07 octobre 2011

Nous serons tous un jour des seniors ... qui ne pourront plus se soigner !

Pourrons-nous continuer à nous soigner correctement ? C'est la question que pose une enquête de Que Choisir ? qui pointe du doigt la part de plus en plus importante du budget santé pour les plus âgés ... que nous serons tous un jour !

Ce n'est plus un secret, la santé est devenue une marchandise comme les autres ! Le problème, c'est que lorsqu'une prestation accède au rang de marchandise, elle est soumise aux lois du marché qui en fixe lui même les règles ... et les prix.

La preuve par une étude récente de l'UFC Que choisir : « La part des dépenses de santé prises en charge par l’assurance maladie, en inexorable recul depuis 2004, a atteint en 2010 son niveau le plus bas depuis 1973, occasionnant un impressionnant transfert de charges vers les usagers ou leurs complémentaires santé, de 2,3 milliards d’euros » (2)

Pour notre santé nous sommes donc devenus les clients d'un système dans lequel à moins d'être assurés par une compagnie d'assurances ou adhérents à une mutuelle, il est impossible d'accéder à des soins de qualité.

Or, si les montants à la charge des ménages ne fait qu'augmenter : « En 2010, ce ne sont pas moins de 41,9 milliards d’euros que les ménages ont dépensé pour se soigner, équivalent au quart de la consommation de soins et de biens médicaux. Les dépenses de santé à la charge des ménages connaissent une croissance rapide, deux fois supérieure à l’évolution des revenus depuis 2006 (...) » Ecrit Que Choisir ? dans son étude sur le coût de la santé pour les ménages publiée fin septembre 2011 (1)

Chronique d'une catastrophe annoncée !

Concentrés sur le maintien de leur note AAA, les pouvoirs publics continuent à diminuer la part de l'assurance maladie. Or, si les plus âgés sont déjà les plus exposés, selon l'UFC Que Choisir, le montant qu'ils devront acquitter devrait littéralement exploser !

« (...) les seniors sont les plus confrontés à des cotisations de complémentaire santé écrasantes. Ainsi, en 2011, sur les 335 contrats analysés par l’association, leur cotisation atteint en moyenne 90 € par mois et par assuré, soit 5,8 % de leurs revenus. L’augmentation par rapport à 2010 est spectaculaire : + 11,8 %, à garanties inchangées (...) En l’absence de nouveaux transferts de charges, le taux d’effort des seniors pour l’acquisition d’une complémentaire atteindrait 8,9 % de leur revenu en 2020. Pire, si le dramatique désengagement de l’assurance maladie continuait au même rythme que depuis 2004, la fièvre tarifaire des complémentaires santé monterait jusqu’à une moyenne de 190 € par mois en 2020, soit 10,1 % de leur revenu (...) »

Ce qui signifierait, qu'à court terme, la majorité des personnes âgés qui souscrivent déja des contrats à garanties limitées pourraient faire l'impasse sur une couverture complémentaire de santé.

Devant un tel problème, l’UFC – Que Choisir a adressé trois demandes aux parlementaires appelés à examiner le PLFSS pour 2012 :

« Sanctuariser le périmètre d’intervention de la solidarité nationale, qui doit cesser son inquiétant déclin ;
Revaloriser l’aide à la complémentaire santé (ACS) pour les personnes de plus de 50 ans, mesure intégralement finançable avec les excédents dégagés par le Fonds CMU ;
Accentuer la concurrence dans le secteur de l’assurance santé pour faire baisser les frais et les marges, notamment par la publication, pour chaque contrat, du niveau de remboursement en euros pour les dix actes les plus courants du parcours de soins »

Il n'est pas certain que les députés de l'UMP, comme le Président, entièrement tournés vers le renouvellement de leur mandat en 2012 y accordent pour l'instant la moindre importance.


Sources
(1) Etude UFC-Que Choisir (PDF)
(2) Que Choisir ?

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Santé Médecine

06 octobre 2011

L'UMP grand spécialiste de la démocratie par ... asphyxie financière ?

Selon Borloo, son refus de se présenter à la présidentielle serait du au manque de cohésion de l’Alliance républicaine, écologiste et sociale. Ne serais ce pas plutôt le résultat de la fermeture du robinet financier opérée par l'UMP qui vient justement ... de le rouvrir ?

Sur le site du Parti Radical, on peut lire le texte dans lequel Jean-Louis Borloo explique pourquoi il renonce à être candidat à la présidentielle de 2012, on peut lire, l'extrait suivant : « (...) À aucun moment, je ne me suis inscrit dans les schémas traditionnels des petites phrases, des négociations secrètes et des rapports de force. Quelle est la situation aujourd’hui ? Quelle est mon analyse ? Tout d’abord, force est de constater que la dynamique des centres ne s’est pas créée : ni sur le projet, ni sur les hommes. Les raisons en sont multiples : manque de temps, malentendus, incompréhensions (...) » Et peut être un peu à cause du manque d'argent, ce nerf de la guerre électorale ?

Tous les partis politiques vous le diront : Une campagne présidentielle coûte cher. Ainsi pour la campagne de 2007, le coût de la campagne des principaux candidats s'élevait selon les chiffres publiés par le Sénat à :

Nicolas Sarkozy : 21 175 141 €
Ségolène Royal : 20 815 003 €
François Bayrou : 9 745 197 €
Jean-Marie Le Pen : 9 360 632 €

Or, comme nous l'écrivions le 30 mars 2011 dans : « Candidatures centristes en 2012 : Question de convictions ou ...de trésorerie ? », le parti de Jean-Louis Borloo, compte tenu de son faible nombre d'élus et d'adhérents, ne dispose d'aucune indépendance financière. A cette époque, nous donnions les chiffres publiés par la Commission de Contrôle des Comptes de Campagne et des financements publics, concernant le Parti Radical

Page 45 : Parti Radical

Cotisations des adhérents : 149 130
Contributions des élus : 11 521
Contributions reçues d’autres formations politiques : 1 000 000

L'autre « formation politique » étant l'UMP qui le reconnaissait sans problème puisque un de ses responsables déclarait à l'époque au Canard Enchaîné : « (...) Copé pense tenir Borloo avec le million d'euros que donne l'UMP aux radicaux (...) » Or, outre que cet argent est vital pour le fonctionnement du Parti Radical, il participe au financement des campagnes électorales des candidats aux diverses élections. Et donc, pouvait servir pour celle de Borloo à la présidentielle de 2012.

Mais le 21 juillet 2011, le trésorier de l'UMP, Dominique Dord, afin de montrer son agacement, indiquait qu'il : « (...) pourrait refuser de verser au Parti radical de Jean-Louis Borloo la dotation annuelle d'un million d'euro (...) Nous considérons que le départ du Parti radical de l'UMP équivaut à une rupture unilatérale du contrat (...) »

Et même si au Parti Radical on brandissait la menace d'un recours en justice : « (...) S'il faut, nous irons jusqu'au bout (...) Mais, au-delà des polémiques, il y a la loi (...) On ne peut assumer une compétition électorale si on ne respecte pas les règles républicaines (...) » L'UMP savait parfaitement que l'asphyxie financière paniquerait les parlementaires du Parti Radical, qui pourraient se retrouver sans soutien financier, pour les prochaines législatives.

Alors, quid de : « la dynamique des centres ne s’est pas créée : ni sur le projet, ni sur les hommes » ?

Elle est résumée par un article du Monde du 5 octobre 2011 : « (...) L'UMP vient de verser 500 000 euros au Parti radical valoisien (PRV), soit le prorata – jusqu'en mai, moment du départ du parti de Jean-Louis Borloo de l'UMP – de la dotation annuelle de 1,2 million due par le parti présidentiel aux radicaux, a fait savoir, mercredi 5 octobre, l'UMP (...) » Permettant aux députés du Parti Radical d'éviter de galérer pour trouver les fonds nécessaires à leur prochaine campagne et surtout de ne pas avoir à affronter un candidat ... investi par L'UMP !

Qu'en sera t-il d'Hervé Morin qui compte bien être le candidat de l’Alliance républicaine, écologiste et sociale pour 2012 ?

Si nous reprenons les données la Commission de Contrôle des Comptes de Campagne et des financements publics, on constate que le Nouveau Centre, parti créé avec l'aide de l'UMP pour contrer le Modem de François Bayrou, même s'il possède un peu plus d'élus, est également très dépendant des : Contributions reçues d’autres formations politiques

Page 88 : Nouveau Centre

Cotisations des adhérents : 164 985
Contributions des élus : 68 047
Contributions reçues d’autres formations politiques : 1 379 553

La leçon administrée par l'UMP au Parti radical aura t-elle valeur d'exemple ?

On peut le penser puisque : « (...) Trois jours après le renoncement de Jean-Louis Borloo, le bureau politique du Nouveau centre a approuvé le principe d'une candidat centriste à la présidentielle tout en renvoyant le soutien du parti à une éventuelle candidature d'Hervé Morin à un vote du congrès fin décembre (...) » nous dit l'AFP qui ajoute : « (...) Mais le principe de cette candidature est encore loin de faire l'unanimité au sein de son parti et de l'Alliance (ARES), confédération regroupant des partis de centre-droit : Parti radical, Nouveau centre, Gauche Moderne et Convention démocrate (...) »

Courageux mais pas téméraires !

Jusque là, les dirigeants du Parti radical, du Nouveau centre, de la Gauche Moderne et et de la Convention démocrate, auront eu le temps de négocier quelques beaux portefeuilles ministériels (comme celui de premier ministre ? ), et autres hochets de prestige, en cas de victoire du candidat Sarkozy. Et oui, mesdames et messieurs les électeurs, si « la démocratie à un prix », les convictions centristes ont le leur !

C'est probablement à ça qu'on reconnaît une « démocratie exemplaire » !


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France Télévision

05 octobre 2011

Lutte contre la solitude : Les solutions « bon marché » de l'UMP ?

En vue de 2012, pour remobiliser l'électorat âgé, déçu, par l'abandon du dossier de la dépendance, l'UMP lance en catastrophe des idées pour lutter contre la solitude. Au programme : Bénévolat et compassion !

De qui ce brûlot sur la situation des français et l'inertie du gouvernement face à la solitude ? : « Précarité familiale, montée de l’individualisme, pressions constantes dans le monde du travail, sentiment d’une mise en concurrence permanente, perte de repères face à la mondialisation : la solitude est aujourd’hui devenue un phénomène social majeur qui touche aussi bien les jeunes que les personnes âgées, les hommes que les femmes, dans tous les milieux (...) »

Et bien de l'UMP qui l'écrit dans ses 27 propositions « Lutte contre la solitude : un nouveau défi pour tous les Français »

Outre, qu'on pourra se féliciter de la lucidité (tardive) de la majorité présidentielle, pourtant aux manettes des deux assemblées pendant quatre ans, on remarquera que ses propositions tombent à pic pour essayer de remobiliser l'électorat âgé, habituel fond de commerce de l'UMP, qui n'a pas digéré l'abandon du dossier de la dépendance. Au point qu'en août 2011, les plus de 65 ans n'étaient plus que 47 % à accorder leur confiance au Chef de l'Etat !

Il faut dire que l'abandon de la création d'une cinquième branche de protection sociale, destinée à prendre en charge la dépendance Abandonnée au profit de financements, tous plus hypothétiques les uns que les autres, puis repoussée au calendes grecques par Fillon en 2011, a eu un effet dévastateur sur l'électorat âgé !

Or, quel signe envoyer aux plus de 65 ans, pour qu'ils n'abandonnent pas le Président candidat et l'UMP en 2012, compte tenu que cette fois-ci, les caisses sont vraiment vides ?

La réponse a été donnée par Michelle Alliot Marie qui s'est improvisée spécialiste de la solitude. Que dit-elle ?

Attention, sortez vos mouchoirs !

« Vous savez, la solitude est une expérience que chacun peut faire à un moment ou un autre dans sa vie professionnelle ou personnelle (...) » - JDD

On notera aussi cette émouvante déclaration de Jean-François Copé : « Lorsque j'ai été battu lors des législatives en 1997, j' ai connu des moments de solitude »

Mais que proposent ces anciens solitaires, qui viennent de se souvenir que le gouvernement a justement décrété la solitude grande cause nationale 2011 ?

Nous ressortant une fois de plus l'argument de l'assistanat coûteux, ils proposent de : « remplacer une logique de guichet par une logique de lien social, en sensibilisant chaque Français sur la nécessité de savoir aller vers l'autre » Et de quelle façon ? : « prolonger la sensibilisation de tous les publics par une campagne de communication récurrente, insistant sur la responsabilité de chacun pour lutter contre ce fléau »

En clair, ça fera toujours un peu d'argent pour les agences de communication amies, qui pourront expliquer aux français, qu'en fin de compte, il n'y a pas que l'argent qui compte dans la vie !

Et l'UMP de lancer des initiatives (non chiffrées) regroupant des mesures déjà existantes ou à créer, comme : « (...) généraliser les offres de visite à domicile des personnes isolées par les réseaux de service public (facteurs, gendarmes...) » ce qui est assez farce lorsqu'on sait la détermination et l'acharnement de l'UMP et du gouvernement sur le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux, partant à la retraite !

Néanmoins, la mesure la plus emblématique est : « (...) la création d'une heure citoyenne, un engagement d'une heure par mois pour les Français qui souhaitent se mettre bénévolement au service des autres, en s'appuyant sur les réseaux sociaux numériques pour faciliter le passage à l'acte et la mise en relation (...) »

Ce qui pourrait être utile à terme aux ministres et députés de l'UMP, si ces ingrats de français avaient la cruauté de leur faire découvrir la solitude pour au moins 5 ans !

Mais, comme le déclare Roselyne Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale qui n'ose y croire : « nos compatriotes attendent une réponse d'un grand parti politique » Défense de rire !


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Le Post

04 octobre 2011

Secrets et manipulations ? : « Au cœur du Medef » par Eric Verhaeghe

« Au cœur du Medef - chronique d’un fin annoncée » C'est le titre du dernier ouvrage d'Eric Verhaeghe qui n'avait pas hésité en janvier de claquer la porte Medef pour désaccord complet avec la politique menée par Laurence Parisot depuis 2008


En janvier dernier nous vous présentions « Jusqu'ici tout va bien » (1) le premier livre d'Eric Verhaeghe écrit, suite à sa démission de l'APEC et de tous les mandats qu'il exerçait au nom du Medef. Dans cet ouvrage, il égratignait certaines méthodes et positions de l’organisation de Laurence Parisot. Mais l'essentiel était une remise en cause d'idées reçues et dogmes dans les domaines économiques.

Lors d'une rencontre, il avait évoqué l'hypothèse d'un futur autre livre consacré exclusivement au Medef et nous avait promis une interview en cas de sortie. Il a tenu parole, puisque nous l'avons rencontré à nouveau ce mois ci, pour la sortie de : « Au cœur du Medef - chronique d’un fin annoncée » où l'on découvre les dessous d'une organisation en voie de sclérose et une Laurence Parisot opportuniste, autoritaire et peu efficace.

Slovar : Bonjour Eric Verhaeghe. Tout d'abord, comment allez-vous depuis notre dernier entretien consécutif à la sortie de votre premier livre ?

Eric Verhaeghe : Je suis très en forme. Et à titre personnel, puisque je me suis marié cet été, et à titre professionnel, puisque je me lance dans l'aventure d'une création d'entreprise.

Slovar : Dans « Jusqu'ici tout va bien » le fonctionnement du Medef où vous avez évolué pendant trois ans et demi ne représentait que quelques pages. Votre dernier livre lui est entièrement consacré. On va enfin connaître la face cachée du Medef et de ses dirigeants ?

Eric Verhaeghe : Pas forcément. L'esprit du livre n'est certainement pas de laver du linge sale, et ceux qui y cherchent des polémiques croustillantes seront déçus. Cela fait d'ailleurs le désespoir de mon éditeur, qui préconise de longues polémiques pour lancer le livre. Malgré cela, je ne souhaite pas me placer sur un plan personnel. Depuis ma démission de janvier, je n'ai guère eu l'occasion d'expliquer les raisons de mon départ. J'ai souhaité prendre la plume pour expliquer ces raisons, en montrant je crois très clairement qu'elles répondent à des sujets de fond et n'ont rien à voir avec des questions de personnes.

Slovar : Vous semblez indiquer que Laurence Parisot et le Medef auraient été, malgré ce qu'on aurait pu croire, une force d'inertie vis à vis de Nicolas Sarkozy et n'aurait pas honoré certains engagements prévus ?

Eric Verhaeghe : Ce n'est pas exactement cela. Je dis plutôt que, depuis les lois Auroux, les gouvernements, de gauche comme de droite, ont mené une politique assez cohérente de développement du dialogue social dans l'entreprise et d'affaiblissement des structures paritaires. Nicolas Sarkozy a voulu accélérer l'histoire en proposant des réformes de fond comme la mise en place d'une sécurité sociale professionnelle, qui rencontre l'agrément de syndicats de salariés, comme la CGT par exemple.

Paradoxalement, c'est le Medef qui s'est montré le plus rétif à ces évolutions, et qui les a toutes entravées, voire noyées. Le plus caricatural fut sans doute la réforme de la formation professionnelle, que le Medef a enterrée alors qu'elle constitue un enjeu crucial pour la compétitivité des entreprises. Le paradoxe est là : alors qu'un président très volontaire était élu, alors que les syndicats de salariés jouaient le jeu, comme sur la réforme de la représentativité, le Medef s'est assez rapidement cramponné à une conception CNPF du dialogue social.

Slovar : Le Medef aurait donc volontairement torpillé les accords sur la modernisation du marché du travail et celui de la représentativité au profit de vielles querelles et au nom du conservatisme ?

Eric Verhaeghe : Je modérerais un peu le propos, mais il correspond globalement à une vérité. Il y a une sorte de force centripète au Medef, et le centre, c'est le CNPF de toujours, celui qui fut créé par De Gaulle en 1945 pour gérer le paritarisme. En transformant le CNPF en Medef, Seillères et Kessler ont tenté de négocier un virage historique du mouvement patronal. Force est de constater que le virage est manqué.

Slovar : Pensez-vous que l'audience accordée au Medef par les pouvoirs publics et les média ne soit pas en rapport avec sa représentativité ?

Eric Verhaeghe : Personne n'en sait rien. A la différence de ce qui existe pour les syndicats de salariés où, depuis la loi du 20 août 2008, la capacité à négocier est liée aux résultats aux élections, la représentativité du Medef est restée sur les bases gaulliennes de la reconnaissance par le gouvernement. Mais personne ne peut prouver que les chefs d'entreprise se reconnaissent dans les positions frileuses et peu imaginatives du Medef.

Slovar : Laurence Parisot ne cesse de pousser le gouvernement et les partis politiques, a laisser plus de champs à la négociation, entre partenaires sociaux. Mais quelle est réellement l'attitude du Medef vis à vis des syndicats de salariés ?

Eric Verhaeghe : En fait, je raconte dans mon livre comment le Medef a refusé d'envisager un système à l'allemande où l'Etat n'aurait aucune compétence en matière de dialogue social. Cette idée épouvante le patronat, qui ne pourrait plus mettre les négociations en échec, en attendant que l'Etat arbitre.

Slovar : Le Medef a été un des promoteurs du report de l'âge légal de la retraite au fait que cela permettrait aux salariés âges de trouver plus facilement un emploi. Pouvez-nous dire ce qu'on en disait en off au Medef ?

Eric Verhaeghe : Pas grand chose en réalité. A la base, tout le monde a constaté que, à périmètre de cotisations constant, l'âge minimum de départ à la retraite nécessaire à atteindre pour rétablir l'équilibre financier du système se situait autour de 64 ans. Tout le monde le sait, et tout le monde sait que le relèvement de l'âge de la retraite à 64 ans effectifs est inévitable. Je sais que cela vous agace, mon cher Slovar, mais la science actuarielle est têtue. Le relèvement à 64 ans est incontournable, sauf à élargir l'assiette de cotisations en fiscalisant les recettes de la sécurité sociale. Mais ce scénario-là implique l'étatisation définitive de la Sécurité Sociale.

Slovar : Permettez-moi de préférer le deuxième scénario au premier en ce qui concerne l'âge légal de la retraite. Du moins tant que le Medef ne tiendra pas ses engagements sur l'emploi des seniors, ce qui vous l'avouerez est loin d'être gagné ! Mais peut être aurons-nous l'occasion d'en reparler ?

Eric Verhaeghe : Avec plaisir

Merci Eric pour cette interview et bonne chance à vous et au livre


Interview réalisée le 3 octobre 2011
(1) Extraits en PDF


« Au cœur du Medef - chronique d’un fin annoncée » Eric Verhaeghe Editions Jacob-Duvernet - Présentation de l'éditeur

« Nicolas Sarkozy arrive au pouvoir en mai 2007 avec un programme de réformes sociales où le Medef doit jouer un rôle essentiel : mise en place d'une « flexisécurité à la française, recomposition du paysage syndical, remise à plat des 35 heures. A ce moment commence à s'écrire une pièce à rebondissements, une sorte de marivaudage où n'est pas forcément cocu celui qu'on croit. Entre fâcheries patronales, affaire de l'UIMM, crise de 2008, et autres revirements de situation, Eric Verhaeghe raconte de l'intérieur comment la France a manqué le virage de sa réinvention sociale pendant plus de 3 années intenses, faites de tergiversations, de malentendus et d'hésitations. Reste une question majeure : l'héritage du CNPF que le Medef incarne est-il encore adapté aux besoins de notre temps ? Est-il capable de porter la vision dont la France a besoin pour demain ? En lui demandant de réformer le monde pour lequel il a été inventé, ne lui demande-t-on pas, tout simplement, de scier la branche sur laquelle il est assis ? Avec des mots simples et percutants, et après le succès de Jusqu'ici tout va bien, Eric Verhaeghe propose un autre modèle pour demain »


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Editions Jacob-Duvernet

03 octobre 2011

Xavier Bertrand : Comment gagner 220 millions sur le dos des salariés malades !

Décidément, au gouvernement comme à l'UMP, si on rechigne à supprimer certaines niches fiscales, on ne se pose pas de question lorsqu'il s'agit de faire payer aux salariés, les conséquences d'un arrêt de travail !

Pour ceux qui l'auraient oublié, nous devons à Jean-François Copé, soutenu par Nicolas Sarkozy, et aux parlementaires de l'UMP, la mise en place en 2009 de : La fiscalisation des indemnités journalières versées en cas d'arrêt de travail pour accident du travail ou maladie professionnelle.

Cette fiscalisation avait pour but, selon JF Copé de rétablir l'équité avec les arrêts maladie et congés maternité, qui eux étaient taxés. Cerise sur le gâteau, précisait en 2010 le site Legavox : « (...) Contrairement à ce qui avait été annoncé en septembre 2009 par Jean-François Copé, la mesure adoptée en début d'année ( Loi de Finance 2010 ) ne concerne pas que les arrêts courts de moins de 29 jours mais inclut également les arrêts de longue durée (...) »

Mais pourquoi s'arrêter en si bon chemin alors que les comptes de la sécurité sociale subissent encore un lourd déficit ? C'est probablement ce qu'à du se dire Xavier Bertrand, qui a discrètement glissé dans le PLFS de 2012, une mesure qui consiste à modifier le calcul des indemnités, en cas d'arrêt maladie.

La FNATH, association dont la vocation est de défendre les droits des victimes d’accidents au travail, a été une des premières à révéler le pot aux roses dans un communiqué publié le 22 septembre. Extrait

« (...) la FNATH ne peut que dénoncer la nouvelle ponction de 220 millions d’euros qui est envisagée sur les indemnités journalières maladie au motif que ce poste de dépenses serait en augmentation par rapport à 2010 - L'exécutif justifie ce choix en soulignant la « dynamique » des arrêts maladie - (...) La FNATH rappelle que les salariés ne sont pas les prescripteurs des arrêts de travail, qu’ils ne sont pas responsables de conditions de travail qui bien souvent usent les organismes ou encore de l’absence d’un véritable dispositif de pénibilité (...) »

Quelle va être l'implication de cette mesure ?

C'est simple et assez sournois : « (...) Les indemnités sont actuellement égales à 50% du salaire brut. Elles seraient désormais égales à 60% du salaire net (...) Pour les salariés, en arrêt maladie ou en congé maternité, cela représenterait une perte d’environ 10%, qui accentuerait encore les difficultés d’accès au soin, à moins que les entreprises décident de compenser cette perte d’indemnités (...) » nous dit Jacques Voisin Président Confédéral de la CFTC

Sauf que, explique la CGT , pour ceux : « (...) souvent employés des plus petites entreprises, le droit du travail ne prévoit un complément de l'employeur pour atteindre 90 % du salaire brut qu'au-delà de huit jours d'arrêt maladie, et uniquement pour les salariés qui ont plus d'un an d'ancienneté (...) »

Ce qui est confirmé par Le Monde : « (...) au cabinet du ministre de la santé, on admet que ce sont les salariés les plus jeunes et les plus précaires qui verront le plus leurs indemnités baisser. Les salariés en arrêt longue maladie sans accord d'entreprise seront aussi lourdement touchés (...) »

Mais, diront certains, le Sénat passé à gauche devrait pouvoir s'opposer vigoureusement à cette mesure inique ?

Et bien non, puisque, si pour la taxation des hauts revenus, nous avons eu une bataille homérique entre les parlementaires et le gouvernement. Pour amputer les indemnités journalières des salariés, il n' y aura pas de débat, dans la mesure où : « (...) elle sera mise en œuvre par décret, annonce le ministère de la santé (...) » Merci qui ?


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Le Monde