 3.000 à en avoir bénéficié !

Le 15 avril dernier, le Gouvernement et les partenaires sociaux, à l'exception de la CGT, concluaient un accord portant le nom de Plan rebond pour l'emploi : "destiné à apporter des réponses concrètes aux demandeurs d'emploi en fin de droits à l'assurance chômage"

Cet accord définissait

la mise en place de 70 000 formations rémunérées et de 170 000 contrats rebond, pour faciliter le retour à l'emploi. Pour compléter cet effort, les régions seront sollicitées pour proposer 20 000 formations supplémentaires ; une Aide exceptionnelle pour le retour à l'emploi. Pour bénéficier de cette aide, les demandeurs d'emploi devront s'engager à suivre une formation ou à conclure un contrat aidé, selon une logique de droits et de devoirs ... / ... " - Source Gouvernement

Du côté des signataires, comme la CFDT, on se réjouissait du fait : " ... / ... qu’aucun chômeur en fin de droits ne soit laissé pour compte et que les partenaires sociaux et l’Etat aient pris leurs responsabilités dans la prise en charge de cette question ... / ... "

En clair, problème réglé et passons à autre chose !

Or, le 3 novembre, on apprenait que : " Les mesures pour quelque 325.000 demandeurs d'emploi arrivant en fin de droits à une indemnisation en 2010 ont concerné à peine 3.000 personnes pour l'instant, a affirmé mercredi la CGT, réclamant "une explication sur ce fiasco"

Sur quoi s'appuie la CGT pour affirmer cela ?

" D'après nos informations et après avoir consulté les agents de Pôle emploi, à peine 3.000 personnes ont pu bénéficier du "plan Rebond"» arrivant à échéance fin 2010 et «les contacts auprès du cabinet du secrétariat d'Etat à l'Emploi ou de la direction de Pôle emploi confirment le fiasco... / ... " La CGT : "... / ... appelle à identifier les dysfonctionnements pour trouver enfin une solution aux demandeurs d'emploi en fin de droits et exige d'ores et déjà que les 750 millions d'euros de fonds mobilisés et provisionnés soient reconduits sur 2011. Et que les demandeurs d'emploi arrivant en fin de droits au cours de l'année prochaine puissent également bénéficier du dispositif " - Libération

Et oui, car au delà de la mise en place qui s'effectue très lentement, le plan rebond est extrêmement provisoire et de nombreux chômeurs ayant atteint la limite de leurs droits pourraient se retrouver sans aucune ressource dans quelques mois !

Et qu'en dit l'un des "promoteurs" du plan rebond : Laurent Wauquiez ?

" ... / ... Interrogé lors de son audition devant la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale sur ce nombre de bénéficiaires d'environ 3.000, M. Wauquiez a répondu que "les chiffres qui ont été donnés sont faux" et le ministre d'ajouter : " On aura bientôt lors d'un comité de pilotage avec les organisations syndicales le point sur les chiffres. Pour l'instant, je ne les ai pas ... / ... "

Néanmoins, fait remarquer le site Boursorama : " Lors d'un point d'étape sur la politique de l'emploi début octobre, le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez n'avait livré aucun bilan sur le plan pour les chômeurs en fin de droits, affirmant que "ce sont des remontées de données très longues ... / ... "

Epatant, un ministre qui ne possède aucun chiffre sur un sujet aussi important, mais s'est plut à brandir le plus vite possible, les résultats d'une consultation web, auprès des chômeurs, contestée par nombre de syndicats comme la CFDT ou le SNU, comme l'indiquait La Fusion pour le Nuls reprenant un article de l'AEF : " ... /... L'échantillon (…) ne concerne que des demandeuses et demandeurs d'emploi ayant communiqué une adresse e-mail », ce qui représente seulement « 55 % » des demandeurs d'emploi selon le SNU. L'organisation estime que les 45 % « écartés » par l'enquête « sont les moins autonomes et les plus précaires ... / ... "

Mais peut être que Laurent Wauquiez a la tête ailleurs, puisque, en plus d'attendre de savoir dans quel ministère il exercera ses talents après le remaniement, il est avec Nathalie Kosciusko-Morizet, chargé du débat, sur le projet de l'UMP pour la présidentielle de 2012 !

Pour l'instant, le ministre/conseiller politique de l'UMP, maire du Puy en Velay et fondateur du club de réflexion "la droite sociale", travaille sur : " ... / ... les grandes questions inhérentes à l’éducation, l’ascenseur social, l’avenir des enfants, leur chemin vers l’emploi" - UMP

Ce qui devrait ravir les enfants de chômeurs et tout particulièrement ceux dont les parents sont en fin de droit ...

04 novembre 2010

Assistantes sociales : Un métier de crise ou en crise ?

Symboles de la dernière chance pour certains ou sommet de l'humiliation pour d'autres, les assistantes sociales communiquent peu. Et pourtant en ces temps de crise économique et de précarité accrue, elles sont obligées, suivant la formule du gouvernement, de : "faire mieux avec moins"

C'est le leitmotiv d'une partie de la majorité présidentielle ces dernières semaines : Il faut un Premier Ministre "social" pour calmer des millions de français en colère contre la très injuste réforme des retraites ! Seulement un ministre, et surtout le Premier, c'est tellement loin du terrain que, pour parodier Pierre Desproges, je dirais qu'un ministre qui parle de social c'est un peu "comme si le pape parlait du stérilet de ma belle soeur !"

Le terrain, chez les assistantes sociales on connaît ! Et on est bien loin de l'actrice Véronique Jeannot dans la série "Pause Café" diffusée sur TF1 en 1981-82 dans laquelle elle répondait toujours "présente" pour aider les adolescents en difficulté. Car, l'assistante sociale ce n'est pas seulement devenir l'amie des élèves d'un lycée de banlieue en leur offrant son écoute autour d'une tasse de café ! Les compétences qui leur sont demandées et leur champs d'intervention, vont bien plus loin comme l'explique le site Studya

En bref pas de quoi chômer ! Surtout que ceux qui leur demandent d'intervenir sont souvent au bord de la rupture et ne peuvent comprendre la notion de délai ou même de refus (voir forum "À quoi sert une assistante sociale" sur Au Feminin.com )

Valérie Agha est l'une d'entre elles. Elle est aussi blogeuse et a baptisé ironiquement son blog "Pause Café". Depuis 2008, elle a pris l'habitude d'y écrire son quotidien et depuis peu d'en réunir une partie dans un vrai livre papier. Et un blogueur qui parle de social et qui se retrouve dans les librairies, ça m'a donné de me le procurer. Ce que j'ai fait. Puis, je l'ai contactée pour lui proposer de répondre à mes questions et le plus simplement du monde, elle accepté.

Slovar : Vous évoquez dans votre livre un manque de moyens financiers, de personnel et d'implication de la hiérarchie. Pensez-vous, par rapport à vos débuts dans le métier que ces moyens et cette implication se dégradent ?

Valérie Agha : En ce qui concerne les moyens financiers, les budgets d’action sociale sont réduits d’année en année. En polyvalence de secteur (service social de « quartier »), mes collègues me rapportent que le manque est encore plus criant. A l’époque où j’y travaillais, on disposait déjà de très peu de moyens pour soutenir les familles en difficulté. Aujourd’hui, les aides financières sont octroyées au compte-goutte.

La mise en place de barèmes financiers (auparavant, l’évaluation de l’assistante sociale primait sur les considérations purement mathématiques du budget familial) excluent du système d’aide sociale les salariés, même les moins bien rémunérés et alimente la problématique des « travailleurs pauvres. » Les prises en charge hôtel (certains conseils généraux prennent en charge tout ou partie des frais d’hôtel des familles sans domicile) se font exceptionnelles et extrêmement réduites dans la durée. Même les départements dont la politique est axée sur le social depuis toujours peinent à alimenter les budgets d’action sociale ; l’Etat leur a confié des missions telles que le RSA ou la MASP sans leur allouer de budget nécessaire à leur mise en place. Je ne parle pas des contingents de logements sociaux, notamment dans la fonction publique, qui se réduisent à une peau de chagrin (actuellement moins de cent logements pour la quasi totalité des fonctionnaires d’Ile de France).

S’agissant du personnel, j’évoque dans le livre les services judiciaires de protection de l’enfance. Ils croulent littéralement sous les mandats et n’ont pas le temps d’exercer leurs missions que la mesure arrive à son terme. Pendant ce temps, l’enfant et la famille qui ont besoin d’aide sont toujours dans la même situation. Les services sociaux (secteurs, hospitaliers, scolaires…) manquent bien sûr également de personnel. Mais je suis de plus en plus surprise de constater que nombre de mes collègues en province peinent à trouver un emploi. Cette situation m’interpelle et j’ai du mal à en saisir la cause : suppressions de postes ? De la même manière, des services tels que les CAF, les MDPH, les sécurités sociales…accusent des retards tels qu’ils doivent fermer leurs portes plusieurs mois dans certains départements, afin de traiter les dossiers. Une personne handicapée peut attendre un an ou plus en Seine Saint Denis pour voir son dossier aboutir.

Concernant le manque d’implication de la hiérarchie, je suis plus mesurée. Dans mon secteur d’activité (la fonction publique d’état), je rencontre assez régulièrement des responsables de services, des institutions plutôt soucieuses du bien-être des agents qu’ils encadrent. Bien sûr, il m’arrive aussi de croiser des directions plus soucieuses de la « rentabilité » de leurs services que des personnes avec qui elles travaillent, des responsables plus ou moins à l’écoute, plus ou moins ouverts aux difficultés de leur prochain, tout simplement.

Slovar : Alors que la France s'enfonce dans la crise, pensez-vous voir arriver dans vos services des personnes très différentes de celles que vous évoquez dans votre livre ?

Valérie Agha : Cela fait déjà un moment que je constate que le public que je reçois se diversifie. Je ne sais pas si cette situation peut directement être imputée à la crise et je suis prudente quant aux raccourcis à employer pour expliquer ce phénomène. Il y a différents facteurs, notamment celui de la communication : je suis de mieux en mieux connue dans l’institution dans laquelle je travaille et je suis identifiée comme étant à la disposition de tous les types de populations, ce qui est somme toute très positif.

Ce que je constate, c’est une accentuation de la « chronicité » des situations. C’est-à-dire de plus en plus de personnes qui ne réussissent pas à « refaire surface », malgré les aides octroyées, et qui sollicitent très régulièrement le service social. Certaines ne parviennent plus à se loger à Paris et en banlieue. D’autres repoussent d’elles-mêmes leur départ en retraite, faute d’avoir accumulé un nombre suffisant de trimestres ou faute de moyens.

Slovar : A l'aune des mesures de rigueur annoncées par le gouvernement, pensez-vous que vous écririez le même livre dans les mois ou années à venir ?

Valérie Agha : Mon livre raconte en premier lieu des histoires de vies et au travers de ces portraits, mon quotidien d’assistante sociale. Ces personnes qui sont amenées à se rendre au service social peuvent être n’importe qui : vous, moi. La barrière est mince, le décrochage de plus en plus facile. Ce sont avant tous ces aspects que j’avais envie de mettre en valeur. Donc à priori, les mesures du gouvernement ne changeraient rien à cela.

Slovar : Les medias évoquent ces dernières semaines la possible arrivée d'un premier ministre plus "social" que le précédent. Selon vous, cela peut-il avoir une influence sur votre métier ?

Valérie Agha : Je le suppose, et je l’espère. Il est évident que des mesures sociales telles que la mise en place du RSA, des lois d’envergure concernant le handicap, l’accès aux soins, la retraite, l’immigration, ont des retentissements directs sur l’activité des assistants sociaux. Nous sommes en charge de mettre en œuvre, sur le terrain, cette politique. De plus, il ne faut pas oublier qu’en qualité de fonctionnaires nous sommes nous-mêmes des représentants de l’Etat. Ce qui peut parfois nous mettre dans des positions délicates, lorsque les dispositions étatiques ne sont en adéquation ni avec notre vision personnelle de la société ni avec notre éthique professionnelle.

Merci Valérie

Bibliographie
Chronique de vies ordinaires

03 novembre 2010

Réforme des retraites : La machine à précariser les chômeurs seniors !

Même si, de l'Elysée à l'UMP ont fait profil bas sur le vote de la réforme des retraites et que du côté du patronat on fait mine d'accepter une une discussion de principe sur les chômeurs jeunes et âgés, on commence à percevoir les dégâts que va provoquer le report de l'âge légal de départ à 62 ans !

C'est vrai qu'à part Eric Woerth, qui s'est distingué, en s'autoproclamant sauveur du modèle social français : " Ce qui sort victorieux de tout cela, c'est le régime par répartition qui est consolidé, régime par répartition de nos retraites. C'est comme ça qu'il faut voir les choses. Il n'y a pas de victoire, il n'y a pas d'humiliation. Il n'y a pas des gens qui gagnent ou des gens qui perdent : c'est la France qui gagne." - Wat TV

On s'est très vite dépêché à l'UMP de changer de sujet pour mieux se consacrer à la préparation des élections de 2012 en lançant un nouveau site : Les rendez vous pour la France !

" il n'y a pas des gens qui gagnent ou des gens qui perdent " Ben voyons !

Nous allons essayer, au travers de 3 analyses, de vous montrer que le gouvernement et sa majorité, viennent bien de mettre en place la plus formidable " machine à précariser les chômeurs seniors " en transférant à l'UNEDIC la responsabilité financière de la "réforme" avec à court terme une véritable paupérisation des plus de 50 ans sans emploi !

Le premier à "ouvrir le feu" est Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE, qui s'est confié sur le sujet au journal l'Union Presse

Union Presse : Le report de l'âge légal du départ à la retraite va-t-il se répercuter directement sur le chômage des jeunes?

" Le taux de chômage devrait être de l'ordre de 10 % l'année prochaine ... / ... Or, le report de l'âge de la retraite suppose que l'on retrouve 1,4 million d'emplois supplémentaires et pour cela il faut une croissance très vive.

Si l'on veut réussir à embaucher les seniors avec un taux de chômage de 5 % en 2020, comme le prévoit le projet gouvernemental, il faudrait une croissance annuelle de 2,7 %. Donc on a deux scénarios possibles. D'abord un scénario rose où la croissance aboutit à 2,7 % et effectivement il est possible d'embaucher des jeunes et des seniors. Mais il apparaît très peu probable.

Ensuite, il y a un scénario gris, malheureusement le plus probable, qui est celui d'une croissance médiocre. On aura dans ce cas une hausse du chômage des 58-62 ans qui ne réussiront pas à se maintenir en emploi. Et quand ils réussiront à le faire, cela aura une répercussion assez nette sur l'emploi des jeunes"

Union Presse : Y aura-t-il un transfert de charges entre les caisses de retraites et l'assurance chômage ?

Oui. Heureusement, les chômeurs coûtent en général deux fois moins cher que les retraités. On va peut-être économiser 20 milliards sur les retraites mais en payant 10 de plus sur le chômage. Cela veut dire que la réforme des retraites sera payée par des jeunes qui ne trouveront pas d'emploi, et qui du coup n'auront pas d'indemnités, et par le fait que les 60-62 ans marineront à l'Unedic ... / ... "

Et il semble que ces 60-62 ans devraient être de plus en plus nombreux, puisque de façon discrète, les entreprises continuent à se séparer des 55 ans et plus !

En effet : Le Centre d'analyse stratégique indique, dans une étude remise au Premier Ministre, dont-il dépend, que la rupture conventionnelle : " ... / .... a connu une montée en charge spectaculaire depuis sa création il y a deux ans, avec 400.000 ruptures conclues... / ... " Et l'étude de préciser : " ... / ... L'une des dérives pourrait être l'utilisation de la procédure par l'entreprise pour alléger son effectif senior. Selon une étude du régime d'assurance chômage (Unedic), l'inscription au chômage après une rupture conventionnelle touche plus fréquemment des salariés âgés, surtout les plus de 55 ans ... / ... " - AFP/Google

Alors, comment ne pas prendre très au sérieux l'interview publiée le 7 octobre dernier d'Eric Aubin et Maurad Rabhi membres de la direction confédérale de la CGT, chargés respectivement des retraites et de l'emploi parue sur Mediapart

" ... / ... Que se passerait-il avec le recul de l'âge légal du départ en retraite?

La plupart resteraient chômeurs au lieu d'être retraités ... / ... L'actuelle convention Unedic permet aux demandeurs d'emploi de plus de 50 ans d'être indemnisés sous conditions pendant 36 mois à hauteur en moyenne de 57 % de leurs revenus d'activité antérieurs. A l'issue de cette durée, ils basculent dans le régime des minima sociaux (RSA ou ASS) pour un montant d'environ 460 euros par mois ... / ...

Les chômeurs qui ont cotisé suffisamment mais n'ont pas atteint l'âge légal du départ à la retraite sont pris en charge par l'Etat, via l'allocation équivalent retraite (AER) d'un montant d'environ 980 euros par mois. Mais ce dispositif arrive à échéance à la fin de l'année ... / ... Autrement dit, l'Unedic est appelé à la rescousse pour pallier les conséquences de la réforme des retraites ... / ... Sachant que le Medef ne veut pas entendre parler d'une augmentation des cotisations ... / ... Au bout du compte, la réforme des retraites risque donc de se payer au prix d'une hausse de la pauvreté chez les salariés en fin de vie professionnelle, avec des répercussions en chaîne sur le montant de leur future pension ... / ... "

l'UNEDIC tiendra t-elle le coup longtemps, à ce régime ?

Selon le Canard Enchaîné de ce matin : " la nouvelle convention UNEDIC qui fixer bientôt le montant des cotisations et des allocations expire en mars 2011" Et il semble que les dirigeants de l'organisme auraient suggéré à : " l'Elysée de la prolonger d'un an" Ce qui signifierait : Une baisse des allocations de chômage couplée à une hausse des cotisations en mars 2012 juste avant les présidentielles"

Notre président envisageant très clairement de faire un nouveau mandat, on peut donc, selon toute vraissemblance, tabler sur l'après présidentielle, pour voir : " une hausse de la pauvreté chez les salariés en fin de vie professionnelle, avec des répercussions en chaîne sur le montant de leur future pension " !

Merci qui ?

Crédit et copyright photo
Le Point

02 novembre 2010

Relocalisations : Un retour très sélectif et des emplois ... à minima !

En août, le gouvernement, mettait en place une aide à la relocalisation de la production industrielle. Si quelques entreprises ont acté leur retour en France, force est de constater que les emplois créés, ne compenseront jamais ceux détruits par les délocalisations

Le 4 férvrier dernier, Christian Estrosi le ministre de l'industrie déclarait : " La France « doit redevenir une grande puissance industrielle » et relocaliser au lieu de délocaliser " - Achetons français

Quelques mois plus tard, dans une note d'analyse " L'emploi salarié en 2009 niveau record des destructions d'emploi " parue en août 2010, Pôle Emploi écrivait : " Après une année 2008 en léger recul (– 0,5%), l’année 2009 se caractérise par des pertes nettes d’emploi en très forte accélération... / ... Ce recul avoisine celui enregistré en 1992, année correspondant à la précédente récession économique ... / ... L’année 2009 voit s’accélérer les pertes d’emploi dans le secteur industriel et dans le tertiaire. le poids de l’industrie continue à diminuer, celle-ci n’employant plus qu’un peu moins du cinquième de la population salariée (19,0 %, soit une baisse de près de 9 points depuis 1993) ... / ... " Intégralité de la note d'analyse

Ce constat, lourd de conséquences, donnait lieu à la mise en place d’un dispositif d’aide à la relocalisation, doté de 200 millions d’euros, censé donner envie aux entreprises ayant délocalisé leur production, de revenir sur le territoire national et d'y créer des emplois.

Pour quel résultat estimé ?

Selon la direction du trésor : " cette mesure devrait permettre de créer seulement 2.000 emplois dans l’industrie, alors que 2 millions ont été supprimés en 30 ans ... / ... " - Capital

Qu'en disent les entreprises qui relocalisent une partie de leur production en France ?

Après le retour en fanfare du Coq Sportif , pour lequel ... 13 emplois "assez hautement qualifié" ont été créés. Libération nous présente celle de Rossignol qui : " après une délocalisation en 2007, devrait rapatrier sa production asiatique en Haute-Savoie d’ici janvier "

Et là, une fois de plus, si : " Rossignol va rapatrier d’ici janvier la production de 60 000 paires de skis de Taïwan à Sallanches, en Haute-Savoie" par contre : " Le nombre de créations d’emplois résultant de cette relocalisation est en revanche plus modeste. Vingt équivalents temps plein, pour la plupart des CDD ou des CDI à temps partiel " Et libération de préciser : " En cinq ans, le groupe a perdu près la moitié de ses salariés, passant de 2 300 emplois dans le monde en 2005 à 1 200 aujourd’hui ... / ... "

Alors, " patriotisme industriel " comme le clamait Christian Estrosi ?

Certainement pas puisque Bruno Cercley, le patron du groupe, qui a refusé les aides, est parfaitement clair sur cette relocalisation : " ... / ... On n’est pas là pour sauver des usines. S’il fallait en fermer, nous en fermerions. Même s’il est vrai que cela nous fait toujours plaisir de faire revenir des emplois en France ... / ... " et d'ajouter, en ce qui concerne le plan d’aide aux relocalisations de 200 millions d’euros : ... / ... Cela ne sert à rien de relocaliser pour relocaliser. Il faut que cela soit intéressant stratégiquement pour l’entreprise, sinon ça ne marchera pas ... / ... "

Et oui, comme l'écrit Come4news : " Il s’agit avant tout de quelques segments d’activité qui ont besoin d’un savoir-faire très particulier ; pour les autres industries à main d’œuvre importante le choix sera toujours de rechercher les pays à faible coût salarial "

Ce qui donne encore plus de relief au propos de Christian Estrosi, en février 2010 : " Oui je crois qu'avec le président Sarkozy une grande politique industrielle digne de ce nom est de retour pour notre pays ... / ... "

Nicolas Sarkozy qui déclarait en 2007 : " Contre les délocalisations, je mettrai en oeuvre une politique industrielle, en choisissant les secteurs stratégiques sur lesquels concentrer nos efforts ... / ... Accepter la fin de l’industrie comme une fatalité est une erreur stratégique ... / ... Je propose que soit mise en œuvre une politique de filières qui permette à la France d’exploiter ses atouts et de tirer le meilleur parti de ses avances technologiques et de son image de marque dans le nucléaire, le ferroviaire, l’espace, l’automobile, la santé, l’agro-alimentaire, le tourisme ou le luxe, ou encore dans les technologies propres où la France est en mesure, si elle s’en donne les moyens, de prendre un avantage décisif ... / ... " - Abécédaire des propositions de Nicolas Sarkozy

Sans commentaire !


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Studio Guezou

01 novembre 2010

Contrat de travail unique : Déshabiller les uns pour ... à peine habiller tout le monde !

Trop de chômage et pas assez d'emplois. La gauche avait initié le concept du "partage du travail" au travers des 35H00. La droite, bien aidée en cela, par ses fondations et think tanks libéraux tiens à son idée : Flexibiliser à tous prix le contrat de travail et ainsi, "partager le chômage" entre tous !

Claude Bébéar le président de l'Institut Montaigne et ex patron du groupe d'assurances AXA vient de profiter des propos échangés entre François Chérèque et Laurence Parisot sur le chômage des jeunes et seniors pour remettre sur la table : " ... / ... la suppression du contrat à durée déterminée au profit d'un CDI plus flexible... / ... "

Et oui, braves gens, la rupture conventionnelle qui permet aux parties de se séparer sans choisir entre démission et licenciement pour faute et qui devait apporter plus de fluidité n'est en réalité pas suffisante !

Quels sont leurs arguments de l'Institut Montaigne pour faire disparaître le CDI ?

Le 17 septembre dernier l'Institut Montaigne écrivait : " Le CDI présente aujourd'hui une rigidité inadaptée, compte tenu de la souplesse exigée des entreprises par le marché et de l'évolution souhaitable des carrières professionnelles "

Et jamais à cours d'idées, le rapport présenté par l'Institut Montaigne propose, au delà d'un assouplissement du contrat de travail que : " ... / ... les conditions de rémunérations comprennent une part fixe, et une autre part variable. Celle-ci pourra s'adapter à l'activité de l'entreprise, un nouveau client ou un nouveau chantier. Cette partie variable pourrait s'achever à la fin de ce surplus d'activité (fin de chantier, fin de contrat avec le client) ... / ... " - Easybourse

Dit comme ça, il y a peu de chances que l'opinion y soit favorable ! C'est pourquoi Claude Bébéar interviewé par Le Monde essaye de minimiser les propos de Laurence Parisot : " Les entreprises n'ont aucune responsabilité dans le chômage des jeunes" et se lance dans une opération "pédagogie" pour nous faire avaler une très grosse couleuvre !

" Non, nous sommes tous responsables de cette situation. Et les entreprises sont de plus en plus nombreuses à reconnaître qu'elles ont une responsabilité sociétale" Avant de pointer du doigt ce qui lui semble être l'obstacle à leur intégration dans le monde du travail : " ... / ... cette stupidité que représente le contrat à durée déterminée, devenu le moyen d'utiliser le personnel comme variable d'ajustement "

Et hop, retour inopiné du vieux fantasme patronal : La mise à mort du CDI au profit du contrat de travail unique à droits progressifs.

Que propose Claude Bébéar ?

Ni plus ni moins que la mise en application du : " ... / .. Le projet de contrat unique présenté par deux économistes Pierre Cahuc et Francis Kramarz en 2004 ... / ... Le projet de contrat unique formulé par les libéraux se fonde sur plusieurs arguments : la flexibilité favoriserait l’emploi, les pays ayant libéralisé leur marché du travail connaîtraient des taux de chômage moins élevés, la réglementation française du licenciement serait inefficace et inégalitaire ... / ... " Fondation Copernic

En gros, l'idée serait de vous reproposer les "fameux" CPE et CNE. Mais en les réunissant, cette fois, en une même formule ! Et surtout de faire baisser considérablement le montant des indemnités dues en cas de licenciement. voir : tableau des contrats de travail au ban d'essai de 2006

Un peu comme l'ont fait les danois, qui comme l'explique le site idéologie européenne a donné le droit aux : " patrons de licencier à leur guise, quasiment sans préavis"

Et ça créé de l'emploi ?

" ... / ... Certains libéraux sont d’ailleurs forcés de le reconnaître. Michel Camdessus dans son rapport de 2005 intitulé Le sursaut, vers une nouvelle croissance pour la France, écrit ainsi : « Force est de constater que cette plus grande flexibilité de l’emploi n’a pas permis une réduction significative du chômage. » ... / ... Au Danemark, le nombre important de chômeurs en formation sont sortis des statistiques. Ainsi aux côtés des 190 000 chômeurs officiels formant le taux de 6%, il convient de mentionner 38 000 chômeurs en stages ou contrats aidés, 43 000 chômeurs en fin de droit, 95 000 « passifs » jugés inemployables ... / ... " Ecrivait la Fondation Copernic

Au fait, ils en sont où les danois avec leur système ?

" ... / ... Aujourd’hui, l’assurance chômage est de plus en plus exigeante avec les chômeurs. ... / ... Le périmètre dans lequel on est en devoir d’accepter un emploi est plus large qu’avant (étendu à 4 heures de transport par jour). Et pour pouvoir bénéficier de l’allocation chômage, il faut désormais avoir travaillé 52 semaines dans les 3 années qui ont précédé" Ce qui n'empêche pas : " ... / ... le syndicat des employeurs de réclamer toujours plus de flexibilité et une réduction de la durée d’indemnisation chômage ... / ... " - Base DPH

Néanmoins, selon Claude Bébéar, nous ne comprenons toujours pas le formidable intérêt de la globalisation : " ... / ... les Français ont une relation très particulière au travail. Ils sont productifs, appréciés comme tels à l'étranger. En même temps ils dénigrent le travail, se disent fatigués, aspirent aux congés, à la retraite. Au Canada, aux Etats-Unis jamais vous n'entendrez un tel discours ... / ... " - Le Monde

Et plus, aurait-il pu ajouter, ils ont le droit de vote, dont ils pourraient se servir pour virer les soutiens politiques des libéraux en 2012 ...

Mais, il ne fait nul doute que les français seront séduits par un projet de solidarité qui consiste à accepter de ... partager le chômage pour ... le plus grand profit des entreprises et de leurs actionnaires !


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FRAP