29 septembre 2008

Les Français et la pauvreté

Si dans les années 60 ou 70 la pauvreté était surtout représentée par des populations marginales, il était possible de ne pas connaître ses affres en trouvant un travail.

Travail qui permettait dans beaucoup de cas de rapidement s'élever dans la société et de construire une famille et un patrimoine (même modeste) puis d'espérer vivre correctement sa retraite.

Or, depuis quelques années, les CDD les temps partiels non souhaités et autres contrats précaires ont fait émerger en France et en Europe une catégorie que connaissaient depuis longtemps les américains : Les travailleurs pauvres. Ce statut conduit invariablement leurs proches à la pauvreté et surtout, inquiète de plus en plus de français qui se disent que chacun d'eux peut être un jour ou l'autre confronté à ce problème majeur.

Les déclarations des élus de la majorité présidentielle exhortant les pauvres à retrouver un travail pour retrouver leur dignité sont indécents et tellement pétris d'incompétence qu'on serait tenté de dire que pour certains députés ou sénateurs parler de la pauvreté c'est (comme le disait Pierre Desproges) "comme si le pape parlait du stérilet de ma belle soeur"

Sortir de la pauvreté par le travail n'est plus une réalité. Or, il va "falloir faire" avec 1,5 milliards d'Euro pour justement conjuguer emploi et sortie de la misère. Pour ceux qui l'auraient oublié : En 2005, Martin Hirsch avait chiffré les besoins pour le RSA entre 4 et 8 milliards d'euros. Lors de la campagne présidentielle, quand Royal et Sarkozy avaient tous les deux acheté son idée, la facture oscillait entre 2 et 3 milliards. «Avec 1,5 milliard, on sait faire» déclare aujourd'hui le même Martin Hirsch.

On en rirait si le sujet n'était pas aussi grave !!!

Afin de donner un peu de clarté au débat, il serait bon de se poser une question : Mais c'est quoi la pauvreté ?

Selon la définition de la pauvreté utilisée (seuil à 50 % ou à 60 % du niveau de vie médian), la France comptait en 2006 entre 4,2 et 7,9 millions de personnes pauvres. La part de personnes pauvres est comprise entre 7,1 et 13,2 %.

Une frange considérable de la population manque de ressources. Il ne s’agit pas (dans la plupart des cas) de dénuement total, comparable à ce que l’on rencontre dans les pays les plus pauvres. Il n’empêche que des millions d’enfants, d’hommes et de femmes vivent à l’écart des normes de la société. Ils n’aspirent pas seulement à manger, mais à avoir un logement décent, à étudier ou à travailler, à se soigner... comme les autres. Cette pauvreté suscite l’indignation dans tous les milieux sociaux, mais elle est souvent déconnectée de la question des inégalités de façon générale
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L’évolution récente :

En considérant les données 2005 et 2006 de l’Insee tirées d’une nouvelle série qui intègre les prestations sociales réelles (et non plus estimées) et une prise en compte plus complète des revenus des produits financiers, le taux de pauvreté stagne (13,1 % en 2005 et 13,2 % en 2006). Depuis, la situation de l’emploi s’est améliorée et le nombre de Rmistes a diminué. Les années 2007 et 2008 ne seront pas nécessairement marquées par une hausse de la pauvreté. Encore faut-il mesurer la qualité des emplois (certains sont rémunérés à un niveau inférieur au seuil de pauvreté) et ne pas oublier que la situation d’un grand nombre de personnes pauvres ne dépend en rien de celle de l’emploi (personnes âgées, enfants, handicapés, etc.) - Source Observatoire des inégalités

Le Parisien, dans son numéro daté du 23 septembre, estime à 2 millions le nombre de ménages pauvres contre 1,7 millions il y a sept ans. 55% sont des hommes et 45 % des femmes, toujours selon le quotidien. Le seuil de pauvreté est atteint quand une personne seule gagne 880 euros par mois. Il se situe à 1 320 euros pour un couple, à 1 580 pour un couple avec un enfant et 1 140 euros pour une famille monoparentale avec un enfant, selon les critères avancés par Le Parisien.

Le débat fait rage depuis quelques temps autour du RSA porté par Martin Hirsch pour lequel l'opposition de gauche devrait voter alors que dans la majorité présidentielle, on traine les pieds : "Soutenu par une majorité, les plus libéraux de l'UMP se sont rebiffés contre la création d'une taxe de 1,1 % sur le revenu du capital et de l'épargne. Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée Nationale, a demandé que cette taxe soit transitoire et qu'elle disparaisse quand le RSA atteindrait son objectif. Au final, la taxe RSA pourrait être financée par un plafonnement global des niches fiscales - Souce Nouvel Obs

Au delà des avis des uns et des autres sur le montant affecté au RSA, les méthodes plus ou moins libérales (au sens économique du terme), les français une fois de plus semblent écarté du débat sur la pauvreté. C'est pourquoi nous avons jugé bon de publier des extraits d'une étude réalisée les 22 et 23 août 2008 par l'IFOP à la demande du Secours Populaire.

LES FRANÇAIS ET LA PAUVRETÉ : UNE CRAINTE DE PLUS EN PLUS FORTE, UN SEUIL TOUJOURS AUSSI ELEVÉ

La crainte de voir ses enfants tomber dans la pauvreté se répand de plus en plus au sein de la population, notamment au sein des catégories populaires

De plus en plus de Français craignent de voir leurs enfants tomber dans la pauvreté. En effet, pour 85% d’entre eux – ils étaient 80% il y a un an –, les risques que leurs enfants connaissent un jour une situation de pauvreté sont « plus élevés » que pour leur génération.

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A noter que ces risques apparaissent chez les répondants d’autant plus élevés que leur niveau d’étude est bas : inférieur à la moyenne chez les diplômés du supérieur - où elle atteint déjà le chiffre de 46% -, elle monte à 59% chez ceux qui ont un niveau d’études inférieur au Bac.

Les Français situent le seuil de pauvreté au-dessus du seuil officiel établi pour le RSA

Officiellement, le seuil de pauvreté établi pour l’obtention du Revenu de Solidarité Active est de 880 € pour une personne seule, c'est-à-dire 60 % du revenu médian (norme Eurostat). Or, ce seuil est loin du niveau de revenu en dessous duquel les Français considèrent une personne pauvre dans un pays comme la France.

En effet, d’après cette enquête, ces derniers situent, en moyenne, le seuil de pauvreté à 1 006 € nets/mois pour une personne seule, soit exactement le niveau du SMIC net mensuel avant sa réévaluation du mois dernier. A noter qu’il y a an, ils situaient ce seuil à peu près au même niveau : en moyenne à 1 016 € nets. Le salaire minimum reste donc dans l’esprit des Français comme la barrière en dessous de laquelle ils considèrent une personne pauvre.

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Une conception de la pauvreté élargie aux conditions de vie d’ordre matériel ou culturel

Au-delà de cette évaluation « monétaire » de la pauvreté, différentes situations sont perçues par les Français comme un signe de pauvreté. En effet, leur conception de la pauvreté ne se limite pas au seul état d’indigence

Aux yeux des Français, la pauvreté, ce n'est pas seulement être dans le dénuement total mais aussi ne pas pouvoir accéder à la culture, aux loisirs ou aux soins. Par exemple, en ce qui concerne l’alimentation, l’accès au minimum vital nécessaire à tout individu n’est pas considérée comme suffisante pour échapper à la pauvreté. Pour la quasi-totalité des Français (92%), ne pas réussir à se procurer une alimentation « saine et équilibrée » est aussi un signe de pauvreté. Leur conception de la pauvreté est donc aussi qualitative que quantitative.

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LES DIFFICULTÉS D’ACCES A LA SANTÉ : UN AUTRE SIGNE DE PAUVRETÉ

Dans le cadre de la seconde vague du baromètre, Ipsos et le Secours populaire ont consacré un volet spécifique aux questions de santé et plus particulièrement aux problèmes d’accès aux soins qu’ils soient liés à des questions de coût ou de distance.

Deux Français sur cinq ont déjà retardé ou renoncé à des soins à cause de leur coût

L’enquête révèle qu’à cause de leur coût, près de deux Français sur cinq (39%) ont déjà retardé ou renoncé à des soins, cette proportion montant à 52% dans les foyers les plus pauvres (moins de 1 200 € nets / mois). Ainsi, près d’un Français sur trois a déjà retardé ou renoncé à l’achat de prothèses dentaires (31%) ou de lunettes (29%). Et il faut souligner qu’en ce qui concerne l’achat de produits d’optique, cette proportion est deux fois plus élevée dans les foyers les plus pauvres (40%) que dans les foyers les plus riches (20%).

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De plus en plus de Français renoncent à consulter leur médecin en raison de la distance

L’étude révèle que 17% des Français ont déjà renoncé à une consultation chez un médecin pour des raisons d’éloignement géographique. Mais dans un contexte de hausse du prix des carburants,/ l’enquête montre aussi que leur nombre a sensiblement augmenté par rapport à l’an dernier.

Pour ce qui est des généralistes, la proportion de personnes ayant déjà renoncé à une consultation est passée de 6% (enquête Ipsos / C.I.S.S. du mois de septembre 2007) à 9% en un an. Et pour ce qui est des spécialistes, cette proportion est passée de 9 à 13%. Ainsi, la proportion de personnes ayant déjà renoncé à une consultation est toujours plus importante pour les consultations de spécialistes que pour les consultations de généralistes. Sans doute que la densité du maillage territorial des médecins traitants n’y est pas étrangère.

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DE FORTES DISPARITÉS EN MATIERE DE SANTÉ ET D’ALIMENTATION EQUILIBRÉE

En dehors de leurs problèmes d’accès aux soins, cette enquête montre que les plus pauvres perçoivent leur état de santé de façon plus négative que le reste de la population, sachant que près de la moitié admettent avoir du mal à se procurer une alimentation saine et équilibrée.

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Dans l’ensemble, le taux de satisfaction des Français à propos de leur état de santé est élevé : ils sont neuf sur dix (89%) à se dire satisfaits de leur état de santé par rapport aux personnes de leur âge, plus d’un tiers (36%) se disant même « très satisfait ».

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Mais surtout, l’insatisfaction à l’égard de son état de santé est particulièrement forte chez les personnes ayant les plus bas revenus : 22% des répondants aux revenus inférieurs à 1 200 € nets par mois se disent insatisfait de leur état de santé, contre seulement 3% des répondants ayant des revenus supérieurs à 3 000 € nets par mois. Le taux de satisfaction des français appartenant aux catégories de revenus comprises entre 1 200 et 3 000 € se situe, lui, dans la moyenne.

Un tiers des Français n’a pas les moyens de s’offrir une alimentation saine et équilibrée

Ces différences sociales dans la perception de son état de santé se retrouvent sur les questions d’accès à une alimentation saine et équilibrée. Dans l’ensemble, la grande majorité de Français situe plutôt bien sa situation en matière d’alimentation : 81% ont le sentiment d’être bien informé sur le sujet, 80% déclarent avoir globalement une alimentation saine et équilibrée et 70% disent avoir les moyens financiers pour disposer d’une alimentation saine et équilibrée.

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Voir le diaporama des résultats disponible sur le site de l'IFOP

Nous espérons que nos élus en auront pris connaissance lorsqu'il vont définir les règles d'application du RSA et éventuellement supprimer ou diminuer les emplois aidés ...

Mais dans la mesure où : "Le gouvernement exclut de retirer du bouclier fiscal la taxe pour le RSA ... / ... La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a affirmé, dans un entretien au quotidien La Tribune lundi, que la taxe sur les revenus des capitaux de 1,1%, prévue pour financer le revenu minimum de solidarité, entrera dans le calcul du bouclier fiscal. Le dispositif du bouclier fiscal plafonne à 50% des revenus le niveau des impôts directs, CSG (contribution sociale généralisée) et CRDS (contribution au remboursement de la dette sociale) comprises.

"Je crois qu'il ne faut pas changer la logique du bouclier, parce qu'elle est bonne. Cela conduit naturellement à inclure la nouvelle contribution RSA dans le bouclier fiscal", a déclaré la ministre."

On se demande si ce texte du dessinateur humoristique QUINO (Mafalda) : "Je n'ai rien contre les pauvres. Je crois qu'ils méritent aide et compréhension. Je dirai même plus. Je suis convaincue que la majorité des gens qui sont pauvres ne le font pas par méchanceté." n'a pas été écrit par ... Christine Lagarde et son équipe.

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Jean Zin
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Le Figaro

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