28 février 2023

Réforme des retraites  : quand le patronat prend les seniors pour des jambons

 L'emploi des seniors est au cœur de la réforme des retraites bien que celui-ci ne soit pas la première préoccupation du gouvernement et des organisations patronales. La CPME fervent défenseur de la retraite à 64 ans qui s'opposait à un index seniors peu contraignant propose un «label» encore plus cosmétique.

La CPME n'a jamais fait mystère du fait qu'elle soutenait le report de l'âge de la retraite à 64 ans mais sans aucune obligation concernant les seniors en emploi ou au chômage. Si l'organisation patronale s'est dans un premier temps réjouie de ne pas être concernée par le timide index senior du gouvernement puisque celui-ci n'était applicable qu'aux entreprises de 300 à plus de 1000 personnes.

 

Elle nous a fait un « coup de calgon » en apprenant que cet index pourrait être appliqué aux entreprises de 50 personnes. Car ce dont la CPME ne veut pas entendre parler c'est une publication des effectifs qui pourrait éventuellement montrer le peu d'enthousiasme des PME à conserver leurs salariés âgés ou à en recruter.

La CPME a été en partie sauvée par le refus de vote de l'article 2 du projet de réforme concernant l'index seniors à l'Assemblée nationale. Néanmoins, dans la mesure ou le texte est au Sénat et que l'index seniors est réintroduit dans le texte, la CPME monte à nouveau au créneau au travers d'une interview de Jean Eudes du Mesnil du Buisson son secrétaire général sur Radio Classique.

Interrogé sur l'emploi des seniors, après avoir rappelé que son organisation considère que pour conserver les seniors à l'effectif jusqu'à 64 ans il faut une baisse de cotisation. il a bien entendu dénoncé l'index seniors et proposé de le remplacer par un … « label senior » qui serait : « un dispositif incitatif qui permettrait de mettre en avant les entreprises vertueuses en matière d’emploi des seniors » Et pourquoi pas une AOC tant qu'on y est ou même un label rouge comme le jambon ?

Les mauvais esprits, au sens patronal du terme, dont je fais partie feront remarquer que ce « label » ne fait aucune référence à la qualité des emplois, à l'adaptation des horaires ou des postes de travail ou de formation. Conditions essentielles pour permettre aux salariés de 57 ans et plus d'atteindre les 64 ans réclamés à cor et à cri par la CPME. Mais qu'à cela ne tienne, à la CPME on a du beaucoup s'amuser de cette nouvelle trouvaille dont monsieur du Mesnil du Buisson nous a fait part.  

Alors, que les sénateurs votent ou pas un index senior limité ou pas à 300 ou 50 salariés ne changera pas les choses. Les entreprises ne font et ne feront aucun effort pour maintenir les 57 à 64 ans dans l'emploi. Et ça, c'est une réalité beaucoup moins cosmétique que les index ou labels. La légende du bien vieillir au travail reste une imposture !