08 janvier 2010

Santé de l'industrie française : La future Clio IV serait produite ... en Turquie !

Chez Renault, on pavoise ces derniers temps avec des ventes records, notamment de la Clio III.

Ce qui est de bon augure affirme t-on pour l'opus IV qui devrait bientôt sortir mais ... ne serait plus fabriquée en France !

Et pourtant, à lire ou relire les déclarations du Chef de l'état ou des membres du gouvernement, on aurait pu croire à la poursuite de la production en France d'un des véhicules les plus vendus sur le territoire national ...

Le 2 septembre 2008, Laurent Wauquiez avait frappé les esprits en déclarant : " Il est hors de question de laisser des grands groupes comme Renault, qui ont des moyens, détruire des emplois dans des territoires français sur lesquels on a du mal à recréer des emplois et, en plus de ça, aller les transférer dans des pays comme la Roumanie, la Turquie ou la Chine", a asséné sur RTL le secrétaire d'Etat ... / ... " Il faut faire payer leurs responsabilités aux grands groupes, qui doivent assumer, et ne pas chercher à s'enfermer dans une logique défensive comme on l'a trop souvent fait dans les années 1980 pour aller chercher les emplois de demain" ... / ... " Source Le Parisien

Depuis, on l'a moins entendu sur le sujet, et on attend de sa part une réaction à la dernière annonce de Renault.

En effet, comme on peut le lire dans Le Figaro : La Nouvelle Clio IV serait frabriqué en Turquie : "... / ... C’était la troisième voiture la plus vendue en France en 2009. La Renault Clio devrait encore évoluer avec la Clio IV. Un nouveau modèle qui, d’après une information publiée par la Tribune ce vendredi, serait fabriqué en Turquie, sur le site de Bursa. Cette délocalisation se ferait alors au détriment du site de Flins dans les Yvelines qui, au premier semestre 2009, avait fabriqué 64.700 Clio III .. / ... "

... / ... Dans la nouvelle organisation du groupe, l’usine de Flins deviendrait spécialisée dans les voitures électriques, commercialisées à partir de 2011. Un marché sur lequel Carlos Ghosn souhaite placer Renault en première place, au niveau mondial. Toutefois, dans le cas où la production de cette gamme ne remplirait pas les chaînes de Flins, une petite partie de la production de la Clio IV pourrait y être assemblée, temporairement. Pour le constructeur, ce système de délocalisation avait déjà eu lieu avec la Twingo. La fabrication de cette dernière avait été transférée de Flins vers la Slovénie à l’occasion du changement de génération ... / ... "

On est en droit de s'étonner et même s'indigner, car il ne faut surtout pas oublier que Renault a largement profité des aides de l'Etat, destinées à maintenir l'emploi

Le 15 décembre Carlos PDG du groupe Renault-Nissan, nommé président de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), qui réclamaient 40 milliards d'euros d'aide, en appelait aux autorités : "Il faut que l'Etat apporte des liquidités. Nous avons d'ores et déjà taillé dans nos investissements pour 2009" ... / ... "Ce que nous demandons à l'Etat, c'est un financement raisonnable, sur deux à trois ans, avec des taux d'intérêt compris entre 4 et 5 %. L'Etat français a été l'un des premiers à comprendre la gravité de la situation en Europe. Nous avons le sentiment qu'il va agir"

Nicolas Sarkozy, annonçait des mesures spécifiques d'aide au secteur. Y figuraient l'instauration d'une nouvelle prime à la casse pour les véhicules de plus de dix ans et un projet de fonds d'investissement devant permettre de financer une restructuration de la filière. Il indiquait en outre que : "les filiales de crédit des deux grands constructeurs français, PSA et Renault, auraient accès au mécanisme de financements garantis mis en place par l'Etat pour les banques. Et : " ... / ... la possibilité d'allonger, ainsi que de mieux rémunérer, le chômage partiel.

Il précisait que " ... / ... les entreprises qui délocalisent n'auraient pas accès à des aides publiques"- Source Le Monde

Délocalisations qu'il avait d'ailleurs condamnées pendant sa campagne présidentielle : "Contre les délocalisations, je mettrai en oeuvre une politique industrielle, en choisissant les secteurs stratégiques sur lesquels concentrer nos efforts. Notre pays doit garder des usines../.. " Abécédaire des Propositions de Nicolas Sarkozy - Discours Charleville-Mézières (18/12/06)

Car, notre Président aime les usines ! Il ne cesse d'ailleurs de le répéter : Lors de l'inauguration mardi à La Rochelle de l'AGV, le nouveau train à très grande vitesse du groupe Alstom. :

"Je crois aux usines, c'est mon truc"
"On peut être parfaitement libéral et avoir une volonté politique industrielle"

Insistant sur la nécessité de maintenir un tissu industriel en France :

"Pour cela, il faut ancrer dans les esprits (...) un message simple : l'industrie n'est pas finie, l'industrie est essentielle à l'économie d'un pays riche autant qu'à celle d'un pays émergent" - Source LCI

Plus récemment : "Nicolas Sarkozy a en effet annoncé sa volonté de réunir avant la fin de l'année des états généraux de l'industrie pour identifier les filières dans lesquelles il faudra investir en priorité. ... / ... Le but est simple : définir une nouvelle politique industrielle "avec une réflexion sur toutes les grandes filières, à l'exemple de celles que nous avons déjà menées sur l'aéronautique, l'automobile et le bois", a expliqué le chef de l'Etat ... / ... Pour le présent, il a rappelé l'essentiel de son action dans le domaine et notamment la suppression d'une part de la taxe professionnelle, un "impôt qui tue les usines". .. / ..." pouvait-on lire le 3 Septembre 2009 sur le JDD

Car, en fait, la situation est grave : " .. / .. Un rapport d’étape consacrée au diagnostic et à l’identification des principaux enjeux vient d'être remis à Christian Estrosi. ''Il confirme le recul de la position de l’industrie française en Europe. La part de la valeur ajoutée industrielle française dans celle de la zone Euro n’a cessé de chuter depuis plus de dix ans pour se situer aujourd’hui autour de 14%, alors que celle de l’Allemagne est restée stable à plus de 35%''- Source Actu environnement

Renault, dont l'état français est toujours un actionnaire majeur, n'aurait-il pas été séduit par : "la suppression d'une part de la taxe professionnelle, un "impôt qui tue les usines" ? ou bien, le constructeur anticiperait-il les effets de la taxe carbone dont le MEDEF demande un report à 2011 ?

"... / .. Plus d'une semaine après la censure du projet de taxe carbone par le Conseil constitutionnel, l'organisation patronale a estimé que la question "nécessite un travail approfondi et la réalisation préalable d'études d'impact". "La taxe carbone telle qu'elle est actuellement envisagée est incohérente. Donnons-nous du temps pour faire bien", a jugé la présidente du Medef, Laurence Parisot ... / ... " - Source La Tribune

En attendant, que va t-on produire en France, notamment à l'usine de Flins ?

" ... / .. Dans la nouvelle organisation du groupe, l’usine de Flins deviendrait spécialisée dans les voitures électriques, commercialisées à partir de 2011. Un marché sur lequel Carlos Ghosn souhaite placer Renault en première place, au niveau mondial ... / ... "

Or, lorsqu'on regarde la stratégie des plus grands constructeurs mondiaux, seul Renault a choisit la voie du tout électrique. Ce qui implique, qu'il est improbable, qu'un standard entre constructeurs, puisse s'imposer en termes de recharge des véhicules, dans les villes qui y seront cantonnées, compte tenu de la faible autonomie des batteries.

Par ailleurs, les chiffres de production sur lesquels Renault s'appuie, sont vivement contestés par les experts du milieux automobile. Témoin cette étude de PricewaterhouseCoopers d'octobre 2009 : ... / ... Selon l’étude, même pas 1% du marché mondial sera "zéro émission" en 2015, et l’hybride ne fait pas beaucoup mieux avec 4,5% de la production estimés d’ici six ans. Par voie de conséquence, 95% des véhicules produits dans le monde seront encore à moteur thermique en 2015, ce qui douche les espoirs un peu trop optimistes des férus de l’électrique. Même si par définition, les prévisions sont aléatoires, la révolution prendra du temps. A la lecture de ces données, les 10% de part de marché mondiale estimés par Carlos Ghosn pour l’électrique d’ici 2020 semblent bien utopiques ... / ...

Il s'agit donc bien d'un pari sur le futur qui peut s'avérer dramatique pour les salariés français. Et encore plus, si des retards ou des problèmes technologiques (afférents à toute nouvelle technologie) venaient à survenir lors du lancement des premiers véhicules "tout électrique"

Pendant ce temps là, les autres usines (voir carte des sites de production fournie par Le Monde)

d'Europe : Espagne - Slovenie - Roumanie - Russie, d'Asie : Turquie - Iran - Corée du Sud - Inde
d'Amérique du Sud : Argentine - Colombie - Brésil - Chili et d'Afrique, vont continuer à fabriquer des véhicules classiques et, pour certains, exporter vers la France les véhicules : "Si français" de la marque au Losange !

Comme :

Roumanie : les DACIA
Corée : Le Koleos, la nouvelle Safrane en lieu et place de la contestée, mais fabriquée en France, Vel Satis
Turquie : la Fluence (qui pourrait bien, à terme, remplacer la Laguna) et bientôt ... la Clio IV

"C'est la mondialisation COCO", diront certains !

Néanmoins, cette fois-ci, il va falloir que le Président et les ministres responsables de l'industrie et de l'emploi trouvent des arguments autrement plus solides pour nous prouver l'un : son amour des usines, l'autre : qu'elles ont un avenir et le dernier : l'avenir de leurs salariés !

Et cette fois-ci, pas d'excuses, puisque dans le cas de Renault, Bercy, précisait lors de la cession de 8,5% du capital en 2003 que : "cette présence de l’Etat contribuera à la stabilité de l’actionnariat de Renault" et que : "avec 15% du capital, l’Etat est le premier actionnaire du groupe, ce qui lui permet de contrôler toujours le Conseil d’administration" - Source RFI

Alors, Monsieur le Président, à vous de nous montrer que : "Je crois aux usines, c'est mon truc" n'est pas seulement un artifice verbal de plus !

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Autoplus
Le Monde




07 janvier 2010

Union Européenne : La commission se mobilise pour les augmentations de salaires de ... ses fonctionnaires !

Si la situation de l'emploi est de plus en plus tendue dans l'Union Européenne, il faut bien avouer que celle des salaires ne vaut pas mieux. En effet, il devient quasiment impossible de parler d'augmentation des salaires pour cause de rigueur et de "faible inflation".

D'ailleurs, le gouvernement français a appliqué cette rigueur en annonçant que : Le SMIC ne serait réévalué que de 0,5 % . Cette hausse du SMIC 2010 représente, selon le ministère du Travail : "un gain net de pouvoir d’achat pour les salariés payés au SMIC de 1,3% puisque l’inflation sur la même période devrait être de 0,4%".

Il faut dire que la Commission Européenne et la BCE ont l'oeil sur tous les "dérapages" qui pourraient intervenir dans les pays membres.

C'est probablement au titre de l'exemplarité budgétaire et de la modération salariale, qu'on apprend que : " Les fonctionnaires européens iront devant la Cour européenne de justice pour obtenir l’augmentation de salaire qu’ils réclament. Du moins, la Commission le fera pour eux ! ... / .. " Ecrit Euronews

Pardon ?

Et oui : "La Commission européenne a décidé mercredi d'attaquer en justice les pays de l'UE, pour annuler leur décision de diviser par deux la hausse salariale légale des fonctionnaires des institutions européennes. "La Commission a confirmé la décision d'aller devant la Cour (de justice européenne de Luxembourg) pour un recours contre la décision" des 27 pays européens, a annoncé la porte-parole de la Commission, Pia Ahrenkilde Hansen.

Cette décision a été prise à l'unanimité, a-t-elle précisé.
Le Conseil des 27 Etats européens avait décidé à l'unanimité en décembre l'octroi d'une revalorisation salariale brute de 1,85% pour les quelque 50.000 fonctionnaires et contractuels (au statut plus précaire) des institutions européennes. Soit la moitié de la hausse légale de 3,7% qui leur était mécaniquement promise. ... / ... Elle est calculée mécaniquement sur l'évolution des salaires de la fonction publique de huit Etats (représentant 76% du PIB de l'UE), durant l'année précédente, ainsi que sur l'inflation à Bruxelles.

La Commission a donc estimé que la décision des pays de l'UE n'est pas en conformité avec la loi.
Nombre de pays ont refusé avec véhémence la hausse prévue de 3,7%, en pleine crise économique. Certains ont en effet récemment réduit les salaires de leur fonction publique pour réduire leur déficit. ... / ... " - Source Romandie - 06 janvier 2010

Sidérant, lorsqu'on connaît les prises de position de le Commission toujours très sourcilleuse en termes de droit social ou même de politique budgétaire !

Car, il ne faut pas oublier que c'est de la commission qu'est partie la fameuse directive « Bolkestein » qui est censée mettre tous les services en concurrence dans l'UE

... /... Après l’adoption de la directive Bolkestein, un règlement européen (593/2008/CE du Parlement européen et du Conseil du 17 juin 2008 sur la loi applicable aux obligations contractuelles), qui s’applique donc directement aux Etats membres, a, sans bruit, mis en place un dispositif similaire au « principe du pays d’origine ». - Source Politis

Et comme l'explique Jean-Jacques Chavigné le jeudi 31 décembre 2009 dans Démocratie & Socialisme

" Le gouvernement Sarkozy a décidé de faire le moins de bruit possible autour de cette transposition et a renoncé à faire voter une loi-cadre pour la transposer en droit français.

... / ... L’objectif de ce projet de directive, rédigée dès 2003, était l’instauration d’un marché unique des services dans l’Union européenne, non en harmonisant par le haut les législations sociales des Etats-membres mais en les nivelant vers le bas, sous les coups de boutoir de la concurrence « libre et non faussée ».

... / ... 2006-2009 : la Commission européenne transforme la directive McCreevy en clone de la directive Bolkestein

... / ... Le « principe du pays d’origine » avait disparu du texte de la directive McCreevy ... / ... Ce règlement prévoit, en effet, que « les parties contractantes sont libres de choisir la loi applicable au contrat ». Ainsi, un travailleur letton envoyé travailler en France par son entreprise pourra, « librement », choisir que lui soit appliqué le droit social letton ... / ... "

Autre chantre des bas salaires, Jean-Claude Trichet, le Président de la Banque centrale européenne, n'a pas hésité en janvier 2008 à intervenir dans le débat, pour s'opposer à des hausses de salaires, comme nous l'expliquait Euractiv :

" .../ ... M. Trichet craint en effet que les risques de cette perspective à moyen terme pour l’évolution des prix impliquent la possibilité d’une hausse des salaires plus importante que prévue, en considérant les capacités limitées et les évolutions positives des marchés de l’emploi. « Tout plan d'indexation des salaires nominaux sur les prix devrait être supprimé »

Alors, devant cette initiative/décision de la Commission, il est assez normal de se demander : Quel est le statut des ces "damnés de la terre" ?

On peut en trouver la réponse sur le site de la Commission Européenne à la page : "Les fonctionnaires de la Commission Européenne"

" ... / ... À la Commission, l’échelle des traitements de base s'échelonne d'environ 2 300 euros par mois pour un fonctionnaire AST 1 nouvellement recruté à quelque 16 000 euros par mois pour un fonctionnaire comptabilisant quatre années d’ancienneté au grade le plus élevé (AD 16). ... / ... Les salaires de base sont indexés annuellement en fonction de l’inflation et du pouvoir d’achat constatés dans les États membres.

Les fonctionnaires qui ont dû quitter leur pays pour venir travailler à la Commission ont droit à une indemnité de dépaysement équivalente à 16 % de leur traitement de base.


Certaines allocations sont accordées aux fonctionnaires sur la base de leur situation familiale. Celles-ci comprennent une allocation de foyer, une allocation pour enfant à charge, une allocation scolaire et une allocation préscolaire. Ces allocations permettent de couvrir les coûts liés à l'entretien d'une famille lorsque l'on travaille pour une organisation internationale.


Mais, on sait aussi concilier : la vie professionnelle et la vie familiale

" Une série de mesures a été mise en place pour faire en sorte que les conditions de travail à la Commission permettent de mener sainement sa vie professionnelle et sa vie personnelle et familiale. Celles-ci sont centrées sur le congé parental et le congé pour raisons familiales, une solide infrastructure en matière de garde et de scolarisation des enfants (voir les informations sur les écoles européennes) et une organisation du travail moderne. ... /... "

On notera en particulier que : "les mères ont droit à vingt semaines de congé de maternité et les pères à dix jours de congé de paternité sans perte de rémunération. Par ailleurs, il est aussi prévu un congé parental de six mois par enfant, rémunéré à hauteur d’une indemnité mensuelle de base"

Et préserver un certain art de vivre ...

La Commission suit une approche globale pour ce qui concerne tous les aspects du bien-être au travail : les membres du personnel de la Commission et leur famille ont accès à de nombreux clubs de loisirs, sportifs ou culturels (athlétisme, danse, théâtre, arts et échanges linguistiques, pour n'en citer que quelques-uns).

Et le site de conclure : "La nature de ses attributions et son environnement de travail multiculturel font de la Commission une organisation unique au monde. Quel que soit votre profil, la Commission est active dans une si vaste palette de domaines que vous avez toutes les chances d'y trouver un emploi qui vous convienne parfaitement"

On allait le dire !

Allez, au lieu de pester comme un jaloux de base, pourquoi ne poseriez-vous pas votre candidature à la commission européenne ?

Bien que ce soit apparemment difficile : " ... / ... Les services de la Commission cherchent les candidats appropriés pour remplir les postes vacants, après examen des candidatures internes ... / ...

Et, si vous êtes embauchés, profiter du ... meilleur syndicat de salariés d'Europe !

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Eurovolley
Légende de l'image : contribue activement à l'intégration et au développement de la vie sociale des fonctionnaires/agents des institutions et organisations européennes
L'express




06 janvier 2010

Voeux aux forces économiques : SuperPrésident va encore tout faire et ... tout seul !

Il a parlé, SuperPrésident !

Cette fois-ci, c'était à Cholet : "Nicolas Sarkozy est arrivé vers 11h à Cholet. En raison des conditions météorologiques, le Falcon présidentiel s'est posé à Nantes. Le président s'est rendu à Cholet avec deux hélicoptères Puma. Après avoir visité l'usine Thales, le chef de l'état a fait un discours devant 1 500 personnalités du monde économique et politique à la salle des fêtes de Cholet. La visite de Nicolas Sarkozy s'est terminée à 13 h 30. Deux Super-Puma ont décollé de l'aérodrome Roland-Garros à Cholet. Le chef de l'Etat était accompagné de sept ministres" - Source Angers Village Actu

Après : "une visite à la matière grise et aux cols bleus de l'usine locale du groupe Thalès Communications, célébré comme "un des fleurons de l'industrie française", il s'est vu remettre un «téléphone cryptographique pour réseau étatique et militaire» (Teorem) qui évite ainsi à ses utilisateurs de pouvoir être écoutés par des individus mal intentionnés ... / ...

Le chef de l'Etat ne sera pas le seul à être équipé de ce portable ultra-sécurisé puisque 14.000 exemplaires du Teorem, dont le prix reste confidentiel, ont été commandés en mars dernier pour des représentants de ministères et des états-majors militaires. - Source 20 Minutes

Alors, vous voyez que le pouvoir d'achat .... Bon, ça c'était la minute de comm. du jour !

Mais qu'a t-il dit et annoncé ?

"A l'approche des élections régionales, Nicolas Sarkzoy a placé mercredi son action économique pour l'année 2010 sous le signe des "valeurs structurantes" qui avaient dominé sa campagne présidentielle: la famille, le travail et la récompense de l'effort ... / ... "

Au "concours du Maréchal" : il a eu deux bonne réponses et laisse la dernière à Eric Besson !

"Depuis 6 mois la croissance est revenue, mais nous serons pas sortis de la crise tant que le chômage ne reculera pas ! Il faudra se la ténacité et audace pour rompre avec tous les les conservatismes, ... / ... "

A quelques pas de Cholet, c'est Angers le 1er décembre 2006 qu'il déclarait :

"... / ... La rupture que je vous propose, c'est la rupture avec les archaïsmes et avec les conservatismes"

Une fois de plus, la machine à recycler les bonnes phrases a encore frappé ! A moins que le retour en terre angevine n'ait réveillé de vieux souvenirs ....

Aujourd'hui : "Libérer les énergies et tourner le dos au Malthusianisme" C'est à dire refuser le partage du travail !"

Discours au Medef en août 2007 :

"Je veux la rupture avec le malthusianisme, je veux la rupture avec le conservatisme, je veux la rupture avec l"immobilisme"

Donc rien de neuf sous le soleil de Cholet, si ce n'est que la fête aux libéraux et du marché qui décide de tout est terminée et que ce rappel au : "travailler plus pour gagner plus" sonne particulièrement creux lorsqu'on affiche plus de 6 millions de chômeurs ou précaires en France.



Avant toute concertation avec les autres chefs d'Etat et de Gouvernement, celui qui a dirigé l'Union européenne et n'en a jamais parlé pendant 6 mois, déclare : "Si on fabrique en zone euro et qu'on vend en zone dollar, avec le dollar qui tombe et l'euro qui monte, comment voulez-vous compenser le déficit de compétitivité ? Cette question doit être au centre des débats internationaux"

YA KA ?

Avant quand même de se reprendre , pour ne pas passer pour un "agent du socialisme international" et de déclarer ; "En même temps, (il faut) qu'on soit souple. Il n'est pas anormal avec une telle disparité des parités monétaires, qui est un problème considérable pour une entreprise comme la vôtre vendant en dollars, qu'on ait quelques éléments de production en zone dollar. Parce que je préfère des emplois en France mais il faut continuer à garder des marchés"

Il a d'ailleurs : " tenu le même raisonnement avec un délégué CFDT de Thales, un groupe dont l'Etat français détient 42,54% du capital et dont les syndicats ont interpellé le chef de l'Etat cette année pour protester contre des suppressions d'emplois liées au transfert de certaines activités d'avionique à Singapour. - Source Le Point

Il souhaite, d'ailleurs selon ses propres mots : " placer cette question "au coeur" des négociations internationales qui se tiendront en 2010" - AP/Nouvel Obs

Bon : Y FO et Ya ka !!!!

Si le dollar est au centre de l'ire présidentielle, on notera que pas un mot n'a été prononcé sur la monnaie chinoise qui est beaucoup "nocive" que la monnaie américaine, dans la mesure ou le YUAN est sous évalué !

Mais, chut ! On pense pouvoir leur vendre des bricoles et puis l'UMP est jumelée avec le Parti Communiste Chinois ...

Roulement de tambour sur le thème des Paradis fiscaux : Avec un sourire d'affranchi, le Président s'est targué d'avoir quasiment réglé le problème à lui seul en obtenant une "liste noire" (vide au demeurant) et précisé que la France était particulièrement exigeante pour signer une convention avec d'autres pays.

Il a juste omis de préciser que les pays abritant des paradis fiscaux ont signé des accords entre eux et n'ont pas fermé leurs portes !

Oui, mais Macao et Hong Kong, c'est la Chine et chut ! On pense pouvoir leur vendre des bricoles et puis l'UMP est jumelée avec le Parti Communiste Chinois ...

Reprenant son discours de protectionnisme, pardon de sauvegarde de notre belle industrie, l'ancien Président de l'Union Européenne a : " promis aussi qu'il continuerait à se battre pour l'instauration d'une taxe carbone aux frontières françaises" - Source Le Parisien

Alors qu'il sait parfaitement que c'est quasiment, voir totalement impossible ! (Quelle bonne idée la taxe carbone franco française ! )

Et pour des sceptiques, sachez que :

" ... / .. Dans la foulée, le chef de l'Etat a répété sa volonté de moderniser l'économie et de réduire les déficits. "La solution de l'augmentation des impôts, je m'y refuse", a-t-il redit, "la solution, elle est de diminuer le poids de la dépense publique", notamment dans les régions"

Même si certaines régions venaient à être dirigées par des élus UMP ?

"Je vous demande d'être confiants, de ne pas avoir peur de l'avenir", a-t-il conclu "nous sommes dans la bonne direction". - Source AFP/Google

"Confiants et ne pas avoir peur de l'avenir "

Franchement ?

Pas vraiment ! et quant la direction ....

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Cpolitic

Quelques raisons de plus de ne pas voter UMP au prochaines régionales

Si l'UMP ne table que sur deux à quatre régions "gagnables" pour les prochaines élections régionales, elle fait tout son possible, avec l'aide de ses élus et du gouvernement pour éviter les sujets qui fâchent avant les deux tours de scrutin dont les dates suivent :

- Date du vote 1er tour : Dimanche 14 Mars 2010
- Date du vote 2ème tour : Dimanche 21 Mars 2010

Et oui, il va falloir défendre le bilan du Président et de son gouvernement et pour pas mal de mesures ou "réformes", ça relève de la haute voltige !

Nicolas Sarkozy qui comme le prétend le Canard Enchaîné considère "qu'il est entouré d'incapables" et que "seul lui sait ce qu'il faut faire", a exhorté les candidats de sa majorité à défendre becs et ongles son bilan et ses réformes :

" Nicolas Sarkozy a exhorté samedi les cadres de l'UMP à faire preuve de "courage" et à refuser la "petitesse", alors que la majorité a été secouée récemment par des dissensions sur la taxe professionnelle et réforme des collectivités territoriales. ... / ... Lorsqu'on fait preuve de courage, d'imagination, lorsqu'on fait preuve d'audace, on élargit sa famille politique. On ne la réduit pas", a lancé le chef de l'Etat lors d'un discours de 50 minutes, après avoir défendu les réformes entamées depuis 2007: baisse de la TVA pour les restaurateurs, service minimum dans les transports publics, autonomie des universités, bouclier fiscal, taxe carbone, loi Hadopi contre le téléchargement sur Internet... ... / ...

"Je ferai la réforme des collectivité territoriales", a ainsi assuré le chef de l'Etat sur un sujet qui a divisé au sein de la majorité, suscitant notamment les réticences des élus locaux, "parce que depuis que je fais de la politique j'entends dire que plus personne n'y comprends rien".
"Les familles où on débat sont bien plus solides que les familles où on met la poussière sous le tapis (...) Mais il y a le temps du débat et il y a le temps de la décision. Et le temps de la décision, on le prend et on l'assume ... / ... " - AP/La tribune

Seulement, lorsqu'on est candidat de la majorité présidentielle, à moins de s'adresser à la clientèle habituelle de la droite parlementaire bénéficiaire des "audaces" du Président, il va être difficile de faire campagne en évitant les sujets du pouvoir d'achat ou du "travailler plus et gagner plus".

Et contrairement à ce qu'il prétend, ça va être franchement injouable en vantant les qualités de la loi TEPA (heures supplémentaires et bouclier fiscal), de la baisse de la TVA pour les restaurateurs (coût 2, 5 milliard d’euros) , de la fiscalisation des accidents du travail, du million de chômeurs en fin de droit en 2010, de l'augmentation du prix des soins ou de la fermeture des tribunaux, qui sont dans leur ensemble des mesures et "réformes" dont les français connaissent les effets pervers et l'impact sur leur vie quotidienne

Alors, de quelle façon ?

Tout simplement en repoussant après le scrutin tous projets ou mesures susceptibles d'indisposer l'électorat.

Certes, direz-vous, mais : La taxe carbone et le projet de loi sur le redécoupage électoral ont été rejetés par le Conseil Constitutionnel.

Oui, mais, ces rejets ne tombent-ils pas à pic, pour le Président et sa majorité, car ils auraient pu donner des "billes" à l'opposition et plomber les candidats de l'UMP aux régionales !

Mais, ne vous inquiétez pas, ils reviendront, rapidement, une fois que vous ne pourrez plus sanctionner les candidats de la majorité présidentielle !

La taxe carbone : "Le porte-parole du gouvernement, Luc Chatel, a annoncé à l'issue du conseil des ministres du mardi 5 janvier que Nicolas Sarkozy avait promis une entrée en vigueur de la taxe carbone en France le 1er juillet ... / ... En revanche, ce qui n'a pas été critiqué par les Sages sera conservé: le montant de la taxe (17 euros la tonne de CO2), les dispositions concernant les ménages (paiement de la taxe et remboursement forfaitaire via un "chèque vert") tout comme les exonérations partielles promises à certaines professions (agriculteurs, pêcheurs et routiers), ainsi que celle accordée au secteur de l'électricité ... / ... " - Source Challenge

le redécoupage électoral : " ... / ... Le secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur et aux Collectivités territoriales Alain Marleix a toutefois annoncé, dans la foulée de ces décisions, la poursuite des travaux du redécoupage. Une commission devrait être mise en place en mars. Marleix recevra tous les députés concernés. Le découpage devra être ensuite approuvé par le conseil des ministres en juin, après être passé devant le Conseil d'État, et les ordonnances ratifiées par le Parlement avant la fin de l'année ... / ... " Source Le Point

Ce qui signifie que ces deux sujets qui prêtaient à discussion pourront être appliqués une fois que ... les français auront voté

Mais, il existe d'autres sujets, qui ne sont pas évoqués par le Président ni par sa majorité, qui vont subir un report, histoire de ne pas prendre le citoyen/électeur à rebrousse poil

Report du débat sur les retraites - Alors qu'il devait déposer ses conclusions en Janvier 2010 : "Le Conseil d'orientation des retraites ne présentera ses projections qu'après les régionales"

Report du durcissement des sanctions financières : pour les entreprises ne respectant pas leurs obligations en matière d'emploi de personnes handicapées, prévu au 1erjanvier, reporté de ... quelques mois

Et ne l'oublions surtout pas : LOPPSI

"L'examen de la LOPPSI reporté à fin mars, au plus tôt !" comme l'écrit PCInpact

LOPPSI est moins connu du public mais que HADOPI mais n'en est pas moins liberticide pour tous les internautes citoyens.

PC Inpact décrit bien ce "chef d'oeuvre" qui doit en théorie s'attaquer aux sites pédophiles mais aussi de permettre à la police d'utiliser des : mouchards (chevaux de Troie installés à distance), fichiers d’analyse sérielle et sanction de l’usurpation d’identité.

" ... / ... malgré la description apocalyptique d’Internet par le ministre Hortefeux. La LOPPSI 2 devait être adoptée au premier semestre 2008. Elle entame donc ses deux années de retard. ... / ...

Ce que ça implique pour les FAI ? Les intermédiaires techniques (FAI et Hébergeurs) seront contactés par une autorité administrative qui leur demandera de bloquer tel ou tel site. S’ils ne le font pas, ils seront susceptibles de lourdes peines. La sanction est lourde : un an d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. Le texte se garde bien de donner les détails techniques, se contentant d’imposer une obligation de résultat.

Comment va fonctionner le filtrage ? Concrètement, on n’en sait rien à ce jour. Selon les rares données, on sait que la liste des sites à bloquer devrait être prise par un arrêté du ministre de l’Intérieur. ... / ... La loi ne parle aucunement des techniques ou des modalités pratiques, puisque c’est typiquement des détails qui sont de l’ordre du décret. Néanmoins, la LOPPSI et bon nombre d’autres acteurs savent qu’on joue ici avec le feu, quand bien même l’éradication de la pédophilie est incontestable ... / ...

La LOPPSI ce sont aussi les mouchards de la police Le projet de loi autorise la police dans certaines circonstances à utiliser des logiciels mouchards enregistrant les frappes au clavier (keylogger) ou des captures d’écran, à l’insu de l’utilisateur. Ces dispositifs pourront être installés sur place ou même à distance durant une période de huit mois. ... / ... « Le projet de loi prévoit la possibilité de mettre en oeuvre un dispositif de captation dans tout type de point d'accès public à Internet (cybercafés ou bornes d'accès publiques).

... / ... cette disposition, qui pourrait permettre l'enregistrement pendant une durée d'au plus huit mois, de tous les caractères saisis au clavier et de toutes les images affichées sur l’écran de tous les ordinateurs d'un point d'accès public à Internet, et ce, à l'insu des utilisateurs. »


La LOPPSI, c’est aussi le fameux fichier d’analyse sériel.

Il s’agit d’un système de traitement des données ouvertes (informations disponibles sur internet, Facebook, Twitter, etc.) ou fermées (IP, numéro de téléphone, données détenues par les FAI) qui pourront être exploitées dans le cadre de certaines infractions ... / ..

La LOPPSI c'est aussi la sanction de l'usurpation d'identité

La LOPPSI veut sanctionner le fait d’utiliser « de manière réitérée » l’identité d’un tiers ou des données qui lui sont personnelles, « en vue de troubler la tranquillité de cette personne ou d’autrui ». Peine encourue : un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende.
Est puni de la même peine « le fait d’utiliser l’identité d’un tiers ou des données qui lui sont personnelles, en vue de porter atteinte à son honneur ou à sa considération. » ... / ...

Un billet blog publié en 2007 puis un autre en 2009 seront-ils analysés en un acte réitéré?" Pire : "Dans la mesure où ils ne visent pas seulement l’usurpation d’identité mais aussi tout usage de toute donnée personnelle d’autrui d’une manière qui trouble sa tranquillité, les interdictions pourraient s’appliquer au fait de « tagger » quelqu’un sur une photo sur un réseau social sans son accord, au fait de critiquer qui que ce soit sur un blog, au fait de critiquer un artiste, une personnalité, une personne publique sur un forum, ou s’appliquer même à la vidéo de Sarkozy au salon de l’agriculture disant "casse-toi pauv’con
" ... / ... " - Source et copyright PCInpact

Maintenant, si vous vous posiez encore des questions sur votre prochain bulletin de vote, vous avez : "Quelques raisons de plus pour ne pas voter pour les "audacieux" candidats UMP au prochaines régionales" dont vous trouverez la liste fournie par les Jeunes actifs (sic) de l'UMP, histoire de vous motiver quelques mois avant le scrutin !

Crédit et copyright photos
Courrier Picard
Le Point

05 janvier 2010

Lionel Jospin ou le masochisme comme seul avenir des français de gauche ?

Il vient de le dire : "J'ai surestimé le rejet de Jacques Chirac, j'ai surestimé la perception positive de mon bilan. J'ai sous-estimé l'impact qu'avait la division de la gauche, j'ai sous-estimé le premier tour. Ma campagne n'a pas été assez offensive"

Et nous serions tenté de dire : Tu ne crois pas Lionel que tout le monde s'en fout, 8 ans après ?

" J’assume pleinement les responsabilités de l’échec, et j’en tire les conclusions en me retirant de la vie politique après la fin de l’élection présidentielle " c'est avec cette lourde sentence que tu plantais là parti, militants et électeurs au soir du premier tour de l’élection présidentielle de 2002.

Si la défaite était un profond échec et une humiliation pour toi qui venait de diriger la France en cohabitation avec Jacques Chirac, la presse compatissante te prédisait pourtant un avenir :

Le Nouvel Observateur affirmait le 2 janvier 2003 que, parmi les " électeurs de gauche " : " 69% croient déjà à son retour, 59% souhaitent qu’il soit candidat à la présidentielle en 2007 ", ce alors que " dirigeants et militants veulent tourner la page Jospin ". " Une majorité (51% contre 44) veut qu’il redevienne un acteur de la vie politique, un dirigeant actif. " Les sympathisants de gauche sont persuadés que Jospin n’est pas mort le 21 avril. ... / ... 56% d’entre eux pensent qu’il doit s’exprimer à son heure, quand il le jugera nécessaire "- Source Acrimed

Mais quelques années de Chiraquisme et de Sarkozysme plus tard, qui a vraiment envie en France de tes commentaires sur le passé et du retour de l'homme qui s'est publiquement retiré de la vie publique ?

Même si tu as amorcé depuis, quelques timides retours, fait quelques déclarations tonitruantes et comme à ton habitude donné des bonnes et mauvaises notes, tu t'étais fait, avec le temps de plus en plus discret au plan médiatique.

Et bien, voila, tu es de retour, au moment ou le navire socialiste, déstabilisé par ton départ grandiloquent, n'arrive toujours pas à se trouver un leader incontesté et incontestable !

Allons nous assister, une fois de plus à un autodafé suivit d'une liste de regrets et de conseils ?

"L'ancien Premier ministre socialiste Lionel Jospin dit assumer l'entière" responsabilité de la défaite de la gauche lors de la présidentielle de 2002, dans un "film-confession" qui sera diffusé à la télévision en janvier ... / ... Le film réalisé par Patrick Rotman sera diffusé les 14 et 21 janvier sur France 2, dans la foulée d'un livre, "Lionel raconte Jospin", testament politique de l'ancien chef du gouvernement qui sort le 7 janvier aux éditions du Seuil.

" ... / ... J'ai surestimé le rejet de Jacques Chirac, j'ai surestimé la perception positive de mon bilan. J'ai sous-estimé l'impact qu'avait la division de la gauche, j'ai sous-estimé le premier tour. Ma campagne n'a pas été assez offensive. Mais quand l'attelage va à hue et à dia, c'est difficile d'être bon", explique Lionel Jospin. L'ancien Premier ministre, sur le plan politique, a le "regret d'une marche qui était à notre portée, à ma portée, à celle de la gauche. Et le sentiment que cinq années avec nous auraient été préférables à la stagnation du quinquennat chiraquien".

Sur un plan personnel, Lionel Jospin dit à la fois regretter et ne pas regretter que sa vie politique se soit arrêtée avant la dernière marche. "Oui, parce que j'aurais été fier de représenter la France et les Français. Non, parce que j'ai cette chance de pouvoir être heureux hors de toute fonction politique", confie-t-il.

... / ... Lionel Jospin revient par ailleurs sur son passé de militant trotskiste, qu'il a reconnu en 2001 sous la pression de la presse. "Pourquoi je ne l'avais pas dit avant? Honnêtement pour être tranquille", avoue-t-il. "Ce que je peux me reprocher, c'est ne pas avoir répondu en 1995 à une question du 'Monde'". Le journal lui demandait s'il avait été trotskiste, et Lionel Jospin avait répondu qu'on le confondait avec son frère Olivier. "J'ai répondu non, j'aurais dû répondre oui" AP/Yahoo

Super. Mais pourquoi nous infliger ta thérapie ?

A ce stade, afin d'éviter les discussions sans fin qui permettent de réécrire l'histoire, nous avons préféré nous replonger dans une analyse assez dense, rédigée en 2002 par Gérard Filoche qui était à l'époque : Membre du Bureau national.

Cette analyse/bilan a plusieurs mérites

Tout d'abord de se replonger en 2002 après la défaite et surtout d'être assez intemporelle face à la situation actuelle du Parti Socialiste qui, aujourd'hui comme à cette époque hésite toujours entre le besoin d'une vraie politique de gauche plébiscité par les électeurs et une sociale démocratie molle qui ne satisfait personne.

Nous vous laissons lire, ci-dessous le texte écrit par Gérard Filoche, dans son intégralité.

Tirer sérieusement le bilan de la défaite du PS le 21 avril pour mieux faire aux menaces de la droite de combat - Contribution au bilan de Lionel Jospin écrite en été 2002

La défaite historique que nous avons connu le 21 avril 2002 n'est pas un "accident", ni un "malentendu". Il faut aller aux racines. Car, pour que le Parti socialiste passe ainsi derrière l'extrême droite, il a fallu que se creuse une terrible incompréhension entre ses dirigeants et la majorité écrasante de sa base sociale naturelle.

Ce jour-là, Chirac, la droite perdaient 4 millions de voix et Le Pen et Megret réunis avaient moins de voix que n'en avaient eu Le Pen et De Villiers en 1995. C'était loin d'être une victoire de la droite et de l'extrême droite. Il s'en est fallu de 194 558 voix que Lionel Jospin ne soit au second tour. Ce jour-là, la gauche était majoritaire en voix : 42,96 % des voix contre 40, 56 % des voix à la droite.

Mais c'était la première fois que le Parti socialiste était minoritaire au sein de la gauche, son total de voix étant inférieur au total de celui des autres candidats. Et ce jour-là, la gauche plurielle gouvernementale perdait 1,6 million de voix tandis que l'extrême gauche en gagnait 1,9 million : le centre de gravité de la gauche se déplaçait nettement vers la gauche, nous n'avions ni entendu, ni anticipé ce phénomène.

Lionel Jospin disait souvent dans ses discours, qu'il "reconnaissait des impatiences sociales". Ce sont celles-ci qui se sont brutalement révélées. La France allait mieux après cinq ans de gouvernement de gauche... mais pas tous les Français. La croissance, le recul du chômage rendaient encore plus intolérable, à ceux qui la subissaient, la misère sociale créée par la crise antérieure : ceux qui n'ont pas bénéficié du progrès des années 1997-2000 souffraient d'autant plus intolérablement, et ils demandaient un volontarisme, un interventionnisme de l'état dans l'économie, que notre gouvernement n'a malheureusement pas voulu avoir. Nous n'avons pas frappé assez fort pour faire face aux urgences sociales, pour combler les inégalités, pour redistribuer les richesses.

L'erreur fatale serait, de la part des socialistes, d'attribuer "la faute aux autres" : en vrac, aux "abstentionnistes", à "ceux qui ont dispersé leurs voix", à la "diversité de la gauche", aux "gauchistes qui divisent", à tous ceux qui n'ont pas compris, ne se sont pas rendu compte, n'ont pas vu le danger, etc.

Car le problème clef est celui de la coupure entre la direction principale de la gauche, socialiste, et sa base populaire.

Ce n'est pourtant pas faute de signes avertisseurs : lors des élections municipales de mars 2001, déjà, nous avions été nombreux, dans le Parti socialiste à tirer le signal d'alarme. Nous avions insisté avec force sur la nécessaire fusion, tôt et dans de bonnes conditions maîtrisées, entre le Parti socialiste et le mouvement social, entre la gauche institutionnelle et la gauche militante, "motivée".

D'autant que lors de nombreux scrutins européens, la social-démocratie s'était vue, ces dernières années, sanctionner pour des raisons semblables, l'Europe rose laissant la place à une vague bleue... La gauche était au pouvoir dans 13 pays sur 15, au sein de l'Union européenne, en 1997, et si, peu à peu, cette situation s'est inversée, ce n'est pas le résultat d'une fatalité. C'est qu'au lieu de répondre aux attentes des peuples et d'engager le chantier de l'Europe sociale, les différentes directions des partis sociaux-démocrates, ont subi l'Europe libérale, monétaire, marchande, laissant les pouvoirs aux multinationales toutes puissantes, et aux technocrates libéraux soucieux de déréglementer les services publics, de rogner les interventions économiques des états et des citoyens.

Pourtant, les forces populaires des différentes gauches ne sont pas vaincues, ni réellement minorisées : ni en France comme on l'a vu, ni en Europe où il y a une grande combativité : de Porto à Goteborg,, de Nice à Laeken, de Gênes à Barcelone, Séville et Rome, depuis 1997, ce sont chaque fois des centaines de milliers de manifestants, parfois des millions qui ont défilé pour l'Europe sociale, avec leurs syndicats et leurs associations, type Attac.

Il est quand même contradictoire de constater que les mobilisations montent et que le cours politique à gauche semble inversé. C'est bien la faute à nos partis qui ne "prennent" pas "le vent" des impatiences sociales !

Il y a deux causes profondes au 21 avril :

La première, c'est le bilan du gouvernement Jospin qui était nettement partagé, positif et négatif, pas unilatéral. On a pu, certes, souligner qu'il était "le plus à gauche d'Europe". Mais au plan intérieur il était pourtant en dessous des exigences sociales des salariés français, ce qui l'a perdu.

La deuxième est dans la campagne de Lionel Jospin : elle n'a pas su dessiner un projet de transformation sociale assez radical pour séduire ceux auxquels il était vraiment censé s'adresser. Pas de projet de changement de société, pas d'idéal socialiste, pas de souffle global, pas de mesure-phare pour le salariat.

En matière de bilan, qui nous occupe ici, il faut combattre le simplisme selon lequel Lionel Jospin aurait "agi comme la droite", et qu'il aurait "été social-libéral comme Blair".

Dans le rapport de force français et mondial, le gouvernement "rouge-rose-vert" de Lionel Jospin avait des caractéristiques plus avancées, qui le distinguait significativement des tenants de la "troisième voie" Clinton-Blair. Il était davantage proche de ce que fut le premier gouvernement de la gauche en 1981-82. Il a opéré certains choix volontaires que le reste de la social-démocratie européenne a refusé : les "35 h sans perte de salaire", des droits nouveaux du travail, le maintien des retraites, la CMU, l'APA, mais aussi le PACS, la parité, l'IVG, le non-cumul des mandats... La France était, après novembre-décembre 95, la défaite de Chirac en 97, et au terme des cinq ans de la gauche, en 2002, un des pays au monde les plus avancés socialement.

Cela provient d'un rapport de force, qui est lui-même un "résultat différé" de la grande gréve générale de novembre-décembre 1995 et de la mise en place d'un gouvernement de coalition rouge rose verte. Cela provient aussi de ce qu'au cours des années 1997 - 2000, la combativité des salariés (nombre de jours de gréve, durée des grèves, caractère massif des grèves, priorité revenue aux revendications salariales, etc.) a été remarquablement dynamique et croissante : pour la première fois depuis les années 70, l'activité sociale se redéveloppait à un rythme très fort (Cf. Le Monde, 7 mars 2000).

En cinq ans, le salariat s'est renforcé et non pas affaibli.La masse salariale globale a ré augmenté par rapport au capital.

De 1977 à 1997, la politique de développement du chômage et de précarisation de l’emploi avait pesé sur les salaires et obtenu une hausse importante de la part des profits dans la valeur ajoutée : elle était passée, en France, de 31 % à 41 %. De 1997 à 2002, le gouvernement Jospin a stoppé cette régression de la part des salaires dans la valeur ajoutée : même si elle a stagné à 59 %. Les inégalités qui se creusaient sous la droite, ont été freinées (cf. "CAC 40 des inégalités" d'Alternatives économiques) puis ont stagné elles-aussi.

Ce gouvernement a favorisé délibérément la croissance, et fait reculer le chômage de masse : 1 742 000 emplois créés en cinq ans dont 643 000 dans la seule année 2000, record historique sans précédent (+ 4,3 %).

Le taux de chômage des jeunes est passé de 28 % en 97 à 18,7 en 2000. Il a imposé une avancée majeure avec la réduction du temps de travail par la loi à 35 hebdomadaires : 400 000 emplois créés, 21 millions de salariés concernés, même si, hélas, un sur deux en a réellement bénéficié, et encore un sur trois, parmi ceux-là, en a vraiment profité comme une conquête sociale (2 à 3 millions de salariés).

Une loi pleine de contradictions mais nettement plus avancée que n'importe où ailleurs. Il y a même eu un petit début de recul de la précarité (- 0,4 % environ) des CDD (- 33 000 soit une baisse de 1,5 % entre mars 2000 et mars 2001) temps partiels (- 0,6 %) en fin 2000, début 2001 et une forte baisse du chômage partiel (- 64 % en 1999) y compris des "emplois aidés" (de 455 000 à 408 000). L'intérim baisse fin 2000-2001 mais il ré augmente en 2° semestre 01. Il y a eu aussi une hausse du nombre et de la durée moyenne des CDI. L'écart entre la moyenne des salaires des cadres et celle des employés-ouvriers n'est que de 2,5 points.


Tous cela a réellement distingué Lionel Jospin du reste de la pratique social-démocratie européenne. Ceux qui ont intérêt à le nier ou à le sous-estimer privent notre gauche française d'autant de point d'appui, de référence sur ce qui est possible, et d'espoir d'aller plus à gauche. Ni Laurent Fabius, ni Dominique Strauss-Kahn n'ont apprécié et l'ont fait savoir, les aspects les plus avancés des 35 h ou de la loi de modernisation sociale.

En vérité, à l'heure du bilan, nous nous félicitons, de ce que le socialisme français ait plutôt été un pôle de résistance au social-libéralisme, et à "la troisième voie" façon Blair... même si, encore une fois, cela n'a pas été suffisant pour répondre au niveau des exigences sociales.

Regardons-y de plus prés :

L'Europe : D'Amsterdam (juin 1997) à Barcelone (mars 2002), l'acceptation de compromis, sans bataille ouverte, sans orientation compréhensible, a abouti à laisser en permanence l'Europe libérale l'emporter.

Parce que la situation économique était bonne, il n'y avait pas d'inflation, le commerce extérieur était excellent, les déficits limités, une politique de relance était possible, les critères de Maastricht et d'Amsterdam ont été relativisés pendant cette période.

Mais dés qu'au milieu 2001, des nuages noirs se sont amoncelés dans la situation économique internationale, le carcan des critères maastrichiens s'est refait re-sentir, les mises en garde contre les déficits, ont recommencé, l'échéance de 2004 est réapparue.

Et à Barcelone, le 23 mars 2002 en pleine campagne électorale, Lionel Jospin est obligé de côtoyer, comme en juin 1997, Jacques Chirac en faisant mine de s'entendre avec lui... et d'accepter des mesures indignes sur les retraites et contre les services publics !

Pire : Lionel Jospin a même engagé la polémique électorale en accusant Chirac de faire des promesses incompatibles avec le "déficit-zéro" exigé par les libéraux à Barcelone !
Il fallait, il faut accuser Chirac du contraire : de ne pas se battre pour desserrer l'étau du "déficit-zéro" fixé en 2004. D'autant qu'en Europe nous n'étions pas les seuls à vouloir le faire !

Les 35 h : Il a fallu cinq ans, deux lois, des dizaines de décrets et de circulaires, des dizaines de milliers d'accords ad hoc, 105 milliards, une "usine à gaz" juridique, pour permettre à une partie trop restreinte des salariés d'obtenir les 35 h.

Autant le projet était grand et conquérant, historique, autant il a été géré petit bras, en multipliant les concessions à un patronat pourtant délibérément hostile et décidé à saboter le projet par tous les moyens. Ainsi, il apparaît dans les sondages, une perception mitigée des 35 h : tous les maux du monde leur ont été attribués (gel des salaires, flexibilité, annualisation, augmentation des cadences, non embauche, "travail à deux vitesses, forfaits-jours, etc. selon la taille des entreprises, les branches, ou le secteur privé ou public..)

L'article n°1 des deux lois "Aubry" - la durée légale à 35 h - est pourtant une avancée fantastique, aussi importante que les 40 h en 36, les 39 h et la cinquième semaine en 82. Les jours de réduction du temps de travail s'ajoutent aux congés payés : on est ainsi passé, grâce à la gauche, entre 1936 et 2002 de deux semaines à six semaines de congés payés, record dans le monde.

La réduction du temps de travail était conçue à juste titre comme l'instrument privilégié de lutte contre le chômage de masse : si elle n'a créé que 400 000 emplois, c'est en raison des timidités d'application et, bien sûr, du sabotage, de la "guerre" déclarée menée par le patronat.

Mais il aurait été possible à tout moment de faire autrement et mieux : la Gauche socialiste, n'a cessé de le redire, de proposer des aménagements juridiques précis, argumentés, réalistes, aux deux lois du 13 juin 1998 et du 19 janvier 2000.

Le pire est que le Parti socialiste et son candidat aient même donné l'impression de "tourner" sur le bilan des 35 h et ont décidé de ne pas mener campagne sur ce thème. Ainsi s'explique "l'oubli" incroyable pendant la campagne électorale, de ces 35 h, réduites en une ligne, page 4 du programme du candidat : contresens, erreur politique et pédagogique considérable alors que 9 millions de salariés (4,5 millions dans les entreprises de moins de 20 salariés 4,5 millions dans le secteur public) ne "découvraient" lesdites 35 h qu'à partir du 2 janvier 2002, en février et mars, en pleine campagne.

Laurent Fabius avait même proposé un "assouplissement" des 35 h pour les entreprises de moins de 20 salariés : c'est ainsi que le contingent annuel d'heures supplémentaires est porté à 180 h (... en 2004) et que des millions de salariés des petites entreprises ne verront que du feu en guise de 35 h... ce sont pourtant ceux-là au bas de l'échelle du salariat qui souffrent le plus et ne voient jamais rien venir des réformes de la gauche...

Il aurait fallu une politique offensive, convaincue et pratique pour développer tous les avantages des 35 h : avoir fait l'impasse sur cette mesure emblématique (celle-là même qui avait permis de gagner en juin 97) fut une immense erreur - encore sous-estimée gravement par la direction du parti.

La question des retraites : Elle fut tout aussi mal utilisée. Pourtant Lionel Jospin a eu un rôle concret positif : il a protégé nos retraites pendant cinq ans, dans la foulée de la grande gréve de novembre-décembre 1995 qui les avait déjà vigoureusement défendues contre le gouvernement Chirac-Juppé.

Finalement, en abrogeant la loi Thomas sur les fonds de pension (tardivement, 17-1-02, loi de modernisation sociale), en défendant la retraite par répartition (intervention en mars 2000, rapport du COR, décembre 2001), et l'âge de départ officiel à 60 ans, (y compris après Barcelone, 23 mars 2002) en demandant des rapports différents de l'erroné "livre blanc" de Michel Rocard, en mettant en place un "fonds de réserve", en refusant toutes les pressions, pourtant forcenées, du Medef contre les retraites complémentaires, (blocage du 31-12-00, accord du 11 février 2001 avec détournement de 16 milliards, trois mois de cotisations !) le gouvernement rouge, rose, vert, répondait en partie aux attentes des Français.

La question des retraites, comme celle du Smic, de l'Ecole et de la "Sécu" compte parmi les grandes questions décisives dans l'opinion, la culture, les "réflexes sociaux" profonds des Français. Elle est même au "palmarès" des préoccupations et elle a, rappelons-le, suscité encore une fois, la plus grande manifestation de la législature, le 25 janvier 2001.
Mais, paralysé par ceux, comme Laurent Fabius, qui estimaient qu'il était "aussi courageux d'aligner les fonctionnaires sur les 40 années de cotisation du privé... que d'être contre la peine de mort en 1981", (intervention faite à L'Atelier, pendant la campagne, cf. Libération) ou Michel Sapin qui proposait dans Le Monde de faire reculer les fonctionnaires à 40 annuités, Lionel Jospin, pas aidé par ses proches, laissait percer des intentions contradictoires, inquiétantes pour des millions de salariés !

Paradoxe : le gouvernement refusa en novembre 2001 le principe de verser une retraite à taux plein à ceux du privé qui avaient travaillé 40 ans... et le candidat le proposa en mars 2002.

Pourtant, la Gauche socialiste avait argumenté en temps utile sur l'importance de cette question (comme sur d'autres) et de nombreux votes dans les fédérations avaient démontré qu'une immense majorité du Parti socialiste (et de toute la gauche, et de la France...) étaient favorables à un retour aux 37,5 annuités pour tous, privé et public.

La question de la sécurité et de la justice ont été aussi des terrains de débats en grande partie ratés. Les avancées sociales de la législature "rouge rose verte" n'ont pas suffi à faire reculer les dégâts antérieurs de la crise économique. Trop de misères, trop de chômage de longue durée, trop de jeunes sans emploi, trop de quartiers ghettos, trop d'économie parallèle, trop de délinquance, le cancer était profond dans nos villes, nos écoles, nos hôpitaux. Il fallait non seulement que la France "aille mieux" mais que les Français sentent massivement que l'immense majorité d'entre eux "allait s'en sortir"...

Dégradation des quartiers, zones de non droit, recul des services publics, policiers tués, accidents du travail en hausse, accidents de la route catastrophique, violences à l'école, drogue... L'insécurité est multiforme et plus gravement ressentie en période de sortie de crise, de relance. Des années de destruction du tissu social, de la vie associative, syndicale, politique, de l'encadrement de la jeunesse, des espoirs ne pouvaient s'effacer par simple effet de la croissance.

L'insécurité libérale avait mis en péril le modèle républicain : peur du lendemain, peur de la perte d'emploi, du logement insalubre, de la banlieue grise, peur des "vieux jours", peur de l'isolement, de "l'autre", de l'étranger, de la petite délinquance de proximité qui met en jeu les maigres et rares biens, tout cela a été longuement exploité par l'extrême droite et la droite chiraquienne. Tout comme l'immigration, c'est un leitmotiv réactionnaire prégnant.

Le gouvernement aurait pu répondre plus activement aux "urgences sociales" :, mais c'était se heurter frontalement à ceux qui avaient décidé que, "pour gagner il fallait baisser les impôts" ! Alors qu'au contraire, il ne fallait pas se placer sur la défensive à propos d'une "cagnotte publique", il fallait s'en prendre à l'immense "cagnotte privée" produite par la croissance et en engager la redistribution.

Il fallait, plus frontalement une politique de "sécurité globale", tout azimut, incluant prévention, éducation des jeunes, école, insertion, emploi, réhabilitation des logements, redéploiement des services publics (dont la police républicaine, les éducateurs sociaux, une justice plus efficace).

On devait prôner une sécurité globale, sociale, détaillée, avec tous les éléments de prévention, d'éducation et de fermeté nécessaires. Au lieu de cela, on laissa accréditer l'idée qu'il n'y avait "pas de différence" avec la droite sur ce terrain et... celle-ci finit par réduire les réponses à l'insécurité sociale à la seule répression policière. Jusqu'à ce que Raffarin et Sarkozy remplacent "l'état social" par "l'état pénal"... aidés par des médias que la gauche a laissés presqu'entiérement contrôlés par les toutes-puissances financières hostiles.

La question du droit du licenciement est de même nature dans le bilan et dans la campagne électorale. Lionel Jospin avait repris, en mai-juin 97, la proposition de rétablir une forme de contrôle administratif sur les licenciements. Elle figurait dans son discours d'investiture devant l'Assemblée nationale.

J'avais proposé et cela avait été adopté unanimement par le Parti socialiste, un dispositif adapté, de type nouveau pour permettre à la puissance publique de venir en appoint aux luttes syndicales, aux institutions représentatives du personnel et pouvoir dire "stop" aux licenciements dits de convenance boursière, y compris aux licenciements abusifs individuels qui minent la vie de tant de "petits" salariés...

Cette promesse ne fut mise en oeuvre alors que plusieurs fois la question rebondit négativement : lors des licenciements Michelin (automne 1999 : "l'état ne peut pas tout") et lors des plans "sociaux" Danone et Marks & Spencer (forte baisse de la popularité de Lionel Jospin consécutive au printemps 2001 au refus de faire intervenir l'état : "nous ne sommes pas pour une économie administrée").

Est-ce que l'état est là seulement pour subventionner sans contrôler ?

Est-ce qu'il est là pour distribuer les aides à l'embauche mais ne peut dire "stop" lorsque les licenciements sont visiblement abusifs ? Est-ce que l'état ne peut "rien" en économie ? Donner le sentiment d'impuissance publique en la matière a été un terrible affaiblissement du gouvernement. D'ailleurs l'effet dans les sondages au printemps 2001, lors des grandes manifestations contre les plans sociaux en série (Danone, etc.) a été dramatique, et chaque fois que le sujet est réapparu, l'opinion était constante à reprocher l'inaction du gouvernement. Jusque dans la campagne électorale où le Premier ministre ne sait répondre au salarié de chez LU, en Essonne, devant les caméras.

La loi de modernisation sociale, dernière occasion, sinon d'interdire, mais de freiner et de rendre plus difficiles les licenciements massifs abusifs, ne fut même pas adoptée en procédure d'urgence, elle traîna de juin 2001 au 17 janvier 2002, ne fut pas mise en oeuvre sérieusement avant le 21 avril. Il n'y eut aucune tentative pour contrer la censure éhontée du Conseil constitutionnel. Même le doublement des indemnités individuelles de licenciement ne rentra en application... que par un décret du 7 mai 2002 ! Il faut dire que cette loi avait l'opposition de Laurent Fabius et de DSK qui y voyaient une "gêne" pour les entreprises !

C'est parce qu'il n'a pas réduit suffisamment les inégalités, pas assez corrigé les effets de la crise antérieure, pas assez redistribué les richesses que Lionel Jospin a été battu.

La Gauche socialiste avait fait, au Congrès de Brest, un thème central de "l'urgence sociale", de la nécessité de renverser le cours des choses. Nous n'avons pas mené ce débat en vain. Il y a eu une lutte autour de cette question. Sur ce point décisif, Lionel Jospin ne fut ni tout à fait avec Laurent Fabius et DSK, ni tout à fait avec nous.

Hélas, la recherche de "l'équilibre", souci permanent de Lionel Jospin ne donne pas la clef d'une vraie politique sociale : la France était dans un état ou il ne lui suffisait plus d'une politique d'amélioration économique avec des effets sociaux, il faut des mesures d'urgence, de correction volontariste du fossé, de la fameuse fracture sociale qui a été créée, développée, tout au long des années de crise.

Tout le reste de la politique contradictoire du gouvernement est un peu comme cela : un pas vers la taxe Tobin in fine, mais hésitation, toujours parce que Laurent Fabius et DSK sont contre, un pas contre la mondialisation, pour rencontrer Attac, mais pas de voyage à Porto Alegre, et meeting discret avec Lula à Bordeaux, clivage à Malmö au sein du PSE en début de mandat, mais silence à Berlin en 2001, etc.

Cette recherche paralysante d'"équilibre" si difficile, a souvent gâché des chances : par exemple, sur les questions des sans papiers, de la double peine, et quelques autres sujets comme le droit de vote à 16 ans, et l'allocation-autonomie pour la jeunesse.

Tous ces points constituent un ensemble inséparable : le "succès" de Lionel Jospin, dans l'opinion, réussissant brillamment, à la surprise générale, à "tenir" cinq ans, est aussi, paradoxalement, la cause de son échec.

Il a encouragé des espoirs qu'il ne s'est pas donné les moyens de satisfaire. À la différence de ses prédécesseurs, il a fait avancer les choses dans le bon sens et à cause de cela, il a encouragé une opinion qui s'est mobilisée, il améliore les rapports de force, mais il n'a pas suivi la "donne".

Entouré de "technos", pas assez de militants de terrain, il n'a pas senti ou trop tard, cette immense attente à gauche. D'où le "gap". D'où ce "gap" particulier ou il est donné gagnant, et où il perd tragiquement.


Gérard Filoche

Alors, Lionel, loin du masochisme que tu sembles nous proposer, pourquoi, cette fois ne pas suivre le judicieux conseil de Julien Clerc dans sa chanson partir :

"Partir Partir
Comme les trains sont bleus
Quand on y pense
Et les bateaux heureux
Quand on y danse
Oh partir sans rien dire"

Et laisser à d'autres, qui, lorsqu'on leur demandera s'ils sont " trotskiste" ou si "leur campagne est socialiste" répondront "oui", la responsabilité de définir la gauche de demain.

Une gauche, qui gagnera, elle !


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Maester

04 janvier 2010

Peoplerie de l'UMP : Après David Douillet, Elodie Gossuin rêve de devenir députée !

Non, ce n'est pas un gag !

En effet, l'ex Miss France et Europe, participante à la Ferme Célébrité, qui avait été élue aux dernière régionales, sur la liste de Gilles de Robien et qui brigue un nouveau mandat au Conseil régional de Picardie aux régionales de 2010 a des envies d'Assemblée Nationale.

Doit-on y voir le moindre mimétisme avec la récente élection de l'ancien judoka Douillet ? Car, Elodie, élue sur une liste UMP/UDF, vient de faire part à la presse de son envie de siéger au Palais Bourbon !

On peut lire sur le site Première (TV Mag) qu' : "Elle se présentera sur la liste de droite sans étiquette de Mme la maire de Beauvais, Caroline Cayeux." Elle déclare : "Ce n'est pas un mandat de pacotille, pour ceux qui doutent encore de la sincérité de mon engagement. Je consacre beaucoup de temps à la gestion de mes dossiers. C'est très épanouissant. À terme, mon rêve est de postuler pour un mandat nécessitant un engagement plus important sur le terrain, comme celui de député. Ça me fait rêver"

ça va les chevilles ? Mais, après tout, notre Président de la République nous habitué depuis un certain temps à ce joyeux mélange des genres entre les paillettes et la politique.

"Faute d’avoir une ligne politique identifiée, l’UMP aura été le parti de l’image. Un parti identifiable aux personnalités qui l’incarnent. Et plus précisément à la personnalité centrale et incontournable qui l’incarnait jusqu’ici : Nicolas Sarkozy. Faute de pouvoir remplacer l’irremplaçable, « poste pour poste », par le sympathique mais encore un peu candide Xavier Bertrand, l’UMP a choisi de changer de stratégie. Oubliez l’Union pour un Mouvement Populaire: vive l’Union pour un Mouvement People!" Ecrivait Régis Soubrouillard dans Marianne2 le 3 mars 2009

En effet, nul n'a oublié les soutiens des : Johnny Hallyday, Doc Gynéco, Gilbert Montagné (devenu secrétaire national au handicap de l'UMP), Enrico Macias, Carlos, Henri Salvador, Faudel, Rika Zaraï, Raphaëlle Ricci, Faudel. Paul-Loup Sulitzer, Christian Clavier, Charlotte Rampling, Véronique Genest, Jean Reno, Michou, Arthur, Jean-Marie Bigard, les frères Bogdanoff et le tout nouvellement décoré chevalier de la Légion d'Honneur début décembre 2009 par Nicolas Sarkozy en personne. - Source LCI

Si parmi les sportifs on trouvait : Alain Prost, Henri Leconte, Basile Boli, Philippe Candelero, Bernard Laporte, Christophe Dominici, ainsi Marielle Goitschel., nul n'a oublié l'ascension fulgurante de David Douillet, passé du secrétariat national de l'UMP à un siège de député

Mais quel est le profil de cette "battante" de l'UMP qui aspire à siéger à l'Assemblée Nationale ?

Le parti populaire, n'ayant visiblement pas, fortement communiqué sur le sujet, nous nous sommes rabattus sur son site officiel, où on peut trouver quelques reprises d'articles concernant sa "vocation" et son "engagement" politique

Extraits du défunt magazine Oh la! n° 285

" Dans sa Picardie natale, miss France 2001 figure en position d'éligibilité sur la liste du ministre de l'Equipement Gilles de Robien. Elle a l'habitude d'aller sur le terrain. De serrer des mains, de sillonner la France. Ambassadrice de l'élégance à la française, Elodie Gossuin se lance dans un nouveau défi : celui de la politique ... /...

Pourquoi cette soudaine entrée en politique ? Est-ce une réelle démarche individuelle ou avez-vous été sollicitée ?

J'ai toujours été passionnée de politique. Très jeune, quand on me demandait : « Qu'est-ce que tu veux faire plus tard ? », je répondais : « De la politique. » Je regardais les débats télévisuels et je voulais comprendre comment fonctionne une mairie, comment on gère une ville… Mais au lycée on m'a plus dirigée vers les sciences, donc je suis partie en faculté de médecine. Après mon élection en tant que Miss France, j'ai souvent parlé de mon goût pour la politique dans les journaux. C'est pour cela que l'on a pensé à moi ... / ... "

Or, on peut lire sur le site Actualité de Star une toute autre version : "Élodie Gossuin-Lacherie a grandi en Picardie, à Trosly-Breuil, un petit village près de Compiègne dans l'Oise. Son ambition était de devenir infirmière ; elle a obtenu un baccalauréat scientifique, option biologie. Elle a étudié à la faculté de médecine d'Amiens puis s'est orientée vers une école de soins infirmiers"

... / ... En quoi consiste votre engagement ?

La région consacre un budget très important à l'aménagement du territoire. Moi, je n'ai pas la capacité de m'engager dans cette voie-là. Je vais plus m'impliquer dans le développement du tourisme : la Picardie a besoin qu'on parle un peu plus d'elle. Pourtant, c'est l'une des régions les plus riches en monuments historiques. Nous avons aussi un littoral magnifique, des universités qui offrent de riches potentialités. On ne parle pas assez de ces infrastructures.

... / ... En quoi vous reconnaissez-vous dans les idées de l'UMP ?

C'est une liste UDF-UMP menée par Gilles de Robien, mais la liste s'appelle « Aimer la Picardie ». Pour le moment, je ne souhaite pas être encartée dans un parti, même si mes convictions sont plutôt à droite. Je m'engage pour le conseil régional et, en France, c'est l'institution la plus apolitique dans la politique ... / ... "

On perçoit bien chez l'impétrante un certain talent dans la langue de bois et les belles biographies ...

Autre coupure de presse parue dans Paris Match n°2866

" Miss Camping, Reine du Muguet, Miss Oise, Miss Picardie, Miss Europe… Elle a gravi tous les échelons pour incarner aujourd’hui une Miss France profonde !

Etre Miss France, ça mène à tout. Conseillère régionale, fermière pour la télévision... et mieux encore. Quand on a été Miss France, on peut tenir sa place dans toutes les circonstances. Mme de Fontenay a fait de «ses» filles, comme elle dit, une troupe de petits soldats dont la plus vaillante est cette Elodie, longtemps sa préférée, celle qui oppose à toutes les péripéties - traite des vaches, arrivée intempestive d'un huissier de justice - le même sourire, la même bonne humeur.

Elodie, toujours prête à monter à l'assaut. Toujours émue à l'idée de représenter la France. ... / ... A 15 ans, elle devenait Miss Camping au Cap d'Adge, à 18, reine du Muguet, Miss Oise, Miss Picardie, avant de rafler les titres de Miss France et de Miss Europe. Elodie a toujours été tarabustée par l'idée d'être la première.

... / ... Au départ, Elodie voulait être infirmière, pour venir en aide aux plus faibles. Les bébés, les vieillards. Et voilà qu'elle avait le meilleur de la charité, les dîners de gala, les réceptions élégantes, les robes du soir, les bijoux. ... / ... Et trouver le moyen de durer. Télévision, cinéma ? Il y a encore tant de marches à grimper, à Cannes par exemple. Mais pas à l'école d'infirmière. «Je n'ai pas le courage de consacrer trois années à un métier formidable, mais très difficile.».... / ... Ce n'est pas ce qu'elle répliqua à Gilles de Robien lorsqu'il lui proposa de s'engager dans la vie régionale. ... / ... Chacun ses convictions mais qu'elle respecte celles des autres. Elle qui se veut si proche des gens et ne cesse de promouvoir le terroir, comment peut-elle critiquer mon entrée dans «La Ferme»? Promotion de la ruralité, contact avec les animaux, choses simples, vraies valeurs, c'est ça notre programme.»

... / ... Son engagement montre que les jeunes de Picardie peuvent réussir.» Pas un faux pas, ni dans la boue ni dans la paille et pourtant du sérieux. Elle jure qu'elle continue, devant le poêle à bois, à potasser ses dossiers.

Elle a rallié la dernière séance du conseil en avion privé, «quoi qu'il arrive, promet-elle, je me rendrai à la prochaine, le 28 mai». Jamais autant de journalistes n'avaient été présents au rendez-vous. «Tous mes collègues exercent une profession. A mes côtés, j'ai un maréchal-ferrant, un médecin, un agriculteur; on ne leur demande pas si leur travail va les empêcher d'honorer leur mandat.» ... / ... "

Nul doute qu'à la relecture de ces deux portraits, l'UMP va lui donner une investiture en 2012 !

En attendant, notre future élue de la nation travaille d'arrache-pied à un son futur programme, puisque sur TF6 les dimanches 19 et 26 avril : Elodie présentait deux primes exceptionnels à 20h40 dont les sujets étaient : "Les sports les plus cons du monde" et "Les inventions les plus cons du monde" !

Mon dieu, nous tremblons pour elle ! En effet, si jamais, David Douillet, grand médaillé d'or et Nicolas Sarkozy avec son grand emprunt y voyaient la moindre ironie, cela pourrait bien, briser une carrière, pourtant si prometteuse !

Et ce serait dommage ! Car comme le disait Brassens : "Au moins, ça nous aurait fait rire un peu" ... et peut être réveillé quelques parlementaires peu éveillés ou amélioré les chiffres de l'absentéisme à l'Assemblée Nationale !


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Elodie Gossuin le site
France Dimanche
TF6