Durant les journées d'été du Medef, au milieu des habituelles revendications de flexibilité du personnel et du coût du travail a émergé un cri : Les patrons ne sont pas assez aimés. Ils en débattaient aujourd'hui. Ils ont essayé de nous prouver qu'ils étaient quasiment les premiers discriminés de France.
Ceux qui croyaient que la discrimination touchait essentiellement les jeunes issus de l'immigration, les précaires, les chômeurs, les femmes, doivent revoir leur copie. En effet, les français les plus discriminés sont ... les patrons. Du moins, c'est ce qu'on affirmé une partie des invités à la Conférence-débat : « L’entrepreneur face aux dérives de l'exception française » de l'université d'été du Medef.
Victimes de la dette de l'état, des fonctionnaires, des impôts, du manque de souplesse dans la gestion des ressources humaines et d'obligations qu'ils qualifient d'un autre temps, les invités s'en sont donné à coeur joie.
Animée par Laurent Guez, directeur délégué de la rédaction, Enjeux Les Echos qui a frôlé l'orgasme en expliquant, en préambule, que : « entrepreneur » était ... le plus beau mot de la langue française, on y a évoqué, entre autre
La montée des préjugés anti-patrons
Les reliefs de la culture du conflit
Leurs conséquences aux prud’hommes
Thésauriser plutôt qu’investir : l’esprit bas de laine
Que dire de cette première liste ?
Tout simplement qu'au Medef on souhaiterait que les français et surtout les salariés acceptent de croire à un monde de Bisounours.
Un monde dans lequel, à son domicile, on remplacerait la photo des vieux parents par celle de son patron. A qui d'ailleurs on enverrai une petite carte pour son anniversaire et à qui on ne demanderait pas de payer d'heures supplémentaires de peur de lui faire de la peine.
Un monde où on remplacerait, dans les livres d'histoire, les héros morts pour la France par les patrons créateurs de richesse et de bonheur social
Un mode dans lequel on accepterait d'être uniquement payé lorsque la santé de l'entreprise est bonne
Un monde dans lequel les syndicats, autour d'un café ou d'une boisson plus corsée, viendraient récolter les éléments de langage destinés à faire passer un plan social
Un monde dans lequel aucun salarié ne se considérerait licencié abusivement
Un monde dans lequel les français refuseraient la sécurité du livret A au profit d'actions d'entreprises sans aucune garantie de spéculation ou de malversation
D'ailleurs, le Medef, dans sa grande sagesse, a des solutions pour nous entrainer dans ce merveilleux monde. Quelles sont-elles ?
En ce qui concerne les salariés, on retiendra : Le tutorat, le dialogue social et la rupture conventionnelle
Comme nous ne sommes pas encore dans un mode de Bisounours, nous rapellerons, pour mémoire, le résultat de ces solutions tant appréciées par le Medef
En janvier 2011, on pouvait lire sur le site du Figaro l'article suivant : Seniors : un abus de ruptures conventionnelles. Extraits
« (...) Ces « séparations à l'amiable » pourraient servir de préretraites déguisées financées par l'Unedic. L'étau se resserre sur les ruptures conventionnelles, ces «séparations à l'amiable» (...) connaissent un grand succès(...) et représentent désormais 11% des motifs de rupture de CDI (...) D'après le patron de Pôle emploi, un demandeur d'emploi sur cinq entrant à Pôle emploi suite à une rupture conventionnelle a plus de 50 ans. Cela représente le double de leurs autres motifs d'inscription. Or, les quinquas au chômage peuvent prétendre à une indemnisation pendant trois ans s'ils ont cotisé 36 mois. Et s'ils ont plus de 58 ans, «ils peuvent donc être indemnisés jusqu'à leur âge de départ à la retraite», admet le ministère du Travail (...) De là à dire que les employeurs se servent des ruptures conventionnelles pour se séparer «à bon compte et aux frais de l'assurance-chômage» de leurs seniors, il n'y a qu'un pas que l'OCDE a franchi en avril dernier (...) »
Donc vous en conviendrez, autant de possibles tuteurs en moins, ce dont le patronat ne s'est pas franchement vanté ! Ce qui n'empêche pas le même patronat de faire la fine bouche sur les contrats de génération, promis par François Hollande, et qui correspondent à un vrai tutorat !
Le dialogue social ou plutôt le ... monologue social
Laurence Parisot l'a démontré ces dernières années, et réitéré lors des dernières semaines : Si les entreprises n'obtiennent pas de négociation sur la flexibilité accrue de l'ensemble des salariés, il n'y aura rien à discuter. La position de Laurence Parisot est simple : elle attend de voir le document d'orientation avant de confirmer sa présence à la table des négociations, sachant que la flexibilité est LE sujet sur lequel elle ne cédera pas, sous peine d'accélérer les plans sociaux, comme nous vous l'expliquions hier.
Il est assez peu probable que les salariés accueillent favorablement des mesures basées sur la flexibilité et la souplesse de licenciement, sachant que ceux-ci déploraient, dans une enquête de l'OVAT de 2011, le manque de reconnaissance de leur hiérarchie à leur égard.
Reconnaissance qui devrait se limiter, si le Medef obtenait satisfaction, à apprendre à se contenter du monde de Bisounours décrit plus haut. Ce qui va être difficile à vendre à des salariés qui ont passé l'âge des contes de fée.
Une preuve, s'il en fallait,dirait notre amie Laurence, de : La montée des préjugés anti-patrons !
5 commentaires:
faut être courageux pour monter une entreprise de nos jours...et ce n'est pas en critiquant systématiquement le patronnat que le travail reprendra en France
C'est toujours la même chose... c'est malheureux!
Madame Parisot et les patrons devraient s'appliquer à eux-mêmes le principe de la précarité...
Les profits aussi devraient être précaires ! puisque selon elle, tout est précaire dans la vie.
Mais non, bien sûr, il y a une escroquerie, les uns doivent céder un maximum de droits pour que d'autres -les patrons- aient un maximum de garantis de faire le profit maximal.
A quand un "Touche pas à mon patron", avec pour symbole une main gantée de soie?
le problème c'est que dans les médias on entend que le Médef,la parole des patrons des pme pmi petites entreprises est ainsi complétement occulté et ceci depuis longtemps, il suffirait qu'elles désignent un représentant charismatique et habile et qu'il se fasse enfin entendre !
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