13 février 2023

Retraites : mettre la capitalisation à la porte et la voir revenir par la fenêtre !

Réforme des retraites oblige, on peut lire ça et là des opinions ou prises de paroles présentant la capitalisation comme un des outils dans le cadre de la réforme des retraites. La France a pourtant déjà donné avant le choix de la répartition. Quel est l'enjeu pour les promoteurs de la capitalisation ? Un pactole fabuleux sur lequel lorgnent tous les organismes financiers.

Cela fait des années que sur Slovar les Nouvelles nous évoquons les propos des laudateurs de la retraite par capitalisation. Qui sont-ils ? Des économistes et officines libéraux, quelques politiques convaincus par ceux-ci et les organisations patronales, MEDEF en tête auquel les bancassureurs sont adhérents (Fédération Bancaire Française et France Assureurs)

 


L'idée relayée régulièrement et depuis le début des débats sur la réforme des retraites est la suivante : Mettre en place des fonds de pension « à la française » obligatoires dans lesquels tous les salariés épargneraient durant toute une vie de travail pour obtenir un complément individuel de retraite. Ceci ayant pour but, selon eux, de régler le problème des retraites dans le futur. 

L'épargne retraite par capitalisation existe déjà sous plusieurs formes : contrats d'assurance vie, PERP, PERCO et depuis peu PER. Leur particularité ? C'est qu'ils reposent sur le volontariat. Or, on pouvait lire dans une tribune publiée dans Les Echos : « Bien que les ménages Français soient les champions de l’épargne, celle des retraites reste paradoxalement marginale … » Et c'est là que le bât blesse pour tous les organismes financiers ! Car, si on compare l'encours PER, celui des Livrets A et LDD et l'assurance vie qu'observe t-on pour 2022 ?

PER individuels : 43,6 Milliards d’euros.

LivretA et LDD : 500 milliards d'euros.

Assurancevie : 1848 Milliards d'euros

Victoire sans appel des placements les plus souples. Ce qui énerve prodigieusement les promoteurs des produits de retraite par capitalisation. C'est pourquoi la petite musique du « pilier obligatoire de capitalisation » revient sur le devant de la scène. En effet, puisque les plans d'épargne retraite ne séduisent pas assez de gens, rendons les obligatoires pour tous les salariés.

Le seul problème, c'est que comme toute épargne, la capitalisation est liée aux revenus des salariés et aux divers aléas de la vie professionnelle. De plus celle-ci pour être efficace réclame comme tout placement de longue durée un effort constant. Or, qui aujourd'hui peut prédire ce que sera sa trajectoire professionnelle ou personnelle dans 20, 30 ou 40 ans ? Qui peut affirmer que les marchés financiers, sans la garantie de l'état seront en mesure de servir des pensions correctes sur la même durée ?

Certains s'appuient sur les rapports du COR (Conseil d'orientation des retraites ) pour mettre en avant la capitalisation comme outil complémentaire de la retraite par répartition. Nous avons retrouvé ce qu'écrivait (page 14) le Conseil d'orientation des retraites dans un document de travail : « Capitalisation et répartition dans l’histoire du système français des retraites avant 1945 - Séance plénière du 15 décembre 2022 »

« Le vice fondamental des systèmes de capitalisation est qu’ils vendent de l’avenir en le faisant payer par du présent. Tout le monde peut spéculer sur l’avenir mais seule la spéculation à court terme est relativement fiable. À long terme il n’y a pas de futuribles solides. Pourquoi enfermer une population tout entière dans un risque que les utilisateurs n’ont pas la faculté personnelle d’évaluer ? 

Or, l’horizon d’une vie de travail est de 30 à 40 ans, et c’est aussi le délai pour qu’un
système en capitalisation atteigne sa maturité. Calculée sur un terme long, elle est un pari »

Les chantres de la retraite par capitalisation savent parfaitement qu'ils n'arriveront pas à l'imposer dans l'immédiat. Par contre, au gré du report de l'âge légal de la retraite qui n'en doutons pas, augmentera encore de deux ans à l'horizon 2030, la cible des jeunes générations est quasiment acquise. Et dès lors, lassés, ces générations seront demandeuse de plus de capitalisation.

Qu'est ce cela changera ? Pour les petits salaires ou ceux qui auront subit des périodes sans emploi ce sera une pension complémentaire minable malgré un sacrifice financier important. Pour les organismes financiers collecter et gérer des fonds captifs sur de telles durée ce sera un pactole colossal.

Aux salariés de savoir si après avoir fermé la porte à la rente des organismes et marché financiers ils souhaitent ou non leur fermer la fenêtre


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