Le plan stratégique de la direction de Pôle Emploi ne satisfait quasiment personne. Il prévoit de différencier le suivi des chômeurs, mais pas d'augmenter des effectifs de conseillers. Devra t-on être obligatoirement chômeur de longue durée pour bénéficier d'un suivi qualitatif ?
Nous avons a plusieurs reprises écrit sur l'impossibilité de faire fonctionner le « grand service de l'emploi » voulut par Nicolas Sarkozy avec un sous effectif chronique. De fait, on ne compte plus les conseillers qui ont a gérer au delà de 250 chômeurs.Cette situation qui désole le personnel de Pôle Emploi et tétanise les chômeurs n'a jusqu'à présent pas trouvé de solution.
Or, le conseil d'administration de Pôle Emploi vient d'adopter jeudi son plan stratégique 2015 dévoilé par le site La Fusion pour les Nuls.
Quelles sont les principales innovations ?
Au delà du fait que Pôle Emploi pourrait passer des accords avec des sites de petites annonces (Monster). Et utiliser son site comme kiosque permettant aux entreprises de rentrer directement en contact avec les demandeurs d'emploi, la principale innovation serait : « (...) un suivi différencié des demandeurs d'emplois. Les chômeurs de longue durée bénéficieront désormais d'un accompagnement renforcé (...) » la direction de Pôle Emploi indiquant que c'est : « une manière d'alléger le portefeuille des conseillers, qui dans certains cas pouvaient suivre jusqu'à plus de 100 demandeurs d'emploi par mois »
Selon les propres termes François Nogué, le Président du conseil d'administration de Pôle Emploi : « (...) Il nous faut d'abord faire plus pour ceux qui en ont le plus besoin (...) » quant aux autres, ils devront se convertir progressivement d'un accompagnement Web avec : « si nécessaire, un contact physique »
Pour ceux qui sont inscrits à Pôle Emploi, ce discours n'augure, à vrai dire rien de bon ! En effet, après la dématérialisation des courriers qui oblige les chômeurs à disposer ou trouver une connexion internet pour savoir s'ils sont convoqués, et la saturation plus que fréquente et la déhumanisation du 3949, s'ils ne sont pas chômeurs de longue durée, leur isolement risque d'augmenter encore.
En résumé, on propose de continuer sur la logique du précédent gouvernement : Faire plus avec moins !
C'est d'ailleurs le sentiment des syndicats de Pôle Emploi à qui la direction leur a demandé de se prononcer sur le nouveau plan stratégique.
Et ce n'est pas un franc succès nous dit Libération puisque : « (...) Consultés sur la partie organisationnelle du plan, qui préconise notamment de différencier le suivi des chômeurs en fonction de leur capacité à trouver un emploi, quatre syndicats ont voté contre : SNU, FO, CGT et SUD, et cinq se sont abstenus : CFDT, CFTC, Unsa, CFE-CGC et Snap (...) »
Que reprochent-ils ?
Majoritairement ils reprochent, comme l'explique la CGT, un manque cruel de personnel : « (...) A défaut d'embaucher massivement des agents pour assurer l'objectif d'un agent pour 60 demandeurs d'emploi, comme cela était prévu à la création de Pôle Emploi, les signataires ont préféré modifier l'offre de service (...) » La CFDT de son côté réclamant : « 5.000 embauches dont 2.000 immédiatement »
De notre côté, nous ajouterons que cette décision est particulièrement perverse. Car, dans l'hypothèse ou les choix de la direction de Pôle Emploi seraient toutefois appliqués, il est clair que pour obtenir un suivi efficace, il faudrait attendre d'être classé chômeur de longue durée.
Mais en termes de suivi efficace, comme l'indique FO rien de rassurant pour ceux qui sont les plus éloigéns de l'emploi puisque semble t-il le projet de la direction de Pôle Emploi est floue sur : « le nombre de demandeurs d'emploi que devra suivre chaque conseiller »
Lorsqu'on connaît la difficulté de remettre dans l'emploi des chômeurs de longue durée, n'est-il pas préférable d'éviter que ceux qui sont inscrits à Pôle Emploi depuis quelques mois se retrouvent en longue durée ? En fait, nous pensons comme le représentant du SNU que ce projet est avant tout : « plus comptable que social »
Il ressemble d'ailleurs aux choix faits par le précédent gouvernement dans le domaine de la santé. Pour des raisons d'économies et d'optimisation, on a diminué de plus en plus les remboursements. Beaucoup de français ont décidé de faire l'impasse sur certains soins, ce qui aboutira pour un certain nombre d'eux, à des pathologies lourdes, plus difficiles à guérir et mille fois plus coûteuses.
Doit-on appliquer cette logique aux chômeurs ?
La balle est donc dans le camps du gouvernement qui pourrait peut être se poser la question du coût (le double) et de la qualité du service des opérateurs privés dont les résultats sont moins bons que ceux du service public de l'emploi. Ce qui permettrait dans ce cas de recruter de nouveaux personnels qui font actuellement défaut à Pôle Emploi.
A suivre ...