01 novembre 2010

Contrat de travail unique : Déshabiller les uns pour ... à peine habiller tout le monde !

Trop de chômage et pas assez d'emplois. La gauche avait initié le concept du "partage du travail" au travers des 35H00. La droite, bien aidée en cela, par ses fondations et think tanks libéraux tiens à son idée : Flexibiliser à tous prix le contrat de travail et ainsi, "partager le chômage" entre tous !

Claude Bébéar le président de l'Institut Montaigne et ex patron du groupe d'assurances AXA vient de profiter des propos échangés entre François Chérèque et Laurence Parisot sur le chômage des jeunes et seniors pour remettre sur la table : " ... / ... la suppression du contrat à durée déterminée au profit d'un CDI plus flexible... / ... "

Et oui, braves gens, la rupture conventionnelle qui permet aux parties de se séparer sans choisir entre démission et licenciement pour faute et qui devait apporter plus de fluidité n'est en réalité pas suffisante !

Quels sont leurs arguments de l'Institut Montaigne pour faire disparaître le CDI ?

Le 17 septembre dernier l'Institut Montaigne écrivait : " Le CDI présente aujourd'hui une rigidité inadaptée, compte tenu de la souplesse exigée des entreprises par le marché et de l'évolution souhaitable des carrières professionnelles "

Et jamais à cours d'idées, le rapport présenté par l'Institut Montaigne propose, au delà d'un assouplissement du contrat de travail que : " ... / ... les conditions de rémunérations comprennent une part fixe, et une autre part variable. Celle-ci pourra s'adapter à l'activité de l'entreprise, un nouveau client ou un nouveau chantier. Cette partie variable pourrait s'achever à la fin de ce surplus d'activité (fin de chantier, fin de contrat avec le client) ... / ... " - Easybourse

Dit comme ça, il y a peu de chances que l'opinion y soit favorable ! C'est pourquoi Claude Bébéar interviewé par Le Monde essaye de minimiser les propos de Laurence Parisot : " Les entreprises n'ont aucune responsabilité dans le chômage des jeunes" et se lance dans une opération "pédagogie" pour nous faire avaler une très grosse couleuvre !

" Non, nous sommes tous responsables de cette situation. Et les entreprises sont de plus en plus nombreuses à reconnaître qu'elles ont une responsabilité sociétale" Avant de pointer du doigt ce qui lui semble être l'obstacle à leur intégration dans le monde du travail : " ... / ... cette stupidité que représente le contrat à durée déterminée, devenu le moyen d'utiliser le personnel comme variable d'ajustement "

Et hop, retour inopiné du vieux fantasme patronal : La mise à mort du CDI au profit du contrat de travail unique à droits progressifs.

Que propose Claude Bébéar ?

Ni plus ni moins que la mise en application du : " ... / .. Le projet de contrat unique présenté par deux économistes Pierre Cahuc et Francis Kramarz en 2004 ... / ... Le projet de contrat unique formulé par les libéraux se fonde sur plusieurs arguments : la flexibilité favoriserait l’emploi, les pays ayant libéralisé leur marché du travail connaîtraient des taux de chômage moins élevés, la réglementation française du licenciement serait inefficace et inégalitaire ... / ... " Fondation Copernic

En gros, l'idée serait de vous reproposer les "fameux" CPE et CNE. Mais en les réunissant, cette fois, en une même formule ! Et surtout de faire baisser considérablement le montant des indemnités dues en cas de licenciement. voir : tableau des contrats de travail au ban d'essai de 2006

Un peu comme l'ont fait les danois, qui comme l'explique le site idéologie européenne a donné le droit aux : " patrons de licencier à leur guise, quasiment sans préavis"

Et ça créé de l'emploi ?

" ... / ... Certains libéraux sont d’ailleurs forcés de le reconnaître. Michel Camdessus dans son rapport de 2005 intitulé Le sursaut, vers une nouvelle croissance pour la France, écrit ainsi : « Force est de constater que cette plus grande flexibilité de l’emploi n’a pas permis une réduction significative du chômage. » ... / ... Au Danemark, le nombre important de chômeurs en formation sont sortis des statistiques. Ainsi aux côtés des 190 000 chômeurs officiels formant le taux de 6%, il convient de mentionner 38 000 chômeurs en stages ou contrats aidés, 43 000 chômeurs en fin de droit, 95 000 « passifs » jugés inemployables ... / ... " Ecrivait la Fondation Copernic

Au fait, ils en sont où les danois avec leur système ?

" ... / ... Aujourd’hui, l’assurance chômage est de plus en plus exigeante avec les chômeurs. ... / ... Le périmètre dans lequel on est en devoir d’accepter un emploi est plus large qu’avant (étendu à 4 heures de transport par jour). Et pour pouvoir bénéficier de l’allocation chômage, il faut désormais avoir travaillé 52 semaines dans les 3 années qui ont précédé" Ce qui n'empêche pas : " ... / ... le syndicat des employeurs de réclamer toujours plus de flexibilité et une réduction de la durée d’indemnisation chômage ... / ... " - Base DPH

Néanmoins, selon Claude Bébéar, nous ne comprenons toujours pas le formidable intérêt de la globalisation : " ... / ... les Français ont une relation très particulière au travail. Ils sont productifs, appréciés comme tels à l'étranger. En même temps ils dénigrent le travail, se disent fatigués, aspirent aux congés, à la retraite. Au Canada, aux Etats-Unis jamais vous n'entendrez un tel discours ... / ... " - Le Monde

Et plus, aurait-il pu ajouter, ils ont le droit de vote, dont ils pourraient se servir pour virer les soutiens politiques des libéraux en 2012 ...

Mais, il ne fait nul doute que les français seront séduits par un projet de solidarité qui consiste à accepter de ... partager le chômage pour ... le plus grand profit des entreprises et de leurs actionnaires !


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FRAP

1 commentaire:

Le Monolecte a dit…

Avec l'extension de la période d'essai, on est déjà bien avancé dans le CDI qui ressemble à CDD sans les garanties qui vont avec : 6 mois d'essai, salarié virable à tout moment sans justification, prime de précarité et/ou prime de rupture de contrat. Nettement mieux que le CDD. Faudrait juste une période d'essai illimitée et c'est gagné pour le patronat