Affichage des articles dont le libellé est économie. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est économie. Afficher tous les articles

30 juillet 2013

« 35 projets » de Fillon : Un sommet de banalités et de cadeaux ... au Medef !

Rendu peu audible par le retour annoncé de Nicolas Sarkozy, François Fillon nous livre ses « 35 projets » dont la platitude peine à cacher la montagne de cadeaux offerte aux organisations patronales au cas où il deviendrait Président de la République. Revue de détail.

 

A part ses fans et ses adversaires de l'UMP, peu de gens visitent le site Force Républicaine de François Fillon. Il faut dire que depuis sa mise en place, on pouvait y lire des choses aussi intéressantes que les objectifs qui se résument à :

« Rassembler les Français et aller à la rencontre de tous ceux qui désespèrent de la République et cherchent de nouvelles raisons de s’engager
Fédérer des milliers d’adhérents de toutes professions et de toutes sensibilités pour amplifier notre action
S'engager la reconquête des territoires, avec l’UMP, dès 2014
»

Ou bien découvrir la page de dons destinée à remplir les caisses du micro parti de l'ancien premier ministre devenu au passage, conférencier via sa société « 2F Conseil » pour la modique somme de 30.000 à 50.000 euros. Que voulez-vous, préparer une primaire coûte cher ...

Néanmoins, si figurait dans les objectifs : « Présenter un projet percutant pour la France dès 2016 pour battre la majorité actuelle », on était jusque là bien en peine de trouver la trace d'un projet même anodin. Or, depuis très peu, c'est chose faite, au travers de la mise en ligne de « 35 propositions pour la France » sorte pré programme présidentiel qu'on ne peut pas vraiment qualifier de percutant.
Afin de donner un petit côté démocratique à l'exercice, les internautes peuvent voter pour ou contre chacune d'elles. Sauf que tout le monde sait que ce ne sont que des perfusés qui viennent docilement valider les projets du chef.

Sinon quelles sont les propositions ou projets de l'homme qui se verrait bien à l'Elysée en 2017 ?

Des propositions qui sont des quasi copié/collé des propos du gouvernement actuel

« L’innovation est la clé la croissance et de notre compétitivité. Innover, c’est développer les nouvelles technologies et les nouveaux produits qui assurent des marchés pour nos entreprises; c’est retrouver notre capacité d’exporter.  Je propose de renforcer les investissements d’avenir en concentrant nos efforts sur les secteurs stratégiques qui feront les ruptures de demain : transports du futur, biotechnologies, robots, économies d’énergie, réseaux d’information à très haut débit… Ces investissements d’avenir doivent être articulés avec ceux de nos partenaires européens afin de faire de l’Europe la première place de l’innovation dans le monde »

Des banalités sur l'Europe dont certaines ressemblent à des « YAKA » que François Fillon sait par avance inapplicables.

« Défendre la souveraineté nationale, c’est défendre l’Europe. Etre patriote, c’est voir dans l’Union européenne la seule réponse possible à l’émergence des nouvelles puissances et à l’instabilité du monde. Avec 28 membres, l’Europe doit être conçue sur un fonctionnement à géométrie variable autour de quatre cercles : le moteur franco-allemand, la zone euro, l’Union européenne, les partenaires de l’Union. Au cœur de l'Europe, je propose la création d’un noyau dur autour de la France et de l'Allemagne qui doivent faire converger leurs économies et leurs fiscalités (...) L’Union européenne doit être une place Forte qui sache mieux défendre ses intérêts et protéger ses frontières. Elle doit rester ouverte sur le monde, mais sur la base du donnant-donnant, face à des grands concurrents qui se protègent plus que nous. Je propose l’instauration de règles strictes de réciprocité dans les échanges internationaux, notamment les marchés publics (...) »

Nous vous laissons découvrir les autres, à l'exception toutefois de celles qui devraient réjouir les salariés français. Nous nous sommes amusés à les comparer à celles de Pierre Gattaz, le nouveau Président du Medef. En route pour le « jeu des ressemblances »

Encore une petite banalité pour commencer : « (...) Plongé dans la récession, la priorité des priorités est de créer les conditions de la croissance. Notre pays peut se redresser en travaillant plus, en innovant plus, en se réformant (...) » puis les choses sérieuses commencent

François Fillon : « (...)  je propose la suppression de la durée légale du travail, fixée à 35h, et la capacité donnée aux entreprises et aux salariés de négocier sur le terrain le temps de travail et son organisation »

Pierre Gattaz (Medef) : « (...) Les 35 heures font partie de ces dogmes qu'il faut revoir avec les partenaires sociaux. Le mieux c'est de le faire dans l'entreprise (...)  Le Monde

François Fillon : « (...) Notre coût du travail est supérieur à la moyenne européenne. Le poids des charges vampirise les marges d’investissement de nos entreprises. Je propose une baisse du cout du travail de 6% financée par une hausse de la TVA (...) »

Pierre Gattaz : « (...) Nous sommes aujourd’hui sur un niveau de coût du travail extrêmement élevé et nous demandons un transfert de 50 milliards de charges vers une fiscalité de type TVA et CSG » Medef

François Fillon : « (...) Notre code du travail est l’un des plus étouffants des pays industrialisés. Il dissuade les embauches et paralyse les entrepreneurs. Aujourd’hui le passage de 49 à 50 salariés entraine l’application de 34 législations et réglementations supplémentaires et son montant représente environ 4% de la masse salariale. Je propose que les seuils réglementaires qui régissent la vie des PME soient relevés de 50%

Pierre Gattaz : « (...) Ce que nous souhaitons au Medef ce serait de baisser de 3 à 5% par an le Code du travail, l'ensemble des 85 codes qui régissent la France. Aujourd'hui, nous sommes dans une inflation de codes, de normes, de règlements. A chaque fois quelles sont les victimes ? Ce sont les entreprises. Et quelle est la victime ultime ? C'est l'emploi (...) » Europe1

Quant au relèvement des seuils sociaux, c'est ne n'est,nous apprenait Le Monde en 2008 une nouveauté puisque : « (...) Déjà, en 2003, une proposition de loi signée par une centaine de députés de l'UMP suggérait d'assouplir la législation en dispensant de leurs obligations réglementaires, pendant cinq ans, les entreprises dont les effectifs ne dépasseraient pas de moitié les seuils sociaux de 10, 20 ou 50 salariés.(...) » On pourra d'ailleurs s'étonner que François Fillon qui préconnise cette mesure n'ait pas profité de la période 2007 à 2012 pour l'imposer. 

François Fillon : « (...) Je propose de réformer la formation professionnelle en remplaçant l’indemnisation du chômage par l’indemnisation de la formation. Ce droit à la formation serait encadré par deux contraintes : la dégressivité des allocations chômage pour inciter à la reprise d’activité et l’obligation d’accepter un emploi correspondant à la formation suivi.

Notre marché de l’emploi est trop cloisonné. Je propose la création d’un nouveau  contrat de travail alliant flexibilité et sécurité qui évite les effets de rupture entre CDD et CDI
(...) »

Quelle audace, lorsqu'on sait que les résultats du gouvernement Fillon sur le sujet. En effet, écrivait le site Juritravail, citant les chiffres de la Dares : « (...) Fin mai 2012 (...) Les catégories A, B et C totalisent 4.347.100 demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi, 4.621.000 en incluant les DOM (...) Dans les catégories D et E, 612.900 demandeurs d’emploi sont inscrits à Pôle emploi (...) » Et ça donne des conseils ?

Au fait que dit le Medef au sujet des allocations chômage ? : « (...) les employeurs veulent (...) revisiter en profondeur les conditions d'indemnisation, notamment en rétablissant une dégressivité des allocations pour inciter les chômeurs à reprendre plus rapidement un emploi (...) » Pierre Gattaz étant lui partisan de : (...)  limiter à 2000 euros le montant des allocations mensuelles et à un an la période totale d'indemnisation (...) »

Quant au contrat de travail alliant « flexibilité et sécurité » ce n'est ni plus ni moins que le serpent de mer du contrat de travail unique à droits progressifs. Rappelons qu'il faisait partie des engagements du candidat Sarkozy dont François Fillon était parfaitement au courant et qu'ils se sont dépêchés tous d'eux d'oublier pendant 5 ans !

François Fillon : « (...) Grâce aux réformes, le crash financier de notre régime par répartition a été évité (...) Je propose d’augmenter la durée d’activité en jouant à la fois sur une hausse de l’âge légal de départ en retraite qui doit progressivement atteindre 65 ans et une augmentation de la durée de cotisation (...) »

Parlons en des réformes des retraites organisées par François Fillon et son gouvernement ! Celles de 2003 et 2010 ont été tellement mal ficelées qu'il faut en refaire une dare-dare pour tenter d'équilibrer le système en 2020. Néanmoins, une fois de plus, le copié /collé Gattaz et Fillon est étonnant

Pierre Gattaz : « (...) plaide pour une hausse de la durée des cotisations retraite et un report de l’âge légal à 65 ans (...) La Dépêche

Quant à la capitalisation retraite, une fois de plus François Fillon est en osmose avec le patron du Medef

François Fillon : « Pour sécuriser le système par répartition, le développement d’un troisième étage de retraite par capitalisation est nécessaire.(...) »

Pierre Gattaz : « Il convient de développer la retraite par capitalisation de manière complémentaire au "système cœur" par répartition (...) » Politis

En résumé, un programme social et économique rédigé sur mesures, par les spécialistes du Medef ! Certes, 2017 est encore loin, mais en ce qui concerne François Fillon et son programme, les salariés sont d'ores et déjà prévenus !

06 septembre 2012

La compétitivité est un leurre dangereux !

Selon les dirigeants d'entreprises et les économistes, les problèmes de la France se résument à un banal problème de compétitivité. Symbolisée par les accords compétitivité-emploi, elle n'est qu'une spirale infernale pour les salariés. 


Un des gourous américains du marketing disait, il y a quelques années : " Il faut arrêter de réfléchir en termes de marges mais plutôt en termes de prix que le consommateur est prêt à payer "

Ce qui s'est avéré vrai, puisque le grand public est prêt à payer des sommes disproportionnées pour le dernier smarphone à la mode et que les plus riches d'entre nous sont capables d'attendre des années pour se faire livrer une voiture d'exception.

Dans l'industrie électronique, on sait depuis longtemps faire travailler des sous traitants asiatiques, pratiquant de très bas salaires, tout en investissant dans la communication et la publicité. Tout comme l'industrie textile sportive, par exemple, où le moindre maillot se négocie à 75 €, et la dernière paire de basket à la mode 140 €

Dans le monde du luxe, on entende très peu de plaintes de la part des dirigeants de LVMH, d'Hermes, de Breitling, de Rolex, Ferrari, Rolls ou Aston Martin, au sujet de la compétitivité. 

Dans les deux cas, nous sommes devant des cas de marges juteuses pour des produits pour lesquels les consommateurs ne discute pas le prix puisque la passion fait place à la raison.

Et puis, il a les achats de raison, les plus nombreux, qui sont soumis à la plus féroce concurrence. Dans ce cas, le consommateur, pour des raisons bien souvent budgétaires va faire jouer la concurrence et s'orienter vers les prix les plus avantageux ou les plus bas.

Comment en ce cas, les industriels français peuvent-ils répondre à la demande de "raison" ?

Pour certains, en délocalisant la production dans des pays à bas coût de main d'oeuvre, et pour d'autres, en envisageant de faire participer leurs salariés à la baisse des prix de leurs produits.

Comment envisagent-ils le faire ?

Hé bien tout simplement au travers d'accords compétitivité-emploi et de flexibilité accrue. Ce qui signifie que les salariés accepteraient de baisser temporairement (ce qui reste à prouver) leurs salaires, ne plus avoir d'horaire légal de travail, ou éventuellement travailler gratuitement au delà des 35H00 légales.

Admettons cette "participation" des salariés à la compétitivité de leurs entreprises permette de baisser le prix des produits qu'ils fabriquent. Il est plus que probable que leurs concurrents étrangers, de peur de perdre des parts de marché, demanderont des efforts identiques à leurs salariés, ou chercheront tout simplement un pays ... encore plus accueillant au niveau des salaires et conditions de travail.

L'entreprise française se verra donc obligée de demander un nouvel effort à ses salariés, ce qui déclenchera une réaction identique des ses concurrents étrangers ... Ce petit jeu pourrait continuer jusqu'au moment où les entreprises ne verseraient plus de salaire. Mais il aurait longtemps qu'il n'y aurait plus d'acheteur pour les produits.

Ce raisonnement qui peut paraître absurde est pourtant celui que l'on essaye de faire croire à l'ensemble des salariés. Salariés à qui on répète en boucle que ces mesures n'ont pour but que de préserver les emplois, alors que nul ne sait si les sacrifices qu'ils auront consentit donnera un avenir à leurs usines.

La réalité c'est que le libre échange a atteint ses limites. Lorsqu'on sait que la Chine, par transferts technologiques dispose aujourd'hui de tous les moyens intellectuels et techniques lui permettant de noyer le reste du monde de produits "achats de raison" et qu'il est le premier sous traitant des fabricants des "achats de passion" il est clair que mettre en place la spirale de baisse des salaires des ouvriers français n'a aucun sens !

En clair, Il serait nécessaire :

De revoir de fond en comble la nature des accords d'échanges entre pays adhérents à l'OMC
De se pencher sur les trous de la passoire européenne
D'exiger que pour exporter en Europe, les normes définies par l'Organisation Internationales du Travail soient clairement appliquées.

C'est pas demain la veille direz-vous ?

Et c'est bien dommage, car si ces exigences ne sont pas appliquées, ce sont les seuls salariés qui payeront la folie de la compétitivité.

Mais n'ayez crainte, cet appauvrissement progressif des salariés ne profitera pas uniquement aux éventuels consommateurs. Une partie de ce qu'ils auront cédé intégrera la poche des actionnaires qui, de toute façon, n'ont aucune envie de participer à la compétitivité des entreprises.

Quand on vous dit que la compétitivité est un leurre ! 

18 janvier 2012

Sommet social : L'éternel retour du serpent de mer de la formation des chômeurs

Face à un chômage endémique, Nicolas Sarkozy propose de faire recevoir les chômeurs de longue durée en catégorie A, afin de leur proposer un emploi ou une formation. Retour d'un « serpent de mer » destiné avant tout à minorer les chiffres du chômage avant la présidentielle !

Que retiendra l'histoire du Sommet social du 18 janvier 2012 ? Probablement rien, si ce n'est une imposture, destinée à montrer l'activisme du Président ... pas encore candidat.

Imposture organisée semble-t-il avec le Medef, dont les demandes ont fait l'objet de toutes les attentions de l'Elysée. En effet, comme le prédisait hier l'Humanité : « Le Medef voulait une hausse de la TVA ? Il l’aura. Il voulait une flexibilisation du marché du travail, pouvoir plus facilement se séparer des salariés ? Il aura une négociation ouverte sur ce sujet-là. »

Car, s'il y a un vainqueur, c'est bien l'organisation patronale. Il n'y a qu'à lire les déclarations de Laurence Parisot pour s'en rendre compte. Elle : « (...) a qualifié cette réunion à l'Élysée de très riche, très diverse. Beaucoup de sujets (ont été) abordés avec une ligne directrice claire : la compétitivité de notre pays (...) » Donc une fois de plus gare à une annonce du Président à la fin du mois sur la légalisation du chantage à l'emploi réclamée à cor et à cri par le Medef !

Pour ce qui concerne le chômage, dont les chiffres de décembre devraient tomber sous peu, on constatera que le Président n'a pas vraiment innové.

Nicolas Sarkozy : « Ceux qui ne connaissent plus d'activité professionnelle depuis au moins deux ans, tous sans exception, se verront proposer soit une formation, soit un emploi, soit un processus de resocialisation » Dans le détail : « Tous les demandeurs d'emploi qui sont depuis deux ans en catégorie A (239 000 personnes) seront reçus à Pôle Emploi pour qu'on leur propose soit un emploi, soit une formation »

Que l'on pourra comparer avec ceux prononcés en ... février 2011 : «Tous les chômeurs de longue durée devront être reçus dans les trois mois pour recevoir soit une formation qualifiante, soit un emploi »

Seule différence, en février 2011, il s'agissait de convoquer : « (...) 680.000 personnes inscrites depuis plus d'un an au chômage en catégorie A (...) »

Ayant fait partie des convoqués d'avril 2011, je peux affirmer ici ( comme de nombreux demandeurs d'emploi ) qu'à ce jour, aucune offre d'emploi ou proposition de formation ou stage ne m'est parvenue.

Néanmoins, le gouvernement et le Président ( qui finira bien par être candidat ) parient qu'il sera moins difficile de caser 3 fois moins de personnes, dans des stages ou formations parking afin d'améliorer les chiffres du chômage de la catégorie A.

Oui, mais les chômeurs qui vont se voir proposer une formation, un emploi ou un processus de resocialisation et vont l'accepter (pourront-ils d'ailleurs refuser, même si ceux-ci sont totalement inadaptés ? ) vont passer de la catégorie A, sur laquelle le gouvernement communique aux catégories ... C et D

Catégorie D : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi (en raison d’un stage, d’une formation, d’une maladie…), sans emploi
Catégorie E : demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherche d’emploi, en emploi (par exemple : bénéficiaires de contrats aidés)

Et comme par magie, Xavier Bertrand pourra présenter : « des chiffres encourageants obtenus par la détermination du gouvernement et du Président», pour les derniers mois avant le vote pour la présidentielle !

Et oui : ça se passe comme ça chez ... « Le Président courageux, qui protège », mais qui ne devrait, cette fois-ci, pas tromper beaucoup de français !

04 octobre 2011

Secrets et manipulations ? : « Au cœur du Medef » par Eric Verhaeghe

« Au cœur du Medef - chronique d’un fin annoncée » C'est le titre du dernier ouvrage d'Eric Verhaeghe qui n'avait pas hésité en janvier de claquer la porte Medef pour désaccord complet avec la politique menée par Laurence Parisot depuis 2008


En janvier dernier nous vous présentions « Jusqu'ici tout va bien » (1) le premier livre d'Eric Verhaeghe écrit, suite à sa démission de l'APEC et de tous les mandats qu'il exerçait au nom du Medef. Dans cet ouvrage, il égratignait certaines méthodes et positions de l’organisation de Laurence Parisot. Mais l'essentiel était une remise en cause d'idées reçues et dogmes dans les domaines économiques.

Lors d'une rencontre, il avait évoqué l'hypothèse d'un futur autre livre consacré exclusivement au Medef et nous avait promis une interview en cas de sortie. Il a tenu parole, puisque nous l'avons rencontré à nouveau ce mois ci, pour la sortie de : « Au cœur du Medef - chronique d’un fin annoncée » où l'on découvre les dessous d'une organisation en voie de sclérose et une Laurence Parisot opportuniste, autoritaire et peu efficace.

Slovar : Bonjour Eric Verhaeghe. Tout d'abord, comment allez-vous depuis notre dernier entretien consécutif à la sortie de votre premier livre ?

Eric Verhaeghe : Je suis très en forme. Et à titre personnel, puisque je me suis marié cet été, et à titre professionnel, puisque je me lance dans l'aventure d'une création d'entreprise.

Slovar : Dans « Jusqu'ici tout va bien » le fonctionnement du Medef où vous avez évolué pendant trois ans et demi ne représentait que quelques pages. Votre dernier livre lui est entièrement consacré. On va enfin connaître la face cachée du Medef et de ses dirigeants ?

Eric Verhaeghe : Pas forcément. L'esprit du livre n'est certainement pas de laver du linge sale, et ceux qui y cherchent des polémiques croustillantes seront déçus. Cela fait d'ailleurs le désespoir de mon éditeur, qui préconise de longues polémiques pour lancer le livre. Malgré cela, je ne souhaite pas me placer sur un plan personnel. Depuis ma démission de janvier, je n'ai guère eu l'occasion d'expliquer les raisons de mon départ. J'ai souhaité prendre la plume pour expliquer ces raisons, en montrant je crois très clairement qu'elles répondent à des sujets de fond et n'ont rien à voir avec des questions de personnes.

Slovar : Vous semblez indiquer que Laurence Parisot et le Medef auraient été, malgré ce qu'on aurait pu croire, une force d'inertie vis à vis de Nicolas Sarkozy et n'aurait pas honoré certains engagements prévus ?

Eric Verhaeghe : Ce n'est pas exactement cela. Je dis plutôt que, depuis les lois Auroux, les gouvernements, de gauche comme de droite, ont mené une politique assez cohérente de développement du dialogue social dans l'entreprise et d'affaiblissement des structures paritaires. Nicolas Sarkozy a voulu accélérer l'histoire en proposant des réformes de fond comme la mise en place d'une sécurité sociale professionnelle, qui rencontre l'agrément de syndicats de salariés, comme la CGT par exemple.

Paradoxalement, c'est le Medef qui s'est montré le plus rétif à ces évolutions, et qui les a toutes entravées, voire noyées. Le plus caricatural fut sans doute la réforme de la formation professionnelle, que le Medef a enterrée alors qu'elle constitue un enjeu crucial pour la compétitivité des entreprises. Le paradoxe est là : alors qu'un président très volontaire était élu, alors que les syndicats de salariés jouaient le jeu, comme sur la réforme de la représentativité, le Medef s'est assez rapidement cramponné à une conception CNPF du dialogue social.

Slovar : Le Medef aurait donc volontairement torpillé les accords sur la modernisation du marché du travail et celui de la représentativité au profit de vielles querelles et au nom du conservatisme ?

Eric Verhaeghe : Je modérerais un peu le propos, mais il correspond globalement à une vérité. Il y a une sorte de force centripète au Medef, et le centre, c'est le CNPF de toujours, celui qui fut créé par De Gaulle en 1945 pour gérer le paritarisme. En transformant le CNPF en Medef, Seillères et Kessler ont tenté de négocier un virage historique du mouvement patronal. Force est de constater que le virage est manqué.

Slovar : Pensez-vous que l'audience accordée au Medef par les pouvoirs publics et les média ne soit pas en rapport avec sa représentativité ?

Eric Verhaeghe : Personne n'en sait rien. A la différence de ce qui existe pour les syndicats de salariés où, depuis la loi du 20 août 2008, la capacité à négocier est liée aux résultats aux élections, la représentativité du Medef est restée sur les bases gaulliennes de la reconnaissance par le gouvernement. Mais personne ne peut prouver que les chefs d'entreprise se reconnaissent dans les positions frileuses et peu imaginatives du Medef.

Slovar : Laurence Parisot ne cesse de pousser le gouvernement et les partis politiques, a laisser plus de champs à la négociation, entre partenaires sociaux. Mais quelle est réellement l'attitude du Medef vis à vis des syndicats de salariés ?

Eric Verhaeghe : En fait, je raconte dans mon livre comment le Medef a refusé d'envisager un système à l'allemande où l'Etat n'aurait aucune compétence en matière de dialogue social. Cette idée épouvante le patronat, qui ne pourrait plus mettre les négociations en échec, en attendant que l'Etat arbitre.

Slovar : Le Medef a été un des promoteurs du report de l'âge légal de la retraite au fait que cela permettrait aux salariés âges de trouver plus facilement un emploi. Pouvez-nous dire ce qu'on en disait en off au Medef ?

Eric Verhaeghe : Pas grand chose en réalité. A la base, tout le monde a constaté que, à périmètre de cotisations constant, l'âge minimum de départ à la retraite nécessaire à atteindre pour rétablir l'équilibre financier du système se situait autour de 64 ans. Tout le monde le sait, et tout le monde sait que le relèvement de l'âge de la retraite à 64 ans effectifs est inévitable. Je sais que cela vous agace, mon cher Slovar, mais la science actuarielle est têtue. Le relèvement à 64 ans est incontournable, sauf à élargir l'assiette de cotisations en fiscalisant les recettes de la sécurité sociale. Mais ce scénario-là implique l'étatisation définitive de la Sécurité Sociale.

Slovar : Permettez-moi de préférer le deuxième scénario au premier en ce qui concerne l'âge légal de la retraite. Du moins tant que le Medef ne tiendra pas ses engagements sur l'emploi des seniors, ce qui vous l'avouerez est loin d'être gagné ! Mais peut être aurons-nous l'occasion d'en reparler ?

Eric Verhaeghe : Avec plaisir

Merci Eric pour cette interview et bonne chance à vous et au livre


Interview réalisée le 3 octobre 2011
(1) Extraits en PDF


« Au cœur du Medef - chronique d’un fin annoncée » Eric Verhaeghe Editions Jacob-Duvernet - Présentation de l'éditeur

« Nicolas Sarkozy arrive au pouvoir en mai 2007 avec un programme de réformes sociales où le Medef doit jouer un rôle essentiel : mise en place d'une « flexisécurité à la française, recomposition du paysage syndical, remise à plat des 35 heures. A ce moment commence à s'écrire une pièce à rebondissements, une sorte de marivaudage où n'est pas forcément cocu celui qu'on croit. Entre fâcheries patronales, affaire de l'UIMM, crise de 2008, et autres revirements de situation, Eric Verhaeghe raconte de l'intérieur comment la France a manqué le virage de sa réinvention sociale pendant plus de 3 années intenses, faites de tergiversations, de malentendus et d'hésitations. Reste une question majeure : l'héritage du CNPF que le Medef incarne est-il encore adapté aux besoins de notre temps ? Est-il capable de porter la vision dont la France a besoin pour demain ? En lui demandant de réformer le monde pour lequel il a été inventé, ne lui demande-t-on pas, tout simplement, de scier la branche sur laquelle il est assis ? Avec des mots simples et percutants, et après le succès de Jusqu'ici tout va bien, Eric Verhaeghe propose un autre modèle pour demain »


Crédit image
Editions Jacob-Duvernet

22 juillet 2011

Rachida Dati : Nouvelle pasionaria de la pastoralité ?

La très punchy et « bling bling » maire du 7 eme arrondissement vient de se découvrir une grande cause à défendre : L'agneau de Sisteron ! Elle a donc chaussé ses « rangers » à talons afin ... de se faire photographier au milieu des ces animaux martyrisés par les loups.

Le torchon brûle entre Daniel Spagnou, député maire UMP de Sisteron et la ministre de l'Écologie Nathalie Kosciuscko-Morizet. Sujet de la discorde : les attaques de loup qui ont décimé une soixantaine de brebis dans le département !

Daniel Spanou ayant menacé de prendre la tête d'une manifestation devant le ministère à Paris, en compagnie des éleveurs et de leur cheptel. Il a reçu le soutien d'une personnalité « spécialiste » des problèmes ruraux : Rachida Dati

Etonnant non ? Mais certains mauvais esprits (dont nous sommes) feront remarquer qu'il est toutefois assez difficile de trouver des grandes causes humanitaires ou pastorales dans le très chic 7 eme arrondissement de Paris.

Et même si la maire affiche sur 7 à vous le magazine d'information de la mairie du 7 eme quelques actions « remarquables » comme : « (...) le salon du livre des tout-petits, les cours d’échecs, une chasse aux oeufs de Pâques dans le jardin de la mairie, plus de 1000 places pour le cirque Pinder, un concours de bande-dessinées pour les écoles du 7e, la visite du Conseil constitutionnel par 600 élèves de CM2, une remise de livres aux 3e et Terminale pour les encourager avant leurs examens, une cérémonie de remise des cartes électorales aux nouveaux majeurs, et beaucoup d’autres… (...) Et que la députée européenne maire ajoute : « Je n’oublie pas au quotidien les personnes seules ou âgées en leur offrant tous les ans le bal des seniors, une sortie au cabaret Don Camilo, des goûters en mairie, des promenades, des expositions, des conférences… (...) » On est très loin de la ruralité !

Tout à son nouveau combat, notre passionaria de la pastoralité s'est fendue d'un texte publié sur sa page Facebook.

Extraits : « (...) Je me suis rendue à plusieurs reprises à Sisteron pour rencontrer des éleveurs. Et encore le 1er juillet dernier, j'ai pu constater les dégâts importants de ces attaques sur l'ensemble de la filière ovine (...) Avec Daniel Spagnou et les éleveurs, nous souhaitons des mesures encore plus efficaces pour préserver notre agriculture dont la qualité et la sécurité alimentaire sont reconnues au niveau mondial ! La convention de Berne qui donne au loup le statut d'espèce « strictement protégée » doit évoluer pour lui donner le statut moins contraignant « d'espèce protégée ». La directive européenne concernant la conservation des habitats naturels, ainsi que de la faune et de la flore sauvages ne doit pas non plus être un obstacle à l'action. Car au loup il faudra toujours préférer l'Homme ! (...) »

Le Dauphiné nous raconte la dernière visite militante de Rachida Dati, en Haute Provence

« (...) Rachida Dati aime venir en Haute-Provence et l’a confirmé hier, au cours de son deuxième séjour dans le département (...) Je suis très heureuse d’être ici, j’avais fait la promesse de revenir au moment de la transhumance. Je suis entourée d’amis et je souhaiterais remercier Daniel Spagnou qui m’a apporté son soutien lors de la campagne de dénigrement dont j’ai été victime et cela ne s’oublie pas »

Ah bon ! Alors, il ne s'agirait pas simplement d'un amour immodéré de la pastoralité ?

En effet, on peut lire sur le site Nos Souvenirs : « (...) Chaque samedi, Harry Roselmack confie la direction du Journal Inattendu (...) Ce samedi 12 février, c’est Rachida Dati qui sera à l’antenne à 13 heures avec une interview iconoclaste d’un de ses fidèles amis, Daniel Spagnou »

Plus être plus précis, il est nécessaire de lire ce texte publié par Daniel Spagnou en 2008

« (...) Le Député rural de base que je suis, écoute le ventre et les bras de la France qui trouve çà choquant et qui loue au contraire les mérites d’une femme qui a enfin fait bouger les choses (...) Abattre quelqu’un à terre, n’est pas dans la tradition rurale ; même les bêtes sont respectées car le bon sens gouverne dans la France profonde quand les appareils de tout bord ultra centralisés et conservateurs résistent en la fustigeant (...) C’est sans doute pour cela que Rachida Dati est populaire jusque dans nos campagnes, car son courage n’a d’égal que sa volonté de combattre les inerties (...) »

A t-on lu plus belle défense appelant ... un coup de pouce pastoral en retour ?

Néanmoins, au cours du déjeuner à la cabane pastorale située à 1400 mètres d’altitude elle : « (...) s’est dite très attachée à la défense des labels dont l’agneau de Sisteron fait partie (...) Je suis solidaire des éleveurs face au loup et aux problèmes qu’ils rencontrent. Je ferai remonter leurs revendications. Vous avez dans votre département des spécificités qu’il convient de prendre en compte (...) »

Spécificité qu'elle se promet de promouvoir de la façon suivante : « L’agneau de Sisteron est servi à l’Elysée et je pense qu’il le sera prochainement à la mairie du 7 e arrondissement » et ... de partir présenter et dédicacer son dernier livre !

Les loups et ... Nathalie Kosciuscko-Morizet n'ont qu'à bien se tenir !


Crédit et copyright photo
Le Dauphiné

04 juillet 2011

UMP 2012 : Travailler plus, gagner moins et payer plus d'impôts ?

L'UMP veut enterrer définitivement le « travailler plus pour gagner plus ». Ainsi l'UMP propose, en cas de réélection de supprimer l'exonération de charges des heures supplémentaires et d'offrir au Medef, la fin de la durée légale du travail !

Après la « présidence du pouvoir d'achat», l'UMP veut faire disparaître le fameux « travailler plus pour gagner plus » créé par la loi Tepa.

Problème : Les organisations d'employeurs ont manifesté un grand intérêt pour cette mesure. D'ailleurs, y quelques mois, Laurence Parisot ne déclarait-elle pas : « (...) Ce serait très, très dommage de revenir en arrière sur les mécanismes d'encouragement aux heures supplémentaires (...) »

Oui, mais pour tenir les objectifs de réduction du déficit, il faut trouver 22 milliards d'euros d'économies en 2012. Or, l'exonération des charges pour les heures supplémentaires ne suffiraient pas, d'où l'idée de supprimer les exonérations de charges directement liées aux 35 heures.

Alors, afin de ne pas faire hurler à la mort les organisations patronales, pourquoi ne pas leur offrir en échange ce qu'elles demandent depuis des années : La suppression de la durée légale du travail !

Que proposent Copé et Novelli ?

« (...) La loi ne fixerait plus qu'un cadre, la durée du travail étant définie branche par branche, ou entreprise par entreprise (la loi pourrait acter « un plancher et un plafond », note Jean-François Copé). Objectif : le relèvement de la durée travaillée, jugé essentiel par l'UMP (...) »

Ce que réclamait effectivement, Laurence Parisot le 19/01/2011 : « (...) Remplacer la durée légale du travail par une durée conventionnelle négociée dans chaque branche. Et abandonner toute référence à une durée hebdomadaire pour se focaliser sur une temporalité plus longue (mensuelle, trimestrielle ou annuelle) permettant aux entreprises d'adapter « leur temps de travail à la réalité de leur carnet de commande (...) »

En clair, permettre aux employeurs d'obtenir des négociations beaucoup plus favorables que ne le sont, celles de branches ou interprofessonnelles ! Et qui aurait pour effet de liquider la notion d'égalité entre salariés, définie par le code du travail.

Que dit-il à ce sujet ?

« (...) Le code du travail fixe des durées maximales quotidienne et hebdomadaire qui, sauf dérogation, s’appliquent à toutes les formes d’organisation du temps de travail. L’amplitude journalière est réglementée par le biais des dispositions sur le repos quotidien. S’agissant de mesures pour préserver la santé des personnels les dérogations sont très restrictives (...) » - Prud'hommes Isère

Quelles sont les durées maximales de travail ?

« (...) il existe des durées maximales au-delà desquelles aucun travail effectif ne peut être demandé. Ces durées maximales de travail s’imposent également au salarié qui cumule plusieurs emplois. Sauf dérogation, les durées maximales sont fixées à :
10 heures par jour ;

48 heures par semaine ;
44 heures en moyenne sur une période de 12 semaines consécutives.


En outre, les salariés doivent bénéficier d’un repos quotidien de 11 heures au minimum et d’un repos hebdomadaire de 24 heures auquel s’ajoutent les heures de repos quotidien
» - Gouvernement

Outre le fait que la suppression de l'horaire légal du travail déplacerait le curseur des heures supplémentaires. Elle aurait aussi pour effet de faire ressurgir « l’opt-out individuel » actuellement appliqué en Grande Bretagne et contestée par la Confédération européenne des syndicats, qui permet aux employeurs de : « (...) contourner la semaine de 48 heures maximum sous certaines conditions : les travailleurs doivent signer des accords individuels d’opt-out et ils ne peuvent subir aucune pénalisation s’ils refusent de le faire (...) » Théoriquement !

En effet, nous apprennent Les Clés du Social : « (...) Les enquêtes menées par le TUC (la confédération des syndicats britanniques) indiquent que 4 millions de travailleurs britanniques travaillent plus de 48h par semaine (...) Ces enquêtes révèlent que près de 2/3 des salariés qui disent travailler régulièrement plus de 48h par semaine affirment qu'on ne leur a pas demandé s'ils voulaient déroger à la durée maximale de 48h (...) »

Mais celà suffirait-il à faire le bonheur du Medef ?

Il semble bien que non. C'est pourquoi, l'UMP se propose de satisfaire une autre revendication des organisations patronales : le transfert du financement de la protection sociale vers le contribuable, comme le laissait entendre Laurence Parisot : « (...) Est-ce qu'on peut passer une partie de ce financement du travail sur la consommation ou pas ? Est-ce qu'il faut fiscaliser beaucoup plus largement et recourir à la CSG ? C'est tout ceci qu'il faut mettre en débat avec toutes les parties prenantes (...) »

Donc, l'UMP propose : « (...) la suppression de 12 milliards de charges patronales finançant la branche famille (...) » financée par : « (...) un transfert équivalent, (...) sur trois ans, de recettes de TVA supplémentaires (1,5 point) ou de CSG (1,1 point) - Novelli. Jean-François Copé insiste, lui, sur l'intérêt d'une hausse de TVA « anti-délocalisation », en tentant de faire oublier l'appellation « TVA sociale » - Le Figaro

Et Le Figaro de conclure : « (...) Au final, cette équation pourrait changer la donne sur le temps de travail (même si l'idée de forcer les partenaires sociaux à négocier reste ambiguë), mais elle conduirait aussi à une hausse des prélèvements obligatoires de plus de 15 milliards (...) »

En résumé : Travailler plus, plus longtemps, gagner moins, payer plus de taxes et voir le chômage continuer d'augmenter. Belles perspectives !

11 août 2010

Scandale des"fauteuils allergènes" : Des victimes classées ... sans suite !

Retour en force du "responsable mais pas coupable " mais cette fois-ci appliquée aux entreprises.

Sans tambour ni trompette on vient d'apprendre que : L'enquête ouverte en 2009, à la suite de plaintes de victimes, ayant acheté des fauteuils, leur ayant provoqué de graves réactions allergiques, ou brûlures a été ... classée sans suite en juin 2010 !

A peu près tout le monde a oublié cette affaire qui remonte pourtant à 2008. Cette année là , elle était "LE SUJET" de tous les médias.

Le PDG de l'entreprise Conforma qui avait vendu une série de canapé provoquant de graves allergies déclarait avoir " pris toutes ses responsabilités" et affirmait traiter le dossier : " au cas par cas, avec la volonté de satisfaire les clients" il ajoutait par ailleurs : " ... / ... j'ai vu des photos, j'ai pris conscience de la souffrance des victimes ... / .... "

Lire le communiqué officiel de Conforama du 18 septembre 2008

Conforama après avoir envoyé un courrier à 47.000 clients avait procédé à l'échange ou au remboursement de 1.600 fauteuils ou canapés.

Néanmoins, les 533 clients qui lui avaient fait parvenir un dossier médical, devaient se contenter de la réponse suivante : " Chaque jour, je passe entre une heure et une heure et demie sur ce dossier, pour vérifier que notre assureur fait tout le nécessaire auprès des victimes, pour le suivi, la prise en compte de leurs problèmes " en sachant qu'une action judiciaire avait engagée par Conforma contre le fournisseur chinois qui niait tout : " lien entre ce produit et les brûlures " - Source Le Parisien 31.10.2008

Les victimes de graves allergies ou brûlures avaient finit par s'organiser en collectif et annonçaient par la voix de leur avocat vouloir entamer : " une procédure pénale pour "blessures involontaires et tromperie ... / ... " - Source Le Point

Le 5 décembre 2008, 60 millions de consommateurs révélait que, le produit chimique qui avait servit à traiter les meubles de Conforama, était également présent dans certaines chaussures en provenance de Chine : " ... / ... Le 5 décembre, Luc Chatel, secrétaire d’Etat à la consommation, a indiqué avoir signé un arrêté de suspension de l’importation de tout produit contenant du diméthylfumarate ... / ... Des questions subsistent néanmoins : le diméthylfumarate était déjà interdit en Europe en tant que fongicide. ... / ... Selon nos informations, les fabricants chinois pourraient également asperger leurs produits de diméthylfumarate plutôt que de mettre la substance en sachets. Comment feront les douanes pour la détecter ? ... / ... "

Inquiétude confirmée par le site Santelog qui écrivait : " ... / ... Entre le 1er janvier 2008 et le 10 janvier 2009, 134 signalements de manifestations cutanées ont été ainsi notifiés, une exposition au diméthylfumarate a été identifiée comme une cause plausible des symptômes .... / ... " Lire aussi le bilan du centre antipoison paru le 10 janvier 2009

Or, le 10 août 2010, on apprenait par Les Echos que : " L'enquête préliminaire ouverte en 2009 à la suite de plaintes de victimes ayant acheté des fauteuils provoquant de graves réactions allergiques a été classée sans suite en juin ... / ... les plaintes avaient été centralisées au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Paris qui avait ouvert une enquête. Au total, près d'une centaine de victimes ont déposé plainte, selon cette source. Cette enquête "a été classée sans suite en juin en raison de l'absence d'infraction: le produit incriminé n'était pas interdit à l'époque", a-t-elle fait valoir ... / ... "

Même si le collectif qui regroupe 525 victimes et reproche au ministère de la santé son aptahie va probablement faire appel, on ne peut être qu'atterré par les termes du jugement !

En effet, celui-ci pourrait peut être donner lieu à jurisprudence et permettre, à un certain nombre d'industriels peu regardant sur la santé du public, mais beaucoup plus sur les bénéfices engrangées, de s'exonérer de toute responsabilité !

Cette décision pose également, à nouveau le problème du "serpent de mer" des "Action de groupe" qui permettraient aux consommateurs de mieux se défendre dans des cas comme celui du "diméthylfumarate " !

Actions, que le gouvernement affirme vouloir mettre en place, contre lequel le MEDEF est vent debout et dont le Sénat a rejeté la mise en place en juin 2010.

Le collectif DMF nous rappelle les déclarations d'Hervé Novelli, secrétaire d'état à la consommation à ce sujet : " ... / ... les préalables à l’action de groupe ne sont pas aujourd’hui levés ... / ... Nous devrons transposer une directive européenne relative à la médiation avant mai 2011 ; le Conseil d’État examine depuis mai dernier les conséquences de la transposition sur les dispositifs existants. Une commission de la médiation au sein de l’Institut national de la consommation (INC) sera créée d’ici à fin septembre ... / ... "

"Quand je veux enterrer un problème, je crée une commission" disait Clémenceau. Message transmis aux consommateurs, victimes actuelles et futures ...


Crédit photo
Satra Technology center

29 novembre 2007

Pouvoir ou ... vouloir ?

Notre président de la république, son gouvernement et sa majorité ont bien compris deux choses en termes économiques :

1°) La théorie de l'offre est bel et bien une ... théorie
2°) Ramener le rôle de l'état aux seules fonctions régaliennes et faire confiance aux marchés financiers conduit à l'impuissance.

Alors, foin de gesticulation et de déclarations à l'emporte pièce. Les français n'ont jamais été aussi conscients des réalités et attendent qu'on veuille bien leur proposer autre chose que des mots comme "Grenelle", "Plan Marshall" ou "réforme".

Tiens, au fait monsieur le Président pourquoi le terme "réforme" est-il devenu un synonyme de "moins disant" ou de "régression" ?

Mais avez vous le temps et l'envie d'expliquer quelque chose que vous avez déja bradé aux fameux marché financiers.

Crédit et copyright image
NAGY

27 novembre 2007

Le code du travail va être réécrit en quelques heures à l’Assemblée nationale, le 27 novembre et le 4 décembre

En 2005, une commission de cinq « rédacteurs » avait été mise en place et il était prévu de publier le nouveau code en mai-juin 2006 si la grande mobilisation victorieuse contre le CPE ne l’avait empêché.

Au forcing, l’UMP a glissé dans la loi « sur le développement de l’actionnariat salarié », publiée le 30 décembre 2006, un « cavalier parlementaire », l’article 57, renouvelant les délais du 1er janvier au 30 septembre.

Puis le ministre Gérard Larcher a annoncé qu’ils allaient le passer avant la présidentielle. Tous les syndicats ont protesté : « Ne faites pas de coup de force, pas à marche forcée ! » Mais Larcher, Villepin, Chirac et Sarkozy l’ont imposé quand même, le 7 mars, en Conseil des ministres. On a donc pu, dans ce pays, en dépit de l’opposition totale des syndicats, changer le code du travail de fond en comble.

On est, depuis le 1er octobre, dans une zone de non-droit : quel code s’applique, l’ancien ou le nouveau ?

La partie réglementaire serait prête le 1er janvier 2008, applicable le 1er mars 2008 au plus tard. La partie législative n’entrerait, semble-t-il, mais c’est contesté, en vigueur qu’à ce moment-là.

Sur le fond, ils n’ont rien simplifié, ils ont complexifié : « Plusieurs mois, voire plusieurs années seront sans doute nécessaires pour que ce nouveau code révèle tous ses secrets », a reconnu Christian Redé, l’un des cinq rédacteurs du « comité d’experts ».

Il y avait 271 subdivisions, on en arrive à 1 890. Il y avait 1 891 articles de loi, il y en a 3 652 ! Ils ont déclassé près de 500 lois en décrets modifiables à l’avenir… sans repasser par le Parlement. Ils font s’écrouler toutes les jurisprudences, abrogent des articles clés, restructurent le fond théorique et pratique du code. Tout est modifié. Dans les questions d’hygiène, de santé, de sécurité, les obligations des employeurs sont devenues un élément avec « les obligations des travailleurs » faisant partager les risques et responsabilités avec les salariés – ce qui est un recul décisif d’un siècle !

Certaines catégories de salariés sont externalisées vers d’autres codes : salariés agricoles, assistants maternels, salariés du transport, des mines, de l’éducation, marins, dockers. Les contrats de travail sont de plus en plus précaires avec la permissivité à l’égard du marchandage du prêt de main-d’œuvre : intérim et CDD, salariés détachés, pigistes, indépendants, etc.

Les moyens de contrôle de l’inspection du travail sont démantelés, ainsi que les obligations d’information de l’employeur (registres, affichage). On a une quasi-suppression du droit pénal du travail : plus de sanctions prévues en récidive pour les employeurs. Les prud’hommes sont quasi supprimés, le nombre de délégués baisse. La question de la durée du travail est renvoyée à la partie « salaires ».

L’apprentissage a été chassé de la partie « contrat de travail » pour être renvoyé à la formation professionnelle. Le droit de grève a été introduit dans la partie « négociation collective » alors que c’est un droit constitutionnel non négociable. L’inspection du travail, indépendante des gouvernements en place du fait de la convention 81 de l’Organisation internationale du travail, a été renvoyée dans la partie « administration du travail ».

Tous les professionnels – syndicalistes, inspecteurs du travail, juristes, avocats, magistrats – signent des pétitions, des appels contre ce massacre. Des recours devant le Conseil d’Etat ont été déposés contre cette étrange procédure, alors le gouvernement envisage de passer par l’Assemblée plus tôt que prévu : le 27 novembre en commission. Ce n’est pas un classique débat parlementaire, il s’agit de ratifier une ordonnance. On peut encore rétablir ce qui a été supprimé (nous avons fait le travail, avec quelques inspecteurs du travail, et proposons environ quatre cents modifications pour réintroduire le droit constant)

Le code du travail, c’est le droit le plus intime, le plus quotidien, pour seize millions de salariés du privé, mais aussi le droit le moins connu, le plus contesté, le plus fraudé. C’est la base de l’Etat de droit dans l’entreprise. C’est le seul droit qui protège – trop fragilement – et contribue à fixer le coût de la force de travail de 91 % de la population active.

C’est un droit évolutif, élaboré en cent trente ans, avec des hauts et des bas, minutieusement, sous l’impact des luttes sociales et politiques. Chaque ligne, chaque article, chaque alinéa représente de la sueur et des larmes, des souffrances et des grèves, des victoires et des échecs, produits de toute l’histoire des mouvements sociaux de notre pays. C’est un texte de notre droit qui ne devrait pas être réécrit. Ce qui est effrayant, c’est le silence général, déterminé, étouffant sur une telle affaire.

Pas de une. Pas de débat. Pas d’explication. Motus et bouche cousue de tous. Il paraît que c’est « trop compliqué » pour « intéresser les gens » alors que la vie de seize millions de salariés en dépend et qu’ils savent, souvent instinctivement, ce qui va en résulter pour eux : des conditions de travail dégradées, une souffrance accrue, une protection moindre, des salaires bloqués et des droits syndicaux diminués.

Une demie heure en ligne pour défendre le code du travail
par Gérard Filoche ce matin 9 h – 9 h 30
Elle est là : http://dsedh.free.fr/183_27_11_07_Filoche.mp3

Source : Démocratie & Socialisme

Edito de Laurent FABIUS

Pour une économie sociale-écologique de marché

La gauche souffre presque partout en Europe d’une perte de crédibilité. Pour y répondre, le concept d’économie sociale-écologique de marché me semble prometteur. Si la gauche de gouvernement s’inscrit dans le cadre de l’économie de marché, c’est en étant consciente de ses limites : rivé sur le court terme et le monétaire, celui-ci ne peut pas être abandonné à lui-même, sauf à laisser s’accumuler les chocs pour l’économie, les injustices pour les personnes et les dangers pour la planète.

Plusieurs tendances actuelles de l’économie mondiale ne sont pas soutenables, pas durables : le transfert systématique des activités productives vers les pays émergents ; l’aggravation des inégalités entre les gagnants et les perdants de la mondialisation ; l’explosion de la consommation énergétique et des émissions de gaz à effet de serre ; la multiplication des crises financières, des désordres monétaires et des paradis fiscaux. Amplifier ces tendances, en subordonnant tout, y compris l’ensemble de la société, à la domination du marché, c’est la catastrophe assurée.

Pour réagir, les sociaux-démocrates allemands, lors de leur dernier congrès, ont développé le concept d’Etat social préventif. C’est une avancée, elle montre que l’impératif d’une réorientation de la gauche progresse. Les socialistes français doivent, eux aussi, bouger ... / ...

Lire la suite sur le site de Laurent FABIUS

15 novembre 2007

Informer = Communiquer ?

Lorsque j'étais étudiant, l'un de nos enseignants avait décidé de nous faire comprendre la mise en valeur d'un évènement par la presse.

Nous avions donc acheté un grand nombre de quotidiens le jour ou ils relataient une manifestation.

Etait-il utile de lire les articles pour se faire une idée ?

Et bien non. La taille de la photo et le titre qui l'accompagnait en première page indiquait clairement la position des quotidiens. Du temps a passé sous les ponts et l'information est devenue mulitimedia et se "déverse" par tous les canaux possibles et imaginables.

Si nous sommes beaucoup à regretter que les media se contentent de plus de nous relayer les brèves des agences , un exercice dans lequel les rédactions excellent, c'est la Revue de Presse. Bien connue des auditeurs de radio, la revue de presse consiste à "piquer" sans malice les éditos des autres titres afin d'en faire une courte (et économique) émission du matin.

Intéressé par la dernière enquête INSEE "France, portrait social" sur les inégalités, je me suis rendu sur le Net pour lire ce que la presse en disait et me faire une petite revue de presse sur le sujet. Je vous livre 4 analyses provennant de media différents. Vous allez voir que c'est aussi parlant que mon travail d'étudiant.

Extraits :


Les Echos - Pouvoir d'achat : les inégalités ne se réduisent plus en France

"Il n'y a pas que le pouvoir d'achat des ménages qui a été mis à mal au cours de ces dernières années. Souvent diffus, le sentiment de nombreux Français de vivre dans une société plus inégalitaire que par le passé semble bien réel. Il vient d'ailleurs d'être confirmé par l'Insee, pourtant souvent mis au banc des accusés lorsqu'il s'agit de prendre la mesure du pouvoir d'achat. " Le mouvement de baisse des inégalités de niveau de vie s'essouffle ", estime l'institut dans sa nouvelle édition de " France, portrait social ", qui est publiée aujourd'hui. Le constat des statisticiens publics est implacable : " 2002-2005 tranche avec la période 1996-2001, caractérisée par une tendance à la baisse de la pauvreté monétaire ", expliquent les experts ... / ..."

La Tribune - Pouvoir d'achat: Persistance des inégalités en France

"Elles se réduisaient depuis les années 70. Mais, depuis 2002, le taux de pauvreté et les écarts de revenus se stabilisent et l'inégalité de patrimoine s'accroît entre les riches et les pauvres depuis 1997, selon la dernière étude de l'Insee.

Est-ce un arrêt momentané ou la fin d'une évolution trentenaire ? La réduction des inégalités de revenus et de pauvreté, entamée depuis le début de la décennie 70, est stoppée depuis la fin des années 90, indique une étude de l'Insee, publiée ce jeudi 15 novembre dans l'ouvrage "France, portrait social". L'institut de la statistique s'appuie sur plusieurs indicateurs pour appuyer cette affirmation ... / ..."

TF1/LCI - Français, vous êtes riches !

"Le patrimoine des Français est en forte hausse. Dans une étude publiée jeudi et intitulée "France, portrait social", l'Insee indique que le patrimoine des ménages a progressé de 64% entre 1997 et 2003 pour atteindre plus de 6000 milliards d'euros. Cette augmentation est principalement due à la hausse des prix de l'immobilier, qui ont augmenté de près de 86% sur la période, contre seulement 35% pour le patrimoine financier, indique cette étude ... / ..."

Europe1 - Le "portrait social" 2007 de la France dressé par l'Insee présente deux visages

"D'un côté, les "indicateurs d'inégalités sociales" tirent la sonnette d'alarme, alors que d'autres données statistiques plaident elles plutôt pour l'optimisme. Chômage en diminution, reprise de l'emploi et inflation modérée sont autant de critères qui peuvent permettre de pondérer l'impression de perte de pouvoir d'achat, selon le document annuel publié jeudi par l'Insee à partir des chiffres recueillis en 2006 ... / ..."

Mon avis, c'est que pour éviter de confondre information et communication, il est peut être plus raisonnable de lire l'enquête complète sur le site de l'INSEE pour se faire sa propre opinion.


Sources et copyrights
Les Echos
La Tribune
TF1/ LCI
Europe1
INSEE
Crédit et copyright image
Blogapart

24 septembre 2007

Et si vous décidiez de travailler dans l’économie sociale et solidaire ?

Interview de Nicolas FROISSARD initiateur du 2ème salon de l’emploi dans l’économie sociale et solidaire organisé par le CJDES et l’AFIJ.

Le salon et l’’économie sociale et solidaire

Pouvez-vous nous expliquer l’origine de ce salon ?

L’économie sociale et solidaire (ESS), qui intervient dans tous les secteurs d’activité et représente plus de 11% des salariés français, propose aussi des modes de gestion d’entreprise et d’entrepreneuriat originaux. Il paraissait donc intéressant de donner un coup de projecteur sur ce secteur. Nous souhaitons montrer qu’on peut y faire carrière, y exprimer pleinement ses compétences tout en y trouvant un sens supplémentaire.

Comme tous les secteurs, en raison du papy boom, l’ESS va avoir besoin dans les années qui viennent d’attirer les candidats et particulièrement les jeunes. Ce forum peut aider le secteur à relever ce défi en le faisant d’avantage connaître. Et puis ce type d’évènement peut aussi permettre de tordre le coup à certaines idées reçues. Nos concitoyens pensent souvent par exemple que les associations coûtent très cher à l’Etat et ne reposent que sur le bénévolat.

Or, les associations se sont beaucoup professionnalisées ces dernières années et emploient aujourd’hui plus d’un million de personnes. Elles sont un allié important de l’Etat qui leur confie de plus en plus de missions d’intérêt général. Dans de nombreux départements, le secteur associatif est le premier employeur. Je me rappelle avoir été surpris en apprenant récemment que l’économie sociale et solidaire est le premier employeur de la région Midi-Pyrénées, alors qu’on n’y parle que d’Airbus. Exemple intéressant d’ailleurs et qui rappelle que les sociétés commerciales sont régulièrement subventionnées par l’Etat.

Combien d’entreprises participantes cette année ?

Une centaine d’organisations seront présentes ou représentées.

Et combien de postes sont à pouvoir ?

Environ 3000.

L’économie sociale et solidaire bien qu’elle emploie plus de 11% des salariés français à du mal à se faire connaître du grand public. Comment l’expliquez vous ?

L’ESS n’a jamais cherché à communiquer. Elle a plutôt eu tendance à se concentrer sur ses activités. Il est donc logique qu’elle ne soit pas très connue. La diversité qu’on peut trouver dans notre secteur est une chance et une richesse. Mais c’est aussi plus difficile de communiquer de façon globale et homogène sur ce secteur. C’est en train d’évoluer. Les organisations de l’économie sociale commencent à insister sur leurs spécificités. Et à se concerter, y compris de façon transnationale car l’économie sociale est partout dans le monde, pour proposer des messages communs.

Qu’est ce qui distingue les entreprises de l’économie sociale et solidaire des autres ?

Est-il forcément nécessaire de définir l’ESS par rapport aux autres secteurs ? Il faut faire attention de ne pas tomber dans une démarche manichéenne qui opposerait les entreprises de l’ESS qui « placeraient l’homme au cœur de leurs préoccupations » des autres qui ne rechercheraient toujours en permanence que la seule maximisation des profits. Une définition de l’ESS devrait être suffisante.

L’économie sociale est définie par référence à ses statuts. Ce secteur se compose des coopératives, mutuelles et associations. L’économie sociale constitue un secteur autonome au sein duquel les structures sont gérées selon le principe « une personne, une voix ». La destination des excédents éventuellement réalisés est originale : soit ces excédents ne peuvent être partagés entre les adhérents (c’est le cas pour les associations) soit ils profitent équitablement à tous les adhérents ou salariés. L’économie solidaire quant à elle est axée vers les initiatives de développement local, de réinsertion et de lutte contre l’exclusion : insertion par l’économique, commerce équitable, tourisme solidaire…


Si je souhaitais créer une entreprise, pourquoi choisirais je le statut de scop ?

Si vous souhaitez entreprendre collectivement, le statut de scop est intéressant. Il permet à chaque salarié de l’entreprise créée d’en devenir actionnaire. Et d’être pleinement associé aux grandes décisions. Ce statut est tout à fait compatible avec une activité économique performante. La SCOP Chèque Déjeuner rivalise sur son marché avec des poids lourds du secteur classique. Comme tout projet collectif, il faut beaucoup dialoguer. Mais cela favorise un excellent climat social, ainsi que la pérennité de l’entreprise car une partie importante des bénéfices sont obligatoirement placés en réserve, pour parer les éventuels coups durs que réserverait l’avenir.

On parle de plus en plus des nouveaux emplois de services. L’ESS est-elle présente dans ce secteur ?

Les associations sont historiquement très présentes dans le domaine des services et du soin à domicile. L’économie sociale qui a une tradition d’implication des parties prenantes et particulièrement des usagers dans la définition et la conduite de ses projets est forcément à même de relever le défi du développement des services à la personne et de la satisfaction des besoins. A titre d’exemple, la SCOP Domicours est présente dans le champ des cours particuliers et la SCOP Domiance , qui vient d’être créée, propose aux ménages tout type de prestations à domicile.

La situation économique

La précarité est un des problèmes majeurs de notre époque. Quelle réponse l’ESS apporte t-elle ?

On retrouve dans le secteur de l’insertion par l’activité économique des entreprises qui permettent à des personnes en difficulté (chômeurs longue durée, handicapés, jeunes sans formation…) de retrouver un emploi dans quelque métier que ce soit. Et de retrouver une autonomie et une utilité sociale indispensables à leur bien être.

Allez boire un chocolat à Puerto Cacao, entreprise d’insertion située dans le 17ème arrondissement de Paris. Cela rompt avec l’image misérabiliste qu’on peut avoir parfois de ces entreprises. Ce salon de thé est magnifique. Vous y consommerez d’excellents produits à base de cacao équitable. Et Guillaume, jeune entrepreneur tout droit sorti d’une grande école de commerce et qui a monté de "A à Z" ce projet, vous expliquera concrètement ce qu’est une entreprise d’insertion.

En tant qu’organisateur du salon de l’emploi dans l’ESS. Lorsque vous entendez la phrase devenue célèbre : « Travailler plus pour gagner plus » qu’est ce que cela vous inspire ?

Comme toutes les petites phrases elle est réductrice. Même son auteur serait sans doute prêt à le reconnaître. Certes, des français souhaitent travailler d’avantage pour augmenter leur rémunération. Mais il y a aussi beaucoup de salariés qui ne souhaitent surtout pas augmenter leur temps de travail en raison de la pénibilité de leurs taches.

Et puis un récent sondage montrait que 70% des français ne sont pas heureux dans leur travail. Alors si travailler plus veut dire déprimer plus, ça pose question ! La question du pouvoir d’achat et donc de la rémunération est importante. Mais il ne faut pas négliger non plus la question du sens que l’on trouve dans son travail.

Le Groupe SOS auquel vous collaborez œuvre de façon importante pour la réinsertion. La présence de Martin HIRSCH au gouvernement est-elle pour vous un atout ?

Un peu tôt pour le dire.

Le chef de l’état a annoncé la création d’une commission indépendante sur le SMIC. Pensez-vous que la fixation du montant du salaire minimum ne doit plus être faite par l’état ?

Il me semble que cette question est suffisamment importante pour que l’Etat reste compétent en la matière. Après, qu’il y ait une consultation la plus large possible sur cette question, c’est indispensable.

Ethique, entreprises et emploi

Bien que peu d’entreprises aient mis le développement durable à l’ordre du jour et que la RSE soit naissante en France, quelle est la position actuelle de l’ESS face à ces sujets ?

L’ESS a l’habitude de dire qu’elle fait du développement durable depuis toujours. Il est vrai que sa lucrativité limitée lui permet de se concentrer sur la qualité de sa gestion des ressources humaines et de la relation client ou usager. Mais quand on parle développement durable, on pense évidemment aussi au respect de l’environnement. Et là peut-être que nos organisations et particulièrement les associations, en dehors des associations environnementales bien sûr, ne se sont pas toujours senties très concernées par ce thème au combien important. C’est en train de changer.

L’éthique et le commerce équitable sont de plus en plus considérés comme importants par les français. Sont-ils porteurs en termes d’emplois et auront-ils leur place sur votre salon ?

Le commerce équitable, le tourisme solidaire et plus largement la solidarité internationale auront leur place. Ce secteur peut aujourd’hui offrir de belles carrières. Les ONG ont avancé sur le chemin de la professionnalisation et sont aujourd’hui capables d’offrir des conditions de travail et des rémunérations correctes. Le commerce équitable est encore un secteur émergeant. Les postes sont encore peu importants mais une entreprise comme Ethiquable démontre que lorsque les produits proposés sont de qualité, la croissance et le développement et donc l’augmentation du personnel sont au rendez-vous. L’enseigne Alter Mundi propose quant à elle à des entrepreneurs en devenir de créer leur emploi en développant leur boutique de commerce équitable.



Merci Nicolas

2ème salon de l’emploi dans l’économie sociale et solidaire
les 4 et 5 octobre prochain à
l'Usine à La-Plaine-Saint-Denis
Plan d’accès et horaires

03 septembre 2007

2 eme Forum de l'emploi dans l'économie sociale et solidaire

Comme le dit François HOLLANDE, il ne suffit pas de visiter des entreprises pour créer de l'emploi et donner du pouvoir d'achat. Nous ajouterons qu'il est plus important de trouver ou de valoriser toutes les pistes susceptibles de dynamiser notre pays.

Alternative ou complémentaire, l'économie sociale et solidaire se porte bien et recrute.

Les 4 et 5 octobre prochain, le Forum national de l'emploi dans l'économie sociale et solidaire tiendra salon. Nous vous proposons ci-dessous le communiqué des organisateurs.

"Pour sa deuxième édition, le Forum national de l'emploi dans l'économie sociale et solidaire ouvrira ses portes les 4 et 5 octobre prochain à l'Usine à La-Plaine-Saint-Denis.

Premier événement par sa taille et son retentissement dans le secteur, ce forum présentera plus de 2000 offres d’emploi aux 4000 visiteurs (étudiants, salariés, demandeurs d’emploi) attendus pendant les 2 jours de la manifestation.

Premier secteur économique en matière de création d'emploi, l'ESS représente 10 % des emplois en France et affiche des performances économiques qui en font l'un des plus prometteurs en matière de croissance de la prochaine décennie (voir les études en annexe).

Composé des mutuelles, des coopératives, des associations et de toutes les entreprises oeuvrant sous une forme plus traditionnelle (Eurl, Sarl ou SA), ce secteur investit largement le développement durable et l'innovation économique au service des territoires. Il représente 15 % du PIB, 8 millions de personnes protégées par une mutuelle d'assurance et 32 millions par une mutuelle santé, 56 % des dépôts collectés par les banques mutualistes" ... /...

L'économie sociale et solidaire est loin d'être un "filet de secours" pour les populations en grande précarité comme beaucoup de gens le pensent encore. L'économie sociale et solidaire est partie intégrante de l'économie de marché.

Ce forum est certainement la meilleure façon pour les curieux et ceux qui sont en recherche d'emploi de faire connaissance avec une autre façon de de concevoir l'économie

Inscription en ligne sur le site


2 eme Forum de l'emploi dans l'ESS
L'Usine
379, avenue du Président Wilson
93210 La Plaine-Saint-Denis
Plan d'accès et horaires

30 août 2007

Responsabilité sociétale des entreprises et PME

Alors que se profile le « Grenelle de l’environnement », (qui n’a bien entendu aucun rapport, même symbolique avec les « accords de Grenelle » ) la CGPME vient de publier sur son site un communiqué auquel est joint un texte de 3 pages dans lequel elle fait des propositions conditionnelle pour intégrer les PME dans un processus de développement durable.

Ce texte ne se prononce que sur 4 des groupes de travail organisés par le ministère de l’écologie du développement et de l’aménagement durable. Quant à conclure que CGPME ne s’intéresse pas à :

Instaurer un environnement respectueux de la santé

Adopter des modes de production et de consommation durables : agriculture, pêche, agroalimentaire, distribution, forêts et usages durables des territoires

Nous n'osons l'envisager.

C’est d’ailleurs une surprise de voir les représentants des PME et TPE se mobiliser sur le sujet puisque jusqu’à présent, il n’existe aucun projet réellement identifié de responsabilité sociétale ou environnementale dans ce type de structures. Néanmoins la présence de ce document semble indiquer que les PME et TPE pourraient avoir des projets (ou des propositions) dans ce sens.

Que propose la CGPME : Extraits

Lutte contre le changement climatique

Encourager les PME à investir dans des matériels, installations et immeubles concourant à réduire la consommation énergétique … par la création d'un crédit d’impôt imputable sur la cotisation de taxe professionnelle, un dégrèvement total de taxe professionnelle des investissements existants ou nouveaux destinés à économiser l’énergie et l’application du taux réduit de TVA pour l’acquisition du matériel.

Favoriser le renouvellement du parc des poids lourds et des véhicules légers appartenant aux PME en les incitant fiscalement à acquérir des véhicules moins polluants, notamment au regard des normes européennes d’émission Euro et aux engagements des constructeurs automobiles pour les véhicules légers.


Biodiversité et ressources naturelles

Inciter les PME à recycler leurs déchets en les exonérant de taxe d’enlèvement des ordures ménagères dès lors qu’elles ont recours à un prestataire privé pour la collecte de leurs déchets.

Encourager les PME à investir dans des matériels et installations concourrant à réduire la consommation d’eau à usage non professionnel par la création d'un crédit d’impôt ou d’une aide des agences de l’eau, d’une part, et l’application du taux réduit de TVA pour l’acquisition du matériel, d’autre part.

Encourager les entreprises à investir dans des matériels, installations et immeubles concourant à réduire le bruit et la pollution de l’air en simplifiant le mécanisme actuel d’amortissement exceptionnel. Cela passerait par la création d'un crédit d’impôt imputable sur la cotisation de taxe professionnelle et l’application du taux réduit de TVA pour l’acquisition du matériel.

Réduire les émissions de polluants en favorisant le renouvellement du parc de poids lourds et des véhicules légers appartenant aux PME en les incitant fiscalement à acquérir des véhicules moins polluants, notamment au regard des normes européennes d’émission Euro et aux engagements des constructeurs automobiles pour les véhicules légers


Promouvoir les modes de développement écologiques favorables à la compétitivité et l’emploi

Faciliter les investissements des PME en faveur de l’environnement en créant un prêt bonifié financé par une partie des fonds du Livret de développement durable, en instaurant une provision pour investissement environnemental calquée sur le mécanisme existant pour les commerces alimentaires et la mise aux normes d’hygiène et en appliquant le taux réduit de TVA à tous les matériels permettant de réduire l’impact environnemental des entreprises

Inciter les PME à embaucher un « salarié développement durable » pour les aider à répondre à leurs obligations en la matière, en exonérant cette embauche de charges sociales. Pour être réalisable, cette embauche pourrait se faire à temps partagé entre plusieurs PME

Et enfin : Valoriser les PME exemplaires …. Ces PME devraient obtenir des exonérations dans le cadre de la fiscalité écologique actuelle et à venir.
Ce qui, si nous résumons, veut dire que, pour que les PME adhérentes à la CGPME se concernent pour le développement durable il leur faut (pour commencer ?) un grand nombre de :

Exonérations fiscales
Crédits d’impôts
Réductions de la TVA
Exonérations de charges sociale.

Cela signifie t-il au yeux des rédacteurs de ce texte que leur contribution à l’avenir de la planète ne dépend en fin de compte que de dégrèvement fiscaux ou sociaux ?

Il serait utile de rappeler aux auteurs de ce texte que le concept de développement durable suppose un engagement fort de toutes les "parties prenantes" de la société et pas seulement un appel au contribuable.

Le combat pour le développement durable n'est pas un gadget réservé aux grandes entreprises et surtout passe par un changement d'habitudes et de méthodes dont personne ne pourra s'exonérer.

Alors, encore une fois : Les rédacteurs des textes conditionnent-ils leur participation à ce combat à l'octroi de franchises fiscales ?

Cette question prend toute son ampleur en lisant la fin du communiqué

« Forte de ces propositions, la CGPME rappelle son attachement à ce que la politique de développement qui sera mise en œuvre à la suite de ce « Grenelle » ne se traduise pas, pour les PME, par une réglementation plus contraignante, une taxation supplémentaire des entreprises ainsi que de nouvelles normes ou indicateurs inapplicables par les petites entreprises »

Une façon sommes toute originale de faire comprendre que la responsabilité sociale et environnementale de certains acteurs économiques ne sera acquise que dans des conditions précises et avantageuses. Les ministres concernés sont prévenus : L’avenir de la planète a un goût …d’allègement de contraintes et de fiscalité.

Crédit image
Filias