26 septembre 2006
Quand le marketing joue avec les mots
Dans un contexte de recherche d’équilibre des comptes de la sécurité sociale, les pouvoirs publics modifient largement les habitudes des français en termes de remboursement de soins.
Cette nouvelle gestion du risque santé s’accompagne d’une prise en charge individuelle de plus en plus importante. Si la majorité des entreprises accordent une couverture complémentaire santé à leurs salariés, il est de plus en plus courant de voir des entreprises qui considèrent que c’est à leurs employés de prendre en charge individuellement ce poste.
Ignoré il y a encore quelques années, le sujet a pris un telle ampleur que certains analystes utilisent de plus en plus le terme « d’outil de paix sociale » lorsqu’ils évoquent la qualité de la couverture complémentaire santé proposée par certaines entreprises à leur salariés.
Devenu un des sujets de préoccupation majeurs des français et bien souvent « marronnier » de la presse, la seule question qui se pose est : Avez vous une bonne mutuelle ?
De plus en plus internautes, les français font des recherches pour trouver les offres des sociétés d’assurances et sociétés mutuelles.
Peu imaginatifs ou ayant intégré le mot « mutuelle » comme un vocable générique, ils plébiscitent ce mot dans leurs recherches de complémentaire santé.
Le résultat est le suivant : 95 % des annonceurs (liens commerciaux) sont des comparateurs (vrais ou faux), des sociétés d’assurances (non mutualistes) et des courtiers et agents généraux de compagnies d’assurances. Moins présents dans le domaine du marketing du Web, quelques mutuelles toutefois sont présentes.
Mais au fait, le terme mutuelle est-il un générique comme « frigidaire » ou « formica » ?
Contrairement aux deux mots qui sont des marques commerciales dont le nom a finit par devenir un générique, le mot mutuelle n’est pas déposé. En revanche, les mutuelles sont toutes régies par un code spécifique : Le code de la mutualité.
Les mutuelles fonctionnent grâce à la solidarité et l'entraide de tous. Dans une mutuelle, le risque maladie est mutualisé et les coûts répartis de manière solidaire : chacun paie selon ses moyens et reçoit selon ses besoins.
Les mutuelles ne peuvent réaliser aucun bénéfice, contrairement aux sociétés d'assurances, qui sont des sociétés de capitaux à but commercial.
Les mutuelles se caractérisent également par leur mode de fonctionnement démocratique : elles n'ont pas d'actionnaires à rémunérer et leurs représentants sont élus par des adhérents selon la base du fonctionnement démocratique : "Une personne, une voix".
Les garanties sont définies par l'assemblée générale des adhérents. Pour adhérer à une mutuelle, il n'y a pas de questionnaire de santé. Dès l'adhésion, votre garantie est viagère, c'est-à-dire sans limite de durée, quel que soit votre âge. L'accès à une mutuelle du Code de la Mutualité ne vous sera donc jamais refusé pour des raisons de santé. Source : La Mutualité Française
Sans pour cela faire le procès des sociétés d’assurances ou mettre en doute leur probité, il est étonnant de constater le recours à l’utilisation du vocable « mutuelle » pour attirer l’internaute.
Chacun doit pouvoir choisir selon ses propres critères à savoir : Performances, proximité, qualité de la couverture et de services. « L’astuce » marketing qui consiste à utiliser des mots inscrits dans les esprits est-elle vraiment loyale ?
N’oublions pas que sur le principe, souscrire une complémentaire santé auprès d’une mutuelle, c’est devenir mutualiste. Le philosophe Alain Filkenkraut donne une très pertinente définition de celui-ci : “Le but d’une mutuelle est moins le profit que la solidarité. Que la rentabilité soit au service de la solidarité, c’est là une exception heureuse dans un système économique où l’inverse est la règle. Mais elle ne durera qu’aussi longtemps que les sociétaires y veilleront : à eux de voir s’ils veulent continuer à être autre chose, et plus que des clients et des actionnaires”
Internet est sans conteste le media qui se substituera à tous les autres pour faire des recherches dans le domaine commercial. Doit-on demander plus de rigueur aux régies des moteurs de recherche afin de garantir la qualité de l’information des consommateurs ?
L’exemple que nous ont donné un certain nombre de candidats à la présidentielle en achetant le droit d’utilisation temporaire de noms de partis et candidats adverses auprès de moteurs de recherche ne laisse malheureusement pas augurer une réflexion en profondeur sur le sujet.
Ils ne reste plus à espérer que de consommateurs passifs, les français deviennent « consommacteurs » et rectifient eux mêmes les excès ou impostures.
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