02 mars 2012

Fraude aux accidents du travail : L'étonnant silence de Xavier Bertrand ?

Prompt à dénoncer les fraudeurs à la sécurité sociale, Xavier Bertrand est pourtant bien silencieux sur le cas des employeurs qui sous déclarent accidents et maladies des salariés !

Xavier Bertrand se veut impitoyable à l'égard des fraudeurs, puisqu'il n'hésitait pas à déclarer en mars 2011 : « (...) Des millions de nos concitoyens payent chaque jour des cotisations, font des efforts, rencontrent des difficultés. Dans le même temps, d'autres ne payent pas ce qu'ils devraient payer ou touchent des prestations auxquelles ils n'ont aucun droit. Ils volent la protection sociale, ils volent les Français (...) » Allant même jusqu'à proposer de publier dans la presse l'identité des fraudeurs et la nature de la fraude.

Alors comment ne pas s'étonner de son manque de réactivité face à : « (...) l'ouverture d'une enquête préliminaire sur le géant du pneu Michelin, soupçonné de sous-déclarer des accidents et des arrêts de travail de ses salariés (...) » révélée mardi dernier par TF1 dans son journal de 20h00.

Phénomène isolé diront certains. Sauf que, nous apprend l'Usine Nouvelle, cette pratique qui pénalise la sécurité sociale ... ne serait pas un cas isolé !

Que disent-ils ?

« (...) Chaque année, la Commission présidée par Noël Diricq, conseiller à la Cour des comptes, se voit signaler plusieurs écarts. Des pressions sur les salariés pour qu'ils ne déclarent pas les accidents, aux pressions aussi sur les médecins de ville pour ne pas accorder d'arrêt de travail au motif que le salarié se verra proposer un poste aménagé, en passant par l'accompagnement du salarié chez le médecin par une personne de l'entreprise qui prend en charge les soins… Ces comportements de dissimulation s'expliquent notamment par la réticence à afficher des taux de sinistralité élevé ou en hausse, précise le rapport. Question d'image oblige… (...) »

Ce qui dans le cas de Michelin est confirmé par un syndicaliste : « (...) Selon Jacques Chambon, membre du syndicat CGT chez Michelin, il arriverait à l’entreprise de harceler par téléphone des employés victimes d’accidents du travail en arrêt maladie pour qu’ils reviennent travailler (...) il arriverait parfois que la direction fasse pression sur le médecin du travail pour qu’il ne délivre pas d’arrêt à un employé accidenté (...) » - Reponseatout

Au delà de l'image de marque, quel intérêt Michelin aurait-elle à cacher des accidents du travail ? demande Reponseatout

« (...) En ne déclarant pas les accidents de travail, Michelin s'exonère du paiement de la pénalité due à la caisse des accidents du travail (...) En plus, cela oblige les salariés à faire rembourser leurs soins par le régime général, plombant un peu plus les caisses de la Sécurité sociale (...) »

Même si pour l'instant, nous dit l'Usine Nouvelle : Dans le cas de Michelin, la fraude n'est pas encore avérée, il est bon de se poser la question du montant global estimé de ce type de fraude.

Alors, comme dirait Jean-Pierre Pernault : Combien ça coûte ... à la sécurité sociale ?

« (...) Selon le rapport de la Commission Diricq, la sous déclaration des risques professionnels (accidents du travail et maladies professionnelles) aurait représenté entre 587 millions et 1,1 milliard d'euros de manque à gagner pour la Sécurité sociale en 2011. Alors qu'il n'était que de 135 millions d'euros en 1997 (...) »

On pourra s'étonner que Xavier Bertrand n'ait pas profité d'une intervention au parlement ou d'un de ses très nombreux passage à la télévision ou à la radio pour dénoncer ces pratiques et exiger de ses services de traquer ces fraudeurs qui volent les français.

Allez, soyons bon princes, il reste encore 65 jours à notre ministre pour mettre fin à ce scandale ...

01 mars 2012

Formation des chômeurs : Outil illusoire du retour vers l'emploi ?

La formation des chômeurs serait la panacée pour leur faire réintégrer le marché du travail. Or, la réalité est toute autre, puisqu'une étude publiée par Pôle Emploi montre que moins d'un chômeur sur deux accède à un emploi dit « durable »

Au moment où le Président candidat continue de nous proposer de travailler plus, mais sans gagner plus : « Quand la durée de la vie s'allonge, quand la crise détruit des emplois, si l'on ne veut pas que les salaires baissent, que les retraites baissent, que les allocations diminuent, il faut travailler plus », l'INSEE indiquait que le taux de chômage en catégorie A a atteint, en incluant les départements d'Outre-mer, le taux de 9,8%. Eurostat de son côté affirmant que le taux de chômage harmonisé est de 10 % pour la France fin janvier 2011!

Ce taux particulièrement élevé ne devrait malheureusement pas diminuer dans la mesure où chaque jour des projets de restructurations et de réductions d'effectifs sont annoncés par les entreprises françaises.

Alors que faire des chômeurs dont le nombre s'accroît au fil des plans sociaux et des ruptures conventionnelles ? Ces dernières représentant : Plus de 288.000 en 2011 contre 255.000 en 2010 (soit 770 000 depuis 2008 et 2 fois plus utilisées que le licenciement économique )

Si l'on en croît notre Président candidat, la solution pour renverser la solution consisterait à former tous ces salariés privés d'emploi.

Nous ne reviendrons pas sur la fumeuse idée de référendum, pour obliger les chômeurs ayant obtenu une formation, d'accepter le premier emploi correspondant proposé, pour nous concentrer sur la situation actuelle des formations, permettant aux chômeurs d'augmenter leurs compétences, ou se recycler par des formations.

Dans ce domaine, Pôle Emploi a toute légitimité pour les proposer. Néanmoins, on ignorait jusqu'à présent quel pouvait être l'impact de ces formations sur la reprise d'emploi.

C'est chose faite depuis le 29 février. La Gazette des Communes nous apprend que Pôle Emploi a fait réaliser une enquête, en octobre 2011 auprès de 3 500 demandeurs d’emploi sortis de formation (financée ou non par Pôle emploi).

Quels sont les résultats ?

« Un chômeur sur deux ayant suivi une formation déclarait en 2011 être en activité six mois après (...) »

En activité ?

« Si la majorité des reclassements à six mois (74 %) se font sur des emplois dits durables (au moins un CDD de six mois), plus d’un quart le sont sur des emplois précaires (intérim, CDD inférieur à 6 mois .... (...) Ce sont les hommes ainsi que les demandeurs d’emploi les plus expérimentés qui retrouvent plus fréquemment un emploi à l’issue des 6 mois qui ont suivi la fin de leur formation (...) le passé professionnel est déterminant pour retrouver un emploi (...) »

Ce qui signifie clairement que les entreprises continuent à réintégrer les plus employables et que pour tous les autres, les formations ne sont d'aucune utilité à court, moyen ou long terme !

Ce que savait parfaitement Nicolas Sarkozy lorsqu'il a lancé son idée de référendum sur la formation et l'indemnisation des chômeurs. Mais dans la mesure où le Président candidat est persuadé que sa réélection repose sur le combat contre « les assistés » où est le problème ?


Crédit photo
Institut Montaigne

28 février 2012

Trop c'est trop ! : Manifestations des syndicats européens contre l'austérité !

« Trop, c'est trop », c'est le cri de ralliement des syndicats de salariés adhérents à la Confédération européenne des syndicats face aux possibles futures mesures d'austérité qui se profilent les 1 et 2 mars lors du prochain sommet européen.

Lorsqu'on évoque l'Europe, on pense plus à la lourde mécanique libérale que représente la Commission et aux lobbies économiques qui imposent leurs règles à des millions de consommateurs, qu'aux syndicats de salariés. Et pourtant, ceux-ci sont représentés au niveau de l'union par la Confédération européenne des syndicats (CES)

Assez peu médiatisée, elle a été fondée en 1973, et représente 84 organisations syndicales dans 36 pays européens. En sont membres les syndicats français : CFDT, CFTC, CGT, FO et UNSA. Son objectif majeur est : « de promouvoir le modèle social européen et d’œuvrer au développement d’une Europe unifiée de paix et de stabilité au sein de laquelle les travailleurs et leur famille peuvent pleinement profiter des droits humains et civils et de hauts niveaux de vie (...) »

C'est au titre de cet objectif que la Confédération européenne des syndicats a lancé pour demain une journée d'action européenne pour l'emploi et la justice sociale. En effet, ses membres craignent à juste titre que le prochain sommet européen qui se tiendra les 1er et 2 mars prochains n'aboutissent à des mesures d'austérité encore plus dures que celles déja en place et qui toucheraient une fois de plus les salariés.


Ils appellent donc à des manifestations, des prises de parole et des débrayages le 29 février dans les 27 pays de l'Union.

Quelles sont leurs arguments ?

« Les effets de la crise financière, économique et sociale ont atteint des niveaux insoutenables dans plusieurs pays. Face à l’extrême gravité de la situation, les dirigeants européens placent la course à l’austérité comme la réponse prioritaire. La crise sert de prétexte tout trouvé pour attaquer le modèle social européen, justifier les coupes sur les salaires et dans les services publics, affaiblir la protection sociale, hyperflexibiliser le marché du travail et porter atteinte aux droits syndicaux. Ainsi, au moment où le sommet européen doit adopter un traité enfonçant durablement l’Europe dans la récession et la précarité, les syndicats européens affirment que « trop c’est trop » et replacent les priorités de l’emploi, de la relance, de la justice sociale et de la solidarité au cœur des débats. Tous les pays de l’UE (et au-delà) participeront à la journée d’action européenne de la CES au travers de manifestations, de rassemblements, d’arrêts de travail ou encore d’informations aux travailleurs dans les entreprises et les administrations. Ces actions, couvertes par des campagnes médiatiques, seront décentralisées et menées aux niveaux national, régional et transfrontalier (...) »

Que se passera t-il en France ?

L'intersyndicale (CGT, CFDT, FSU, Unsa, Solidaires) prévoit environ 160 rassemblements et manifestations interprofessionnelles à travers le pays

Cette journée de mobilisation ne se limitera pas à la fonction publique comme certains aimeraient le faire croire, puisque des salariés des entreprises privées comme la SNECMA, Alsthom, Renault, PSA, Dassault, BIGARD, PERRIER, VITTEL CONTREX, VOLVIC, HARIBO, KRAFT LU, NESTLE GRAND FROID, TROPICANA, YOPLAIT, BEL, HOLDER, LESAFFRE, ... se joindront aux défilés.

A noter qu'en Lorraine : « (...) un rassemblement sera organisé avec les syndicats belges de la CSC et du FGTB avec le syndicat luxembourgeois OGBL et une délégation CGT et CFDT (...) une conférence de presse unitaire à la « Brème d’Or » à Sarrebruck, à la frontière franco-allemande, sera organisée par le DGB, la CGT et la CFDT (...) »

A Strasbourg : « la CGT et le syndicat allemand DGB distribueront des tracts aux automobilistes sur le pont de l’Europe (...) Le DGB participera à la manifestation (...) »

En Rhône-Alpes : « (...) Les syndicats italiens CGIL, CISL, UIL du Piémont et du Val d’Aoste et une délégation CGT et CFDT Rhône-Alpes organiseront lors de ce rassemblement, une prise de parole, une distribution de tract, une conférence de presse (...) »

En Languedoc-Roussillon : « une délégation CGT de l’UD 66 participera à la manifestation européenne de Barcelone. En retour, une délégation des syndicats espagnols UGT et CCOO participeront à la manifestation unitaire de Montpellier »

Ces manifestations nationales et communes sont-elles un prélude à des actions ciblant des entreprises multinationales utilisant le dumping social et réclamant aux gouvernements des pays de l'Union toujours plus : de déréglementation du travail, de diminution des droits des privés d’emploi et de remise en cause des règles d’indemnisation du chômage ?

L'avenir ... proche nous le dira !


Carte des lieux de rassemblement en France



Crédit et copyright photo
Le Point

27 février 2012

Chantage à l'emploi et patrons « voyous » : C'est ça la valeur travail ?

S'il existe des salariés pour qui le discours du Président candidat sur la valeur travail sonne creux, ce sont bien ceux d'Air Méditerranée et d'Albany-Cofpa victimes les uns d'un dumping social et les autres de patrons « voyous » !

A votre avis, c'est quoi la valeur travail ? Voilà une question que le Président candidat devrait aller poser aux salariés d'Air Méditerranée et d'Albany-Cofpa. Il ne devrait pas être déçu de leurs réponses !

Air Méditerranée

« Profitez d’une compagnie aérienne qui casse vraiment les prix sans renoncer à la qualité. Offrez-vous des billets pas cher sur l’ensemble du pourtour méditerranéen. Vol vers Marrakech, billet d’avion pour Tunis, aller-retour Paris Tel-Aviv sans oublier la Grèce, l’Egypte et la Turquie...découvrez toutes nos destinations. Laissez-vous tenter. En famille ou entre amis, pour affaire ou plaisir, voyagez enfin sans vous ruiner » Peut-on lire sur le site Web de cette compagnie aérienne basée en France.

Or, le PDG, Antoine Ferretti, a une vision bien étrange de « la qualité sans se ruiner » puisqu'il vient de décider au nom de : « (...) nécessité de réduire ses coûts opérationnels pour faire face à la concurrence de compagnies d'Europe de l'est, qui tirent les prix vers le bas (...) » de délocaliser son personnel navigant ... en Grèce !

Quels sont ses arguments ?

Arguant avoir été touché par les crises tunisienne et égyptienne qui auraient occasionné en 2011 une légère perte, il a : « proposé à une trentaine de ses pilotes et hôtesses basés en France d’être reclassés dans sa filiale en Grèce, avec un salaire réduit de 30 % en moyenne (...) Dans quelques jours, la direction d’Air Méditerranée connaîtra le nombre de candidats au plan de départs volontaires et le nombre de ceux qui souhaiteront être reclassés chez Hermès Airlines, une filiale grecque créée opportunément en août 2011 (...) » nous explique l'Est Républicain

C'est légal ?

Oui nous dit France Soir qui a interviewé l'un des représentant syndicaux de la compagnie.

Les équipages seraient aujourd'hui exclusivement grecs sur la moitié des vols d'Air Méditerranée « (...) Ils prennent les avions de notre flotte, qu'ils réématriculent en Grèce pour correspondre à la réglementation et pouvoir faire voler des pilotes grecs » explique Denier Roumier, délégué syndical qui précise : « Les salaires sont payés en Grèce, les gens travaillent en France » et ajoute que pourtant : « (...) les salariés d’Air Méditerranée sont déjà les moins bien payés des compagnies françaises (...) »

Albany-Cofpa

Cette entreprise, filiale d'un groupe américain, située à Saint-Junien dans la Haute Vienne qui emploie 133 salariés est rentable puisqu'elle a affiché 4 millions de bénéfices.

Les salariés ont appris jeudi dernier que leur activité serait transférée au siège alsacien du groupe. Depuis : « les dirigeants locaux ont quitté le site de Saint-Junien et verrouillé les machines sur ordre du fond de pension américain qui possède l'entreprise. Livrés à eux-mêmes, les salariés se relaient pour faire acte de présence et veiller sur leur outil de travail » raconte l'Est Républicain

Deux magnifiques exemples de la valeur travail que le Président candidat nous expliquait vouloir défendre lors de son meeting de Lille : « (...) Je me sens proche de tous ces Français qui aiment leur travail, qui aiment leurs entreprises, je veux les aider (...) tenter de répondre à leurs souffrances. Je n'y arriverai pas toujours mais je vous le promets solennellement, j'essaierai de toutes mes forces (...) »

Des mots bien insuffisants pour les salariés d'Air Méditerranée et d'Albany-Cofpa « qui aiment leur travail et leur entreprise » et qui seraient ravis, Monsieur le Président que vous veniez leur parler : « du travail, cette valeur cardinale de République » que vous évoquez si bien, et de l'aide promise !


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Tendance Ouest