29 juin 2012

Monsieur Montebourg : Il est temps d'aller parler du patriotisme économique à Renault !

Renault n'en finit plus d'inventer des « voitures à vivre » fabriquées ... hors de France. Le dernier modèle Dacia baptisé « Dokker Van » n'est ni plus ni moins qu'un Kangoo killer qui va mettre en danger les emplois dans les usines françaises ! 




En mars dernier, nous écrivions : En février, Eric Besson inaugurait avec Carlos Ghosn une usine Renault géante au Maroc. Il affirmait à cette occasion que les véhicules produits seraient réservés Maghreb et ne rentreraient en France que de façon marginale. Un bien vilain mensonge !

Cette information n'est que la confirmation de ce qu'écrivait la presse spécialisée en janvier : « (...) En tête de production, le monospace Lodgy de Dacia pour une commercialisation en France au printemps. Avec un prix aux alentours de 12 000 euros, le Lodgy est presque deux fois moins cher qu’un Scenic ( ... ) Pour réduire ses coûts, Dacia mutualise les composants (en valeur) avec ses autres modèles à hauteur de 70% et réutilise des composants déjà rentabilisés (...) Mais surtout, les usines marocaines ont un avantage salarial sur les sites roumains, avec des salaires nets deux fois moins élevés (...) »

Nous ajoutions : Il faut savoir, qu'un : « un ludospace style Kangoo sera produit dans la nouvelle usine géante de Tanger ce modèle devrait coûter deux fois moins cher que le célèbre Kangoo (...) » qui est fabriqué, lui, à Maubeuge

Hé bien, il faut savoir que ce « Kangoo killer » sera commercialisé à l'automne en France. Selon le site AutoNews : « le prix, devrait passer sous la barre des 9 000 euros » et devrait se présenter comme la : « nouvelle terreur des ludospaces ». D'autant qu'il recevra : « le très moderne 1.2 TCe 115 ch et les excellents 1.5 dCi 75 et 90 » made in Renault.

Et là, pas question de nous ressortir l'argument du Lodgy qui selon Renault ne cible pas la même clientèle que celle du Scenic, puisque le Dokker Van s'adresse prioritairement aux artisans et commerçants, acheteurs potentiels de Kangoo. En clair, si le dernier né de Dacia va prendre des clients aux autres contructeurs, il va en toute certitude mettre en péril les ventes de Kangoo.

L'argumentaire commercial de Renault parle de lui même ! : « (...) Si la fiabilité et la qualité de fabrication Dacia sont déjà reconnues par les clients et par la presse, Dacia renforce encore ses atouts en s’appuyant sur l’expertise de Renault, leader du Véhicule Utilitaire Léger en Europe depuis 1998. La conception de nombreuses pièces de Dokker Van a été réalisée selon les exigences du cahier des charges utilisé par Renault pour ses véhicules utilitaires. Le véhicule a également été soumis aux tests sévères réservés aux VU Renault, et représentant les usages clients les plus contraignants »

Alors, pourquoi perdre son temps et son argent à acheter un Kangoo ?

En cas de succès commercial, l'alliance Renault Nissan empochera de solides bénéfices tandis que la production des Kangoo baissant, il faudra avoir recours au chômage partiel en France en attendant quelques plans sociaux inévitables.

Il serait vraiment temps que le ministre du redressement industriel ait une discussion sérieuse avec Carlos Tavarès le président de Renault qui, s'il est capable de faire fumer les pneus d'une pseudo Alpine au Grand Prix de Monaco, ne semble pas trop bouleversé par le fait que l'entreprise qu'il dirige, se fait manger par Dacia en entrée de gamme et par Nissan/Infiniti par le haut.  

Il pourra aussi lui faire remarquer qu'avant que ne sorte éventuellement, un véhicule Renault de haut de gamme qui porterait le non de « Initiale Paris » et peut être fabriqué en France, il est pitoyable qu'un constructeur d'envergure mondiale en soit réduit comme offre haut de gamme, à proposer des Samsung coréennes (dont il est propriétaire) rebadgées !

Ce qui tombe bien puisque Arnaud Montebourg vient d'appeler au : « patriotisme économique, en particulier par la solidarité entre grands groupes et PME, pour reconstituer l'industrie française et s'attaquer au déficit commercial » Et comme l'état français reste l'un des premiers actionnaires de Renault, le message devrait être plus facile à faire passer ...

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28 juin 2012

Nadine Morano : Entre l'amour du couscous et le recours au Conseil constitutionnel ?

Nadine Morano n'accepte pas d'avoir perdu son siège de député. Depuis en interview, elle explique qu'elle n'est pas raciste puisqu'elle raffole de la gastronomie d'Afrique du Nord et rêve de faire annuler l'élection de son adversaire ! 




Nadine Morano ne décolère pas. A ceux qui lui font le reproche d'avoir un peu trop collé aux thèses  du Front National, elle réplique avec des sorties mémorables, dont elle a le secret.

On citera les fameux : « Me faire passer pour quelqu'un par exemple qui serait raciste, alors que j'ai des amis qui sont justement arabes, dont ma meilleure amie qui est tchadienne, donc plus noire qu'une Arabe, je trouve ça choquant », « La pizza, je l'aime plutôt Regina, et pas orientale. En revanche, j'adore le couscous, et les bricks à l'œuf »

Sans oublier cette référence sur le terme de « poissonnière » que certains lui attribuent  : « Je trouve ça complètement fou d’aller critiquer les poissonnières, à qui je rends hommage d’ailleurs »

Humour, diront ses défenseurs ! Oui, mais le problème de Nadine Morano, c'est que ça fait bien longtemps qu'on ne sait plus à quel moment elle est sérieuse et à quel moment elle plaisante !

Au delà du festival verbal auquel nous a habitués l'ancienne ministre de l'apprentissage,  qui a longtemps rêvé que son Président lui accorderait un grand ministère, elle n'a toujours pas digéré que ce soit NKM qui ait été choisie comme porte parole de son Président candidat au fait qu'elle incarnait : « (...) l'atout chic de Nicolas Sarkozy, quand Nadine Morano, ministre chargée de l'apprentissage, est censée séduire la droite populaire avec sa gouaille et ses manières directes (...)  »

Gouaille et manières qui lui ont été fatales dans le canular de Gérald Dahan où elle avait répondu avec une extrême courtoisie à un faux Louis Aliot du FN allant jusqu'à lui proposer de maintenir le contact après les législatives. Les échanges sur Twitter entre François Fillon et elle à ce sujet ont donné lieu à quelques phrases cultes : « François Fillon devrait dénoncer le délit pénal d'un Dahan militant socialiste, pour le reste je suis une responsable politique libre » Et « Je ne suis pas sa collaboratrice, même plus sa ministre, je dis ce que je veux »

Entre temps, Nadine Morano était largement battue, au deuxième tour, puisqu'elle obtenait 44, 33 % des voix , contre 55,67% pour son adversaire PS. Néanmoins, elle considère que sans le canular le résultat aurait été tout autre.

C'est pourquoi elle vient d'écrire sur son compte Twitter : « Jeudi, je dépose un recours au Conseil Constitutionnel et ma plainte au Tribunal » tout comme elle écrit ce qui devrait être l'un de ses arguments phares, pour faire annuler l'élection : « La presse rapporte que Gérald Dahan et Thomas Hollande ont déjeuné ensemble au restaurant le Cosi rue Cujas à Paris mardi... »

Car comme l'affirme Nadine Morano : « Je n'étais pas attaquable sur mon bilan donc, pour pouvoir gagner, ils ont eu recours à cette manipulation. Car ce canular n'était pas destiné à faire rire mais bien une manoeuvre politique à 48 heures d'une échéance »

Certains lui feront remarquer que c'est un peu mince pour justifier sa demande d'annulation. D'autant que si, comme Fillon lui faisait remarquer, elle avait raccroché au lieu de se répandre au téléphone, le canular serait tombé à l'eau et elle aurait probablement obtenu au moins ... 44, 33 % des voix !

Pas certain que Nicolas Sarkozy devenu entre temps membre du Conseil Constitutionnel ait envie ou puisse lui être d'un grand secours dans sa quête. Mais l'essentiel n'est-il pas d'essayer ? 


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27 juin 2012

Agroalimentaire : Vous reprendrez bien un peu de saucisse de glu de porc malaxée ?

Le site Bastamag nous livre cette semaine, un article sur les idées et manipulations des « petits génies » de l'agroalimentaire, que vous trouverez un jour ou l'autre dans votre assiette. A ne pas lire avant de passer à table !





Alors qu'on ne cesse d'expliquer aux gens qu'il est nécessaire d'avoir une nourriture saine, les labos de l'agroalimentaire ne cessent de travailler à l'élaboration de nouveaux produits ou substances, arguant que ces recherches n'ont qu'un but : Nourrir une population de plus en plus nombreuse, face à une planète dont les ressources seraient insuffisantes.

On pourrait ajouter, et obtenir une rente, en maîtrisant l'alimentation par les manipulations génétiques ou das certains cas avoir recours au recyclage de rebuts vendus sous des emballages appétissants et surtout ultra lucratifs !

Car : Saviez- vous que le chiffre d'affaires de l'agroalimentaire représente deux fois celui de l'automobile ? Alors, pour continuer à prospérer, il faut être, comme on aime à le dire dans cette industrie : Créatifs et inventifs !

En mai 2010, Slovar vous présentait la thrombine : L'additif Colle à viande.  C'est la Commission européenne qui avait proposé : « (...) d'autoriser la thrombine, une enzyme d'origine bovine ou porcine, dans la fabrication de produits carnés (...) la thrombine aurait permis de mettre sur le marché des produits carnés moins chers, puisqu'issus de morceaux de viande bas de gamme, ce qui au final aurait été à l'avantage des consommateurs les moins aisés (...) »

En août de la même année, nous évoquions la viande « cultivée » artificiellement. « Une équipe de chercheurs néerlandais a franchi un cap au sujet de la viande en laboratoire en améliorant les études sur la manipulation des cellules musculaires (...) Ces chercheurs des Pays Bas ont extrait des cellules de muscle d'un cochon vivant. (...) Elles ont été incubées dans une solution dérivée du sang de foetus d'un animal. Le résultat ressemble à une sorte de steak détrempé. Malgré tout : Les chercheurs tablent sur une échelle de 10 ans avant de commercialiser la viande artificielle (...) »

Hé bien, nous étions des petits joueurs si l'on en croît le très informé site BastaMag qui publie cette semaine un article sur certaines études et recherches de la nourriture du futur.

Qu'y apprend t-on ?

Yabon les saucisses !

« (...) Cette mixture de viande est obtenue en passant les carcasses de poulet ou de porc dans une centrifugeuse à haute température, ce qui permet de récupérer le moindre morceau de barbaque. Les tendons, graisses, tissus conjonctifs sont transformés en pâte. À l’arrivée dans l’assiette, le « lean finely textured beef » (bœuf maigre à texture fine) est utilisé depuis quinze ans « sans restrictions » aux États-Unis.

Petit détail : ce hachis liquide provient des parties les plus prédisposées à la bactérie E.coli et aux salmonelles. Ce qui rend nécessaire, pour tuer tous les éléments pathogènes, un traitement à l’ammoniaque, substance considérée comme non dangereuse par les autorités sanitaires, et utilisée par ailleurs pour la fabrication d’engrais, le détartrage des métaux, ou la fabrication d’explosifs… Aux États-Unis, le produit est ajouté depuis des années à la viande hachée ou aux hamburgers. Vous en reprendrez bien un peu ?
»

Le bon fromage ... sans lait !

« (...) Son aspect, son goût et sa texture correspondent parfaitement à ceux du fromage à base de protéines laitières, vante le géant de l’agroalimentaire. Ils sont semblables à ceux des traditionnels fromages à pâte dure, comme le gouda, le cheddar ou le gruyère, assurant ainsi les mêmes plaisir et satisfaction aux consommateurs. » Ce fromage chimique, le Lygomme™ACH Optimum, est composé de trois amidons, d’un galactomannane (E410, 412, 417), d’un carraghénane (E407) et d’arômes (...) Il : « (...) permet de ne pas dépendre des fluctuations du marché du lait (...) le Lygomme est 200 % moins cher que la mozzarella ou l’emmental ! Et même 60 % moins cher que le « fromage analogue », autre produit de substitution en circulation. Ce dernier, à base d’huile de palme, d’amidon, de sel et d’exhausteurs de goût – et 15 % seulement de protéines de lait –, a déjà inondé le marché européen (...) » 

Et pour demain ?

« (...) Dans les laboratoires se multiplient les expériences pour produire des animaux génétiquement modifiés aux propriétés intéressantes pour l’industrie agroalimentaire. Aux États-Unis, les cochons « Enviropig », génétiquement modifiés pour moins polluer, et les saumons « Frankenfish », qui grandissent deux fois plus vite, attendent leur autorisation de mise sur le marché (...) La Chine est à la pointe de la recherche sur la transgenèse animale. Et l’Europe se prépare discrètement à suivre le mouvement (...) »

Pas de ça en France puisque comme disait le président du Syndicat national des industriels de la nutrition animale, lors d'un Salon international de l'alimentation : « (...) ce n'est pas parce qu'un poulet mange du maïs génétiquement modifié qu'il devient à son tour un poulet génétiquement modifié (...) »

Et puis quoi encore ?

Dans la mesure où : « (...) la production animale devrait doubler d’ici à 2050, estime la FAO (...) pour réduire l’impact écologique de l’élevage : développer les cultures d’insectes. Certes, la quiche au vers ou la tarte à la chenille risquent d’avoir du mal à trouver des adeptes en France (...) » Et Bastamag de conclure : « (...)  En attendant les élevages intensifs et la future pâte d’insectes que ne manquera pas de nous concocter l’industrie alimentaire, il est toujours possible de déguster une sucette scorpion aromatisée à la myrtille, des raviolis de criquets ou des brownies aux vers »

« Quel que soit le produit, son mode de production ou de fabrication, le consommateur doit pouvoir acheter en toute confiance » peut-on lire sur le site du ministère de l'agriculture Alimentation.gouv.fr. Pour le futur de nos assiettes, c'est à priori mal engagé ...

Source et cérdits

26 juin 2012

Le Medef envisage t-il de torpiller le « contrat de génération »?

Le Medef trouve l'idée du contrat de génération « intéressante » mais pas au point de sacrifier ses allégements des cotisations sur les bas salaires. Chronique d'un sabordage en vue ?  



Habile torpillage en vue du contrat de génération ? C'est la question qu'on peut se poser après avoir appris que le Medef aurait refusé les exonérations de cotisations sociales attachées au contrat de génération. 

En effet, ses représentant préfèrent en discuter dans le cadre de  : « (...) l'ouverture d'une négociation entre syndicats et patronat (...) » mais surtout : « (...) se prémunir contre la remise en cause du dispositif général d'allégements des cotisations sur les salaires entre un et 1,6 Smic (...) »

Contrat de génération késako ?

C'était l'une des promesses phares du candidat Hollande destinée à maintenir les salariés âgés dans les entreprises, tout en embauchant des jeunes à la recherche d'un emploi.

Contrairement au tutorat défini par la loi du 21 décembre 2006, qui permet à un ancien salarié, parti à la retraite, de devenir le tuteur d’un ou de plusieurs salariés de l’entreprise, le contrat de génération, lui, vise les seniors salariés encore en activité.

Extrait du programme de François Hollande 

« (...) Le dispositif consisterait en la conclusion d’un contrat entre l’employeur et deux de ses salariés : un jeune, de moins de 30 ans et un senior, de plus de 55 ans. Par ce contrat l’entreprise s’engagerait à former le jeune salarié en recourant à l’expérience du salarié senior. Le salarié senior devrait consacrer une part de son temps de travail (le quart ou le tiers du temps) à former, entraîner et guider le jeune salarié. Le senior serait donc chargé d’apprendre son métier au jeune. Le dispositif serait réservé aux jeunes titulaires d’un diplôme dont le niveau restera à discuter avec les partenaires sociaux ; l’objectif de cette mesure est de favoriser l’emploi dans l’industrie, et d’éviter le déclassement des diplômes pour des jeunes qui, à l’issue de leur formation, ont des difficultés à trouver un travail (...) »

Bien que des dérives ou des effets d'aubaine soient toujours possibles, il est clair que la volonté de maintenir dans l'emploi les plus âgés tout en intégrant les jeunes générations mérite qu'on s'y arrête. En effet, il s'agit des deux catégories les plus exposées au chômage.

Comment devraient-ils être financés ?

Apparement par la fin de l'exonération des heures supplémentaires, parfaitement contreproductive, alors qu'on compte un peu plus de 5 millions d'inscrits à Pôle Emploi, et un redéploiement des éxonérations de cotisations sociales.

A la surprise générale, Laurence Parisot qui : « (...) réitère son soutien au contrat de génération (...) » a déclaré : (...) il n'est pas nécessaire que cette forme modernisée du tutorat soit accompagnée d'un allègement de charges (...) »

Et par quel miracle, le Medef qui est à l'affût de toutes les aides, refuserait celle-ci ? 

Oh, certes pas au nom de la solidarité budgétaire avec le gouvernement, mais pour un motif beaucoup plus terre à terre que nous explique La Tribune. Ce refus a pour but de : « (...) se prémunir contre la remise en cause du dispositif général d'allégements des cotisations sur les salaires entre un et 1,6 Smic (...) »

Ce qui signifie dans l'esprit du Medef, qu'à terme, le mécanisme du contrat de génération pourrait reposer sur le seul volontariat des entreprises. Et qui dit volontariat ... Entre temps, combien de seniors auront quitté les entreprises par le le biais des ruptures conventionnelles, première raison de la mise au chômage des plus de 55 ans ? Et, combien de jeunes continueront à chercher un emploi ?

On pourra se poser également la question du report de l'âge de la retraite, sachant que de nombreux rapports indiquent que le tutorat effectué par des salariés âgés auprès de jeunes entrants dans l'entreprise, est un des principaux atouts pour maintenir les seniors dans l'emploi ? 

Oui, mais comme le préconisent ces rapports, cette démarche implique des adaptations et une méthodologie qui a ... un coût. Mais dans la mesure où l'actuel combat du Medef serait plutôt : Le refus de la taxation des dividendes, Alors le devenir des salariés âgés et des jeunes sans emploi ... 


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