07 mai 2018

Pôle Emploi : Faire des économies pour mieux tuer le service public de l'emploi ?

Selon le JDD, Pôle Emploi pourrait diminuer les effectifs de ce service public de 4000 personnes. Il en va ainsi dans le monde du "leader of the free markets", chairman of the board of France et père de la future "Start up Nation"

Pôle Emploi fait partie du service public de l'emploi. "Ses missions sont définies par l’article L5311-1 du Code du travail qui dispose que « le service public de l’emploi a pour mission l’accueil, l’orientation, la formation, l’insertion ; il comprend le placement, le versement d’un revenu de remplacement, l’accompagnement des demandeurs d’emploi et l’aide à la sécurisation des parcours professionnels de tous les salariés" peut-on lire sur le site Vie Publique
 

Les français ont compris depuis l'élection d'Emmanuel Macron que la notion de services publics était considérée comme "has been". Le modèle, c'est l'entrepreneur qui a assez d'ambition pour devenir milliardaire. La dernière attaque en règle sur un service public serait, selon le JDD, contre le fonctionnement de Pôle Emploi. 

De quelle façon ? 

En supprimant 4000 postes.

Pour quelles raisons ?

"le gouvernement invoque la baisse durable du chômage : avec moins de demandeurs d'emploi, il n'y aurait plus besoin d'autant de conseillers" Outre une malhonnêté hors norme, ce que le gouvernement omet de préciser c'est que dans le même temps, il va recruter 600 conseillers en charge du contrôle des chômeurs. Car taper sur les chômeurs, ces individus incapables de s'adapter au miracle de la "Startup Nation" est une habitude chez les élus LREM.

Pour mémoire on citera les déclarations de Christophe Castaner en octobre 2017

« L'universalité de l'allocation chômage, qui doit profiter à celles et ceux qui n'y ont pas droit […], implique aussi des droits et des devoirs .../... c'est une forme de liberté, mais la liberté, c'est pour aller vers quelque chose, la liberté, ce n'est pas de bénéficier des allocations chômage pour partir deux ans en vacances »

Sans omettre, bien entendu celle du député LREM Damien Adam : " .../... Car quand vous êtes salarié et que vous voyez certaines personnes qui partent en vacances aux Bahamas grâce à l’assurance chômage, il est légitime de se dire que ce système marche sur la tête ! .../..."

Belle mentalité ! Qui cache toutefois une réalité bien plus terre à terre. En effet, nous rappellent les médias qui ont traité cette information : "la subvention accordée à Pôle emploi a baissé de 50 millions d'euros ..." A tel point, d'après le JDD  , que "l'équilibre financier de la structure" est "en péril". 4 milliards d'euros de coupes budgétaires devraient être atteints d'ici à 2022.

Retour du refrain : la privé fait mieux et moins cher ? C'est oublier qu'en 2009 à la demande de Nicolas Sarkozy, on avait confié 320 000 chômeurs à des opérateurs privés pour démontrer que le secteur privé pouvait mieux et moins cher.  Le résultat de cette expérience ? Le service public de l’emploi fait mieux et moins cher que les opérateurs de placement privé nous expliquait Miroir Social  Or, si on diminue les équipes de placement de Pôle Emploi, vers qui se tournera t-on à nouveau ?

En attendant, on va encore nous vendre les formidables avantages du Net en oubliant très vite que ce ne sont pas des marchandises qu'on traite mais des humains ! Qui se souvient que dans un premier temps, il n'a plus été possible de se rendre à son Pôle Emploi sans rendez-vous, puis que les agences ont fermé et qu'aujourd'hui, le chômeur se retrouve seul face à écran ? Ecran avec le quel tout dialogue est inutile. Nul doute qu'au ministère du travail et à la direction de Pôle Emploi on réfléchit à la mise en place de l'intelligence artificielle. Quelle formidable avancée technologique que de faire traiter des problèmes d'hommes par des robots privés de tous sentiments.

Il n'y a pas un chômage mais des chômages. chaque chômeur a une histoire, un parcours et des difficultés qui lui sont particulières. Oui mais ce gouvernement et ses experts considèrent que 400 à 800 chômeurs par conseiller ce n'est pas la mer à boire et qu'on peut  toujours "faire mieux avec moins".

Il en va ainsi dans le monde du "leader of the free markets", chairman of the board of France et père de la future "Start up Nation" ... du moins encore pendant quatre ans 


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