23 décembre 2011

Sarkozy aux Restos du Coeur : Inconscience, cynisme ou exhibitionnisme ?

Inconscience, cynisme ou exhibitionnisme, comment qualifier la visite du Chef de l'Etat aux Restos du Coeur, venu selon ses conseillers, pour « faire quelque chose de doux dans ce monde extrêmement dur » ?

En 2005, nous écrivions : « Je me suis souvent, depuis la disparition de Michel, demandé s’il aurait continué à faire vivre un mouvement du cœur en le transformant en institution destinée à masquer l’inaction des pouvoirs publics. Modestement, je pense qu’il serait plutôt remonté sur scène ou aurait mobilisé les médias pour stigmatiser une société qui magnifie le marchand au détriment de l’humain »

Ce qui est certain, c'est que Michel Colucci vivant, n'aurait jamais accepté la visite d'un Président, désireux de venir constater de visu les résultats sociaux de la politique qu'il mène depuis son élection !

Nous sommes beaucoup à avoir été choqués par la désinvolture dont notre Président à fait part lors de sa visite aux Restos du Coeur. En effet, flanqué de ses deux ministres, Bruno Le Maire et Roselyne Bachelot, il semble avoir pris autant de plaisir que lorsqu'il visite une usine dont les ouvriers ... ne savent pas de quoi sera fait leur futur.

Le Figaro nous décrit ce voyage au pays des pauvres et « assistés », brocardés quotidiennement par ses ministres et l'UMP : (...) Nicolas Sarkozy a profité d'une dernière journée parisienne pour envoyer des signaux au monde associatif (...) Il s'est d'abord rendu dans un entrepôt des Restos du cœur à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), d'où sortent 6 millions de repas par an, avant de rencontrer des familles dans un centre de distribution du XVe arrondissement, sans micros, ni caméras (...) »

Que pouvait proposer, ou annoncer, à cette occasion, le Président qui s'était engagé en 2007 à réduire d'un tiers la pauvreté en cinq ans ?

Eh bien : « (... ) Les Restos (…), c'est le visage d'une France généreuse, attentive, avec des tas de gens qui dans la discrétion donnent de leur temps, de leur énergie pour ceux qui souffrent, a lancé le président. Une belle France ! »

Puis, il : « (...) a déambulé entre les montagnes de colis entreposés et salué les bénévoles et les salariés (souvent en insertion) de l'association (...) » avec qui il a vaguement dialogué : « Nos contrats s'arrêtent en avril, après plus rien, commence l'un d'eux… Si on peut trouver quelque chose…» « C'est le but » répond le président, avant de lancer: « Bonnes fêtes, quand même ! »

Eh oui, les restos c'est moins glamour que le Fouquet's ou le Cap Nègre. On y trouve surtout des gens indifférents aux prouesses du Président pour sauver l'Europe et sa monnaie, faire disparaître les paradis fiscaux ou réformer le capitalisme. On y trouve aussi quantité de « fraudeurs aux aides sociales » et « profiteurs du RSA », qui pénalisent les classes moyennes, comme l'explique Laurent Wauquiez. Sans compter que ces gens, s'ils ont le droit de vote, sont capables de ne pas voter UMP !

Alors, direz-vous quel but avait cette visite ?

Le Figaro nous explique cet élan de bonté : « (...) Ce n'est pas simplement Noël qui a suscité cette journée. L'Élysée dispose de « remontées de terrain » indiquant que le président est « faible » sur les thèmes de l'équité et de la justice. « Il y a eu des erreurs au début du quinquennat qui ont permis à la gauche de lui coller ce sparadrap de président des riches, analyse un proche. Il faut rééquilibrer les choses. Par ailleurs, il ne faut pas que son action à l'international le déracine des souffrances du quotidien (...) Le président voulait faire quelque chose de doux dans ce monde extrêmement dur », ajoute un conseiller

On aimerait en rire, mais le coeur n'y ait pas !


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Mlrelay

22 décembre 2011

Sarkozy et Medef : Vers une légalisation du chantage à l'emploi ?

Forcer les salariés à accepter un baisse temporaire de leurs salaires pour garder leur l'emploi. La recette n'est pas nouvelle. Sauf que cette fois-ci elle est défendue par Nicolas Sarkozy, le Président du « Travailler plus pour gagner plus » !


En juillet 2009, Laurent Jeanneau écrivait dans le magazine Alternatives Economiques : « (...) Gagner moins pour continuer à travailler ! A la faveur de la crise, la tentation de rogner sur les salaires se fait de plus en plus pressante. Fiches de paie tronquées, rémunérations gelées, RTT supprimées… (...) Une pilule amère, que les entreprises tentent de faire avaler aux syndicats en invoquant la préservation de l'emploi (...) »

Or, en 2011, nous expliquent Le Monde et Les Echos, une idée forte pour l'emploi, défendue par Nicolas Sarkozy ferait son chemin : « (...) le développement d'accords compétitivité-emploi, sur le modèle de l'Allemagne. Le principe : échanger temporairement des baisses de salaires et/ou de temps de travail contre une préservation de l'emploi (...) En clair, il s'agirait de permettre aux chefs d'entreprise de négocier avec les représentants du personnel des accords (...) En échange d'une flexibilité accrue des salariés, ceux-ci obtiendraient des garanties pour leur emploi ou des investissements. Ces accords s'imposeraient automatiquement aux salariés, sans nécessité de signer des avenants individuels au contrat de travail comme actuellement (...) »

Il va de soi que cette idée est accueillie avec la plus grande bienveillance par le Medef et surtout l'UIMM dont l'un de leurs représentants déclare : « Nous sommes prêts à avancer sur cette question qui s'inscrit dans notre réflexion plus large sur la compétitivité équitable » Pour la bonne raison que ce sont eux qui en sont les initiateurs !

Ce qui reviendrait à transformer les salariés en sorte « d'actionnaires » sans titre ni droit, si ce n'est celui de participer aux pertes mais jamais au bénéfices. Où alors avec des montants indécents de 8 à 20 €, comme ceux de la prime dividendes !

Quelle confiance peut-on accorder aux organisations patronales et au gouvernement tous deux promoteurs de cette « voie d'avenir » ?

A priori aucune, dans la mesure où rien n'empêchera une baisse continue des salaires en fonction de la durée de la (ou des ) crise(s) et des impératifs de compétitivité. Car, à la moindre revendication d'augmentation de salaire ou d'amélioration des conditions de travail, on leur opposera : le coût trop élevé de la main d’œuvre qui plombe la compétitivité de l’entreprise au niveau mondial !

D'où un abandon progressif mais définitif pour les salariés de l'idée d'un simple retour à leur salaire antérieur ou du rétablissement d'acquis sociaux sacrifiés en échange du maintien dans l'emploi !

La CGT a raison de rapeller les engagements non tenus par plusieurs entreprises ayant eu recours à cette technique du « Gagner moins pour continuer à travailler »

Le plus symbolique étant Continental : « (...) Une majorité (52 %) des 2.500 employés des trois usines Continental Automotive du sud-ouest de la France ont voté pour le plan présenté par la direction de Continental (...) Pour mémoire, les 1 120 salariés de Continental de Clairoix avaient eux aussi accepté de revenir aux 40 heures et d’abandonner des primes pour sauver l’emploi sur le site. Quelques mois plus tard, en 2009, dans une vague de colère sans précédent, les « Conti » avaient appris la décision de, finalement fermer le site »

On pourra aussi évoquer : « (...) General Motors, la société américaine avait raisonné en ces termes. Au Mexique, la main-d’œuvre est de 14 % moins élevée qu’en France, alors si les Strasbourgeois voulaient retourner dans le giron américain, ils devaient faire un effort et baisser de 10 % le coût de leur main-d’oeuvre. Leur travail n’était pas mis en cause, ni la santé de l’entreprise qui était bénéficiaire, mais, leurs salaires étaient tout simplement plus élevés que ceux pratiqués au Mexique (...) »

Deux exemples parmi tant d'autres, qui permettent de mettre en doute la sincérité des engagements revendiqués par les organisations patronales et qui séduisent notre Président.

« (...) Dans un contexte de concurrence mondiale, pour garder nos industries et donc nos emplois, serions-nous amenés à allonger notre temps de travail et à baisser nos salaires ? Sommes-nous à même de sortir gagnants de cette compétition ? (...) » Demande le site Emploi-pro, qui nous assène un exemple que n'aurait pas renié le Medef.

« (...) Fin juillet 2008, Herbert Hainer, patron d’Adidas, avait estimé que, « en Chine, les salaires, qui sont fixés par le gouvernement, sont progressivement devenus trop chers ». Une partie de la production du groupe allemand a, dès lors, été transférée au Laos, Cambodge, Vietnam, considérés comme plus compétitifs (...) »

Alors, direz-vous, devant une possible détresse des actionnaires menacés ... de gagner moins, comment les salariés pourraient-ils refuser de diminuer leurs salaires ? D'ailleurs, Xavier Bertrand totalement séduit par le concept affirme que la généralisation d'accords compétitivité-emploi : « peuvent être une voie d'avenir »

Quel timing pour la mise en place de cette « voie d'avenir » ?

Dans l'immédiat, Nicolas Sarkozy et les organisations patronales reconnaissent que le projet à peu de chance d'être adopté avant les élections présidentielles et législatives. Néanmoins, le message est clair : les salariés savent maintenant à quoi ressemblerait leur avenir, en cas de reconduction du Président sortant, et de son actuelle majorité !


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Plantu

21 décembre 2011

Licenciements : Le bilan calamiteux de la rupture conventionnelle !

Enfant chéri du Medef, la rupture conventionnelle n'a pour l'instant fait l'objet d'aucune évaluation officielle. A défaut de bilan d'étape, on peut surtout constater son insolente croissance et ses effets pervers !

Nul n'a oublié la célèbre phrase de Laurence Parisot : « La vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » qui a été le prologue à la création de la « rupture amiable » finalement baptisée : rupture conventionnelle.

Il faut savoir que le Medef en est tellement satisfait, qu'il l'a fait figurer en toutes lettres, dans la rubrique : « Qui sommes Nous ? » de son site institutionnel : « (...) C’est le MEDEF qui a proposé la rupture conventionnelle du contrat de travail qui permet de réduire les contentieux judiciaires pour les entreprises, tout en apportant aux salariés de nouvelles garanties (...) »

Garanties qui se résument, au passage, au droit de bénéficier des indemnités de chômage versées par Pôle Emploi !

En Décembre 2010, le Medef publiait un communiqué tonitruant : « La rupture conventionnelle, deux ans après » dans lequel il se félicitait de l'application du concept de « séparabilité » transposée par la loi du 25 juin 2008 « portant modernisation du marché du travail » Il joignait à ce communiqué un argumentaire, dans lequel on pouvait lire, quelques morceaux de bravoure

Laurence Parisot : « Ce concept de séparabilité représente un acquis majeur pour tous. C'est une vraie bonne nouvelle pour l'embauche en France qui ainsi se modernise et se dynamise. Il marque aussi un progrès souhaitable vers l'égalité entre l'employeur et l'employé »

Cathy Kopp, chef de file de la délégation patronale pour la négociation modernisation du marché du travail : « L'accord « modernisation du marché du travail » ouvre une ère nouvelle pour les relations sociales et pour l'économie en France : il invente la flexisécurité française »

Et le Medef de hurler son bonheur : « (...) Près de 400.000 ruptures conventionnelles en 2 ans. La rupture conventionnelle du contrat de travail a connu une montée en charge spectaculaire depuis sa création, et un rythme constant sur 2010, avec une moyenne de 21.000 ruptures homologuées par mois »

Puis, en juillet 2011, alors que le chômage flambait, on apprenait que le nombre de ruptures conventionnelles avait atteint le nombre de 600 000 !

Or, nous disent Les Echos : « (...) A l'occasion de l'élaboration de l'agenda social cet automne, les partenaires sociaux avaient décidé de mener une évaluation du dispositif. Le sujet pourrait donc s'inviter à la table du sommet social le 18 janvier (...) Aucune étude n'a jusqu'ici évalué la part des ruptures initiées par les salariés, ni leur destin professionnel après cette rupture (...) »

En attendant que le Medef veuille bien, accepter une évaluation sérieuse de ce dispositif, qui a ouvert : « une ère nouvelle pour les relations sociales et pour l'économie en France » De très nombreux témoignages de salariés montrent que le dispositif est loin d'être idyllique !

Les sites Juritravail et Village-Justice par exemple, se font l'écho de moult exemples de ruptures conventionnelles retoquées par les juges prud’homaux pour des raisons parfaitement justifiées.

Mais on peut également trouver d'autres cas évoqués régulièrement par la presse écrite.

L'Humanité dans un article du 11 avril 2011 donnait une liste non exhaustive d'entreprises ayant utilisé le dispositif pour passer outre les obligations relevant d'un plan de sauvegarde de l'emploi ou tout simplement pour se séparer d'un salarié trop vieux. Le journal faisait remarquer au passage que : « (...) 1 191 plans sociaux ont été comptabilisés pour l'ensemble de l'année 2010, contre 2 245 en 2009. Une réduction des PSE qui pourrait être expliquée, dans certains cas, par la montée en puissance de la rupture conventionnelle (...) »

Le Monde nous livrait il y a peu, quelques témoignages de lecteurs, dont certains avaient été contraint et forcé, d'accepter ce mode de licenciement, sous la pression de leurs entreprises.

On pourra aussi évoquer le cas de la Clinique de Lambersart, dont le maire est Marc-Philippe Daubresse, le secrétaire général adjoint de l'UMP, qui fermera ses portes au 31 décembre. A cette occasion, il n'y aurait pas de plan social : (...) mais la CFDT s'est rapprochée de la direction départementale du travail pour évoquer la multiplication de propositions individuelles de rupture conventionnelle de contrat de travail (...) »

Plus grave, encore, les révélations de la CGT Cognac, à la Charente Libre faisant état de l'utilisation de la rupture conventionnelle : « (...) Sur la vingtaine de dossiers de rupture conventionnelle qu'a traités la CGT de Cognac durant le dernier semestre, 90% sont motivés par des dépressions nerveuses (...) On craint que ces nouvelles méthodes de management s'accentuent en 2012 et qu'elles deviennent le nouveau mode de gestion des salariés »

Et quel est le prix de cette « flexisécurité française » ?

La CGT l'estime à 1,3 milliard. Mais précise que lors des dernières négociations sur la nouvelle convention d'assurance chômage, le Medef n'a pas voulu en entendre parler.

Alors, où en est-on de la progression du nombre de ruptures conventionnelles ?

« (...) les ruptures conventionnelles représentaient ainsi, à la mi-2011 et parmi les chômeurs indemnisés, 23,2 % des sorties de CDI. Les licenciements, qui représentaient la quasi-totalité des motifs de sortie de CDI à la mi-2006, n'en représentent désormais qu'un peu plus des deux tiers soit 67,8 % (...) » expliquent Les Echos

Quels sont, pourtant, les plus gros risques encourus, à terme, pour les salariés qui accepteraient une rupture conventionnelle ?

Tout d'abord, une possible modification de la durée d'indemnisation évoquée en novembre 2011, par Xavier Bertrand qui déclarait se poser la question : « des freins au retour à l'emploi » et envisageait : « la réintroduction d'une dégressivité des allocations chômage, incitative à la reprise d'emploi (...) »

D'autant qu'après Standard & Poors début décembre, on a appris hier que l'agence de notation Fitch a annoncé à son tour, avoir : « revu de stable à négative la perspective attachée à la note de neuf entités publiques françaises » dont l'UNEDIC. Bien malin qui pourrait dire, ce que les gestionnaires de l'UNEDIC décideraient, en terme d'indemnisation, si leur note était fortement dégradée ...

Il existe enfin un risque, mis en lumière par un jugement de la Cour d'appel de Nîmes, et sur lequel le Medef et les employeurs utilisateurs de la rupture conventionnelle, sont particulièrement silencieux : « Les assurances perte d'emploi contractés dans le cadre d'un prêt immobilier »

En effet, explique Comptanoo : « (...) si la rupture conventionnelle est assimilée à un licenciement économique en terme juridique et social, tant au regard des aides au reclassement et des allocations-chômage, les juges rappellent dans leurs attendus que « le contrat d'assurance garantit un risque susceptible de survenir qui doit être indépendant de la volonté des parties (...) » En clair précise L'Expansion : « Les salariés qui envisagent une rupture conventionnelle doivent donc être extrêmement attentifs à la rédaction de leur contrat d'assurance et s'assurer qu'il couvre bien ce mode de rupture du contrat de travail (...) »

Mais, dans la mesure où il n'y a aucune chance pour que le Medef, lors du sommet social du le 18 janvier 2012, renonce à cet outil « économique » de réduction des effectifs. Et, que le Président ne fera aucune pression dans ce sens sur l'organisations patronale. Tous les ingrédiens sont réunis pour que « l'aimable conversation de salon, aboutissant à une séparation amiable », ne devienne un « piège mortel » pour les salariés, à qui, crise aidant, on devrait de plus en plus proposer cette solution !


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Pratique.fr

20 décembre 2011

Produire français : Le dictionnaire du patrimoine alsacien made in ... China !

Alors que notre Président, et son gouvernement ne cessent, ces derniers jours, de promouvoir le « produire en France ». On apprenait que le dictionnaire du patrimoine alsacien, cofinancé par le Conseil Régional UMP, était imprimé ... en Chine !

L'Elysée, le gouvernement et l'UMP ne jurent plus que par le « Produire français ». Désormais, comme l'a expliqué le Président l'objectif est de : « (...) garder la France comme terre de production (...) » et l'adversaire, ce sont les « (...) entreprises françaises qui trouvent intelligent d'aller fabriquer à l'extérieur et de ramener en conteneur en France (...) »

Nicoals Sarkozy visait-il, en lançant cette dernière phrase, la production du « dictionnaire du patrimoine alsacien », co-financé par la Région Alsace, dont Philippe Richert, le Président UMP, est également Ministre chargé des Collectivités territoriales.

En tous cas, il aurait pu, puisque le 15 novembre 2011, les Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA) présentant : « (...) un beau livre de 320 pages réalisé par deux éditeurs privés, avec le soutien financier de la colllectivité régionale, dans le cadre de sa politique de soutien au livre (...) » indiquait que cet ouvrage rendait : « (.. ) très heureux Philippe Richert, président UMP de la Région Alsace et ministre des collectivités territoriales (...) » qui y voyait : « (...) un événement éditorial d'importance (...) »

Sauf que précisaient les DNA : (...) l'ouvrage a été imprimé en Chine, parce que selon l'éditeur parisien, en France, c'est trois fois plus cher qu'en Chine et que là-bas, ils travaillent très bien (...) »

Tollé chez les imprimeurs alsaciens qui ont écrit une lettre au ministre Président de région.

Extraits : « C’est avec beaucoup de stupeur que nous avons pris connaissance de l’article intitulé "alsatique, les trésors des communes", relaté dans le journal DNA (...) Les réactions de nombreux imprimeurs de la région ont été vives à la lecture de cet article (...) Nous ne pouvons accepter que notre région soutienne une telle démarche vis-à-vis du livre qui détruit à la fois l’image des professionnels et plaide à l’encontre des emplois locaux (...) Un tel comportement contribue encore un peu plus à la désindustrialisation de notre pays. Laisser dire sans réagir, cautionner par l’absence de réponse, revient à donner un blanc seing inadmissible à de nombreux comportements irresponsables, sacrifiant tour à tour, les emplois, les entreprises et les industries sur l’autel du profit à très court terme (...) »

Devant la réaction courroucée de la profession Philippe Richert a répondu : « Nous ne savions pas qu’il serait imprimé en Chine (...) Chaque fois que l’on aide une entreprise, on ne peut être certain que toutes les machines viennent de France… »

Cette réaction est d'autant plus étonnante que, le site Alsatica « Portail des savoirs en Alsace », dont le Directeur de la publication est ... Philippe Richert, fait la promotion des acteurs du livre alsaciens, et propose un : « annuaire des professionnels et des institutions publiques et privées qui font vivre le livre en Alsace »

Pris en défaut au moment où le Président entend : « garder la France comme terre de production » Le ministre Président de région a promis, la main sur le coeur, à l'avenir, de regarder de plus près : « les cycles de production » des entreprises aidés.

La réindustrialisation de la France est donc bien en marche !


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Région Alsace

19 décembre 2011

Mal-logement : La chasse aux pauvres et précaires continue !

La caravane ou le mobile home représentent pour un certain nombre de français, la seule façon de se loger toute l'année. Or, une proposition de loi adoptée par l'Assemblée Nationale, risque pourtant de jeter à la rue des milliers de personnes !

Dans les faits, vivre à l'année dans un camping est illégal. Les associations de lutte contre la pauvreté et l'exclusion estiment toutefois que, 70 000 à 120 000 personnes, y résident de cette façon.

Une bonne partie des locataires de ces : « habitats légers de loisirs et à l’hébergement de plein air » sont des travailleurs pauvres qui par la faiblesse leurs revenus n'ont pas la possibilité d'accéder à un vrai logement. Ainsi que le montre Stéphane Remael, photographe, qui leur leur a dédié sur son site un reportage photo et texte.

C'est était trop pour quatre députés UMP, qui ont, dans le plus grand silence médiatique, initié une proposition de loi : relative aux habitats légers de loisirs et à l’hébergement de plein air et portant diverses dispositions relatives au tourisme, votée à l'unanimité par l'Assemblée Nationale, le 16 novembre 2011.

Que dit cette proposition de loi, qui va revenir bientôt, en deuxième lecture, au Sénat ?

Cette proposition de loi a pour but de : « (...) différencier la clientèle de passage de la clientèle résidentielle (...) » et d'éviter que ceux qui y habitent toute l'année ne puissent, à terme, plus le faire ! En effet, ce texte définit notamment : « (...) qu'en cas de location dans un terrain de camping et caravanage ou un autre terrain aménagé à cet effet d'un emplacement, équipé ou non d'un hébergement, pour une durée supérieure à trois mois, le locataire fournit au loueur un justificatif de domicile de sa résidence principale datant de moins de trois mois (...) »

Ce qui vous l'avouerez est impossible pour ceux dont c'est le seul logement !

Le but final étant de : (...) s'assurer que cette clientèle n'élit pas de facto domicile dans leur camping (...) » explique Le Monde, qui précise que la proposition de loi, prévoit notamment : « (...) d'obliger les exploitants des terrains de camping à déclarer chaque année en mairie le nombre d'emplacements concernés par cette pratique. Il renforce aussi les pouvoirs du maire, qui pourra inspecter même inopinément les terrains en vue de vérifier l'exactitude des déclarations (...) »

Si du côté des députés UMP, tout en refutant le fait de s'en prendre aux pauvres et précaires, en déclarant tout de même que : « (...) le texte permettrait de prévenir d'éventuelles dérives liées à la sédentarisation (...) » On affirme : « (...) Nous avons vu des cas de campings qui tournent pratiquement aux bidonvilles, et sur lesquels les maires n'ont aucune prise. (...) »

Eh oui, le pauvre ou le précaire, c'est bien connu, se complaisent dans les immondices et la saleté ! Généralisation scandaleuse lorsqu'on apprend qu'il n'y a qu'environ 2 % du parc qui pose de réels problèmes de salubrité.

Or si la proposition de loi était définitivement adoptée, elle pourrait créer de nouveaux bidonvilles ... individuels. En effet, explique Le Monde, elle développerait la : « sédentarisation, sur des parcelles privées ou dans la nature, de précaires pour qui la location d'un emplacement dans un camping est devenue impossible ». Dans des conditions bien pires, puisque les populations exclues des campings ne disposeraient plus de points d'eau, d'électricité, de sanitaires ou de collecte des ordures ménagères !

Le collectif Alerte de l'Uniopss, qui regroupe 35 fédérations et associations nationales de lutte contre la pauvreté et l'exclusion, pousse un vrai coup de gueule contre le raisonnement simpliste et odieux des députés.

Il dénonce un texte qui : « (...) risque de jeter à la rue les milliers de familles contraintes de vivre à l'année sur un terrain de camping (...) désormais, on pourrait expulser les plus pauvres de leur campement au bout de trois mois ! Et cela même en plein hiver ! Et même s'ils payent leur redevance ! (...) Ainsi, au total, grâce à cette généreuse proposition de loi, on est encore moins protégé quand on vit dans une tente ou une caravane sur un terrain de camping faute de logement décent (...) »

Et le collectif d'ajouter : « L’inacceptable est dépassé ! » Parfaitement d'accord !



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Stéphane Remael