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09 mai 2013

Les belles légendes du capitalisme : Pour être compétitifs, travailler plus, gagner et se reposer moins

D'après Michel Pébereau, retrouver la compétitivité en France est simple : Augmenter le temps de travail, sans augmenter les salaires et réduire le nombre de jours de congés. Les actionnaires et dirigeants des entreprises lui en sont déjà reconnaissants !


Ce qu'il y a de formidable dans le capitalisme auto régulé, c'est que lorsqu'il provoque des crises économiques monumentales, il peut compter sur un certain nombre de ses séides pour trouver des solutions qui permettront au système de gagner encore quelques années avant ... la prochaine crise.

Néanmoins, diriez-vous il serait fort de café que des banques ou leurs représentants, dont tout le monde connaît la responsabilité dans la crise née en 2008, viennent nous expliquer ce qui est bon pour relancer la machine économique.

Hé bien vous auriez tort, puisque c'est l'un d'eux, en l'occurrence Michel Pébereau, qui s'y colle dans le Magazine Les Enjeux Les Echos du mois de mai 2013 où il nous parle de compétitivité. 

Mais diront certains, qui est Michel Pébereau ?

Son parcours professionnel est retracé sur le site de EADS.

Outre le fait qu'il est administrateur d'un bon nombre de grandes entreprises telles que : Compagnie de Saint-Gobain - Total - EADS - AXA. Il faut ajouter, entre autres  : Membre du Comité exécutif de l’Institut de l’entreprise et membre du Conseil exécutif du MEDEF.

Sinon Monsieur Pébereau est essentiellement connu pour son passage remarqué dans le monde bancaire, puisqu'il fut : Président du Conseil d'administration de BNP Paribas entre 2003 et 2011. Ce qui lui vaut aujourd'hui, entre autres, d'être :  Président honoraire de BNP Paribas - Président de la fondation BNP Paribas - Membre du Conseil d’administration de BNP Paribas S.A. Suisse et membre du Conseil de surveillance de la Banque marocaine pour le commerce et l’industrie.

Il va s'en dire que Monsieur Pébereau ne peut ignorer que BNP Paribas possédait, en juillet dernier, 360 filiales dans les paradis fiscaux . Ce qui en fait sans nul doute un champion de la compétitivité et de ... l'optimisation fiscale.

Mais ce n'est pas de cela que le Président honoraire de BNP Paribas a souhaité parler dans sa tribune. Extrait de la page 36 :

« (...) Le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi doit en effet réduire de 20 milliards d'€ le coût du travail. Mais dans les activités où celui-ci resterait encore trop élevé par rapport à nos voisins, ne pourrait-on pas travailler plus longtemps au même salaire, afin de préserver l'emploi et l'investissement ? Par exemple en réduisant le nombre de jours de congés ou en augmentant celui des heures travaillées (...) »

En voilà une idée qu'elle est bonne ! Surtout lorsqu'on sait que cette logique est sans fin. En effet, au jeu de la compétitivité entre pays européens, il se trouvera toujours des endroits où on baissera les salaires, ce qui aura pour effet de faire baisser la compétitivité des autres qui du coup appliqueront le remède du docteur Pébereau.

La seule limite dans l'immédiat étant fixée par une directive européenne qui définit un temps de travail hebdomadaire ne pouvant pas dépasser 48 heures (en moyenne, heures supplémentaires incluses). Néanmoins, sachez que, nous dit Eurogersinformation  : « (...) les travailleurs peuvent, par un accord individuel avec leur employeur, renoncer à la limite des 48 heures (...) dans ce cas, la durée maximale d'heures de travail ne peut dépasser 65 heures (...) »

Si la majorité d'entre nous trouvera particulièrement choquantes les propositions de M. Pébereau, sachez que celui-ci a pourtant de forts arguments à faire valoir : « (...)  Il n'en coûterait rien aux finances publiques et celà n'affecterait pas le pouvoir d'achat des intéressés (...)»

D'autant aurait pu ajouter M.Pébereau que la profusion de produits low cost fabriqués dans des pays où les salaires sont encore plus bas pourront satisfaire l'appétit de consommation des salariés qui travailleront plus ... pour le même prix.

C'est certainement par manque de place que M.Pébereau n'a pu nous indiquer combien de temps durerait cet alignement de compétitivité, ni si un retour aux conditions antérieures serait possible en cas où les entreprises françaises seraient profitables. C'est rageant non ?

D'autant plus que ce manque de place nous a privé de son point de vue sur les efforts que comptent faire les actionnaires et les dirigeants des entreprises.  Allez, soyons optimistes, nous sommes certains que M. Pébereau aura à coeur d'aborder ces points ... dans sa prochaine tribune.


Crédit et copyright photo

05 mars 2013

Les belles légendes du Medef : L'égalité hommes femmes en entreprise est en marche !

Selon Laurence Parisot, les femmes ont progressé ces dernières années, tout en regrettant que : Pas une seule femme ne soit à la tête des entreprises du Cac 40. Les employées et ouvrières qui connaissent le temps partiel imposé et des salaires toujours inférieurs à leur homologues masculins apprécieront !


Evoquant la journée du 8 mars prochain, journée internationale de la femme, Laurence Parisot, invitée d'Europe1, a souhaité envoyer un message à toutes les femmes qui travaillent : « Longtemps on a pensé que pour exercer des responsabilités, les femmes devaient avoir un comportement masculin. Je récuse cette idée (...) les femmes ont progressé ces dernières années. Mais, nous n’avons pas encore engrangé tous les dividendes de cette progression ( …) Pas une seule femme à la tête des entreprises du Cac 40. Ce n’est pas normal »

Lu tel quel, ça pourrait à la limite faire sourire les millions de femmes qui se rendent quotidiennement au boulot, sans le moindre espoir de voir leur nombre d'heures ou leur salaire augmenter. Sauf que, madame Parisot est la représentante officielle d'entreprises qui se moquent de toute notion d'égalité salariale. Et ça ce n'est pas normal !

Car, au delà de la présidence d'une entreprise du CAC40, nous aurions aimé que notre amie Laurence s'exprime sur le constat, réalisé par le Conseil Economique et Social. Extraits : « En France, en 2009, 4,4 millions de femmes avaient un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté estimé à 60 % du revenu médian (...) on constate parallèlement une bipolarisation croissante entre emplois féminins qualifiés et peu qualifiés. Dans cette dernière catégorie, liée au développement des activités tertiaires, la surreprésentation féminine est manifeste (61 %). Les intéressées y sont en outre particulièrement concernées par le sous-emploi (5,9 % d’actifs occupés dans cette situation dont plus des trois-quarts sont des femmes), les situations professionnelles instables (10,8 % de femmes sont en CDD contre 6,5 % des hommes, tous secteurs confondus) et le travail à temps partiel dont le taux de féminisation atteint 82 % (...) d’une manière générale, les femmes sont proportionnellement plus nombreuses que les hommes à n’être qu’en activité courte, de moins de 78 h par mois. Dans tous ces emplois faiblement qualifiés, les intéressées sont le plus souvent confrontées à des conditions de travail (pénibilité, horaires atypiques…) préjudiciables à leur santé, leur vie personnelle, familiale et perçoivent une faible rémunération : les deux-tiers des salariés à bas salaires sont des femmes. Les répercussions sur le niveau de leurs pensions de retraite sont dès lors inéluctables (...) il existe ainsi un risque fort de basculement dans la pauvreté d’une partie de la population féminine au grand âge (...) »

Alors, que propose le Medef pour aider ces femmes ?

On peut trouver une liste de propositions faites par le « Comité égalité hommes femmes » du Medef.

« Le comité Egalité hommes/femmes au sein de la Commission Respect de l’Homme invite aujourd’hui la société et les entreprises à s’emparer de ce sujet et propose les quatre grandes actions suivantes

1. Faire évoluer les mentalités en cassant les stéréotypes
2. Favoriser une meilleure conciliation vie privée vie professionnelle et un meilleur partage des tâches familiales
3. Mettre en place une politique managériale favorisant une meilleure égalité de carrière et de salaire entre les hommes et les femmes
4. Inciter les acteurs de la société civile, les partenaires sociaux et les politiques à s’engager d’avantage en faveur de l’égalité homme-femme
»

D'accord, mais plus concrètement ?

Nous passerons rapidement sur l'idée qui consiste à : « Revoir les manuels scolaires en profondeur pour montrer une image non stéréotypée des femmes mais aussi des hommes dans la société comme dans le monde du travail » et qui ne coûte pas bien cher au Medef et à ses adhérents, pour nous focaliser sur celles consacrées à l'entreprise.

« Dans les entreprises, nous proposons de :

Mettre à l’honneur des femmes de l’entreprise qui ont un beau parcours professionnel et dans lesquelles les autres salariées peuvent se reconnaître pour faire évoluer les mentalités et donner envie aux autres femmes de les imiter.
Inciter les entreprises à mettre fin aux communications pouvant être discriminantes pour la femme (ex image de la femme utilisée dans les publicités)
Sensibiliser l’ensemble des entreprises aux bonnes pratiques notamment par le biais des Medef Territoriaux et des branches professionnelles en diffusant des outils pratiques
»

Et les salaires, et les conditions de travail direz-vous ?

Hé bien, il est résumé par ces quelques lignes dont la prose typiquement patronale ne vous étonnera pas : « A partir du rapport de situation comparée, réaliser un diagnostic chiffré des écarts de rémunération et une évaluation des carrières mettant en exergue les effets de structures, de secteur, de classifications et prenant en compte le temps partiel permet aux entreprises d’établir des marges de progrès et de mettre en place des objectifs chiffrés réalistes de réduction des écarts »

Quant aux problèmes de retraites des femmes, Laurence Parisot s'était exprimée en juin 2011 sur le sujet. Elle déclarait : « (...) Baisser l’âge légal de départ à la retraite des femmes par rapport aux hommes, cela équivaut à entériner cette inégalité de fait (...) Puisque les femmes vont travailler moins longtemps, celà veut dire moins de belles carrières que les hommes (...) il n’est pas question non plus que les entreprises soient les seules responsables de cette situation scandaleuse alors que bien souvent cela commence ailleurs dès l’école ou dans le foyer (...) »

Ce qui n'empêchait pas Laurence Parisot d'écrire, dans un éditorial, publié sur le site de l'égalité professionnelle : « (...) le combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes doit nous animer à chaque instant. Parce que la misogynie est un racisme. Parce que l’inégalité est contraire à nos valeurs républicaines les plus fondamentales (...) »

En langage de la rue, tout ça porte un nom : « faire du bruit avec la bouche » et un peu aussi se foutre de la gueule du monde. Mais, il n'y a pas à dire, pour la création de belles légendes, le Medef n'a pas d'équivalent !

21 janvier 2013

Maurad Rabhi (CGT) : Les patrons sont les grands gagnants de la négociation emploi !

Selon Maurad Rabhi, en charge à la CGT des questions d’emploi et du chômage, l'accord sur l'emploi négocié entre les organisations patronales et certains syndicats est particulièrement déséquilibré. Nous lui avons proposé de nous en donner les raisons, ce qu'il a accepté de faire, en exclusivité, sur Slovar les Nouvelles.

Slovar: Maurad, vous étiez l'un des négociateurs de la CGT lors du marathon de la négociation sur la réforme du marché du travail. De très nombreux observateurs ont indiqué que l'accord final est équilibré. Il n'y aurait finalement que des gagnants ?

Maurad Rabhi : Les patrons sont les grands gagnants de cette négociation. Les salariés dans leur grande majorité n'ont pas encore pris la mesure rélle de la portée de l’accord du 11 janvier 2013. Et pourtant, ce texte présenté comme une nouvelle phase de « flexisécurité » constitue, en vérité, la régression la plus importante qu’ont eu à connaître les droits des salariés depuis les années 1980.

Slovar : Les "experts" qui ont commenté positivement le texte auraient-ils été partiaux ?

MR : En ce qui concerne la presse, la quasi totalité s'est focalisée sur les hypothétiques nouveaux droits auxquels les salariés pourraient prétendre sans s'interroger sur les effets pervers de certaines propositions. Ainsi, on a parlé de formation, de complémentaire santé, de temps partiel, de droits rechargeables pour les chômeurs. Dont les modalités et le délai de mise en oeuvre sont particulièrement flous. Mais j'y reviendrai.

Quant à la taxation des contrats courts, elle a servi de leurre tout au long de la négociation pour mieux détourner l’attention de l’opinion sur les aspects de flexibilité ou de sécurité juridique que le patronat réclamait pour son propre compte.

Slovar : Oui, mais, la formation, les complémentaires santé, le temps partiel, et les droits rechargeables pour les chômeurs ont bien été inclus dans le texte final ?

J'ai dit que j'y reviendrais. Alors, analysons précisément les "nouveaux" droits inclus dans l'accord.

Mise en place du compte personnel de formation : Sorte de serpent de mer, on en parle depuis des années. Elle reste conditionnée à un accord tripartite (Etat, Région et partenaires sociaux). Ce qui vous l'avouerez est d'une grande lourdeur face au problème. Néanmoins, on ignore tout de ses modalités de financement !

La complémentaire santé pour les salariés qui en sont dépourvus peut-être considérée comme une avancée (même si elle est payée pour moitié par le salarié). Néanmoins, il faut que les salariés sachent qu'elle n’entrera en vigueur qu’en 2016 ! En outre, il faudra que les conditions soient réunies dans l'entreprise pour que les contrats de complémentaire santé soient appliqués. 

Les droits rechargeables pour les chômeurs devront être financés à coût constant par le budget de l’Unedic. Rien n’a été arrêté sur le paramétrage des droits rechargeables. La prochaine convention d’assurance-chômage devra définir la durée des droits, le taux d’indemnisation et la période que l’on retient pour calculer les droits rechargeables. Ce qui est sûr, c’est que le Medef propose en contrepartie, pour ne pas grever le déficit, de remettre en place la dégressivité de l’allocation pour tous les demandeurs d’emploi ou alors de baisser le niveau des allocations de 10 à 15 % pour tous. Enfin, autre proposition, c’est de diminuer la durée des droits pour tous. Autrement dit, cela signifie qu’on déshabille Paul pour habiller Jacques.

En ce qui concerne la taxation des contrats courts revendiquée de longue date par la Cgt, l'accord « oublie » les intérimaires, les saisonniers et les CDD supérieurs à 3 mois. Cerise sur le gâteau, cette mesure au total rapportera au patronat plus d’argent qu’elle ne lui en coûte avec la contrepartie relative à l’exonération des cotisations pour l’embauche d’un jeune de moins de 26 ans.

Slovar : Maintenant que nous avons vu le côté "sécurisation" de l'accord, passons, si vous voulez bien du volet "flexibilité ?

MR : Tout d'abord, sachez que si les mesures présentées en faveur des salariés ou des demandeurs d’emploi sont hypothétiques ou renvoyées à plus tard, les mesures de flexibilité au profit des employeurs sont bien réelles et d’application immédiate.

Mesure-t-on la gravité des nouvelles dispositions relatives aux procédures de licenciement encadrées et sécurisées juridiquement à la main du patronat, qui pourra engager des restructurations y compris quand l’entreprise est en bonne santé financière ?

Slovar : C'est à dire ?

MR : Premièrement : La réduction drastique des délais de la procédure (entre 2 et 4 mois) interdira, en pratique, aux représentants des salariés de discuter du fondement économique des licenciements et d’élaborer des solutions alternatives. Les négociations risquent donc de ne porter que sur le volet social du plan de sauvegarde à l’emploi et la stratégie de l’entreprise est validée dans tous les cas de figure.

Deuxièmement : Mesure-t-on les conséquences d’une mobilité forcée pour les salariés ? Ils ne pourront plus contester les propositions patronales, même si elles ne sont pas conformes aux clauses de leur contrat de travail. Un refus vaudra licenciement pour motif personnel (et non plus économique), donc sans mesure d’accompagnement possible.

Troisièmement : Mesure-t-on les conséquences des accords dits « de maintien dans l’emploi » qui ressemblent furieusement aux accords "compétitivité-emploi" proposés par le Medef sous l'ancienne présidence de la République et, dont on voit actuellement ce qu’ils signifient, par exemple, chez Renault ?

Non seulement les garanties en matière d’emploi seront toujours sujettes à caution, mais le chantage exercé en toute impunité par les employeurs leur permettra de réduire les salaires ou d’augmenter la durée du travail pour améliorer les marges financières des entreprises. Les salariés qui refuseront seront licenciés pour un motif qui s’apparente à un licenciement économique, mais l’entreprise sera dispensée de toutes les obligations sociales du plan de sauvegarde à l’emploi (formation, reclassement, revitalisation du bassin d’emploi, priorité de réembauche, etc…).

Quatrièmement : Mesure-t-on ce que signifie l’immunité judiciaire offerte aux employeurs ?

Les voies de recours des salariés pour contester les décisions patronales sont réduites et les sanctions aussi. On glisse ainsi du lien de subordination du salarié à l’employeur vers un lien de ... soumission !

Les conséquences de cet accord pour les salariés ont été manifestement sous-évaluées. Elles se révèleront malheureusement avec le temps. Le compromis issu de cette négociation est trop déséquilibré en faveur du patronat. On est loin d’un dialogue social constructif où les intérêts des uns et des autres sont pris en compte.

Slovar : Oui, mais l'accord ayant été signé conjointement par les organisations patronales et par la CFDT, la CFECGC et la CFTC, il devrait selon toute logique s'appliquer ?

MR : Il faut d’abord savoir que si l’on avait utilisé les nouvelles règles de représentativité qui entreront en application dès le mois de juillet, l’accord serait minoritaire car la CFTC ne sera plus représentative sur le plan interprofessionnel et la CGC deviendra un syndicat catégoriel. Il faut tout d'abord que le Parlement donne son avis. C’est pourquoi il doit modifier le texte pour le remettre en conformité avec son intitulé et avec la propre feuille de route du gouvernement. Cet accord est en deçà du plancher légal existant sur beaucoup de points, il n’est pas possible que ce gouvernement entérine de tels reculs sociaux.

Slovar : Merci Maurad Rabhi


Maurad Rabhi est secrétaire général de la fédération Thc Cgt, Membre de la direction confédérale en charge des questions d’emploi et du chômage.

20 novembre 2012

Salariés : Vous serez les seuls à payer le prix de la compétitivité et de la crise !

Les salariés seront les seuls à faire les frais de la compétitivité, symbole selon les « experts »  de la sortie de crise économique qui frappe, entre autre, l'Europe. En attestent les déclarations de Moody's, du Medef et du très libéral REXECODE, expliquant que le salut est dans la mise en place d'une plus grande précarité des salariés français !

Savez-vous quel est le principal obstacle à la sortie de la crise économique et financière qui frappe la France depuis la crise spéculative des subprimes ?

Les spéculateurs de tous poils, l'évasion fiscale organisée par les banques et les multinationnales dans les paradis fiscaux, les délocalisations sauvages ? Rien de tout ça, si l'on en croît l'agence de notation Moody's, le Medef et son officine Rexecode.

Non, le fléau qui nuit à la reprise économique, c'est ... le salarié !

Hé oui braves gens, le salarié français dont la rémunération moyenne tournait en 2010 autour des 2000 €, c'est à dire, dans beaucoup de cas, à peine de quoi payer le loyer et la nourriture correcte d'une famille serait donc un handicap majeur pour la relance de l'économie française.

Car, il faut savoir que l'agence de notation Moody's les a clairement montré du doigt dans sa décision de dégrader la note de la France. Extrait : « (...) La France a aussi un autre défi structurel selon Moody's : la réforme du marché du travail dont l'agence pointe des rigidités durables. Et de dénoncer : « une protection importante pour les contrats à durée indéterminée, rendant les licenciements particulièrement difficiles et source de freins à l'embauche (...) » 

Ce qui a permis à Laurence Parisot de se ruer sur le premier micro pour déclarer : « il est temps, pardonnez le néologisme, de détabouiser le mot de flexibilité, c'est la clef pour réussir cette négociation, il faut arrêter d'avoir peur du mot, nous avons besoin de flexibilité pour recréer des emplois »

En clair : Il n'y a plus assez de travail à partager, donc, partageons le chômage entre tous ! 

Et la patronne du Medef d'ajouter : « (...) Nous ne signerons pas d'accord si du côté des organisations syndicales, il n'y a pas une acceptation de principe ou des principes que nous mettons derrière la notion de flexibilité (...) Pour que les entreprises embauchent, il faut diminuer l'aléa judiciaire sur les procédures individuelles ou collectives de licenciement (...) en plafonnant pour les TPE et PME les dommages et intérêts accordés aux salariés par les prud'hommes (...) » Et de conclure, sans rire : « (...) que les entreprises puissent procéder à des reclassements ou redéploiements sans avoir à passer par un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), afin d'aller beaucoup plus vite et de manière beaucoup plus rassurante pour tout le monde (...) »

Seul regret inavoué de notre amie Laurence, c'est que les salariés aient cessé trop tôt de croire au Père Noël ! C'eut été préférable, dans la mesure où, chacun d'eux sait parfaitement qu'il n'existe aucune corrélation entre facilité de licenciement et embauche. Si ce n'est de recruter des salariés moins payés, en lieu et place de ceux dont on s'est débarrassé ! Quant à croire que les employeurs vont gentiment reclasser les salariés dont ils n'ont plus besoin, on frise le grandiose ! Surtout lorsqu'on se souvient des offres de reclassements en Bulgarie ou Roumanie avec, bien entendu, un salaire ... local. 

Il ne vous étonnera pas, au passage, que le Medef allié de circonstance de la CGPME n'entend pas céder à la demande de modulation des cotisations chômages, pour les contrats précaires. Demande qu'elle a renvoyé à la renégociation de l'assurance chômage, prévue fin 2013.

Dans ce concert, il ne manquait que la caution traditionnelle d'une officine pseudo scientifique souvent citée par le Medef pour ses études et travaux, j'ai nommé : Rexecode

Dans la mesure où on apprenait que la France avait cessé de perdre des parts de marché à l'exportation, il était nécessaire de faire intervenir ces spécialistes, pour ne pas gâcher le tableau brossé par Moody's et le Medef. Ainsi, Rexecode, après avoir du bout des lèvres, constaté que la compétitivité française avait tendance à se : « (...) stabiliser par rapport à celle des autres pays de la zone euro (...) » montre à son tour du doigt ces nuisibles de salariés français : « (...) l'évolution du coût du travail n'incite pas à l'optimisme. Depuis deux ans, le coût salarial unitaire augmente plus vite que dans les pays du sud de l'Europe, alors que ce n'était pas le cas auparavant. En d'autres termes, l'Italie, l'Espagne ou encore le Portugal regagnent en compétitivité-coût au prix de l'austérité salariale, ce qui n'est pas le cas en France (...) Pour Rexecode, l'annonce d'un crédit d'impôt de 20 milliards pour les entreprises est donc forcément une bonne nouvelle (...) Mais cela ne peut être suffisant, selon lui. Il faut qu'il s'accompagne d'une flexibilisation du marché du travail, sur le modèle allemand (...) notamment la possibilité de déroger, par accord d'entreprise, aux conditions imposées dans la branche, notamment sur la question des salaires et du temps de travail (...)  »

Le taux de chômage a t-il baissé en Italie, au Portugal ou en Espagne ? Non, bien entendu, mais comme nous vous l'expliquions précédemment, la baisse des salaires a fait le bonheur de constructeurs automobiles comme Renault ou Ford qui se sont rués en Espagne où, il est facile d'imposer à peu près n'importe quoi à des salariés forcés de l'accepter, sous peine de voir les emplois partir ... où c'est encore moins cher, et moins contraignant socialement parlant !

Les actionnaires quant à eux se réjouissent de ces propositions qui, sans nul doute, devraient, au travers du regonflement des marges des entreprises, leur offrir d'excellents dividendes. Du moins dans un premier temps, puisque dans la mesure où chaque pays de l'union européenne aura à coeur de paupériser toujours un peu plus ses salariés, qui consommeront de moins en moins, le jeu devrait prendre fin à moyen terme.

Ensuite que fera t-on ?

Hé bien nul ne le sait. Après tout, c'est ça la mondialisation Coco ! 


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12 novembre 2012

Sondage IPSOS/Le Figaro : Le chantage aux plans sociaux a de l'avenir !

IPSOS vient de publier un sondage dans lequel il explique que : " Les salariés sont prêts à des concessions sur les salaires et le temps de travail pour échapper à des suppressions de postes " Donc avec un bon chantage, on pourrait obtenir l'accord des salariés sur les accords compétitivité-emploi réclamés à cor et à cri par le MEDEF !


Le Figaro jubile sur son site Web. En effet selon le sondage réalisé par Ipsos pour le Cesi, en partenariat avec ... Le Figaro, les salariés seraient 64% à renoncer aux 35H00 et 59% accepteraient un gel de leurs salaires. Voila qui va ravir le MEDEF qui n'a toujours pas digéré l'abandon (provisoire ?) des accords compétitivité-emploi promis par Nicolas Sarkozy et l'UMP en cas de victoire.

Que dit l'étude/sondage ?

Que les salariés seraient prêts à abandonner les 35H00 et un gel des salaires pour les raisons suivantes : « Près d'un salarié sur cinq indique avoir observé dans son entreprise une recrudescence de licenciements économiques individuels ou de plans sociaux  » commente Étienne Mercier, directeur adjoint du département opinion Ipsos Public Affairs, qui ajoute : « Plus d'un salarié sur cinq juge même qu'il existe une importante probabilité qu'il connaisse une période de chômage dans les deux prochaines années »

Vous avouerez que ce sondage tombe à pic pour le MEDEF dont l'unique objectif est la mise en place de la flexibilité des salariés. D'autant que ce sondage survient à mi course des négociations entre patronat et syndicats, initiées par le gouvernement. On imagine avec quelle gourmandise les négociateurs du MEDEF vont le brandir devant les syndicalistes.

Pour ceux qui seraient tentés de dire : Après tout, pourquoi pas ? nous leur soumettrons un exemple de ce qui pourrait se passer au cas où la flexibilité horaire et le gel des salaires devenaient la règle 

Cet exemple se nomme Renault 

« (...) la direction du groupe a été claire. Elle n'attribuera de nouveaux véhicules ainsi que des volumes minimaux de production à ses différents sites hexagonaux que si un accord est trouvé sur une meilleure organisation du travail et les salaires. Avec comme modèle le site de Palencia, en Espagne, qui serait – c'est en tout cas ce que les partenaires sociaux entendent à longueur de réunions – le plus compétitif du groupe (...) »

En attendant de connaître les exigences réelle de la direction de Renault, les salariés français ont appris que leurs homologues espagnols étaient soumis aux contraintes suivantes : « (...) un accord qui permet notamment d'allonger la durée du travail de un à trois jours par an, de plafonner les hausses de salaires à la moitié de l'indice des prix et de créer une nouvelle grille pour les salaires d'embauche, démarrant à 72,5 % du salaire d'un agent qualifié (...) »

Mais Renault ne se limite pas à mettre la pression aux salariés français, puisque en Espagne, nous explique Le Monde, la référence c'est : L'usine roumaine ! Et donc, pour maintenir l'emploi , que ce soit à Palencia, Seville ou Valladolid, le constructeur exige des concessions des syndicats. Et comme l'Espagne compte près de 25% de chômeurs...

Cette particularité n'a pas échappé non plus à Ford qui n'a pas hésité à annoncer la fermeture de son unité de production en Belgique pour la tranférer ... en Espagne !

Sans oublier que ce chantage est sans fin puisque comme l'expliquent Les Echos : « (...) La durée de travail normale sur d'autres sites européens est bien plus importante, comme à Novo Mesto en Slovénie (environ 1.650 heures par an) ou Tanger au Maroc (plus de 1.950 heures). L'usine turque de Bursa, qui assemble la nouvelle Clio, constitue un cas extrême avec 2.050 heures environ (...) » Après tout, l'objectif n'est pas que les salariés soient en mesure d'acheter les véhicules qu'il fabriquent mais d'augmenter la marge réalisée sur chaque voiture assemblée ! Marge qui permettra de continuer de rémunérer grassement les équipes dirigeantes et les actionnaires.

Mais, se désolent IPSOS et Le Figaro, ces impertinents de salariés français, s'ils sont, selon eux, prêts à abandonner les 35H00 et à voir leur salaires gelés, ne seraient que 32% à accepter de baisser leurs salaires


Salariés qui sont, toujours selon le duo IPSOS/Figaro, responsables de leur possible future perte d'emploi, puisque   : « (...) seule une minorité d'entre eux consulte régulièrement les offres d'emploi pouvant les concerner (22%) et soigne ses relations à l'intérieur de l'entreprise (26% le font régulièrement) ou en dehors de l'entreprise (seuls 17%), y compris via les réseaux sociaux professionnels (seuls 7% le font régulièrement) »

En résumé, aux salariés français d'apprendre à vivre avec un salaire inférieur au seuil de pauvreté et d'anticiper leur licenciement !

Dégueulasse ? assurément ! Mais c'est la mondialisation Coco !


27 septembre 2012

Compétitivité des usines françaises : De qui se moque le PDG de Renault ?

Le PDG de Renault lance un cri de détresse sur la compétitivité de ses usines françaises, oubliant au passage de préciser qu'il a déjà délocalisé 83% de la production actuelle et qu'une baisse des cotisations patronales ne servirait au mieux qu'à maintenir un minimum d'emplois.


Restera t-il, dans peu de temps, une usine de production automobile en France ?

C'est la question qu'on peut légitimement se poser en écoutant les très nombreuses lamentations des PDG sur le manque de compétitivité des usines françaises ou d'Europe de l'ouest. En fait, aucun ne parle du cycle de paupérisation, du aux cures d'austérité, imposées aux populations, qui ont détruit toute notion de pouvoir d'achat. Non, ils se plaignent que leurs clients, hormis les produits essentiels, reportent leurs achats les plus importants, notamment ceux d'achats d'automobiles neuves.

Que faire, lorsque les salaires sont trop bas et que l'angoisse du chômage réfrène toute velléité de consommation ?

Henri Ford qui n'était ni philanthrope, ni bolchévique, avait choisi de payer en moyenne deux fois mieux ses salariés que ses concurrents. Pour quelles raisons ? : attirer les ouvriers aux compétences les meilleures afin d’augmenter la productivité du travail et le fait que : « Un ouvrier bien payé est un excellent client ». Force est de constater qu'un siècle plus tard, les patrons de PSA et Renault nous expliquent que faute d'acheteurs, il est nécessaire de baisser le coût du travail et de flexibiliser le travail et les salaires de leurs ouvriers.

Ce qui ne résoudra rien puisque les clients sont aux abonnés absents. Mais écoutons les arguments du PDG de Renault. 

Carlos Ghosn souligne que le problème de Renault était moins lié aux surcapacités qu'à la compétitivité de ses usines françaises. « Aujourd'hui, le principal sujet de Renault, notre urgence même, c'est notre compétitivité en France (...) » Carlos Ghosn, disant attendre du gouvernement : « des choix et un plan d'action (...) Nous avons un problème de coût du travail et nous avons besoin de flexibiliser le travail, notamment dans l'industrie (...) »

Notons au passage que Carlos Ghosn n'a pas le moindre scrupule à concurrencer les productions de  ses usines françaises avec des DACIA made in Roumanie ou Maroc. Ou même de proposer sous le logo Renault les modèles haut de gamme Latitude et Koleos fabriqué en Corée. Pas plus qu'il n'a de scrupule à importer plus de véhicules au losange en France qu'il n'en exporte ! Allons, soyons sérieux deux minutes. Comment peux t-on comparer les coûts salariaux des ouvriers slovènes, turcs, marocains, roumains ou russes avec ceux des français ?

La compétitivité, un simple alibi ?

La réalité, c'est que monsieur Ghosn a fait des choix stratégique par lesquels la marque Renault est devenue, au fil du temps, un moyen de rebadger des productions DACIA (Brésil et Russie) et surtout ne doit pas gêner Nissan et sa filiale de luxe INFINITI si chers à son coeur. Et ce ne sont pas les véhicules électriques dont la diffusion devrait rester confidentielle, qui vont cacher le fait qu'à part la nouvelle Clio (dont seulement une partie sera fabriquée en France) et le serpent de mer Alpine, l'avenir industriel de Renault n'est plus en France. 

L'argument compétitivité n'est qu'un alibi. Car, en admettant que le gouvernement français diminue de façon considérable les cotisations patronales, rien n'empêchera les constructeurs automobiles de continuer de développer leur outil de production dans les pays aux coûts salariaux et aux normes sociales les plus bas.

En fait, à terme, les clients de la zone Europe, deviendront des consommateurs d'appoint puisque les constructeurs ont déjà les yeux tournés vers la future clientèle des pays émergents où ils ont des usines ou des joint-ventures qui fourniront un jour ou l'autre ... le marché européen.

Alors, faire croire qu'en transférant les cotisations des entreprises vers les consommateurs (TVA) ou les contribuables (CSG) suffirait à ne plus supprimer d'emplois et même à en créer n'est qu'une imposture et viendrait au mieux améliorer les marges au profit ... des actionnaires. 

La longue plainte de nos constructeurs automobiles n'est en fait qu'un rideau de fumée destiné aux français, qui pourraient prendre ombrage en tant que consommateurs de la programmation des fermeture d'usines de production dans l'hexagone. 

De façon plus prosaïque, l'avenir de l'automobile française est déjà en place. La Roumanie, le Maroc et probablement bientôt la Chine et l'Inde fourniront les véhicules low cost destinés aux salariés low cost. La République Tchèque, la Slovaquie ou la Hongrie fourniront les classes moyennes, et des accords passés avec des constructeurs germaniques permettront de proposer du haut de gamme. 

Ce qui fait qu'on oubliera le plus rapidement du monde le label France, inventé par le précédent gouvernement, que ni Renault ni PSA n'ont demandé, mais que, curieusement TOYOTA a obtenu haut la main. TOYOTA qui, outre ne pas pousser de longues plaintes, va exporter aux Etats Unis des Yaris fabriqués en France.

Suggérer à Carlos Ghosn d'aller leur demander conseil pour ses problèmes de compétitivité en France ne serait, décidément pas, une mauvaise chose ! 


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13 juillet 2012

Licenciements et flexibilité : Le gouvernement cèdera t-il au chantage patronal ?

Selon les organisations patronales, la compétitivité passe obligatoirement par une refonte précarisante du marché du travail. Le plan social de PSA n'est, semble t-il que la première étape du chantage imposé au gouvernement et aux syndicats de salariés pour l'obtenir !




Les salariés noteront que c'est après avoir annoncé son plan social que Philippe Varin le patron de PSA vient de réclamer une « baisse massive » des cotisations sociales. Laissant entendre par là que si le gouvernement n'accède pas à sa demande, les « charettes » pourraient continuer.

Donc, schématiquement, il suffirait de baisser les cotisations sociales de PSA pour que, par exemple, les ventes de la C3 (fabriquée à Aulnay sous Bois) s'envolent et qu'on soit obligé de recruter pour fournir les acheteurs ?

Un peu simpliste direz-vous. Et vous aurez raison !

Car, Philippe Varin confirme dans Le Parisien avoir retardé l'annonce des 8000 suppression de postes car : « Il n'était pas question d'en faire un enjeu électoral ». Nous ajouterons qu'il est assez probable qu'il comptait bien sur une victoire du candidat sortant et de sa majorité, pour obtenir l'application du programme concocté par, entre autre, le Medef et  l'UIMM dans son pacte social, soutenu par le candidat Sarkozy.

Au fait, pour l'anecdote, Frédéric Saint Geours, le président de l'UIMM est également le directeur des marques du groupe PSA

Quelles en étaient les mesures principales

Accords compétitivité-emploi (Flexibilité horaire et salariale)
Remise en cause de la durée légale du travail, à négocier par branches ou entreprises
Transfert de certaines cotisations sociales sur l'impôt (TVA sociale)

Le meilleur restant à venir puisque comme vient de le révéler Laurence Parisot, nous aurions eu le droit à : La fin des obligations des employeurs en cas de plan de sauvegarde de l'emploi (rupture conventionnelle collective)

En résumé, pour être compétitif : Pas de remise en cause de la stratégie, de la politique de recherche ou d'innovation pratiquées par les directions des entreprises mais transformation progressive et irréversible des salariés en variable d'ajustement. Ce à quoi il faut ajouter, mise en concurrence permanente des salariés encore en poste, permettant de tirer les salaires vers le bas !

Ce que l'inénarrable chroniqueur, Jean-Francis Pécresse traduit dans les Echos par : « (...) Plus de compétitivité économique ou plus de droits sociaux ? Plus de flexibilité de l'emploi ou plus de rigidité dans le droit du travail ? Plus d'économies dans les dépenses publiques ou plus d'impôts au risque de freiner l'activité ? (...) »

Donc, soit les organisations patronales obtiennent de façon unilatérale la mise en place de la précarisation des salariés soit les licenciements vont s'enchaîner en septembre, comme l'a annoncé Laurence Parisot il y a quelques jours.

Laurence Parisot qui exige du Président de la République : « (...) le transfert d'une partie du financement de la protection sociale des entreprises aux citoyens, via une hausse de la TVA (...) plus de flexibilité du marché du travail, avec la mise en place de baisses temporaires de salaires en échange d'un maintien de l'emploi, ou encore une facilitation des suppressions de postes (...)  »

Quelles garanties pour les salariés qui se verraient appliquer ces mesures ? Réponse aucune puisque selon madame Parisot : « Si on veut que ces entreprises soient à nouveau performantes et puissantes (…) au niveau mondial, dans cinq ou dix ans, il faut accepter des ajustements, il faut accepter des restructurations (...) »

En français ça porte un nom précis : Du chantage. Et c'est surtout un manque profond de respect pour tous les salariés qui font fonctionner au quotidien les entreprises françaises !

Le plus grave dans cette affaire, c'est que les fameux « ajustements » et « restructurations » prônées par le Medef, pour les rendre plus compétitives, ne garantissent en aucun cas la pérennisation d'emplois sur le territoire national.

La preuve en est que les 8000 suppressions de postes chez PSA n'ont pas convaincu les investisseurs puisque :  « (...) Le titre du constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën fait un plongeon spectaculaire ce vendredi matin à la Bourse de Paris, alors que la polémique enfle après le plan de suppressions de postes et en l’absence de perspectives encourageantes sur le groupe (...) »

Cela signifie t-il que PSA n'est pas allé assez loin et qu'il est maintenant nécessaire de rapidement précariser d'avantage les salariés et surtout de délocaliser encore un peu plus la production ?

Devant cette confusion, il est clair que le Président, son gouvernement et sa majorité doivent montrer que le politique a encore son mot à dire face aux groupes de pression aussi puissants soient-ils. Et surtout apporte des réponses claires et précises à des salariés qui pourraient bien dans le cas contraire être tentés par des actions spontanées et plus ou moins violentes à défaut d'avoir un avenir ! 


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09 juillet 2012

La précarisation des salariés va à l'encontre de la compétitivité !

Le Medef continue d'affirmer qu'il est nécessaire de précariser les salariés au nom de la compétitivité. Or, une baisse même temporaire des salaires ne remplacera jamais la fabrication de bons produits par des salariés ... capables de les acheter !  




Le Medef a décidé de faire comprendre aux salariés français que le choix électoral qu'ils ont fait à la présidentielle et aux législatives n'était pas le sien. Il compte bien sur la conférence sociale pour exiger l'application unilatérale de ses demandes.

Prenant la parole en marge de la conférence sociale Laurence Parisot a déclaré que : « (...) François Hollande devrait faire comprendre aux ouvriers que certaines usines et certains emplois disparaîtront à jamais, comme l'avait fait Barack Obama lors de son soutien à l'industrie automobile en 2008-2009 (...)  la patronne du Medef affirme qu'il faut que « tout le monde comprenne que si on veut que ces entreprises soient à nouveau performantes et puissantes et leaders au niveau mondial, dans cinq ou dix ans, il faut accepter des ajustements, il faut accepter des restructurations »

Et dans la mesure où François Hollande n'aurait pas compris le message, Laurence Parisot promet une hécatombe d'emplois à la rentrée : « (...) En cause ? La période estivale durant laquelle « les trésoreries des entreprises sont toujours mises à mal, les carnets de commandes n'étant pas suffisamment garnis (...) »

Résumons-nous : Si les salariés français acceptaient sans rien dire

Qu'on ferme toutes les usines jugées plus assez rentables,
Qu'on dégraisse les effectifs à la première baisse de chiffre d'affaires,
De consentir au plafonnement des dommages et intérêts qui leur sont accordés par les tribunaux en cas de faute de l'entreprise et qui seraient : « Un frein majeur à l'embauche »
Voire de travailler ... bénévolement pendant les mois d'été au lieu de partir en congés ... Selon le Medef, la compétitivité de la France et de ses entreprises seraient assurées !

Madame Parisot oubliant bien entendu de parler de partage des richesses produites, celui-ci étant réservé aux actionnaires. Pour ce qui concerne les salariés, la question du partage ne se pose pas puisque pour maintenir un haut niveau de revenus pour les actionnaires, il faudra, face à la concurrence, encore plus de plus de compétitivité, donc de flexibilité et de licenciements !

Oui dira madame Parisot mais c'est pour maintenir l'emploi ! De combien de personnes et pour combien de temps ? Le Medef dans sa frénésie de compétitivité refuse d'y répondre. Tout comme il refuse de prendre le moindre engagement en contrepartie des sacrifices faits par les salariés.

Ce qui signifie que si après avoir accepté tant de sacrifices, les salariés constatent, à terme,  que les commandes reprennent et que la santé de l'entreprise est bonne, il y a fort à parier qu'on leur expliquera qu'il est impossible d'augmenter à nouveaux leurs salaires mais qu'il est toujours nécessaire d'effectuer des ajustements d'effectif ... 

Le modèle de Laurence Parisot est simple : Obtenir des salariés de mieux en mieux formés, payés au plus près du salaire minimum (tant qu'il existe), licenciables sans aucun recours, mais capables de produire des biens et services affichant la meilleure marge. Le tout étant quand même de trouver des clients !

Car si l'ambition patronale est de tirer la production vers le haut de gamme, la très grande majorité de la population ainsi précarisée, sera de plus en plus contrainte d'acheter toujours plus de produits ou services low cost issus de pays à moindre coût salarial.

Par contre, ce n'est pas demain que les entreprises françaises, faute d'avoir consacré assez d'argent à la recherche et l'innovation, iront tailler des croupières aux pays créateurs de produits industriels technologiques solidement installés sur les marchés à l'export.

Mais celà n'inquiète pas le Medef qui, s'il obtenait la flexibilité la plus totale et l'absolue liberté de licencier, n'hésiterait pas une fois de plus à tendre sa sébile en direction du gouvernement pour obtenir de nouvelles aides sans pour autant s'engager à réindustrialer le pays.

Le seul problème sera de savoir s'il restera en France assez de contribuables salariés pour payer une nouvelle addition ! 


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25 mai 2012

Et si vous essayiez de vivre avec le SMIC Monsieur Le Maire ?

Selon l'ancien ministre le l'Agriculture, ces sont les augmentations du SMIC qui sont responsables de l'augmentation ... du chômage. Lorsqu'on connaît le bilan du gouvernement auquel il appartenait en termes d'emploi on pourrait presque en rire !





Comme on dit chez moi : Si les salariés acceptaient d'être bénévoles, c'est certain qu'il y aurait beaucoup moins de chômage. A rapprocher de ce qu'a déclaré Bruno Le Maire chez  iTELE : « Les augmentations du Smic depuis plusieurs années ont contribué à l'augmentation du chômage »

Même si Bruno Le Maire n'était pas l'un des ministres les plus médiatiques du gouvernement Fillon, il ne faut pas oublier qu'il était le rédacteur du très droitier projet 2012 de l'UMP. Dans lequel, au passage, il préconisait : La mise en place d'un code pénal spécifique pour les mineurs, avec sanctions dès 12 ans !

C'est lui qui mercredi dernier encore nous rejouait le couplet du vrai travail contre l'assistanat : « (...) Le vrai travail, ça veut dire les gens qui prennent leur voiture le matin pour se rendre dans leur entreprise, leur usine, leur exploitation, qui travaillent toute la journée, rentrent le soir et ont encore mille choses à faire pour leur famille, pour eux-mêmes, pour gérer leur foyer. C'est la différence avec ceux qui vivent des revenus de l'assistance (...) »

Le problème, c'est qu'un nombre de plus en plus important des salariés français : « qui prennent leur voiture le matin pour se rendre dans leur entreprise, leur usine, leur exploitation, qui travaillent toute la journée, rentrent le soir .... » touchent le SMIC et n'arrivent pas à joindre les deux bouts !

C'est donc en pensant à eux que monsieur Le Maire a déclaré : « Les augmentations systématiques du Smic depuis plusieurs années ont participé à l'augmentation du chômage dans notre pays (...) Pour moi, la priorité, c'est la défense de l'emploi et la défense de notre production (...) »

Référence aux accords compétitivité-emploi et au transfert des cotisations patronales vers l'impôt réclamés à cor et à cri par le Medef qui, celà ne vous étonnera pas, fait une crise de nerfs dès qu'il est question d'augmenter le SMIC au fait que : « Si on continue d'étrangler les entreprises, on se prive du surplus de création de richesses qui vous apporterait le surplus de recettes » et exerce une fois de plus son chantage habituel : « Tout mouvement au-delà de la simple valorisation économique du smic, tout coup de pouce trop généreux aurait un impact considérable et négatif sur l'emploi »

Oubliant de préciser comme le fait remarquer le blog Dans le collimateur : « (...) que la France produit, à euros constant, le double de richesse par rapport à 1981 (prés de 2000 milliards) pour seulement 10% de population en plus (...) » Ce dont les actionnaires se félicitent d'ailleurs !

Néanmoins, les Smicard seront contents d'apprendre que Bruno Le Maire trouve que la taxe exceptionnelle sur l'SF sur laquelle réfléchit le gouvernement relève : « toujours de la même logique... qui mènera la France dans le mur »

Même si ces salariés pourront grincer des dents en apprenant que le Président Sarkozy cher à Bruno Lemaire a pu gaspiller pour 9,4 millions euros de sondages et études sur : DSK, Le Pen, les écologistes et l'islam ou sur l'avis des français sur : « son mariage possible avec Carla Bruni »

Mais que ces mêmes Smicards se rassurent puisque le candidat à la députation dans l'Eure qui même en cas de défaite, ne connaîtrait pas les affres du salaire minimum, reconnaît : « qu'il n'est pas facile de vivre en France aujourd'hui avec un Smic »

Mais que ne ferait-on à l'UMP pour : «  les gens qui prennent leur voiture le matin pour se rendre dans leur entreprise, leur usine, leur exploitation, qui travaillent toute la journée, rentrent le soir et ont encore mille choses à faire pour leur famille, pour eux-mêmes, pour gérer leur foyer » et ... qui touchent le SMIC  !


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30 janvier 2012

L'Elysée et l'UMP filiales des organisations patronales ?

Si les organisations patronales se réjouissent des annonces de Nicolas Sarkozy sur les futurs accords compétitivité-emploi, elles ne pavoisent pas encore, puisqu'un échec du Président et de sa majorité ruinerait leurs espoirs et ceux de leurs actionnaires !

Comme nous vous l'expliquions hier les propos du Président et de son premier ministre sont une transposition de type copié/collé des demandes des organisations patronales, notamment de l'UIMM. Elles s'appuient sur un raisonnement très simple : Transformer la rémunération des salariés en variable d'ajustement de l'activité économique !

Afin d'y parvenir, il est nécessaire de priver ces salariés du droit de s'opposer à une modification unilatérale de leur contrat de travail ! Les organisations patronales n'ayant pas ce pouvoir, elles ont mandaté le Président, son gouvernement et sa majorité.

Ainsi, on a pu entendre Nicolas Sarkozy indiquer que François Fillon allait : « (...) écrire aux partenaires sociaux « pour leur demander de négocier dans les deux mois qui viennent » sur les accords dits « compétitivité-emploi »

Dans la mesure où la CGT et FO y sont totalement opposés et que la CFDT a annoncé qu'elle refusera : « (...) une mesure décidée unilatéralement et précipitamment (...) » Il est clair qu'aucun accord ne peut être trouvé rapidement, au grand dam des organisations patronales.

Alors direz-vous, projet mort et enterré ?

Certainement pas, puisque les organisations peuvent compter sur l'Elysée, le gouvernement et l'UMP pour les aider à obtenir satisfaction. En effet, Nicolas Sarkozy conscient de l'opposition des syndicats de salariés a annoncé lors de son intervention qu'en cas de : « blocage idéologique » des partenaires sociaux, un texte sera présenté au Parlement pour « gérer la période transitoire » avant qu'un accord ne se trouve.

Blocage idéologique qui ne pourrait vous vous en doutez bien provenir des organisations patronales puisqu'elles ont déjà annoncé la couleur sur leurs sites Web.

Medef : « (...) La perspective d'accords d'entreprise "compétitivité-emploi" permettra de faire face avec souplesse et dans le dialogue social à toutes les évolutions de conjonctures. Le Medef se tient prêt à ouvrir immédiatement une négociation avec les organisations syndicales sur le sujet afin de définir le cadre de tels accords (...) »

CGPME : « (...) la CGPME se tient prête à participer à la prochaine négociation interprofessionnelle sur la définition des accords cadres compétitivité-emploi. Elle fera valoir, à cette occasion, la nécessité de mettre en place les conditions de leur application pour qu'ils ne soient pas, dans la pratique, réservés aux seules grandes entreprises mais adaptés à la réalité des PME (...) » Communiqué

Sanction pour les salariés ?

De fait, expliquent Les Echos : « (...) les accords pourront moduler le temps de travail à la baisse, pour préserver l'emploi en réduisant la masse salariale, mais aussi à la hausse, en imposant de travailler plus de 35 heures sans revalorisation salariale (...) »

Les salariés qui seront content d'apprendre que contrairement à la cogestion à l'allemande, les organisations patronales françaises ne semblent pas vouloir s'engager comme leur homologues d'outre Rhin sur une : (...) garantie d'emploi qui peut courir jusqu'à quatre ou cinq ans (...) ni d'ailleurs sur un retour à de meilleurs salaires en cas de meilleure santé des entreprises !

Ce qui en résumé revient à faire payer la crise par ceux qui n'en sont pas responsables ! Et permettre aux actionnaires de voir leurs revenus maintenus

Le pire dans cette affaire, c'est qu'on oublie totalement de l'Elysée à L'UMP en passant par les organisations patronales de parler d'une implication directe pour les salariés : Que se passera t-il, lorsqu'un salarié dont le prêt immobilier ou à la consommation ont été été calculés sur la base ou en fonction de ses revenus, verra sa rémunération baisser de 20% ou plus ?

Eh bien, ils se débrouilleront avec leurs banques, quitte à hypothéquer ou mettre en vente leurs biens. L'essentiel n'est-il pas de permettre aux entreprises de continuer à bien rémunérer leurs actionnaires ?


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Le Figaro

25 janvier 2012

Accords compétitivité-emploi : L'envers du décor du « chantage à l'emploi » !

La TVA sociale que le président essayera de nous vendre dimanche soir, n'est en fait qu'un écran de fumée destiné à masquer les accords-compétitivité-emploi qui vont modifier en profondeur le code du travail au seul profit des entreprises !


Comme vous avez du le remarquer, le dernier élément de langage du gouvernement et de l'UMP, pour faire oublier les chiffres cauchemardesques du chômage est : Restaurer notre compétitivité ! Problème pour les salariés, ils vont le payer lourdement !

Que les salariés ne s'y trompent pas ! La discrétion du gouvernement et l'UMP sur le fonctionnement des accords compétitivité-emploi, est volontaire. En effet, expliquer clairement à quelques semaines de la présidentielle et des législatives que : « (...) cette mesure doit permettre aux entreprises de négocier le temps de travail des salariés en fonction de l'activité du moment (...) En échange d'une garantie de maintien des emplois (...) »

Après négociation avec les représentants des salariés : « (...) trois décisions peuvent être prises : soit augmenter le temps de travail en gardant le même salaire, soit maintenir le temps de travail en baissant le salaire, soit baisser à la fois le temps de travail et le salaire (...) » est assez suicidaire électoralement !

En résumé, le président, le gouvernement et l'UMP vous proposent de : travailler plus ou moins sans toutefois jamais gagner plus !

Belle escroquerie direz-vous ? Et vous aurez raison ! D'autant qu'il existe une face cachée que détaillent 3 avocats en droit social interrogés par L'Express. Ils sont unanimes : Cette mesure suppose de modifier le code du travail en profondeur.

Nous vous conseillons vivement la lecture intégrale et édifiante de l'article de L'Express, dont vous donnons ci-dessous quelques extraits.

« (...) Aujourd'hui encore, l'article L.1222-7 du code du travail autorise la diminution du nombre d'heures dans le cadre d'un accord de réduction de la durée du travail sans que cela ne soit une modification du contrat de travail (...) La seule différence de taille (...) c'est qu'il n'y a pas de baisse de salaire (...) »

« (...) Aujourd'hui le socle contractuel est défini par la loi et la jurisprudence (rémunération, horaires de travail,...). Toute modification contractuelle suppose l'accord du salarié (...) L'idée serait donc de rendre sa force obligatoire aux conventions collectives et aux accords d'entreprise (...) Ils s'imposeraient ainsi aux contrats de travail (...) »

« (...) il faudra fixer avec précision les contreparties possibles : pour les salariés d'une part (maintien de l'emploi ? des contrats de travail ?) (...) Il faudra aussi s'interroger sur le système de surveillance mis en place car le vrai problème est là (...) il faudra des garde-fous, notamment pour savoir jusqu'où il sera possible de baisser les salaires (...) » Et surtout : « (...) à quel niveau pourront être signés ces accords : celui de la branche, de l'entreprise ? (...) »

Mais il y a encore plus grave à notre sens. Il s'agit de la possible requalification du motif de licenciement, en cas de refus d'un salarié de voir modifier son contrat de travail : « (...) Aujourd'hui lorsqu'un salarié refuse une telle modification de son contrat de travail, il s'agit d'un licenciement économique. Ce n'est pas le refus du salarié qui est la cause du licenciement mais le motif de la modification proposée. Il pourrait être décidé que dans ce cas il ne s'agit plus d'un motif économique mais un motif personnel (...) »

En résumé le président, le gouvernement et l'UMP vous proposent de : travailler plus ou moins sans toutefois jamais gagner plus, sans réelles garanties !

Ce qui signifie que l'aventure subie par les salariés de Continental à Clairoix (Oise), dont le site a été fermé en 2010, malgré un accord fin 2007, pourrait devenir une hypothèse courante si les accords compétitivité-emploi étaient généralisés. Car comme le dit avec amertume le secrétaire national de la CGT, Maurad Rabhi : « ces accords n'ont jamais empêché une usine de fermer »

Alors séduits par cette version de la compétitivité qui sachez le, n'est en réalité ... qu'une commande passée au gouvernement par l'UIMM, et le Medef ? En tous cas, c'est bien ce qui pourrait arriver aux salariés au cas ou « le président courageux qui protège » était réélu ! Maintenant, c'est vous qui voyez ...

11 octobre 2011

Prime dividende aux salariés : Sombre bilan d'une mystification présidentielle !

En juillet dernier, le parlement validait la fameuse prime sur les dividendes ou prime « 1000 euros » voulue par Nicolas Sarkozy. Or, la moyenne constatée est de 300 €. Décryptage d'une formidable mystification.

En avril 2011, Nicolas Sarkozy, face au front du refus des organisations d'employeurs, sur son idée de versement de de prime sur les dividendes aux salariés, déclarait : « J'affirme qu'il est normal que les salariés et les ouvriers à qui on a demandé des efforts pendant la crise bénéficient de la reprise, c'est un principe sur lequel je ne céderai pas (...) »

Votée le 13 juillet dernier par le parlement, cette prime devenait obligatoire. Mais comme l'expliquait à l'époque Alain Vidalies (PS) : « (...) A l'inverse de ce que les Français avaient compris, cette prime n'aura rien d'obligatoire : il s'agit simplement d'une obligation de négocier qui pourrait à la limite n'aboutir qu'au versement d'un euro (...) »

Alors, quel est le résultat de cette « obligation » qui n'en était pas une ?

Dans un communiqué de presse du 29 septembre le Cabinet Deloitte indiquait les montants attendus pour la prime pour l’emploi, et précisait que ceux-ci seraient : « (...) près de moitié inférieurs au montant anticipé par le gouvernement (...) »

Quelques exemples

On pourra citer « l'humour » des patrons de Sécuritas qui ont proposé à leurs salariés 3, 50 €. Ou celui des patrons d'IPSOS, plus généreux qui leur proposent ... 24 € et qui, très impressionnés par le geste de leur direction, ont décidé de se mettre en grève !

STMicroelectronics pour sa part, alors que les dividendes de l'entreprise distribués cette année ont représenté 260 millions d'euros, ne versera que 150 euros à ses salariés.

On notera aussi, l'étonnante échelle de redistribution adoptée par L'Oreal : « (...) la prime est fonction du niveau de salaire. L'entreprise en a donné quelques exemples aux syndicats : 450 euros brut pour un salarié gagnant 25.000 euros annuels, 525 euros pour un salaire annuel de 35.000 euros, 600 euros pour 45.000 euros et, enfin, 765 euros pour les salariés gagnant 65.000 euros annuels et plus (...) »

Devant ce nouveau « franc succès » du Président du pouvoir d'achat, Xavier Bertrand a quand même reconnu ... quelques disparités : « (...) Pour certaines c'est 150 euros, d'autres 200, d'autres 600 mais entre nous c'est mieux que rien. S'il n'y avait pas eu cette loi, on ne toucherait rien du tout (...) »

Oubliant au passage de préciser comme l'écrit le Cabinet Deliotte que : « (...) plus d’un tiers des entreprises qui auront versé une prime (35%) envisagent de réduire l’enveloppe d’augmentation des salaires d’un montant correspondant à la moitié environ du coût de cette prime (...) »

Mais elle est où la prime de 1000 €, envisagée par le gouvernement, qui tablait sur une moyenne basse de 700 € ?

Et bien, selon Xavier Bertrand, il n'a jamais été question de ces montants, puisqu'il a affirmé à France Info que jamais un membre du gouvernement n'avait annoncé un montant de 1 000 €.

Or, le blog les décodeurs s'est livré à un petit exercice de recherche. Ce qui lui a permis de retrouver la vidéo de François Baroin qui expliquait sur Europe1, la mise en place d'un « dispositif simple sous forme de primes exceptionnelles dont le montant n'est pas encore stabilisé, d'au moins 1 000 € » ! Doit-on en conclure que notre ministre du Travail souffre comme Jacques Chirac, d'anosognosie ?

En tous cas, Xavier Bertrand a fait part de sa décision de rencontrer le PDG de Sécuritas pour le sermonner sur les 3,50 € (passée entre temps à 8 €) qu'il envisage de verser à ses salariés au fait que : « (...) Quand on est chef d'entreprise, on respecte les salariés et on ne propose pas ça (...) »

En attendant, il ne semble pas envisager de faire de même, avec les dirigeants de l'entreprise Avon Polymères à Vannes, dont les salariés connaissent le chômage partiel depuis deux ans et ne perçoivent plus l'intégralité de leur salaire, qui viennent de s'attribuer une prime de ... 126.000 euros. Un problème d'emploi du temps, sans nul doute !


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17 août 2011

Le «combat » des élus de Cannes pour la gratuité des services publics ... d’aisance !

Quand on évoque Cannes, on pense immédiatement aux palaces, aux yachts et aux fortunes étalées au grand jour. On imagine moins l'acharnement des élus UMP, à interdire les pourboires du personnel d'entretien, des wc municipaux.

En France, le pourboire n'est pas obligatoire mais fait partie des habitudes. Il sert à récompenser un service ou une qualité d'accueil. On pourrait évoquer par exemple le cas des toilettes parfaitement entrenues, où on laisse une petite pièce à celles qu'on a baptisé les « dames pipi », dont la rémunération et le plan de carrière, restent pour le moins limités.

A Cannes, il existe, nous explique Nice Matin : « six wc municipaux gratuits fréquentés l’été par 10 000 personnes » et pour les entretenir, autant d'employés municipaux portant le titre « d'agents techniques » . Leur rémunération est de 1.100 € net. Et il leur faut : « quinze ans d’ancienneté pour arracher 200 € supplémentaires »

Or, habitude aidant, les visiteurs de ces lieux laissent une piècette ce qui n'est pas du goût des élus de la ville, qui ont décidé de faire strictement appliquer la loi du du 13 juillet 1983 qui indique : « (...) pour le fonctionnaire, d'une part de ne pas se servir de sa position à d'autres fins, d'autre part de ne pas mettre en difficulté son administration (...) » Cette loi est essentiellement applicable aux militaires dans le cadre du droit de réserve. Il est assez probable que les élus de Cannes s'appuient sur l'article 25 de la loi : « L'interdiction de cumuler des emplois et des rémunérations (...) toute personne travaillant dans la fonction publique ne peut pas cumuler des emplois. Le fonctionnaire ne peut exercer à titre professionnel une activité privée lucrative de quelque nature que ce soit (...) » pour justifier l'interdiction

Mais là où le ridicule tourne à l'odieux, c'est que la mairie vient de décider de : « déplacer les dérouleurs de papier plus près des cuvettes afin d'éviter toute ambiguité sur la gratuité du service public gratuit. En traquant coupelles et plateaux tendancieux qui pouvaient traîner ici ou là. En remplaçant les habituelles affichettes volantes par une immanquable plaque « toilettes publiques gratuites, free access » au fronton de chaque site » Et oui, comment ne pas se mobiliser lorsqu'on est élus d'une des villes les plus riches de France des quelques 20 € journaliers que pouvaient percevoir les « agents techniques »

Devant un tel rigorisme qui aurait été jusqu'à, pousser le supérieur hiérarchique des dames pipi à : « (...) courir après un donateur pour lui rendre sa pièce (...) » ces dames pipi ont édité un tract dénonçant : « la générosité interdite à Cannes »

Néanmoins, Bernard Brochand Député Maire UMP dont la seule ambition est de : « Faire de Cannes un modèle économique, social et culturel »campe sur ses positions en ce qui concerne la gratuité des services publics ... d’aisance !

C'est beau de voir qu'il existe encore dans notre pays des élus capables de valoriser à ce point la fonction publique !

06 juillet 2011

Medef : La flexibilité « équitable » expliquée aux salariés

Savez-vous en quoi consiste la « compétitivité équitable » du Medef ? Réponse : supprimer l'horaire légal de travail, ne plus payer d'heures supplémentaires, conserver les allègements de charges et ne pas augmenter les salaires !

Au Medef, on a le chic pour éviter les mots qui fâchent au profit d'expressions nébuleuses mais ... nettement plus élégantes. Ainsi, Laurence Parisot dans sa conférence de presse du 5 juillet ne parlait pas de « flexibilité accrue » mais « d'adaptabilité » et de « compétitivité équitable »

Et oui, le mot flexibilité c'est évocateur, mais laid ! Et pourtant, c'est bien ce qu'a décrit Laurence Parisot au cours de sa conférence de presse.

Il faut savoir que dans le raisonnement du Medef, le salarié est une sorte de « partenaire » qui a d'immenses devoirs, mais doit être conscient que ses droits doivent être minimes, sous peine de voir son entreprise pérécliter.

Donc, selon Laurence Parisot : « (...) Les 35 heures continuent à faire des dégâts, notamment parce que le dispositif 35 heures a créé dans les esprits l’idée que la base horaire était devenue une finalité dans le travail. Alors que cela doit être d’abord un moyen (...) »

En clair, salariés, la dolce vita est terminée. Oubliez vos RTT, investissez-vous, autant qu'il est nécessaire, mobilisez-vous, mais ... à titre quasi gracieux !

Car, dixit Laurence Parisot : « (...) un tel mouvement doit profiter à la fois à la question du coût du travail avec une baisse de la cotisation employeurs, mais aussi profiter au salaire net des salariés, avec une baisse de la cotisation des salariés (...) »

Profiter au salaire net des salariés, mais de combien ?

Pour en connaître le montant, il est bon de se référer à une intervention du Medef, en mars 2011 : « (...) la contrepartie offerte aux salariés est expliquée par le chef de file de la délégation patronale, Patrick Bernasconi : (...) La réduction maximale de cotisation est fixée à 0,4 point. Le taux de cotisation est actuellement de 6,40% : 4% sur la part employeur et 2,4% sur la part salariale (...) La baisse prévue représente (...) 60 à 70 euros de pouvoir d’achat en plus pour un salarié (...) »

Au delà de ce pourboire, Laurence Parisot nous confie comment elle entend rénover les relations entre salariés et employeurs, dans le cadre de la « compétitivité équitable » : « (...) du point de vue de la durée du travail, cela veut dire que nous gagnerions en adaptabilité si la durée du travail devenait une durée conventionnelle. Une durée conventionnelle, cela veut dire une durée qui se négocie au niveau de l’entreprise, éventuellement au niveau de la branche. Cela, c’est un apport en souplesse qui nous rend plus compétitif ou plutôt également compétitif au sens de aussi compétitif et c’est bien de la compétitivité équitable car dans équitable, il y a le respect de chacun et notamment des salariés de nos entreprises (...) »

Revenons deux secondes à la définition de la « laide » flexibilité, proposée par la Banque de Ressources Interactives en Sciences Economiques et Sociales. Elle en définit plusieurs types, dont deux, sont bien connues des salariés

« (...) La flexibilité quantitative externe se réalise par le recours au marché du travail. Elle consiste à faire varier les effectifs de l'entreprise en fonction des besoins par le recours aux contrats de travail précaires et les licenciements. (Plus de 600 000 ruptures conventionnelles depuis sa création )

La flexibilité qualitative externe consiste à remplacer le contrat de travail par un contrat commercial plus facile à rompre. On peut citer le recours aux travailleurs intérimaires (...) » (Lire : les effectifs intérimaires sont en hausse de 17 % depuis le 1 er janvier )

Et une qui ressemble à s'y méprendre à « l'apport en souplesse » vantée par madame Parisot !

La flexibilité quantitative interne s'obtient par la variation de la durée de l'activité en fonction de la production : variation des horaires de travail, utilisation de temps partiels, annualisation de la durée du travail : les creux dans l'activité de l'entreprise sont compensés par les périodes de boom ce qui évite le recours aux heures supplémentaires plus onéreuses (...) »

Cette souplesse ne saurait bien entendu mettre fin aux allègements de charges qui : « (...) ne sont pas un cadeau. Les allégements de charges sont une nécessité. Sans ces allégements de charges, la situation de notre commerce extérieur serait bien pire encore (...) »

Résumons nous : Plus de flexibilité et de productivité des salariés cumulé au maintien des allègements de charges. Donc plus de profits à distribuer aux actionnaires ! Maintenant, pour ce qui concerne les dits salariés, ce serait à l'état de prendre en charge ou transférer sur le consommateur/salarié cette baisse de cotisation. CQFD !

On pourra regretter que Laurence Parisot n'ait pas eu le temps de de nous expliquer en quoi les 35H00 ont été si désastreuses pour les profits des entreprises du CAC 40 et ses actionnaires ?

2007 : « (...) près de 95 milliards d'euros (...) »
2008 : « (...) près de 85 milliards d'euros de bénéfices (...) »
2009 : « (...) 49,6 milliards d'euros de profits (...) »
2010 : « (...) Plus de 80 milliards d'euros de bénéfices (...) »

Entreprises qui, au demeurant, payent infiniment moins d'impôts, sur les sociétés que les PME, voir, pas du tout !

Quant aux rémunérations des dirigeants exécutifs des entreprises du SBF 120. Indice qui comprend les 120 principales sociétés cotées en France et donc celles du Cac 40, on pourra constater, que la vie n'a pas été trop dure en 2009 comme en 2010.

Mais comme le dit Laurence Parisot : « (...) La France a changé. L’Europe a changé. Le monde a changé (...) » Et c'est pourquoi, elle affirme sans rire que : « (...) Dans une telle approche globale, sans limite dans le temps, sans contrainte, nous pouvons avoir l’espérance de remplir cet objectif d’une meilleure compétitivité au service de tous (...) »

Reste à savoir la définition exacte du : Tous ... de Laurence Parisot !