21 juin 2006

En attendant José



Mardi soir EcoRev et Jacques BOUTAULT, maire du 2e arrondissement de Paris, organisaient un débat à la mairie du 2e arrondissement de Paris avec Corinne LEPAGE (Cap 21), Yves Cochet et Dominique VOYNET (Les Verts), Franck PUPUNAT (Utopia, PS ) et (sous réserve) ), José BOVE (Via Campesina)

Le thème en était

"Au delà des stratégies politiques, quels sont les projets des différents tenants de l’écologie politique ? Quelles urgences ? Sur quels sujets s’opposent-ils et se retrouvent-ils ? Jusqu’où réformer les systèmes économiques et politiques ?"

L’idée de voir sur une même tribune 3 anciens ministres qui sont de plus les leaders actuels de l’écologie politique et peut être de les entendre confronter leur point de vue était vous l’avouerez alléchante. Je m’y suis donc rendu.

Malgré la présence de la quasi totalité des intervenants, un murmure passe dans les rangs des citoyens participants : « Est-ce qu’il va venir ? » Il, c’est José BOVE qui, joint au téléphone a dit qu’il ferait son possible pour venir.

L’un des intervenants en prenant place à la table le dit aux autres, "on va laisser une place pour José".

Bien qu’assis côte à côte Dominique VOYNET et Yves COCHET semblent un peu tendus. On s’apercevra pendant leurs interventions, chacun commençant par « je ne partage pas totalement la vision de ... »

Corinne LEPAGE donnera le départ de la conférence débat avec la maîtrise qu’on lui connaît et il faudra quelques longues secondes pour que quelqu’un veuille bien lui succéder. Franck PUPUNAT lui présente UTOPIA et le rôle que son mouvement (1% au dernier congrès socialiste) essaye de jouer à l’intérieur du PS en termes d’écologie et d’économie durable.

Leur vision exprimée, une question leur est posée : « L’écologie politique est-elle une réalité et peine -t-elle à prendre sa place auprès des électeurs ? »

Chacun sera unanime : Plus de 60 % des français apprécient et soutiennent les causes écologistes mais peu sont prêts à voter pour eux.

C’est Yves COCHET se sa voix de stentor qui propose une réponse à cet état de fait : "Il faudrait un événement de grande importance pour que les gens prennent enfin conscience !!!" On craint le pire mais il se reprend : "N’ayez crainte je n’envisageais pas dans mes propos une grande catastrophe " OUF !!!

Les autres intervenants seront moins radicaux et indiqueront que la route est encore longue et que le vote « utile » est en partie responsable de la situation. ON se met immédiatement à penser au deuxième tour de la présidentielle de 2002 !!!

A la question : "et si vous étiez élu quelles mesures immédiates prendriez vous ?"

Yves COCHET n’y va pas par quatre chemins : Il faut des mesures radicales pour éradiquer le carbone et mettre en place le changement dans les habitudes des citoyens. Tout en regrettant que les efforts allemands pour sortir du nucléaire et des énergies fossiles depuis 14 ans ne leur permettent toujours pas d’autonomie énergétique, il se lance dans la présentation de quelques mesures :

Afin de mettre fin à la précarité, il propose de verser à tous les français un revenu minimum qu’il qualifie de citoyen qui serait de l’ordre de 600 € par mois.

Dans un autre genre, il propose, pour combattre l’inégalité des français devant le prix des carburants de mettre en place des « quotas » identiques pour chaque automobiliste. Une fois le quota dépassé, allez hop à pied !!!

Evoquant à nouveau la précarité, il parlera des villes situées du « mauvais côté » du périphérique prenant comme exemple une ville du 93 (croche pied à Dominique VOYNET sénatrice de ce département ?) reprenant en cela la vision des écologistes parisiens sur les « sauvages » de banlieusards.

Dominique VOYNET sera quant à elle beaucoup plus modérée dans ses déclarations insistant plutôt sur la PAC européenne et ses subventions qui étouffent les producteurs des pays en développement. En clair elle supprimerait toutes les subventions injustifiées. Elle propose également de supprimer toutes les subventions à l’industrie pétrolière pour les reporter sur la recherche en énergies renouvelables. Elle présentera un très court plaidoyer pour l’économie sociale et solidaire expliquant que les initiatives (micro crédit et aides à la création) en région Nord ont créé plus d’emploi que l’usine TOYOTA.

Corinne LEPAGE quant à elle, après avoir regretté que nos actuels dirigeants envisagent des privatisations des groupes énergétiques au plus mauvais moment affirmera qu’il est nécessaire que la rupture avec les énergies fossiles affirme qu’elle ne trouve pas dans le programme de l’UMP la moindre ambition dans le domaine de l’écologie et trouve que celui du Parti socialiste se content de vagues intentions. Reprenant l’idée de Yves COCHET sur le revenu minimum citoyen, elle s’appuiera sur le déficit actuel de la France pour la réfuter.

Franck PUPUNAT aura bien du mal à expliquer comment appartenant aux instances du Parti Socialiste il pourrait influencer celui-ci mais pense que la pédagogie est répétitive.

Puis deux questions fatales surgiront : "Comment l’écologie politique peut elle régler le problème du chômage de masse ?" et "les écologiste doivent-ils présenter un seul candidat ?"

Sur le chômage, entre Corinne LEPAGE qui lira une estimation fournie par des experts européens et Dominique VOYNET qui lancera tout à trac le chiffre de 200 000 emploi qui pourraient être créés, nous resterons sur notre faim.

En ce qui concerne une candidature unique, dans la mesure ou les deux candidats des « VERTS » sont en pleine campagne que Franck PUPUNAT est au Parti Socialiste et que Corinne LEPAGE ne semble pas faire l’unanimité, quelqu’un lancera sous les huées le nom de Nicolas HULOT.

En clair, le culte de la personnalité ne sera pas de mise chez les dirigeants écologistes. Une question du public concernant le fait que les deux "VERTS" sont clairement engagés dans le camps de la gauche et que Corinne LEPAGE a été ministre de Alain JUPPE ne fera pas recette et aucune voix ne s’élévera pour proposer que José BOVE puisse être le candidat unique. Mais au fait, il est 21H00 et la fin de la réunion est proche mais la chaise de José est restée vide.

Pour moi, il reste deux questions : l’écologie politique est-elle une réalité ou un concept ?

Et pourquoi José n’est pas venu ?



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