29 janvier 2006

La lente agonie de la moto française

Qui se souvient encore que la France fut un des plus grands constructeur de motos ?

Qui se souvient encore des PEUGEOT, TERROT, MOTOBECANE, RENE GILLET, CEMEC RATIER, GNOME & RHONE , ALCYON, Koehler Escoffier , MONET GOYON, DOLLAR, MAJESTIC, DAX, NOUGIER, AMC, BFG, BARIGO, … et VOXAN.

VOXAN la dernière marque française de motos a été crée de toute pièce par Jacques GARDETTE et Alain CHEVALLIER deux utopistes amoureux des belles mécaniques et du passé motocycliste français.

Si la moto en France a eu à subir l’énorme passage à vide de 25 ans qui ont précédé l’arrivée de la VOXAN, il faut mettre cela au compte d’une politique industrielle nationale qui a totalement exclut la moto au profit des constructeurs automobiles.

Il faut également ne pas oublier durant cette période l’hostilité manifeste des assureurs qui ont finit de décourager toute initiative et clients. Les plus anciens n’ont pas oublié qu’au début des années 60 la majorité des propriétaires de motos ont laissé rouiller leurs machines dans une grange ou dans un garage ou tout simplement confié aux casseurs.

Le renouveau actuel du deux roues considéré par beaucoup d’élus de grandes capitales nationales ou régionales (à l’exception notoire de Paris) comme un des moyens pour limiter la circulation et la pollution dans les grands centres urbains a permis aux constructeurs italiens, anglais, allemands et même américains de développer des gammes modernes et attirantes.

Qu’en est-il actuellement de la production française ?

MOTOBECANE devenu MBK appartient aux japonais de YAMAHA, PEUGEOT développe une gamme restreinte de scooters ( à mille lieues des résultats commerciaux de PIAGGO).

Mais me direz-vous mon bon monsieur, il nous reste le fleuron VOXAN !!

Lancée par Jacques GARDETTE, motard passionné qui y a laissé sa fortune personnelle, des investisseurs volatils comme DASSAULT, mise en dépôt de bilan puis reprise par Didier CAZEAUX spécialiste de la construction de yacht de luxe après avoir manqué de passer sous le contrôle d’un obscur et nébuleux groupe financier italien

Pourtant elle semblait promise à un bel avenir cette aventure. Je me souviens pour ma part de la photo de Jacques GARDETTE faisant cadeau d’une de ses machines à notre président de la république dans la cour de l’élysée.

Cependant, ces derniers jours semblent sonner le glas du dernier étendard motocycliste français. En effet, après plusieurs restructurations qui ont ramené les effectifs aux environ de 30 personnes, Didier CAZEAU a annoncé que cet effectif serait ramené à environ 10 personnes et que l’activité de production serait arrêtée et laisserait place à des activités de d’ingénierie et de distribution.

Un communiqué de la marque du 12 janvier 2006 est disponible sur le site du VOXAN Club de France qui regroupe les fans propriétaires de la marque, Extraits :

« Dans ce cadre, VOXAN est déjà, en quelques mois seulement, en relation avec divers groupes industriels pour discuter des contrats de fourniture moteurs pour d’autres applications que la moto, de fourniture moteurs pour des motos, le développement ou la création de nouveaux moteurs pour le compte de tiers, la conception de séries limitées de motos pour des marques de qualité non encore sur le segment. La diversité de ces discussions et la qualité des interlocuteurs intéressés par les savoir-faire reconnus de VOXAN, ses actifs et son excellente image nous démontrent déjà le bien fondé des choix stratégiques retenus par la société.

« Cette réorganisation de la société s’accompagnera entre 2006 et 2007 de la réinstallation de VOXAN dans des locaux neufs situés en bordure du circuit d’Issoire qui offriront tous les avantages de moyens plus récents que ceux actuels ainsi que la proximité du circuit pour faciliter la mise au point des machines.

Dans ce contexte la société est contrainte pour préserver son équilibre économique de procéder au licenciement de 22 salariés qui sera effectif dès la fin du mois. L’ensemble des actions entreprises va permettre à VOXAN de retrouver la rentabilité aux alentours de 300 machines produites, ce qui est inférieur à la production actuelle et ce en dehors des activités d’ingénierie, de conception et de maîtrise d’œuvre pour compte de tiers, qui se rajouteront désormais aux activités motos VOXAN avec pour objectif de représenter 30 % de son chiffre d’affaires d’ici 2007. »

Il est à noter que le site de la marque ne donne aucune indication de ce type et continue à présenter ses véhicules sans autre indication.

Alors, quel est le problème ?

Les pessimistes « déclinistes » nous diront qu’une fois de plus la France est incapable de créer quoi que ce soit et va dans le mur. Les optimistes qu’il n’y a qu’a en acheter pour que la marque continue à vivre. Malheureusement, la réalité est plus complexe.

Les Japonais représentent 80 % du marché du cycle motorisé. Les Européens ont appliqué une stratégie qui fait l’unanimité dans les milieux économiques : Faire du haut de gamme technologique. Coup de l’opération : Combien de consommateurs sont à même d’acheter une moto de 12 000 € et plus ?

Si on exclut les productions de niche de type italiennes (100 à 200 modèles de prestiges) et son fer de lance DUCATI, TRIUMPH dont seul le nom subsiste (mais reste indépendant) il ne reste que BMW avec ses tarifs élitistes et PIAGGIO qui à la manière de FIAT cumule les marques par rachat (APRILIA, GUZZI, GILERA, …) On fait un constat : L’Europe joue petit bras face aux géants japonais.

Alors, quelle place pour une vraie industrie motocycliste en France ?

Nos gouvernants et élus de tous bords auront beau jeu d’arguer que leur rôle n’est pas d’intervenir dans le monde économique tout en regrettant la main sur le cœur que la recherche ne soit pas plus active en France. Pourtant, la création de véhicules de loisir ou de transport fait partie de la recherche et développement et bien entendu créatrice d’emplois. Il existe d’ailleurs un combat bien français sur la protection de « l’exception culturelle » malheureusement la moto n’en fait pas partie.

Lors de ses participations à des épreuves d’endurances, la moto française n’a jamais vraiment joué les premières places. Il fallait cependant entendre les milliers de voix encourageant le pilote et sa monture à chaque passage. C’est peut être chauvin, beauf mais ce qu’il faut retenir c’est qu’une moto française ne gagnera jamais plus le bol d’or ou les 24H00 et ça, même si ça n’empêche personne de dormir moi ça me rend triste.

Source

Histoire de la moto
VOXAN club de France
VOXAN

Pour l'annecdote, n'hésitez pas à visiter le site Web de l’importateur allemand des VOXAN dont la photo du staff ressemble vaguement à une publicité pour l'oeuvre de Léopold von Sacher-Masoch

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