03 octobre 2008

Récession en France : Pudeurs de langage et analyses du FMI

Le ministre français du budget Eric Woerth a estimé vendredi à Antibes (Alpes-Maritimes) que la France était en "récession technique" après deux trimestres de "croissance négative", tout en soulignant que sur l'ensemble de l'année 2008 la croissance sera de 1%.

"Il y a eu deux trimestres qui sont en croissance négative, ça s'appelle une récession technique. Il y a eu une année 2008 qui est en croissance de 1%, alors certes c'est pas beaucoup du tout, c'est même très très peu, mais ça reste de la croissance", a déclaré M. Woerth en marge des journées parlementaires UMP à Antibes.

Critiquant "une sorte de jeu de chasse et de la souris (...) ridicule" entre la presse et les membres du gouvernement pour savoir qui dira "le mot qu'il ne faut pas dire" (récession), M. Woerth a estimé que "ce qui est important, c'est qu'est-ce qu'on fait" car "on ne peut pas se satisfaire de 1% de croissance" ... / ... Source Le Point

Alors, c'est quoi la récession ?

Définition du terme récession par le site Web "L'or et l'argent" (Pièces d'or et investissement de crise)

Résumer la récession à la règle des deux trimestres consécutifs de chute du PIB est une vision pratique mais très limitée car les chiffres du PIB peuvent être trompeurs, ils sont sujets à d’importantes corrections. Selon le magazine The Economist il serait plus logique de définir une récession comme une période au cours de laquelle la croissance est nettement inférieure à son potentiel. Cependant les taux de croissance po­tentielle sont extrêmement difficiles à mesurer et les révisions des chiffres du PIB posent toujours un problème. L’une des solutions serait de faire bien plus attention au chômage, dont les chiffres, quoique imparfaits, ne sont généralement pas sujets à révision. Une hausse du chômage indique de manière fiable que la croissance est passée au-dessous de son potentiel. Mieux, elle correspond à la définition de la récession utilisée par le citoyen lambda. Quand votre voisin vient à perdre son emploi, c’est un ralentissement économique ; quand vous perdez le vôtre, c’est une récession. Mais, quand un économiste se retrouve au chômage, cela devient une dépression.

Voyez-vous, cette définition semble plus claire et balaye la "définition" du bon Monsieur Woerth.

Alors, à gauche, me direz-vous, ils ont probablement des gens qui ont une vision différente et surtout des arguments pour contrer cette gouvernance catastrophique ?

On semble en parler sur le sur le site d'Europe1

"DSK attend que son parti se recentre. Ses arguments sociaux-démocrates ont trouvé un écho dans la nouvelle déclaration de principes du PS. Le député parisien Jean-Marie Le Guen souligne "le coefficient de pénétration de ses idées s'est accru, il est presque devenu consensuel au PS."

Fort bien, mais au fait, Au fait, savez-vous qui en février 2008 écrivait :

"De l'avis des administrateurs, les réformes du marché du travail doivent être au cœur de toute stratégie visant à rehausser la croissance, réduire le chômage et améliorer le pouvoir d'achat des ménages français. Ils observent que le gouvernement a déjà pris des mesures pour atténuer le caractère très restrictif de la réglementation du travail, notamment en assouplissant les dispositions des 35 heures et en encourageant l'accord conclu par les partenaires sociaux visant à rationaliser les contrats d'emploi et à accroître la flexibilité du travail. Les administrateurs saluent aussi les mesures améliorant le fonctionnement des services publiques de l'emploi. Ils insistent sur la nécessité de poursuivre les réformes, notamment pour réduire la compression de l'échelle des bas salaires en évitant à l'avenir les coups de pouce au salaire minimum, en assouplissant encore les dispositions sur le temps de travail et en prenant des mesures plus fondamentales pour améliorer la flexibilité des contrats à durée indéterminée ... / ...

Les administrateurs estiment que les réformes du marché des biens et des services offrent de vraies possibilités d'accroitre sensiblement la production et d'augmenter le bien-être des consommateurs. Ils se félicitent des mesures visant à libéraliser le commerce de détail, qui devraient avoir un effet positif sur l'inflation, ainsi que du projet d'instituer une autorité de la concurrence unique. Plus généralement, il conviendrait d'exploiter pleinement les possibilités de libéralisation offerte par la Directive de l'UE sur les services. ... /...

Les turbulences sur les marchés financiers mondiaux n'ont à ce jour eu qu'un impact limité sur l'économie réelle, et les performances du secteur bancaire restent solides... / ...

L'exposition des banques françaises au marché américain des prêts hypothécaires à risque semble relativement limitée Ils recommandent que les autorités procèdent à la modernisation du marché financier français en rompant avec son passé de marché administré, comme le recommande aussi le récent rapport Camdessus sur l'épargne administrée. Un secteur financier plus efficient contribuerait grandement au renforcement de la croissance économique"

Réponse : Les administrateurs du FMI dont le patron un certain "DSK" n'a certainement pas eu le temps ... d'en prendre connaissance. Le FMI conclut les consultations de 2007 au titre de l'article IV avec la France - Note d'information au public (NIP) n°08/23 (F) - le 20 février 2008

En français, ça s'appelle blanc bonnet et bonnet blanc, Monsieur Le Guen. Et, nous ne sommes pas certain que les français aient cette vision de l'alternance économique


Crise financière mondiale : Fréquence "Rire & Chansons"

Avez-vous remarqué que l'anniversaire des 80 ans de la crise de 1929 aura lieu l'année prochaine, c'est à dire dans quelques mois ?

Les gourous et thuriféraires du libéralisme sans entrave ayant semble t-il disparu des télévisions, radios et journaux, les citoyens de la planète en sont réduis à attendre des déclarations des gardiens des temples monétaires

En ce qui concerne les européens, et surtout ceux qui utilisent l'Euro comme monnaie, nous avons le droit aux déclarations de Jean-Claude TRICHET le gouverneur de la BCE.

Le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet s'est refusé ce matin à prononcer le mot de "récession" au sujet de la France ou de la zone euro qui connaît, selon lui, "une croissance ralentie" - Source Europe1

Cliquez sur le montage pour l'agrandir
Néanmoins, sur France 24, il déclarait :

Jean-Claude Trichet, a estimé jeudi que la crise financière constituait "un événement jamais rencontré depuis la seconde guerre mondiale" et a appelé à une meilleure coordination des Européens pour y faire face.

"Rien dans le passé ne ressemble à ce que nous voyons actuellement", a déclaré M. Trichet. "Les événements en face de nous sont probablement les plus graves depuis la seconde guerre mondiale". "C'est un phénomène de très, très grande ampleur", "une période d'incertitude absolument exceptionnelle", a-t-il souligné.

Globalement, en fonction du jour et du media ... Nous ne sommes pas loin du sketch de Coluche : "on s'autorise à penser dans les milieux autorisés qu'un accord secret aurait pu être conclu ... " En bref, ça va sauter mais on cherche les mots qui peuvent réconforter.

Européens certes, mais vivant en France, nous nous interrogeons sur la réaction de nos "pilotes"C'est notre Premier Ministre (qui après avoir essayé de piquer l'argent des livrets A) s'y colle : François Fillon maintient le cap malgré la récession. Lors des journées parlementaires de l'UMP, le Premier ministre, soucieux de rassurer les partenaires européens de la France, a confirmé vendredi l'objectif d'un déficit public "proche de zéro" en 2012, écartant implicitement l'appel d'Henri Guaino à s'affranchir des critères de Maastricht. Renoncer à maîtriser les dépenses "serait trahir nos engagements européens", a fait valoir l'hôte de Matignon.

"Sang froid, ténacité et unité nationale": le Premier ministre a tenté de montrer dans son discours devant les députés et sénateurs de l'UMP que le cap restait solidement tenu dans "un monde au bord du gouffre" ... - Source Nouvel Obs

Néanmoins : "Pendant que tombaient les prévisions de l'INSEE annonçant que la France était entrée en récession, les parlementaires UMP assistaient jeudi soir à un spectacle d'orques et dînaient au champagne au Marineland d'Antibes"

"Les orques nous ont fait une démonstration extraordinaire", a déclaré Henri de Raincourt, patron des sénateurs UMP avant de porter un toast "à notre nouveau bébé que nous avons conçu ensemble et qui est magnifique", allusion à la récompense de "bébé Blédine" dont M. Larcher avait été honoré dans son enfance - Source Marseille Ville

Une question : Il était frais le champagne ?

Au fait, vous connaissez la différence entre la France et le Titanic ?

Et bien lorsque le Titanic a coulé il y avait au moins un orchestre à bord ...

Montage
Slovar les Nouvelles




02 octobre 2008

Taxi, Roulotte et Corrida ...

Le premier ministre a affirmé mercredi qu'il ne s'interdirait «aucun moyen» pour éviter la faillite d'une banque française (tiens donc, alors, c'est possible ...)

L'idée de François Fillon de puiser dans les excédents du Livret A (destiné à l'origine à la construction de HLM) pour financer les PME a déclenché le feu des critiques. Les syndicats et la gauche redoutent que cette affectation des excédents du Livret A remette en cause la sécurité du produit d'épargne le plus populaire en France. L'excédent de collecte atteint 12 milliards d'euros depuis le début de l'année (sur un encours total de 214 milliards) mais, selon le directeur général de la Caisse des dépôts, entre 20 et 30 milliards d'euros sont placés en titres sécurisés. C'est sur cette somme que lorgne le gouvernement. Le syndicat FO est allé jusqu'à qualifier l'initiative gouvernementale de "détournement de fonds"- Source Le Monde


Sur les 150 milliards centralisés aujourd'hui:

- 105 milliards sont prêtés, notamment à des offices publics d'HLM et sans profit pour la CDD, afin de construire des logements sociaux.

- 30 milliards constituent « une poche de liquidités » selon la CDD. Cette somme est utilisée pour faire face aux retraits des possesseurs de livrets A, donc en cas de décollecte.

- Enfin, le reste, c'est à dire 15 milliards d'euros, appelé le résidu est placé sur les marchés financiers en actions et en obligations.

Il semblerait que ce « résidu » pourrait donc être utilisé pour aider à financer les entreprises et l'économie. Historiquement, depuis la fin du 19ème siècle, les fonds du livret A collectés par la Caisse des dépôts ont déjà été attribués au financement des chemins de fer ou au développement de l'électricité dans les campagnes.

Mais cette fois, les syndicats (Sud PTT et FO) redoutent que cette affectation des excédents du livret A ne serve de réserve de liquidités pour les banques ayant des problèmes de refinancement liés à la crise financière. Source L'Express

Cette fois, on assiste à du grandiose : Les caisses vides et l'incurie des banques et institutions financières vont justifier un véritable hold up légal sur l'épargne des français. Français dont certains seront licenciés dans les mois à venir pour cause de "difficultés économiques"

Sachez tout de même que dans le même temps : "Le financement du milliard d'euros investi par l'Etat dans le plan de sauvetage de la banque franco-belge Dexia pourrait passer par un emprunt de l'Etat, a avancé mercredi le porte-parole du gouvernement Luc Chatel.

"Le mode de financement n'a pas été complètement arrêté", a expliqué le ministre de la Consommation au lendemain de l'augmentation de capital de la banque, à laquelle le gouvernement français et la Caisse des dépôts et consignations (CDC) vont participer à hauteur de trois milliards.

"Il n'est pas exclu que ce financement soit de l'emprunt", a-t-il expliqué. "Il s'agit d'un investissement: l'Etat français va prendre une participation dans un établissement bancaire, avec pour objectif peut-être un jour d'en ressortir, il n'est pas aberrant qu'il soit financé par de l'emprunt - Source AFP

Pour les agios, faites passer .. aux français

Il n'en reste pas moins que la Présidence française de l'Union vous coûtera (pour 6 mois dont deux de congés)

- La présidence de la France coûtera normalement 190 millions d'euros aux contribuables.
- La dernière présidence, en 2000, avait coûté trois fois moins (56,9 millions) et celle de 1995 plus de dix fois moins (14,1 millions).
- Le Parlement a voté ce budget, qui comprend trois parties, à l'automne dernier.

Les dépenses

1ère partie: les activités obligatoires et traditionnelles de la présidence:
- Budget: 89 millions d'euros, en autorisation d'engagement.
- Il s'agit des réunions du Conseil européen et du conseil des ministres, celles des hauts fonctionnaires, les réunions ministérielles préparatoires, les séminaires avec la Commission et le Parlement...

2e partie: les manifestations propres à la présidence française:
- Budget: 82 millions d'euros, en autorisation d'engagement.
- Cela comprend le sommet de l'Union pour la Méditerranée, la saison culturelle européenne, le 60e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'Homme, les journées européennes du développement...

3e partie: les actions de communications:
- Budget: 19 millions d'euros, dont 15 millions pour la communication et 3,35 millions pour le fonctionnement du secrétariat général de la présidence.
- La présidence de la France coûtera normalement 190 millions d'euros aux contribuables.
- La dernière présidence, en 2000, avait coûté trois fois moins (56,9 millions) et celle de 1995 plus de dix fois moins (14,1 millions).
- Le Parlement a voté ce budget, qui comprend trois parties, à l'automne dernier. - Source Challenge


Allez, juste pour le plaisir, quels étaient les engagements du candidat Sarkozy ?

Mon projet : ensemble tout devient possible (Source http://www.sarkozy.fr)

1. Mettre fin à l'impuissance publique
2. Une démocratie irréprochable
3. Vaincre le chômage
4. Réhabiliter le travail
5. Augmenter le pouvoir d'achat
6. L'Europe doit protéger dans la mondialisation
7. Répondre à l'urgence du développement durable
8. Permettre à tous les Français d'être propriétaires de leur logement
9. Transmettre les repères de l'autorité, du respect et du mérite
10. Une école qui garantit la réussite de tous les élèves
11. Mettre l'enseignement supérieur et la recherche au niveau des meilleurs mondiaux
12. Sortir les quartiers difficiles de l'engrenage de la violence et de la relégation
13. Maîtriser l'immigration
14. De grandes politiques de solidarité, fraternelles et responsables
15. Fiers d'être français

Vous pouvez recopier cette liste et l'adresser par courrier à :
Présidence de la République
55 Rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

Mais il est possible que la ou les réponses se fassent attendre ...


Source et copyright titre

Taxi, roulotte et corrida : Réalisation : André Hunebelle, Scénario : Jean Halain - Un chauffeur de taxi parisien, Maurice Berger, qui part en Espagne passer ses vacances avec sa femme Germaine et son fils Jacques, accepte d'accrocher à sa voiture la roulotte confectionnée par son beau-frère Léon, accompagné de sa femme Mathilde et leurs fille Nicole. Pleins de bonne humeur, tous ces vacanciers passent la frontière. Bien des péripéties les attendent. En particulier, le passage de malfrats, voleurs de diamants que Maurice recèle à son corps défendant.

Crédit dessin
Le Placide

01 octobre 2008

Le retour du serpent de mer "formation permanente"

Crise économique et retour du chômage aidant, on reparle du rôle de la formation permanente comme outil miracle contre les circonvolutions du système.

Une fois de plus, les syndicats et les organisations patronales ont ouvert mardi la négociation sur la réforme de la formation professionnelle en réaffirmant l'autonomie des partenaires sociaux sur le calendrier et les sujets à aborder, face au gouvernement qui les presse de conclure.

Une fois de plus on notera que le gouvernement essaye de traiter au pas de charge un problème qui au-delà de sa complexité fait partie des sujets sur lesquels il est impossible d'obtenir l'unanimité. Car : "Le gouvernement souhaite que cette négociation interprofessionnelle s'achève dans trois mois, en préalable à un projet de loi qu'il veut présenter avant la fin de l'année"

Allez hop, encore une loi qui ne verra probablement jamais ses décrets d'application. Mais en termes de communication politique tout est bon à prendre ...

Au delà du "bon coup" médiatique préparé par le gouvernement, il faut parer au plus vite à la parution d'un rapport de la Cour des comptes publié aujourd'hui.

Ce rapport pointe en effet sur les mécanismes de cette formation et sur l'efficacité obtenue. En effet, lorsqu'on sait que celle-ci représente 25,9 milliards d'euros, soit 1,5% du Produit intérieur brut (PIB), dont 10,5 mds d'euros venant des entreprises, 4,4 mds de l'Etat, et 3,2 mds des régions (selon un dernier bilan datant de 2005) et que les employeurs continuent à nous infliger la ritournelle du "nous manquons de personnel formé ... nous devons pouvoir adapter les connaissance de notre personnel ...." et autres lamentations, on est en droit de s'interroger dans la mesure ou une partie de ces fonds est gérée par les partenaires sociaux.

Que dit le rapport de la Cour des Comptes ?

La Cour des comptes épingle la formation professionnelle tout au long de la vie. Dans un rapport rendu public mercredi 1er octobre. Nous vous livrons ci-dessous le texte du communiqué de presse

1. Les formations sont largement inadaptées aux besoins des individus et des entreprises.
La formation professionnelle initiale ne garantit pas aux jeunes qui en bénéficient une insertion satisfaisante sur le marché du travail tandis que la formation continue, loin de donner une deuxième chance aux personnes en ayant besoin, bénéficie en priorité aux personnes les mieux insérées dans l’emploi.

2. Les financements sont abondants (plus de 34 milliards d’euros en 2006) mais très insuffisamment mutualisés ; les circuits financiers sont excessivement cloisonnés et peu contrôlables.

3. Les intervenants sont éclatés à l’extrême et ne coordonnent qu’insuffisamment leurs actions.

La Cour appelle donc à une profonde réforme d’un système inefficace, inéquitable et coûteux. Ses recommandations s’articulent autour des trois axes suivants :

1. Adapter l’offre de formation aux besoins des individus et des entreprises.
En matière de formation initiale, l’Etat et les régions doivent mieux se coordonner pour que les formations en lycées professionnels et en apprentissage soient plus complémentaires et mieux adaptées aux besoins du marché du travail. En matière de formation continue, les opérateurs publics – AFPA et réseau des GRETA – doivent faire évoluer sans délai leur forme juridique et leurs modes de gestion. La possibilité d’un rapprochement ou d’une mise en commun de leurs moyens ne doit pas être exclue. Enfin, les régions doivent s’attacher, dans le cadre des commandes publiques de formation, désormais soumises au droit de la concurrence, à exercer complètement leurs responsabilités et à définir précisément en fonction des besoins le contenu des actions financées, en rupture avec la logique de l’offre qui continue largement à prévaloir.

2. Clarifier les modalités de collecte des fonds de l’apprentissage et de la formation continue et assurer leur meilleure répartition

Les réformes à mettre en œuvre doivent viser non pas à accroître des moyens déjà abondants, mais à les mutualiser beaucoup plus fortement et à les réorienter vers les publics qui en ont le plus grand besoin tout en diminuant très sensiblement les coûts de collecte. Une diminution du nombre d’organismes collecteurs apparaît donc nécessaire, ce qui suppose que l’on rehausse le seuil de collecte donnant accès à l’agrément ; l’hypothèse d’une fusion du réseau de collecte des fonds de la formation professionnelle avec celui de la taxe d’apprentissage, voire celle d’un transfert de la collecte de l’ensemble de ces contributions aux URSSAF, devraient être examinées à cette occasion.

3. Créer les conditions d’une stratégie coordonnée en matière de formation tout au long de la vie

La mise en œuvre d’une telle stratégie suppose un renouvellement complet des méthodes de coordination entre les acteurs.
- Elle pourrait s’appuyer sur une instance commune de diagnostic et de programmation, réunissant l’ensemble des acteurs de la formation professionnelle, tant au niveau national (elle s’appuierait sur l’actuel Conseil national de la formation tout au long de la vie) qu’au niveau local ;
- un dispositif commun de financement abondé par l’ensemble des acteurs, et notamment les organismes collecteurs des fonds de la formation professionnelle ;
- un dispositif d’information et d’évaluation de nature à combler les importantes lacunes constatées dans ce domaine.

Certains argueront que la Cour des Comptes est avant tout un organisme gouvernemental coupé de la réalité des entreprises ...

En réponse à ces sceptiques, Slovar s'est procuré un document (public) édité par la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris dont le titre est : "Près de six Français sur dix n'ont jamais suivi de formation continue"


Près de six Français sur dix âgés de 18 à 60 ans n'ont jamais suivi de formation professionnelle continue, selon une enquête d'opinion nationale réalisée auprès de 1 020 personnes par l'Ofem (Observatoire de la formation, de l'emploi et des métiers) de la CCIP et rendue publique dans le cadre du forum de la formation continue organisé la chambre consulaire, mardi 30 septembre 2009. Parmi, les 42% de personnes interrogées ayant suivi au moins une action de formation au cours de leur vie professionnelle, le profil type du bénéficiaire est un homme de 45 ans, issu des CSP (catégories socioprofessionnelles) supérieures et intermédiaires, avec un niveau de diplôme au moins égal à bac+2.

Près des trois quarts (72%) des personnes interrogées considèrent que l'entreprise est la première bénéficiaire des formations suivies par ses salariés. Un peu plus d'une sur deux (54%) citent le développement de la culture et de ses connaissances générales. Le bénéfice professionnel personnel est l'item le moins bien placé (25%).

Plus des trois-quarts des Français estiment connaître ce que recouvre la formation continue. Cette appréciation est sensiblement la même quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle ou le niveau de diplôme considéré. Ils considèrent très majoritairement (80%) qu'elle s'adresse à tous (cadres, employés, ouvriers, chômeurs, non salariés) et 87% affirment que la formation continue doit aussi s'adresser aux plus diplômés. Ils sont d'accord à 88% avec le fait qu'il n'y a pas d'âge pour effectuer une formation.

HORS TEMPS DE TRAVAIL

Les trois-quarts jugent qu'un diplôme obtenu par la formation continue est "aussi bien" qu'un diplôme scolaire ou universitaire. L'effet "seconde chance" est cité par 80% des personnes interrogées: selon elles, la formation continue permet d'obtenir un diplôme "qu'on a pas pu avoir plus jeune". Près de neuf sur dix (88%) assurent qu'il est "indispensable de se former tout au long de sa vie et qu'un seul diplôme ne suffit plus".

Plus de 60% des Français seraient prêts à suivre une formation sur leur temps personnel et à en financer une partie. Les CSP supérieures disposant d'un haut niveau de diplôme y sont le plus favorables: 47% d'entre elles seraient tout à fait d'accord pour le faire contre 34% des CSP intermédiaires et inférieures. Toutefois, sur le principe, les Français déclarent à 60% que l'entreprise doit être le premier financeur, l'État le deuxième (35%), l'individu le troisième (15%).

L'enquête est consultable à l'adresse: http://www.forum-formation-continue.ccip.fr

Alors puisque tout le monde semble d'accord sur le constat, que va t-on probablement faire dans les tous prochains mois ?

Les organisations d'employeurs vont mettre en avant le fait que "dans des entreprises de moins de 20 salariés, il est impossible de permettre à un ou plusieurs de ces salariés de suivre des formations puisque cela mettrait en cause le bon fonctionnement de l'entreprise". Il sera probablement proposé que les salariés qui souhaitent se former le fassent pendant leurs RTT (pour ceux qui en ont encore) ou sur leurs congés.

Les syndicats de salariés pour qui les entreprises de moins de 50 personnes (où elles ne mettent jamais les pieds) sont des" cas à part" manifesteront mollement leur désaccord sans plus d'enthousiasme.

Le gouvernement bien aidé en cela par des parlementaires soumis aux différents lobbies décidera que les nouvelles mesures seront incitatives mais pas obligatoires (comme le demande régulièrement la CGPME fer de lance des PME et TPE)

Dans la mesure où les salariés éparpilles des 97% d'entreprises de moins de moins 20 salariés ne revendiquent ni ne se mettent jamais en grève, on passera à autre chose. Pour mieux resservir dans quelques temps si nécessaire un retour du serpent de mer de la formation ou même ... de la participation.


30 septembre 2008

Bien mal acquis ne profite jamais ! Faut voir ...

Qui peut dire si le tsunami financier légué par les Etats Unis au monde ne va pas arranger certaines affaires ?

C'est vrai qu'il est impossible à moins de vivre dans une grotte hermétiquement close, de ne pas être informé de la crise financière mondiale. Cette crise qui selon le Président en exercice de l'Union Européenne serait bien entendu exclusivement due aux vautours de la finance américaine.

Selon le discours très "marxiste" du locataire de l'Elysée, la France et à fortiori l'Europe ne possèderaient aucune des caractéristiques qui ont mené le capitalisme jusqu'au bord du gouffre. Les très récents sauvetages de banques britanniques et belges ne sont pourtant qu'un prélude à la poussière que l'on souhaitait "cacher sous le tapis"

Dans le déferlement d'informations toutes plus catastrophiques que les autres, une information est passée inaperçue, et c'est dommage.

L'UIMM va démarrer une campagne de communication en faveur des métiers de l'industrie où il va falloir recruter 100 000 personnes par an. "Nous nous engageons à financer des programmes d'insertion des jeunes et des adultes en difficulté. Ce sera notamment notre réponse à Martin Hirsch, le haut commissaire aux solidarités actives, qui nous avait sollicités lors du lancement du RSA.

Pour la formation et la lutte contre l'exclusion, nous avons prévu de créer une fondation qui bénéficiera de 20 millions d'euros abondés chaque année de 10 millions supplémentaires. Un fonds de développement et d'aide au capital des PME sera instauré, doté de 50 millions d'euros. Par ailleurs, nous allons proposer la création d'une fondation pour renforcer les relations entre l'industrie, la recherche et l'enseignement supérieur qui recevra au départ 10 millions d'euros puis 2 millions par an... " ... / ...

Qui gérera et assurera le contrôle de ces actions ?

Tous ces projets seront financés grâce aux intérêts générés par les réserves. Cela représente 255 millions d'euros sur cinq ans. Nous sommes la seule branche professionnelle à engager de telles actions qui seront gérées, selon leur nature, par des dirigeants de l'UIMM et des experts. Nous n'avons pas encore décidé si les fondations seront spécifiques ou abritées à la Fondation de France. Source Le Monde

Fort bien, mais il faut semble t-il, tempérer l'enthousiasme des foules, puisque Sabine Syfuss-Arnaud, grand reporter à Challenges dans son article du jeudi 25 septembre écrit : "Le mystère UIMM demeure épais, donc. A ce jour, il y a eu neuf mises en examens, et de nouvelles auditions devraient être lancées début octobre. La brigade financière travaille toujours sur le dossier, mais à effectifs réduits. Il y a dix jours, François Werner, le patron de Tracfin -la cellule anti-blanchiment de Bercy- celui là même qui avait transmis, il y a un an, le dossier à la justice, a quitté discrètement ses fonctions…

Aujourd’hui, veille de la date anniversaire, l’UIMM, avec sa nouvelle direction qui se présente blanche comme neige, avait convié les médias à une conférence de presse. Elle devait annoncer à quelles fins seraient utilisés les centaines de millions d’euros de la Caisse d’entraide. Las, l’événement a été annulé. Officiellement pour cause d’actualité chargée. Un communiqué sera envoyé en fin d’après-midi. Sans doute plus facile à gérer que des questions trop insistantes de journalistes Source Challenge

Ne cherchez aucune réaction de la part de Bercy, du Commissariat aux Solidarités actives contre la pauvreté ni du MEDEF, il n'y en a pas. Par contre, "Ce sera notamment notre réponse à Martin Hirsch, le haut commissaire aux solidarités actives, qui nous avait sollicités lors du lancement du RSA. Pour la formation et la lutte contre l'exclusion, nous avons prévu de créer une fondation qui bénéficiera de 20 millions d'euros abondés chaque année de 10 millions supplémentaires" ça sent la rédemption et peut être ... l'accord amical ?

Pour ceux qui l'auraient oublié, l'affaire UIMM c'est :

Les caisses noires d’argent sale du MEDF-UIMM atteignaient 600 millions d’euros. Certains disent un milliard. Cela représente un cinquième de ce qui a été perdu par les spéculations financières aventureuses de la Société générale, huit fois plus que l’enjeu de la dernière grève SNCF, douze fois plus que les crédits de Martin Hirsh pour faire travailler les pauvres au RSA. Cela a été révélé le 26 septembre 2007 : la bande organisée ( Denis Gautier-Sauvagnac, Laurence Parisot, Michel de Virville, D. de Calan...) qui trafiquait cet argent sale pour corrompre des politiques et casser des grèves, payer des salaires en liquide sans cotisations, s’octroyer des prêts gratuits, n’est toujours pas sous les verrous.

Les entreprises qui cotisaient à ces fonds secrets redistribués en mallettes de 26 à 32 kg à raison d’au moins 2 millions d’euros par an, ne sont pas inquiétées.

D’où vient l’argent ? Ou va t il ? C’est l’omerta.

Il n’y a guère de journalisme d’investigation sur le sujet. Les révélations sur la façon dont le Medef détourne des fonds, des locaux, des permanents sur le compte de la médecine du travail sont aussi restées sans suite ... / ... Source D& S

Dans le détail par France 24 du 29 février 2008 :

L'ancien président de l'UIMM, Denis Gautier-Sauvagnac, a négocié une indemnité de départ d'un 1,5 million d'euros et la prise en charge financière par l'organisation patronale des conséquences de l'affaire des retraits suspects des caisses du patronat de la métallurgie.

Révélés par l'hebdomadaire Marianne à paraître samedi, ces deux accords conclus entre DGS et l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) ont été négociés respectivement début novembre et fin décembre, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier. Dans la soirée, l'UIMM a confirmé qu'"une transaction a été signée début décembre 2007 pour mettre fin à des différents existant entre les parties. Dans le cadre de cette transaction, un montant de 1,5 million d'euros bruts, soumis à cotisations sociales et à impôts, a été versé à Denis Gautier-Sauvagnac".

Selon Marianne un second accord "garantit à M. Gautier-Sauvagnac que toutes les condamnations éventuelles liées à la procédure judiciaire en cours seront financièrement prises en charge par l'UIMM". Le contenu de ce second accord aurait été, selon l'hebdomadaire, "partiellement dissimulé à certains membres du bureau" de l'UIMM qui réunit des dirigeants de grands groupes industriels français.

L'UIMM affirme de son côté avoir, après une décision du bureau "à l'unanimité", signé un accord avec DSGS "au terme duquel l'UIMM assumerait les seules éventuelles conséquences fiscales" pour M. Gautier-Sauvagnac de l'affaire des retraits suspects. Ce dernier pourrait en effet faire l'objet d'un redressement fiscal pour avoir perçu des primes non-déclarées sur les fonds prélevés en espèces des caisses de l'organisation patronale

Selon une source proche du dossier, ces accords, négociés avec Michel de Virville, mandaté par le bureau de l'union patronale, auraient pour objectif de s'assurer du silence de M. Gautier-Sauvagnac dans le dossier, pour lequel il a été mis en examen le 15 janvier, notamment pour "abus de confiance". Quelque 19 millions d'euros ont au total été retirés entre 2000 et 2007 sous son autorité. Les enquêteurs soupçonnent que la majeure partie de ces sommes a pu servir au financement occulte de syndicats.

Denis Gautier-Sauvagnac n'en dit rien et se contente d'affirmer qu'il avait procédé, comme ses prédécesseurs, "à des remises de fonds aux représentants des organismes participant à la vie sociale du pays" "Je n'ai sur ce sujet aucun commentaire à faire", a déclaré à l'AFP Me Jean-Yves Le Borgne, avocat de DGS.

Ces deux contrats n'ont pas été versés au dossier instruit par le juge financier Roger Le Loire, selon des sources judiciaires.

... / ...

Selon Marianne, le contrat conclu en novembre stipulerait qu'il "quittera ses fonctions de délégué général au plus tard le 31 janvier 2009". Dans ce dossier, le délégué général adjoint de l'UIMM, Dominique de Calan, a lui aussi été mis en examen le 14 février pour complicité et recel d'abus de confiance. Selon une source proche du dossier, il pourrait avoir conclu des accords similaires à ceux de Denis Gautier-Sauvagnac, une affirmation démentie de source proche de l'UIMM.

Certes, l'indemnité de Denis Gautier-Sauvagnac a été diminuée et un certain nombre de protagonistes ont été soit mis en examen. Le MEDEF "pris à la gorge" a suspendu de leurs fonctions quelques protagonistes trop exposés et Madame Parisot nous a gratifié de discours sur l'éthique et le "responsable mais pas coupable" ... Alors que : "tous (Ceyrac, Gattaz, Dewavrin) expliquent que c’était un secret de polichinelle, que cela existait depuis 123 ans, ou selon, depuis 1901 ou 1947 ou 1968, qu’il y a eu jusqu’à un milliard d’euros, dans la caisse puisque Mme Parisot a reconnu qu’elle était « salie » et que « beaucoup savaient inconsciemment » ce « secret de famille honteux » Source D&S

Et voila que justement en période de caisses vides, de retour de la pauvreté et de marasme financier, ce qu'on peut considérer comme le plus grand scandale économico financier français (des responsables de l'UIMM reconnaissent avoir financé des syndicats et brisé des grèves de salariés et affirment avoir versé des sommes importantes à des partis politiques) risque de tomber dans l'oubli et un règlement sommes toutes amiable.

Et pourquoi , une commission arbitrale (par exemple) pour régler le problème ?


On peut lire ce matin dans Les Echos : "Pour « montrer la voie » à l'Etat, la présidente du Medef a jugé hier nécessaire de réduire les cotisations chômage. Cette annonce survient alors que le gouvernement table sur une stabilisation de l'emploi en 2009, qui risque de peser sur les comptes de l'Unedic Source Les Echos

Ouest France nous fait découvrir une autre déclaration tonitruante :

"Laurence Parisot critique la politique fiscale du gouvernement à deux jours de la présentation du budget. Il faut faire baisser les impôts, dit-elle.

Les entreprises sont écrasées par le poids des charges. Cette doléance du patronat n'est pas nouvelle. Hier, la présidente du Medef a évoqué une fois encore ce sujet qui fâche. Un moment qui ne doit rien au hasard. Le projet de loi de finances 2009 sera présenté, vendredi, en Conseil des ministres. Et ce qui s'annonce n'augure rien de bon, selon l'organisation patronale.

« Dans un contexte de crise, toute hausse des prélèvements obligatoires peut faire déborder un vase déjà quasi trop plein. Aujourd'hui, on estime que la France est en danger, assure Laurence Parisot. Nous avons de bonnes raisons de croire qu'on repart à la hausse. Je prédis une situation catastrophique, si on ne prend pas la décision d'inverser la tendance. »

Et de souligner que la France a le niveau de prélèvements obligatoires « le plus élevé au monde ». Sans pouvoir l'évaluer précisément, puisque, selon elle, « aucune source officielle n'en donne le montant total ».

Et de conclure : "L'organisation patronale a notamment fustigé la pénalité de 1 % sur la masse salariale, envisagée par le gouvernement pour les entreprises qui n'auront pas conclu un accord avec les syndicats ou établi un plan d'action sur l'emploi des seniors d'ici à la fin 2009. « Il y a, aujourd'hui, une logique punitive qui n'est pas acceptable », dénonce Laurence Parisot"

Sans commentaire ... ou plutôt si, mais j'ai peur de pas avoir assez de place ...


Crédit image
ATTAC Belgique

29 septembre 2008

Les Français et la pauvreté

Si dans les années 60 ou 70 la pauvreté était surtout représentée par des populations marginales, il était possible de ne pas connaître ses affres en trouvant un travail.

Travail qui permettait dans beaucoup de cas de rapidement s'élever dans la société et de construire une famille et un patrimoine (même modeste) puis d'espérer vivre correctement sa retraite.

Or, depuis quelques années, les CDD les temps partiels non souhaités et autres contrats précaires ont fait émerger en France et en Europe une catégorie que connaissaient depuis longtemps les américains : Les travailleurs pauvres. Ce statut conduit invariablement leurs proches à la pauvreté et surtout, inquiète de plus en plus de français qui se disent que chacun d'eux peut être un jour ou l'autre confronté à ce problème majeur.

Les déclarations des élus de la majorité présidentielle exhortant les pauvres à retrouver un travail pour retrouver leur dignité sont indécents et tellement pétris d'incompétence qu'on serait tenté de dire que pour certains députés ou sénateurs parler de la pauvreté c'est (comme le disait Pierre Desproges) "comme si le pape parlait du stérilet de ma belle soeur"

Sortir de la pauvreté par le travail n'est plus une réalité. Or, il va "falloir faire" avec 1,5 milliards d'Euro pour justement conjuguer emploi et sortie de la misère. Pour ceux qui l'auraient oublié : En 2005, Martin Hirsch avait chiffré les besoins pour le RSA entre 4 et 8 milliards d'euros. Lors de la campagne présidentielle, quand Royal et Sarkozy avaient tous les deux acheté son idée, la facture oscillait entre 2 et 3 milliards. «Avec 1,5 milliard, on sait faire» déclare aujourd'hui le même Martin Hirsch.

On en rirait si le sujet n'était pas aussi grave !!!

Afin de donner un peu de clarté au débat, il serait bon de se poser une question : Mais c'est quoi la pauvreté ?

Selon la définition de la pauvreté utilisée (seuil à 50 % ou à 60 % du niveau de vie médian), la France comptait en 2006 entre 4,2 et 7,9 millions de personnes pauvres. La part de personnes pauvres est comprise entre 7,1 et 13,2 %.

Une frange considérable de la population manque de ressources. Il ne s’agit pas (dans la plupart des cas) de dénuement total, comparable à ce que l’on rencontre dans les pays les plus pauvres. Il n’empêche que des millions d’enfants, d’hommes et de femmes vivent à l’écart des normes de la société. Ils n’aspirent pas seulement à manger, mais à avoir un logement décent, à étudier ou à travailler, à se soigner... comme les autres. Cette pauvreté suscite l’indignation dans tous les milieux sociaux, mais elle est souvent déconnectée de la question des inégalités de façon générale
... / ...

L’évolution récente :

En considérant les données 2005 et 2006 de l’Insee tirées d’une nouvelle série qui intègre les prestations sociales réelles (et non plus estimées) et une prise en compte plus complète des revenus des produits financiers, le taux de pauvreté stagne (13,1 % en 2005 et 13,2 % en 2006). Depuis, la situation de l’emploi s’est améliorée et le nombre de Rmistes a diminué. Les années 2007 et 2008 ne seront pas nécessairement marquées par une hausse de la pauvreté. Encore faut-il mesurer la qualité des emplois (certains sont rémunérés à un niveau inférieur au seuil de pauvreté) et ne pas oublier que la situation d’un grand nombre de personnes pauvres ne dépend en rien de celle de l’emploi (personnes âgées, enfants, handicapés, etc.) - Source Observatoire des inégalités

Le Parisien, dans son numéro daté du 23 septembre, estime à 2 millions le nombre de ménages pauvres contre 1,7 millions il y a sept ans. 55% sont des hommes et 45 % des femmes, toujours selon le quotidien. Le seuil de pauvreté est atteint quand une personne seule gagne 880 euros par mois. Il se situe à 1 320 euros pour un couple, à 1 580 pour un couple avec un enfant et 1 140 euros pour une famille monoparentale avec un enfant, selon les critères avancés par Le Parisien.

Le débat fait rage depuis quelques temps autour du RSA porté par Martin Hirsch pour lequel l'opposition de gauche devrait voter alors que dans la majorité présidentielle, on traine les pieds : "Soutenu par une majorité, les plus libéraux de l'UMP se sont rebiffés contre la création d'une taxe de 1,1 % sur le revenu du capital et de l'épargne. Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée Nationale, a demandé que cette taxe soit transitoire et qu'elle disparaisse quand le RSA atteindrait son objectif. Au final, la taxe RSA pourrait être financée par un plafonnement global des niches fiscales - Souce Nouvel Obs

Au delà des avis des uns et des autres sur le montant affecté au RSA, les méthodes plus ou moins libérales (au sens économique du terme), les français une fois de plus semblent écarté du débat sur la pauvreté. C'est pourquoi nous avons jugé bon de publier des extraits d'une étude réalisée les 22 et 23 août 2008 par l'IFOP à la demande du Secours Populaire.

LES FRANÇAIS ET LA PAUVRETÉ : UNE CRAINTE DE PLUS EN PLUS FORTE, UN SEUIL TOUJOURS AUSSI ELEVÉ

La crainte de voir ses enfants tomber dans la pauvreté se répand de plus en plus au sein de la population, notamment au sein des catégories populaires

De plus en plus de Français craignent de voir leurs enfants tomber dans la pauvreté. En effet, pour 85% d’entre eux – ils étaient 80% il y a un an –, les risques que leurs enfants connaissent un jour une situation de pauvreté sont « plus élevés » que pour leur génération.

... / ...

A noter que ces risques apparaissent chez les répondants d’autant plus élevés que leur niveau d’étude est bas : inférieur à la moyenne chez les diplômés du supérieur - où elle atteint déjà le chiffre de 46% -, elle monte à 59% chez ceux qui ont un niveau d’études inférieur au Bac.

Les Français situent le seuil de pauvreté au-dessus du seuil officiel établi pour le RSA

Officiellement, le seuil de pauvreté établi pour l’obtention du Revenu de Solidarité Active est de 880 € pour une personne seule, c'est-à-dire 60 % du revenu médian (norme Eurostat). Or, ce seuil est loin du niveau de revenu en dessous duquel les Français considèrent une personne pauvre dans un pays comme la France.

En effet, d’après cette enquête, ces derniers situent, en moyenne, le seuil de pauvreté à 1 006 € nets/mois pour une personne seule, soit exactement le niveau du SMIC net mensuel avant sa réévaluation du mois dernier. A noter qu’il y a an, ils situaient ce seuil à peu près au même niveau : en moyenne à 1 016 € nets. Le salaire minimum reste donc dans l’esprit des Français comme la barrière en dessous de laquelle ils considèrent une personne pauvre.

... / ...

Une conception de la pauvreté élargie aux conditions de vie d’ordre matériel ou culturel

Au-delà de cette évaluation « monétaire » de la pauvreté, différentes situations sont perçues par les Français comme un signe de pauvreté. En effet, leur conception de la pauvreté ne se limite pas au seul état d’indigence

Aux yeux des Français, la pauvreté, ce n'est pas seulement être dans le dénuement total mais aussi ne pas pouvoir accéder à la culture, aux loisirs ou aux soins. Par exemple, en ce qui concerne l’alimentation, l’accès au minimum vital nécessaire à tout individu n’est pas considérée comme suffisante pour échapper à la pauvreté. Pour la quasi-totalité des Français (92%), ne pas réussir à se procurer une alimentation « saine et équilibrée » est aussi un signe de pauvreté. Leur conception de la pauvreté est donc aussi qualitative que quantitative.

... / ...

LES DIFFICULTÉS D’ACCES A LA SANTÉ : UN AUTRE SIGNE DE PAUVRETÉ

Dans le cadre de la seconde vague du baromètre, Ipsos et le Secours populaire ont consacré un volet spécifique aux questions de santé et plus particulièrement aux problèmes d’accès aux soins qu’ils soient liés à des questions de coût ou de distance.

Deux Français sur cinq ont déjà retardé ou renoncé à des soins à cause de leur coût

L’enquête révèle qu’à cause de leur coût, près de deux Français sur cinq (39%) ont déjà retardé ou renoncé à des soins, cette proportion montant à 52% dans les foyers les plus pauvres (moins de 1 200 € nets / mois). Ainsi, près d’un Français sur trois a déjà retardé ou renoncé à l’achat de prothèses dentaires (31%) ou de lunettes (29%). Et il faut souligner qu’en ce qui concerne l’achat de produits d’optique, cette proportion est deux fois plus élevée dans les foyers les plus pauvres (40%) que dans les foyers les plus riches (20%).

... / ...

De plus en plus de Français renoncent à consulter leur médecin en raison de la distance

L’étude révèle que 17% des Français ont déjà renoncé à une consultation chez un médecin pour des raisons d’éloignement géographique. Mais dans un contexte de hausse du prix des carburants,/ l’enquête montre aussi que leur nombre a sensiblement augmenté par rapport à l’an dernier.

Pour ce qui est des généralistes, la proportion de personnes ayant déjà renoncé à une consultation est passée de 6% (enquête Ipsos / C.I.S.S. du mois de septembre 2007) à 9% en un an. Et pour ce qui est des spécialistes, cette proportion est passée de 9 à 13%. Ainsi, la proportion de personnes ayant déjà renoncé à une consultation est toujours plus importante pour les consultations de spécialistes que pour les consultations de généralistes. Sans doute que la densité du maillage territorial des médecins traitants n’y est pas étrangère.

... / ...

DE FORTES DISPARITÉS EN MATIERE DE SANTÉ ET D’ALIMENTATION EQUILIBRÉE

En dehors de leurs problèmes d’accès aux soins, cette enquête montre que les plus pauvres perçoivent leur état de santé de façon plus négative que le reste de la population, sachant que près de la moitié admettent avoir du mal à se procurer une alimentation saine et équilibrée.

... / ...

Dans l’ensemble, le taux de satisfaction des Français à propos de leur état de santé est élevé : ils sont neuf sur dix (89%) à se dire satisfaits de leur état de santé par rapport aux personnes de leur âge, plus d’un tiers (36%) se disant même « très satisfait ».

... / ...

Mais surtout, l’insatisfaction à l’égard de son état de santé est particulièrement forte chez les personnes ayant les plus bas revenus : 22% des répondants aux revenus inférieurs à 1 200 € nets par mois se disent insatisfait de leur état de santé, contre seulement 3% des répondants ayant des revenus supérieurs à 3 000 € nets par mois. Le taux de satisfaction des français appartenant aux catégories de revenus comprises entre 1 200 et 3 000 € se situe, lui, dans la moyenne.

Un tiers des Français n’a pas les moyens de s’offrir une alimentation saine et équilibrée

Ces différences sociales dans la perception de son état de santé se retrouvent sur les questions d’accès à une alimentation saine et équilibrée. Dans l’ensemble, la grande majorité de Français situe plutôt bien sa situation en matière d’alimentation : 81% ont le sentiment d’être bien informé sur le sujet, 80% déclarent avoir globalement une alimentation saine et équilibrée et 70% disent avoir les moyens financiers pour disposer d’une alimentation saine et équilibrée.

... / ...

Voir le diaporama des résultats disponible sur le site de l'IFOP

Nous espérons que nos élus en auront pris connaissance lorsqu'il vont définir les règles d'application du RSA et éventuellement supprimer ou diminuer les emplois aidés ...

Mais dans la mesure où : "Le gouvernement exclut de retirer du bouclier fiscal la taxe pour le RSA ... / ... La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a affirmé, dans un entretien au quotidien La Tribune lundi, que la taxe sur les revenus des capitaux de 1,1%, prévue pour financer le revenu minimum de solidarité, entrera dans le calcul du bouclier fiscal. Le dispositif du bouclier fiscal plafonne à 50% des revenus le niveau des impôts directs, CSG (contribution sociale généralisée) et CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale) comprises.

"Je crois qu'il ne faut pas changer la logique du bouclier, parce qu'elle est bonne. Cela conduit naturellement à inclure la nouvelle contribution RSA dans le bouclier fiscal", a déclaré la ministre."

On se demande si ce texte du dessinateur humoristique QUINO (Mafalda) : "Je n'ai rien contre les pauvres. Je crois qu'ils méritent aide et compréhension. Je dirai même plus. Je suis convaincue que la majorité des gens qui sont pauvres ne le font pas par méchanceté." n'a pas été écrit par ... Christine Lagarde et son équipe.

Crédit image
Jean Zin
Crédit photo
Le Figaro