22 juin 2012

Pôle Emploi : Déshabiller les uns pour à peine habiller les autres ?

Le plan stratégique de la direction de Pôle Emploi ne satisfait quasiment personne. Il prévoit de différencier le suivi des chômeurs, mais pas d'augmenter des effectifs de conseillers. Devra t-on être obligatoirement chômeur de longue durée pour bénéficier d'un suivi qualitatif ?




Nous avons a plusieurs reprises écrit sur l'impossibilité de faire fonctionner le « grand service de l'emploi » voulut par Nicolas Sarkozy avec un sous effectif chronique. De fait, on ne compte plus les conseillers qui ont a gérer au delà de 250 chômeurs.Cette situation qui désole le personnel de Pôle Emploi et tétanise les chômeurs n'a jusqu'à présent pas trouvé de solution.

Or, le conseil d'administration de Pôle Emploi vient d'adopter jeudi son plan stratégique 2015 dévoilé par le site La Fusion pour les Nuls.

Quelles sont les principales innovations ? 

Au delà du fait que Pôle Emploi pourrait passer des accords avec des sites de petites annonces (Monster). Et utiliser son site comme kiosque permettant aux entreprises de rentrer directement en contact avec les demandeurs d'emploi, la principale innovation serait : « (...) un suivi différencié des demandeurs d'emplois. Les chômeurs de longue durée bénéficieront désormais d'un accompagnement renforcé (...) » la direction de Pôle Emploi indiquant que c'est : « une manière d'alléger le portefeuille des conseillers, qui dans certains cas pouvaient suivre jusqu'à plus de 100 demandeurs d'emploi par mois »

Selon les propres termes François Nogué, le Président du conseil d'administration de Pôle Emploi : « (...) Il nous faut d'abord faire plus pour ceux qui en ont le plus besoin (...) » quant aux autres, ils devront se convertir progressivement d'un accompagnement Web avec : « si nécessaire, un contact physique »

Pour ceux qui sont inscrits à Pôle Emploi, ce discours n'augure, à vrai dire rien de bon ! En effet, après la dématérialisation des courriers qui oblige les chômeurs à disposer ou trouver une connexion internet pour savoir s'ils sont convoqués, et la saturation plus que fréquente et la déhumanisation du 3949, s'ils ne sont pas chômeurs de longue durée, leur isolement risque d'augmenter encore. 

En résumé, on propose de continuer sur la logique du précédent gouvernement : Faire plus avec moins !

C'est d'ailleurs le sentiment des syndicats de Pôle Emploi à qui la direction leur a demandé de se prononcer sur le nouveau plan stratégique.

Et ce n'est pas un franc succès nous dit Libération puisque  : « (...) Consultés sur la partie organisationnelle du plan, qui préconise notamment de différencier le suivi des chômeurs en fonction de leur capacité à trouver un emploi, quatre syndicats ont voté contre : SNU, FO, CGT et SUD, et cinq se sont abstenus : CFDT, CFTC, Unsa, CFE-CGC et Snap (...) »

Que reprochent-ils ?

Majoritairement ils reprochent, comme l'explique la CGT, un manque cruel de personnel : « (...) A défaut d'embaucher massivement des agents pour assurer l'objectif d'un agent pour 60 demandeurs d'emploi, comme cela était prévu à la création de Pôle Emploi, les signataires ont préféré modifier l'offre de service (...) » La CFDT de son côté réclamant : « 5.000 embauches dont 2.000 immédiatement »

De notre côté, nous ajouterons que cette décision est particulièrement perverse. Car, dans l'hypothèse ou les choix de la direction de Pôle Emploi seraient toutefois appliqués, il est clair que pour obtenir un suivi efficace, il faudrait attendre d'être classé chômeur de longue durée.

Mais en termes de suivi efficace, comme l'indique FO rien de rassurant pour ceux qui sont les plus éloigéns de l'emploi puisque semble t-il le projet de la direction de Pôle Emploi est floue sur : « le nombre de demandeurs d'emploi que devra suivre chaque conseiller »

Lorsqu'on connaît la difficulté de remettre dans l'emploi des chômeurs de longue durée, n'est-il pas préférable d'éviter que ceux qui sont inscrits à Pôle Emploi depuis quelques mois se retrouvent en longue durée ? En fait, nous pensons comme le représentant du SNU que ce projet est avant tout : « plus comptable que social »

Il ressemble d'ailleurs aux choix faits par le précédent gouvernement dans le domaine de la santé. Pour des raisons d'économies et d'optimisation, on a diminué de plus en plus les remboursements. Beaucoup de français ont décidé de faire l'impasse sur certains soins, ce qui aboutira pour un certain nombre d'eux, à des pathologies lourdes, plus difficiles à guérir et mille fois plus coûteuses.

Doit-on appliquer cette logique aux chômeurs ?

La balle est donc dans le camps du gouvernement qui pourrait peut être se poser la question du coût (le double) et de la qualité du service des opérateurs privés dont les résultats sont moins bons que ceux du service public de l'emploi. Ce qui permettrait dans ce cas de recruter de nouveaux personnels qui font actuellement défaut à Pôle Emploi.

A suivre ...   

21 juin 2012

Pour sa primaire de 2017, l'UMP dira t-elle « non au fichage politique » ?

Jean-François Copé et une bonne partie des caciques de l'UMP sont pour l'organisation de primaires pour la désignation de son futur candidat en 2017. Ce qui rend encore plus amusant la relecture de ce qu'ils disaient de la primaire socialiste ! 




Jean-François Copé déclarait récemment au sujet de l'idée d'une primaire à l'UMP : « Personnellement, je suis pour un système très ouvert » et Roselyne Bachelot, soutenue par plusieurs cadres du mouvement, vient de lui emboiter le pas en lançant : « Je milite d'ores et déjà pour des primaires ouvertes pour la candidature de 2017 ».

Donc, sauf contre ordre majeur, l'ancien parti majoritaire devrait se livrer à l'exercice qui a permis au PS de désigner François Hollande comme candidat officiel.

Bon, voilà qui est bel et bon, mais qui pourrait prêter à rire si on relit le texte d'une pétition lancée par l'UMP, au sujet de la primaire socialiste, et qui est d'ailleurs encore disponible sur son site. Nous vous livrons ci-dessous en intégralité

« Non au fichage politique des électeurs par le PS

 Pour l’organisation de ses primaires à l’élection présidentielle, le PS envisage d’utiliser prochainement les fichiers électoraux disponibles dans chacune des mairies de France, mais également, pour les opérations de vote, des salles municipales, salles de classe…

L’UMP s’interroge sur la légalité constitutionnelle d’une telle organisation parce que l’utilisation des listes électorales par le PS créera de fait un fichier politique des Français. Il serait de plus impossible d’assurer sa confidentialité ce qui pourrait se révéler gravissime pour nos compatriotes.

Nous nous opposons à octroyer de fait au Parti socialiste les adresses de tous les électeurs français, lequel parti aurait ensuite toute latitude pour solliciter tous les Françaises et Français sans apporter la certitude qu’il détruirait par la suite ce fichier.

De même en permettant à un Parti politique d’utiliser sur l’ensemble du territoire des salles publiques pour bureaux de vote, l’UMP constate que l’on passe mécaniquement à une élection présidentielle à trois tours. Et cela n’est pas inscrit dans la Constitution.

L’aspect financier n’est pas neutre non plus car toute cette organisation qui pèserait sur les collectivités locales ne serait pas comptabilisée dans le compte de campagne du candidat élu par les militants socialistes.

Si comme nous, vous vous opposez à l’utilisation des listes électorales par le PS pour l’organisation de ses primaires, signez cette pétition pour demander à la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) et au Ministère de l’Intérieur de protéger les libertés publiques des Français »

Il ne reste donc plus à Jean-François Copé et aux responsables de l'UMP qu'à utiliser des arguments contraires à ceux utilisés plus haut pour nous expliquer en quoi cette procédure jugée scandaleuse, deviendrait subitement, une bonne démarche pour le « Mouvement Populaire ». On s'en régale d'avance ! 


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20 juin 2012

Les belles légendes patronales : Le SMIC obstacle à l'emploi des jeunes !

A cadence régulière des économistes ou patrons nous expliquent que le SMIC est un obstacle à l'emploi des jeunes. En clair il faudrait réhabiliter le défunt SMIC-jeunes ! 




« C'est la deuxième chance du « SMIC-jeunes » écrit Jean-Francis Pécresse, éditorialiste aux Echos (et accessoirement beau frère de Valérie, l'ex ministre du Budget).  « Presque vingt ans après l'échec du contrat d'insertion professionnelle (CIP), la notion de salaire minimum minoré, mais progressif, pour les jeunes effectue un timide retour dans le débat d'idées (...) »

Ah bon! mais le SMIC jeunes, le CIP, c'est quoi au fait ?

En 1993, Edouard Balladur qui officiait à Matignon, souhaitait (déja) réduire le chômage des jeunes décidait de créer le Contrat d'Insertion Professionnelle (CIP), réservé au moins de 26 ans jusqu'à bac+3, et plafonné à 80% du SMIC. Il s'agissait d'un CDD dont la durée était comprise entre six mois et un an, renouvelable une fois.

 Les dits jeunes se mobilisaient, et à l'issue de manifestations monstres, Edouard Balladur annonçait la suspension puis le retrait définitif du CIP en 1994.

On aurait pu croire cette idée morte et enterrée, mais c'était sans compter sur l'obstination de certains beaux esprits libéraux, et sur quelques organisations patronales qui, depuis un ou deux ans, se plaisent à expliquer que crise et chômage obligeant, il serait utile de ressortir le projet de sa boîte. C'est ce dont Jean-Francis Pécresse a essayé de nous convaincre.

Quels sont ses arguments ?

Selon Pécresse, ce n'est pas le fait que ce soit un SMIC au rabais qui a fait capoter le projet mais le fait qu'il aurait été préférable de le présenter sous forme de CDI.  Pourtant, écrit-il : « (...) la malédiction du « SMIC-jeunes » est peut-être en passe de se dissiper, doucement. En pratique, le développement de l'apprentissage permet déjà, même si ce n'en est pas l'objectif principal, de contourner l'obstacle que constitue le salaire minimum unique pour l'embauche de jeunes non formés, donc à faible productivité (...) »

Et l'éditorialiste de nous expliquer que le SMIC-jeunes existe déjà dans les faits

« (...) un SMIC à taux réduit est déjà appliqué aux jeunes en apprentissage ou en contrat de professionnalisation, en fonction de leur âge et de la durée de leur contrat. Et les salariés de moins de 18 ans, lorsqu'ils ont moins de six mois d'ancienneté, sont payés 10 % au-dessous du minimum légal (20 % avant 17 ans). On peut, aussi, considérer que, dans une certaine mesure, l'obligation de rémunérer le stage en entreprise, effective depuis la fin 2009, est un autre moyen de faire travailler des jeunes au-dessous du SMIC (...) »

Mais regrette que ces : « (...) contournements discrets sont restés trop spécifiques pour peser sur un taux de chômage des jeunes »

Donc, selon Pécresse, on doit aller plus loin !

Pour ce faire, il cite l'organisation patronale CroissancePlus qui : « (...) entend briser la glace dans laquelle, depuis vingt ans, est enfermé ce sujet (...) »

CroissancePlus, qui est sorte de mini Medef, a des idées bien arrêtées sur le sujet. En effet, il écrivait en février 2012 : « Le taux d’emploi des jeunes est insuffisant en France (...) Cette faiblesse handicape notre compétitivité et alourdit les dépenses publiques. Parmi les solutions qu’il serait possible de mettre en œuvre figure le « SMIC Jeunes » destiné aux jeunes sans expérience ni diplôme, âgés de 17 à 21 ans. Il aurait pour caractéristique d’être inférieur au montant du salaire minimum brut mais une baisse des charges patronales permettrait de garder un salaire net équivalent. Ce dispositif ferait donc baisser le coût du travail, et mettrait le pied à l’étrier de milliers de jeunes qui gagneraient en compétence et en expérience en étant intégrés dans le monde de l’entreprise (...) »

C'est sans doute par pudeur ou oubli que CroissancePlus ne nous indique pas quel serait la source de financement de cette nouvelle baisse des cotisations patronales, mais dans leur esprit la TVA sociale devrait probablement y pourvoir !

L'inénarrable économiste Francis Kramarz pour qui de toute façon : « Une augmentation du Smic détruirait de nombreux emplois » cité par Jean-Francis Pécresse, déclare : (...) Le SMIC n'est pas trop élevé pour un jeune qui sort de l'université, mais il l'est pour un jeune sans diplôme » Précisant sans rire : « L'assurance de trouver un emploi non qualifié plutôt bien payé dissuade de poursuivre une formation initiale »

Même si les hypothèses de CroissancePlus, de Francis Kramarz  et de Jean-Francis Pécresse ont assez peu de chances de trouver grâce aux yeux des actuels gouvernement et parlementaires de gauche, mon petit doigt me dit qu'il ne faudra pas bien longtemps pour que, la mise en place d'un SMIC-jeunes fasse partie des premières revendications des organisation patronales.

Après tout, le remplacement de salariés seniors partant à la retraite ou dégagés par rupture conventionnelle par des jeunes salariés payés au dessous du SMIC serait certainement apprécié de certains milieux patronaux au titre de la compétitivité des entreprises ... 


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19 juin 2012

Activité économique : Le retour des chantages du Medef ?

Dépités par la défaite de Nicolas Sarkozy et de l'UMP, le Medef voit s'envoler ses rêves de « réforme du marché de l'emploi » et de baisse des cotisations patronales. Ce qu'il espère pourtant obtenir du nouveau gouvernement, plus par chantage que par négociation !




Lorsque les salaires sont bas et qu'on compte plus de 5 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi, il n'est pas étonnant qu'on assiste à  : « (...) une chute des carnets de commandes, des tensions sur les trésoreries, un gel des projets d'embauche, la suppression des projets d'investissements (...) » Car, rappelons le, c'est la consommation et non l'investissement des entreprises, qui tire la croissance française depuis des années. 

Néanmoins, ce n'est pas l'analyse de Laurence Parisot qui expliquait, lors de sa conférence de presse mensuelle, que : « les projets de réformes économiques et sociales du gouvernement de Jean-Marc Ayrault se traduisent par « une angoisse palpable et une inquiétude immense chez tous les entrepreneurs »

Et comment le gouvernement peut-il lever « l'angoisse palpable et l'inquiétude immense » ? 

Hé bien en revenant aux fondamentaux du Medef qui ont été rappelés le même jour dans une tribune, publiée sur le site des Echos, par plusieurs grands patrons français. les signataires en sont : Philippe Varin, le président de PSA Peugeot-Citroën, Pierre-André de Chalendar, le PDG de Saint-Gobain, Jean-Yves Naouri (président exécutif de Publicis Worldwide),  Christel Bories (ex-PDG de Constellium), Pierre Gadonneix (ex-président d'EDF), Benoît Potier (PDG d'Air Liquide), Denis Ranque (ex-PDG de Thales)

Que réclament-ils ? 

Tout simplement ce que Nicolas Sarkozy et l'UMP avaient promis au Medef en cas de réélection !

« (...) une réforme du marché de l'emploi (...) Ces industriels souhaitent à moyen terme une flexibilité accrue du travail, à travers des accords de performance (...) »

En clair, ils demandent que soient mis en place les accords compétitivité-emploi défendus par le précédent gouvernement ainsi, bien entendu, qu'une réflexion sur les obligations en cas de licenciement économique, et peut être, même la mise en place progressive d'un contrat de travail unique à droits progressif, qui permettrait de licencier sans motif et à meilleur coût.  Le tout sans aucun engagement sur l'emploi !

On remarquera au passage que Philippe Varin, le président de PSA Peugeot-Citroën signataire de la tribune envisage de fermer son usine d'Aulnay sous Bois (plus de 3000 salariés). Ce qui ressemble à s'y méprendre à un habile chantage, sachant que la fermeture pourrait intervenir fin juillet. 

Il réclament également : « (...) un allègement des cotisations patronales, afin de favoriser une montée en gamme des produits des entreprises françaises (...) »

Traduction : Ils souhaitent que la TVA sociale soit maintenue. Or, comme l'expliquait il y a encore peu Laurence Parisot, nul ne devrait contrôler l'utilisation de cette baisse qui pourrait être affectée au libre choix des entreprises, à une baisse des prix publics, à l'investissement ou rétrocédée aux actionnaires. Alors la montée en gamme ...

C'est justement au sujet des actionnaires que la patronne du Medef est montée au créneau. Elle s'élève violemment contre un probable prélèvement à la source de 3% sur les dividendes versés par les entreprises à leurs actionnaires.

Quel est le problème de madame Parisot ?

Le nouveau gouvernement souhaite inciter les entreprises à réinvestir leurs profits plutôt qu'à rémunérer grassement leurs actionnaires, explique L'Expansion. Pour ce faire, il propose d'instaurer à partir de l'été un prélèvement à la source de 3% sur les dividendes versés par les sociétés à leurs actionnaires.

Or, il faut savoir que les entreprises qui seraient les plus touchées par ce prélèvement sont loin d'être des TPE-PME puisque les plus concernés seraient : « Total (coût de 170 millions d'euros), Sanofi (123 millions), GDF Suez (101 millions), France Télécom (94 millions), EDF (63 millions), Axa (53 millions), L'Oréal (44 millions), Vivendi (39 millions), Schneider (33 millions) et Danone (30 millions). Sachant qu'en 2011, les groupes du CAC 40 ont distribué 45 milliards d'euros sous forme de dividendes et de rachats d'actions. Un montant en hausse de 15 % par rapport à 2010 » Rappelons aussi que ce sont ces entreprises qui payent le moins d'impôts sur les sociétés.

Donc, madame Parisot a attribué au gouvernement des mauvais points : Sur le coup de pouce au Smic et, surtout, sur le projet de taxe sur les dividendes distribués aux actionnaires.

Conclusion : Afin de délivrer de « l'angoisse palpable et l'inquiétude immense » les entreprises (du CAC 40 ? ), il serait nécessaire de précariser (pardon, flexibiliser) beaucoup plus les salariés, augmenter à nouveau l'âge de départ à la retraite, tout en refusant toute augmentation de salaires qui mettrait en cause la compétitivité. 

Pas certain que cette démonstration fonctionne auprès du nouveau gouvernement et de la nouvelle assemblée, du moins pour l'instant. Mais comme Laurence Parisot est persuadée que la pédagogie est répétitive ... 


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18 juin 2012

Frédéric Lefebvre aux législatives : deux petits tours et puis s'en va !

Si les média ont fait grand cas des défaites de Nadine Morano ou de Claude Guéant apôtres s'il en est du sarkozysme, ils ont zappé celle de Frédéric Lefebvre qui pourtant représentait une synthèse des excès du précédent quinquennat !




Le lobbyiste sarkolâtre Frédéric Lefebvre ne sera donc pas député. En effet, celui qui jouait l'aboyeur à l'Assemblée Nationale en tant que suppléant d'André Santini et s'était vu attribuer la circonscription Etats-Unis Canada en lieu et place de Christine Lagarde partie au FMI, a été battu dimanche par Corinne Narassiguin la candidate PS/EELV.

Le résultat est sans appel puisque celle-ci l'emporte avec 54,01% des voix, dans une circonscription pourtant réputée imperdable pour la droite. Tout comme l'étaient nous rappelle Slate, les autres circonscriptions des français de l'étranger, que l'UMP comptait bien empocher, et dont huit des onze sont allées à la gauche.

Pour en revenir à Frédéric Lefebvre qui a lancé sa campagne en étant ministre et a cumulé les voyages à caractère officiel, comme un voyage à San Francisco et Los Angelès pour  :  « (...)  promouvoir la destination France (...) » ou à Miami pour : « (... ) représenter le gouvernement français lors du premier Symposium Mondial des conseillers de commerce extérieur de la France (... ) » ou en Floride où il rencontrait une communauté d'affaires réunie par son cousin « (...) président de la French-American chamber of commerce of Florida (...) Puis New York où il a profité de ses déplacements pour rencontrer les élus UMP : « (...) à l'abri des regards indiscrets (...) »

Les français de la circonscription qui ne sont pas des demeurés avaient quand même bien compris que celui qui écrivait sur son site qu'il avait : « (...) vécu aux Etats-Unis lorsqu’il était jeune enfant (...) pour, comme le signale le blog Great America : (...) prouver ses liens à la circonscription (...) alors qu'il avait résidé à New York jusqu’à l’âge de… 2 ans, était surtout un opportuniste pressé de trouver un point de chute politique !

Ce qui est clairement résumé par Julien Balkany son adversaire à droite

« (...) La principale raison de la victoire de la gauche réside, sans nul doute, dans les « erreurs de casting » opérées à travers des investitures données à des candidats à recaser. Parachutés à la suite de décisions prises à Paris, considérant ces nouvelles circonscriptions et leurs électeurs comme des lots de consolation, maîtrisant peu ou mal les dossiers locaux, ne partageant pas les préoccupations quotidiennes des Français de l’étranger, évitant les rencontres publiques et le travail de terrain, une partie de ces candidats ont péché par excès de confiance et se sont réposés sur le mythe que le Français de l’étranger est un privilégié qui vote « à droite ». Non, le vote des Français de l’étranger ne se donne pas, il se gagne ! Je l’ai répété à maintes reprises lors de cette campagne : on ne s’improvise pas Français de l’étranger par décret. Les suffrages des électeurs nous a montré que ces investitures n’étaient pas les sinécures espérées (...) »

En fin de compte, Frédéric Lefebvre a eu le tort de croire qu'un bon petit coup de lobbying et un survêtement de l'UMP suffirait pour enfin être élu à l'Assemblée Nationale à Paris où il aurait passé le plus clair de son temps.

Pour ceux qui se demanderaient ce qu'il va devenir, outre l'UMP qui pourra toujours lui fournir une délégation rémunérée, il pourra toujours reprendre du service comme lobbyiste chez PIC Conseil qu'il avait été obligé d'abandonner lors de sa nomination au gouvernement (pour éviter un conflit d'intérêt. D'autant que cette fois, il pourra exercer en tant qu'avocat. Il est clair que son carnet d'adresse ministériel lui permettra de mettre souvent les pieds à l'Assemblée Nationale ... 

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