18 juillet 2006

Jeu de circonscriptions

S’il est une technique courante depuis que le vote existe en France, c’est bien celle du « parachutage politique»

Remise au goût du jour au travers des prochaines échéances législatives de 2007, elle consiste pour les états majors des partis politiques à regarder de près les circonscriptions « acquises », « gagnables » et « perdues d’avance »

Le résultat de cette observation donnera la liste des circonscriptions où au choix, il fera bon se faire élire ou prendre patience dans l’opposition.

L’étude permettra également de « caser » des candidats de formations politiques qui pourraient apporter leur soutien (Les Verts excellent régulièrement à ce jeu et réclament de plus en plus de circonscriptions gagnables pour prix de leur ralliement)


Pour faire simple, on demande aux militants puis aux électeurs de voter pour quelqu’un qu’ils n’ont jamais vu dans leurs villes.


Il semblerait pourtant que cette fois ci les militants se rebiffent. C’est Malek Boutih qui est au cœur de la polémique. Appliquant les statuts du Parti Socialiste, les militants charentais avaient choisit une candidate locale jusqu’au moment ou Ségolène ROYAL aurait fait pression pour imposer Malek *.

Le cas de la 21 eme circonscription de PARIS est également un cas type de désignation de candidat en « zone parachutable » :

George Paul-Langevin et Sophia Chikirou. La première, 57 ans, est d'origine antillaise, jospiniste et travaille auprès du maire de Paris, Bertrand Delanoë. La seconde, 27 ans, est d'origine kabyle, fabiusienne et assistante parlementaire du député sortant Michel Charzat .

Résultat, on a pu entendre les propos suivants :

"On a envie de pleurer sur Harlem Désir. Il a toujours été chouchouté, il n'a jamais été au combat électoral (...)"génération qui porte encore un discours communautariste".
Malek Bouthi

« Mon histoire et mon engagement depuis plus de vingt ans démontrent une démarche exactement inverse, fondée sur les principes universalistes et républicains » J'imagine que Malek Boutih ne considère pas que sa candidature en Charente est a priori légitime, tandis que celle d'une militante antillaise à Paris serait par nature communautariste."
Harlem DESIR

Il est bon de rappeler que nous n’avons le droit, en tant que citoyens, à cette agitation uniquement lors des rendez-vous électoraux. Si gauche et droite s’opposent sur leurs visions de notre avenir, ils se rejoignent sans aucun problème pour l’attribution des circonscriptions les moins difficiles.

Vous ne serez pas surpris d’apprendre que cette excitation n’a pas lieu pour les circonscriptions « perdues à l’avance »

Que l’on doive renouveler une partie des élus de la nation pour que de nouvelles statures et projets émerge est une réalité que personne ne nie ! Mais considérer qu’un « bastion » doit servir à imposer quelqu’un qui ne connaît pas la région, ses habitants et ses problèmes revient à prendre les électeurs pour des imbéciles.

A l’époque ou la majorité des dirigeants politiques prônent la décentralisation et le retour à des responsables proches de leurs administrés, est-il encore normal de substituer l’élu ou le militant de terrain à une personnalité politique ou médiatique.

Les citoyens commencent à se lasser de la façon dont on leur choisit un ou une représentante et bien que les candidats correspondent à leurs idées, il est probable qu’ils finissent par élire des candidats d’opposition du cru.

Est ce bien rendre service à la politique que de continuer à considérer les circonscriptions comme des points de chute commodes ?

Combien de temps encore, les suppléants continueront-ils à exercer les fonctions des élus qui n’ont ni le temps ni l’envie d’arpenter leur territoire et préfèrent les douceurs de la capitale à une banlieue ou une région économiquement déshéritée ?

Malek Boutih comme les autres futurs parachutés ne feraient-ils pas mieux de prendre le temps de s’installer et de découvrir les habitants d’une région plutôt que d’être imposés par les faits du prince ?


* Malek Boutih a été président de SOS Racisme de 1999 à 2003 avant de devenir le secrétaire national aux questions de société du Parti socialiste.

Proche de Julien Dray, Malek Boutih soutient aujourd'hui la candidature de Ségolène Royal à l'investiture PS pour l'élection présidentielle de 2007.





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