06 mars 2023

Réforme des retraites : le CDI senior, entre hold-up et effet d'aubaine !

Profitant du débat sur la réforme des retraites, la droite sénatoriale a voté un CDI senior concernant les 60 ans et plus. Celui-ci donnerait lieu une exonération de cotisation pour les entreprises et serait financé par ... un siphonnement de la branche famille de la Sécurité sociale.

En termes d'emploi des seniors, la seule question qui mérite d'être posée est : si un(e) salarié(e) est parfaitement compétent(e) pourquoi devrait-on, quel que soit son âge, aider financièrement les entreprises pour le(la) conserver à l'effectif  ou l'embaucher ? 

 

Et pourtant, pour les organisations patronales qui ont ardemment milité pour le report de l'âge de la retraite à 64 ans, cela tombe sous le sens. Car, au delà de n'avoir absolument aucune envie de prendre le moindre engagement concernant le maintien dans l'emploi des plus de 60 ans, au MEDEF comme à la CPME on ne cesse de réclamer des exonérations de cotisations pour conserver ou embaucher des seniors.

Les sénateurs de droite dont la proximité avec les organisations patronales n'est pas un secret viennent de leur donner raison en votant un « CDI senior » exonéré de cotisation familiale. Outre un hold-up sur les fonds de la branche famille de la Sécurité sociale qui selon le ministre des Comptes public serait au mieux de 800 millions et au pire de 2,2 milliards. Ce CDI version Sénat n'est ni plus ni moins que ce qu'on appelle un effet d'aubaine dénoncé, par le ministre qui indique que l'application de cette mesure mettrait la branche famille dans le rouge !

Nous saurons lors du retour du texte à l'Assemblée nationale si ce hold-up à effet d'aubaine est ou non validé. En attendant, les demandes des organisations patronales et le vote des sénateurs de droite sont des insultes aux seniors à qui on demande deux ans de travail en plus ! Encore une fois, si un(e) salarié(e) est parfaitement compétent, quel que soit son âge, pourquoi devrait-on aider financièrement les entreprises à le(la) recruter ?

On se demande quand et où la plaisanterie va s'arrêter.

Comme nous l'écrivions dans un précédent billet : « La réalité c'est que les organisations patronales et les entreprises qu'elles représentent n'envisageront de bouger qu'à partir du moment ou un gouvernement digne de ce nom conditionnera les aides aux entreprises dont le montant oscille entre 150 et 200 milliards à des mesures concrètes comme l'emploi des seniors »

Avec ce gouvernement et cette majorité, nous n'en sommes malheureusement pas là puisque la loi de finances pour 2023 a prévu une suppressionde la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) sur deux ans (2023-2024) sans aucune contre partie, vous vous en doutez bien.

Il n'est pas certain que les défilés et manifestations de demain seront déterminants pour faire reculer le gouvernement, sa majorité et les sénateur de droite. Il est clair que ce pouvoir, ses alliés de circonstance et les organisations patronales ne prendront conscience de la colère des salariés que lorsque le pays sera vraiment à l'arrêt. 

 

Crédit et copyright photo

Sénat