"Nicolas Sarkozy a réaffirmé vendredi le soutien de la France à l'adhésion de la Macédoine à l'Union européenne lors d'un entretien avec le Premier ministre Nikola Gruevski, selon ce dernier" - dépêche AP du 15 mai 2009
Et pourtant, Nicolas Sarkozy Président de l'Union avait été très ferme sur le sujet des adhésions nouvelles : "Je trouverais très étrange qu’une Europe à 27, qui a du mal à s’entendre sur des institutions plus fonctionnelles, soit d’accord pour s’adjoindre un 28e, un 29e, un 30 ou un 31ème pays, ce qui ne ferait qu’aggraver la situation"
La Présidence français de l'union européenne : Les membres de la majorité présidentielle en parlent encore avec des sanglots dans la voix en évitant d'évoquer les quelques 190 millions d'€ (pour 6 mois) dont 90 millions sont allés aux manifestations traditionnelles de la Présidence : organisation de deux Conseils européens, neuf sommets avec les pays tiers, 35 conseils des ministres européens. Ainsi que le coût des manifestations organisées à l’initiative propre de la France et de ses différents ministères s’élèvant à 80 millions d’euros. Quant aux 20 millions restants, ils correspondaient, notamment, aux activités de communication et aux frais de fonctionnement du Secrétariat général de la Présidence française. Source Premier Ministre
Si l'homme Sarkozy doté de nouveaux habits politiques a pu "faire son show" hyper actif en faisant mine de tout décider et tout faire, il a buté sur un certain nombre de point. Le plus important de tous fut le rejet de "son" traité (dit) simplifié : Le traité de Lisbonne par les Irlandais.
Déstabilisé par cet échec, il déclarait en juin 2008 (alors que la France devait prendre la présidence de l'union le 1er juillet 2008) : "qu’il fallait stopper le processus d’élargissement, tant que les questions institutionnelles européennes ne seraient pas réglées (Croatie, Turquie, Macédoine)
La phrase était sans appel : "L’UE devra mettre un arrêt à l’élargissement jusqu’à ce que soit résolue la question du rejet par l’Irlande du traité de Lisbonne, qui devait réformer les institutions européennes"
Et que lisait-on hier dans une autre dépêche de AP ?
Nicolas Sarkozy a réaffirmé vendredi le soutien de la France à l'adhésion de la Macédoine à l'Union européenne lors d'un entretien avec le Premier ministre Nikola Gruevski, selon ce dernier. "Il s'est déclaré prêt à aider l'entrée de la Macédoine dans l'Union européenne", a déclaré le Premier ministre macédonien après l'entretien. M. Gruevski a réclamé une date "avant la fin de l'année" pour le début des négociations.
L'Union européenne a accordé en décembre 2005 le statut de candidat à l'ancienne république yougoslave, mais le processus d'adhésion est bloqué en raison du veto de la Grèce. Depuis l'indépendance du pays en 1991, Athènes s'oppose à l'utilisation par Skopje du nom de Macédoine, qui est aussi celui de la région Nord de la Grèce. La Grèce met aussi son veto à l'entrée de la Macédoine dans l'OTAN. Le Premier ministre macédonien a par ailleurs réclamé la levée des visas imposés à ses ressortissants pour leurs déplacements dans l'Union européenne. Il a assuré que Skopje avait accompli tous les efforts réclamés par l'UE - AP Yahoo
Alors même que le 15 mai 2009 on pouvait lire :
"Peu d'avancée sur le front des "garanties juridiques" réclamées par l'Irlande pour organiser un second référendum sur le traité de Lisbonne. Sur ce point, le projet d'ordre du jour du Conseil européen des 18-19 juin reste encore très flou. Les ministres chargés des Affaires européennes devraient brièvement en discuter le 18 mai à Bruxelles mais sans s'appesantir. La présidence tchèque explique qu'il faut négocier avec les autres Etats membres car certains pourraient avoir de nouvelles revendications. Les garanties réclamées par le gouvernement irlandais pour éviter de renouveler le scénario négatif du 12 juin consisteraient à réaffirmer le droit de chaque Etat membre de désigner un commissaire européen et de prendre ses propres décisions en matière de fiscalité, de défense, de droit à la vie, d'éducation et de santé - Source Fenêtre sur l'Europe
Comment expliquer ce revirement de l'ex Président de l'Union, inflexible il y a quelques mois, alors qu'on ignore encore à quelle date serait organisé un second référendum en Irlande ?
Car, ne l'oublions pas, la Macédoine a reçu le statut de pays candidat à l'UE en 2005, pourtant jusqu'à maintenant les négociations sur son adhésion n'ont jamais été entamées - Source Novosti
En tous cas le communiqué sur le site de France diplomatie est explicite :
"Le Premier ministre Nikola Gruevski effectue une visite de travail à Paris les 14 et 15 mai. Il sera reçu le 14 mai par le président de la République et participera le 15 mai à une réunion de travail avec le MEDEF. Il rencontrera également Eric Besson, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Développement solidaire, ainsi que Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie. . Cette visite sera l’occasion de faire le point sur l’état d’avancement des réformes engagées en vue du rapprochement avec l’Union européenne de ce pays candidat à l’adhésion depuis décembre 2005 et de réaffirmer notre appui à sa perspective européenne. Nous rappellerons également notre souhait d’un aboutissement rapide des négociations conduites entre Athènes et Skopje, sous les auspices des Nations unies, sur la question du nom du pays.
Les questions régionales seront aussi abordées. Ce sera l’occasion pour nous de saluer à nouveau la reconnaissance par Skopje de l’indépendance du Kosovo dont nous sommes convaincus qu’elle contribue à la stabilité régionale. Ces entretiens permettront également de passer en revue nos relations bilatérales, ainsi que le développement de nos relations économiques"
Et hop, une nouvelle zone de production à par cher en prévision. Il faut dire que les Slovènes commencent à avoir des ambitions de niveau de vie irréalistes pour les entreprises étrangères ....
On découvre également que : "Le Ministre de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire a proposé au Premier ministre de Macédoine d’aller plus loin au niveau bilatéral en négociant un accord de gestion concertée des flux migratoires. Cet accord favorisera en particulier la mobilité des jeunes, étudiants et jeunes professionnels. Eric Besson a annoncé qu’il se rendrait en Macédoine avant la fin de l’année. Source France diplomatie
Alors même que l'Union n'a pas pris de décision quant à cette adhésion puisque Eric Besson a déclaré : "que la France donnerait son accord à la suppression des visas pour les ressortissants macédoniens dès que la Commission Européenne aura indiqué que la feuille de route fixée par l’Union Européenne est pleinement mise en œuvre" - Source The Web Consulting
Tout ceci ne serait qu'un banal reniement ou revirement de plus de la part du Chef de l'Etat si on oubliait de rapeller le contentieux entre la Macédoine et la Crèce (qui elle est membre de plein droit de l'Union)
Dernière provocation en date : "Les autorités municipales de Skopje ont décidé d'ériger sur la place centrale de la capitale macédonienne une statue équestre monumentale d'Alexandre le Grand. Le coût de ce projet est estimé à 4,5 millions d'euros. L'oeuvre, qui doit faire 22 mètres de haut, représentera Alexandre le Grand sur son cheval Bucéphale.
Cette décision des autorités de Skopje risque de susciter un vif mécontentement en Grèce, qui avait déjà très mal pris la décision macédonienne de renommer l'aéroport de la capitale, "Skopje" en "Aéroport Alexandre le Grand", en décembre 2006. Les relations entre Skopje et Athènes sont affectées depuis dix-huit ans par un différend politico-sémantique sur le nom même de la Macédoine. La Grèce bloque depuis 1991 la reconnaissance internationale de la Macédoine sous ce nom, considérant qu'il appartient exclusivement à son patrimoine historique national. - Source Le Figaro
Alors, quelle mouche aurait piqué notre Président de stratège pour accélerer cette adhésion "surprise" ?
On apprend par le journal Le Monde que : "Très attendue, la visite dans les Balkans du vice-président américain, Joseph Biden, dans quelques jours, relance l'attention diplomatique pour cette région. Après le soutien de l'administration Bush à l'indépendance du Kosovo en 2008, cette tournée américaine permettra de préciser l'agenda de la nouvelle administration américaine alors que les pays des Balkans sont engagés, en ordre dispersé, sur la route vers l'Union européenne (UE) et l'OTAN ... / ... Les dirigeants macédoniens ont été heureux d'entendre Barack Obama au sommet de l'OTAN, le 4 avril, exprimer son "impatience" de voir leur pays au sein de l'Alliance, après les entrées, cette année, de la Croatie et de l'Albanie ... / ...
Ah bon! c'est en fin de compte une demande des américains que notre Président soutient avec force ! Que ne ferait-on pour devenir le "meilleur" ami de Barack après avoir été celui de George et se montrer le bon élève de l'OTAN ?
Le nouveau Président de ex-République yougoslave de Macédoine (nom officiel auprès de l'ONU) a toutefois un argument (outre qu'il porte le même prénom que notre Président) qui a du séduire Nicolas Sarkozy : "Je ne vois pas ce que changerait l'entrée de la Macédoine. Ce ne serait pas une charge lourde. Notre pays, c'est comme un quartier de Paris" - Source Le Monde
Effectivement, comment résister dans ce cas à une adhésion même si elle est bâclée et risque de rallumer des tensions bien inutiles dans cette zone à haut risque et nous fâcher avec le partenaire Grec ...
Après Tintin créé l'improbable "Union pour la Méditerranée", nous avons depuis hier : " Tintin redessine les balkans "
Comme c'est beau la gouvernance de la planète, et surtout, tellement plus amusant que ... les problèmes de pouvoir d'achat et de chômage ....
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