01 octobre 2010

Exclu Slovar : Interview Gérard Filoche "Une vraie retraite à 60 ans c'est possible"

Les manifestants devraient être encore très nombreux demain pour refuser une réforme des retraites injuste, mais sur laquelle le Président refuse toute négociation.

Alors, terminé la retraite à 60 ans ? Gérard Filoche qui avait écrit un livre sur ce sujet a accepté de répondre à mes questions.

Interview exclusive diffusée en intégralité

Slovar : Gérard, les éditions JC GAWSEVITCH republient le livre que tu avais co écrit avec Jean-Jacques Chavigné : " Une vraie retraite à 60 ans c'est possible". Peux tu nous dire à quelle date est paru ce livre ?

Gérard Filoche : Ce livre a été conçu avec Jean-Jacques Chavigné dés que Sarkozy a viré sa cuti, et renoncé, contrairement à ce qu’il avait déclaré, à maintenir la retraite à 60 ans. Ecrit pendant que nous préparions l’appel dit “Attac-Copernic”, il est paru le 16 avril quelques jours après que ce dernier ait été lancé le 7 avril.

C’est dire si nous l’avons pensé comme un instrument militant : sous forme de “dix questions, dix réponses” il balaie tout le spectre des mensonges gouvernementaux et propose une alternative pour garder une retraite à 60 ans sans un an de plus ni un euro de moins. Chaque soir de meetings unitaires, à parti du succès de la Bellevilloise le 6 mai 2010, nous avons proposé ce livre aux participants et il est devenu ainsi ce qu’on appelle un succès de librairie, notre éditeur JC Gawsevitch, n’en revient pas encore. Le petit dessin que m’a donné mon ami Siné qui est au dos du livre, est maintenant repris à des centaines de milliers d’exemplaires partout dans le pays.


Slovar : Quelles sont les raisons qui te l'ont fait écrire ?

GF : Des millions de français, qui pourtant savent décrypter et résister dans leurs consciences, sont victimes d’une campagne médiatique acharnée de type désinformation totalitaire. Sarkozy ment. Fillon ment. Woerth ment. On a affaire à un véritable truquage éhonté de l’information, des chiffres, des “arguments”. C’est atterrant de bêtise ce qu’ils expliquent sur TF1, dans les grands médias aux ordres, mais ils n’hésitent pas ils le font : bourrage de crâne, contre-vérités, manipulations, ils osent tout de façon incroyable !

Ils refusent le débat aussi bien avec les syndicats qu’ils ont méprisé, que dans les télés ou à l’Assemblée nationale où ils ont réduit le temps de parole de l’opposition à 20’. Sarkozy a imposé la procédure d’urgence, profité des vacances, organisé toutes sortes de diversions médiatiques que c’en est insupportable dans une république, vis à vis de la démocratie, vis à vis de citoyens majeurs.

Alors en plus des mobilisations et grèves appelées par les 8 syndicats unis les 23 mars, 29 mai, 24 juin, 7 septembre, 23 septembre, et de celles à venir, nous avons organisé avec Attac Copernic et les 268 signataires universitaires, intellectuels, associatifs, syndicalistes, politiques, plus de 400 meetings dans tout le pays. Dans de tels meetings, il y a des milliers de militants et de gens en colère, on développe nos idées et on est applaudi. Mais cela ne suffit pas : la diffusion d’un livre, aussitôt après, est un moyen de continuer, de renforcer les arguments, les convictions, de poursuivre en profondeur, voilà pourquoi on a écrit.

Slovar : En quoi ce livre est-il "actuel" ?

GF : " Parce qu’en dix questions, dix réponses, il balaie toutes les arguties sur la prétendue “crise démographique”, la prétendue “crise économique” qui obligeraient à piller le niveau de nos retraites durement acquises. Il n’y a aucune contrainte démographique et la France est même trés bien placée, car elle a le taux le plus élevée d’Europe de naissances. L’allongement de l’espérance de vie est fragile et n’est, hélas, pas si élevé, qu’ils le prétendent : de toute façon, ça ne modifie pas la biologie du corps humain entre 55 et 65 ans.

Les plus belles années de la retraite sont entre 60 et 65 ans. Les plus dures années au travail sont entre 60 et 65 ans. Le travail devient dur pour tout le monde au milieu de la cinquantaine. Et notre livre a été le premier a donner plein d’arguments – aujourd’hui largement repris par tous dans tous les meetings - comme le fait que l’espérance de vie en bonne santé est en moyenne de 63 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes.

Et nous avons expliqué et justifié sans ambiguïté que la retraite n’était pas une épargne mais le fruit d’une cotisation basée sur les salaires, une partie du salaire mutualisée, mise dans un pot commun et redistribuée en direct, de ceux qui travaillent à ceux qui sont en retraite, en temps réel, sans spéculation possible. C’est un salaire continué. Nous expliquons qu’il ne faut pas tomber dans le piège des assurances individuelles et fond de pensions, ils vous prendront vos sous et les dilapideront aux iles Caïman dans les caves à subprime et autre hedge fund : ne leur donnez rien, pas un centime, il n’y a pas d’issue individuelle à la retraite.

Enfin nous décortiquons le danger de la retraite dite “a points”, les inégalités produites envers les femmes et les précaires, et dénonçons les baisses planifiées du niveau des retraites du fait de l’allongement inatteignable des annuités cotisées obligatoires.

Slovar : Est-il vraiment possible de maintenir les retraites à 60 ans à taux plein ?

GF : Evidemment, rien, rien, rien n’oblige à la remettre en cause, il faudrait même permettre la retraite à 55 ans dans le bâtiment par exemple. Qui n’a vu qu’un ouvrier de 55 ans devant son marteau piquer, avait peu d’espérance bien qu’ayant coûtés toute sa vie. Travailler plus c’est mortifère, il faut travailler mieux, moins tous. Il y a l’argent disponible : si on cesse de faire des dizaines de milliards de cadeaux au CAC 40, aux 500 premières familles, d’exonérer de 42 milliards de cotisations les patrons, de permettre des niches fiscales comme celle de Copé sur les transferts de société qui coûte a elle seule 22 milliards (4 fois plus que le fameux bouclier fiscal).

Bien sûr, la France n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal redistribuées à ceux, les salariés, 92 % de la population active qui les produisent. Même le COR (conseil d’orientation des retraites a calculé qu’avec 0,30 points de hausse des cotisations sociales pendant la période difficile de 2010 à 2036, on pouvait faire face et maintenir les prestations à 60 ans, avec 75 % de reversement, indexé sur les salaires, sans retraite inférieure au Smic, et calculée sur les 10 meilleures années ou sur les 36 derniers mois. Il faut redonner aux salaires la part qu’ils méritent, partager le travail et adapter les cotisations pour garantir les retraites, nous démontrons dans notre livre que c’est possible et viable. Tout dans notre livre est sourcé, chiffré, détaillé.

Slovar : Crois tu possible de faire céder le gouvernement et Sarkozy alors que ceux-ci affirment vouloir aller jusqu'au bout ?

GF : C’est comme dans le temps des dévaluations. Ils disent toujours qu’ils ne dévalueront jamais... une heure avant de dévaluer.

En avril 2006, Chirac est allé jusqu’à promulguer la loi du CPE... en demandant qu’elle ne s’applique pas.

Sarkozy est isolé en dépit de toutes les sales diversions qu’il a tenté d”organiser cet été et en cette rentrée (Roms, immigration, insécurité, écoutes téléphoniques, mensonges sur Woerth-Bettencourt, l’affaire Karachi, etc...). Les diversions ont toute échoué dans l’opinion. L’UMP est divisée, seul le Medef et le Cac 40 le soutient à 100 %. Il fait le fier à bras, alors qu’en un un pays normal il y aurait des élections anticipées.

Mais autour de lui, bien qu’il fasse le sourd, truque les chiffres et manipule les grands médias à ses ordres comme TF1, les vagues de manifestants et de mécontents montent, Sarkozy est déjà mouillé jusqu’à la cheville, on va le mouiller jusqu’aux genoux.

Ca monte chaque jour, on fait plusieurs meetings par soir et on manifeste et fait grève encore les 2 et 12 octobre. Bernard Thibault ne vient il pas de déclarer solennellement que “la grève reconductible ne peut absolument pas être exclue” ?

Merci Gérard et bonne manif !

Liste des manifestations du 2 octobre (Source CGT)


"Une vraie retraite à 60 ans, c'est possible"
Editions Ed. JC GAWSEVITCH

Dialogue social dans les TPE : Représentativité contre lobbying ?

Le 4 juin dernier, Slovar vous racontait comment, la CGPME et le MEDEF, bien aidés en celà par Jean-François Copé, avaient réussit à faire passer à la trappe le projet de "dialogue social" dans les TPE. Le sujet revenait, cette semaine, au parlement, sur fond ... d'affrontement entre organisations patronales !

Le MEDEF et la CGPME voulaient la peau des "commissions paritaires territoriales". Après un très fort lobbying allant, comme nous l'expliquions jusqu'à : menacer les députés UMP de voter à l'extrême droite : " ... / ... les élus UMP, ont peur de la sanction électorale que pourraient leur infliger les petits patrons lors des prochaines élections, présidentielle et législatives, si jamais ils votaient ce texte. "Beaucoup ont été très explicites sur ce point", confirme un député ... / ... " - Source Slovar

Les parlementaires UMP s'étaient donc mobilisés pour les faire disparaître et vider de tout son sens cette partie du projet de loi !

Fureur des syndicats de salariés et de l'UPA qui avaient cosigné le texte et profonde gène de la part d'Eric Woerth qui avait pourtant : " finalisé le projet de loi sur le dialogue social et la représentativité des syndicats dans les très petites entreprises" - Creation d'entreprise

Or, comme l'expliquaient Les Echos : " le projet de loi traitant du dialogue social dans les très petites entreprises (moins de onze salariés) revennait au Parlement. Composée de sept sénateurs et d'autant de députés, une commission mixte paritaire (CMP) se tiendra jeudi pour tenter de trouver un compromis sur un texte âprement débattu, en particulier entre la majorité et le gouvernement ... / ... " l'objectif étant de trouver un compromis qui ne semblait pas si difficile puisque selon les termes du député UMP Dominique Dord : " C'est beaucoup de bruit pour pas grand-chose. Même dans la version d'origine, ce n'était pas la mer à boire…"

Résultat des courses ?

Oublié : " la création (facultative) de "commissions paritaires territoriales", chargées de vérifier l'application des accords collectifs et d'apporter une aide en matière de dialogue social aux salariés et employeurs des TPE "

Et remplacé par : " ... / ... Les rapporteurs UMP du texte au Sénat et à l'Assemblée, Alain Gournac et Dominique Dord, ont contourné "l'obstacle" au sein de la majorité en s'appuyant sur l'autre volet du texte, voté lui sans heurts : organisation tous les 4 ans d'un scrutin régional pour mesurer l'audience des syndicats dans les TPE) .... / ... "

Les réactions

Jean-François Copé : " La spécificité des TPE a été prise en compte puisqu'aucune structure nouvelle n'a été créée. Le dialogue social direct au sein de l'entreprise et des instances déjà existantes reste donc privilégié ... / ... "

Laurence Parisot (Medef) a salué : "un compromis honorable" qui constitue "un immense soulagement pour les TPE ... / ... "

CGPME : " Le résultat est là : les TPE échapperont à une nouvelle forme de bureaucratie permettant aux syndicats de salariés de se voir attribuer un droit de regard là où ils ne sont pas présents"

Inutile de dire que du côté des syndicats de salariés l'amertume est grande : " ... / ... Le texte de la CMP reste ainsi "très éloigné de l'ambition" portée par la CFDT. Malgré les "limites" du texte, la centrale de François Chérèque entend "agir pour qu'il soit pleinement mis en oeuvre" - Daily Bourse

En clair : Sujet clos et remerciements à l'UMP !

Mais la CGPME ne compte pas en rester là puisqu'elle aimerait "régler ses comptes" avec l'UPA, l'organisation patronale regroupant les artisans. En effet, dans son dernier communniqué "triomphant" elle écrit : " ... / ... La CGPME voit a ainsi reconnue son action en faveur des TPE et des artisans, loin des querelles de ceux, UPA en tête, qui ont oublié leur raison d'être : simplifier la vie des chefs d'entreprises qui prennent des risques pour créer emplois et richesses.

Nul doute que les artisans auront à coeur lors des prochaines élections aux Chambres des Métiers, en apportant leurs suffrages aux listes Artisans de notre Avenir (ADNA), soutenues par la CGPME, de rejoindre à leur tour le camp de ceux qui considèrent que la proximité est le meilleur moyen de garantir un véritable dialogue social "

Réponse de l'UPA par communiqué interposé : " ... / ... L’UPA regrette en revanche le débat contre productif qui a consisté pour certaines organisations, il est vrai peu informées des réalités des entreprises de l’artisanat et du commerce de proximité, à diaboliser le dialogue social"

ça sentirait pas un peu la poudre ? Il faut dire que la CGPME a un contentieux avec l'UPA qui remonte à 2005

Un important rapport de la DARES sur les organisations patronales en France et en Europe nous l'explique en page 76 : " ... / ... Un conflit a ainsi opposé la CGPME et l'UPA sur la question de la représentativité dans l'artisanat ... / ... le Conseil d'Etat, le 9 février 2005, a statué que la CGPME n'était pas représentative des professions artisanales au plan national. La CGPME ne peut donc pas présenter de liste aux élections des Chambres de métiers et de l'artisanat ... / ... " et le rapport de préciser que : "Le MEDEF et la CGPME se seraient, en outre, « étranglés de stupéfaction » à la proposition de l'UPA, qui souhaite que la question de la représentativité patronale soit posée, et l'audience des organisations patronales mesurée ... / ..."

Ce qui signifie que ne pouvant officiellement intervenir dans le dialogue "artisans gouvernement", la CGPME a réussi à réduire à néant à l'issue d'un bras de fer, de plus de 8 ans, l'accord entre les syndicats de salariés et l'UPA, en activant la piste du Président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale : Jean-François Copé !

Ce sont donc des organisations patronales représentant majoritairement des entreprises de plus de 11 salariés, mais possédant beaucoup plus d'appui politiques, qui ont eu gain de cause !

Au fait, c'est pour quand, un vrai débat au parlement sur : la question de la représentativité et l'audience des organisations patronales " ?


Bibliographie
UPA : "Les contrevérités du MEDEF et de la CGPME"

Crédit image
UPA

30 septembre 2010

Budget 2011 : Les enseignants, policiers, militaires perdants, mais le Premier ministre gagnant !

Pour le budget 2011, Nicolas Sarkozy appliquera le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Tous les ministères vont donc être touchés à quelques exceptions, dont : Les services du Premier Ministre ... qui vont recruter !

C'est un dossier du Figaro " Budget : les ministères gagnants et perdants" qui le révèle : " Le gouvernement vise 31.638 suppressions de postes en 2011 via le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. L'Éducation, la Défense et le ministère du Budget sont particulièrement touchés" Et Le Figaro d'ajouter : " ... / ... Sur trois ans, de 2011 à 2013, ce sont plus de 97.000 postes qui seront supprimés (avec -33.000 suppressions de postes programmées en 2012 et -33.100 en 2013) ... / ... "

Dans le détail, quels sont donc les ministères les plus touchés, et à quelle hauteur ?

Le Figaro indique dans un tableau, le nombre de réduction de postes, ainsi que le "plafond des autorisations d'emplois " par ministère

Ministères qui perdent des postes

Education nationale : - 16 000 - plafond des autorisations : 968 194
Défense : - 8250 - plafond des autorisations : 301 341
Intérieur outre mer et collectivités locales : - 1597 - plafond des autorisations : 282 755
Budget comptes public et réforme de l'état : - 3127 - plafond des autorisations : 142 466
Ecologie développement durable et mer : - 1287 - plafond des autorisations : 62 371

Quels sont les ministères qui recruteront ?

Conseil et contrôle de l'état : +40 - plafond des autorisations : 5 580
Justice et libertés : + 400 - plafond des autorisations : 75 825
Et
Services du Premier Ministre : + 15 - plafond des autorisations : 3 529 ... / ... " Liste complète sur Le Figaro.fr

+ 15 personnes pour les services du Premier Ministre ?

C'est d'autant plus étonnant que celui-ci dispose déjà d'une équipe pléthorique qui "doublonne" en grande partie avec celle du Cabinet et des services du Président de la République

Car le Premier Ministre dispose déjà :

D'un Cabinet
Du Secrétariat général du Gouvernement
De nombreuses autres instances administratives rattachées au Premier ministre afin de l’assister dans la direction de l’action gouvernementale
Des moyens d’information du public (SIG , Documentation française, JO, ...)
D' Administrations de missions :
-Centre d’analyse stratégique
-Délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires (DIACT)
-Secrétariat général des affaires européennes (SGAE) - Source Vie Publique

Quant à savoir où ces 15 postes sont à pouvoir ?

Néanmoins, si le Premier Ministre souhaite faire des économies, on pourra toujours lui conseiller de s'interroger sur l'opportunité d'avoir 6 "conseillers techniques Presse"

En clair : Quelques ministères durement touchés, comme l'enseignement, qui va payer le prix fort. Mais quelques douceurs pour Matignon et pour la justice, afin d'éviter, que les magistrats ne deviennent trop turbulents.

On notera aussi que dans cette période de discours sur la sécurité et de lutte contre le terrorisme que l'intérieur et la défense perdent des postes de façon significative ! S'apprêterait-on à l'Elysée, au Ministère de l'Intérieur ou à la Défense à nous expliquer une fois de plus, qu'on va " faire mieux avec moins" ?

Pas forcément si l'on en croit Le Point qui nous apprend que la France : " La France pourrait autoriser le mercenariat "

C'est à dire ?

" ... / ... le gouvernement se prépare à réintroduire le mercenariat dans le droit français. Interdite depuis 2003, l'attribution à des entreprises privées employant des hommes en armes de missions "régaliennes", donc réservées en principe à l'État et à ses armées ... / ... C'est d'ailleurs avec la bénédiction de la présidence de la République que, dans le plus grand secret, un groupe de travail se réunit chaque semaine au SGDSN (secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale) depuis plusieurs mois pour étudier cette question ... / ... le SGDSN a soutenu la mise sur pied d'un colloque le 30 septembre. Il sera "fermé", c'est-à-dire interdit à la presse ... / ... "

C'est certainement ce que voulait dire le candidat Sarkozy en 2007 en déclarant : " je m’engage à maintenir notre effort au moins à son niveau actuel, afin de disposer de forces armées bien entraînées, bien équipées et aptes à assurer la protection de notre territoire ... / ... et s’il le faut loin de nos frontières ... / ... " - Source Abécédaire des propositions de Nicolas Sarkozy

Oui, mais bon ....

Crédit et copyright photo
France Soir

29 septembre 2010

Pénibilité : Quand Morano et Woerth nous jouent "Oui-Oui" à l'usine !

Eric Woerth reste inflexible sur la réforme des retraites : "Sur le texte lui-même, il va continuer d'évoluer, mais il va être voté dans son équilibre actuel ". Histoire de faire un coup de communication, il est allé tester son discours, accompagné de Nadine Morano ... dans une usine.

On a peu communiqué, à par L'Express, sur la visite du ministre du Travail, et de Nadine Morano, le mercredi 22 septembre dans la petite usine de matelas "Le Lit National" , au Pré Saint-Gervais.

Et c'est dommage ! Car, cela nous permet de voir à quel point les deux ministres se sont montrés "à l'aise" dans cet environnement ouvrier. Nadine Morano ne cachant pas sa gène ou ... son ennui, comme le montre la vidéo.

Si L'Express, laisse entendre que les ministres ont pu dialoguer avec les ouvriers (en majorité des femmes ) on pourra constater que Nadine Morano n'a pas profité de cette occasion pour expliquer aux ouvrières qu'elle : " ... / ... n'était pas favorable au maintien à 65 ans l'âge de départ à la retraite à taux plein pour les femmes ayant eu trois enfants au moins ... / ... " - Comme l'expliquait Le Figaro

De son côté, le dialogue entre Eric Woerth et les salariés est resté du domaine symbolique puisque, après avoir ressassé son habituel discours ... devant la caméra : " On passera de toute façon plus de temps à la retraite puisqu'on vit plus longtemps. Alors, il faut adapter les postes de travail ... / ... "

Il s'est fait présenter par la chef d'entreprise les "adaptations" qui se résument à des " sièges ergonomiques", qui ressemblent à s'y méprendre à .... des fauteuils de bureau à roulette.


Pénibilité du travail: Woerth et Morano à l'usine
envoyé par LEXPRESS. -

Extraits de dialogues entre Eric Woerth et une ouvrière

Eric Woerth : " vous êtes assise ? " Vous faites ça depuis longtemps ? "
Réponse : " ça fait dix ans "
Eric Woerth (se tournant vers la chef d'entreprise) : " ça demande un sacré coup de main hein ! "

Puis, n'oubliant pas pourquoi il est venu, il se dirige vers la caméra pour évoquer : la "prévention sur la pénibilité" ! et de déclarer : " on a réussi à l'inscrire dans la loi la pénibilité. Parce que c'est au coeur de la loi ... / ... nul ne peu contester qu'on prend bien en compte la pénibilité, que c'est un nouveau droit social que le gouvernement intègre à la réforme des retraites"

"Nouveau droit social" que le gouvernement intègre à la réforme des retraites ?

Que dit le texte, sur la pénibilité, dont le site NetPme diffuse de larges extraits

" ... / ... les assurés dont l’état de santé est dégradé à la suite d’expositions à des facteurs de pénibilité pourront, eux aussi, bénéficier dès l’âge de 60 ans d’une retraite à taux plein, quelle que soit la durée d’assurance effectivement accomplie. Sont concernées, les personnes atteintes d’une incapacité permanente dont le taux sera fixé par décret (en principe à 20 %) résultant soit d’une maladie professionnelle, soit d’un accident du travail ... / ... Le salarié devra également établir que l’incapacité permanente dont il est atteint est directement liée à l’exposition à ces facteurs de risques professionnels. Pour cela, une commission pluridisciplinaire sera chargée de valider les modes de preuve apportés par l'assuré et d'apprécier l'effectivité du lien entre l'incapacité permanente et l'exposition aux facteurs de risques professionnels ... / ..."

Et quid de la "prévention sur la pénibilité"

" ... / ... les salariés qui occupent des postes de travail pénibles pourront bénéficier d’allègement de charge de travail, en cas d’accord de branche. A titre expérimental, jusqu'au 31 décembre 2013, un accord collectif de branche pourra créer un dispositif d'allégement ou de compensation de la charge de travail des salariés occupés à des travaux pénibles ... / ... "

Il est à noter que la nouvelle pénalité de 1 % à la charge des entreprises en faveur de la prévention de la pénibilité ne concernera que celles : " .... / ... dont l’effectif est au moins égal à 50 salariés, ou appartenant à un groupe dont l’effectif comprend au moins 50 salariés et comptant une proportion minimale (fixée ultérieurement par décret) de salariés exposés à des facteurs de risques professionnels et qui ne seraient pas couvertes par un accord ou un plan d’action relatif à la prévention de la pénibilité ... / ... ' - Net PME - ‎27 sept. 2010‎

Ce qui devrait ravir les dirigeants du "Lit National" dont l'effectif déclaré en 2009 est de ... 47 ! - Source Societe.com. Et ... tous les salariés de TPE/PME dont les employeurs pourront passer outre cette "prévention sur la pénibilité" sans aucune sanction.

En effet : " nul ne peu contester qu'on prend bien en compte la pénibilité, que c'est un nouveau droit social " !

28 septembre 2010

Réforme des retraites : UNEDIC pour les uns et capitalisation pour les autres !

Le gouvernement et sa majorité l'on déclaré : Ils ne reculeront pas devant le report de l'âge de la retraite. Problème : Que faire des plus de 55 ans dont la majorité sont sortis de l'emploi ? Solution : Plomber les comptes de l'UNEDIC et imposer à tous une part ... de capitalisation !

François Fillon, semble avoir trouvé une solution pour les travailleurs âgés, dont la majorité sont sortis de l'emploi et qui vont devoir attendre deux ans de plus pour partir à la retraite : Reporter sur l'UNEDIC de 440 et 530 millions d'euros en 2018 !

Le 9 septembre dernier, François Fillon indiquait que : " le gouvernement allait mettre en place une nouvelle allocation pour les travailleurs âgés qui ne peuvent pas partir à la retraite malgré tous leurs trimestres de cotisation, faute d'avoir atteint l'âge légal de départ ... / ... " Cette allocation devant prendre le relai de l'Allocation équivalent retraite (AER) qui joue ce rôle. Et d'ajouter : " ... / ... Les partenaires sociaux qui gèrent l'assurance chômage vont devoir intégrer dans la convention assurance chômage" la réforme des retraites dans la prochaine convention de l'assurance chômage ... / ... " - AFP/Google

Autrement dit faire payer par l'UNEDIC une partie du problème du report de l'âge de la retraite ! Et de combien ?

Comme l'explique La Tribune reprise par l'AFP, l'UNEDIC a testé deux scénarios : " ... / ... deux scénarios ont été testés pour la période 2010-2018 ... / ... l'un à taux d'emploi inchangé ; l'autre tenant compte d'une augmentation du taux d'emploi d'un point.

Premier cas : " ... / ... la facture pourrait vite grimper et atteindre près d'un demi-million d'euros selon les calculs des experts de l'Unédic à l'horizon 2018 ... / ... Selon ce scénario, l'impact net pour l'assurance chômage s'élèvera à 230 millions d'euros en 2015, 480 millions en 2016, avant de se "stabiliser" à 530 millions d'euros à partir de 2017.

Deuxième cas : ... / ... Les auteurs de la note de l'Unédic tablent sur un relèvement du taux de l'emploi à 60 ans de un point entre 2010 et 2018 ... / ... A partir de 2018, ce relèvement se traduirait par un coût évalué à 440 millions d'euros au lieu de 530 millions dans l'hypothèse précédente ... / ... "

Forts de ces évaluations, que pensent l'UNEDIC et les syndicats ?

" ... / ... Il est hors de question que l'assurance-chômage paie les conséquences de la réforme des retraites », prévient Gaby Bonnand (CFDT), le président de l'Unedic ... / ... Les syndicats pointent les risques : " Comme le Medef ne veut pas augmenter les cotisations chômage et qu'il est même envisagé dans la réforme des retraites de les baisser pour augmenter les cotisations retraite, on irait forcément vers une baisse des droits des chômeurs" explique Eric Aubin, qui siège à l'Unedic pour la CGT ... / ... - Les Echos

Et justement, qu'en pense le MEDEF ?

" ... / ... Interrogée sur RMC, Mme Parisot a estimé qu'il était "trop tôt pour dire" si la réforme des retraites allait coûter plus cher à l'assurance chômage, après avoir jugé ... qu'elle "provoquerait des bouleversements" Et d'ajouter avec le plus grand enthousiasme : " ... / ... "On va d'autant plus facilement financer que tout le monde va travailler plus longtemps, donc vous avez un équilibre. Il va falloir faire des modélisations, étudier les impacts ... / ... " - Boursorama

En bref, une catastrophe annoncée dont personne ne veut assumer les conséquences !

Nous employons à dessein le terme "catastrophe", dans la mesure ou les députés ont adopté dans une quasi indifférence, un des articles du projet gouvernemental : " ... / ... portant sur l'allongement de la durée de cotisation, qui, du fait de la réforme de 2003, devra désormais tenir compte de l'allongement de l'espérance de vie.

Article 4 : " Cet article prévoit notamment que les assurés devront savoir dès 56 ans le nombre de trimestres qu'ils devront accumuler pour bénéficier d'une retraite à taux plein ; afin que la durée d'assurance calque l'allongement de l'espérance de vie, il prévoit ainsi que la durée de cotisation soit fixée par décret à compter de la génération née en 195"- La Tribune

Pour tous les autres, qui s'inquiéteraient de ces mesures et leur conséquences, la réponse pourraient être ... la capitalisation retraite, vous expliquera t-on, chez les assureurs, les banquiers et ... les députés de l'UMP.

En effet, comme le faisait remarquer L'Express : " Ce n'est pas le cœur de la réforme des retraites 2010. Pourtant, des amendements aménageant les produits d'épargne retraite par capitalisation ont été adoptés en commission dès le premier jour des débats à l'Assemblée nationale ... / ... " Et L'Express d'ajouter : "Reste à voir si ces amendements passeront l'ensemble des étapes d'adoption de la loi "

Néanmoins, à la lecture d'une "opportune" étude, réalisée par l' Association Française de la Gestion Financière publiée le 30/03/2010 et qui disait : " ... / ... Le PERCO constitue un outil d’épargne retraite parfaitement adapté en supplément des régimes par répartition ... / ... Aujourd’hui, toutes les grandes entreprises ou presque l’ont mis en place. L’enjeu maintenant sera de l’implanter dans les TPE et les PME et d’inciter les salariés à y faire des versements pour que le taux d’adhésion augmente ... / ... " mon petit doigt me dit ... que oui !

Crédit dessin
PESSIN

27 septembre 2010

Jean-François Copé "expert" en "travailler plus et mieux" veut la mort des 35H00 !

Selon Jean-François Copé : " Il faut remettre sur la table la question des 35H00" il précise d'ailleurs : " ça n'a pas de sens de dire travailler plus si l'on ne dit pas en même temps travailler mieux" Avis d'expert de cet : Avocat d'affaires, député maire, et Président du groupe UMP à l'Assemblée Nationale ?

N'oublions pas non plus : Membre de droit du bureau du comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques, membre de la Commission des affaires culturelles et de l'éducation (Nos députés ) à l'Assemblée.

Ce à quoi, nous ajouterons : Possible futur secrétaire général de l'Union pour un mouvement populaire. Puisqu'il le confirme : "J'ai fait, au président, une offre de service" - Le Figaro

Comme on peut le voir, Jean-François Copé est un Stakhanoviste du mandat électif doté, de surcroît, d'une " force de travail" peu commune puisqu'elle lui permet également, d'exercer ses talents d'avocat d'affaires au cabinet Gide-Loyrette-Nouel. En bref, un exemple ou comme l'écrivait avec humour le magazine Capital : " Député le jour, avocat d'affaires la nuit "

C'est certainement au nom de ce Stakhanovisme et de cette "force de travail" qu'il déclaré au Dimanche soir politique (iTélé-Le Monde-France Inter-Dailymotion).: " ... / ... qu'il voulait remettre "sur la table" la question des 35 heures. "Je pense que ce débat doit être mis sur la table"... / ... Nous y avons contribué avec la loi qui a été votée au début du quinquennat qui prévoyait de détaxer les heures supplémentaires en charges sociales" ... / .... Encore une fois, ça n'a pas de sens de dire travailler plus si l'on ne dit pas en même temps travailler mieux .. /. ... " - Le Monde

Outre que l'activité économique actuelle et les carnets de commande des entreprises ne le justifient pas, il faut quand même noter que les premières victimes de cette "initiative"qui mettrait fin au : "travailler plus pour gagner plus" du Président, seraient les salariés ! En effet, le retour à 39 ou 40 heures aurait comme principal effet de ... supprimer les heures supplémentaires !

Mais, les heures supplémentaires coûtent cher : " Quatre milliards d'euros. C'est, selon la Cour des comptes, le manque à gagner pour l'Etat - en recettes sociales et fiscales - occasionné par le dispositif d'exonération de charges et de défiscalisation des heures supplémentaires mis en place fin 2007 ... / ... " - Le Monde

Plus précisément : " les allégements de charges pour compenser les 35 heures, plus les exonérations liées aux heures supplémentaires coûtant entre 15 et 20 milliards par an" - Le Figaro

Et là, il y aurait des économies à faire pour le budget de l'état !

Ce qu'oublie Jean-François Copé dans sa démonstration, c'est que 15 à 20 milliards, c'est le montant de l'exonération de : " l' impôt sur les sociétés sur les plus values à long terme des cessions de titres de participation" dont : " 6200 entreprises ont bénéficié" instituée par un amendement de ... Jean-François Copé !

Ceci n'ayant bien entendu rien à voir avec le fait que le cabinet Gide-Loyrette-Nouel soit spécialisé dans " le droit fiscal auprès des groupes internationaux " Car comme l'écrivait Capital en Mai 2009 la fonction de Jean-François Copé chez Gide-Loyrette-Nouel est : " d'user de son influence pour faire de la médiation entre les sociétés françaises et des états étrangers" pour ... 200 000 euros d'honoraires fixes par an, tout de même !

Ce serait, en effet, faire un mauvais procès à notre "Stakhanoviste" qui nous donne son exemple/modèle : Les chinois : " ... Cette flamme que j’ai vue dans les yeux des Chinois, nous avons perdu l’habitude de la voir dans le regard des Français ... / ..." Et pour les jeunes français, il ajoute : " ... / ... l’étude que la fondation pour l’innovation politique a réalisée en 2008 sur les jeunesses du monde face à l’avenir. Il en ressortait que les Chinois de 16 à 29 ans sont beaucoup plus confiants que les jeunes Français du même âge ... / ... " - Interview à Slate

Comment en ce cas, ne pas s'incliner et accepter (ou même réclamer !) un retour à des semaines de 39, 40 et pourquoi pas 48H00 comme l'autorise un accord entre les 27 membres de l'Union européenne. Voir mieux, puisqu'il est, en effet : " possible d’avoir dans de nombreux cas une durée maximale de 60, voire de 65 heures, pour les employés acceptant à titre individuel de déroger aux 48 heures " - Contribuable.org

Et voir, enfin, briller dans les yeux des français : "Cette flamme" que Jean-François Copé nous décrit si bien ...