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04 janvier 2011

35H00 : Gérard Filoche répond à Manuel Valls !

Si Manuel Valls voulait faire réagir en évoquant un "déverrouillage" des 35H00, c'est réussit. Gérard Filoche, inspecteur du travail met en cause ses propos et lui répond par écrit en 25 questions réponses sur les 35H00.

Comme beaucoup de gens qui se reconnaissent dans les idées de gauche, nous avons été atterrés par le fait que Manuel Valls puisse proposer de "déverrouiller" les 35H00 au moment même où l'UMP va présenter son pré-rapport sur le sujet.

C'est pourquoi, il était important de connaître la position de l'un des meilleurs connaisseurs du monde et du code du travail et membre du Parti Socialiste : Gérard Filoche. Pour ce faire, il a pris sa plume et dans un texte dense mais précis : " Contre l’ignorance totale de Manuel Valls et de quelques autres - 25 questions-réponses rapides sur les 35 h - (presque) tout savoir sur les 35 h " il démonte point par point l'argumentaire de Manuel Valls, de l'UMP et de quelques dirigeants socialistes qui, visiblement, parlent sans connaître réellement le sujet.

Nous vous donnons ci-dessous de larges extraits du texte qu'il nous a fait parvenir et également publié sur Démocratie & Socialisme

" (...) Ce qu’a dit Manuel Valls témoigne de son incompétence totale en droit du travail, en économie, en histoire. Ce garçon n’a jamais travaillé, il n’y connaît rien, il ignore et méprise des millions de salariés, qu’il s’oblige donc à faire femme de service dans les écoles de sa circonscription et au bout de quelques mois où il aura passé la serpillière dans les réfectoires, il sera pour les 35 h et réclamera à coup sur le paiement majoré d’heures supplémentaires

1 - Est-ce que les 35 h sont « verrouillées » ?

Il n’y a aucun verrou. D’aucune sorte. Les 35 h ne sont que la durée légale du travail. Elles ne sont que le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Le seul verrou existant est la durée maxima qui est de 48 h hebdomadaires. Avec les 35 h il y a place pour 13 h supplémentaires hebdomadaires, davantage qu’avec les 39 h où il ne pouvait y avoir que 9 h supplémentaires par semaine.

2 - Est-ce que les 35 h sont un carcan ?

Copé félicite Valls pour « sortir du carcan dogmatique hérité de Madame Aubry, c’est aussi se donner une arme de plus dans la cruciale bataille contre le chômage ». Il n’y a aucun carcan. D’aucune sorte ( Hélas !) C’est ce que Xavier Bertrand a répondu a Copé (...)

3 - Est-ce que les 35 h n’existent déjà plus réellement ?

C’est malheureusement ce que dit Montebourg, député PS et lui aussi candidat aux primaires socialistes : « Les 35 heures n’existent plus, donc évidemment rouvrir ce débat est inutile ». Arnaud Montebourg n’y connaît rien non plus. Les 35 h existent. Elles s’imposent même à 100 % des salariés, à 100 % des employeurs. C’est une durée légale d’ordre public social valable dans toutes les entreprises, toutes les branches, tous les métiers, tous les statuts.

4 - Est-ce que les 35 h empêchent les Français de travailler davantage ?

(...) La meilleure année depuis un siècle de la croissance française, de l’emploi en France, c’est l’année 2000, année de la mise en place des 35 h. 350 à 400 000 emplois de plus. C’est la meilleure année sociale de toutes les annales. Moins de précaires, hausse de la masse salariale, toutes les caisses de protection sociales étaient au vert (...)

5 - Est-ce que les 35 h empêchent de travailler deux ou trois heures de plus ?

(...) Il y a place légale pour 13 supplémentaires mensuelles majorées par semaine. Quant au contingent annuel maximum d’heures supp’, il était de 91 h dans la métallurgie en 1995, de 120 h en général lorsque le patronat signait l’accord du 31 octobre 1995 considérant que les heures supp’ devaient être « exceptionnelles et imprévisibles » (...)

6 - Est-ce qu’à cause des 35 h on travaille moins que les autres pays ?

(...) Nous sommes dans la moyenne européenne : la durée hebdomadaire du travail en 2007 de l’ensemble des actifs était de 37 heures en France, pour 37,3 heures en moyenne dans l’Europe des 15. C’est presque une heure de plus qu’en Allemagne (36,2 h), une heure et demie de plus qu’au Danemark (35,5 h) et dans les pays Nordiques, et presque cinq heures de plus qu’en Hollande (32,2 h) (...)

7 - Est-ce que le monde (du travail) a changé depuis 1997 ?

(...) Il y a davantage de chômeurs, les records mondiaux sont battus. Le néo-libéralisme et la dictature de la finance tendent à ramener les durées du travail réelles au niveau du XIXe siècle, avec souffrance, stress, contre la santé et contre l’emploi (...)

8 - Est-ce que les 35 h sont une idée des années 70, 80, 90 ?

C’est un progrès historique. L’histoire du code du travail EST l’histoire de la réduction du temps de travail. De 1840 à 1920, il a fallu 80 ans pour passer de la journée de 17 h à la journée de 10 h. de 1936 à 200 il a fallu 70 ans pour passer de 40 h à 35 h : en 70 ans, on a réussi en pratique, dans les faits, dans la vie réelle (...)

9 - Est-ce que les 35 h coûtent cher aux entreprises ?

Les 35 h ne devaient pas se faire à « profit constant » mais comme un moyen de redistribuer emplois et richesses. Mais non, le Medef a « mené la guerre » depuis 13 ans aux 35 h. Il a exigé des masses de subventions. Il ment en prétendant que ça coûte trop cher : en fait pour refuser de négocier les salaires. Mais ses profits n’ont jamais été aussi énormes, la France n’a jamais été aussi riche.

10 - Est-ce que les 35 h coûtent cher à l’état ?

Ça coûte à l’état qui prend sur les impôts que paient les salariés : parce que l’état redistribue d’énormes sommes au patronat (...) Entre 30 et 45 milliards d’exonérations de cotisations sociales de 1 à 1,3 fois le Smic ce qui va en premier dans les poches du CAC 40 (...)

11 - Est-ce que les 35 h ont déjà été détricotées ?

Jack Lang :« Les 35 heures ont été déjà partiellement détricotées, réadaptées ». Encore une fois ça ne veut rien dire ! les 35 h c’est un chiffre, un repère unique pour la durée légale (...)

12 - Est-ce que les 35 h ont bloqué les salaires ?

(...) Lionel Jospin (...) a proclamé les 35 H HEBDOMADAIRES PAR LA LOI SANS PERTE DE SALAIRES. Ce sont les patrons qui ont bloqué les salaires et tout tenté pour les flexibiliser (...)

13 - Est-ce que les 35 h ont été annualisées ?
(...) Dans moins de 0,3 % des cas, il y a eu des accords d’annualisation ou de modulation. Ils sont mauvais : car ils reviennent à rendre les heures supplémentaires invisibles et non majorées (...) En fait le patronat (...) y fait recours dans 76 % des cas pour ajuster les horaires

14 - Est-ce que les 35 h ont été annulées par la flexibilité ?

(...) La flexibilité s’oppose aux 35 h, elle cherche à moduler la durée légale, la durée maxima, le taux des heures supp’ etc. mais tant qu’il reste un ordre public social avec un chiffre unique de repère, les 35 h sont là. Le patronat est pour la flexibilité, mais quand il s’agit de payer, il est d’une rigidité extraordinaire.

15 - Est-ce que la loi TEPA a réglé la question des 35 h ?

(...) TEPA a poussé à des heures supp’ en les faisant payer en partie par l’état (par les impôts de salariés). Cela revient à faire travailler plus ceux qui ont un travail au détriment de ceux qui n’en ont pas. Ça coûte cher et cela a mal marché : 4 milliards qui vont dans la caisse des patrons et augmentent le nombre de chômeurs non embauchés (...)

16 - Est ce que les 35 h sont fraudées ?

(...) Il y a 1 milliard d’heures supp ‘ dans ce pays qui ne sont pas déclarées, pas majorées et même pas payées du tout, ce qui est l’équivalent de 600 000 emplois (...)

17 - Est-ce que les 35 h n’ont pas d’effet dans les petites entreprises ?

Mais si ! Elles s’imposent à toutes les petites, moyennes et grandes entreprises. Même Alain Vidalies ne rend pas compte de la vérité quand il écrit : "Par exemple, Valls met en garde [les socialistes] contre une généralisation des 35 heures aux PME. Mais c’est François Fillon, en 2003, qui l’a mise en place (...)

18 - Est-ce qu’il est déjà possible de déroger aux 35 h ?

Oui, depuis la loi Bertrand, par « accord » avec des syndicats représentant une majorité des salariés concernés. Ce fut le cas à Continental et dans un certain nombre de cas phares ou le patronat fit chantage à l’ordre public social, obligeant les salariés sous peine de chômage à travailler plus sans que les heures supplémentaires soient majorées… et puis les patrons de Continental, après avoir fait avaler cet accord, ont quand même fermé et licencié (...)

19 - Est ce que les RTT ont été supprimées ?

Oui, il y a eu certains textes pour faciliter les « forfaits » sans contrôle et avec moins de jour de RTT parmi les cadres notamment, avec parfois une définition extensive et contestable du statut de « cadre » (...)

20 - Est ce que les 35 h n’existent plus pour les cadres ?

Les cadres sont aux 35 h, de droit commun comme tous les salariés. En fait, nul ne peut les faire travailler plus de 10 h par jour, ni plus de 48 h par semaine ! (...)

21 - Est ce qu’il faut « étendre » les 35 h ?

Non, elles sont étendues. Les 35 h art. 1 de la loi Aubry sont une loi magnifique, la plus avancée au monde. Mais on pourrait prendre des mesures pour rapprocher la durée réelle du travail de la durée légale (...)

22 - Et si on repassait aux 40 h ?

Faire machine arrière toute 70 ans en arrière, cela ne reviendrait qu’à une seule chose : abaisser les salaires . Car des millions de salariés perdraient la majoration de 25 % pour les heures entre 36 et 40. ET il y aurait un million de chômeurs de plus au bas mot.

23 - Est-ce que supprimer les 35 h ça augmenterait les salaires ?

Ça les baisserait automatiquement pour ceux qui feraient des heures supp’. Et pour tous les autres qui auraient encore moins de travail à se répartir.

24 - Et si on augmentait le nombre autorisé d’heures supplémentaires ?
Il est déjà énorme et parfois heureusement inatteignable. Les Britanniques en effet pratiquent l’opt out. (Article 18 de la directive 93-104) Sarkozy a tenté de faire passer la semaine de 65 et de 72 heures quand il présidait l’Europe en décembre 2008 : il a été battu heureusement par le Parlement européen. Mais la directive sur le temps de travail est toujours sur la table en Europe… Danger !

25 - Et s’il n’y avait plus de durée légale ?

C’est le rêve absolu du Medef. Il ne cesse de revendiquer cette « solution »… finale. Cela casserait tout repère, aussi bien pour la durée que pour les salaires. Plus de Smic à 151 h 66. Plus de « grilles de salaires « conventionnelles. Faire fluctuer, rendre confus, pour mieux couler tout le droit du travail.

Gérard Filoche

01 octobre 2010

Exclu Slovar : Interview Gérard Filoche "Une vraie retraite à 60 ans c'est possible"

Les manifestants devraient être encore très nombreux demain pour refuser une réforme des retraites injuste, mais sur laquelle le Président refuse toute négociation.

Alors, terminé la retraite à 60 ans ? Gérard Filoche qui avait écrit un livre sur ce sujet a accepté de répondre à mes questions.

Interview exclusive diffusée en intégralité

Slovar : Gérard, les éditions JC GAWSEVITCH republient le livre que tu avais co écrit avec Jean-Jacques Chavigné : " Une vraie retraite à 60 ans c'est possible". Peux tu nous dire à quelle date est paru ce livre ?

Gérard Filoche : Ce livre a été conçu avec Jean-Jacques Chavigné dés que Sarkozy a viré sa cuti, et renoncé, contrairement à ce qu’il avait déclaré, à maintenir la retraite à 60 ans. Ecrit pendant que nous préparions l’appel dit “Attac-Copernic”, il est paru le 16 avril quelques jours après que ce dernier ait été lancé le 7 avril.

C’est dire si nous l’avons pensé comme un instrument militant : sous forme de “dix questions, dix réponses” il balaie tout le spectre des mensonges gouvernementaux et propose une alternative pour garder une retraite à 60 ans sans un an de plus ni un euro de moins. Chaque soir de meetings unitaires, à parti du succès de la Bellevilloise le 6 mai 2010, nous avons proposé ce livre aux participants et il est devenu ainsi ce qu’on appelle un succès de librairie, notre éditeur JC Gawsevitch, n’en revient pas encore. Le petit dessin que m’a donné mon ami Siné qui est au dos du livre, est maintenant repris à des centaines de milliers d’exemplaires partout dans le pays.


Slovar : Quelles sont les raisons qui te l'ont fait écrire ?

GF : Des millions de français, qui pourtant savent décrypter et résister dans leurs consciences, sont victimes d’une campagne médiatique acharnée de type désinformation totalitaire. Sarkozy ment. Fillon ment. Woerth ment. On a affaire à un véritable truquage éhonté de l’information, des chiffres, des “arguments”. C’est atterrant de bêtise ce qu’ils expliquent sur TF1, dans les grands médias aux ordres, mais ils n’hésitent pas ils le font : bourrage de crâne, contre-vérités, manipulations, ils osent tout de façon incroyable !

Ils refusent le débat aussi bien avec les syndicats qu’ils ont méprisé, que dans les télés ou à l’Assemblée nationale où ils ont réduit le temps de parole de l’opposition à 20’. Sarkozy a imposé la procédure d’urgence, profité des vacances, organisé toutes sortes de diversions médiatiques que c’en est insupportable dans une république, vis à vis de la démocratie, vis à vis de citoyens majeurs.

Alors en plus des mobilisations et grèves appelées par les 8 syndicats unis les 23 mars, 29 mai, 24 juin, 7 septembre, 23 septembre, et de celles à venir, nous avons organisé avec Attac Copernic et les 268 signataires universitaires, intellectuels, associatifs, syndicalistes, politiques, plus de 400 meetings dans tout le pays. Dans de tels meetings, il y a des milliers de militants et de gens en colère, on développe nos idées et on est applaudi. Mais cela ne suffit pas : la diffusion d’un livre, aussitôt après, est un moyen de continuer, de renforcer les arguments, les convictions, de poursuivre en profondeur, voilà pourquoi on a écrit.

Slovar : En quoi ce livre est-il "actuel" ?

GF : " Parce qu’en dix questions, dix réponses, il balaie toutes les arguties sur la prétendue “crise démographique”, la prétendue “crise économique” qui obligeraient à piller le niveau de nos retraites durement acquises. Il n’y a aucune contrainte démographique et la France est même trés bien placée, car elle a le taux le plus élevée d’Europe de naissances. L’allongement de l’espérance de vie est fragile et n’est, hélas, pas si élevé, qu’ils le prétendent : de toute façon, ça ne modifie pas la biologie du corps humain entre 55 et 65 ans.

Les plus belles années de la retraite sont entre 60 et 65 ans. Les plus dures années au travail sont entre 60 et 65 ans. Le travail devient dur pour tout le monde au milieu de la cinquantaine. Et notre livre a été le premier a donner plein d’arguments – aujourd’hui largement repris par tous dans tous les meetings - comme le fait que l’espérance de vie en bonne santé est en moyenne de 63 ans pour les hommes et de 64 ans pour les femmes.

Et nous avons expliqué et justifié sans ambiguïté que la retraite n’était pas une épargne mais le fruit d’une cotisation basée sur les salaires, une partie du salaire mutualisée, mise dans un pot commun et redistribuée en direct, de ceux qui travaillent à ceux qui sont en retraite, en temps réel, sans spéculation possible. C’est un salaire continué. Nous expliquons qu’il ne faut pas tomber dans le piège des assurances individuelles et fond de pensions, ils vous prendront vos sous et les dilapideront aux iles Caïman dans les caves à subprime et autre hedge fund : ne leur donnez rien, pas un centime, il n’y a pas d’issue individuelle à la retraite.

Enfin nous décortiquons le danger de la retraite dite “a points”, les inégalités produites envers les femmes et les précaires, et dénonçons les baisses planifiées du niveau des retraites du fait de l’allongement inatteignable des annuités cotisées obligatoires.

Slovar : Est-il vraiment possible de maintenir les retraites à 60 ans à taux plein ?

GF : Evidemment, rien, rien, rien n’oblige à la remettre en cause, il faudrait même permettre la retraite à 55 ans dans le bâtiment par exemple. Qui n’a vu qu’un ouvrier de 55 ans devant son marteau piquer, avait peu d’espérance bien qu’ayant coûtés toute sa vie. Travailler plus c’est mortifère, il faut travailler mieux, moins tous. Il y a l’argent disponible : si on cesse de faire des dizaines de milliards de cadeaux au CAC 40, aux 500 premières familles, d’exonérer de 42 milliards de cotisations les patrons, de permettre des niches fiscales comme celle de Copé sur les transferts de société qui coûte a elle seule 22 milliards (4 fois plus que le fameux bouclier fiscal).

Bien sûr, la France n’a jamais été aussi riche et les richesses aussi mal redistribuées à ceux, les salariés, 92 % de la population active qui les produisent. Même le COR (conseil d’orientation des retraites a calculé qu’avec 0,30 points de hausse des cotisations sociales pendant la période difficile de 2010 à 2036, on pouvait faire face et maintenir les prestations à 60 ans, avec 75 % de reversement, indexé sur les salaires, sans retraite inférieure au Smic, et calculée sur les 10 meilleures années ou sur les 36 derniers mois. Il faut redonner aux salaires la part qu’ils méritent, partager le travail et adapter les cotisations pour garantir les retraites, nous démontrons dans notre livre que c’est possible et viable. Tout dans notre livre est sourcé, chiffré, détaillé.

Slovar : Crois tu possible de faire céder le gouvernement et Sarkozy alors que ceux-ci affirment vouloir aller jusqu'au bout ?

GF : C’est comme dans le temps des dévaluations. Ils disent toujours qu’ils ne dévalueront jamais... une heure avant de dévaluer.

En avril 2006, Chirac est allé jusqu’à promulguer la loi du CPE... en demandant qu’elle ne s’applique pas.

Sarkozy est isolé en dépit de toutes les sales diversions qu’il a tenté d”organiser cet été et en cette rentrée (Roms, immigration, insécurité, écoutes téléphoniques, mensonges sur Woerth-Bettencourt, l’affaire Karachi, etc...). Les diversions ont toute échoué dans l’opinion. L’UMP est divisée, seul le Medef et le Cac 40 le soutient à 100 %. Il fait le fier à bras, alors qu’en un un pays normal il y aurait des élections anticipées.

Mais autour de lui, bien qu’il fasse le sourd, truque les chiffres et manipule les grands médias à ses ordres comme TF1, les vagues de manifestants et de mécontents montent, Sarkozy est déjà mouillé jusqu’à la cheville, on va le mouiller jusqu’aux genoux.

Ca monte chaque jour, on fait plusieurs meetings par soir et on manifeste et fait grève encore les 2 et 12 octobre. Bernard Thibault ne vient il pas de déclarer solennellement que “la grève reconductible ne peut absolument pas être exclue” ?

Merci Gérard et bonne manif !

Liste des manifestations du 2 octobre (Source CGT)


"Une vraie retraite à 60 ans, c'est possible"
Editions Ed. JC GAWSEVITCH

15 mai 2009

Solidarité avec Gérard Filoche : De l’argent est nécessaire pour l'aider à assumer ses frais de justice

Les amis de Gérard Filoche se mobilisent pour l'aider à réunir des fonds pour lui permettre de payer ses frais de justice afférents à une procédure que beaucoup considèrent comme abusive.

Le site "Solidarité avec Gérard Filoche" propose des coordonnées bancaires et un espace vient d'être ouvert sur Ebay pour vendre des dessins originaux de dessinateurs de presse amis.

Si vous voulez l'aider, c'est le moment.

Rappel des faits

En janvier 2009, nous écrivions : "Vous avez été plus de 2000 à venir sur Slovar les Nouvelles pour lire le communiqué de Gérard Filoche concernant sa mise en examen dans le cadre de ses fonctions d'inspecteur du travail. Le nombre de message de solidarité a été impressionnant et de nouveaux soutiens ou message d'amitié continuent à lui arriver soit directement, soit sur sa page Facebook ou par notre intermédiaire. Cette mobilisation peut et doit avoir une suite "

Le plus grave dans cette affaire, c'est que Gérard Filoche est poursuivi dans le cadre de ses activités professionnelles. Qu'à t-il fait et pourquoi son administration se permet-elle de le "lâcher" ?

Accusé de «chantage» et d’«entrave au fonctionnement d'un comité d'établissement», le célèbre inspecteur du travail a été renvoyé en correctionnelle par le parquet de Paris. Multiforme, la répression sociale en France monte d'un cran. Gérard Filoche est soupçonné d'avoir gêné le fonctionnement du CE de l'entreprise de cosmétiques Guinot à Paris, qui devait statuer en juillet 2004 sur le licenciement d'une salariée protégée. La société avait déposé une plainte avec constitution de partie civile pour «chantage» à son encontre.

Initialement placé sous le statut de témoin assisté, Gérard Filoche a finalement été mis en examen le 21 novembre par le juge Yves Madre, qui a ensuite mis un terme à son enquête. Puis, mi-décembre, le parquet de Paris — nouveau bras armé du gouvernement — a requis son renvoi en correctionnelle ... / ...

C’est incroyable mais vrai. Le directeur général du travail (DGT) refuse d’accorder la « protection fonctionnelle » à Gérard Filoche à l’occasion de sa mise en examen dans l’exercice de ses missions. La « protection fonctionnelle », c’est un principe, un fonctionnaire mis en cause dans l’exercice de ses fonctions, dans le cadre de sa défense juridique, est normalement pris en charge par l’administration. Sauf dans le cas d’une « faute détachable du service ». En l’occurrence, ce n’est évidemment pas le cas, c’est totalement dans le cadre de son action comme inspecteur si le patron de l’entreprise Guinot essaie de le mettre en cause.

Gérard Filoche nous explique le pourquoi et le comment de cette "affaire"

Le prétexte est rocambolesque : j’aurais fait « entrave » à son « comité d’entreprise ». Moi ! Gêner un comité d’entreprise ? Et puis quoi encore ? S’il y a un comité d’établissement au siége de l’importante société de cosmétique Guinot -Marie Cohr, c’est parce que j’ai insisté, en tant qu’inspecteur du travail du secteur, pour qu’il soit mis en place, car sinon, la direction n’en avait pas et n’en voulait pas !

Mais ils ont réussi à ce que ledit CE mis en place, fasse partie de ce qu’on appelle les « CE bidons » : il ne comporte que 2 membres totalement soumis à la direction au point de ne jamais fonctionner, sauf pour donner un « avis favorable » au licenciement d’une déléguée syndicale CGT, ce qu’il a fait à deux reprises.

Cette déléguée CGT, est d’abord une femme cadre, d’origine arabe, de retour de congé maternité, dont l’entreprise a voulu se débarrasser après 6 ans de bons et loyaux services. Pour la pousser dehors, elle qui s’occupait de la zone commerciale arabe, ils l’ont mis à une zone Amérique latine Pacifique qu’elle ne connaissait pas et dont elle ne parlait pas la langue, ce qui lui demandait deux fois plus de travail, une forme de harcèlement alors qu’elle avait les soucis de son nouveau-né. Plutôt que de lui redonner son poste après son congé maternité, ils y ont même mis des intérimaires ... / ...

Chez Guinot, les salariés cadres font des heures supplémentaires dissimulées en masse : ils les appellent d’ailleurs ironiquement « les heures philanthropiques ». Lorsque, pour faire valoir ses droits, la jeune femme s’est syndiquée, a demandé des élections de CE, elle est devenue la femme à abattre : isolement, propos racistes, dénonciation dans la boîte où tout le monde a peur. Ils m’ont demandé trois de fois de suite l’autorisation de la licencier, la dernière en juin 2004, sous un prétexte kafkaïen, après l’avoir cette fois « mise à pied ». La tenant ainsi, par la privation de salaire, ils ont fait traîner la procédure, négligeant de réunir le CE prévu début juillet. Ils allaient, si je n’étais activement intervenu, la laisser ainsi tout l’été. J’ai exigé que le CE se tienne vite, formalité nécessaire, et qu’ils me saisissent vite. Ils ne l’ont fait que le 24 juillet, alors que je partais le 26 juillet en congés tout le mois d’août.

Alors j’ai hâté la procédure, je suis allé dans l’entreprise, faire mon « enquête contradictoire », prendre acte que le CE avait voté, et prendre ma décision de refus d’autorisation de licenciement le lendemain avant mon départ en vacances, de façon à ce que la salariée retrouve un salaire fin juillet… et non pas fin septembre. Ça s’est passé ainsi, déjouant ce qui était manifestement une mauvaise pratique de la direction.

Je suis arrivé assisté d’une collègue contrôleuse, le 24 juillet 2004 avant le CE. J’ai avec l’accord total de la direction, dans le bureau du directeur, sans objection de quiconque, en expliquant ma démarche, sur le coup, interrogé et confronté au total neuf personnes. Cela m’a suffi pour établir l’innocence de la déléguée CGT, et le « CE » s’est réuni sans surprise, c’est-à-dire que les deux membres pro patronaux sont sortis du bureau du directeur pour aller voter… l’avis favorable au licenciement de leur collègue, à deux voix contre zéro, à bulletin secret, ce qui leur a pris moins de dix minutes… C’était leur seul point à l’ordre du jour ... / ... Reprocher à un inspecteur du travail « une entrave » au CE c’est tenter d’escalader l’Annapurna pieds nus, ça ne s’est jamais fait. Je n’avais absolument aucune raison de faire la moindre pression sur les deux membres du CE totalement subordonnés à la direction et dont je connaissais le vote d’avance - lequel n’engageait pas ma décision. Je n’étais absorbé que par mon « enquête contradictoire » de façon à obtenir le maximum d’éléments et à rendre imparable juridiquement le refus de licenciement de la salariée ... / ...

Et voila pourquoi, il est aujourd'hui poursuivi.

Nous ajouterons comme le fait judicieusement remarquer un extrait du texte de la pétition "solidarité avec Gérard Filoche" :" Comment alors que le Parquet débordé, manque de moyens au point de classer la majorité des PV de l’inspection du travail, choisit-il de donner suite à une plainte patronale prétendant de façon invraisemblable que Gérard Filoche fasse « entrave à un Comité d’Entreprise » ?"

En attendant, la procédure se poursuit, des conclusions ont été déposées par l’avocat de Gérard Filoche auprès du juge d’instruction. Un premier acompte de 2300 euros doit être versé, mais il faut compter bien davantage à l’occasion de l’ensemble de la procédure. Ce sera très cher au total. Beaucoup de ceux qui ont signé la pétition parmi les 34 000 signatures de soutien, ont proposé spontanément leur aide financière.

Deux dessinateurs de presse, Faujour et Lindingre ont décidé de leur côté de céder plusieurs de leurs dessins originaux qui viennent d'être mis en vente sur le site Ebay et dont la vente permettra à Gérard Filoche de payer une partie de ses frais de justice.

Vous pouvez trouver l'espace Ebay de vente des dessins ICI

Et surtout, n'hésitez pas à faire tourner ce message entre les blogs ....


Slovar les Nouvelles



24 mars 2009

Qui veut "casser" Gérard Filoche et les inspecteurs du travail qui font leur boulot ?

Slovar les Nouvelles avait été un des premiers à vous avertir de la procédure de mise en examen de Gérard Filoche dans le cadre de ses activités professionnelles. Une pétition de soutien en ligne a réuni 34157 signatures électroniques depuis le 24 janvier 2009.

Cette solidarité a énormément touché Gérard (il nous l'a dit lui même) et lui a permis de vérifier que de nombreux salariés et citoyens soutiennent son action professionnelle et politique.

Seulement, la procédure continue, et bien que mis en examen dans le cadre de ses fonctions, le Directeur Général du Travail qui est son patron direct (DGT), refuse de lui accorder la « protection fonctionnelle » qui lui est due puisque sa mise en examen a eu lieue dans l’exercice de ses missions.

Nous publions ci-dessous en intégralité un résumé de ce nouveau mauvais coup qui nous a été envoyé par Démocratie & Socialisme

La « protection fonctionnelle », c’est un principe, un fonctionnaire mis en cause dans l’exercice de ses fonctions, dans le cadre de sa défense juridique, est normalement pris en charge par l’administration. Sauf dans le cas d’une « faute détachable du service ». En l’occurrence, ce n’est évidemment pas le cas, c’est totalement dans le cadre de son action comme inspecteur si le patron de l’entreprise Guinot essaie de le mettre en cause.

D’ailleurs, le directeur général du travail, Jean-Denis Combrexelle le sait. Il a donné ordre de ne pas répondre à la première demande de « protection fonctionnelle » en mars 2007 lorsque Gérard Filoche fut entendu comme « témoin assisté ». Il n’a pas davantage répondu à la seconde demande après le 21 Novembre 2008 lorsque le juge a opté pour une « mise en examen ».

Le délai administratif pour répondre à la demande de Gérard Filoche était de deux mois. Au-delà, c’est ce qu’on appelle un « rejet implicite ». Un tel rejet non motivé n’est pas glorieux, ni courageux.

Sans doute est-ce que Jean-Denis Combrexelle redoutait car, juste avant la fin du délai, le 23 janvier à 00 h 12, il a donné l’ordre de rédiger une réponse en terme de « rejet explicite » donc motivé. La copie de cet ordre, donné par mail, nous est parvenue, car, par mégarde, Combrexelle n’a pas enlevé la liste des destinataires à l’origine de la demande (elle avait été re-faite par la CGT le 22 janvier à 16 h 20) :

Combrexelle écrit : « La réponse explicite, qui est opportune, devrait à mon sens se fonder sur le fait qu’il s’agit d’une faute personnelle (car volontaire) détachable du service et donc non couverte par la protection fonctionnelle. JDC »

Mais deux mois se sont écoulés le 23 mars et…. la réponse explicite n’est toujours pas rédigée… Ils ont dû avoir du mal à trouver les termes juridiques adéquats… ce qui est un aveu évident qu’il n’y a pas de motif au refus, ils l’ont cherché et ne l’ont pas trouvé…

D’où le recours re-fait par Gérard Filoche le 18 mars avant un nouveau délai de 1 mois :

Expéditeur : Gérard Filoche Inspecteur du travail, section 2 A Paris
A : xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
Objet : recours sur décision implicite protection fonctionnelle
Sauf mauvaise transmission de l’information, il m’apparaît que vous avez rejeté « implicitement » ma demande de “protection fonctionnelle” alors que je suis mis en cause dans l’exercice de mes fonctions par un employeur en situation délictuelle. Il s’agit de la plainte pour “chantage” (sic) déposé par le PDG de Guinot. Rien de ce qui s’est passé ce jour-là, 23 juillet 2003 n’est détachable de mon service. Et non seulement je n’ai commis aucune sorte de faute, mais je défendais l’ordre public social violé par l’employeur.

Je vous rappelle que le célèbre préfet Bonnet a bénéficié de la protection fonctionnelle bien qu’il ait fait brûler une paillote en Corse. Je n’ai fait brûler aucune paillote au 1 rue de la Paix, j’ai fais seulement mon devoir, en toute indépendance selon la convention 81 de l’OIT, mais conformément à la loi.

Je fais donc un recours auprès de vous pour que vous me donniez les raisons qui, selon vous, feraient de mon action légale, dans le cadre de mes missions, une “faute détachable”.Vous devez, comme vous le savez, expliciter votre décision avant un mois sinon votre décision devient illégale pour défaut de motivation.
Gérard Filoche, le 18 mars 2009

Merci d’accuser réception, ce courrier passe également par voie interne hiérarchique

En attendant, la procédure se poursuit, des conclusions ont été déposées par l’avocat de Gérard Filoche auprès du juge d’instruction. Un premier acompte de 2300 euros doit être versé, mais il faut compter bien davantage à l’occasion de l’ensemble de la procédure. Beaucoup de ceux qui ont signé parmi les 34 000 signatures de soutien, ont proposé spontanément leur aide financière.

Celle-ci est devenue nécessaire.

Si vous souhaitez contacter ou aider Gérard Filoche, vous trouverez des coordonnées sur son blog ou sur le site Démocratie et Socialisme


Slovar les Nouvelles

15 février 2009

Ouverture du blog de Gérard Filoche

Gérard Filoche fait partie de ces hommes qui ne gouverneront probablement jamais le pays (on peut d'ailleurs le regretter) mais qui interpelleront sans cesse les dirigeants politiques et économiques au sujet de leurs responsabilités sur notre vie quotidienne et notre avenir.

Les initiés connaissent Démocratie & Socialisme, le site qu'il co anime avec plusieurs de ses compagnons de route, les autres ont appris à connaître ses articles et coups de gueule dans (entre autre), le Sarkophage et Siné Hebdo ou sur les antennes des media audiovisuels qui font encore leur boulot (Les Infiltrés France2)

S'il a toujours accepté le dialogue avec tous ceux qui le souhaitent, nous étions nombreux (dont Slovar les Nouvelles) à penser que sa présence manquait dans la blogosphère.

Et bien, depuis hier c'est fait

Gérard Filoche nous a confié avoir longtemps hésité avant de se lancer dans une nouvelle aventure (son planning professionnel et politique foutrait le tourni à Monsieur "travailler plus") Son problème était de ne pas tomber dans le "travers" de la myriade de politiques qui ont ouvert des blogs (parce que c'est branché) et confié leur gestion et leurs contenus ... à des petites mains communicantes.

Alors, il a pris son temps et a décidé de mettre en ligne un blog qu'il sera le seul à alimenter et sur lequel, il sera le seul à répondre aux internautes.

Son premier texte est un édito dont nous vous livrons ci-dessous quelques extraits :

200 euros mensuels pour tous

On va y arriver. Ça mûrit partout. Du succès massif du 29 janvier, jusqu’au 19 mars en passant par les grèves générales aux Antilles, et par la mobilisation des enseignants, chercheurs et étudiants, l’explosion se prépare. La question des salaires est évidemment centrale et aucun artifice ne l’évitera. Chacun voit que le pouvoir sarkozyste inquiet, essaie d’inventer toutes les parades pour ne pas augmenter les salaires. Il s’agit du partage entre capital et travail, entre actionnariat et salariat : la question est vitale. En Guadeloupe, le patronat avait cédé, dimanche 8 février dans un pré accord : 200 euros pour tous.

Le ministre, homme de paille de Sarkozy, s’est enfui pour ne pas porter seul le refus d’une telle mesure. Il y fallait l’engagement de l’Etat au plus haut niveau. Ce faisant, Sarkozy a brûlé tous les intermédiaires : ainsi ce qui reste de lui va bientôt être à nu face à la revendication populaire incontournable. Il ne s’agit pas du CPE comme en 2006, il s’agit du cœur du pouvoir. 200 euros mensuels, c’est un changement de cap, c’est la dénégation de toutes les théories réactionnaires fumeuses dont Bling-bling nous abreuve pour défendre ses amis banquiers et banqueroutiers. Il leur a donné des dizaines de milliards dont nos salaires manquent ... / ...

La France n’a jamais été aussi riche et la rigueur prétendument due par la « crise » n’est pas pour tous : les patrons du CAC 40 ne gagnent pas moins en 2008 qu’en 2007. La part des cotisations sociales de salariés est passée de 12,8 % à 21, 36 % entre 1980 et 2005, pendant cette même période, la part des cotisations patronales est passée de 40,2 % à 10,5 % ... / ...

Connaissant Gérard et sa réactivité, nous pensons que ce blog devrait rapidement devenir un incontournable des favoris Web de tous ceux qui militent pour un VRAI changement clairement inscrit à gauche

Bienvenue dans la blogosphère Monsieur Filoche

Le blog de Gérard Filoche
http://www.filoche.net

26 janvier 2009

Slovar les Nouvelles vous propose de signer la pétition de soutien à Gérard Filoche

Vous avez été plus de 2000 à venir sur Slovar les Nouvelles pour lire le communiqué de Gérard Filoche concernant sa mise en examen dans le cadre de ses fonctions d'"inspecteur du travail.

Le nombre de message de solidarité a été impressionnant et de nouveaux soutiens ou message d'amitié continuent à lui arriver soit directement, soit sur sa page Facebook ou par notre intermédiaire. Cette mobilisation peut et doit avoir une suite. C'est pourquoi une pétition de solidarité vient d'être mise en ligne. Nous vous en donnons le texte ci-dessous

Tous les syndicats de l’inspection du travail en sont d’accord :

- la justice est extrêmement laxiste en matière de droit du travail,
- les employeurs qui ne respectent pas le code du travail restent largement impunis.

Trois procès-verbaux sur quatre de l’inspection du travail sont classés sans suite par le Parquet. Patrons impunis, inspecteurs du travail poursuivis : paradoxalement, ces trois dernières années, ce sont des contrôleurs et inspecteurs du travail qui se sont vu mis en cause dans l’exercice de leurs fonctions alors que Laurence Parisot a affirmé que «la liberté de penser s’arrête là où commence le Code du travail».

Le dernier en date, c’est Gérard Filoche.

L’inspecteur du travail est mis en examen pour un prétendu « chantage » vis-à-vis d’un patron qui refusait la réintégration dans son poste antérieur d’une salariée de retour de congé maternité et qui a demandé trois fois de suite, à l’égard de cette employée, déléguée syndicale, une autorisation de licenciement. Si c’est du « chantage » que de menacer dans ce cas un employeur d’un PV, alors toute l’inspection du travail fait du « chantage » sans le savoir ! Comment alors que le Parquet débordé, manque de moyens au point de classer la majorité des PV de l’inspection du travail, choisit-il de donner suite à une plainte patronale prétendant de façon invraisemblable que Gérard Filoche fasse « entrave à un Comité d’Entreprise » ?

Nous tenons, en de telles circonstances, à exprimer notre totale solidarité avec Gérard Filoche.

Le site Web de la pétition

Signer la pétition

Et, n'oubliez pas, le 29 janvier jour de grève et de manifestations nationale, c'est dans 4 jours.

21 janvier 2009

Communiqué de Gérard FILOCHE concernant sa mise en examen

C'est Actuchômage qui nous l'apprend : Accusé de «chantage» et d’«entrave au fonctionnement d'un comité d'établissement», le célèbre inspecteur du travail a été renvoyé en correctionnelle par le parquet de Paris. Multiforme, la répression sociale en France monte d'un cran.

Gérard Filoche est soupçonné d'avoir gêné le fonctionnement du CE de l'entreprise de cosmétiques Guinot à Paris, qui devait statuer en juillet 2004 sur le licenciement d'une salariée protégée. La société avait déposé une plainte avec constitution de partie civile pour «chantage» à son encontre.

Initialement placé sous le statut de témoin assisté, Gérard Filoche a finalement été mis en examen le 21 novembre par le juge Yves Madre, qui a ensuite mis un terme à son enquête. Puis, mi-décembre, le parquet de Paris — nouveau bras armé du gouvernement — a requis son renvoi en correctionnelle ... / ...

Gérard Filoche vient de nous faire parvenir un texte dans lequel il s'explique. Nous lui laissons la parole en publiant son texte en intégralité

"A propos de la « mise en examen » de Gérard Filoche

Le Parisien, France inter , l’AFP, ont annoncé mardi 20 janvier « la mise en examen de Gérard Filoche ». C’est bien la première fois que Le Parisien me fait une si grande place : discret lorsque je dénonce la délinquance patronale, ce journal répercute l’annonce qu’un gros patron de la rue de la Paix a réussi, en se portant partie civile, à me faire « mettre en examen ».

Le prétexte est rocambolesque : j’aurais fait « entrave » à son « comité d’entreprise ». Moi ! Gêner un comité d’entreprise ? Et puis quoi encore ? S’il y a un comité d’établissement au siége de l’importante société de cosmétique Guinot -Marie Cohr, c’est parce que j’ai insisté, en tant qu’inspecteur du travail du secteur, pour qu’il soit mis en place, car sinon, la direction n’en avait pas et n’en voulait pas !

Mais ils ont réussi à ce que ledit CE mis en place, fasse partie de ce qu’on appelle les « CE bidons » : il ne comporte que 2 membres totalement soumis à la direction au point de ne jamais fonctionner, sauf pour donner un « avis favorable » au licenciement d’une déléguée syndicale CGT, ce qu’il a fait à deux reprises.

Cette déléguée CGT, est d’abord une femme cadre, d’origine arabe, de retour de congé maternité, dont l’entreprise a voulu se débarrasser après 6 ans de bons et loyaux services. Pour la pousser dehors, elle qui s’occupait de la zone commerciale arabe, ils l’ont mis à une zone Amérique latine Pacifique qu’elle ne connaissait pas et dont elle ne parlait pas la langue, ce qui lui demandait deux fois plus de travail, une forme de harcèlement alors qu’elle avait les soucis de son nouveau-né. Plutôt que de lui redonner son poste après son congé maternité, ils y ont même mis des intérimaires.

(C’est de plus en plus fréquent, il faut une loi pour protéger les femmes de retour de maternité obligeant de leur redonner leur poste et interdisant de les licencier pendant un an).

Chez Guinot, les salariés cadres font des heures supplémentaires dissimulées en masse : ils les appellent d’ailleurs ironiquement « les heures philanthropiques ». Lorsque, pour faire valoir ses droits, la jeune femme s’est syndiquée, a demandé des élections de CE, elle est devenue la femme à abattre : isolement, propos racistes, dénonciation dans la boîte où tout le monde a peur. Ils m’ont demandé trois de fois de suite l’autorisation de la licencier, la dernière en juin 2004, sous un prétexte kafkaïen, après l’avoir cette fois « mise à pied ». La tenant ainsi, par la privation de salaire, ils ont fait traîner la procédure, négligeant de réunir le CE prévu début juillet. Ils allaient, si je n’étais activement intervenu, la laisser ainsi tout l’été. J’ai exigé que le CE se tienne vite, formalité nécessaire, et qu’ils me saisissent vite. Ils ne l’ont fait que le 24 juillet, alors que je partais le 26 juillet en congés tout le mois d’août.
Alors j’ai hâté la procédure, je suis allé dans l’entreprise, faire mon « enquête contradictoire », prendre acte que le CE avait voté, et prendre ma décision de refus d’autorisation de licenciement le lendemain avant mon départ en vacances, de façon à ce que la salariée retrouve un salaire fin juillet… et non pas fin septembre. Ça s’est passé ainsi, déjouant ce qui était manifestement une mauvaise pratique de la direction.

Je suis arrivé assisté d’une collègue contrôleuse, le 24 juillet 2004 avant le CE. J’ai avec l’accord total de la direction, dans le bureau du directeur, sans objection de quiconque, en expliquant ma démarche, sur le coup, interrogé et confronté au total neuf personnes. Cela m’a suffi pour établir l’innocence de la déléguée CGT, et le « CE » s’est réuni sans surprise, c’est-à-dire que les deux membres pro patronaux sont sortis du bureau du directeur pour aller voter… l’avis favorable au licenciement de leur collègue, à deux voix contre zéro, à bulletin secret, ce qui leur a pris moins de dix minutes… C’était leur seul point à l’ordre du jour.

Le Parisien cite des « témoins » anonymes (la plupart des protagonistes ont été « virés », depuis, par Guinot) : un « ex-salarié » prétendrait que j’ai « menacé » de « déposer plainte contre le CE ». C’est une phrase inventée de a à z, impossible à sortir de mes lèvres, car juridiquement stupide, pourquoi aurais je tenu un tel propos sans sens ? Un autre « témoin » anonyme cité par Le Parisien aurait dit : « Il nous a dit qu’il nous poursuivrait pour harcèlement moral » : phrase ridicule aussi dénuée de sens juridique et que je n’ai évidemment en aucun cas prononcée. Si ce sont bien des « témoins », pressionnés par la direction, ils ont donc été amenés à croire et/ou à dire n’importe quoi. Je n’étais ni « énervé », ni « vindicatif », mais un des salariés, subordonné, donc fragile, m’a raconté en off qu’on lui avait dicté ses propos. J’ai déjà vu des juges, plus avisés, qui, en audience, refusaient les témoignages des salariés en faveur de leur patron en invoquant le « lien de subordination juridique permanente » qui caractérisait leur contrat.

L’avocat de Guinot, M° Varaut, qui se vante dans le Parisien en termes idéologiquement révélateurs, de ma mise en examen, a tenté de mêler la proximité physique de mon enquête ce matin-là et la tenue du CE pour inventer d’abord que j’avais « fait du chantage » au CE puis c’est le procureur, de façon surprenante, qui a amélioré la saisine initiale, avec un « réquisitoire supplétif » pour « entrave au CE ».

Reprocher à un inspecteur du travail « une entrave » au CE c’est tenter d’escalader l’Annapurna pieds nus, ça ne s’est jamais fait. Je n’avais absolument aucune raison de faire la moindre pression sur les deux membres du CE totalement subordonnés à la direction et dont je connaissais le vote d’avance - lequel n’engageait pas ma décision. Je n’étais absorbé que par mon « enquête contradictoire » de façon à obtenir le maximum d’éléments et à rendre imparable juridiquement le refus de licenciement de la salariée.

Le ministère a pourtant cassé ma décision (ce n’est pas le seul cas hélas, car de plus en plus de « salariés protégés » se trouvent ainsi abattus). Pourtant, tout ce qui s’est passé, d’un bout à l’autre dans cette affaire, aurait dû donner superbement raison à la déléguée syndicale, et le fait que le tribunal administratif – dans des termes que j’ignore - ait confirmé le ministère, me stupéfie. Je ne sais si la salariée ira en Conseil d’état, mais elle est tellement manifestement dans son bon droit, que cela mériterait d’être tenté.

Le juge Madre m’a convoqué pendant 5 heures ( !) le 7 mars 2007 alors que je revenais de Périgueux où avait été jugé et condamné l’assassin de deux de mes deux collègues (à Saussignac le 2 septembre 2004). Je l’ai alors surpris en lui apprenant un point de droit qu’il ignorait, c’est qu’un avis du CE favorable au licenciement d’un délégué n’était qu’un élément indicatif et ne s’imposait pas à l’inspection du travail.

Puis je n’ai entendu parler de rien entre le 7 mars 2007 et le 21 novembre 2008 et je croyais légitimement enterrée l’impossible plainte pour « chantage » mort-née. Car si des patrons réussissent à force d’argent et d’entregent à faire convoquer des inspecteurs du travail devant les juges, c’est le contrôle de tout le droit du travail qui sera entravé, et non pas un CE bidon.

Invité à un CHSCT Guinot, en juillet 2008, je m’y suis rendu, et sans surprise, j’ai pu constater encore qu’il ne se tenait pas, que le responsable du CE/CHSCT, le même qui avait voté le licenciement de la salariée, n’était même pas dans les locaux, que le CHSCT était aussi « bidon » que le CE.

Le juge Madre aurait interrogé par écrit le Directeur général du travail, en droit pur, en décembre 2007 et m’a re-convoqué le 7 octobre 2008 : atteint d’une pneumonie avec complication, j’étais parti à l’étranger au soleil. Après mon retour, le 21 novembre 2008 il m’a mis en examen à ma grande surprise.

Le Parisien cite, dans un entrefilet fielleusement présenté, la lettre du directeur général du travail, (DGT) Jean-Denis Combrexelle, affirmant qu’un inspecteur du travail qui intervient dans un CE a « un comportement professionnel aberrant ». Mais cette lettre ne me concerne pas ! Le juge Madre me l’a précisé : « J’ai interrogé votre directeur, bien sûr, en général, sans lui dire qu’il y avait le moindre lien avec vous ». La réponse du directeur est déconnectée de la situation concrète du 24 juillet 2004 à Guinot.

À moins, mais je n’ose le penser, que mon directeur n’ait eu vent de quelque chose et ait « chargé » le contenu de sa réponse de façon à ce que le procureur renonçant à évoquer un « chantage », relaie la plainte improbable de Guinot en évoquant une « entrave au CE ».

Ce directeur (DGT), Jean-Denis Combrexelle et moi, sommes en effet, en conflit idéologique ouvert, puisqu’il m’a convoqué le 9 avril 2008 pour me menacer dans l’exercice de ma fonction d’inspecteur du travail : ce DGT est celui dont « Liaisons sociales » révélait qu’il dînait chaque mois avec Denis Gauthier-Sauvagnac, ce DGT est celui qui a fait la fameuse « recodification du code du travail » contre laquelle je me suis tant battue, avec notamment Jacques Barthélémy, grand avocat du Medef, celui enfin qui m’envoie des lettres administratives comminatoires pour me rappeler en permanence à l’ordre, et me faire taire chaque fois que je parle dans un média. Avec le Directeur départemental, ils m’ont supprimé toute part de primes depuis de longues années, rétorsion qui ne me fera céder en rien. Son accusation est classique : je mélangerais les genres entre mes engagements syndicaux et politiques et mes missions de service. Il convient de repréciser qu’un inspecteur du travail est « indépendant » selon la convention 81 de l’OIT. Nous sommes indépendants mais pas neutres. Nous avons pour mission « d’alerter les gouvernements en place sur le sort qui est fait aux salariés ». Nos assujettis ce sont les employeurs, pas les salariés. C’est aux employeurs que devons faire respecter le code du travail de la République. Il faut une sacrée imagination, pour me mettre, moi, à six mois de ma retraite, après trente ans de métier, en examen, pour « entrave à un CE ».

À l’émission « Ripostes », le 10 décembre 2006, Nicolas Sarkozy m’a dit « Je ne partage pas votre détestation des employeurs, M. Filoche ». Je ne « déteste » pas les employeurs mais j’essaie d’agir contre ceux qui trichent et spolient les salariés de leurs droits. Je défends l’inspection du travail avec d’autant plus de vigueur que la délinquance patronale augmente considérablement, que le droit du travail est foulé aux pieds, pire méprisé, bien au-delà de mon secteur où j’ai 4 500 entreprises et 45 000 salariés. Mon expérience, tous les jours, me fait rencontrer des « Guinot » : d’ailleurs j’engage les investigateurs à regarder de plus prés, (au 1 rue de la Paix et pas seulement), au-delà de ma personne, la réalité de ce genre de patronat qui fait tout pour mettre en cause l’action légitime de l’inspection du travail.

Gérard Filoche, le 21 janvier 2009

Slovar les Nouvelles lui apporte tout son soutien.