13 avril 2012

Formation des chômeurs : Le rapport que le Président candidat voudrait oublier !

Nicolas Sarkozy avait chargé Gérard Larcher l'ancien président du Sénat d'un rapport sur la formation. Or sa présentation à la presse a été annulée pour cause de divergences profondes avec les idées du Président candidat !

En février 2012, Nicolas Sarkozy fidèle à son adage : « les droits ne vont pas sans devoirs » proposait, afin de lutter contre le chômage, de soumettre à référendum l'obligation pour les chômeurs de suivre une formation qualifiante, puis d'accepter la première offre d'emploi correspondant au métier pour lequel il aura été nouvellement formé.

Bien que, faisait remarquer le blog Question(s) Sociale(s) les contours de cette obligations soient mal définis puisque : « (...) définie par un mystérieux "comité national" (?) qui, avec des chefs d'entreprise et des syndicalistes, identifiera les secteurs d'avenir créateurs d'emplois (...) » et que de nombreuses voix s'élevaient pour expliquer que la formation n'est pas la panacée contre le chômage, l'idée continuait de faire son chemin, tant dans le discours du Président candidat que dans celui de l'UMP.

Dans la foulée, Nicolas Sarkozy chargeait Gérard Larcher l'ancien Président UMP du Sénat, d'un rapport : « (...) sur une refonte « radicale » de la formation professionnelle, en vue de réorienter vers les chômeurs une partie des 30 milliards dépensés chaque année (...) »

Rapport qui a été remis le 6 avril dernier à Nicolas Sarkozy et qui porte le nom de : « La formation professionnelle : clé pour l'emploi et la compétitivité »

Et là, surprise : La présentation à la presse a été annulée !

Selon le secrétaire général de l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis) devant laquelle devait être présenté le rapport : « cette annulation serait due à un désaccord entre Gérard Larcher et le chef de l’État sur les mesures préconisées »

La Gazette des Communes nous donne quelques explications sur cet escamotage médiatique

« (...) le rapport Larcher ne reprend pas du tout les principales propositions du candidat Nicolas Sarkozy pour un éventuel prochain mandat (...) Gérard Larcher n’évoque à aucun moment la question d’un référendum sur l’indemnisation et la formation des demandeurs d’emploi. Il ne propose pas non plus d’obliger ces derniers à accepter une offre d’emploi après avoir suivi une formation (...) Personne ne doit être pénalisé si une formation dûment suivie ne débouche pas sur un emploi faute d’emploi effectivement disponible (...) L’ancien président du Sénat ne semble pas non plus penser que la formation soit la solution miracle face au chômage (...) »

Bilan : « le sénateur prône simplement « une meilleure coordination des acteurs » et « une simplification des structures »… Et la Gazette des Communes de conclure : « Nul ne sait ce que va devenir cet énième rapport. Mais tout ça pour ça… »

En clair, une proposition mal fagotée, ayant abouti à une perte de temps pour plus de 5 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi, qui, s'ils elles ont échappé provisoirement à un dispositif incohérent, n'ont toujours pas de solution en vue à court ou moyen terme.

Chapeau les artistes conseillers du « Président courageux et qui protège » !


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Rue89

12 avril 2012

Usine PSA d'Aulnay s/Bois : Les impossibles promesses du Président candidat ?

Nicolas Sarkozy a reçu à son QG de candidat une délégation de salariés PSA d'Aulanay s/Bois dont l'usine pourrait fermer. Il s'est engagé à tout faire pour sauver le site. Or ce pseudo sauvetage dure depuis juin 2011 !

Contrairement aux salariés d'ArcelorMittal Florange qu'il exigeait de recevoir à l'Elysée, les salariés de l'usine PSA d'Aulnay s/Bois, en Seine Saint Denis, ont été reçus par Nicolas Sarkozy à son QG de campagne. Et pourtant, leurs problèmes se ressemblent puisque dans les deux cas, ils risquent de voir disparaître leur outil de travail.

Que leur a t-il promis ?

Il s'est engagé : « (...) à organiser une réunion tripartite entre la direction de PSA, les syndicats et le ministre de l'Industrie Eric Besson (...) » Ajoutant : « Je me suis engagé à voir le président de PSA et à tout faire pour qu’on puisse sauver le site d’Aulnay »

Au delà de la réaction que certains classeront dans la catégorie ... opportuniste, il est utile de rappeler que ce volontarisme aurait pu faire son effet depuis un certain temps. En effet, le gouvernement est en contact avec la direction de l'entreprise depuis juin 2011, suite à la présentation par la CGT du groupe PSA d'un document indiquant une fermeture envisagée du site en 2014 !

A cette époque, Eric Besson n'hésitait pas, après avoir rencontré le patron de PSA, à déclarer : « Je suis rassuré (...) Philippe Varin m’a indiqué l’inverse de ce qu’a dit la CGT hier et m’a montré le document de travail sur lequel le syndicat a fondé son intervention. Le président du groupe m’a expliqué que c’était là un document de travail qui n’avait pas eu d’application opérationnelle et qui n’avait donc pas été suivi d’effet (...) » Néanmoins, le patron de PSA ne cachait pas à la presse que des études sur le devenir du site étaient en cours.

Le 26 octobre 2011, nous apprenait Le Point : « Le ministre de l'Industrie, Éric Besson, va s'entretenir avec le président du directoire de PSA Peugeot Citroën, Philippe Varin, alors que le constructeur automobile pourrait supprimer 5 000 emplois en Europe »

Le 18 novembre 2011, Philippe Varin était reçu par Nicolas Sarkozy à l'Elysée ... pendant 1/2 heure. Selon un communiqué de la présidence : « le patron de Peugeot-Citroën avait affirmé au chef de l'Etat, que son plan ne comporterait aucune mesure de licenciements, ni mesure d'âge et ne remettra pas en cause l'empreinte industrielle du groupe en France (...) »

Pour en arriver aujourd'hui à la réception des représentants des salariés de l'usine PSA au QG de campagne du Président devenu candidat. Ceux-ci étant venu selon leurs propres mots de : « mettre le président-candidat devant ses promesses», rappelant que Sarkozy s'était engagé en octobre « à prendre le dossier de l'emploi d'Aulnay en main »

Et cette fois-ci plus question de gagner du temps, comme l'a expliqué le délégué CGT : « (...) Des paroles, on en entend beaucoup, mais les paroles s'envolent, nous on veut des garanties écrites. On joue notre peau »

Mais il ne fait nul doute que le Président candidat, qui aura déclaré pendant cinq ans « aimer les usines », va leur prouver son attachement en téléphonant au patron du groupe PSA puis, s'engager par écrit sur l'avenir de l'usine d'Aulnay S/Bois ...


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Libération

11 avril 2012

La situation de Pôle Emploi continue de se dégrader un peu plus !

Il y a encore peu, le Président considérait la fusion de l"ANPE et de l'ASSEDIC comme une des plus belles réussites. Une enquête réalisée auprès du personnel de Pôle Emploi montre que loin de s'arranger la situation continue de se dégrader !

Le 18 février 2009, le gouvernement publiait sur son site un communiqué relatif à la fusion de l'ANPE et des Assedic. On pouvait y lire : « (...) La loi du 13 février 2008 relative à la réforme de l'organisation du service public de l'emploi crée un nouvel organisme chargé d'assurer l'accueil, l'inscription, l'indemnisation et l'accompagnement des chômeurs. Chacun d'eux aura un interlocuteur unique et, à terme, les agents s'occuperont en moyenne de 30 demandeurs d'emploi contre 60 actuellement (...) »

Ce tableau idyllique était présenté par un clip toujours disponible sur le portail du gouvernement.

Or devant l'accroissement brutal du nombre de chômeurs à temps complet ou partiel, on est très vite passé à 50, 70 et largement plus de 100 demandeurs d'emplois par agent, pour en arriver comme la conseillère de votre serviteur à plus de 350 dossiers en 2010 !

On ajoutera à cette situation catastrophique une politique du chiffre qui a conduit Pôle Emploi à radier nombre d'inscrits pour des raisons parfois limites comme nous l'expliquions sur Marianne2 et dont le site Recours radiation donne de nombreux exemples.

Sans oublier bien entendu la dématérialisation des courriers envoyés aux inscrits qui dans un premier temps avait déclenché une explosion des radiations administratives

Alors, quelle est vraiment la situation de Pôle Emploi à quelques semaines de l'élection présidentielle ?

Pour le savoir il est nécessaire de prendre connaissance de la consultation nationale Pôle Emploi effectuée auprès du personnel entre le 21 février et le 9 mars 2012 d'où il ressort que : « 63% des agents pensent que la situation de Pôle emploi va plutôt en se dégradant »

Quelques chiffres extraits de l'étude disponible sur le site La Fusion pour les Nuls

Quatre agents Pôle emploi sur dix (39%) seulement estiment disposer des outils pour bien faire leur travail
La motivation au travail a diminué chez 48% des sondés
Pour qualifier leur état d'esprit, l'adjectif confiant arrive en dernière position (7%), loin derrière partagé (27%) et "sceptique" (23%)
45% des sondés réclament d'abord du temps pour gérer les dossiers complexes

Ce à quoi s'ajoute des difficultés en termes d'outil informatique, de documentation, d'objectifs, ...

Sans compter, indique Le Point : « Depuis une enquête sur les risques psycho-sociaux de janvier 2010 menée par le cabinet Isast, dans laquelle près des trois quarts des répondants déclaraient être en situation de travail tendue, il n'y a pas eu d'enseignement tiré, selon Colette Pronost, secrétaire générale du SNU-Pôle emploi »

Alors, que faire au moment où plus de 5 millions de français sont inscrits et que le chômage devrait continuer à augmenter du fait des ruptures conventionnelles toujours plus nombreuses et des plans sociaux retardés par Xavier Bertrand ... pour des raisons électorales ?

Il est clair que ce ne sont pas les 1000 embauches en CDD d'un an promises par le Ministre du Travail, sachant que les premiers recrutements ont commencé en février, qui vont améliorer la situation !

Il est donc plus qu'urgent de redéfinir les missions et l'action de Pôle Emploi. et de changer certaines méthodes comme le propose Michel Abhervé. Tout d'abord mettre fin à certaines méthodes : « (...) les salariés de cette institution qui sont, dans leur très grande majorité, motivés par leur travail soient écoutés, respectés alors qu’ils sont devenus, de plus en plus, des éxécutants, stackhanovistes du reporting, au service d’une hiérarchie hypertrophiée bien peu fonctionnelle (...) Une forme d’”Etats généraux” des salariés devrait être rapidement organisée (...) »

Mais aussi : « (...) permettre une réelle expression des usagers de Pôle emploi, ne prenant pas la forme d’une consultation biaisée pour tenter de démontrer à tout prix leur satisfaction majoritaire (...) »

Nous ajouterons : Que les actuels pouvoirs publics cessent de répéter à l'envie que les demandeurs d'emploi ne font pas assez d'efforts pour sortir de leur condition, afin de récolter quelques voix dans les urnes !

Etude IPSOS/Pôle Emploi

10 avril 2012

Pour Sarkozy, le problème des banlieues se résumerait-il au fait religieux ?

François Hollande ayant dédié ses dernières visites à des quartiers en difficulté, le Président candidat a décidé de se rendre à Drancy, dans le 93. Mais pourquoi a t-il choisi ce département pour mettre en valeur le fait religieux ?

Depuis le début de la campagne présidentielle, Le Président candidat n'avait effectué aucun déplacement dans des quartiers défavorisés. Pourtant, piqué au vif par les déplacements de François Hollande, il n'a pas hésité à déclarer : « Je suis très impliqué dans la vie des quartiers, depuis longtemps (...) »

Faisait-il référence au plan Marshall des banlieues promis en 2007, devenu « Plan Espoirs Banlieue » qui, comme le faisait remarquer le Bondy Blog : « Adresse introuvable ». Voilà ce que votre moteur de recherche vous indique lorsque vous tentez de vous connecter à l’adresse : http://wwww.espoir-banlieues.fr/ » était enterré en grande pompe en 2011 par Maurice Leroy son ministre de la ville ?

Mais dans la mesure où son principal concurrent l'avait devancé, il était nécessaire de montrer que « le Président qui protège » s'intéressait même vaguement aux résultats de sa politique de la ville !

Donc aujourd'hui Nicolas Sarkozy était à Drancy. Et quels sont les thèmes que le Président candidat : « très impliqué dans la vie des quartiers (...) » a souhaité aborder ?

Education, emploi, sécurité des habitants, services publics ? Allez, ne cherchez pas, le Président candidat a plaidé pour ... un « islam de France »


Il a, nous dit BFM : « (...) réitéré sa proposition de former les imams en partie dans les universités, notamment pour tout ce qui relève de l'instruction civique et des valeurs de la République (...) »

Tout d'abord, avoir choisi la Seine Saint Denis pour y distiller ce genre de message est contraire à la diversité de ce département ou une très grande majorité n'adhère pas aux valeurs religieuses ?

Mais surtout, c'est un retour à peine voilé au discours du Latran où le Président/chanoine d'une république laïque déclarait : « dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé »

Ou : « (...) un homme qui croit, c’est un homme qui espère. Et l’intérêt de la République, c’est qu’il y ait beaucoup d’hommes et de femmes qui espèrent. La désaffection progressive des paroisses rurales, le désert spirituel des banlieues, la disparition des patronages, la pénurie de prêtres, n’ont pas rendu les Français plus heureux (...) »

Cette intéressante visite, selon le Blog Elysée Jardin aurait été : « (...) tenue secrète jusqu'au bout, mais annoncée sur Twitter par Salima Saa (...) la secrétaire nationale de l'UMP au développement urbain (...) » Ce qui permettait aux journalistes d'être présent pour le show présidentiel !

En ce cas, monsieur le Président pourquoi jouer au fanfaron en affirmant que François Hollande n'a : « pas une seule idée pour les banlieues » alors que votre visite était opportuniste et surtout choquante sur le fond ?

Mais, n'ayez aucun doute, celle-ci ne trompera personne. Et surtout prouvera, si celà était nécessaire, la qualité de votre implication, vis à vis des quartiers et de leurs habitants !